Dément. [Terminé]

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Key Pennywise maugréa une nouvelle fois lorsqu'elle se prit les pieds dans sa valise à roulettes. Le terrain n'était pas très adapté, aussi. L'asphalte égal et rassurant de la route avait laissé place à un chemin inégal, encombré de cailloux et de petites crevasses.

- Pays paumé, coin paumé, bahut paumé. marmonna-t-elle pour la vingtième fois.

Son avion avait atterrit il y a quelques heures, et le chauffeur de taxi, un mec pas très causant et un peu bourru l'avait expédié à un tournant, sur le bord de l'autoroute. Après que Key ait payé la course de mauvaise grâce, le gars lui avait indiqué une vague direction, vers le nord.

<< C'facile. Z'allez tout droit. 'Pouvez pas l'manquer.>> Avait-il grogné l'air profondément ennuyé.

Et sans même lui dire en revoir, il avait écrasé l'accélérateur et avait disparut au tournant suivant, laissant la jeune femme se débrouiller avec ses bagages.
Il faut dire qu'elle était chargée, la petite Pennywise : Vêtements à paillettes et décolletés, mini-jupes, maquillages, soins, chaîne Hi-fi (vivre sans musique ? Plutôt mourir !) et toute la panoplie de CD qui allaient avec, snacks pour les petites faims, alcool, tenue de sport et matériel en tous genres. Bref, des trucs in-dis-pen-sa-bles à Key.
En même temps, elle allait tellement s'ennuyer ! Ce bled avait l'air rasoir au possible, sans vie, sans fêtes...

°Mais il y aura peut-être de beaux mecs, qui sait ?°

Enfin, après dix minutes de marche, elle aperçu la haute stature de la pension. D'un coup, tous ses préjugés s'envolèrent.

- Dément !

Elle pressa un peu l'allure, hésita quelques fractions de secondes, puis poussa la porte.
Le hall était magnifique : un grand escalier, un lustre qui brillait de mille feux... La jeune femme avait l'impression d'être l'héroïne d'un film.

- Pas si nul, gloussa t-elle.

Soudain, la porte claqua dans son dos. Elle sursauta et se retourna, ne voyant personne qui aurait pu la fermer.

°Sûrement le vent... Où alors c'est une porte automatique.°

Mais soudain, des pas de firent entendre dans son dos.

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Pas si nul ... C'était peu de le dire ! La voûte noire de distance surplombait le hall d'entrée impérialement. La porte d'entrée, immense dans son fait de bois et de bronze, surtout de bronze, s'était refermée sans un bruit malgré sa masse imposante. D'épais rideaux crèmes couvraient toutes les fenêtres, exceptées les deux ouvertures vitrées de part et d'autre de la grande porte. Le sol dallé de carreaux de marbre blanc reflétait la lumière de l'extérieur bleutée, le plafond obscure et les quelques meubles. De chaque côté de l'escalier où dormait un tapis rouge trônaient un petit salon ; chacun fait d'une table basse circulaire autour de laquelle posaient trois fauteuils confortables.

Très jolie, ah oui alors là, très jolie. Ces vêtements affriolants épousaient adorablement les courbes envoûtantes de la jeune fille. Nathanaël Wainwright surgit de l'ombre de manière théâtrale. Il avait carrément piqué un bel arum dans le vase qui se trouvait derrière lui. Ce séducteur ne connaissait malheureusement pour lui pas le langage des fleurs, néanmoins il avait fait le bon choix : s'il avait su, il en aurait même pris un paquet, que l'arum signifiait un désir de relation charnelle. Des tonnes et des tonnes de je veux te faire l'amour belle plante, c'était tout à fait la façon de faire de Nathanaël. Regrettant d'avoir négligé sa tenue le matin-même, il s'avança cependant vers la nouvelle venue avec un air faussement naturel, sourire charmeur aux lèvres.

Elle avait dit pas si nul.

“Vous parlez de moi ?” Engagea t-il alors que Key Pennywise avait le dos tourné, posant sa main libre sur l'épaule dénudée de son hôte, l'autre serrant entre deux doigts la fragile fleur. Il la lui présenta le poigné cassé vers elle, au niveau de sa poitrine. Le langage du corps était aussi un dialecte inconnu pour Nathanaël, pauvre inculte qui méritait les soufflets tous autant qu'ils étaient qu'on lui avait donnés. En même temps empoigner les hanches de quelqu'un pour lui dire bonjour était vraiment peu plausible. “J'aurais préféré merveilleux mais ça vous est réservé...” Susurra t-il en la regardant entre les fentes que formaient ses paupières désormais.

Non vraiment Nathanaël était un homme, un vrai. C'est pourquoi il posa sa main, celle qui était ornée d'une fleur sur la hanche de la jeune femme.

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Les yeux fixés sur l’immense porte en bois en en bronze, joliment travaillé, Key n’avait pu qu’entendre les pas de quelqu'un et n’avait pas jugé utile de se retourner pour voir de qui il s’agissait.
C’était sans compter que l’homme s’adressa à elle en posant une main tiède sur son épaule dénudé et fraîche. Et quelle surprise, lorsqu’en se retournant, elle se retrouva nez-à-nez non pas avec un vieux croulant, mais avec un beau jeune homme. Mais d’où avait-il surgit ? Elle ne l’avait pas remarqué en entrant ici.
Il n’était peut-être pas le plus beau qu’elle ait croisé en dix-huit ans de vie, mais quel charme, quelle assurance, quel aura ! Grand et élancé, châtain, il avait un regard brûlant. Tout à fait le type d’homme de Key.

A sa question (qui n’en était pas vraiment une), Key se demanda de quoi il parlait. « Vous parlez de moi ? ». Qu’avait-elle dit, juste avant ? L’arrivée du jeune homme lui avait fait oublier tout le reste, et surtout les remarques qu’elle aurait pu lancer à la cantonade.
Ne sachant que répondre, la jeune femme resta muette, un sourire amusé accroché à ses lèvres qui incitaient au baiser.

Il lui tendit une fleur qu’elle n’aurait su reconnaître, mais de toute façon, elle fit plus attention à la façon dont il la lui offrait (Juste au niveau de sa poitrine presqu’à moitié découverte) plutôt qu’à la fleur en elle-même.

Cependant, le jeune inconnu poursuivit ses flatteries, ce qui l’aurait fait rougir si elle ne s’était empressée de se ressaisir. Voyons, ce n’était pas la première fois qu’elle se faisait draguer ! Mais le mystère qui flottait autour de cet homme et l’aspect extraordinaire de l’endroit devait contribuait à l’exciter. Bientôt, ses yeux noisette se mirent à pétiller.

« Merveilleux », avait-il dit. La jeune femme ne put s’empêcher de jeter un rapide coup d’œil à ses vêtements.

Ce matin, en se levant, Key avait mis le paquet niveau fringues. Histoire de montrer qu’elle n’allait pas rester longtemps dans cet endroit craignos, qu’elle n’y serait pas à sa place. Ses cheveux étaient brillants et encadraient joliment son visage de poupée, son maquillage était impeccable, et elle avait choisi des nuances de bruns et de dorés pour mettre en valeur ses yeux flamboyants. Quant à ses vêtements, il s’agissait d’une robe chocolat et vaporeuse, avec un décolleté tout à fait alléchant et elle s’arrêtait à la limite de la décence.

Elle releva la tête, et avec un adorable sourire, lui répondit :

- Merci.

Mais avant qu'elle ait eu le temps de dire autre chose, il posa sa main sur sa hanche moulée par la robe, ce qui les rapprochèrent d'un coup.

°Ça devient intéressant...°

Se prenant au jeu, la jeune femme se dégagea doucement d'un mouvement de hanche pour se placer à côté de lui, un peu plus loin. Elle avait envie de se faire désirer, cette jeune fille!

- A qui ai-je l'honneur ? Continua t-elle.

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Elle était vraiment très belle. Ils étaient assez proches l'un de l'autre pour que Nathanaël puisse respirer son parfum capiteux. Toutefois ces effluves délicieux ne lui faisaient pas encore perdre la tête et son esprit tourbillonnait toujours en lui, le don juan comptait trop gagner la partie. Quoi de plus facile que de garder son sang froid ; des copines il en avait eu des dizaines, maintes fois l'occasion s'était présentée de déflorer de la midinette, alors qu'il avait toujours su demeurer chaste. Ainsi que tous les adolescents il avait mis la main à la pâte et n'avait nullement hésité à se faire plaisir de façon autonome. Cela lui suffisait : n'ayant jamais goûté aux fruits interdits de l'amour, il n'était pas encore assailli par les envies régulières et inopportunes qui tenaillaient les hommes plus mûrs.

Alors certes, la mini-robe décolleté et le maquillage élégant lui faisaient de l'effet, mais bon, il n'allait pas se salir les mains sur une bombe sexuelle alors qu'il ne ressentait pour elle rien d'autre que du désir sauvage. Eh oui, Nathanaël gardait de son enfance derrière les livres de princes et princesses les illusions de l'amour fou, l'amour beau, l'amour si ce n'est toi ce ne sera personne, nonobstant son goût prononcé pour la drague à deux kopecks.

La main tenant la fleur posée sur sa hanche toujours, il choisit de plonger son regard dans celui de la demoiselle quand elle le remercia. Dans un souffle, imperceptiblement il lui répondit “De rien” si bien qu'il était très peu probable qu'elle l'ait entendu. Elle s'écarta de lui, détachant leurs corps si joliment mis. Elle lui demanda qui il était.

“A un cinglé.” Plaisanta t-il sans rire. Nathanaël leva l'arum dans la lumière du plafonnier éclairant la salle de mille feux, telle une coupe de champagne dont on cherchait à distinguer les petites bulles, et il la glissa avec douceur derrière l'oreille de sa camarade de jeux. Il lui renversa la question en gazouillant : “Comment tu t'appelles ?”

Il choisit de la tutoyer subitement, comme pour pallier le manque de proximité qui s'était installé depuis qu'elle s'était dégagée de sa légère étreinte. Il avait laissé ses doigts folâtrer parmi les cheveux bruns brillants de Key ; ceux-ci coulèrent le long de son visage, effleurèrent sa bouche désirable et finirent leur promenade sous son menton, le tirant très délicatement vers lui. Il finit par le lâcher et recula afin de garder une distance de plus ou moins un yard ou un mètre entre eux deux. Ha ha, si elle souhaitait le défier sur celui qui attendrait le plus longtemps avant de s'emparer des lèvres de l'autre avec fougue, elle pouvait abandonner immédiatement. Il se sentait roi dans ce domaine-là, préférant se jouer des femmes plutôt que leur sucer la pomme. Les plaisirs charnels il fallait les laisser aux moins subtils des mâles.

“Tu es très jolie.” Sourit-il aimablement.

D'autre part les vêtements que lui-même portait ne donnaient en rien au fantasme. Assouvir une appétence de femme en sweat-shirt et jean n'avait absolument rien d'enthousiasmant, surtout quand il s'agissait de jeter sa gourme. Tsss. Elle était pourtant très jolie.

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Décidément, la partie s’avérait très, très intéressante. Et Key n’avait pas l’intention de perdre. Le jeune homme non plus, apparemment.
Key aimait jouer. Elle aimait les hommes. Mais simplement pour jouer. Car une fois qu’ils avaient déclaré forfait et qu’elle en avait fait son quatre-heure, elle le laissait comme un chat qui tuerait les souris par plaisir.
Souvent, ils ne résistaient pas longtemps. Il ne leur en fallait pas beaucoup pour tomber entre ses griffes. Un sourire provoquant et le tour était joué. Hors cette fois-ci, il allait falloir de plus qu’un sourire pour remporter la partie.

La jeune femme sourit à cette idée. Miaou. Peut-être, que pour une fois, son physique avantageux ne lui servirait pas à grand-chose ? Ouh. Ca devenait corsé…

Key baissa les yeux vers ses pieds chaussés de sandales à petits talons, puis vers ceux du jeune homme, moins élégants dans ses chaussures de sport. Mais là n’était pas la question. Ce qu’elle observait, c’étaient leurs pas à eux deux. On aurait pu croire qu’ils dansaient, en parfaite harmonie. Elle faisait un pas de côté, il pivotait automatiquement avec élégance vers elle. Il avançait vers elle, elle reculait ou se rapprochait en fonction de son humeur ou de sa « stratégie ».

Il n’était pas pareil. Il avait un truc en plus. Mais quoi ? Une odeur de mystère planait autour de lui… Autour de toute la bâtisse, d’ailleurs. Qu’avait-il de si spécial ? Il n’était pas désagréable à regarder, certes, mais il y avait ce…je-ne-sais-quoi. Quel était donc le secret de cet endroit ?

A sa question, le jeune homme répondit qu’il était cinglé. A vrai dire, Key l’aurait cru sans mal s’il ne l’avait pas dit sur le ton de la plaisanterie. Cet endroit respirait tellement le bizarre… Mais ça l’agaçait qu’il ait évincé la question. Et que, de plus, il la lui retourna. Si elle répondait, elle perdait une manche, mais si elle ne répondait pas… Elle bloquait tout le jeu.

Surprise par son ton soudain intimiste, et par ses gestes qui se firent presque tendres lorsqu’il caressa son visage (ce qu’elle interpréta par du désir), elle se rapprocha de nouveau de lui, à une proximité dangereuse. Il était légèrement plus grand qu’elle. Les bras le long du corps, elle baissa son regard vers son menton :

- Je m’appelle (elle remonta ses yeux vers les siens) Key Pennywise.

Puis, un sourire se dessina sur son visage, et elle poursuivit, dans un murmure :

- Et toi. Explique-moi. Qui tu es, ce que je fais ici.

Elle recula, puis enserra ses côtes (à elle X) )de ses bras, comme une petite fille cherchant à se rassurer, puis continua :

- Je ne suis pas stupide. Je pressens qu’il se passe quelque chose ici.

L’atmosphère étrange de l’endroit l’avait inquiété, mais aussi le sentiment d’être observée par quelqu’un… Qu’elle avait l’impression de connaître.

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Key Pennywise. Nathanaël eut envie de rire malgré l'impassibilité parfaite qu'exprimait son visage. Key Pennywise ça lui faisait atrocement penser à un kiwi. Autant au fruit qu'à l'espèce de volatile qui ressemblait de façon troublante à son homonyme le fruit. Un peu trop court et pas assez exotique. Aux yeux de Nathanaël et son prénom biblique du bien-aimé de Jésus indemne de toute fraude qui signifiait carrément don de dieu – même si bon, c'est vrai que ce garçon-là n'était pas le meilleur pour incarner ce rôle, s'appeler Key c'était s'appeler Qui, soit être inconnu, devenir invisible et finir oublié de tous, ou encore supporter la première syllabe du mot kiwi : fraîchement ridicule.

Le rictus sur ses lèvres se détendit quand Key Pennywise se mit à parler à nouveau. Il était question de ce qu'elle faisait ici – et de qui il était, cependant il ne comptait pas répondre à cette question si tôt – alors ça se corsait. Ses yeux cessèrent de pétiller et il relâcha la pression. S'immobilisant, il réfléchit, ne regardant plus son interlocutrice. Le Pensionnat Interdit, nom douteux pour un endroit pareil, se chargeait de capturer des jeunes gens et de ne les jamais relâcher. Le truc, c'était à peu près ça. Mais comment l'expliquer sans provoquer des réactions douloureuses pour lui, homme qui n'aimait pas blesser les femmes !

“En fait, euh ... Tu peux plus sortir. On est pas seuls ici, y a au moins une centaine de personnes comme nous qui se sont fait piéger. Y a bien de quoi manger, se divertir, se loger et même se vêtir, mais bon ...” Il dansait sur place tant il était mal. “C'est la faute aux I.” Grogna t-il d'une voix basse.

Il le disait mais ne le pensait pas réellement. Les I. il ne les connaissait même pas. Quand les autres s'étaient vus “enfermés” à l'extérieur, il se délassait sagement dans sa chambre. Sur-le-champ, son seul désir consistait à serrer Key très fort fort fort entre ses bras en lui hurlant à la mort qu'il était désolé.

Bien sûr qu'il ne le ferait pas. Il avait beau jouer son dragueur lourd, c'était dans le domaine du jeu ; dès qu'il en sortait Nathanaël se retrouvait : il était timide en ce qui concernait le contact physique. Tiens il avait omis un petit détail.

“Ah oui, et, tu dois avoir un animal aussi, enfin ... un alter ego astral. Qui parle.”

Sur ce il saisit délicatement la nuque de la jeune fille, et l'embrassa.

“J'ai perdu.” Abandonna t-il en souriant.

Le joli jouvenceau écarta la jolie fille en fleur tout doucement et commença à s'éloigner vers l'escalier, les mains dans les poches, la marche penaude. Il n'était plus d'humeur à ça. De plus il avait négligé de faire part des pouvoirs. Certes il avait la possibilité de revenir le lui expliquer, mais c'aurait été une gêne trop grande, surtout après sa sortie si gentille. La seule situation pour laquelle il reviendrait sur ses pas, ce serait dans le cas où Key l'apostropherait et le supplierait de revenir. Enfin il fallait garder la raison, elle ne ferait pas ça.

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Ou pas 8D Ah, comme il se connait mal u_u
A toi de voir si tu veux continuer ou pas, moi ça ne me dérange pas /o/

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Lorsqu’elle lui annonça son nom, Key Pennywise surprit le rictus un peu crispé du jeune homme, comme s’il se retenait de rire ou de lâcher une remarque blessante. Une ride préoccupée apparut entre les sourcils de la demoiselle. Quoi ? Quel était le problème ? Américaine, fraîchement débarquée en France, la jeune Key avait l’habitude qu’on l’appelle comme ça, et ses amis ne s’en étaient jamais formalisés. Certes, ils avaient ri lorsqu’ils avaient appris dans quelles circonstances on l’avait baptisée ainsi, mais pour eux, Key n’était qu’un prénom un peu original, qui évoquait tout de suite le mot « clé ». De plus, même si ce prénom était porté plus souvent par des hommes, en Amérique, cela ne faisait qu’augmenter encore la notoriété de Key. « Key sera là ce soir. » « Key ? La fille ? Je connais un ami d’ami d’ami qui est sorti avec elle. »
Bref, ce prénom faisait partie d’elle et personne, non personne, n’y avait jamais trouvé quelque chose à redire. Quand à son nom de famille, il était tout à fait banal (même s’il était porté par un groupe punk [HJ : Ce que j’ai découvert par la suite X’)]) Pourquoi, alors ?

*Sûrement un truc de français.*

Mais soudain, l’atmosphère se tendit. Le jeune homme semblait s’éloigner d’elle inexorablement. Pourquoi ? La question qu’elle lui avait posée était-elle si gênante ? Maintenant, Key en était sûre : il y avait un secret autour de cette école.

Puis la réponse tomba. Comme ça. Toute emmêlée. Comme un gosse qui aurait récité une poésie qu’il aurait très vaguement apprise. Sans le ton. Y’avait qu’à voir comme il se dandinait nerveusement…
« En fait, euh ... Tu peux plus sortir. On est pas seuls ici, y a au moins une centaine de personnes comme nous qui se sont fait piéger. Y a bien de quoi manger, se divertir, se loger et même se vêtir, mais bon ... »
Key déglutit. Un sourire béat sur les lèvres. Une lueur paniquée au fond des yeux. Elle resserra son étreinte autour d’elle.

- Attends… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? C’est qui, les « I » ?

Elle lança des regards apeurés autour d’elle, et rit d’un rire sonore, qui sonnait faux. Genre « Ha ha ha, vous m’avez bien eue, hein. Où est la caméra cachée ? C’est vous qui avez payé ce type, papa-maman ? Je dois avouer que vous avez bon goût. Mais stop. Ca me fait plus rire. J’ai compris la leçon, je ne recommencerai plus. Dès demain, je retourne en cours en Arizona et je rentrerai à la maison à 17h tous les soirs. Je ferai de bonnes études, et…»

Mais avant qu’il lui a répondu et ai mis fin à ses tergiversions, il poursuivit, sur un ton encore plus léger qu’elle avait un animal astral je-ne-sais-quoi qui parlait.
Key cligna des yeux. C’est sure. Il était taré. Remarque, il l’avait prévenue. Mais comment aurait-elle pu savoir qu’elle devait le prendre au pied de la lettre ?

Elle esquissa un pas en arrière, mais le jeune inconnu l’en empêcha : Délicatement, il lui saisit la nuque et l’embrassa. Key se laissa faire. Elle n’avait jamais repoussé quiconque, sauf les gros-lourds et les moches (Belle mentalité v_v).
Il avait perdu. Elle avait gagné. Mais cela ne la réjouit pas. Le jeu s’était fini trop tôt.

Déjà, le jeune homme s’en allait. Key tenta de calculer rapidement la situation : Elle était seule, paumée dans une pension bizarre immense, et la seule personne qu’elle avait rencontré était un joli jeune homme taré. Ouf. La situation était moins pire qu’elle ne le croyait. Quelles possibilités avait-elle maintenant ? Elle se rapprocha de la porte et tenta de l’ouvrir. Fermée. Elle n’insista pas davantage : l’autre l’avait prévenue. Et si ce qu’il racontait n’était pas totalement faux ? Après tout c’était peut-être un rituel initiatique destiné aux petits nouveaux. Elle jeta de nouveau un coup d’œil vers le jeune homme qui montait les escaliers, ne sachant que lui dire pour le retenir. Mais elle n'eut pas à le faire, quelqu'un le fit à sa place :

- La partie n'est pas encore finie.

C'était une voix mielleuse, grave qui avait prononcé ces paroles.
Interloquée, Key regarda autour d'elle. Qui avait parlé? Qui ? Pourtant c'était exactement le genre de truc qu'elle lui aurait bien balancée.
Cependant, elle renchérit :

- Euh, ouais... T’as le droit à une revanche.

Regrettant aussitôt ses paroles ambigües, elle se reprit d’une petite voix :

- Je veux dire… Me laisse pas toute seule. Explique-moi.

Elle avait couru vers le bas de l’escalier, où elle s’était arrêtée, les yeux levés vers son guide.

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Bah écoute, moi ça m'arrange de continuer, comme ça Key sera au courant de tout et ça m'empêchera de faire des topics où elle pose encore des questions et tout...
Et si tu dis que ça t'embête pas... X)

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Pas finie, pas encore ? Rah, la flemme, pas envie. Sa voix semblait différente, déformée probablement par le désir fulgurant qui lui brûlait sans doute le corps. Et bien, ça faisait plaisir de se sentir plaisant ainsi. Un sourire goguenard revint éclairer l'angélique visage de Nathanaël en même temps qu'il franchit une zone de lumière où le soleil lui mordit doucement le cou. Il sentit le rouge dévorer ses joues ; il n'avait pas chaud, ni n'était fiévreux, n'éprouvait pas de gêne ou de colère. Bah, serait-ce encore l'appel de la luxure ? Quel porc il était parfois, quand même, ne put-il s'empêcher de s'aubader. Il se tourna de trois-quart vers celle qui l'avait interpellé, il lui adressa son sourire devenu amène. Ah, la voilà qui s'était avisée et avait reformulé sa supplication de façon plus sage.

“Tu sais”, avoua t-il en se faisant violence, “j'ai oublié un truc en fait.”

Il se frotta le bout du nez du dos de la main, s'approcha de Key Pennywise et continua, rayonnant : “On a un pouvoir magique aussi. Le mien,” il fronça les sourcils d'un air narquois, et finit en susurrant tout près d'elle, si bien qu'il pouvait observer très précisément son reflet dans ses yeux, “consiste à rendre folles de moi les filles que j'aime.”

Ahh, presque. Néanmoins qu'en savait-elle ? La partie n'était pas finie, pas encore ! Il redressa sa longue silhouette en riant de bon cœur d'affirmer de telles faussetés. Cessant de se moquer, il toisa Key. Son regard tomba dans son généreux décolleté qui ne se permettait de séduire que le vulgum pecus. Argh, le voilà, espèce de pervers, que dis-je espèce de garçon en manque, qui bavait devant son impudique poitrine !
Intimement, il se donna une paire de claques. Extérieurement il tendit son corps comme un arc, calant contre ses hanches ses poings fermés d’un air supérieur, plus haut qu’elle d’une vingtaine de centimètres. Qu’allait-il faire ?

La plus drôle des solutions serait de lui prendre violemment la bouche, de lui arracher ses vêtements et de la violer dans les escaliers. Cependant Nathanaël se savait totalement incapable de donner vie à ce fantasme. De plus les histoires de viols lui donnaient la nausée ; même si Key Pennywise paraissait très susceptible de consentir.

Une autre issue, plus simple, plus mièvre aussi consisterait à faire la paix et devenir des amis en s’imposant d’oublier l’épisode voluptueux de leur rencontre. Impossible mission compte tenu de la lasciveté qui émanait naturellement du corps de la belle ; un ménestrel des temps présents aurait entonné “j’aime j’aime tes yeux j’aime ton odeur tous tes gestes en douceur …” rien qu’en rencontrant son regard ardent. Ca le glaçait. Pas le regard, le fait de penser qu’ils pourraient avoir une relation d’amitié sans ambiguïté.

Sinon, il se voyait bien tenir des propos équivoques rien que pour l’embêter. Ha, ah ah, la débilité hébétée occasionnée par ce genre d’imbécillités était trop belle, quand elle n’embellissait pas la victime de la bêtise par le rosissement adorable qui imprégnait alors ses joues rebondies.
Oui, il s’agissait du dénouement de situation inextricable qu’il venait de sélectionner parmi son malheureux panel.

Il osa : “Dis moi… Tu ferais quoi s’il fallait que l’on devienne amis… Rien qu’amis ? Si les faits faisaient qu’on ne puisse plus s’embrasser comme on vient de le faire, s’il fallait qu’aux yeux de personne une pointe d’amour ou de désir n’existe, que la seule proximité qui nous puisse être accordée soit cette si sobre et si fade et si rarement belle relation qu’on appelle l’amitié ?”

Nathanaël exultait. Comme il était ravi de posséder cette faculté de savoir énoncer des phrases belles et compliquées sans les lire ou les connaître sur le bout des doigts, sans balbutier et perdre ses mots, comme les grands poètes souvent petits orateurs qui ne parvenaient à palabrer que dans leur tête romantique.

En finissant sa déclaration transportée, il avait avancé ses mains et il s’était emparé de la gracile frimousse de Key, épousé de ses paumes sa mâchoire menue, il avait poussé la comédie jusqu’à choir d’infimes larmes qui s’accrochèrent à ses cils inférieurs, et à empreindre ses joues d’une chaleur purpurine, avec des intonations allant de guttural à perçant, sans jamais perdre de sa crédibilité. Bon dieu de bois, quel acteur il aurait fait !

“Moi… Je…” Avança t-il d’une voix blanche, sans timbre aucun.

Allons, bon, il n’avait pas encore le droit de rigoler à s’en tordre les abdominaux en pointant du doigt sa tronche désabusée qui viendrait de réaliser. Le jeune homme s’en léchait les babines. Comment allait-elle réagit, qu’allait-elle répondre ?

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Veuille excuser mon flagrant retard ! =D Mais je me sens toujours obligée de répondre au moins au même niveau de longueur j'ai l'impression de manquer de respect au Rplayer sinon ._.
J'ai envie de dire quelque chose : tire la chevillette, la bobinette cherra ! ça n'a aucun rapport n_n

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BAAAACK :D Excuse-moi pour tout cette attente !

Oh Seigneur, but what's this post énorme avec des mots que je ne soupçonnais même pas qu'ils puissent exister ? 0_0 Je te préviens, ma réponse va être d'une qualité nettement inférieure X')
En tout cas, très beau post, vraiment.

(Vive Google = vulgum pecus, nom masculin
Sens : Les ignorants, la masse, le commun des mortels [Familier].)
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Key, le menton levé, se voulait une attitude fière. Cependant, malgré tous ses efforts, elle ne pouvait s'empêcher de trembler et d'osciller légèrement, l'obligeant à se camper sur ses pieds un peu cavalièrement. Heureusement, Nathanaël (la flemme de dire tout le temps "le jeune homme" ou "l'inconnu D:) semblait plus occupé par autre chose que par ce détail infime.
Pourquoi ce sentiment de faiblesse ? Ce lieu l'effrayait-elle tant que ça ?

Le jeune homme redescendit vers elle, après lui avoir dévoilé un profil rayonnant et des joues rosis par le désir. Au moins, ce type d'expression, elle la connaissait. Il était si près à présent qu'elle sentait son souffle sur ses lèvres, ses joues.

Rien n'arrêtait l'inconnu. Voilà qu'il continuait ses élucubrations obscures à propos de magie, et maintenant de pouvoir. Mais la suite avait le mérite d'être amusante. Il pouvait rendre folle les filles qu'il aimait ? Ben voyons. Peut-être avait-il l'intention de l'exercer sur Key aussi ? En tous cas, il ne l'avait pas déjà fait, car même si elle se sentait séduite par le jeune homme, elle était loin de se sentir "folle amoureuse".

- Intéressant. Tu compte l’exercer sur moi ? fit-elle à voix basse en se rapprochant de lui.

Puis sa main, se faisant soudain plus douce et plus câline, s’aventura sur la nuque du jeune homme, caressant ses cheveux. Elle avança ses lèvres vers le la joue du garçon et lui murmura à l’oreille d’une voix suave :

- Mais si tu fais cela, tu seras éliminé pour cause de tricherie.

Mine de rien, Key commençait à croire ce que racontait le jeune homme. L’ambiance le cadre et l’étrangeté de la situation n’y étaient pas pour rien…
La jeune femme s’écarta de nouveau, prête à encaisser toute réaction –ce garçon était tellement spécial- mais elle ne s’attendait pas à ce qui venait. Soudain, son visage passa de la joie à l’inquiétude, puis à la tristesse. Et d’une voix blanche il lui demanda ce qu’elle ferait s’ils devaient devenir amis, rien qu’amis.
La jeune femme eut un mouvement de recul. Bizarre, vraiment. Pourquoi parler de cela comme s’ils étaient un couple endurci, comme s’ils s’étaient engagés ? Elle eut l’impression d’assister à une rediffusion d’un de ces vieux feuilletons à l’eau de rose qu’ils passaient en Amérique.
Tout n’était qu’un jeu. Et si le jeu devenait soudain impossible, ou bien si les rencontres se faisaient amicales, tant pis, elle trouverait bien une autre explication.

La jeune femme allait lui répondre en tachant d’éluder la question, pour ne pas le blesser, lorsqu’elle remarqua la voix tremblante du garçon. Avec une violence qui ressemblait à du désespoir, il s’empara de son visage, et versant une larme, plongea son regard dans le sien. Incrédule, une ride soucieuse apparut entre les sourcils à la forme parfaite de la jeune Key. Mais qu’est-ce que cette histoire ? En un quart d’heures, il s’était attaché à elle comme cela ? Certes, elle aussi se délectait de ce moment torride et en même temps si prude, mais de là à dramatiser.

Soudain, elle sentit une forme se frotter à ses jambes dénudés. Elle baissa les yeux et trouva là… Un renard. Eberluée, elle l’observa. Roux, presqu’orange, il semblait auréolé d’une lueur jaune et brûlante. Elle avait l’étrange impression que l’animal irradiait de l’intérieur et que les poils de sa queue étaient en fait de courtes flammes dansantes. Ses yeux, deux fentes noires et ourlées, semblaient aussi profonds qu’intelligents.
Elle lança un rapide regard interrogatif à celui qui était collé à lui, et se concentra de nouveau vers le renard. Qui parla :

- Il se joue de toi, Key.

Ébahie, la jeune femme trébucha de surprise, chutant en arrière depuis l’escalier où elle était campée. La voix. Le renard avait parlé. Qui plus est, elle connaissait cette voix… Celle qui avait parlé tout à l’heure. Et elle connaissait ce renard. C’était Burn. Autrefois peluche, elle s’était imaginé qu’il vivait réellement et imaginait ses histoires dans la cour de récré, ventant ses mérites, sa force, son courage et sa ruse.
Elle tombait en arrière, les yeux empreint d’un mélange de peur, d’incompréhension.

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Voilà, j'espère que mon post est pas trop décevant. @_@ Et pis fallait bien que je fasse intervenir Burn un de ces quatre... :)

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Ieurf j'ai fait *ouf pouf* comme j'ai pu x_x Désolée de l'attente.

Une. Deux. Trois. Dans un silencieux hurlement cristallin, tous les cils lourds de pleurs perdirent leurs larmes en même temps, sillonnant les joues pâles de Nathanaël d'un layon humide. Celui-ci, scrutait avec plaisir chaque détail du visage de Key qu'il tenait entre ses doigts fébrilement. Elle avait une si petite tête et lui de si longues mains qu'il parvenait à en faire tour. Avec ses pouces il se mit à caresser avec douceur la peau de ses tempes, et avec ses yeux il regarda les siens, grands et brûlants, si brillants qu'il pouvait s'y mirer. Comme elle était belle ... S'admirant dans les prunelles de Key, Nathanaël observa son propre regard, troublé. Il paraissait tout drôle ainsi. Il avait un peu l'air de son ancienne copine, quand elle le considérait .... amoureusement ? Non .... Non, non c'était impossible, i-na-dmi-ssible ! Lui, amoureux d'une pimbêche comme elle ? C'était une peach, une pouf, une garce, une sorcière, une trainée, une fille magnifique et exceptionnelle... Attendez, elle s'habillait comme une prostituée, sa robe il suffisait de la tirer de deux centimètres et la voilà qui faisait du topless, sans compter que la fluidité du tissu donnait l'illusion d'une heureuse gagnante à un concours de T-shirt mouillé, non vraiment cette Key Pennywise ne... le... mér... méritait pas. ... Soupir.

Il y a deux minutes, jeter un coup d'œil dans le décolleté de Key pour lui c'était excitant, plaisant mais un peu la honte. Désormais il l'aurait trouvée plus belle encore sous la pluie dans un ciré jaune, pour la triste poésie de la vision. La mater, c'était lui manquer de respect ; il n'en voulait pas. Comment expliquer simplement qu'en un regard langoureux il était tombé amoureux ? Il éprouvait une certaine honte à cela. Il déclarait à tout va que lui, s'enticher, jamais, que malgré toutes les manières que les minettes pouvaient lui faire, c'était impossible qu'il s'amourache d'une fille autre que la princesse d'un conte de fée. Là il venait de succomber au charme d'une succube ! Dame !
Non seulement l'honneur se perdait en s'éprenant d'une fille aussi peu profonde, mais en plus en aimer de telles donnait forcément naissance à la jalousie. Personne ne s'empêchait jamais de reluquer une fille superficielle ainsi, cependant qu'un Nathanaël jaloux trouvait subitement de la force dans ses poings alors qu'il cherchait toujours à se tenir loin des bagarres et des problèmes.

Elle inclina la tête. Nathanaël l'imita ; un renard se trouvait là. Sans aucun doute, il s'agissait de l'alter ego astral de Key. Ce dernier trompeta : “Il se joue de toi, Key.”

Il rendit sa figure à Key en baissant les bras. Fuyant, il entortilla ses doigts dans son dos en se balançant d'un pied sur l'autre. Il ne pouvait plus parler. Il n'avait rien à dire, et ce qui lui semblait possible de dire il savait que sortant de sa bouche ce serait ridicule, déplacé. Nathanaël ne faisait qu'examiner, l'air neutre mais l'esprit tourmenté, sombre, le renard roux flamboyant, taisant sa méfiance vis-à-vis de ce vulpes commun. Quand il l'avait lâchée, Key avait basculé en arrière. Il aurait dû lui tendre la main pour l'aider à se relever, toutefois il craignait ce contact, bien qu'innocent, qui risquait de lui faire perdre la tête. Étrangement, tous les symptômes de l'amour il les devinait, les identifiait et les reconnaissait. Il n'était pourtant jamais tombé amoureux. Le jeune homme mettait ceci sur le compte de l'instinct ; un homme, un vrai savait forcément tous les signes de la passion de façon innée. Il engagea un féroce combat contre lui-même. Chaque coup asséné à une part de lui le faisait souffrir légèrement, alourdissant son cœur au fur et à mesure. Finalement il se décida à attraper le bras de Key avant que ses fesses ne heurte le sol. Toujours sans la regarder, les paupières baissées, il la tira vers elle afin de lui rendre l'équilibre. Mauvais choix : cette action les rapprocha, ils se trouvaient désormais, debouts, l'un devant l'autre séparés par un double décimètre. Nathanaël en sigisbée idéal, renonça à la facilité et affronta sa lorgnade terrifiante. Des secondes s'égrainèrent. Il tenta de sourire, en vain, il ne parvint qu'à esquisser un frémissement frénétique des zygomatiques. Trop embarrassé, il se mit à rougir et il tourna la tête en s'arrangeant pour que ses cheveux lui couvrent les joues. Il avait les yeux humides, ce n'était plus de la comédie...

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Merciiii Aphinounette ! Excuse-moi d'avoir été si pressante, tu as fait un joli post, comme d'habitude... Et je suis étonnée, t'as même pas foutu un coup de pied à mon fire fox X)

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Cette sensation de tomber. Une chute qui lui semblait interminable. Pourtant, elle ne serait que fêlé le coccis, dans le pire des cas. Mais pourtant, des tas de souvenirs défilaient dans sa tête. Tous les trucs dangereux qu’elle avait pu faire. Saut en parachute. Saut à l’élastique. Saut depuis le premier étage pour atterrir comme une princesse dans les bras d’un mec. En vérité, malgré la fierté et la témérité qu’elle affichait, elle n’aimait pas ce genre de folies. Elle en avait peur. Mais si elle voulait garder son personnage de sale trainée casse-cou, elle se devait de continuer. Et elle n’était pas prête de s’arrêter.

Soudain, une grande main, forte, et chaude attrapa la main de la demoiselle et la tira en avant, juste avant qu’elle défigure son pauvre derrière avec des bleus tout à fait disgracieux. La force du jeune homme l’impressionna. Elle l’avait mal calculé. Sa silhouette droite, ses épaules plus larges qu’elles n’y paraissaient au premier coup d’œil, ses cheveux qui tombaient négligemment sur son visage, et cette main, cette main si grande et réconfortante.

Key avait perdu sa superbe. Tremblotante, elle ne lâchait pas la main de Nathanaël. Elle l’amena à sa propre joue et ferma les yeux qu’elle avait grands et qui n’étaient plus allumés par aucune flamme, mais plutôt par une couleur plus terne et liquide. C’était toujours comme ça quand elle était triste, émue, ou qu’elle avait eu peur. Ce n’est que lorsqu’elle releva ses paupières fardées d’un brun discret et ourlées de longs cils noirs qu’elle remarqua que le jeune homme ne lui avait pas accordé un regard. Elle n'avait donc pas pu voir comme il la regardait drôlement juste avant. Peinée, elle ne sut d’ailleurs pas trop pourquoi, elle colla un baiser sur la joue rougissante qu’il lui présentait, tout en lui murmurant un « merci ». Merde. C’est la première fois qu’elle avait droit à une relation aussi bizarre avec un homme. Et un homme qu’elle venait de rencontrer. Elle s’en sentait toute drôle.

Soudain aussi gênée que son interlocuteur, la jouvencelle détourna elle aussi la tête, gênée. Son regard rencontra alors le renard, qui se tut, conscient que la situation n’était pas propice aux sarcasmes. Elle s’agenouilla, le caressa un instant, mais bien vite, sa main la brûla. Elle la retira vivement, et énonça, la voix sans timbre :

- Alors, c’est toi, mon alter ego astral ? Cette histoire est incroyable…

Aussi mystérieusement qu'il puisse y paraitre, le terme complet "Alter ego astral" lui revint en mémoire. Elle se releva, embarrassée d’avoir parlé comme cela à un animal en présence de quelqu’un d’autre. Key se rendit alors compte qu’elle n’avait pas lâché sa main. Tant pis. Elle la garda, et le tira vers le haut de l’escalier. Le goupil trottait avec élégance devant eux.

- Euh… Si ça ne te dérange pas de me montrer où je vais dormir et m’aider à monter mes valises, euh…

Elle s’interrompit, se rendant compte qu’elle ne connaissait toujours pas le nom du jeune homme malgré toutes les invitations qu’elle lui avait lancées. Elle lui jeta donc un regard interrogatif appuyé.

Les valises. Mais oui, elle avait oublié les valises. Elle fit volte-face, dévala les marches de l’escalier, s’empara de sa valise à roulettes, et remonta les marches en traînant sa valise qui cahotait, laissée en mauvais état par la route qu’elle avait du parcourir pour venir ici.

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Manque d'inspi sur la fin XD Si t'as des idées pour faire rebondir ou quoique soit, n'hésite pas ;)

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Ça tremblait. Il n'aurait pas su dire si c'étaient ses membres qui tremblaient, ou bien ceux de Key. Elle avait saisi sa paume alors qu'il lui rendait la sienne. Nathanaël resta muet, refusant de tourner la tête vers elle, trop embarrassé, trop plein de doutes. Il sentit qu'elle amenait sa main à la peau fine de ses joues, alors il osa une très furtive œillade à la dérobée. Ses yeux étaient clos tristement et ses paupières dressaient une barrière devant le livre de ses sentiments. Il rangea bien vite ses coups d'œil baladeurs, chercha dans la glace du mur de pierres une quelconque aide à son désarroi. Elle l'embrassa sur la joue : une onde électrique parcourut tout le long de son corps en provoquant des frissons désagréables dans les coins les plus chatouilleux. Il écarquilla les yeux, desserra la mâchoire, roula les doigts sous l'émotion. En un murmure, elle le remercia.

Troublé, le jeune homme livrait plusieurs batailles intérieures à la fois. La plus sanglante, la plus violente était celle qui opposait le Nathanaël qui refusait de s'abaisser à se laisser séduire par une allumeuse et celui qui aimait aveuglément en se défendant de juger. D'autre part il se demandait pourquoi il ne lui avais pas encore avoué sa flamme, voire demandé sa main – soyons fous ! – puisqu'il la désirait tant. D'habitude, ni une ni deux il se jetait, verbalement, sur ses proies, noyant de galanteries ses victimes, enflant leurs chevilles jusqu'à les rendre plus larges que leurs hanches délicieuses. Il se sentait comme le plus nerd des geeks, trouvant l'apprentissage du leet speaking mille fois plus accessible que le vocabulaire de l'amour. C'était comme s'il redevenait le pré adolescent malhabile avec les personnes appartenant au beau sexe qu'il avait incarné, il trouvait des centaines et des centaines de choses à dire, à faire, aucune ne convenant parfaitement à la situation pour le sortir de son état de pris au piège d'un sable mouvant terrifiant.

Ouf, elle s'était éloignée. Il la regardait sans la voir caresser son renard, il l'écoutait sans l'entendre s'extasier sur l'invraisemblance de sa réalité, muet comme une tombe et gris comme le mort dans la tombe. Elle s'était éloignée, agenouillée même, mais avait gardé sa main dans la sienne, et lui ne s'avisait pas de ciller, trop épouvanté d'apprendre ce qu'il adviendrait si elle se rendait compte qu'elle ne l'avait pas lâché. Et il ne souhaitait pas non plus rompre ce contact. Épris tel qu'il l'était, il trouvait ça déjà trop beau de l'avoir embrassée tout à l'heure.

“Nathanaël !” s'écria t-il d'une voix aux intonations désespérées. “Oui oui bien sûr !”

Et il lui adressa un grand sourire ... de chien-chien. Enfoui au fond de lui-même, son esprit faute de se révolter, rouspétait ; mais depuis quand est-ce qu'il se conduisait aussi gentiment ? Et depuis quand il hurlait son prénom, privé, secret, plus dispendieux qu'un diamant quatorze carats à une inconnue ? Ce songeant, Nathanaël chassa les pattes de femme de Key des poignées des valises et s'en empara lestement, montant déjà les marches quatre à quatre en guidant la jeune fille.

“C'est par là !” Indiqua t-il joyeusement d'un coup de menton vers la droite.

Il ne fallait plus y penser. En se conduisant amicalement vis-à-vis d'elle, il oublierait rapidement ces sensations anormales qui lui avaient tordu les boyaux quelques moments. En plus, c'était sa faute. S'il avait ravalé ses pulsions joueuses, s'il avait simplement continué de s'éloigner ainsi qu'il avait commencé de le faire, les mains dans les poches et tranquille comme un loup, ceci, ne serait pas arrivé. Il allait faire comme si rien ne s'était passé.

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TAM. TAM. TAM. Le bruit de la valise qui butait sur chacune des marches résonnait dans le hall comme une marche funèbre. C’est peut-être aussi pour cela (en plus de la galanterie qui lui était propre) que Nathanaël Wainwright lui subtilisa le bagage pour le monter lui-même. Les deux jeunes gens commencèrent alors une lente ascension, en file indienne, la brunette coincée entre la valise et le dos du jeune homme. D’ici, aucun d’entre eux n’avait la possibilité de voir les expressions et sentiments de l’autre.

Alors que Nathanaël se livrait une véritable bataille contre ses sentiments, Key s’adonnait à une activité beaucoup moins pesante. En effet, elle fixait les bras du jeune homme. Ses bras tendus qui travaillaient en soulevant sa valise, dessinant des biceps qu’elle appréciait chez les hommes. Non pas qu’elle soit folle des haltérophiles, mais elle aimait les bras masculins. Oui, les bras. La façon dont ils commençaient, vigoureux et dur au niveau des épaules, continuaient en s’affinant au-dessus des coudes, ces-derniers redonnant de l’ampleur, puis s’affinaient de nouveau en direction du poignet. Parfois, les bras masculins étaient veinés ; trop chez les camés et les sportifs de haut niveau, pas assez chez les fragiles adolescents. En plus, les bras masculins sont assez larges et rassurants pour l’y faire disparaître complètement lorsqu’ils la serraient contre eux. Avec sa silhouette fluette et sa tête de poupée, ce n’était pas bien compliqué.

Ni l’un ni l’autre ne parlait. Key prononça ces trois voyelles, tout bas, pour elle-même : Nathanaël. Elle se souvint de la façon dont il avait crié son prénom, limite désespéré. Comme si ça lui coûtait de lui donner cette information nécessaire et pourtant si commune.

Enfin, Key toucha le marbre du premier étage. Nathanaël partit comme une fusée sur la droite, l’invitant à le suivre. La jeune femme ne se le fit pas répéter, et accompagnée de Burn, le renard dont elle avait toujours du mal à accepter l’existence, ou du moins, la résurrection, ils s’engagèrent dans des couloirs sinueux.

Les trois individus s’arrêtèrent en face d’une porte ressemblant à beaucoup d’autres : sa chambre. Une chambre parmi d’autres chambres. Key y suivit le jeune homme, qui posa sa valise contre son lit. Enfin, la jeune femme se retrouva face à Nathanaël et avec un large sourire, réfléchit à ce qu’elle devait faire. L’embrasser ? Lui adresser un clin d’œil d’allumeuse professionnelle ? Lui mettre une tape dans le dos ?

Le temps de décider, Nathanaël Wainwright s’était déjà enfui avec un « au revoir » des plus banals.

SUJET TERMINE

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