Exploration [ PV Nixy]

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La poussiere reposait tranquillement sur la lampe. Elle y etait depuis un certain temps et semblait s'y plaire, avec toutes ses consoeurs graines fines et grisatre qui pelliculait le cuivre auparavant lustré de la lampe ancienne. Elle semblait un peu vieille et surtout semblait avoir sejourne un certain temps sur cette table de style plutot baroque, a en croire les details qui surchargeait le meuble. La poussiere se plaisait bien la. Mais quelque chose allait troubler sa tranquilite. Une ombre se profila sur le meuble, puis sur l'objet. Et enfin, ecartant les toiles d'araignee qui s'etaient agglutinees, une main a qui appartenait l'ombre menaca la poussiere. O combien terrible avait du etre son desespoir lorsqu'elle vit la main se rapprocher d'elle, sa douleur lorsqu'elle fut balayee de son petit havre de paradis par ces doigts effiles et sales, et son ressentiment contre cette personne si malotrue, alors qu'elle commenca a virevolter pour trouver un autre coin de tranquilite. La main prit la lampe pour evacuer toute la poussiere, sans se soucier de son destin, pour observer l'objet. Le regard de l'humain qui s'etait infiltre dans le lieu clos et etouffant qu'etait le grenier detailla longuement l'objet. Puis le reposa, pour murmurer

"C'est joli, ici."

Keiko leva le regard. Il ne voyait par contre pas grand chose, la fenetre n'eclairait pas vraiment la piece. Il avait un peu peur du noir et de tous ces demons qui le guettaient, tapis dans cette obscurite etouffante. Il deglutit, mais fut tout de suite absorbe dans la contemplation d'un autre objet, et des que l'angoisse revenait, il etait toujours occupe a autre chose. Cela lui faisait passer du temps. Mais finalement il ne put retenir sa curiosite. LA curiosite. Cette envie incohercible de prendre dans la poche de sa cape le carnet de son defunt et ephemere ami, qui avait decide de mourir. Qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tete? Keiko n'avait pas en tete des principes comme l'intimite de la pensee d'un defunt. Il baissa la tete vers l'ecriture cursive du garcon, pour parcourir de ses yeux noir la calligraphie soignee du roux suicidaire. Premiere page, premiers mots. Le coeur battant, il lut.

"Comme d'habitude, ma mère m'offre pour mon anniversaire un journal intime. Comme d'habitude, j'écris un résumé de ma vie. Je remarque qu'il est de plus en plus court chaque année.
J'ai donc aujourd'hui quatorze ans. Ma mère a prévu une ballade en forêt à cette occasion, cet après-midi.
Elle s'appelle Adélaïde Von Hoenheim, elle est blonde aux yeux bleus, grande et fine, et s'habille très bien. Mon père s'appelle Lohann Strauss-Vié, il est encore plus grand, brun, aux yeux marron-noirs, il est assez musclé. J'ai une petite soeur, Anne-Lise, de sept ans de moins que moi; elle est blonde, a les yeux noirs et fait presque ma taille."

Il s'arreta la. Les pas. Les pas s'approchaient. Keiko referma brusquement le cahier, desormais certain que quelque chose le guettait. Un monstre.. Ses yeux rouges brilants dans le noir, il pourrait presque les voir.. Saisissant une vieille nappe qui reposait sur une chaise a bascule qui grinca atrocement, renforcant la peur du pauvre garcon, il s'en couvrit, pour n'etre plus qu'un tas de linge tremblotant. Un grand adulte peureux que la nappe ne recouvrait pas entierement. Le jeune homme etait toujours aussi apeure par le loup et autres creatures fantasmagoriques qui quittaient normalement la realite des que l'on devenait un peu plus age. Un enfant de dix ans n'y croirait plus... Lui si. Mais ces grincements n'anoncaient certainement pas ce que Keiko avait pense voir...

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Cela faisait une journée que Nixy était dans le Pensionnat Interdit. D'après ce qu'on lui avait dit, elle n'en sortirait jamais. Alors, cela voulait dire qu'elle resterait ici jusqu'à la fin de sa vie ? Est-ce qu'un jour elle pourrait sortir de cette grande maison si sombre et effrayante ? Ces questions la troublaient et elle préféra ne plus y penser. Elle avait dormi dans les chambres des filles. Elle avait toujours l'impression d'être observée quand elle était seule dans sa chambre et le bois ne cessait de craquer. Nixy se demandait s'il y avait des fantômes dans ce pensionnat. Elle en avait peur, même si elle n'en avait jamais vu dans sa vie. Tout ce qu'on lui disait sur les spectres l'effrayaient plus que tout.

Nixy était dans les couloirs. Pour être plus précise, elle était une nouvelle fois perdue. La fillette, tout en marchant, essayait de se souvenir de certains évènements de son passé. Souvent, des images lui revenaient à l'esprit. Un homme, une femme, des enfants dans les rues et un petit garçon de son âge... C'était tout ce qu'elle se rappelait. Et surtout, cette forêt. Puis, ça s'arrêtait là... Nixy devenait de moins en moins timide et désormais, elle détestait être seule.

La fillette monta des escaliers, souvent, elle s'arrêtait et regardait à travers les fenêtres pour voir l'extérieur. Il fallait qu'elle trouve la sortie pour prendre l'air. D'ailleurs, elle en avait vraiment envie. Mais, elle tomba sur une pièce du troisième étage. Sa curiosité la poussa à y pénétrer. Elle ouvrit lentement la porte qui grinça. C'était un endroit très poussiéreux et des objets jonchaient le sol. Nixy saisit une poupée complètement abîmée. Elle la regarda longuement. Ce jouet lui évoquait quelque chose. Est-ce que ses parents lui avaient donné beaucoup de poupées ?

Un bruit fit sortir Nixy de ses pensées. Quelqu'un s'agitait dans l'obscurité. La fillette avait fermé la porte, mais elle avait peur de se retourner. Et si c'était un monstre qui voulait l'attaquer ? La petite fille resta méfiante et attrapa une lampe torche qui trainait sur le sol. Elle l'alluma. La lumière était faible, mais elle pouvait apercevoir la silhouette d'un jeune homme. Elle baissa sa lampe.

- Qui êtes-vous ?

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Le monstre approchait, il entendait ces pas qui arrivaient vers lui, qui montaient les escaliers pour atterrir dans cette piece si sombre, qu'il avait trouvee si joli un instant auparavant. A present, la certaine obscurite qu'on y trouvait le paralysait de peur. Et ces pas. Le monstre, mais de quoi povait-il s'agir? Comme effraye il reflechissait encore moins que d'habitude, il ne parvint pas a trouver d'autres explications que celle-ci. On voulait certainement le devorer, sans aucune pitie, comme le loup des contes. Se mettant en position foetale sous la couverture, se rassurant de ce recroquevillement maternel, il ferma les yeux et attendit. Ce n'etait pas la meilleure maniere de s'en sortir, attendre cache sous une couverture presque trop petite pour lui, qui laissait passer ses pieds bottés. En plus, l'angoisse ne s'en faisait que plus forte.. Mais il ne pouvait rien faire d'autre. Ces pas arrivaient tout pres de lui. Il fronca les sourcils, gene par quelque chose. Rouvrant ses paupieres, il remarqua que c'etait la lumiere qui avait occasionne pareille gene.

Une lumiere Ici? Keiko ne savait pas comment reagir. Bouger? Rester la, etendu, paralyse? Comment se faisait-il que le monstre avait une lampe? Etaient-ce ses yeux qui eclairaient la nuit, aveuglant ses adversaires pour mieux les attraper? La lumiere commencait a le gener un peu, et cette position lui donnait des crampes sur le sol inconfortable du grenier. Tentant de bouger, il fit grincer une planche, le faisant legerement grimacer. Ca y est, il venait de se faire reperer, c'etait fini de lui. Dans un elan de frayeur et d'un courage aveugle a affronter ce "monstre" qui le menacait depuis tout a l'heure de ses yeux luminescents, il se redressa tout d'un coup, faisant basculer la couverture sur le plancher, ses bras tendus en avant. Il etait tremblant de peur, et dit sans reflechir a qui se tenait devant lui, la lampe l'aveuglant un peu

"Non, ne me mangez pas !"

Keiko finit par relever timidement la tete, toujours se protegeant vainement avec ses bras. Un enfant. On aurait dit un gamin. Il n'en avait pas l'apparence, pourtant. De solides epaules, une grande taille... Il avait vingt-cinq ans. Mais se comportait comme un enfant de cinq, voire moins de temps en temps. Ses yeux noirs fixerent le pretendu monstre, son expression ne convenant absolument pas a l'adulte qu'il aurait du etre. Mais lorsqu'il vit la veritable apparence de son "agresseur, il fut surpris. Meme si la lampe pointee vers lui l'aveuglait, il put discerner un visage humain et enfantin. Une enfant, avec de longs cheveux. Si il ne put en voir d'avantage, il tenta de se rattraper, regardant le sol honteuseument et bredouillant

"Je.... je....."

Il ne put prononcer un seul autre mot, et se recroquevilla, honteux et ne sachant que dire a cete personne.. Mais il put sortir un dernier mot

"...De...sole...."

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A travers la couverture, Nixy avait aperçu la silhouette d'un homme, même si sa lampe n'éclairait pas trop. Au début, elle crut que ce n'était qu'un adolescent. Mais celui-ci avait levé la tête. Il semblait effrayé. Nixy recula lentement tout en essayant de comprendre la réaction de la personne qui se trouvait devant elle. La fillette ne pouvait pas le manger. Pourquoi avait-il dit cela ? Qu'est-ce qu'il y avait dans ce pensionnat d'aussi anormal ? Nixy fut surprise de voir que l'inconnu était en fait un adulte. Elle ne savait pas comment réagir. Elle devait avoir onze ou douze et lui avait peut-être une vingtaine d'années ? C'était un peu gênant pour elle.

- Je ne mange pas les gens.

C'était ce que Nixy put dire. Elle trouvait sa réponse stupide, mais elle pensait qu'elle rassurerait l'inconnu. Avait-il peur des être humains ? La fillette recula encore une fois. En se posant cette question, une autre lui parvint à l'esprit : Et si cet homme n'était pas un être humain ? Nixy secoua énergiquement la tête, en fronçant les sourcils. Non, elle ne devait pas se faire des idées. Elle baissa lentement sa lampe tout en regardant l'inconnu qui était devant elle, recroquevillé. C'était si bizarre de voir un adulte qui semblait fort dans cet état. Il bredouilla quelques mots. Nixy ouvrit la bouche pour répliquer mais ne dit finalement rien. Elle baissa les yeux, gênée. La personne s'excusa. Nixy levait la tête et lui adressa un regard rassurant.

- Non, c'est moi qui suis désolée. Je ne voulais pas vous faire peur.

La fillette s'avança lentement vers l'inconnu. On aurait dit une gamine naïve avec son visage enfantin. Et dire qu'elle avait presque quatorze ans. On aurait pu admettre qu'elle n'avait que onze ans.

- Je m'appelle Nixy et vous ?

Elle avait posé cette question doucement et on sentait dans sa façon de parler comme de la timidité. Elle ne savait pas comment réagir.

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Keiko finit par remarquer plus precisement les traits de la jeune fille a la lampe qui s'etait introduite dans la piece sombre. Encore une enfant, une personne plus jeune qu'Eva et Emily, lui semblait-il... N'y avait-il que des enfants par ici? Cela le mettait mal a l'aise, vu que souvent ils etaient plus logiques que lui dans leur comportement. Mais il ne fallait pas s'en plaindre, il serait encore plus mal a l'aise si le pensionnat n'etait peuple que de gens d'a peu pres son age... Il ne savait meme pas pourquoi il etait mal a l'aise.. Ce n'etaient que des enfants.. Et il avait vu des adultes les gronder, ils n'etaient pas si solides.. Mais il ne se rendait pas compte de son age, et les enfants qu'il cotoyaient semblaient bien plus solides qu'eux. La determination suicidaire de Roy dont il avait lu quelques lignes du carnet quelques minutes plus tot, l'intelligence melancolique d'Eva, la confiance en soi d'Emily l'avait plus ou moins marque, ou fait rever un instant tout du moins a une vie meilleure, ou il pourrait etre tout ca. Et a present, il sondait les yeux de celle qui s'approchait. Un regard complexe, dont il n'arrivait pas a comprendre l'emotion...

Lui faisant comprendre qu'elle n'etait pas un monstre et qu'elle ne mangeait personne, elle s'approcha de lui, doucement. Keiko pinca legerement les levres. Que penser d'elle? Elle semblait petite, un peu fragile physiquement.. Mais elle etait calme. Patiente envers cet adulte recroqueville dans son coin, la petite couverture gisant sur le parquet, qui tremblait, meme si lui aussi reprenait un peu confiance en sa situation. Les yeux noirs de Keiko glisserent sur la robe de la jeune fille qui dit alors s'apeller Nixy, apres lui avoir remis ses excuses. Keiko secoua la tete. Pas la peine de s'excuser. Les mots.. Que devait-il dire, apres, alors...Mais il se rapella de la question, et finit par repondre

"Je... m'apelle Keiko. Ehi'No, c'est mon nom de famille !"

De peur a gaiete. Il venait de passer de l'une a l'autre en une seconde, a present eun large sourire barrait son visage mat, tandis qu'il se redressa pour se relever. A present, on pouvait bien voir qu'il etait adulte, et surplombait de beaucoup l'enfant. Cela le genant, il prefera s'accroupir, et lui dit en touchant les rubans de sa robe, plein de naivete peut-etre un peu derangeante

"J... jolis rubans que vous avez !"

Il aimait bien ce genre de decorations, et jouait souvent avec ceux des rideaux de chez lui. Les defaire, les refaire, un peu anarchiquement. Ils ne ressemblaient plus a ce qu'ils etaient avant, lorsqu'il tentait tant bien que mal de les renouer. Il finit par poser la question fatidique, changeant encore une fois d'humeur, semblant plutot curieux cette fois, meme si le sourire restait sur son visage rayonnant.

"Vous etes venue faire quoi ici?"

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