C'est l'déménageur! [Pris : Nathanaël W.] [Entrée]

+

"Nous sommes mercredi et il est onze heure sept. Vous écoutez toujours RadioIn..."

T'as juste à aller chercher un dernier carton à cette adresse et à l'apporter à la baraque d'hier. J'te redonne l'adresse, si tu veux.

N'empêche, que ceux qui habitent là, ils sont friqués!

Humf. Et j'sors comment moi ? Peut être qu'elle ne s'ouvre que de l'extérieur et que pour sortir, 'faut avoir la clé...

Excusez-moi, y-a-t-il quelqu'un ? Non parce que la porte est fermé... 'faut que j'retourne au boulot moi! Sauf si vous voulez m'offrir quelque chose à boire. J'veux bien, dans ce cas. Sinon... j'suis crever moi!

Je vais me faire massacrer si je rentre trop tard... Le Boss va encore vouloir réduire mon salaire!

Vous compter me faire attendre longtemps? Vous savez... j'suis pas très patient!

+

Fais comme si j'étais Nathanaël W. :o) J'ai des problèmes de connexion.

Ce serait marrant si quelqu'un croyait, un nouveau qui venait de se faire piéger, qu'il était le maître des lieux. C'est Nathanaël qui pensait ça le sourire aux lèvres. Il jouait dans le hall à sauter au carreau le plus loin.
Il aurait l'air d'être vraiment très riche, parce que quand même, le manoir du Pensionnat Interdit était vraiment grand et beau. Rien que le hall d'entrée incitait au rêve : La voûte noire de distance surplombait le hall d'entrée impérialement. La porte d'entrée, immense dans son fait de bois et de bronze, surtout de bronze, s'était refermée sans un bruit malgré sa masse imposante. D'épais rideaux crèmes couvraient toutes les fenêtres, exceptées les deux ouvertures vitrées de part et d'autre de la grande porte. Le sol dallé de carreaux de marbre blanc reflétait la lumière de l'extérieur bleutée, le plafond obscure et les quelques meubles. De chaque côté de l'escalier où dormait un tapis rouge trônaient un petit salon ; chacun fait d'une table basse circulaire autour de laquelle posaient trois fauteuils confortables.

Allez, si je saute six carreaux six filles mignonnes me draguent aujourd'hui. Nathanaël Wainwright fléchit les jambes, balance ses bras d'avant en arrière et s'élaaannnce vers l'infini alors que ses bras sont devant lui et il se ramasse comme un chiffon crevé sur le marbre des carreaux qui fait mal. Aïe... Tant pis, on va se contenter de quatre ou cinq midinettes, hein. L'adolescent turbulent se releva en caressant son douloureux postérieur avec une grimace amère. Soudain, il crut entendre quelque chose. Hein ? Ah, on frappait à la porte, saisit-il à la deuxième fois. Eh mais quel acharné ce mec, le voilà qu'il toquait une troisième fois ! Il ne pouvait donc pas ouvrir la porte ? De toute façon Nathanaël était incertain que crier “C'est bon c'est bon j'arrive” soit efficace étant donné l'épaisseur des murs, que dis-je des barricades. Et puis il ne pouvait pas tirer le battant, ça ne s'ouvrait que de l'extérieur. Le jeune homme ramena sur sa crinière brune la capuche de son hoodie et enfonça dans les poches de son jean ses poings irrités. Entrez ! Se contraria t-il à lancer inutilement. Voilà il était content le facteur ?

Quelle surprise quand il entendit grincer ! Il tourna vivement la tête, un air profondément déconcerté inscrit sur le visage, et regarda l'entrée en scène digne de l'absurde de Ionesco jouée par Gustave Leb. Presque qualifiable d'affecté, un peu ridicule sur les bords – oui, oui monsieur ! plus que Nath lui-même c'est dire – le protagoniste fit un pas, ferma la porte, une erreur fatale qui dressa sur sa nuque les cheveux de Nathanaël, posa par-terre un carton quelconque, il fit volte-face, posa la main sur la poignée, l'abaissa et tira. Aucun résultat, Nathanaël ne cilla pas et ne dit pas un mot. Deuxième tentative, rien. Troisième essai, toujours rien.

— Ouais, j'suis là. Maugréa t-il à l'appel de Gustave qui continua de parler. Ostensiblement, il ne l'avait pas entendu ni remarqué. “Hm hm !”
Gustave poussa un gros soupir. Il prit le carton dans ses bras, et l'amena avec lui au pied des escaliers. Pas très patient, hein.
— Je suis là, hein”, rappela un Nathanaël mortifié.

Saleté de blondasse, se dit-il.

+

[Ça marche pour moi ;)]

Magnifique

Ben merde alors... 'Y'a plus de pile ou quoi ?

Ah! Bonjour! Excusez-moi si je vous ai fait attendre.

Je suis déménageur et je vous apporte donc votre dernier carton. Comme vous, ou vos parents, avez dû le demander.

Hum, j'peux avoir un autographe ? Enfin, une signature: là et là, s'il vous plait Monsieur... Toupoule?

N'arf, 'Toupoule', quel nom... N'empêche, c'est bizarre parce que les Toupoule qui ont fait appel à nous hier n'avaient pas de gosse... M'enfin, vu que j'livre pas au même endroit, de toute façon, ça doit être quelqu'un de la famille...

Vous voulez que je dépose le carton à un endroit particulier ou ici c'est bon?

+

Un sourire hypocrite s’esquissa sous le nez de Nathanaël. Ce n’était pas de l’avoir fait attendre qu’il aurait dû s’excuser, mais de l’avoir superbement ignoré ! Non mais pour qui il se prenait lui, avec ses grands airs de déménageur. C’étaient pas des muscles qui feraient peur à Nathanaêl Wainwright, ça non ! Surtout que lui avait l’avantage de la hauteur, bien qu’il fût moins trapu. Et ce sourire niais de campagnard, oh bon sang mais il avait vraiment à faire à un boulet. Le jeune homme était sur le point de lui demander de manière arrogante ce qu’il faisait là avec sa boîte en carton quand il se fit couper dans son inspiration par le bizarre en personne. Ah ah, il était vraiment déménageur en fin de compte. Pfff, ridicule. Il s'apprêtait alors à se moquer ouvertement de Gustave quand il fut question de la boîte en carton qui était censée… lui revenir. A lui comme à ses parents.
Soupir. Nathanaël commença et s’interrompit, reprenant aussitôt avec un ton pompeux et supérieur qu’il maîtrisait mal mais savait bien jouer.

— Exc… Je vous prie de vouloir m’excuser mais le fait est que … Euh ?

Il s’arrêta à nouveau. Tiens donc, ça changeait tout ça, qu’il veuille un autog… Ah non, une signature. Ces tics de langage, évidemment, ça prêtait à confusion. Dommage, il était pourtant prêt à enterrer la hache de guerre mais se reprit au dernier moment en percevant une étrangeté. Tou…

— Toupoul ? Je ne m’appelle pas Toupoul, Corrigea t-il sur-le-champ tout en saisissant la plaquette et le stylo, Non moi c’est Wainwright, Nathanaël, double V, A, I, N, double V, R, I, G, H, T.

Il se sentait apte à épeler aussi bien son prénom en concluant par un judicieux “All right ?” mais se contenta de signer en silence avec toute la classe dont il se voyait capable. La requête accomplie, il leva la tête vers Gustave Leb et s’interdit devant son sourire d’amadoueur de clients honnêtes. Il retient derrière le brise-lames de ses dents sa belle ribambelle d’insultes en chanson – charlatan aigrefin fripon voleur escroc coquin carotteur pirate crapule … – et se força à lui rendre sa galerie de crocs blancs.

— Non, non merci je vais me débrouiller laissez ça là, rassura t-il d’une voix doucereuse en glissant un bras malveillant sur l’épaule du blondin. Oui, je vous invite à quitter ma maison !

Sur quoi il poussa méchamment et presque avec violence Gustave en direction de la porte. Bon, qu’y avait-il dans ce carton ?

(Nathanaël a oublié qu'on ne pouvait pas sortir :o) )

+

Me suis gouré d'endroit ou quoi ? Et j'ai fait signer en plus! Je vais me faire massacrer! A moins que...

Wainwright...

...comme le chanteur ? Rufus Wainwright!?

~~<- il existe vraiment celui là.~~

Juste un dernier quelque chose, avant que je m'éclipse.

Si vous n'êtes pas un Toupoul, je ne peux pas vous laisser le carton. Vous comprenez... j'ai des ordres à respecter! "Embarques le carton et livre-le aux gens d'hier!"

Et vous n'êtes pas les personnes d'hier! Déjà, 'y'a déjà eut le changement d'adresse... et maintenant de nom!? Pouvez-vous m'éclaircir sur ce léger petit problème?

+

Alors qu'il venait de le repousser en direction de la porte, Nathanaël grommela dans sa barbe - inexistante - plus pour lui même que pour le déménageur qui se trouvait trop loin pour l'entendre que c'était Wainwright, et non Wainwright tel que Gustave l'avait prononcé, et qu'en plus il ne connaissait aucun Rufus, pff. Il, Nathanaël, pas l'autre, se tourna alors vers la boîte en carton en se demandant ce qu'elle pouvait bien contenir. Il s'accroupit à côté et commença à détacher en s'appliquant les plusieurs couches de ruban adhésif marron qui gardaient le colis fermé, quand Gustave Leb revint l'opportuner. S'il n'était pas un Toupoul ? Qu'est-ce qu'il entendait par-là ? Que ce carton devait revenir à ses véritables propriétaires ? Ahahah, la vieille blague. Impossible, à présent que la boîte était entrée, la boîte ne pouvait pas sortir ! La règle était formelle et la transgresser était humainement impossible, pour ne pas dire divinement impossible. Les ordres à respecter, il pouvait les oublier, dame ! Ses seules obligations désormais consistaient à se la couler douce jusqu'à la mort dans un château seizième.

— Je suis dés ... Enfin non, en fait je suis pas désolé, mais je suis incapable de vous fournir quelqu'explication concernant vos soucis de boulot, roucoula t-il toujours en arrachant les bandes adhésives, sans lever les yeux vers son interlocuteur. En revanche, il sourit dans l'ombre de sa tête baissée, je sais que vous ne pourrez pas vous éclipser.

Nathanaël leva enfin vers Gustave sa frimousse goguenarde, où se montrait ostentatoirement son énorme sourire triomphant teinté de sadisme qui affrontait celui super commercial de l'autre fou. Dans ta face, grognard ! Il lâcha le carton et redressa sa longue silhouette afin de dépasser Gustave d'une marche à peu près (logique il était sur une marche 8D). Plus ou moins dominant, Nathanaël toisa avec défi le déménageur. Et bien ... Il fallait bien faire son boulot. Il souffla avec humeur pour souligner son état irascible, croisa les bras.

— Bon, alors déjà, entonna Nathanaël, là on est dans un petit château qui s'appelle Pensionnat Interdit. Me demandez pas pourquoi ça s'appelle comme ça, j'en sais rien. Il dessina du front une arabesque frimeuse pour ramener ses cheveux sur les côtés d'un air impertinent. Le fait est que ... l'on ne peut pas sortir. Lâcha t-il avec indélicatesse. Du coup on reste à l'intérieur et on vit comme des rois. Y a un jardin, un petit bois, un petit lac, même un temple mais on sait pas à quoi il sert, enfin, il ricana, vu ce que je fais ça me servira à rien d'y prier, hum et ... des chambres, un rire encore une fois le prit, des douches, une cuisine, enfin, tout ce qu'il faut pour s'éviter de clamser, quoi.

Il se tût et fit le point. Ça c'était fait. Il fallait parler encore des pouvoirs magiques uniques pour chacun, des alter ego astral ... astraux ? unique à chacun aussi, il fallait parler de la famille I. dont on ne savait que l'initiale mais sur qui on avait beaucoup à dire, il fallait parler des aliénés et des sanguinaires qui rôdaient ça et là et dont il fallait se méfier, il devait parler de lui de ses amours et de sa famille, il devait parler de ... Mais qu'est-ce qu'il pensait ? Aaaaah, la flemme ! Éructa t-il intérieurement en fixant le visage insolent et insupportable de Gustave Leb.

+

Ah! Mince alors... Donc je dois comprendre qu'à partir de maintenant, j'habite ici? Avec toi?

Ça à l'air cool en tout cas.

En plus, si j'ai tout compris, Nath' n'est pas un client. Plus besoin de jouer les gentils déménageur

Si t'as plus rien à débiter, ça te dirait d'ouvrir se carton avec moi?

[Je sais que tu m'avais dit de prendre mon temps mais... bref, j'avais envie de répondre -même si le mess est pas des meilleurs \o/- Je te laisse à toi, le soins de prendre ton temps]

+

En effet, il habitait désormais ici, et avec lui. Un lourd sentiment de froid tomba subitement ; Gustave lui, baillait tout heureux, l'air de trouver ça cool, et il trouvait ça cool d'ailleurs il allait le dire. Nathanaël serra le poing, mâchoire crispée de dents prêtes à exploser sous la pression. Il laissa un petit silence passer, détendit les zygomatiques, se mordit furtivement la lèvre inférieure et recommença à parler, si vite et si lié qu'il n'était même pas sûr de prononcer les mots qu'il voulait dire.

— Nous avons aussi des pouvoirs magiques ainsi que des bêtes qui nous suivent partout sans qu'on les frappe et les menace mais qui parlent il faut faire gaffe parce qu'ici y a des tarés un peu partout qui tuent sur des coups de tête et puis aussi faire attention à la famille I. qui sont encore plus tarés et qui aimeraient bien nous voir s'entretuer et puis dernièrement y a eu une rumeur comme quoi y avait des fantômes mais j'en suis pas convaincu enfin à cause de ça ils ont tous voulu qu'on se quiche dans des dortoirs par quatre.

Il avait récité cela sans pause.
Plus avenant et irritant que Valérie Damidot : Gustave Leb. En parlant de ça, il faut préciser que Nathanaël ne connaissait ni le nom ni le prénom du charmant livreur qui venait, sans gêne aucune, de passer un bras par dessus son épaule comme un bon copain. Ou comme l'amoureux qui veut enlacer sa copine au cinéma. “Ouvrir ce carton avec moi”...

— Je voouus prie de bien vouloir excuser ma réticence, articula t-il en insistant sur le “vous”, mais, de un, nous n'avons pas gardé les gorets en équipe, il s'enfuit de l'étreinte nauséeuse du blondin racoleur, de deux, il n'y a pas de “avec moi“, de “tous les deux” ni de “ensemble” qui tienne entre ma personne, et la vôtre, et de trois, c'est moi qui ouvre ce carton !

Il s'empara du couteau suisse que tenait Gustave entre ses doigts, défit la sécurité, tira la lame la plus grosse et la plus dangereuse et s'accroupit à côté de la boîte. Il saisit le bout de ruban adhésif qu'il avait commencé à détacher auparavant, puis il se mit à glisser le couteau en va-et-vient sous le large scotch marron. Conscient de ne pas s'y prendre de la meilleure manière de faire, il continua cependant en essayant de ne pas crouler sous la surveillance probablement hilare de l'autre gus.

— C'est quoi votre nom, en fait ? Marmonna t-il sans lever les yeux.
Il avait une tête à s'appeler Thomas. Ouais, là, avec sa coupe tecktonik trop craignos et son pull ras le corps qu'on discernait sous son blouson ouvert. Il faisait un peu moins de cinq centimètres que lui, ce qui ravissait Nathanaël assoiffé de supériorité lui qui n'était pas siii grand que ça finalement. Et puis ces cheveux blonds avec des yeux bleus , n'iiimmporte quoi, comme si les pseudo cupidons plaisaient encore aux filles, alors là le cliché semblait à son comble. Pfff, souffla t-il en scissonant et râpant plein de maladresse le ruban et le carton.

+