Partir un jour, sans retouuur ~ [PV]

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Morgan poussa la porte qui s'ouvrit en grincant sur un hall. Normal quoi, surtout pour un manoir. Il s'arreta la. Et regarda en arriere. Il n'etait pas de ces fous qui s'enfoncaient tete baisse a un endroit inconnu, sans y reflechir a deux fois. Il n'etait pas de ces imbeciles qui se vantaient de ne jamais regarder en arriere. Certes il ne ruminait pas le passe, il l'examinait simplement methodiquement, decortiqueant les evenemtns, tirant des conclusions. Ces derniers mois, il avait conclu que l'abus d'alcool n'etait pas la meilleure chose qui soit, que personne n'avait la meme vision de l'amour que lui, que l'homme etait le plus meprisable des animaux. Un dechet... Les pauvres singes, ils doivent supporter un tel fleau dans leur famille des primates. Eux encore ont choisi de ne pas degenerer autant que l'humain. Enfin, on voyait tout de suite a ses pensees qu'il n'aimait pas forcement ses congeneres. Bon alors. Rentrer, ou pas rentrer? La etait la question. Ce qu'il avait entendu dehors n'etait peut etre qu'une impression. D'ailleurs il n'y avait plus personne, plus aucun bruit dans le hall.

Alors bon, c'etait vraiment une hallucination. Et puis meme si c'etait vrai, il choisirait de rentrer. Autant abandonner sa mere irresponsable et son ex qui pleurait toutes les larmes de son corps des qu'elle le voyait. C'etait risible, les etres humains qui avaient "perdu" un etre "cher". Ca pleure, ca supplie. C'en est drole. Et Kim avait pleure de plus belle au leger sourire qu'il lui avait lance. Elle n'avait pas la meme vision que lui, et elle ne pourrait se rattraper dans son coeur qu'apres de longs mois.. de longues annees? Elle n'en aurait pas la patience, un etre humain se languissant vraiment du choix de l'etre aime choisit automatiquement un autre etre a aimer. Et puis meme si elle attendait, il etait las d'entendre toutes ces jeremiades. Vraiment, c'etait fatiguant. En fait il prefererait qu'elle choisisse quelqu'un d'autre et vite, comme ca ils redeviendraient amis, mais bon, elle ne semblait pas decidee. Autant abandonner tout ca, c'etait d'un ridicule... Il soupira, et laissa tomber derriere lui la lourde porte. Voila, coincage automatique ou non de la porte, c'etait fait. Il actionna la poingee une fois rentre, et nota, d'un air peu triste pour quelqu'un qui venait de remarquer ca

"Eh bien on dirait que je suis coince ici."

Il soupira une deuxieme fois, s'etira vaguement. Il avait toujours son sac sur l'epaule. Bah, il attendrait de sortir si il sortait un jour. Ca ne pressait pas. Il mit les ecouteurs de son iPod sur les oreilles, choisissant une musique de W-T qu'il aimait bien. La musique le detendait, c'etait une des seules inventions humaine qui retenait son interet. Un assemblage de sons, des inventions de bruits, qui sonnaient assez agreablement aux oreilles humaines. Meme si c'etait parfois source de derangement autant pour les humains que pour les animaux, il aimait bien. Mettant le son assez doux, il regarda les meubles d'acajou qui decoraient la belle salle. C'etait un gaspillage immense, gacher des arbres pour des tables rococo de mauvais gout. Le carrelage par contre il l'aimait bien. Hmouais, c'etait quand meme un joli endroit. Il se dit par contre que coince dans une construction humaine ce n'etait pas terrible. enfin. Hausant les epaules il se mit en tete de trouver ce qui pourrait etre vital. La nourriture, un endroit tranquille ou dormir. Morgan n'avait pas besoin de tellement plus que ca. Les contacts humains? Non merci.

Enfin, il allait s'engager dans un couloir lorsqu'il entendit un bruit. Une presence? Il regarda aux alentours. Qu'est ce que c'etait que ces bruits etranges? Des pas peut etre. Ca resonnait. Cela venait-il des couloirs? Avec l'echo, on ne pouvait determiner la source exacte. Morgan hesita. Attendre ou non? Oh, et puis non. Il commenca a marcher, doucement, flanant un peu. C'etait joli, si il etait enferme longtemps il allait s'y plaire. Hm, il etait vraiment special comme garcon quand meme a accepter si vite le fait d'etre enferme. Generalement il est sur les nerfs lorsqu'on lui impose quelque chose. Enfin comme la c'etait de son plein gre... La, il avait pousse la porte en toute connaissance de cause, sachant parfaitement qu'il avait une chance de ne pas sortir, les personnes l'avaient averti sans le savoir. Aucune trace des presences. Et l'echo alors? Non plus lui semblait-il. Tant mieux ce bruit n'etait pas des plus agreables. Il trouva une porte. Et alors qu'il allait l'ouvrir, l'inattendu se produisit. L'inattendu, vraiment?

Sujet: Re: Partir un jour, sans retouuur ~ [PV] Ven 11 Jan 2008 - 19:02

L’inattendu. Mh, vraiment ?
Oui, plutôt. La jeune fille était assez singulière. Haute comme trois pommes et peu développée, son teint diaphane et ses cheveux rouges n’arrangeaient rien. Naturellement, c’était une teinture, elle ne les avait pas naturellement. Elle était châtain, au départ. Un joli châtain, quoiqu’un peu terne. Elle avait une chaîne dorée, auquelle était accroché un pendentif, d’une teinte dorée, fissuré. Cette dernière venait d’un affrontement récent contre une des joyeuses chimères qui peuplaient le pensionnat, lorsqu’une griffe de ces charmantes bestioles lui avait provoqué une profonde entaille sur son torse, frôlant au passage la petite pierre de la couleur de ses yeux. Autre différence, d’ailleurs. Les yeux d’Emily, car, bien sur, c’était elle, était plutôt mordorés. Complètement, en fait. Sauf que là, ils avaient un éclat terni, dû par la faim qui la tiraillait. Elle se rendait justement « manger » - ou, pour être plus précis, massacrer des ours ou des animaux dans le genre dans la forêt et s’abreuver de leur sang. En terme plus gore, elle allait massacrer ces fichus animaux pour bouffer leur sang encore frais et presser leur cœur… Hem, ne nous égarons pas – lorsqu’elle croisa ce garçon, dans le couloir.
Il était nouveau.

Ca se voyait à son allure… normale. Les gens d’« ici » maigrissaient un peu, avaient des coupures, étaient parfois un peu sales, ou avaient des livres de la bibliothèque à la main, voire une DS ou une quelconque distraction.
Or, là… rien. Ha, si, il avait un bandage sur l’œil, mais trop bien fait pour que ça soit l’œuvre d’un pensionnaire maladroit ou de lui-même. Elle ne l’avait jamais vu, de plus.

La jeune demie vampire qui était encore plus teigneuse que sa narratrice lorsqu’on l’embête s’appuya contre le mur.

« Humpf. Nouveau, nan ? »

Elle avait parlé d’un ton peu élogieux. Brusque. Un peu bourrine, dans un sens. Ce qu’elle était sans aucun doute, loin d’égaler la perfection absolue des vrais vampires. Elle avait un caractère bien plus prononcé, et ne s’embêtait pas à forcer les gens qui savaient « ce » qu’elle était, elle les réduisait au silence de la façon la plus propre qu’il soit. C’est tout. D’ailleurs, si vous voulez un résumé, elle peut vous faire taire de façons… différentes. Par exemple, un bon coup de crocs dans la gorge, ça ne donne plus très envie de parler. Ou alors, elle peut vous jeter de la tour, c’est marrant aussi. Surtout d’entendre le fracas des os brisés sous le choc, mais l’odeur du sang après n’est pas très agréable. Elle peut aussi y aller de manière rudimentaire, en vous plantant un joyeux coup de couteau dans le cœur. D’ailleurs, ça doit faire un peu mal, quand même, non ? Enfin, je sais pas, j’ai jamais testé, après tout.
Mais bref.

« Pas d’chance. »

Etrangement, le garçon ne semblait pas inquiet. C’était inhabituel, ça aussi. En fait, ce garçon était inhabituel sous les points possibles et imaginables. Un peu bizarre, d’un côté, mais dans le genre monstre de foire, elle pouvait bien se taire. Il y avait peu de gens qui pouvaient stopper leur respiration ou tout simplement massacrer des ours à mains nues. Même si cela faisait un peu mal quand on se faisait griffer ou mordre.
Un peu beaucoup.
Elle était d’ailleurs vêtue négligemment, étant donné qu’elle déchirait souvent ses vêtements. Ou plutôt, que les joyeux nounours qui peuplaient la forêt s’éclataient à lui déchirer ses fringues.
Nuance.
Elle avait donc un vague chemisier sans forme noir, ainsi qu’un pantacourt gris et délavé. On voyait son entaille qui lui séparait son torse en deux, celle-ci partant de l’emplacement où l’on faisait un œdème de Quick. Juste un peu plus bas. Cela avait du couper un bout de son cœur au passage, d’ailleurs. Mais vu qu’elle n’avait aucune circulation sanguine, ce n’était pas très inquiétant. Et j’ai bien blablaté sur Mily, mais faut que Netha se rende compte de qui c’est, quand même u_u

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Morgan cligna des yeux, histoire de bien se rendre compte que cette personne qui s'etait quasiment materialise devant lui sans preavis etait bien reelle. En effet, cette personne etait bel et bien reelle. Une fille. Il recupera son air parfaitement blase. Ca aurait pu etre un animal. Quoique dans un manoir, a part un chien, un chat ou un canari, il ne devait pas y avoir grand chose. Et puis il n'aimait pas trop les chiens. Ils gachaient leur vie a rester pres des hommes et a les servir. Mais en meme temps ils essayaient peut etre d'attenuer leur mediocrite. Sans grand succes quoique un amoureux de la nature etait moins degoutant qu'un etre humain normal, un employe de bureau par exemple, une secretaire ou il ne savait pas quoi d'autre encore. Ca aurait pu etre un truc un tant soit peu surnaturel. Une apparition, un fantome, un monstre. Ca aurait pu etre interessant, ca aurait pu attirer un peu plus l'attention de Morgan. Mais non, non bien sur, ce n'etait pas toutes ces choses. Ce n'etait qu'une fille, une humaine de plus, comme si il n'en avait pas deja vu auparavant. Et franchement si c'etait pour voir des humains a longueur de journee ici il ne savait pas si la meilleure chose avait ete de rentrer ici. Vraiment...

Morgan regarda vaguement la fille. Ce qu'il nota en premier etait la teinte de ses cheveux. Rouge vif. C'etait... moche. Il trouvait ca affreusement laid, surtout une teinture. Utiliser des pigments pour rendre encore plus immonde la couleur de ses poils ridicules qui poussaient uniquement sur la tete, tels une excroissance du cerveau, voila ce qui etait stupide et qui desesperait toujours autant le pauvre garcon. Il grimaca legerement. Encore heureux qu'il aie l'habitude de ce genre de... "choses" vu qu'au lycee beaucoup de gens faisaient cet acte stupide de gaspiller l'argent de leurs vivres pour se nourrir. Et encore heureux qu'elle ne soit pas trop laide, pour une femme. Ses traits etaient reguliers, mais elle avait un peau blafarde ce qui deplut encore une fois a Morgan. Elle etait telle un animal en manque de nourriture. Une des manies des humains etaient de s'enfermer dans leur confort et d'y rester. A ne pas prendre souvent le soleil, voila ou ca menait. Enfin, il pouvait avouer qu'il aimait la couleur de ses yeux. D'un jaune peu commun. Un peu comme les serpents. C'etait tres joli. Mais apres, si cette couleur provenait de lentilles de contact posees sur ses iris, il trouverait beaucoup moins d'interet a ces yeux. C'etait presque certain, personne n'avait les yeux dores comme ca. Il aimait ce qui etait naturel. Mais alors que les lentilles depassaient parfois un peu des iris, formant quelque chose de peu esthetique, ou faisaient "faux", celles la etaient particulierement bien ajustees.

Il ne quitta donc pas des yeux les iris de la jeune fille, jusqu'a ce qu'elle s'adosse sur le mur, d'un geste peu elegant. Il tentait de deceler le moindre defaut de ces lentilles. Enfin, il allait s'y desinteresser, lasse, lorsqu'elle prit la parole. Enfin la parole c'etait vite dit. Elle poussa un grognement deplaisant a l'oreille. Meme les ours avaient plus de grace, et ressemblaient a des danseuses etoiles qui faisaient des pointes et des entrechats compares a la fille negligemment affaissee sur le pan de mur. Il y avait plus joli, comme position. Enfin apres l'infect raclement de gorge, elle posa une question sur le meme ton, en un seul mot. Tous les animaux avaient un langage construit, complexe. La fille aux cheveux rouges ne semblait meme pas avoir compris le langage humain, pour constituer des phrases, pensant que son interlocuteur comprendrait, et finirait la phrase a sa place. Heureusement qu'elle avait mis un ton interrogatif, sinon il aurait eu l'audace de demander ce qu'elle voulait dire. En plus, elle avait utilise une degenerescence du langage qui ne lui plaisait pas specialement. "Nan". C'etait bien la preuve que les humains ne savaient pas s'en tenir au langage qu'ils avaient invente, ils etaient obliges en plus de l'immense gamme des synonymes ne servant a rien, de decliner leur mot en d'innombrables possibilites de prononciation faites pour faciliter la comprehension, disait-on.

Il se sentit oblige de repondre a la question, ce qu'il fit par un "Oui." sec, cinglant, froid et d'un ton tres peu agreable mais au moins lui avait-il ete clair, net et precis, se tenant tres droit et utilisant une voix facile a decrypter. Peut-etre passerait-il pour hautain, desagreable. Il n'en avait que faire. La variation infime des tons etait encore une invention stupide. On avait bien le droit de repondre comme ca si on le souhaitait, non? Enfin, il se demandait quand meme ce qu'elle etendait par nouveau. Elle ne devait pas etre seule ici, comme habitante, sinon elle n'aurait pas pose cette question stupide. Enfin qui savait. Mais bon, il prit l'hypothese comme quoi la jeune fille a l'apparence etrange et a la posture affalee etait intelligente et savait de quoi elle parlait. Et qu'elle etait mature, aussi, car a la vue de cette touffe de cheveux rouge ne depassant pas le metre cinquante, on pourrait se demander quel age elle avait. Moins que lui tres certainement. Mais on pouvait bien etre lucide assez tot, apres tout. Elle enchaina tout de suite par une autre prise de parole. Pas de chance.

Pas de chance est une expression assez usitee, dont on pourra retenir la variante plus familiere "pas de bol" qui pour Morgan avait encore moins de dignification. Si on n'avait pas de bol on etait oblige de manger a mains nues ses cereales, si c'etait cela le but d'avoir un bol, mais il n'avait jamais compris pourquoi on utilisait cette expression dans le cas d'un manque de "chanc". Chance aussi etait un mot ambigu, qui ne reposait pas sur des termes concrets, et comme Morgan ne croyait ni a la chance, ni au hasard, ca tombait bien. Il haussa legerement les epaules, toujours regardant la fille droit dans les yeux. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par la en tous cas? Elle voulait lui dire que ca ne servait a rien de tenter de sortir? Il avait deja vu cela. Voulait-elle essayer de lui demonter le moral? Cela ne marchait pas, le moral du garcon etait comme d'habitude. Morgan n'avait pas plus envie de parler que d'habitude. Il se dit qu'elle pourrait lui etre neanmoins utile pour savoir ou etaient les pieces principales, alors autant la menager pour le moment et accepter de aprler. C'est pourquoi il se forca a chercher quelque chose a dire. Morgan finit par dire, d'une intonation toujours aussi distante, ne voulant surtout pas que la fille croie qu'elle puisse devenir une amie, une "connaissance".

"Je suis venu ici en toute connaissance de cause."

Une phrase tres conventionelle et tendue. Morgan n'acceptait de parler naturellement qu'avec les gens qui avaient a peu pres la meme vision que lui du monde. Des misanthropes, des depressifs, en general. Elle, il ne l'avait pas encore assez bien jaugee. Sur l'apparence, il jugeait tout le temps mal, meme lui, qu'il trouvait disgracieux, inesthetique, voire repoussant. Alors il ne pouvait pas savoir si cette petite fille etait de bonne compagnie ou non. Enfin, le contenu de ses paroles pouvait peut etre un peu etonner son interlocutrice. Elle devait s'attendre a quelqu'un a qui reveler qu'il resterait enferme. Mais il le savait, vu le dialogue qu'il avait entendu auparavant. Et elle ne semblait pas faire partie des deux personnes qui parlaient. Ils n'avaient pas la meme voix fluette que la supposee habitante des lieux. D'ailleurs il avait une autre question a poser, tant qu'il etait dans le registre "je veux bien parler a quelqu'un". Autant bien parler, apres il pourrait retomber dans son mutisme habituel. Il pourrait meme se montrer desagreable, et faire des commentaires desobligeants sur ses cheveux ou ses lentilles. Le garcon posa donc une question, restant dans les memes tonalites impassibles

"J'ai cru comprendre selon vos vagues grognements que je n'etais pas le seul a etre entré apres vous. Y-a-t-il beaucoup de gens, ici?"

En tous cas pas dans le hall qui semblait deserte de toute forme de vie. Il y avait au moins deux personnes en plus d'elle et lui, les deux qu'il avait entendu. Apres, peut-etre n'etait-ce qu'une vision qui arrive a tous les futurs prisonniers de l'endroit, qui etait un lieu destine aux gens qui voulaient se couper definitivement de la societe. La fillette ne semblait pas une personne tres sociable, et meme agressive, mais il n'en avait que faire, et commencait a la critiquer ouvertement, encore la il etait plutot gentil et ne le soulignait pas, mettant surtout l'accent sur la question qu'il lui posait. Il ne lui posait au moins pas de questions banales et inutiles, comme "ca va?", et ne lui demandait pas non plus son nom dont il ne se renseignerait que si elle lui semblait etre une personne interessante. Morgan restait bien campe sur ses deux pieds, aucun des deux n'avaient vraiment bouge, que ce soit le garcon tout en beige vetu ou la fille a l'allure negligee. Et toujours Morgan fixait les yeux dores de la naine, ne cillant quasiment pas.

Sujet: Re: Partir un jour, sans retouuur ~ [PV] Sam 19 Jan 2008 - 1:08

Emily n’eut pas de réaction lorsqu’il lui répondit aussi sympathiquement qu’elle lui avait parlé. Enfin, en général, les gens voulaient être polis. Même si elle ne l’était pas. Pour faire une bonne image de soi, en gros. Ouais, l’image, c’était important. Enfin, quand on ne s’appelait pas Emily Johanson Strange et qu’on en avait rien à faire. Mais elle, elle n’avait rien à faire de beaucoup de choses.
Elle capta son regard insistant vers ses yeux, après avoir regardé ses cheveux rouge sombre –qui commençaient à redevenir châtains, d’ailleurs- et cru comprendre qu’il cherchait quelque chose qui trahirait des lentilles. Enfin, il lui sembla qu’il cherchait ça, car l’air qui était peint sur son visage n’était pas de l’admiration.

« Quoi ?! » fit-elle, agacée. « Et non, c’est pas des lentilles. »

Puis, il continua à l’observer quelques secondes, avant de s’appuyer sur le mur, avec d’autant plus de classe qu’elle. Elle était pratiquement affalée, avachie, comme si elle n’avait aucune colonne vertébrale. Enfin, elle en avait une, bien sur. Mais ce n’est pas dit qu’elle était comme les autres. Ou plutôt, c’était sur qu’elle n’était pas comme celle du garçon devant elle.

« En toute connaissance de cause ? répéta-t-elle. C’est rare, les gens qui ne sont pas dérangés par l’enfermement de ce manoir. »

Oh, elle venait de faire une phrase construite, cette fois. Elle eut un éphémère sourire lorsqu’il mentionna ses « vagues grognements ». Ce garçon était visiblement charmant. Elle aimait bien les gens comme ça, à la limite. Ca lui convenait, dirons-nous, car elle n’appréciait pas particulièrement parler d’elle. Et ce genre de personnes ne demandait, en général, rien de tout cela. En général. Après, ce garçon pouvait fort bien être différent, on ne jugeait pas quelqu’un sur les deux premières minutes de la rencontre. Elle haussa les épaules, et répondit à la question du jeune homme.

« Plutôt, oui. On doit être une centaine, environ. »

Elle se gratta la nuque, et regarda la porte d’entrée, fermée. Elle ne s’ouvrait que dans un sens. En fait, pourquoi n’attendaient-ils pas que quelqu’un l’ouvre pour se faufiler dehors ? Il faudrait qu’elle essaie, un jour. Ouais, un jour. Dans quelques temps, lorsqu’un nouvel idiot entrerait ici, appâté par le manoir et la protection qu’il offrait. Car, c’est sur, ici, on était à l’abri d’à peu près tout. Voire de tout ce que l’humanité était capable d’avoir à subir. Un manoir hors du temps, qui voyageait et qui n’avait pas de géographie précise. Oui, c’était un endroit où l’on pouvait se réfugier sans crainte de mourir par quelque chose de ‘‘l’extérieur’’. Mais cette protection avait un prix, et il était de demeurer ici jusqu’à ce que l’on meure. Enfin. Jusqu’à ce qu’on ne soit plus vivant, dans le cas d’Emily. Elle bougeait, elle parlait, sans que la moindre étincelle de vie pour ne pas faire cliché en employant cette formule ne fasse battre son cœur. Son petit cœur de bébé qui n’avait jamais grossi. Et qui avait récemment été coupé en deux parties inégales, mais ce n’est pas important, retournons à Morgan – dont elle ne connaissait pas le nom.

« Bon, pas besoin de te raconter que t’es prisonnier ici et tout le reste, alors. En gros, fais gaffe aux joyeux monstres qui peuplent ce sympathique manoir, et les fondateurs sont assez sadiques. Enfin, on ne les voit que rarement. C’est toujours ça. »

Elle sembla réfléchir quelques secondes, comme si elle se demandait si elle n’avait rien oublié. Elle se demandait plutôt si ce garçon n’allait pas la prendre pour une folle lorsqu’elle annoncerait qu’il avait un alter égo astral ~ consistant, étrangement, alors on se demandait pourquoi ils s’appelaient Astral. Un pensionnaire qui n’avait rien d’autre à faire que de lui inventer un nom, probablement. Ha, et le pouvoir, aussi. Rares étaient les humains qui croyaient à la magie, non ? Elle se gratta la nuque de nouveau, et le toisa, quelques secondes. Elle flâna sur un coin de sa bouche, le regard légèrement perdu dans le vague. Elle releva soudainement ses deux prunelles (car oui, c’est difficile d’en relever une et pas l’autre. Mais vous pouvez toujours essayer) et eut un semblant de sourire sardonique.

« T’as aussi un animal. Enfin, on pense que c’est un ami imaginaire que tu t’es trouvé petit. Et qui revient. Quelque chose dans ce goût là. Et… un pouvoir. »

Elle étouffa un bâillement, car la narratrice baille aussi –c’est fou ce que mes messages sont passionnants, non ?- songeant que s’il ne la croyait pas, elle allait devoir faire une jolie démonstration. C’était assez amusant de fouiller le passé des gens, sauf quand ce fichu cycle s’inversaient. Elle en frissonna, rien qu’à y penser. C’était toujours aussi douloureux de revoir ce qu’elle n’avait pas envie de revoir, naturellement. C’était désagréable et malsain de se fouiller soi même. On se redécouvrait, et c’était dérangeant, comme le clip de Blue de The Birthday Massacre. Groupe très bien, cela dit en passant. D’ailleurs, c’est une phrase que j’utilise beaucoup, cela dit en passant o_o. Je dois faire beaucoup de HS ~ (comme maintenant) mais retournons à l’histoire.

« Ne me demande pas pourquoi, j’en sais rien. Une idée tordue du fondateur, peut-être. »

Elle fronça les sourcils, tandis qu’une horloge du hall raisonnait. Suivie d’une autre. Une autre. Quatre ou cinq horloges chantaient pratiquement en chœur, avec un léger décalage. Quelques secondes, pas plus, mais c’était perceptible. Largement pour quelqu’un avec une ouïe comme Mily, un peu pour quelqu’un qui savait écouter. Elle se redressa, et rejeta des mèches de cheveux châtains, tirant sur le roux, derrière son oreille. C’était des mèches les plus décolorées. Elle se promit de se laver les cheveux le soir, afin de faire partir définitivement cette teinture.

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Ben j'aurais eu du mal x_x pour ... ça X___X

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Lui non plus n'avait rien a faire de pas mal de choses. L'image n'etait pas grancement importante pour lui tant qu'on se tenait un minimum bien et qu'on etait naturel. Or soit la jeune fille etait une de ces filles superficielles qui se teignent les cheveux, se detruisant la masse capillaire, rien que pour obtenir un pretendu efet de style qu'il trouvait plus que laid, soit c'etait une humaine genetiquement modifiee. Une HGM quoi. Mais c'etait peu probable, vu qu'on ne savait pas encore faire des clones humains. La science avancait, et faisait des atrocites de pire en pire. Comme quoi les etres humains aimaient frimer avec leurs pouces opposables. Mais vous savez, les ours aussi ont des pouces opposables. Les humains sont-ils aussi maladroits que l'ours? Sans doute plus, vu que les explosions nucleaires se font de plus en plus malencontreusement, ce sont toujours, toujours des accidents depuis qu'on a vu que les bombes larguees sur le Japon n'avaient pas ete accueillies favorablement par le grand public. Maintenant, il fallait ranger ses ogives, ses beaux joujoux, en attendant le moindre pretexte pour les ressortir et les langer joyeusement sur les voisins. Ah les adultes, tous de grands enfants, ils aiment jouer. La fille protesta soudain, voyant le regard de Morgan etant froidement fixe sur les yeux de la fille en question. Ce n'etait pas des lentilles? Morgan haussa vaguement un sourcil

"Ah, vous etes une HGM alors, je pensais que ca n'existait pas."

Peut-etre que cet endroit etait un organisme gouvernemental destine a faire des expericnes sur les humains, et qu'on ne pouvait pas en ressortir car les fouineurs etaint utilises comme sujets d'experience. Pauvre fille, va. Elle avait eu ses cheveux rouges et ses yeux jaunes a cause de ca ? En fait il n'en avait strictement rien a faire, mais ce n'est pas grave. Elle repeta les paroles du garcon, d'une voix pateuse, quoique semblant un peu etonnee. Quoi, ca n'existait pas les gens qui avaient un libre arbitre, ici? Il serait le premier, ne supportant pas la moindre forme d'autorite sur lui. En quel honneur obeirait-il a quelqu'un, en quel honneur les gens prenaient le pouvoir sur d'autres, il fallait le lui dire. Parce qu'ils etaient plus forts? Rien a faire, il n'obeirait pas. La seule personne qui aie eu un peu d'autorite sur lui etait sa mere, mais depuis quelques temps elle n'avait plus aucune credibilite en tant que mere. Enfin, la fille jugea qu'il etait rare qu'on se fasse enfermer de son plein gre. Quoi, parce qu'il y avait des gens qui rentraient, aussi stupides qu'ils soient? Pourquoi rentrer dans un endroit inconnu sans raison, deja? En se trompant d'adresse? C'etait si risible. En tous cas la fille venait de faire une phrase construite, remarqua Morgan. Bravo, felicitations, c'etait un progres de fait. Peut-etre que les experiences faites sur la fille avaient ete nuisibles pour osn cerveau, qu'en savait-il apres tout.

Enfin, la fille lui sourit. Tentative malheureuse de paraitre avenante? Il n'en savait trop rien, car ce sourire s'evanouit presque aussi vite qu'il etait apparu. C'etait d'autant mieux, l'hypocrisie du sourire ne lui etait que derangeante. Il n'aimait les sourires que lorsqu'ils etaient formes dans une occasion qui s'y pretaient. Une bonne nouvelle, un cadeau, autres choses qui pouvaient faire plaisir. Et certainement pas dans de maigres presentations comme celle-ci. Morgan etait toujours si charmant, pouvait-on voir. Lui, il gardait son air parfaitement atone, fixant la fille en se desinteressant de ses yeux, regardant vaguement son visage. Il etait joli. Et ses yeux aussi, vu qu'ils etaient naturels. Enfin, vu qu'elle DISAIT qu'ils etaient naturels. Mais c'etait tres beau, il fallait bien l'avouer. Meme si c'etait le fruit d'une experience, et meme si c'etait un peu... genant, de voir de si jolis yeux pour une humaine. Ce genre d'yeux etaient plus pour les serpents, et autres jolies creatures, nobles creatures. La fille aux yeux d'or finit par repondre a l'une de ses questions, apres son semblant de sourire. Une.. centaine? Morgan perdit un peu de son calme, montrant clairement son enervement par la main qu'il se passa sur la figure et les marmonnements qu'il emit, parlant pour lui meme

"Dire que je voulais qu'on me foute enfin la paix..."

Enerve, il avait use d'une expression familiere. Et elle se gratta la nuque, un geste peu elegant mais qui ne gena pas plus que ca Morgan. Il etait surtout preoccupe par la densite des humains au metre carre dans ce manoir. Une centaine d'humains. Une.. centaine. Beuh, c'etait innomablement horrible. Pourquoi etait-il rentre... Son air enerve quitta son visage, pour reprendre son air neutre mais ses sourcils resterent legerement plus fronces, comme embete. Il pensait que vivre seul, ou a la limite avec cette fille bizarre et les deux inconnus qu'il avait entendu, ca ne serait pas embetant. A la limite, si il se tenait eloigne de ces personnes. Mais la, une centaine. Comment pourait-il esperer etre tranquille plus d'une heure? Ah, l'enfr. Il avait ete precipite en enfer pour avoir pense qu'il serait tranquille, coupe du monde, coupe des humains qu'il haissait du plus profond de son etre a present. Et cette fille qui disait toutes ces paroles comme des banalites. Bon, il s'y ferait, et enverrait balader quiconque essayerait de le controler, ou quiconque le generait, essayerait de lui parler. Ce n'etait pas un probleme, il faisait ca avec tout le monde. Sauf que la, ils finiraient par comprendre, au bout d'un moment.

Elle lui dit de faire attention, en utilisant une formulation plus que familiere, faire gaffe, qui ne voulait rien dire en soit. Fixant toujours presque sans ciller la fille au teint blafard, il l'ecoutait attentivement. Des monstres? D'accord, ce n'etait pas pire que les humains qui peuplaient ce joyeux manoir. Il aurait prefere avoir une compagnie de monstres a cote de lui qu'une compagnie d'hommes. Meme si il devrait se defendre contre des monstres et pas forcement contre les humains, mais la compagnie "monstrueuse" etait toujours plus supportable, lui tapait moins sur les nerfs. Et puis ces monstres, c'etait quoi, des experiences ratees qui errait au gre des couloirs? Ah, quel endroit etrange. Si il n'y avait pas tant de gens, ca lui aurait plu. Un petit gout d'inedit, d'aventure, qui ne lui deplaisait pas, lui enferme dans la routine de la vie, dans la routine que la ville pouvait lui offrir. Enferme dans les boulevards gris, croisant des inconnus qui eux croisent d'autres inconnus, pour aller dans un lieu ou ils ne feraient rien d'utile, a part taper sur un clavier d'ordinateur.

Et les fondateurs... Ca devait etre les proprietaires des lieux. Oh, il voulait bien les rencontrer, ca ne devait pas etre trop deplaisant, et puis ils pourraient lui expliquer coment ils faisaient pour mettre des gens dans un manoir comme des sardines dans une boite de conserve. Peut-etre pour manger les humains apres. C'etait interessant. Si ils etaient sadiques, c'etait qu'ils aimait faire mal a leurs pensionnaires, aux humains sans doute. Peut-etre se montreraient-ils de bonne compagnie. La fille reflechit un instant, mettant en marche ses neurones genetiquement modifies, et ajouta quelques paroles qui acheverent de rendre unt an soit peu Morgan. Un animal, qui revenait? Un ami imaginaire... Disons qu'il n'en avait jamais eu, du moins dans ses souvenirs. Mais il aimait beaucoup certaines histoires que lui racontait sa mere, des histoires de la souris qui distribuait les cadeaux a la place des dents tombees, des histoires de mulot des champs aussi, les rongeurs, il avait tout le temps aime cela, petit. Mais de la a ce qu'un de ses animaux viennent le voir, tout d'un coup, et decide de se lier a lui, c'etait insence. Et puis il ne voulait pas domestiquer de mulot, c'etait penser etre superieur a un animal, or les humains sont inferieurs, ca serait plus aux animaux de domestiquer les humains, histoire qu'ils se rendent un petit peu plus utiles.

Un.. pouvoir? Pouvoir, quand on mettait "le" devant symbolisait tout ce que les hommes voulaient. Le pouvoir, toujours le pouvoir, plus de pouvoir. Mais "un" semblait designer un pouvoir comme ceux des contes de fees. C'etait amusant, la facon dont elle parlait. Enfin, si c'etait vrai, etait-ce apres les experiences que l'on tentait sur les humains, on se retrouvait a pouvoir faire des choses que les etres humains normaux ne savaient pas faire? Oh. Encore un facteur un peu embetant. Cela dependait de la mentalite des gens mais certaines personnes pouvaient etre megalomanes, se croire puissants, se croire plus forts que tout, et penser pouvoir avoir le droit de diriger les autres. Il esperait avoir un"pouvoir" interessant si on faisait des experiences sur lui, histoire de resister a ces gens. Il restait toujours aussi... Neutre dans on expression gobant otut ce qu'elle lui disait. Pourquoi pas, pourquoi pas. Elle avait bien les yeux jaunes, alors pourquoi pas des animaux, des pouvoirs et tout le bataclan. Peut-etre que tout cela n'etait que les divagations de son esprit malade. Il finit par dire, apres une courte reflexion.

"Un pouvoir... un animal, qu'est ce qui me prouve que vous dites vrai ? Et puis que sommes-nous sences faire avec cela. Se battre entre nous? Enfin que ce soit cela ou autre chose je ne veux rien avoir a faire la dedans, je ne veux meme pas entendre parler de ces grotesques humains qui arpentent les couloirs, les monstres me sont preferables."

Ah, qu'il etait charmant. Toujours raide, immobile, tel une statue, les bras croises, il attendait de reelles preuves. Allait-elle user de son pouvoir pour le lui dire? En tous cas, il avait une autre question, qu'il posa immediatement apres, ne laissant pas a la HGM le temps de repondre.

"Qu'est ce que cette histoire d'animal, d'ailleurs? Ils viennent vers nous de leur plein gre, ils nous accompagnent? N'ont-ils pas mieux a faire que de perdre leur temps avec des hommes?"

Il aimait tellement son espece, cela se voyait tant dans ses paroles. Ah si il savait quel genre de creature il avait devant lui.. Mais il ne savait pas, et pour lui elle etait humaine, comme elle avait forme humaine. A part ses yeux d'or qui se demarquaient bien entendu. Il esperait qu'elle dise la verite, en tous cas. Car des menteurs, des hypocrites, des gens qui ne tiennent ni leurs paroles ni leurs engagement, il en avait assez vu dans sa vie, entre Kim ou sa mere, ou tous ses mais qu'ils pensait fideles. Non, vraiment, si il etait tombe dans un nid de langues de serpent qui ressemblait a ce que l'on trouvait au dehors, le choix qu'il avait fait ne servait rien. Ah si, a eloigner Kim, qui devenait embetente avec ses supplications incessantes, elle qui l'avait lourdement trahi, qui s'etait joue honteusement de lui, et pensait que tout ce que lui avait dit sincerement etait faux... Lui qui ne disait que ce qu'il pensait, contrairement a d'autres... Il gardait un air particulierement ferme, quoique un air scpetique etant trace sur son visage, ne bougeant pas, attendant simplement une reponse de l'Humaine Genetiquement Modifiee

Sujet: Re: Partir un jour, sans retouuur ~ [PV] Dim 27 Jan 2008 - 0:59

Emily se vit qualifier d’HGM. Humaine génétiquement modifiée ? Hem, ce n’était pas si faux. C’était même vrai. Enfin, il ne pouvait pas le savoir, bien sur, et même si il serait plus facile pour elle de devenir amie avec lui s’il en avait connaissance – en partant du principe qu’elle voulait être amie avec lui, ce qui n’était pas le cas.
Elle eut un grand sourire lorsqu’il lui parla de pouvoir, lui disant qu’il ne pouvait la croire, qu’il n’avait pas de preuve. Un sourire assez inquiétant, un sourire… satisfait. Il aurait pu la bombarder de questions juste après, elle aurait quand même montré son pouvoir, rien que pour le plaisir. En espérant qu’il n’y aurait pas d’effet inverse.

Elle le regarda donc, et déclara avec légèreté, comme si c’était une conversation sur la marque de crayon qu’il fallait utiliser pour tracer des schémas de montages en séries ou de montages en déviation pour le cours de physique chimie.

« On est censés se protéger des jolies chimères qui attaquent avec gaieté tous les êtres vivants qu’elles croisent. Et si tu trouves les humains grotesques, tu devrais logiquement t’ajouter dans le lot… non ? »

Elle s’approcha dangereusement de lui, et leva la main.

« Bon, je te montre ? » fit-elle, comme si elle présentait une pub Colgate.

Elle déposa ses doigts glacés contre le front de Morgan, et, avec une étrange sensation déjà connue et amère, plongea dans les méandres des pensées et souvenirs du garçon. Elle était une intruse, quelqu’un qui n’était pas bienvenue, et elle le savait ; cela l’amusait d’autant plus de savoir que le propriétaire des souvenirs avait sans doute lutté. Elle avait sentit une résistance, et se persuada que l’arrière goût amer, c’était cette barrière. Elle l’avait explosée en mille morceaux, et avait réussi à atteindre le cerveau de garçon.
C’était une vision intéressante et rare du monde. Misanthrope à l’extrême, certes. Pour les garçons également. Il y avait des souvenirs peu joyeux. La mère, par exemple, pas besoin de dire haut et fort ce qu’elle avait fait, c’était clair et net. Par les sous entendus, les souvenirs. Elle grogna, et tandis qu’une étrange impression d’être observée l’emplissait, elle continuait à lire. Kim. La pauvre. Elle n’avait pas été jetée de façon très gentille. C’était même assez sadique. Enfin. Ce qui était fait était fait, n’est-ce pas ?
Ce qu’elle n’avait pas pris conscience, c’est que, comme avec Skye, les informations s’étaient… partagées. Elle en pris conscience lorsqu’il arriva environ à ses souvenirs de la première fois où elle avait rencontré un chasseur de vampire. Owen. Elle se revit, l’espace de quelques instants, tandis que le souvenir commençait à se graver dans l’esprit de Morgan.

« Non, non ! » songea-t-elle.

Elle nia catégoriquement ce qui essayait d’entrer en elle, en vain. Elle le laissa explorer les méandres de ses maudits souvenirs, tandis qu’elle essayait vainement de ne pas les voir ressurgir devant elle. Allen, sa mère. Yume. Cet idiot d’Ichiro, mais ça, ce n’était pas une grande perte. Satsuki. Haa… Satsuki. Un grand moment. Elle s’était attiré des tas d’ennuis avec… et dire que Nao ne savait même pas. Nao… ? Nao. Leur dispute avait violemment secouée Emily, ce n’était pas un souvenir plaisant. Hm. Owen. Puis, son erreur. Elle éjecta Morgan à l’instant même où l’Emily de son souvenir mordait à pleine dent non pas la vie ou une pomme, mais la carotide d’Owen Hellert.
Elle suffoqua. Elle s’appuya contre un mur, et aurait vomi si seulement son ventre contenait quelque chose à part du sang. Qui avait immédiatement traversé sa paroi, afin d’entrer dans tous les muscles.
Elle rouvrit les yeux. Le flash n’avait duré qu’une ou deux secondes, à peine. Elle regarda Morgan avec une expression insolente, les lèvres pincées. Elle avait aussi revu l’orphelinat. Souvenirs, souvenirs… Ce n’était point désagréable. Mais c’était assez douloureux de revoir les pertes, les unes après les autres. Surtout quand c’était elle qui les avait causées. A tout bien réfléchir, elle aurait dû mourir ce jour là. En même temps qu’Allen. Ouais. Si seulement sa mère ne s’était pas faite bouffer… Ou du moins, mordre l’artère, pour employer un langage châtié. Elle déglutit donc, et soutint le regard du garçon.

« … Tu as une vision intéressante du monde. »

Elle vivait un amour plus ou moins platonique également. Mais elle c’était à cause de ce qu’elle était, pas ce qu’elle voulait. Elle répondit donc avec un peu de retard à la question du jeune Poulenc.

« Et quant aux animaux, ce sont des… parties de nous même ? Non, pas exactement… en tous cas, oui, ils perdent leur temps auprès de nous, comme tu dis. »

Elle le regardait, et se demandait s’il était capable de révéler ce qu’elle lui avait ‘‘dit’’. Il avait également pu voir l’endroit où elle avait caché « le » cahier. Oh, c’était mauvais. Elle allait devoir le changer de place d’ici peu, il contenait trop de choses compromettantes sur tous dedans. Elle n’avait pas lu une seule page, trouvant que c’était une violation de vie privée, et l’avait gardé tout au fond d’un tiroir, enseveli sous des tonnes et des tonnes de livres. Elle fronça les sourcils, et envisagea, le temps d’une seconde, de le tuer. Personne, à part elle, ne le connaissait, ici. Hm. Non, ce n’était pas une bonne idée. C’était une proie, certes. Comme quelqu’un qui tuait un animal pour le manger. C’était la même chose. Mais… non. Elle n’avait pas à tuer quelqu’un pour ça. Surtout que s’il était intelligent, il ne dirait rien, pour la bonne raison qu’il ne devait pas avoir une folle envie d’accéder à la faiblesse HUMAINE qui était de se suicider.
Car dévoiler qu’Emily était un vampire équivalait à un suicide pur et simple.
Et c’est mal.

+

Allons bon. Cette fille arborait a present un sourire satisfait, ce sourire que pouvaient avoir les humains lorsqu'ils avaient fait quelque chose proprement dans leur interet. Proprement, pas si sur, lorsqu'on voyait ce sourire on pouvait se douter que les moyens d'arriver a la satisfaction n'avaient pas du etre tres propres. Mefiant, il se doutait bien que la reponse de la fille allait etre cinglante, ou alors sadique. C'etait bien le penchant qu'avait beaucoup de gens, aimer faire mal a son prochain en lui devoilant quelque chose qui le surprendrait, l'effrayerait, le mettrait dans tous ces etats. Et puis jouer a le consoler comme si de rien n'etait, pour la satisfaction de se sentir aime, de se sentir un pilier de l'autre. Certains prenaient tellement plaisir a se sentir importants pour les autres qu'ils s'eclipsaient de leur vie, pour que comme en l'absence d'un mur porteur, tout s'effondre. Enfin, Morgan n'etait pas quelqu'un qui se reposait sur les autres, malheureusement pour elle si elle voulait jouer ce genre de role. Il ne la laisserait pas approcher d'un seul pas ce stade d'auto-satisfaction. Enfin, elle finit par declarer, d'un ton qui ne plaisait pas trop au jeune homme car cela ressemblait a une conversation sur la marque de crayon qu’il fallait utiliser pour tracer des schemas de montages en serie ou de montages en déviation pour le cours de physique chimie. Or tout ce qui touchait a l'electricite ne le passionnait pas plus que ca... Mais les paroles, elles, seraient peut etre interes... ah non.... ininteressantes egalement. Ah, la belle affaire. Elle lui dit simplement que les pouvoirs servaient a se defendre. Bon, d'accord, si elle voulait. Et qu'il faudrait s'inclure dans les humains grotesques. Quoi? Pour lui, ca tombait sous le sens, qu'il s'incluait. Il dit vaguement

"Il est evident que j'en fais partie, ayant utilise le mot "humain"."

Tss, il fallait toujours tout leur dire, a ces gens. Mais bon au vu de son age il etait evident qu'elle n'avait pas du faire polytechnique avant d'arriver ici. Lui non plus mais il aurait passe son bac, si il etait dehors. Et avec grande facilite bien sur. Ce n'etait pas qu'il etait pretentieux, mais il avait bien travaille et avait de bonnes notes. Tres bonnes meme, etre en Terminale avec 18,21 de moyenne generale n'est pas si frequent que ca. La fille s'approcha un peu plus. Il ne bougea pas d'un pouce, la toisant du haut de ses cent quatre-vingt-deux centimetres. Il n'etait pas si grand, par rapport a certaines personnes de son ancienne classe, mais on ne pouvait pas dire que l'enfant soit grande. L'humaine genetiquement modifiee, meme lorsqu'elle n'etait pas affalee sur le mur, a present debout, assez droite, etait loin de le depasser. Il se demandait juste ce qu'elle souhaitait faire. Il en eut la reponse tres vite, elle demanda si elle lui montrait. Bien. Il hocha legerement la tete mais quelque chose lui disait que la petite adolescente n'aurait de toutes facons pas tenu compte d'une eventuelle negation. Elle leva ses mains pour les poser sur le front de Morgan. Il se dit qu'il ferait mieux de se baisser un peu, ce qu'il fit. Qu'est ce qu'elle voulait bien lui faire? Restant assez mefiant, il etait pret a reculer si elle lui faisait quelque chose de mal. Meme si apres tout si elle voulait le tuer c'etait son affaire mais bon. Autant faire comme les humains normaux de temps a autre. Elle avait les doigts froids... Comme si elle venait de dehors, ou il ne faisait pas non plus bien chaud. Mais comme elle semblait bien connaitre les lieux... elle devait plus venir d'ouvrir une fenetre. Morgan frissonna, non de peur mais par cette froideur peu agreable. Mais ce qui fut le moins agreable ce fut ce qui vint apres.

Elle s'introduit dans ses pensees, il le sentait. Il tenta de ne penser a rien, pour ne pas qu'elle voie, pour ne pas qu'elle fouille, il tenta de fermer son epsrit mais sa resistance fut bien vaine, elle ne dura pas tres longtemps face au flot que presentait la jeune fille. Il n'arrivait pas non plus a se soustraire des doigts glaces de la jeune fille. Que cherchait-elle a faire? Etait-ce cela, son pouvoir, etait-elle medium? Bientot il revit tous les souvenirs qu'il rangeait dans son esprit ressurgir, et il les ressentit, comme si ils venaient de se passer. L'etonnement, l'ecoeurement, la haine a son point le plus vif. Il revit sa mere, Kim. L'adolescente s'amusait-elle a connaitre le moindre de ses secrets, et fouillait-elle pour trouver les moments les moins agreables? Que c'etait bas. Mais quelque chose capta son attention. Oui, quelque chose de bien interessant, et il sourit interieurement lorsqu'il vit a son tour les souvenirs de la jeune fille. Il apprit qu'elle se nommait Emily. Il vit Nao, devina les sentiments qu'ele nourissait pour chacune des personnes qu'il vit a travers Emily. De bien mauvais souvenirs, n'est-ce-pas? Elle qui s'amusait a lire dans les autres etait comme un livre ouvert pour Morgan, qui ne faisait rien, les souvenirs se presentaent a lui automatiquement... Aors ce n'etait pas son pouvoir, ce n'etait qu'un defaut dans celui d'Emily. Il vit finalement Owen. Et bientot les levres qui s'approchaient de la gorge du jeune homme, et qui mordaient, comme dans un besoin animal de... de sang? Tout stoppa la.

Haletant, il recula d'un petit pas. Il etait bien.. dans la realite?... Ouvrant grand les yeux, semblant pour une fois vraiment etonne, il regarda aux alentours. Oui... c'etait bien... ce couloir... C'etait bien... cet endroit... Ou ils etaient auparavant... Il se passa une main sur le visage, pour mieux se reveiller. Emily le regardait, effarouchee. Elle avait devoile ses petits secrets a Morgan, sans le vouloir, voyait-il. Mais tout cela ne le regardait pas ce n'etait que le passe. Et le passe, on pouvait vivr avec comme on pouvait vivrre sans. Lui preferait vivre sans se soucier de son propre passe comme de celui des autres. Il ne faisait que tirer des lecons de ce qu'il avait vecu et les appliquait plus tard. C'est pour cela qu'il ne faisait plus confiance a personne. En particulier aux femmes, il fallait bien le dire, car les personnes qui lui avaient cause le plus de tort etaient bien des femmes. Kim, sa mere. Alors il appliquait, meme si les hommes lui inspirait le meme degout, il pouvait a la limite plus facilement devenir ami avec un garcon. Emily se reprit, pour lui dire, sa voix se faisant un peu plus rauque sous le coup de "l'emotion", qu'il avait une vision interessante du monde. Ah? Elle etait bien la premiere qui lui disait cela. En effet les gens meprisaient plutot ceux qui meprisaient leurs semblables, donc eux. Mais Emily n'etait pas Humaine, c'etait bien ca... Il garda son mutisme. Elle ne devait pas vouloir qu'on le crie sur les toits. Dans un sens il la comprenait... Les Humains presents devaient avoir peur d'elle.

Elle lui dit quelque chose sur les animaux, repondant a sa question de tout a l'heure qu'il avait quasiment oubliee... Non, pas une partie de nous-meme. Alors que faisaient-ils pres d'eux? Ah, les animaux sont parfois bien naifs, ils croient qu'ils peuvent avoir quelque interet a rester pres d'un Humain. Mais un Humain ne lui donne que de rares caresses, de la nourriture pas tres naturelle, et des mauvais traitements parfois. Pas souvent de l'amour, ou sinon un amour compatissant, ou l'on regarde inconsciemment l'animal de haut, se pensant superieurs. Que les enfants pensent cela, d'accord, mais que les adultes agissent ainsi... il n'aimait pas. Penser que les etres Humains etaient superieurs parce qu'ils arrivaient a se faire des vetements pour se proteger du froid, quelle bonne blague. Lorsqu'il voyait un animal, il le caressait parfois, mais simplement pour se mettre en bon termes avec lui, il laissait l'animal donner de ses caresses en retour si il en avait envie, et si l'animal ne voulait pas faire quelque chose, il ne le forcait pas, il ne les forcait meme pas a sa presence. Enfin, cette histoire etait louche, surtout qu'elle ne voyait rien a cote de l'adolescent. Et rien a cote de lui non plus. Il finit par prendre la parole, toujours aussi neutre, ne se permettant pas le moindre sourire, perdant l'air etonne qu'il avait arbore quelques secondes apres le "flash".

"D'accord, meme si pour le moment je ne vois pas le moindre animal dans les environs."

Il passa vite sur ce point, disons qu'il avait une question plus interessante a poser. Le jeune garcon hesitait legerement, choisissait ses mots. Emily etait donc un vampire. De la s'expliquaient ses iris d'or, et son comportement etrange. Il la regardait, mais elle pouvait remarquer facilement que c'etait avec nettement moins de froideur. Il avait un regain d'interet pour la jeune fille maintenant qu'il avait devine ce qu'elle etait. Mais il restait reserve quand meme, peut-etre que les vampires etaient pareils ou pire - meme si cela l'etonnerait fort - que les humains. Cependant son esprit un peu cureux sur ce sujet etait interesse par cette jeune fille un peu rustre. Elle semblait avoir quelques points communs avec lui niveau caractere, en plus. Avec tout ce qu'il avait apercu dans les souvenirs d'Emily... Toutes ces choses vues etaient gravees dans sa memoire, comme si lui-meme en avait ete le specateur.. ou meme l'acteur. Il se rapellait des emotions suscitees par les evenements... Meme si il n'adherait pas avec certaines choses... Il ne la detestait pas. Ou pas autant que la plupart des gens, plutot. Il finit par poser une autre question, apres une ou deux secondes de flottement

"D'autres habitants de cet endroit sont ils comme vous ? Ou n'etes-vous qu'une exception ?"

Si quelques uns etaient comme elle, peut-etre supporterait-il plus facilement tout cela... Meme si cela mettait sa propre vie en danger. Les vampires pouvaient peut-etre etre de bonen compagnie. Il fit un.. semblant de sourire a Emily. Ce qui etait deja une preuve qu'il voulait bien amorcer une vraie conversation avec elle. Pourquoi pas lui reparler, pourquoi pas devenir proches, des "connaissances" comme il apellait ses amis avant. Morgan etait peut-etre un associal, mais si d'autres perosnnes qu'il supportait l'approchaient, lui parlaient, cela ne le derangeait pas. Parfois cela pouvait meme etre agreable. Apres tout il etait humain. Malgre tout, il fallait bien l'avouer, de temps en temps la presence d'autres personnes ne le genait pas. Et qui plus est, si les personnes qu'il cotyait n'etaient pas Humaines. Suicidaire? Peut-etre. Mais pas dans le sens ou l'entendait beaucoup de monde, il n'allait pas devoiler a tous le secret de la fille aux cheveux rouges. Mais suicidaire, a bien vouloir rester avec des creatures aussi dangereuses. Enfin a essayer, le temps de jauger qu'est-ce-qu'etait cette "espece" etrange.

« Ils peuvent se balader tous seuls » répondit-elle d’un ton morne.

Mist ne restait pas souvent avec elle après tout. Elle aimait bien être seule et lui était encore plus solitaire qu’elle. Elle ne le voyait que rarement. Etrange, après tout, alors qu’ils étaient liés au point qu’elle sente ses blessures physiques et vice versa. Hm, ne nous égarons pas, après tout, chaque être est unique, n’est-ce pas ?

Emily d’ailleurs ne faisait également pas confiance à grand monde. Enfin. Autrefois. Maintenant, elle daignait parfois se confier. Peu souvent, il était vrai. Mais ce qu’elle aurait volontiers dit à certaines personnes, elle ne le pouvait pas pour leur propre sécurité. Depuis qu’autant de chasseurs de vampires peuplaient ce pensionnat, même si elle était persuadée que l’un d’entre eux ne lui ferait absolument rien, elle ne jugeait pas utile que, si jamais il arrivait à les faire parler, il trouve en eux un moyen de chantage. Bref, elle ne disait rien aux autres pour leur propre sécurité et préférait les tuer proprement et sans douleur que courir le risque.

« Nous sommes… deux. Peut-être trois, mais c’est tout. »

Elle le jaugea de son regard doré. Ses prunelles se promenèrent songeusement sur ses joues tandis qu’elle réfléchissait à ce qu’elle allait faire. Ce garçon ne semblait pas prêt de lâcher le morceau. Elle l’aurait bien tué, celui là aussi. Seulement, quelque chose comme Netha m’en empêcherai. Non, plus sérieusement, tuer quelqu’un l’aurait plus dégoûté qu’autre chose, aussi surprenant que ça soit. Etrange, venant de la part d’Emily Johanson Strange. Psychologie étrangement muable, sans doute, selon les évènements qui lui tombaient dessus. Et en ce moment, il y en avait beaucoup.
Elle tomba soudainement à genoux, et se mit à cracher du sang. Ha, finalement, elle n’avait pas très bien digéré le sang de l’espèce de loup qu’elle avait dévoré il y avait une heure à peine. Ses jambes avaient flageolé, et elle s’était écroulée. Elle grogna et ses muscles se tendirent. Elle détesta ça. C’était sans doute la première fois qu’elle vomissait, et ce n’était pas agréable. Elle avait l’impression qu’elle allait rejeter ses poumons, ou quelque chose du genre. Enfin, une douleur lui broyait, tordait, retournait l’estomac.

Ses cheveux lui tombèrent devant les yeux, tandis qu’elle continuait à rejeter tout ce qu’elle avait avalé, ses yeux doré se ternissant un peu plus à chaque goutte. Ha, c’était fini. Les contrecoups de son dysfonctionnement, sans doute. Maudit pouvoir défectueux, va. Elle cligna des yeux, et ne repris pas une profonde inspiration, contrairement à la plupart des personnes qui venaient de vomir. Normal, elle n’en avait pas besoin. Enfin, disons qu’elle pouvait retenir sa respiration bien plus longtemps qu’un être humain, mais elle doutait que cela soit éternel, étant donné son semi vampirisme. Bref, cessons de blablater sur ces caractéristiques.

« Urgh. »

Elle essuya sa bouche et lécha les traces de sang qui s’étiraient sur sa main. Elle fronça les sourcils, et se releva, tremblante. Elle semblait fiévreuse. Semblait uniquement. Elle ne sentait pas une chaleur particulière sur son front. Elle n’était jamais malade, de toutes façons. Ah, si, une grosse grippe, l’année précédente, avant d’entrer dans ce maudit pensionnat. Et puis d’abord, pourquoi pensionnat. C’était stupide. Après tout, il n’y avait ni cours, ni profs, ni pions.

« Bref. »

Elle lissa son pull noir, comme si de rien n’était. Dur, étant donné que le sang qu’elle venait de recrachait l’attirait particulièrement, mais c’était assez dégueulasse, pour employer un langage très peu châtié, de lécher un mur couvert de ce liquide rouge poisseux vu qu’il était empli de la poussière de manoir.
Et puis du sang pratiquement digéré, merci, mais non. Comme manger du vomi. C’était assez répugnant, à vrai dire.

« Je disais donc que c’était assez peu répandu, navrée. »

Elle regarda derrière elle par acquis de conscience. Elle ne tenait pas à ce que ses petits secrets soient bêtement entendus, après tout. C’était naturel. Elle regarda quelques secondes Morgan, puis repris la parole.

« Hm. Tu veux visiter ? »

Elle n’attendit pas la réponse, et tourna les talons, marchant de ses pas trainants mais à la fois difficiles à suivre par sa cadence irrégulière. Another girl, another planet, yeah. Elle regardait distraitement les portes qui défilaient sur le côté, annonçant machinalement les pièces à Morgan, car je suppose qu’il va suivre la petite Emily.

« Cuisine… Bibliothèque… Infirmerie… Salon… »

Elle fini par s’arrêter net devant une porte assez délabrée.

« Cave. »

Elle reprit son pas, un peu plus rapide qu’auparavant, mais stoppa assez rapidement. Devant les escaliers.

« Y’a les chambres à l’étage, et quelques salles bizarres comme celle des esprits et la salle Yume. »

Elle n’avait jamais prononcé correctement « Yume » et le faisait avec un accent traînant lui aussi anglais. Elle avait du mal avec les noms japonais, en réalité. Etrange, certes, mais normal, après tout. Quoi que le fait qu’un léger accent américain soit resté dans ses paroles était encore plus logique, vu qu’elle avait passé douze ans de sa vie avec l’anglais comme langue courante. Elle parlait bien français, tout de même.

« Bon, on fait quoi ? »

Elle ne semblait pas prête de lâcher le pauvre Morgan. Par pur ennui, sans doute. Par sympathie, c’était quasiment à exclure d’office, mais bon. Elle ne le connaissait que depuis trop peu de temps, après tout. Elle coiffa ses cheveux d’un geste simple, avec un élastique. Elle les remonta pour pas qu’ils ne lui trainent dans les pieds. Elle allait les couper, c’était décidé. Peut-être aux reins, ou aux genoux, maximum. Mais là, les chevilles, c’était trop. Fichu vampirisme, va. A cause de lui, elle avait des cheveux qui poussaient deux à trois fois plus vite que la normale. En plus d’être totalement inutile, cela l’embêtait pas mal. Mais bon.

« C’est pas trop grand, en fait, quand on s’y est habitué. »

Elle soupira, et regarda d’un œil pensif les hauts escaliers qui semblaient s’envoler bien haut.

_________

Plop, pathétique ç_ç""

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Morgan pencha legerement la tete sur le cote. Ils pouvaient donc se promener, mais etaient lies aux humains presents ici. Par quel malefice? Et si on tuait un de ces animaux, mourrait-on aussi? Tant de questions se bousculaient dans sa tete, il savait que c'etait le moment pour les poser, il ne faisait rien, essayant de deviner par lui meme. Etait-ce un des tours des proprietaires? Ou alors ces animaux fetiches etaient-ils la marque de leur emprisonnement? En tous cas, il ne voyait aucun animal avec elle, et aucun animal avec lui. Se manifesterait-il plus tard? Ou alors peut-etre racontait-elle des mensonges, mais autant la croire tant qu'il n'avait aucune preuve contre elle. Mefiant, il regardait aux alentours, tentant de detecter la moindre presence animale ou meme humaine, peut-etre un autre des habitants. Il n'y avait que la fille aux cheveux rouges. Emily etait un etre etrange. Un vampire, elle buvait le sang des autres, elle pourrait boire son propre sang, cependant elle semblait repue pour le moment. Se servait-elle sur les autres habitants?...

Elle lui repondit qu'ils etaient deux, ou trois. Il etait tombe malencontreusement - ou heureusement, allez savoir- sur l'un d'eux. Et apresent les prunelles d'or de cette creature le jaugeaient, se promenaient sur son visage. Elle etait bien plus jeune que lui, mais ses yeux transmettaient quelque chose de bien plus fort et mature que la plupart de ceux qui le cotoyaient. Peut-etre plus que lui aussi semblait immature, a se fermersur lui-meme pour echapper au monde. Pour le moment il ne se renfermait pas trop sur lui-meme ca il etait en face d'un etre non-humain. Il restait a voir si cette espece etait plus agreable a vivre que les humains, moins impure, moins degoutante. Il etait egalement humain, et se degoutait. Une idee lui effleura l'esprit, tourmentante. Et si ils etaient meilleurs que les hommes, pouvaient-ils transmettre leur nature a un autre? Pouvaient-ils... Le regard de Morgan se troubla, il fronca les sourcils. Il ne savait pas. Il ne savait meme aps si c'etait une bonne chose que de penser cela a ce moment. Mais il fut sorti momentanement de ses pensees par un rale rauque, Emily venait de tomber, a genoux, et de sa bouche s'echappait une grande quantite du sang. Du sang...? Le sien, ou celui d'un autre? Des spasmes la parcouraient, la faisant rejeter a chaque fois plus de sang. Il s'ecarta un peu, histoire de ne pas salir ses chaussures. Posant la main sur le dos de la jeune fille, il se dit que ces spasmes semblaient surtout etre ceux de quelqu'un qui vomissait et non pas ceux de cleui qui agonisait.

Elle se redressa soudainement, le sang s'etendant sur le carrelage. Les vetements de la jeune fille etaient tout taches. Morgan avait echappe a la souillure de ce sang. Emily semblait embetee plus que malade. Genee d'avoir fait cela? Si quelqu'un l'avait vue et avait devine comme lui qu'elle vomissait, il aurait devine tout de suite qu'elle etait un etre vampirique. Il jeta un coup d'oeil aux couloirs, personne en vue. Peut-etre quelqu'un les avait ils vus, mais cela ne serait pas important, du moins pas pour lui. Attendant qu'Emily reprenne un peu ses esprits, il regarda la porte. d'ou il etait venu. Il avait decidement atteri dans un drole d'endroit. Il ne savait pas si c'etait la meilleure chose, mais cela valait sans doute un peu mieux que la presence de sa mere pres de lui ou les jeremiades de Kim. Un lieu d'ou il ne ressortirait jamais, avant de mourir, ou de trouver un moyen de contourner ces protections. Pour le moment, n'y pensons pas. Son regard se dirigea vers Emily, qui venait de dire un mot pour changer de sujet. "Bref." Elle reprit sa phrase, disant que c'etait peu rependu. Peu rependu.. Morgan retrouva ses idees de tout a l'heure, se tourmentant l'esprit. Et si seulement... Il ne savait pas, autant observer pour le moment. Oui, observer, c'est ce qu'il savait faire le mieux. Observer les autres, observer le genre humain, observer les vampires a present. Autant rester un simple spectateur, avant de rentrer sur scene.

Elle lui demanda si il voulait visiter, question a laquelle il repondit par un simple hochement de tete, mais deja elle partait, visiblement elle ne l'avait pas ecoute. Elle marchait etrangement, parfois alignant des petits pas rapides, parfois preferaqnt les pas lents et cadences, il avait opte pour une demarche entre les deux, histoire de pouvoir la suivre aisement. Marcher normalement quoi, mais cette fille ne devait pas comprendre le mot normalement. Lui le detestait ce mot, mais il fallait bien dire que marcher aussi peu elegamment etait assez genant. Meme les animaux, les chevaux par exemple, avaient une demarche plus altiere, plus agreable a voir. Desespere, il ecouta tout de meme ce qu'elle avait a lui dire. Cuisine, Infirmerie... Tout pour vivre apres tout. Mais si on ne pouvait sortir, alors comment se ravitaillaient-ils? Oh, mystere, mais il en saurait plus par la suite.. peut-etre. Elle lui presenta sommairement la porte de la cave, et lui dit vaguement ce qu'il y avait a l'etage. Salle quoi? Il fronca les sourcils, et demanda alors qu'elle venait juste de lui demander quoi faire

" La salle Iumet? A quoi sert-elle?"

Si Emily avait un accent anglophone relativement classe lorsqu'elle faisait des phrases completes, lui avait l'accent du parfait francais, pas le campagnard, plutot un accent parisien bien marque, assez elegant, illustrant bien les cliches que l'on se fait de Paris. D'ailleurs, elle etait anglaise? Americaine, peut-etre, vu qu'elle machait un peu ses mots. Oui lui aussi avait ses cliches, n'etant quasiment pas sorti de sa capitale. A part pour aller en Bretagne ou il avait une grande partie de sa famille. C'etait joli la Bretagne, il aimait beaucoup cette region, surtout dans les alentours des vacances de Fevrier. Deja parce qu'elle etait desertee par tous ces vacanciers ignares et ne cherchant qu'a s'entasser sur les plages, et puis la mer etait si belle, si immense, sous un ciel voile et lourd.. Et les gouttes, qui commencaient a tomber, a ruisseler sur l'impermeable jaune qu'il aimait bien mettre, trouvant cela plus joli que les manteaux a la mode. Un peu de traditions ne faisait jamais de mal a personne. Et puis lorsqu'il etait la bas en Bretagne, pres de la mer.. Il haissait peut-etre moins les autres, et etait plus enclin a la conversation... Si il n'y avait pas sa mere, ou des connaissances qu'il preferait eviter. Ses pensees revinrent a lui, et il laissa sortir un air morne, venant de trouver un point faible a se retrouver coince ici, il ne reverrait jamais les paysages de la region qu'il affectionnait.

"Bon, illustrez plutot ce que c'est et emmenez moi voir, ca nous fera bouger un peu. Et..."

Fixant la vampire, il se demandait si ce n'etait pas deplace de demander ce qu'il voulait demander. Et puis, il etait presque avenant... On aurait dit un de ces hypocrites invites qui font tous les sourires possibles a leur hote en pensant des choses abominable sur lui, faisant des reflexion interieusement sur la robe vraiment laide de l'hotesse, sur l'odeur d'un autre invite, sur la decoration d'un gout atrocem sans en dire un mot. Lui le dirait, si quelque chose le genait particulierement, par exemple la couleur de cheveux d'Emily ou son habitude a ne pas faire de phrases, mais il trouvait que les priorites etaient les reponses a ses questions. Enfin, il chassa ca pour poser sa question, s'engageant sur les escaliers

"Pouvez-vous me parler de votre.. nature? Si cela ne vous gene pas, bien evidemment. Sachez d'abord que je ne vous souhaite pas de mal, je resterai neutre, et bien entendu je saurai tenir ma langue. Libre a vous de ne pas me croire, mais je suis honnete."

Emily passait avec un dégoût peu marqué ses doigts sur son chemisier noir plein de sang, avant de l’enlever. Elle possédait un sous-pull blanc dessous, naturellement, elle n’était pas de ces exhibitionnistes. Et il n’y avait rien à voir, de toute manière. Si Nao trouvait un plaisir certain à l’appeler planche à pain, planche de surf et autres sobriquets du même acabit, ce n’était guère pour rien. Elle le retourna et l’enfila à l’envers. Elle avait l’air stupide mais au moins elle n’était plus couverte de sang. La stupidité était préférable à la bizarrerie, songeait-elle.

« La salle Yume est bizarre. Elle matérialise les rêves ou désirs, en premier temps, puis ça tourne au cauchemar. Parfois tu as beau le savoir, ça te prend quand même aux tripes. »

Quelle élégante répartie. Elle n’avait pas oublié son dernier séjour là-bas. Elle y avait respectivement croisé son frère, son ami dont le nom était le même que celui de la salle, des fantômes et un chasseur de bêtes surnaturelles – et c’était le seul qui possédait une enveloppe charnelle. Là-bas, c’était le ballet des esprits, le rendez-vous des ectoplasmes. Et des réminiscences que l’on aurait bien aimé enterrer. Surtout lorsque cela virait à l’amer rêve et aux déceptions des rêves utopiques. Emily se gratta le sourcil, tout en réfléchissant à la proposition de Morgan.
Pourquoi pas l’y accompagner, c’était vrai. Elle ne risquait plus de lui dévoiler grand-chose, maintenant que cet idiot avait vu clair dans ses souvenirs. Enfin, jusqu’à un certain point. Elle refusait qu’il entre « chez elle » davantage. Et d’ailleurs, elle n’avait qu’à le tuer. C’était un nouveau. Personne ne le connaissait, personne ne s’en rendrait compte.
Mais voila, elle savait qu’il ne fallait pas tuer. C’était un acte totalement répréhensible. Elle n’était pas au dessus des lois juste parce qu’elle se savait perpétuellement prisonnière de ce manoir qui changeait d’époque comme elle de chaussettes. Ni au dessus de humains car elle était une hybride. De plus c’était mauvais pour sa conscience. Et les remords qui la submergeaient parfois lui suffisaient. La mort de Satsuki était elle vraiment obligatoire ? Certes, elle s’était jetée dans ses bras, mais était-ce une raison ? Sa mère aurait appelé ça ‘‘non assistance à personne en danger’’ et elle aurait eu raison. Elle ne lui avait pas porté d’aide pour se sauver. Elle l’avait plutôt précipitée vers sa chute.
Nao avait raison, elle était ridicule de se taire… elle se promit intérieurement de lui dévoiler le maximum qu’elle pourrait, essayant vainement de soulager sa conscience chargée. Mais il était hors de question de le mettre en danger.
Celui-ci, là, le blond borgne, non plus. Il en savait suffisamment sur elle. Comme s’ils lisaient les pensées de la jeune rousse, il lui demanda si elle voulait bien lui parler de sa nature.
Elle n’était pas une bête de foire. Cela ne le regardait pas.

« Non, désolée. C’est personnel. T’en as déjà assez vu comme ça. »

Le ton froid et distant avec lequel elle lui avait répondu changeait plutôt radicalement de celui, quasiment gai qu’elle avait usité auparavant.
Elle n’avait pas à partager ses secrets avec le premier venu. Car elle avait beau avoir plongé corps et âme dans son passé et ses souvenirs, ce n’était pas pour autant qu’elle connaissait cette personne. Elle n’en avait qu’un vague aperçu. Et la migraine naissance, à la base de son crâne, n’arrangeait pas ses débats intérieurs. Elle ignorait la marche à suivre. Elle pouvait le conduire à la salle Yume, mais elle ne savait pas s’il ne pourrait pas voir son passé à elle aussi qu’elle avait essayé de dissimuler. Elle était, dans une certaine limite, curieuse de connaître les désirs de Morgan, mais elle ne voulait pas qu’il connaisse les siens. Chose totalement égoïste et puérile qu’elle assumait totalement.

Elle se mit à marcher, s’assurant que Morgan la suivait. Elle ne voulait pas le perdre dans cette grande maison. Il était nouveau, ne facilitant pas ses affaires. Car en plus de ne pas pouvoir la trouver, il ne pourrait pas non plus se guider seul dans le pensionnat des I. Elle prêtait donc une attention particulière à ce qu’il la suive bien, tout en comptant mentalement ses pas. Elle marchait, se perdant dans les méandres de ses pensées sinueuses, voguant d’un sujet à l’autre en effleurant les autres du bout des doigts, se penchant sur sa barque. Elle croisa une fille brune qu’elle ne connaissait pas. Elle avait l’air plutôt déprimée, un peu maigre. Ses yeux noirs ressortait sur la lividité de sa peau. Elle l’ignora et continua de marcher, s’arrêtant finalement devant une porte. Depuis qu’elle avait présenté la Salle Yume, ils avaient continué à marcher, et avaient donc dû retourner sur leurs pas.

« Bon, voila la salle Yume. »

Elle le regarda, fronçant les sourcils. Elle ne se sentait peut-être pas prête à entrer dans cette salle. Cette cruelle salle qui vous faisait miroiter des choses impossibles avant de les réduire en fumée, purement et simplement.
Du vent, toujours du vent. Elle n’obtiendrait jamais ce qu’elle voudrait.
Aucun des pensionnaire ne connaître une vie normale, pourquoi se fatiguer à la rêver ?

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