Les flocons blancs volèrent encore quelques secondes, puis s'écrasèrent en silence sur le lourd tapis d'entrée, la fragilité de l'innocence incarnée dans toute sa splendeur.
La féérie venait de se briser avec eux. Elle gisait à présent, pitoyable, et fondait doucement sur le sol, tandis que le vent continuait de souffler dehors, comme pour signaler qu'à partir de cet instant le temps s'écoulerait à l'extérieur, sans la personne qui venait d'entrer, et de sortir du monde du même coup.
Smaragd tint encore la porte derrière elle quelque secondes, puis la relâcha. Le vent la referma lentement. Elle ne bougea pas, et regarda ce qui l'entourait.
Un hall d'entrée comme on n'en voit plus qu'en visite payante, dans les châteaux ou les musées. En version authentique. Epurée et imposante. Ecrasante de simplicité. Cette pièce plaisait à Smaragd.
Ce manoir lui rappelait des souvenirs. Ou peut-être était-ce une de ces illusions qui entourent les lieux qui nous marquent. Toujours est-il que la jeune fille se sentit en confiance dans cette pièce, à cet instant.

Et pourtant.
Elle avait donné la mort à une cinquantaine de personnes, à mains nues peut-être. Elle ne se souvenait que de l'odeur qui flottait dans la pièce, quand toutes les voix s'étaient enfin tues.
Elle ne regrettait pas la mort de tous ces gens. Au contraire.
Elle était sans doute recherchée, mais cela n'avait plus vraiment d'importance. Pourquoi ? Cela non plus, elle ne le savait pas, mais elle ne ressentait plus aucune crainte rationnelle, à présent.
Et elle était à présent dans un bâtiment inconnu, lugubre sans doute pour toute autre personne, et n'était pas elle-même en mesure d'expliquer ce qu'elle faisait ici.

Toutes ces informations arrivèrent paisiblement jusqu'à son cerveau. Et prirent, un peu moins paisiblement, tout leur sens.
Cette situation n'avait rien de normal, du début à la fin.
Smaragd sortit de sa torpeur, pour la première fois depuis une semaine, pour la première fois depuis ce soir étrange. Enfin, juste assez pour se rendre compte. Pas de quoi paniquer réellement. Smaragd se mettait rarement dans tous ses états.

- Mais qu'est-ce que je fous là ...

En effet, peut-être était-ce le moment de se poser la question.

Spy Talimaru.
Cela faisait longtemps que nous ne l'avions pas vu arpenter les couloirs du pensionnat. Ceux qui passait près d'elle ne voyait qu'une jeune fille, blonde aux yeux bleus, marchant la tête basse. Personne ne la connaissait et elle même ne reconnaissait personne. Point de Fay, ni de Skye, encore moins de Yume ou de Satsuki. Elle avait perdu de vue, volontairement, son alter ego astral, Wolfgang. Bref, elle vivait dans l'horreur de ne pas avoir vu, ne serais-ce que le pan d'une chemise, de l'une de ses anciennes connaissances. C'était comprehensible, combien de jour étaient passés depuis que notre chère télépathe s'était enfermée, seule dans sa chambre ? D'ailleurs ... Qu'est ce qui a bien pus la faire sortir de sa solitude ? « Mystère et boule de riz » Dirais la rédactrice de ses lignes. En tout cas, elle était sortit, point.

Donc, elle marchait lentement, usant ses souliers vernis. Il faisait sombre dehors, et puis elle n'osait pas regarder autre chose que le plancher, semblant craindre qu'il ne s'effondre sous ses pas silencieux. Sans s'en rendre compte, elle se dirigeait deja par cette endroit fatidique. Le commencement de notre fin.
Amusant, au même moment, la jeune Spy entendit une voix :

« Mais qu'est-ce que je fous là ... »

Faisait-elle. Déjà, la petite blonde ouvrait la porte, inconsciemment peut être ? Pourquoi l'aurait elle ouvert en sachant qu'elle allait devoir le suplice de l'interrogatoire euphorique ? En tout cas, ce qui est fait est fait. La jeune blonde au regard vide devisagea discrètement la nouvelle arrivante. Elle n'était que de noir vêtue, et la chose qui attira le plus Spy fut l'étrangeté de ses yeux : Verts émeraudes. Après quelques minutes de silence, la jeune pré-adolescente dit, poliment, par le biais de son esprit :

° Bon...jour... °

'Bon' n'était peut être pas le bon adjectif. Se voir enfermer n'était pas vraiment quelque chose de 'bon', à ma connaissance.

Une porte s'ouvrit doucement, et quelqu'un entra.
Smaragd observa la nouvelle venue ; blonde, sans doute plus jeune qu'elle, apparemment perdue dans ses pensées. Ne présentant pas de danger potentiel. Etait-ce un réflexe croissant de misanthrope, ou simplement le fait de voir la situation autrement après avoir tué, connu la certitude soudaine que les humains n'étaient qu'un tas de viande plus ou moins vivace ? Toujours est-il que sans en avoir conscience, Smaragd évaluait les gens de plus en plus froidement. Elle n'y pouvait pas grand-chose.
Mais pour une première rencontre après huit jours de solitude complète, cette jeune fille tombait bien. Si Smaragd l'avait trouvée un tant soit peu antipathique, après s'être habituée à une solitude rassurante pendant tout ce temps ... Elle frissonna. Une de plus ou de moins, quelle importance ? Mais non, elle ne voulait pas recommencer, ça n'avait aucun sens.

°Bon...jour... °

Elle sursauta. Une voix avait parlé ... dans sa tête ? Etait-elle folle à ce point ? Non seulement elle tuait sans le vouloir entièrement, mais en plus, sa seconde personnalité lui parlait ?
Smaragd regarda autour d'elle, et revit la jeune fille qui avait ouvert la porte. Mais non, bien sûr. C'était elle qui lui avait adressé la parole, il lui restait donc un peu de raison.
Pourtant, cette sensation d'avoir entendu parler à l'intérieur de son crâne lui restait.

- Bonjour ... Je ne pensais pas que c'était habité ... je repars tout de suite.

Elle ajouta, pour la forme :

- Désolée de vous avoir dérangée.

Elle se retourna vivement, et baissa la poignée pour ouvrir. Mais la porte ne s'ouvrait pas. Situation gênante que de ne pas pouvoir partir d'un endroit où personne ne vous a invité. En plus, elle n'aimait pas demander de l'aide. Mais elle allait bien devoir le faire, puisque la porte résistait toujours.

Spy s'y était un peu attendu. Quand l'on entend des voix provenant du fin fond même de son cerveau, soit on s'appelle Jeanne D'arc, soit on est schyzophrène. Et d'autres cas, tout le monde sursaute ! Puis, comme d'habitude après avoir découvert que quelqu'un d'autre vivait dans la maison dans laquelle on venait d'entrer sans demander la permission, on veut toujours prendre la poudre d'escampette ou justifier sa venue. Sauf, si bien sûr, nous ne sommes pas vraiment normaux.
Enfin bref, la jeune inconnue aux yeux énigmatiques prit la parole :

« Bonjour... Je ne pensais pas que c'était habité... Je repars tout de suite. Désolée de vous avoir dérangée. »

En même temps, elle retourna vers la porte d'entrée et tenta de l'ouvrir. Seulement, comme son nom l'indique, c'était la porte de l'entrée ... et non de la sortie. Combien de personne allait encore toucher cette satanée poignée ? Un nombre infini, sûrement ... En tout cas, Spy ne put s'empêcher de tourner la tête ailleurs, cachant ses yeux dans l'ombre de sa tignasse couleur de paille. Ne voulant pas oser regarder la jeune femme dans les yeux.

° Vous ... Vous ne pouvez pas sortir. °

Il fallait bien que notre petite muette explique la situation. La question qui se posait était, à présent : Comment allait réagir la petite nouvelle ? Colère, violence, pleurs, neutralité incertaine, évanouissement ... Toutes ses options étaient plausible selon la personnalité. Le jour de son entrée, à Spy, elle était tombé évanouit. Pas à cause du choc, plus à une haute fièvre dut à la pluie qui tombait sans repos ce jour-là.

° Vous ... Vous ne pouvez pas sortir. °

Silence. Smaragd lâcha la poignée, qui remonta brusquement, et se retourna.
Cette fois, elle en était sûre, son interlocutrice s'adressait à elle directement dans sa tête. Que ce sentiment soit fondé ou non, elle l'avait parfaitement entendue sans que ses lèvres ne bougent.
Elle mit quelques instants à comprendre ce que signifiait réellement le contenu de la phrase.

- Vous êtes en train de me dire ... que nous sommes enfermés ici ?

Des centaines d'autres questions lui vinrent à l'esprit en même temps.

* Est-ce moi qui suis folle à lier ... ou cette fille qui est télépathe ? *
* Depuis combien de temps est-elle dans cette maison ? *
* Est-ce qu'ils savent ... pour ce qui s'est passé il y a une semaine ? Ou sont-ils totalement coupés du monde ? *
* Une secte ? Des fanatiques qui s'enferment, évitant tout contact extérieur, ça ne serait pas la première fois ... *
* Ou ... autre chose ? Quelque chose d'inexpliquable, d'inavouable ... ? *

Et surtout, et cette question résumait toutes les autres :

* Qu'est-ce qui se passe, ici ? *

Mais ce n'était pas le moment de perdre la tête avec toutes ces pensées qui l'assaillaient. Surtout, ne pas perdre son calme. Peut-être était-ce faux, après tout. Elle n'avait pas encore eu la confirmation que ce manoir serait son cercueil.

«  Vous êtes en train de me dire ... que nous sommes enfermés ici ? »

Après avoir parlé, Spy était certaine qu'elle allait poser des questions. C'est ce qu'elle fit ! Mais pas de vive voix ... La jeune femme se tortillait la cervelle en pensant des choses bizarres. En l'écoutant (sans faire exprès), des gouttes de sueur perlèrent sur le front pâle de la télépathe. Toutes ses pensées autres que les siennes lui faisait mal au crâne ...
Résumons, donc : cette inconnue à, il semblerait, deviner que la fille devant elle était dotée d'un donc peu naturel, elle se demandait déjà depuis combien de temps celle-ci était enfermée et commencait à entrer dans un délire personnel comme quoi les gens du manoir était des pas très clair coupés du monde. Pendant que l'inconnue nommée Smaragd parlait d'un certain 'évênement passé', Spy avait entrapercue des ... gens ... elle avait même sentie, de par les sens des souvenirs de Smaragd, une drôle d'odeur que Spy ne reconnut pas. Qu'est ce que cette fille avait elle bien pus faire ? En tout cas, elle venait de finir de réfléchir :

° Enfin ... °


Soupira Spy. Elle ne s'était pas rendu compte que son esprit ouvert avait transferer sa pensée à la jeune femme présente près d'elle. Essayant de se reprendre, la pré-adolescente recommenca à parler par la pensée :

° Nous ne faisons pas du tout parti d'une secte ! En fait ... nous sommes nous aussi enfermé contre notre gré ... Et, euh, désolée d'avoir lut dans vos pensée. °

Avec une mine coupable, Spy baissa la tête mais continua despliqué.

° D'après certaine personne, nous sommes au Pensionnat Interdit. Lieu d'éternel mystère où ses habitants ont tous le même destin. Rester ici.°

La télépathe fit une pause puis reprit :

° Durant notre 'séjour', nous obtenons un animal que nous connaissons depuis notre enfance. Et, vous devez peut être avoir deviner, d'un ... pouvoir. °

° Enfin ... °

Smaragd sursauta à nouveau.
Elle n'aimait pas ça. En temps normal, rien ne l'atteignait ... rien ne la surprenait. En apparence, bien sûr. Personne n'échappe à ce qui l'entoure. Personne.
Mais elle n'était pas sûre que beaucoup vivaient ce genre de situation tous les jours. Comment réagiraient les murs de glace de la vie de tous les jours, face à de tels événements ? Comment pourraient-ils rester calmes ? Peut-être qu'ils auraient la même réaction qu'elle ... mais en moins visible.
Smaragd se gifla en son for intérieur. Elle était, elle aussi, un mur de glace, en temps normal. Pourquoi changer ?
Les quelques instants de désorientation qui avaient précédé son entrée étaient terminés ; elle fit de son mieux pour fermer son esprit à l'angoisse. Fermer son esprit, tout court.

° Nous ne faisons pas du tout partie d'une secte ! En fait ... nous sommes nous aussi enfermés contre notre gré ... Et, euh, désolée d'avoir lu dans vos pensées. °

- Ce n'est rien.

Son ton pouvait paraître légèrement ironique, mais elle le pensait sincèrement. Sa voix était juste un peu sèche, l'habitude, sans doute, de ne pas manifester beaucoup de respect envers les autres.
Mais elle n'avait pas non plus l'intention de se justifier inutilement. Elle attendait des explications, puisque son interlocutrice avait entendu toutes ses questions, même si ce n'était pas son intention première. Celles-ci ne tardèrent pas.

° D'après certaines personnes, nous sommes au Pensionnat Interdit. Lieu d'éternel mystère où ses habitants ont tous le même destin. Rester ici.°

Rien que ça ! Au moins ses craintes étaient confirmées. Quoique ... si rien ne perçait ici, elle n'aurait plus à errer au-dehors. La situation n'était peut-être pas si mauvaise, elle l'arrangeait, pour l'instant.

° Durant notre 'séjour', nous obtenons un animal que nous connaissons depuis notre enfance. Et, vous devez peut être avoir deviner, d'un ... pouvoir. °

- C'est donc pour ça ...

Aussi stupide que cela puisse paraître, c'était presque un soulagement pour Smaragd. Ce don n'était pas si exceptionnel, il n'avait rien de déstabilisant, si chacun avait une particularité semblable. Etrange logique que de trouver rationnel ce qui s'applique à tout le monde en un lieu précis, mais après tout, la normalité est tellement relative qu'elle bascule très facilement. Nous fonctionnons tous de cette manière, au fond : ce qui concerne tout notre entourage est normal. Après, ce n'est qu'une question d'adaptation.
Cette notion de pouvoir, elle l'assimila donc immédiatement, sans être sceptique une seconde. Au moins, avant d'être un mystère de plus, c'était une explication.

- Est-ce que l'on sait qui a fondé ce ... pensionnat ?

Elle savait d'avance que la réponse ne serait jamais entièrement positive. Mais autant essayer.

- Y a-t-il d'autres choses ? D'autres choses que je devrais savoir ?

[Du genre, ou sont les toilettes, toussa ?
Oui je sais, la sortie est au fond à gauche ; je pense pouvoir y aller les yeux fermés.]

« Est-ce que l'on sait qui a fondé ce ... pensionnat ? »

Spy se tut, même si c'était déjà le cas. Non, en fait elle se statufia. Qui avait fondé ce pensionnat ? La jeune fille blonde ne le savait pas du tout. Et si ... Et si pendant son absence ils avaient découvert qui était cette personne ? Si ca avait été le cas, pourquoi personne n'avait tenté de la prévenir ? Ah ... Il est vrai qu'en restant dans sa chambre elle avait totalement quitté le monde extèrieur et n'avait jamais essayé d'écouter les conversations des pensionnaires passant dans les dortoirs. Donc, Spy répondit en baissant la tête :

° Je ... Je ne sais pas. Enfin, moi personellement. Il faudrait peut être essayé avec quelqu'un d'autre. °

La nouvelle devait peut être se demander pourquoi Spy ne connaissait pas la réponse ... Ou peut être pensait elle que personne ne le savait, sinon ils seraient déjà sortit d'ici. Enfin, personne ne sait ce que pensait l'inconnue après que Spy est donné sa réponse psychique. Celle ci essayait de ne pas lire dans ses pensées, de peur de revoir quelques visions ne lui appartenant, et ne la regardant, pas.

« Y a-t-il d'autres choses ? D'autres choses que je devrais savoir ? »

Spy réfléchit un instant. A par les animaux et les pouvoirs, rien d'autre était important. Mais la muette ne pus s'empêcher d'ajouter une mise en garde :

° Vous devriez, pour plus tard, faire attention à ce que vous manger et aux endroits où vous mettez les pieds. °

Rien que d'y penser ... A la piscine et son monstre -seulement, ce point d'eau a disparut, il ne reste qu'un lac dans le parc-, les miroirs bizarres, les bijoux transformant les lapins blancs en dragon cracheur de flammes. Les asticots mangeurs d'hommes enfouies dans les tréfonds des arbres de la forêt. Enfin, pleins de choses un peu bizarre qui risquent assurement de surprendre quelqu'un n'étant pas avertis. [ Désolée du retard n_n' ]

[pas d'problème]

Sa première réponse laissa la jeune fille silencieuse.
Ainsi donc il y avait des secrets tellement enfouis dans le passé du pensionnat, tellement difficiles à révéler et à porter, que même entre, les pensionnaires n'en parlaient pas ...
Sympathique, l'ambiance.
Quoique c'était compréhensible. Etre enfermé dans un manoir le reste de son existence avec des gens plus ou moins agréables à vivre ne devait pas être paradisiaque, même pour les plus stoïques des pensionnaires. Chez certains des plus fragiles psychiquement, l'espace devait être très mince entre la raison et la folie ... Elle se demanda s'il y avait déjà eu des débordements. Sûrement, oui ... mais de quel ordre ? Peut-être que certains d'entre eux s'étaient même donné la mort. Des cas particuliers, bien sûr. Mais elle savait qu'il devait y en avoir, sur leur nombre. Combien étaient-ils d'ailleurs, à pouvoir déjà considérer ce manoir comme leur propre mausolée ? Une centaine peut-être.
Elle pressentait un fourmillement de vies dans ces murs, ce qui la trompait rarement. C'est étrange, mais on a souvent tendance à connaître d'instinct la présence de ce qui nous répugne. Le goût d'un aliment détesté dans un plat ou il pourrait passer inaperçu. L'arrivée d'une personne ennemie avant même son entrée dans une pièce. Une mauvaise odeur couverte par une autre.
Le nombre de personnes qu'un manoir inconnu contenait, dans son cas. En espérant qu'ils ne se retrouvent pas dans la même pièce en même temps, sans quoi elle recommencerait son carnage, elle le savait. Mais il y avait peu de risque, les habitants devant s'isoler un minimum, même avec une bonne entente.

Après un silence, elle posa une dernière question, au cas où certains doutes resteraient tus. La réponse fut plus étrange encore que tout le reste.

° Vous devriez, pour plus tard, faire attention à ce que vous mangez et aux endroits où vous mettez les pieds. °

- ...

Smaragd ne voyait pas trop comment prendre cette phrase, mais d'après l'intonation et les informations précédentes, la petite blonde ne devait pas plaisanter. Elle ferait tôt ou tard des découvertes désagréables, c'était évident vu le lieu dans lequel elle avait atterri.

-Je vois. Merci.

Non, elle ne voyait pas du tout. Elle ne pouvait que deviner.

[ Pas d'inspi, désolée ... n_n"]

Spy savait qu'elle n'avait presque servi à rien à la nouvelle. Elle le sentait de part le ton froid et neutre de sa voix et le petit quelque chose dans son esprit que la jeune fille tentait de ne pas lire. Le fait de lire dans les pensées lui avait déjà une fois causé un problème avec l'un de ses amis. Ce n'était pas sa faute si les émotions humaines étaient si forte qu'elles débordaient de leur propre esprit et entre dans sa tête. Je peux vous assurer, j'imagine, que c'est aussi agréable que de se sentir écouter. Bref, il était peut être temps pour Spy et la toujours inconnue nouvelle pensionnaire de prendre congé l'une de l'autre. Mais la pré-adolescente resta planté là pendant que le silence régnait dans le hall.
Tête basse, regardant ses pieds, Spy ne pouvait envisagé de soutenir le regard vert et glacial de la jeune femme devant elle. Elle n'osait pas non plus partir, au cas où celle-ci aurait encore besoin de son aide.L'indiquer les chambres peut être ? Lui promettre une visite guidée ? La première option, sûrement. Mais la deuxième, pas sûr. Sans s'en rendre compte, elle s'était mise à tortiller l'une de ses mèches blondes. Elle devait avoir l'air bizarre devant l'impressionnante dernière prisonnière du pensionnat. Oui, je dois vous avouez que Spy n'avait jamais vraiment vu une pensionnaire si peu ouverte. Ça changeait de tous les visages souriant, ou triste, qu'elle voyait près d'elle. Celui là était ... neutre, tout bonnement. Aucune émotion particulière ne se dégageait de cette mystérieuse personne au regard si ... si ... vert. Enfin, Spy soupira doucement et demanda psychiquement :

° V-vous voulez peut être savoir où était les chambres ? °

Qu'est ce que cela faisait d'entendre quelqu'un parler dans sa tête après un long silence ? Silence qui était fréquent, entre les deux filles. Je ne pense pas que, tout comme la blonde, Smaragd est été impressionnée en la personne qu'était Spy Talimaru. Qu'attendait-elle au juste ? Pourquoi n'essayait elle pas de se défaire de ce fardeau qu'était l'accueil ?

[yep moi non plus ... j'aurais dû faire un perso plus bavard XD
Edit : finalement, si, j'ai trop écrit même x_x]

Elle aurait dû y penser plus tôt, la pension étant le propre d'un pensionnaire ...

- Ah, oui. Merci.

Smaragd s'avança vers les marches.
Les chambres, avait-elle dit ? Déjà, elle se détendait ; le problème de la cohabitation était presque réglé. Dormir dans un dortoir aurait été intenable, tandis qu'avec des chambres, elle risquait au pire la compagnie d'une ou deux locataires. Elle passerait sûrement une grande partie du temps au-dehors, pendant son temps libre.
Son temps libre. Etrange. Il y avait un sous-entendu dans cette expression, un sous-entendu évident, mais lequel ?
Ah. Le temps "non-libre", bien sûr.

Si les habitants du manoir passaient toute leur vie ici, ils devaient bien s'instruire, ou avoir des contraintes quotidiennes ... autrement, que faisaient-ils de leurs journées ?
Non pas qu'elle craignait de négliger ses études -qui soit dit en passant n'étaient pas vraiment sa priorité, dans la vie ...- mais elle se demandait surtout jusqu'où ce pensionnat tellement anormal pourrait être qualifié de normal. Le travail était-il "normal" ? Au risque de se ridiculiser, elle posa la question.

- Est-ce que ... qu'est-ce que vous faites exactement, tous les jours ? Est-ce qu'il faut juste ... attendre ?

Attendre ? Hum. Positif, tout ça. Attendre la mort. La libération. Non, ils devaient juste se résigner et trouver des occupations, mais il n'y avait sûrement aucun autre point commun que l'enfermement avec un pensionnat normal. Il était stupide d'avoir brisé le silence pour poser une question pareille.
Peut-être était-ce pour briser ce silence, justement.
Leur conversation devait vraiment ressembler à un morceau de gruyère. Non, il y avait plus de silences que de paroles. Des morceaux de silence, troués de mots, voilà à quoi ressemblait ce qu'elle échangeaient.
Elle eut un léger sourire. La télépathe devait vraiment la trouver saoûlante. Pourtant, elle faisait un effort considérable pour lui adresser la parole. Un vrai moulin à paroles ... en comparaison au nombre de phrases qu'elle adressait à chaque personne qu'elle avait rencontré. Surtout, économiser sa salive. Dépenser parcimonieusement ses mots, de peur d'en dire un de trop.
D'ordinaire, le maximum que l'on puisse obtenir d'elle, c'était des monosyllabes. Oui, non, merci ; un merci très, très forcé. Un merci sans conviction, presque méprisant. Hautain, sûrement. Elle ne cherchait pas à paraître condescendante, mais c'était bien la vision qu'elle donnait.
Spy ne devait pas faire exception, et c'était compréhensible.
Pourquoi se forçait-elle à lui adresser la parole, au lieu de l'envoyer balader comme à son habitude ? Une bonne résolution inconsciente ?

Elle était arrivée en haut des marches, à présent, et s'apprêtait à suivre. Tiens, les présentations n'étaient pas encore faites.

- Au fait, je m'appelle Smaragd.

Puis une question muette suivit. [Pas la peine de la formuler, ça lui arracherait la bouche 8D]
Si ses pensées incluaient ses souvenirs, la personne en face d'elle savait sans doute déjà son prénom. Mais c'était plus correct d'annoncer d'abord le sien. Aussi bizarre qu'elle, ce prénom. Il ressemblait plus à "ragdoll" qu'à "émeraude". Ragdoll, "poupée de chiffons", un paquet sans âme, lui correspondait plus que le nom d'une pierre précieuse.
Et la jeune fille en face d'elle, qu'était-elle ?

[ Là je t'emmène aux dortoirs, donc pour ton prochain message, tu peux répondre en faisant un nouveau sujet dans la partie dortoir =D ]

« Ah, oui. Merci.... Est-ce que ... qu'est-ce que vous faites exactement, tous les jours ? Est-ce qu'il faut juste ... attendre ? Au fait, je m'appelle Smaragd. »

Ah, elle avait enfin donné son prénom. Jolie prénom en passant, bien plus jolie que celui de la muette. Celle-ci se détendit un peu et se permit de répondre ; Elle aurait préféré gardé le regard bien fixé sur ses chaussures mais par politesse, la jeune fille leva la tête et soutenu le regard de Smaragd pendant une fraction de seconde avant de retourner à son passe-temps.

° Spy. Enchantée. °

Après les tardives présentation terminée, Spy se mit devant la jeune femme et lui fit signe de la suivre pour l'emmener vers les dortoirs. A cette heure là, il se pourrait que presque personne n'y soit, mais au pensionnat interdit, on perd souvent toute notion du temps. Certains mangeait trop tard, d'autres trop tôt ; certain ne se couchait presque jamais et faisaient les maso's en restant dans le parc pour s''endurcir' ou quelque chose du genre. Bref, en même temps que Spy marchait à une allure normale suivit de Smaragd, elle répondait à la toute première question : « Que font les pensionnaires pour passer le temps dans ce manoir pourris ? » - Ce n'est pas la question exacte, mais ca pourrait y ressembler-.
Sur ce point, la pré-adolescente avait beaucoup de chose à dire. Le manoir était tellement grand qu'elle ne connaissait même pas toutes les pièces. En plus, il semblerait que certains endroits comme la piscine ou le labyrinthe est disparus ... Spy réfléchit sur quoi commencer, et décida de faire dans un ordre d'étage, puis terminerait par le dehors.

° Ici, il y a pleins de choses. Un hall où chaque jour quelqu'un vient accueillir un nouveau, une cuisine, une énorme bibliothèque, un ancien salon de thé, une infirmerie, une salle avec des miroirs aussi, une très très grande tour. Il y a aussi ... un parc, un lac, une forêt, un ... °

Avec son esprit un peu trop ouvert à ce moment là, des images s'accompagnaient de ses mots. Quand elle parla du hall, elle avait projeté à Smaragd une image de sa propre arrivée; le jour où elle était tombé malade et avait eu une grosse fièvre. Pour elle cuisine, elle avait donné une image du jour où elle avait mangé de la raclette avec Yume, Satsuki, et leurs alters egos astral (Wolfgang le loup, Rundaway le lapin albinos et Aka le lion rouge). A la bibliothèque, rien de très passionnant, un jour normal où beaucoup de pensionnaires étaient comme par hasard venus lire. Au salon de thé, Spy pensait au jour où elle s'y était aventurée et avait fait un drôle de rêve où elle avait retrouver son ancien ami mort, Reyquiem. A l'infirmerie, ce fut la suite de son épreuve au hall. La salle des miroirs, quand elle s'était amusée avec ses reflets et ceux de Yume et Satsuki. La tour, l'on pouvait observer en compagnie de la guerrière Periple Skye s'attardant sur une carte. Pour le parc, rien de plus logique : une promenade avec Satsuki et Yume. Et dans la forêt ... le jour où Satsuki a été frappé d'une malédiction lui permettant de mourir. Le dernier lieu que Spy connaissait et qui n'était autre que le 'cimetière' n'eus pas besoin de mot pour se manifester dans l'esprit de la nouvelle qui n'avait en rien demandé de voir tout cela ! Un cimetière où Spy voyait une tombe, celle de Yume Yukimitsu ... Bien sûr, la muette ne s'était pas rendu compte de son échange. Elle n'aurait jamais voulut que quelqu'un voit se qu'elle a vécut, et surtout pas quelqu'un qu'elle venait juste de rencontrer !
Tout à coup, elle s'arrêta et se retourna :

° Il y avait, avant, une piscine, une salle d'entrainement et un labyrinthe. Je crois que le temple est resté aussi ...°

Les images que diffusèrent Spy était cette fois, moins claires. On voyait une silhouette en armure qui se débattait dans l'eau glacé de la piscine, attaquée par un montre. Une personne aux cheveux blonds et l'une aux cheveux noires qui discutaient dans le labyrinthe... Il semblerait que la télépathe refermait peu à peu son esprit ... Qu'allait dire Smaragd ? ...

[ Oulah, j'en ai dis des trucs bizarres n_n" ]