Depuis le couloir, sûremment, on entendait jouer un petit air agréable dans le salon, fruit de mes longues heures d'efforts pour comprendre le mécanisme et le fonctionnement simple du piano sombre au clavier zebré de touches noires et blanches et enfin, de comprendre quelque chose sur les partitions -que j'avait finit par abandonner, mais je les avais laissées ouvertes sur l'espèce de "repose-livre", ça egayait le paysage.
Je jouait, donc, dans le salon, aux mêmes allures princières du hall.
Sur certaines touches, on voyait un peu de sang frais s'y installer à cause de ma manie à triturer le badge de "Miss L. Pao'Pao"*.
La mélodie, dont l'effet nous emplissait de quelque émossion entre le suspens et la nostalgie, l'impression qu'il allait ce passer quelquechose, n'importe quoi.
Le lustre, semblable à celui du hall que j'avais eu l'occasion de visiter une seconde fois depuis l'arrivée d'un jeune homme qui m'avait demander où était les cuisines et m'avait offert de l'herbe -par politesse, je les avait misent dans un vase, l'herbe à la place des roses noires, étincelait comme une centaines de millier de paillettes d'argent.
Dans la cheminé crépitait allègrement un petit feu pendant que les fauteuils restaient acueuillants, bras ouverts et immobiles. De petites tables étaient parfois entre deux fauteils, des tasses qui les paraient commes des bijoux blancs en perle sur du velour noir, mais lisse.
Je jouai.
Le sang sur les touches était aussi dans la poche de ma blouse, car l'épingle coupable s'y terrait.
J'accélèrai le rythme de mon improvisation.
La clanche dorée de la porte d'ében s'abaissa légèrement.
Je baissai la cadence mais continuai de jouer.
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*surnom faussement affectif de l'infirmère à qui appartenait cette blouse