Le bonheur des autres m'importe peu [Libre]

Skye s'avançait lentement sur l'herbe fraîchement humectée de la rosée matinale. Le jour venait à peine de se lever tandis que dans le silence le plus total résonnait le cliquetis interminable de la marche infernale de la jeune demoiselle. Son armure brillait doucement sous le soleil qui se réveillait a peine, faisant rude concurrence à l’étendue d’eau brillante qu’était le lac. Dans un soupir de contentement, la jeune demoiselle cligna des yeux avant d’étirer ses bras d’un long mouvement souple dans un doucereux tintement de métal joyeux. Aï le balbuzard pêcheur bleu qui n’était autre que son alter ego astral, s’envola de ses ailes bleues corbeau d’un vol majestueux jusqu’au saule pleureur dont les branches pendaient jusqu'à l’eau bleue/verdâtre.
La jeune héritière des Periple s’adossa a l’écorce du saule centenaire, glissant paresseusement contre l’écorce du vieil arbre jusqu'à atteindre lourdement le sol. Elle ferma les yeux quelques instants, savourant les premières lueurs du soleil qui caressait nonchalamment son visage. L’air ambiant était très doux, les oiseaux s’éveillaient lentement, l’eau faisait un doux clapotis au gré du vent. Skye rouvrit doucement les yeux, Aï venait de plonger dans l’eau dans un léger « plop » sonore. L’oiseau bleu remonta quelques instants plus tard avec un goujon, poisson des rivière assez petit, entre ses serres, projetant de ses ailes bleues de l’eau sur le visage de la jeune demoiselle. Celle ci éclatât d’un rire cristallin, pour une fois elle se sentait parfaitement calme et reposée, pour une fois elle savourait ce que lui offrait la vie sans se soucier d’une quelconque tempête ou d’une conséquence à venir.
L’héritière des Periple s’essuya d’un revers de la manche, lançant un regard amusé a son ami le balbuzard pêcheur qui venait de se poser dans l’herbe, juste a coté d’elle et qui dardait son regard bleuté sur elle. Il détourna les yeux en esquissant un sourire, commençant à déchiqueter cette pauvre créature à demi- morte et encore toute frétillante.
Skye leva les yeux au ciel, l’oiseau avait toujours le chic pour être très délicat et cela ne s’arrangeait pas avec l’âge ! Elle ramena son regard vers lui, empli d’affection et frôla de ses doigts les quelques plumes qui formaient les rectrices. Aï cessa de picorer dans les entrailles du poisson maintenant parfaitement mort et tourna son bec vers Skye ; il déglutit alors avant de la gronder du regard. La jeune demoiselle ria de bon cœur puis dégaina son épée et activa son pouvoir. Une agréable chaleur se dégagea d’elle, l’énergie violette dégoulina du pommeau de l’arme avant de s’écraser par terre sous une forme gélatineuse. La présente « forme gélatineuse » s’étendit alors avant de devenir une canne à pêche illuminée d’une couleur pourpre.
Délicatement, la jeune demoiselle y accrocha un vers de terre avant de plonger celui ci d’un mouvement souple dans l’eau fraîche. La surface de l’étendue d’eau se rida quelques instants avant de reprendre l’immobilité d’une eau morte. Skye s’assoupit une vingtaine de minutes après. Elle fut réveillée par sa canne a pêche qui bougeait anormalement entre ses jambes. Celle ci sourit alors, n’osant pourtant pas remonter la proie qu’elle avait au bout du fil. En effet, il émergea des eaux le Roi des poisson ou du moins le plus gros du lac qu’elle salua d’un large sourire tandis qu’Aï poussa un glapissement de joie. Le poisson était bien aussi grand qu’un chat (étrangement il portait des longues moustaches frétillantes) et possédait toutes les couleurs des océans. Le balbuzard pêcheur alla se poser les hauts du crane du Roi nommé après une longue concertation, « Pescadillo ».
C’était une bien belle journée qui s’était entamée et pour rien au monde Skye ne voulait la voir entachée de nuages. Elle se leva et s’occupa d’enlever les plaques qui recouvraient ses jambes. L’acier tomba dans un cliquetis pareil a un timbre de cloche ; la jeune héritière des Periple remonta alors son pantalon et plongea avec ravissement ses jambes dans l’eau froide. Elle se mit a chantonner de sa voix claire une chanson assez connue, oubliant sa canne a pêche frissonnante et le monde cruel dans lequel elle vivait pour pouvoir s’abandonner dans les bras du passé. De cette manière elle chantait alors pour une seule et unique personne de cet air passionné tandis que le soleil s’était parfaitement levé dans le ciel orangé.
**Pour toi mon Eliot**

LA FIN DU TITRE: « Le bonheur des Hommes m’importe peu si toi tu n’es pas heureux »