Pendant que je déchirais « Encyclopédie des oiseaux du Mexique » qui était plein d’images en couleur ce qui était une bonne chose pour lui, une fille entra dans la pièce. Pas n’importe quelle fille ; cette dingue qui m’avait passé du lexomil. Elle était vraiment pathétique, avec ses cheveux mal coiffés, et puis elle était plate, maigre, et vraiment pas canon, avec un seul œil, bleu, parce que l’autre était caché, je sais même pas pourquoi. Peut-être qu’elle s’était fait frappé, qu’elle s’était frappé, ou qu’elle avait frappé quelqu’un, enfin, c’était pas important de toute façon.

Bref, elle venait d’entrer et elle me regardait bizarrement, genre j’étais en train de shooter un écureuil au crack ou un truc dans ce genre la. Après avoir fait plusieurs tronches horribles, elle avança, assez vite, et trébucha je sais pas ou, la tête dans les bouts de feuilles déchirés. Elle s’en reçu encore un peu sur le haut du crane, des feuilles déchirés, dont un Cesalpa gilliezy à moins que c’était un Caesalpinia gilliesii, enfin, je m’en fous, c’était juste un truc écrit sur la feuille.

« Qu’est-ce que tu fous ? » J’ai dit, parce que voila, je pigeais pas tout.

Je continuais à arracher, puis je me souviens que c’était le genre de personne comme je l’ai déjà dit à lire des trucs bizarres comme ce qui était maintenant par terre. D’où sa gueule d’hallucinée, donc, quand elle avait remarquée ce que je foutais. Bon, d’un coté je la voyais mal se rebeller en criant que c’étais pas bien et tout et tout, donc j’ai continué à massacrer ses bouquins merdiques, en me marrant intérieurement, ha, ha, ha, critch, ha, ha, ha, critch, ha, ha, ha, ect, etc.

Puis je suis tombé sur un truc dégueu, un livre de médecine je crois, et je riais plus vraiment trop, parce que des pustules vertes a pointes jaunes sur des jambes de vieux c’était pas très tordant. Donc je l’ai déchiré en encore plus de petits morceaux –et la personne ne pouvait râler parce que je leur sauvais la vie.

Ce qu'elle foutait?...Bonne question mais on va faire simple. Elle avait tenté dans un élan remarquablement stupide d'arrêter un massacre de bouquins dont pas mal de gens se fichaient. Désormais à terre son intervention servait d'autant plus à rien du tout, elle sentit de nouveaux petits flocons de papiers lui atterrirent sur le crane. Comme quoi elle aurait pu très bien faire tapis toute la journée il s'en ficherait complètement et aurait même terminé par lui marcher dessus pour partir. Donc c'était pas "qu'est-ce que tu fous", mais "je me fous de toi". A la cuisine aussi il s'était payé de sa tête en lui offrant la vue sur une grimace des plus horribles. Et à l'infirmerie encore il s'était barré comme si de rien n'était après avoir établi un sacré bazar...là c'était le jour où Eva : avait une écharpe qui l'irritait, s'était empoisonné au café qui n'est pas du café, avait été étranglée par une porte, venait de se ramasser pour la énième fois en plus aux pieds d'un espèce d'énergumène sans-gêne et énervant. Que grand bien te fasse Ritchie il faut se méfier des borgnes blondes.
La jeune fille se leva maladroitement tout en tendant le bras vers un livre au hasard au bas de l'étagère, et à peine fut-elle levée qu'elle envoya avec une force nullement prodigieuse, l'ouvrage en guise de main pour mettre une belle baffe à Ritchie.

"Je protège un patrimoine culturel."

Souffla-t-elle. Puis, doucement, elle se rendit compte de son énorme erreur. Si sa main ne devait pas posséder plus de force qu'une loutre manchot, la vitesse de sa gifle et le poids du livre ne demeurait pas aussi faible. Oups, murmura-t-elle en se souvenant qu'elle faisait un mètre cinquante-huit et 42 kilos. Se souvenant également que l'excuse qu'elle essayait de dire n'allait pas lui servir à grand chose sinon à part passer pour une débile.

Une jambe de vieux plus tard, la fille, Eva je crois, se leva, un peu comme les zombies dans le clip de Michael Jackson, et...attends, elle venait vraiment de me frapper ?!.. En plus, comme si ça ne suffisait pas elle a dit un truc débile –enfin, je suppose, j’ai pas vraiment pigé. Bref, j’étais un peu énervé, surtout que je m’y attendais pas, enfin, pas venant d’elle qui avait l’air aussi faible qu’un asticot en manque.

« Putain, j’ai rien fait ! »

A part péter ses foutus bouquins, mais tout le monde s’en tape des pustules a pointes jaunes, surtout quand les dites pustules poussent sur des croutons ménopausées. Donc je lui ai donné un coup de poing le plus fort possible, dans la bouche, c’était pas très difficile, et assez méchant, parce qu’elle semblait déjà assez mal en point. Et puis, ptêtre pas une super idée, parce que j’avais pas non plus envie qu’elle me claque dans les bras, mais j’allais pas non plus lui demander si ça allait, elle m’avait FRAPPE, bordel !

« Rah, t’es conne, c’est des vieux bouquins que personne ne lit en plus... »

Et puis même si juste elle les lisait on allait pas en faire une affaire d’état hein y’en avait des tonnes d’autres.
Bref, je la regardais et ensuite je me suis dis qu’elle avait vraiment l’air d’un zombie, maintenant, et ça doit être pour ça que je me suis mis à sourire, donc je devais probablement avoir l’air un peu psychopathe.

« Putain, j’ai rien fait ! »

Elle peinait à vouloir contredire cette pensée. Même avec une armée d'Eva et un million d'arguments il n'aurait jamais pu être raisonné. Enfin c'est surtout qu'elle n'eut pas le temps de parler qu'elle sentit un léger craquement au niveau de sa mâchoire. Rien de grave surement, par contre elle tituba un instant avant d'aller cogner son dos contre l'étagère. Un fourbe de dictionnaire des oiseaux mal placé alla chuter contre le haut de son crane, très ironique d'ailleurs que ce soit lui qui lui soit tombé dessus vu le nombre de plumes et d'ailes à l'intérieur. Persévérante elle poussa un cri de douleur assez court qui cachait quelques mots incompréhensibles, tandis que Ritchie justifiait son acte tout en l'insultant. Elle avait à peine envie de répliquer à cause de la souffrance qui la martyrisait . Mais dans un sens il avait raison, personne ne lisait ça certainement, sauf elle quand elle s'ennuyait profondément et encore elle lisait en pensant à autre chose.
Attaquée par les spasmes, son dos s'abaissa afin que sa main puisse récupérer l'encyclopédie des plumages, sans remarquer que l'écharpe autour de sa nuque venait de malicieusement glisser et s'échouer au milieu des débris de feuilles.

"Tu as raison personne ne les lit on pourrait en faire ce que l'on veut, excuse-moi."

Puis suivant cette phrase qui lui fit assez mal à la bouche d'ailleurs, elle releva son visage où l'on pouvait voir couler des petites larmes et une expression fortement contrariée ( ben ça fait mal hein ), et rageusement elle envoya valdinguer une fois de plus plumages et cie sur le junkie.

"Voilà ce que j'en fais..." Maugréa-t-elle en laissant couler la colère qui animait ses bras à l'intérieur d'elle.

Oui, j’y suis peut-être allé un peu fort, et j’eut un peu pitié, mais bon. Après avoir attrapé le livre qui lui était tombé sur le haut de la tronche, elle se releva, et...hum ? S’excusait ? Attends, elle chialait, en plus ? Et elle avait quoi dans le cou ? et... J’eu pas trop le temps de paraitre désolé, ça aurait été un peu hypocrite en plus, parce que j’étais content qu’elle s’excuse, ou de me poser d’autres questions, qu’elle m’envoya un deuxième truc dans le tronche. Et putain, ça faisait encore plus mal que la première fois –parce que ça m’était atterri dans la poitrine et que ça m’avait coupé le souffle et filé la nausée au passage. Mais attends, elle devenait taré parce que j’avais déchiré quelques bouquins de rien du tout ?

"C'est que des livres, bordel!"

Donc je m’approchai, encore un peu plus en colère, et lui donna un autre coup de poing, mais en m’assurant de viser ses dents, cette fois ci, parce que j’avais la vague impression que toutes les autres parties de son corps étaient déjà fêlées.
Puis je tirai de toute mes forces sur le pull miteux, enfin non pas tout à fait, non pas parce que je comptais la violer, elle était vraiment pas assez sexy pour ça, et j’étais pas grave à ce point, mais plutôt pour l’étouffer dans sa laine, sauf que soit j’y étais allé un peu fort, soit son truc c’était vraiment de la mauvaise qualité parce que le pull fit juste un long « craak », et franchement, voir son corps tout maigre et tout pâle n’était pas très appétissant, c’est pour ça que je retournai vers mes livres au lieu de faire ce qu’un pervers dérangé aurait du faire (Denny se serait marré comme pas possible d’ailleurs, mais je m’en foutais un peu pour le moment. En fait je me foutais même qu’il y est une fille sans pull à coté de moi, c’est pour dire)

Oui ce ne sont que des livres. Une fois de plus elle ne put rien dire, sentit juste un mal abominable, et un crac aux dents. Puis un second crac et un frisson parcourut sa peau blême. Heureusement peu intéressé le fautif s'en alla comme si de rien n'était à ses activités sur-intellectuelles. Qu'est-ce que ça faisait mal bon sang, un goût de rouille lui souillait la langue, émanant d'un liquide rougeâtre. Complètement dépassée elle se laissa mollement s'asseoir par terre sur le tas de cadavres. Après avoir un peu près reprit ses esprits bien que la tête lui lançant encore, ses jambes la relevèrent avec difficulté. La portant lentement vers son agresseur, sans trop se soucier de son apparence elle se contenta de dégager une mèche blonde lui obstruant la vue pour pouvoir à déclarer d'une voix éraillée :

"Je....J'en ai rien à faire de ces bouquins!!! Hurla-t-elle avec rage. C'est vrai quoi elle venait de passer une matinée pourrie, et en arrivant dans son endroit habituel de repos on détruit ses passes-temps débiles et on lui pète la figure. Et puis tu..."La suite fut coupée à jamais et remplacée par un toussotement immonde, une versée d'hémoglobine franchit ses lèvres et vint s'écraser contre les mains du drogué de pas très bonne humeur. Eva contempla cela d'une tête de dix pieds de long et d'un air qui voulait dire aie d'avance. Sa gorge lui brûlait, et elle se serait volontairement ouvert la plaie qui la traversait pour tomber sur place afin de ne pas avoir à boire une fois de plus de la rouille liquide et poisseuse.

"Tapez autre part que ma bouche cette fois-ci..." Lâcha-t-elle d'un ton avoisinant l'expression du désespoir.

Elle n’en avait rien a faire, alors pourquoi elle crisait depuis tout à l’heure, hein ? Puis pour prouver qu’elle en avait rien a faire (haha) elle me cracha dessus, du sang cette fois-ci, mais c’était un peu de ma faute, a frapper dans les dents.

Bref, elle me demandait de ne pas la frapper a la bouche, oui bon j’étais pas un psychopathe non plus, la preuve elle était pas morte ou menotté a une étagère alors que je l’étouffais avec les pages des livres en lui demandant de m’appeler salope, ou des machins du genre, elle avait juste du avoir une dent qui bougeait et puis voila, en plus c’était elle qui avait commencé, qu’elle arrête de se plaindre, quoi. J’avais jamais demandé un livre dans la gueule.

Donc je me suis tout simplement essuyé mes doigts sur son vieux pull qui trainait par terre et j’ai shooté dans les pages des livres juste pour l’énerver un peu et lui envoyer une couverture de l'encyclopédie des oiseaux du mexique dans la tronche par la même occasion.

« Les gens protègent les arbres avant qu’ils deviennent des bouquins, hein »

Puis je me remarquai quelque chose que j’avais déjà remarqué, c'est-à-dire les machins qu’il y’avait dans son cou. Bon, au moins j’étais pas le seul à l’avoir frappé, et en plus je l’avais pas fait si fort même si c’était pas très rassurant pour elle. Il doit y avoir des types et des filles qui sont nés pour se faire frapper, faut croire, comme elle.

En guise de toute réponse à sa requête elle eut le droit de se prendre une couverture en pleine tête contre qui elle souffla un simple aie très explicite. Un rire lui resta coincé dans la gorge quand il lui fit remarquer qu'on protégeait aussi les arbres pour qu'ils ne se transforment pas en immonde feuilles blanches pleines de lettres. Elle haussa les épaules et ramassa le reste de pull.

" Les livres sont maudits comme le reste, il arrive qu'il réapparaisse n'importe quand, mais sur le coup ça m'a un peu perturbée et pour le reste c'était la douleur qui m'emportait la raison."

Murmura-t-elle lentement en s'essuyant les contours des lèvres, puis mordant l'ex-vêtement pour qu'il se gorge de sang, sa main alla aussi récupérer la fourbe écharpe qui avait coulée par terre. Elle déchira la partie poisseuse de son haut et noua le reste autour de son buste puis rajouta son cache-misère autour de la nuque et en profita pour ranger quelques ouvrages ayant survécus. N'ayant pas trop fait attention à leurs identités durant la bataille, elle put constater avec soulagement qu'effectivement ceux-ci n'avaient rien de passionnant, du moins pour elle après il pouvait y avoir quelques ornithologues dermatologues et autres qui allaient tomber à genoux en larmes, quoique j'exagère énormément là

"Mais ça vous vous en foutez, un vague semblant de sourire se dessina sur son visage meurtrie, comme si l'on pouvait voir une pizza au milieu d'un champ de bataille où les corbeaux crèveraient de faim, peut-être beaucoup moins idyllique certes. Excusez-moi." Vous remarquerez qu'elle le vouvoie de nouveau, en plus ça fait la deuxième fois qu'elle s'excuse ( mais cette fois sans fourberie ), preuve que son esprit doit un peu buguer par moment. Ses lèvres avaient envoyé cette excuse à ton bas mais audible, alors que de ses doigts aiguilles elle tentait de remettre un minimum d'ordre dans sa chevelure blonde.

Ouais ben, si ils revenaient y’avait pas de quoi en faire un drame de ces bouts de papiers moisis, y’a vraiment des gens qui savent pas se contrôler, hein. Etant très confiante en elle on dirait, elle a dit que je m’en foutais, alors que j’avais jamais dis ça, et en plus c’était pas tout à fait vrai, j’étais surtout soulagé qu’elle ne pète pas une crise a cause du « gâchis ». Enfin on dirait que sa colère était retombée et elle s’excusa de nouveau, sans m’envoyer un truc a la tronche cette fois ci donc je décrochai un vague sourire, genre moqueur ou amusé jsais pas, parce que elle était gentille mais en même temps bien marrante, avec son haut tout rapiécé, et cette écharpe qu’elle voulait absolument mettre autour de son cou, et son essai de rester digne et tout et polie alors que c’était qu’une épave.
Bref, on s’en fout, et moi je continuais de déchirer des livres avec un peu moins d’ardeur parce que ça devenait lourd à faire, donc j’ai arrêté, et j’ai posé une question :

« Pourquoi t’as une écharpe ? »

On était en été, quoi, et a moins d’être ultra frileux, ou d’être une fashion victime, ce qui ne devait pas être le cas pour elle vu comment elle était fringuée, genre grand-mère ou Hulk après transformation avec son morceau de pull. J’avais mal vu ce truc, dans son cou, quand son écharpe était partie mais bon. Et puis fallait bien que je pose des questions si je voulais pas crever d’ennui. Enfin elle n’allait ptêtre pas répondre, mais à vrai dire ça m’était un peu égal.

Il continua donc ses activités meurtrières, mais à vrai dire désormais elle n'en avait que faire. Elle tira avec une lassitude une chaise pour se poser dessus pensant que l'heure allait se passer à écouter des plaintes de feuilles. Mais étrangement une des feuilles fit un bruit bizarre en se déchirant, elle créa carrément une phrase, une question même. Une feuille savante surement ou juste un Ritchie qui n'a rien à faire. Ah mince il avait remarqué, quoiqu'elle ne s'en souciait pas trop mais ça l'embêtait quand même de passer pour une folle. Bien qu'elle avait déjà ce statut afficher sur toutes les portes.

"...Pour mieux cacher mon corps, et j'ai froid..."

Souffla-t-elle en regardant ses doigts tapoter la table. Ce n'était pas tout à fait faux, en fait c'était carrément vrai bien que peu explicite mais bon. Certes Eva n'est pas jolie à voir sans ses pansements ses vêtements bizarres et son bandage, mais elle n'en demeure pas moins une fille avec un corps un peu près comme les autres. Mais que pouvait-elle répondre d'autre? Je me suis inciser la peau avec des bouts de verres que je ramassais? C'est la mode cet été? J'ai froid au cou? Bon la dernière option se trouvait également au bord de la vérité. Eva avait continuellement froid. Peu-être parce qu'à l'intérieur du pensionnat il fait assez frais? Ou alors elle est déjà à demie-réduite à l'état de cadavre sur pattes.
Sans trop savoir pourquoi elle resserra l'objet en question autour de sa gorge, sentant clairement le frottement contre la plaie. Puis doucement se leva et se dirigea contre un mur où se trouvait une chose ressemblant à peu près à un chauffage. S'accroupissant devant elle essaya d'en deviner la mécanique et fit simplement tourner la poignet dans un sens dans l'espoir d'obtenir quelque chose.

Oui ben, elle était folle, quoi. Pourquoi cacher son corps, franchement ? Ca sert a rien, elle avait qu’a devenir bonne sœur pendant qu’elle y était, au moins personne le verra, son corps, et puis...il fit très chaud. Très très très chaud, bon, peut-être pas très très très mais disons qu’il faisait juste chaud, plus que il y a quelques minutes, par exemple.

« Putain, tu fous quoi ? »

J’ai demandé, comme si j’étais son père et que je l’engueulais parce qu’elle restait pas tranquille a jouer avec ses Barbie. Elle était partie vers un mur et elle avait peut-être tripoté quelque chose, et oui on dirait, le chauffage je crois. Et il faisait de plus en plus chaud, vraiment très chaud, genre j’avais l’impression que mon gel allait fondre –ou que moi-même allait le faire.

Donc je me suis levé, et j’ai enlevé sa main un peu brusquement en faisant « tsk » peut-être mais ce n’était pas grave pas rapport a ce qu’on avait fait tout à l’heure, et j’ai retourné dans l’autre sens son espèce de bouton, et il s’est mit à faire plus frais, donc j’ai eut un sourire comme qui dirait fier. Je suis retourné a ma place, sauf que ça c’est pas arrêté la, et au bout de quelques minutes il faisait vraiment très froid, au point ou je me suis dis que finalement elle avait peut-être raison d’avoir une écharpe comme ça, parce que je me les caillais un peu moi, en marcel défoncé et en jean.

Bon sang mais il avait des phrases toutes faites pour ses journées ou quoi? Si elle se souvenait bien, toutes les fois où ils s'étaient vus il avait répété cette même question existentielle sur " que fabriques-tu donc sacrebleu?" . Pour ne pas abuser d'un langage trop peu châtié nous vous offrons cette deuxième version de son interrogation.
Cette fois-ci elle eut un peu la flemme d'expliquer et lâcha en marmonnant un semblant de "j'règle lchffage" qui aurait été incompréhensible si nous ne connaissions la situation. De toute manière il contredit son geste et fit baisser la chaleur. Un frisson alla parcourir ses bras désormais découvrir et elle enfonça son menton dans son écharpe en barbotant. Il faisait le malin mais il devait avoir tout aussi froid que lui. A son tour elle retourna à sa place et se retrouva une fois de plus assise. Promenant son regard sur le désordre gisant à ses pieds.
"Vous avez un problème contre les vieux livres ou vous êtes touché d'ennui très profond?"

L'interrogea-t-elle tout en continuant sa balade oculaire. Soudain, constatant avec horrifiante stupeur, sur le sol...une grande plume noire. Elle ne savait pas trop si Ritchie lui répondait ou pas mais un affreux doute l'assaillit, et un tressaillement glacial lui parcourut l'échine. Lentement elle leva la tête vers lui telle un automate, une plume noire bon sang. Très peu de chance qu'elle appartienne à un livre à Ritchie ou même à elle, et vu sa forme et sa longueur elle ne pouvait appartenir qu'à une seule d'espèce d'oiseau qu'elle ne connaissait que trop bien. Ses bras se refermèrent autour d'elle à la fois pour se réchauffer et par tic de protection, bien qu'elle ne devait pas être la première à qui l'on devait accorder une préservation.
Bousculée dans ses pensées elle se mit à le dévisager avec un air très peu rassurée, comme si on venait de lui annoncer la mort certaine de quelqu'un dans quelques minutes...

Oui bon, ça avait baissé de quelques degrés, et alors ? Chacun fait des erreurs, hein, et puis elle n’avait qu’a pas y toucher –et monter le chauffage en plein été, d’abord. Donc, elle finit par s’assoir et arrêter de tripoter le chauffage (j’aurais quand même bien voulu qu’elle le remonte, quitte à être utile mais on dirait que sa super écharpe mode plus ultra lui tenait chaud...et je voulais pas le faire moi même), et poser une question, avec un langage genre prof, « vous avez un problème contre les vieux livres ou vous êtes touché d’ennui très profond ? ». J’avais rien, rien du tout contre les vieux livres. Y’en a qu’étaient barbant mais au collège on en avait lu des biens, sauf que je me rappelais pas des titres.

« Ouais, c’est ça, j’me fais chier. »

Mais elle regardait déjà autre chose, et ne m’écoutait plus –donc j’étais un peu vexé. Elle reluchait une plume, noire, normale quoi, qui était par terre. Et elle le faisait vraiment « avec insistance » comme qui dirait, comme si elle avait peur, ou que ça allait se transformer en monstre. Et puis elle leva la tête, et elle me regardait bizarrement, moi aussi, et ça aurait faire pareil si j’avais la tronche coupée en deux ou que quelqu’un avait crevé –et donc j’ai pensé que l’oiseau qu’avait la plume était mort, et que c’était le sien, d’oiseau, Alter Ego Astral bidule machin. Qu’elle croyait genre c’était moi qui l’avait tué ou des trucs comme ça. Bref je tuais pas les piafs moi, j’aimais pas ça. Enfin, sauf les poulets parce que c’était mangeable.

« Quoi ? Qu’est-ce qui y’a ? » J’ai fait, un peu énervé, en lui secouant le bras parce que sinon j'avais l'impression qu'elle allait rester comme ça très très longtemps. "Hé, c'est pas moi qu'a touché a ton piaf, hein !" (Je préferais préciser quand même parce que bon, on sait jamais)

Pas etonnant qu'il se "fasse chier" pour s'occuper a des trucs pareils. Dans un sens c'etait assez rassurant, parce que si il faisait ça par trouble maladif ou par plaisir ce serait tout de suite plus inquietant.
La blonde haussa vaguement les epaules l'ecoutant a peine apres avoir decouvert un element lui permettant de deviner le passage d'un volatile tres peu sympathique ( un geek peut temoigner ! ).
Mais elle renonça pourtant a l'interpeller ou a le chercher de l'oeil, car si il avait vraiment ete la Ritchie...giserait deja les yeux creves et les piercings arraches, et quelques bouts de sa chair de junkie tres pas hygienique se digererait en ce moment dans l'estomac d'un corbeau machiavelique. Non il ne pouvait etre la.

« Quoi ? Qu’est-ce qui y’a ? »

Eva releva la tete et s'appretait un repondre un rien quand il continua brusquement. Pas agresser Tabby. Ça paraissait stupide ça, et soudain un large sourire fendit le visage morne de l'adolescente, ça aurait fait presque peur genre la psychopathe s'eveille.

« He... » Et la suite de ce he tres profond, fut une hilarite surprenante de la part de la depressive torturee victime des planchers qui se plia vers l'avant et se mit a rire sans trop savoir pourquoi, mais le rire de chez rire genre celui du jeune noob de la vie a qui on raconte les fabuleuses histoires de Toto ( qui n'est d'ailleurs pas drole mais bon quand on est petit le truc du cacaprout ça tord en sept : D )

« Pardon pardon...hahaha... »Souffla-t-elle en se laissant tomber de sa chaise pour faire profiter de ses cordes vocales vibrantes aux precedentes blesses de guerre ( les feuilles de livres ).

___

Pardon c'etait tentant comme reaction. ç_ç Pas d'accents desolee.

Elle se marrait. Cette dingue se marrait. Pourtant j’avais rien dit de drôle, j’avais juste dit que j’avais pas tué son machin, et même si c’était ptêtre débile, je vois pas pourquoi elle rigolait comme ça. Sauf si c’était pas un oiseau, ou un animal, genre le village people est passé par la.

Bref, c’était tellement comme qui dirait hilarant qu’elle en tombait par terre, et j’ai eut un peu envie de la piétiner jusque à ce qu’elle ne rit plus mais pleure, bouhouhou, pardon très cher Ritchie, je ne me fichais point de toi. Ca avait l’air très cool, mais le problème c’est que si elle pleurait y’avait le risque qu’elle me dise plus rien après, si elle était fâché ou quelque chose comme ça. Comme quand on frappe une personne pour la faire parler jusque à ce qu’elle n’ait plus assez de dents pour dire quoi que ce soit par exemple, ben la c’était un peu pareil mais a la place de frapper jusque à ne plus pouvoir parler, c’était frapper jusque à ce que la personne se vexe et dégage.

« Hé, qu’est-ce t’as ? »

J’ai dit, genre voix sérieuse et énervé parce que j’étais sérieux et énervé. Peut-être plus énervé que sérieux, mais c’était pas grave. Et histoire de la calmer sans trop faire de mal, j’ai balancé un livre sur son dos, mais pas très épais et lourd, genre juste pour qu’elle réagisse un peu.

A chaque fois qu'elle riait elle sentait clairement ses dents du fond s'ébranler, ce qui en plus d'être désagréable la partageait entre un rire sincère et une douleur tout aussi sincère. Bon donc c'était un peu embêtant mais très heureusement pour elle ce gentil et adorable Ritchie pensa à la remettre à sa place d'un petit coup amical. En plus il venait d'utiliser une phrase complète sans gros mot! Mais malheureusement Eva ne s'en soucia pas et se contenta de se calmer un peu et de reprendre son souffle.

"Dé...désolée." Souffla-t-elle en tordant sa bouche pour stopper son rictus hilare. "Rien, vous avez juste dit un truc euh...contradictoire on va dire c'était ...drôle?"

A bien y réfléchir c'était peut-être pas si amusant que ça. Elle se releva et reprit sa place sur la chaise en ramassant instinctivement le livre qui lui avait envoyé sur le dos pour le poser sur ses genoux.
"Sinon..., marmonna-t-elle, si vous vous ennuyez y'a quelques endroits bizarres qui sont "magiques" qui peuvent faire passer le temps...enfin il faut les nerfs assez solides pour la plupart d'entre eux donc en fait c'est plus une excursion dangereuse qu'un passe-temps...Mais y'a aussi..."

Elle marqua un temps d'arrêt pour réfléchir. La forêt était un endroit particulièrement dangereux donc pas vraiment parfait pour les ballades, le parc était plutôt innofensif mais certainement ennuyeux pour lui, le temple elle n'y avait encore rien trouvé d'étrange, il restait les salles des étages plutôt banales la plupart du temps ( mais pas toujours ), il restait la tour très pénible à monter où trainait parfois quelques personnes étranges qui n'ont pas sommeil où cherchent des endroits tranquilles pour finir les niveaux de Mario.
Conclusion : aucuns lieux du pensionnat ne pouvait pas être non ennuyeux sans représenter des dangers potentielles, genre où l'on se fait attaquer par des nounours de douze mètres de haut.
"...Non pardon il n'y a rien en fait." Murmura-t-elle en riant jaune. Sa main se faufila dans une poche de sa jupe étrange et elle y attrapa un bocal rempli à ras-bord de pillules colorés, aucune étiquette ne figurait dessus. Elle en avala toute une gorgée en soupirant vidant ainsi une moitié du récipient.

Les nerfs solides...bien sûr, que j’avais les nerfs solides, elle me prenait pour qui, hein ? C’est pas moi qui se marrait pour rien comme une demeurée. Surtout que « contradictoire » ça voulait rien dire, enfin si, mais elle aurait pu dire quelque chose de plus simple, cette frimeuse, et puis, c’était MOI qui avait les nerfs solides ici, enfin plus qu’elle, déjà.

Bref, elle finit sa phrase en murmurant (dans les BD ou les dessins animés les dingues parlaient comme ça c’est une nouvelle preuve). Et puis, j’y étais allé, dans ces lieux...enfin, dans quelques uns, et même si c’était pas génial j’étais pas mort !... enfin, qu’une fois. Et mes nerfs étaient restés en bon état, même si cette enfoirée de bestiole débile avait eut étrangement la dalle a ce moment la.

« ...Attends, c’est quoi ? »

Elle venait de s’enfiler des pilules d’un seul coup, genre normal. Elle, elle prenait ces trucs ? Elle n’avait pas l’air pourtant...on aurait dit une gamine niaise, pas une droguée. Quoique, quelques droguées ressemblaient à des gamines niaises. Je lui arrachai son truc des mains pour regarder, mais on aurait dit des médicaments dégueulasses. Elle était malade ? Voila, comme qui dirait, qui était déjà plus crédible. Donc je reposai son truc sur la table sans le casser.

« Hein ? T’as quoi ? »

[è_é et que ça te donne pas des idées genre « et si Eva avait de l’urticaire ? »]

Et alors qu'elle se rassasiait tranquillement de son petit goûter. Oui parce qu'en réalité Eva venait d'avaler ces pillules sans savoir lesquelles c'étaient déjà, l'une ou l'autre peu importe elles avaient le même effet approximatif. Qui était celui de calmant ou d'assommeur ou autres. De toute façon elle venait de l'avaler par habitude, comme un rite à répéter toutes les heures pour ne pas briser la chaîne. Et donc alors qu'elle avalait de travers la dernière petite pilule innocente qui semblait pleurer pour l'estomac d'Eva en traversant maladroitement son œsophage, Ritchie lui attrapa son flacon.
Elle ne broncha pas et le laissa lui arracher son pain au chocolat sous forme réduite en morceaux avec une autre couleur et un autre goût.

Qu'est-ce que c'était? Elle haussa les épaules en guise de toute réponse : elle n'en savait rien. Peu importe ce que ça pouvait être tant que c'était efficace. Efficace contre quoi? Les maux de ventre, les coups de fatigue, les angoisses, les insomnies, les douleurs au crane, les crampes etc... Non en fait toutes ces choses là était rassemblé à elle-même. Donc on pouvait dire que c'était des médicaments contre elle-même?
Mais sans vouloir se l'avouer la vérité n'avait pas besoin de tourner autour du pot : les médicaments sont juste ses alliés. Sans eux jamais elle ne tiendrait le coup, mais l'idée refusait de se fondre dans ses pensées. Elle reviendrait à dire que ses amis et son seul appuie c'était eux, ses médicaments. Pas Helen, pas la pensée de ses proches morts. Ses médicaments. Infâmes ingurgitations colorées ou blanche comme les quatre murs de l'infirmerie, elle se guérissait d'eux en les mangeant.
Eva n'osa même pas donné un début à ces choses précédentes. Elle ne savait pas le nom du flacon parce qu'elle ne l'avait pas lu et qu'il n'y avait peut-être même pas d'étiquette. Voilà la version officielle

La deuxième question du junkie la fit ouvrir un oeil perplexe. Elle se renfrogna un peu en souriant faux et tenta le coup de réponse plaisanterie qui n'en est pas une.

"Bonne question ça..."

Elle savait pas ? Elle était vraiment nulle, parce que même moi je savais ce que je prenais, et même des crétins comme certains potes le savaient, donc fallait vraiment être quelqu’un de craignos. Enfin bon, ses réponses étaient un peu banales, quand il y en avait. Elle semblait comme qui dirait un peu sonnée, ou malade, ou un peu stone, ou folle, je sais pas, mais elle était sacrément zarbi.

Ceci dit, ses jolies pastilles à la menthe m’avait fait pensé a quelque chose, et donc qu’il était sûrement le temps de partir, voir d’autres gens, parce que le business n’attends pas, comme qui dirait. Bon, il fallait dire bye bye, Hasta la Vista Baby, comme aurait dit les autres bouseux d’U2, sayonara, etc etc etc. Donc je m’approchais de la fille, Eva c’est à dire, lui faisant sentir le doux arome qui parfumait ma bouche, c'est-à-dire gin, puisque j’en avait pris un verre ou deux, et tabac, parce que j’avais pris une cigarette avant de venir. Donc j’approchais mes lèvres de l’oreille d’Eva et j’hurlai dedans, juste pour, genre, la réveiller.

« SALUT ! »

Et ceci dit, je quittais la pièce, donc en même temps la fille, les livres, les pages déchirées, et les pilules de toute les couleurs, reluchant une fois derrière moi en lui faisant un méga sourire d’attardé, genre mes parents sont frères et sœurs.

Qu'il se moque d'elle ça elle y était préparée. Mais qui lui pourrisse les narines d'odeurs peu recommandables genre Gérard se lave pas les dents après ses cuites, puis comme délicate intention lui susurre un au revoir des plus distingué faisant exploser bonheur ( qui rime avec douleur ) son tympan.
Elle le regarda partit avec une tête de dix pieds de long scrutant cette longue silhouette et décadente, comptant ses pas avant qu'il ne se retourne pour lui offrir une vue sur un sourire remarquablement moche. Pas aussi laid que la grimace de la cuisine mais ça battait pas mal de records, comme quoi elle n'avait pas à s'en faire avec ses sourires d'assiette vide.
Une fois qu'il fut enfin effacé de sa vision et que sa tête arrêtait de sonner. Elle se leva lentement prouvant que les efforts de Ritchie étaient assez inefficaces, et massacra un tas de cadavres de livres par terre d'un coup de pied, presque inefficace. Regardant les membres blancs couverts de lettres illisibles tomber doucement au sol en tourbillonnant elle eut une chère pensée à ce donc nommé Ritchie et entrouvrit ses lèvres pour le saluer un peu en retard.

"Dumbass."

Dit-elle en détachant les deux uniques syllabes de son insulte anglaise ( provoquée dans cette langue parce qu'elle venait d'abattre justement une encyclopédie anglaise ), adressée à son précédent compagnon d'infortune.

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Juste histoire d'insulter Ritchie 8D