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 Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]

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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeLun 18 Aoû 2008 - 22:30

La pluie commenca a tomber. D'abord ce fut une fine bruine, un crachat que les nuages jetaient sur la pauvre ombrequi se mouvait dans le parc. Un petit crachin dans les notes gemissantes n'etaient pas sans rapeller cette pluie lors de la nuit du jeu de massacre. Ces notes qui criaient, dechiraient, semblaient ere le reflet de toutes ces morts simulees. Puis ce fut le deluge. Le ciel semblait vomir sur Keiko qui marchait peniblement dans le parc. Apres tout, il avait merite que la nature se dechaine ainsi sur lui, c'est pourquoi il ne s'en trouvait pas gene, il ne tentait pas de courir pour echapper a la pluie. Sa cape de cuir habituellement si legere et agreable a porter pendait lourdement sur son epaule, les gouttes la rendant si lourde.. Elle qui lui donnait une douce chaleur habitue.lle etait a present humide et collait a ses vetements detrempes. C'est alors qu'il leva enfin le visage pour voir ou il en etait de son trajet Ses yeux fatigues ne s'etaient plus fermes, depuis le reveil a la salle Yume et n'arrivaient plus vraiment a distinguer correctement le paysage a travers la pluie battante. Il abandonna, se laissa tomber un instant sur les genoux. Il n'avait pas dormi, non. Il n'avait pas essaye, et de toutes facons il n'aurait pas reussi. Les cris resonnaient encore dans sa tete. Le sang, les boyaux. Lui qui voyait la mort comme un paisible sommeil avait du laisser s'evaporer ses croyances avec le cauchemar. Tout s'etait envole si vite.

Il regarda autour de lui. Il n'y avait personne pres de lui. Il n'y avait personne qui l'avait vu sortir. Personne ne le cherchait. Personne ne s'inquietait. Tous devaient bavarder et se reconforter les uns les autres, bien au chaud dans l'un des luxueux salons. Il n'y aurait personne, ici, personne pour venir et le prendre dans ses bras. Personne ne viendrait l'aider. Personne ne viendrait le sauver.

Au bout d'un instant, il se releva. Personne ne lui aurait accorde son aide, ne serait-ce qu'une main. Il regarda une derniere fois vers le pensionnat. Les portes etaient fermees, et il voyait encore les lumieres briller faiblement a certaines fenetres. Ils etaient la, tous ces gens, toutes ces personnes qu'il avait croise, mais qu'il ne voulait pas voir, il n'oserait meme pas les regarder. Il devait finir ce qu'il voulait faire. Ne pas oublier. Il n'oubliait pas, etonnement. Habituellement, tout ce qui restait plus de cinq minutes dans sa tete meritait un effort de reflexion intense. Peut-etre son esprit avait-il ete plus durement eprouve qu'on ne pouvait le penser. Mais il se rapellait de ce qu'il voulait faire, de ce qu'il devait faire, alors il devait continuer a marcher, ce qu'il fit peniblement, la terre sous lui commencant a devenir boueuse et collante, ses bottes aidaient heureusement le pauvre garcon a bien se depatauger. Il arriva au bout d'une dizaine de minutes et d'une quinzaine d'aller retour a l'endroit ou il voulait arriver. La lisiere entre le parc et la foret, cette frontiere qu'il y avait eu entre le sang et le calme lors de cette nuit effroyable.Il reconnaissait parfaitement les lieux. Si il avait assimile que tout n'etait qu'un reve organise par il ne savait qui... Il avait du mal a ne pas se replacer dans le contexte, lorsqu'il eut devant les yeux le paysage que le reve avait incarne. Le decor etait en place. Il y avait meme la pluie, bien qu'elle ne coulat pas des cieux a ce moment.

Restait les protagonistes, dont il prit la place, les uns apres les autres. venant de ces arbres, Helen et lui. Les corps allonges la, entre les paquerettes dont la corolle s'inclinait, et le sang qui s'ecoulait de la a la comme un etang. Le fé qui venait. Le sang une fois de plus. Il se deplacait au gre des mouvements les plus frappants. L'ange aux cheveux noirs venait a son tour. Clac. Helen n'etait plus. Et le combat, et le sang a nouveau, puis l'odeur rance de la moisissure qui hantait ses doigts sur le cou de la guerriere. Il posa une main au sol, finalement, usant de la faible concentration dont il etait capable pour reproduire ce qu'il avait fait. Lorsqu'autour de ses doigts halés la terre prit la meme couleur brune avant de se fletrir et de s'affaisser, il comprit, et retira tout de suite ses doigts. Ce n'etait pas le reve qui avait provoque ce phenomene mais c'etit bien quelque chose dont il etait capable. En etait-il capable avant de rentrer? Il n'eut pas la force de reflechir. La seule chose qui s'imposait dans son esprit etait l'atrocite de la situation. Le jeune homme regarda ses mains. Si il avait eu un objet tranchant, il aurait ete capable de se les couper. C'etait la mort qu'il pouvait semer, et il prenait conscience qu'il etait maladroit, et que toute maladresse pouvait nuire. Cependant.. Il ne pouvait rien faire pour le moment.. Et il ne devait pas egarer son esprit, encore une fois. Suivant la piste qu'il avait choisi avec le grand "ange" et la petite brune. Le temple se profila derriere les arbres. Ses colonnes droites et imposantes serrerent son coeur. Il s'etait passe tant de choses ici... Et la, tandis qu'il revivait le combat contre le grand homme aux cheveux noirs et sa mort, il lui sembla revoir Roy le regarder, assis sur les marches, un air legerement triste sur le visage. Il allait retrouver sa propre mort factice, les mains serres contre un morceau de miroir imaginaire, lorsqu'il s'interrompit. Il pourrait le refaire, apres tout. Ses mains etaient un instrument de mort et d'infortune apres tout. Pourquoi ne pas les retourner contre lui? Il regarda ses mains. Ses longs doigts etaient ecorches, c'etait toujours ainsi qu'il les avait vus. Elles etait d'un brun chaud, pas trop sombrse, de grandes mains que l'on pouvait croire protectrices. Il les appliqua contre sa gorge, se demandant si cela marcherait, et quelles seront ses impressions lorsqu'il sentirait sa propre peau moisir, des lambeaux de chair se decollant, se faisant devorer comme par des champignons. Mais le fantome qu'il avait cru voir de Roy l'en empechait. Il ne pouvait pas mourir maintenant, non... Quelle lachete.

La pluie s'etait un peu tue, mais il sentait sur sa peau mouillee que cette eau ne l'avait pas lave de ses peches. Lorsqu'on n'etait pas sage, lorsqu'on faisait quelque chose de mal, on ne trouvait pas le paradis, disait sa mere. Mais quel paradis, celui qui etait au ciel, inaccessible a ceux qui meurent en se trainant par terre? Quel paradis avait eu Roy quicroyait pourtant s'etre laisser pousser des ailes lors de sa chute vertigineuse, quel paradis auraient eu Eva qui malgre sa course, malgre sa peur, etait tombee, ses ailes brisees? Et quel paradis aurait il eu lui, alors que le sang chaud coulait le long de sa gorge et de son torse, alors que ses yeux devenaient vitreux? Si tout ce qui sautait retombait toujours au sol, c'etait bien pour une raison. Jamais on ne pourrait atteindre ce ciel.

Il se laissa a nouveau tomber pres de la tombe de Roy, cette fois. Ce n'etait qu'un vulgaire amas de terre qu'il avait entasse sans beaute. Il reposait la. Son esprit avec. Il trouva le carnet avec le crayon dans la poche interieure de sa cape. Le papier etait legerement ondule, il protegea du mieux qu'il put les pages du cahier, alors qu'il lut ce qu'avait ecrit Roy.

"Elle s'appelle Adélaïde Von Hoenheim, elle est blonde aux yeux bleus, grande et fine, et s'habille très bien. Mon père s'appelle Lohann Strauss-Vié, il est encore plus grand, brun, aux yeux marron-noirs, il est assez musclé. J'ai une petite soeur, Anne-Lise, de sept ans de moins que moi; elle est blonde, a les yeux noirs et fait presque ma taille."

Sa famille. Il aurait voulut conjuguer tous ces verbes au passe, une colere indecise bouillonnant en lui. Il ne comprenait meme pas pourquoi. A la fin, apres les mots tremblants qu'il avait ecrit, il ajouta


"Je me demend ci ces paren soron kil é mort. En tou ca, il fau q'il savs une chose si il liz sa aprai : Il é pa au paradi, lé ange son pa venu l'aidé a volé qan il a soté.."

Ou alors les anges ne prenaient que les gens bien et tuaient, mettaient a terre les mauvais, comme les deux qu'il avait vu lors du jeu de massacre.. Les gens qui ont une croix autour du cou, ou alors les gens qui allait dans l'eglise toutes les semaines, comme son pere. Les gens comme les clerges qui devaient etre tres bien. Eux seuls auraient le droit de s'envoler, a leur mort, eux seuls avaient le droit a des ailes?

Prenez moi avec vous.

Etait-ce ca, etre intelligent? Prendre soudain conscience que rien n'etait beau, et que les visages les plus charmants pouvaient se convulser de maniere atroce, avant de mourir, les yeux vides et crispes. Se rendre compte que tout finissait par tomber, se briser, se fracasser comme le sol. Le bruit des os brises. Le bruit du sang et le rale des victimes. L'affaissement, la lutte pour rester debout, le combat d'une vie fretillante qui se debattait entre les filets de la mort, mais dont les tressaillements etaient mates impitoyablement. Etait-ce la l'imagerie fantastique que l'on donnait aux enfants, etait-ce la ce qu'il avait toujours cru? La mort n'etait pas un sommeil. Peut-etre que les yeux morts voyaient encore, voyaient le ciel la-haut, voyaient la lumiere et eux qui etaient si bas, si lourds sur terre ne pouvaient plus tendre leur main pour agripper celle d'un ange. Les esprits ne s'en allaient pas aux cieux. Keiko releva la tete, regarda le ciel


"Prenez moi avec vous."

Il leva une main, la paume levee vers le ciel. La main douce et bienveillante d'un ange viendrait-il le prendre? Emmenez moi, loin, quelque part. Un endroit de lumiere et de douceur, la ou ses parents iraient. La ou les etoiles filantes s'evanouissaient... Emmenez moi, la bas! Donnez moi vos ailes...

Rien. La pluie coulait sur son visage. Le long de son bras, elle degoulinait. La pluie se fit un petit plus pressante. Ecrase sous les goutelettes, sa main se baissa. Son visage s'inclina, tout son corps bascula legerement en avant. Ce ne fut pas la main bienveillante d'un ange, ce furent des larmes ameres qu'accueillirent ses mains tremblantes
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMer 20 Aoû 2008 - 19:02

« Amen. »

Elle n’était pourtant pas particulièrement croyante. Rikka Boyd, agenouillée devant ce qu’elle identifiait comme un autel, le visage dégoulinant d’amertumes, de regrets salés et de remords inutiles pour cette pauvre fille au dos si fragile sur lequel s’entassaient des tonnes et des tonnes de pierres, jusqu’à ce qu’elle s’écroule encore une fois, haletante, incapable de se relever seule et gémissante de douleur. Le soupir s’évanouit tandis qu’elle relevait la tête vers le plafond doré, pleurant, pleurant ce qu’elle avait perdu, ce qu’elle avait raté et ce qu’on lui avait fait. Pleurant que personne ne l’aidait. Qu’elle ne pouvait rien faire, que cette gamine, le sourire aux lèvres n’était plus qu’une réminiscence sur le point d’être oubliée, éphémère arborescence de souvenirs heureux.

« Qu’est-ce que le bonheur, justement ? » pourrait-elle demander.

Mais ce n’était pas une fille à questions philosophiques, c’était une fille à désespoir, à ressassements. Qui ne cessait de se morfondre ; était-ce pour cela qu’elle était si misérable, qu’elle n’espérait plus grand-chose de ce qu’on pourrait lui donner ? Elle était un être faible, manipulable, mais soit. Elle l’était et elle le savait. Elle ne supportait pas qu’on puisse tuer quelqu’un, tuer quelqu’un qui voulait encore vivre et qui avait encore des choses à accomplir. La raison de sa terreur était l’évènement, la raison de sa prière était la désespérance. Elle ne se raccrochait plus qu’aux frêles feuilles d’automne, à présent.

Elle se releva lentement, prenant appui sur ses bras, s’hissant grâce à la plaque de marbre recouverte d’une nappe violette. Les coupes se succédaient, toutes plus belles que la précédente, cercle infini d’étincellements. Elle se tourna. En face d’elle se présentaient des colonnes aux chapiteaux d’or. Fit une volte-face. Des rideaux lourds, rougeoyants, qui attisaient la lumière blanchâtre de ce jour de pluie. Virevolta. Tout n’était qu’opulence. Or, argent, bijoux, joyaux et marbres, bois d’ébène et de séquoia.


« Je veux m’en aller » gémit-elle. « Pitié, je veux m’en aller ! »

Elle avait beau se tourner dans toutes les directions, elle ne voyait que des éclats, que de la brillance, du factice. La seule chose qui détonnait était un bouquet fané sur l’autel, peut-être apporté par une croyante aujourd’hui décédée. « C’est moi » pensa-t-elle, le vilain petit canard détruit, piétiné. « Je suis ainsi » songeait-elle à tort.
Désespérée.
Elle se retourna vers l’autel, ferma les yeux et joignit maladroitement ses deux mains. Elle murmurait rapidement, priait toutes les divinités imaginables, implorait qu’on la laisse sortir. Elle voulait s’en aller, elle voulait retrouver sa famille quittée depuis plus de deux ans, ne plus avoir affaire et ne plus servir de cobaye à des fous furieux tels les I., ne plus devoir se donner des baffes, ne plus devoir se forcer à manger. Elle désirait ardemment partir, plutôt que mourir.

Elle répéta le mot de conclusion de la prière, et s’enfuit, les mains fébriles. Elle sortit du temple, et fut copieusement arrosée. Seule au monde, lavée, rincée par cette pluie qu’elle espérait salvatrice. Elle était entrée lors d’un jour de pluie. Peut-être sortirait-elle dans ces mêmes conditions ?
Peut-être… oui, peut-être ! Peut-être la laisserait-on sortir ?

Bah…
Espoirs brisés.

Elle baissa la tête, se rendant compte de la folie de son rêve, de sa lubie, de son envie, et éternua. Elle était toujours enrhumée depuis plusieurs jours, et elle zippa entièrement la fermeture éclair de son blouson. Entrant les mains dans ses poches ventrales, elle décolla la semelle de sa basket de la boue, et se dirigea vers le pensionnat, marchant entre les arbres et piétinant les fougères, déjà baissées par la force de l’averse. Douce ondée lorsqu’elle était sortie, c’était à présent un cauchemar. Le ciel s’assombrissait de minutes en minutes, et son envie d’un lit chaud et accueillant s’accroissait de pas en pas. Elle éternua une seconde fois, avant de sortir un mouchoir de la poche de son pantalon, et de l’utiliser.

« Marre. »

Ce mot murmuré résumait la situation actuelle de Rikka. « J’en ai marre ». Ou peut-être « foutez moi la paix » après tout. Les feuilles se collaient à elle, détachée par les bourrasques violentes.
Tonnerre.
Elle détestait l’orage.


« Soleil, lève toi… » implorait-elle.

Elle s’arrêta net tandis que les arbres continuaient, tout comme ses cheveux sombres, à se plier sou la force du vent, à agiter leurs feuilles aux reflets argentés. La boue retenait légèrement ses pieds, mais elle ne marchait plus.
Combien de fois avait elle imploré dans sa vie ? Combien de fois avait-elle tenu tête ?
Faible, va.
Incapable d’exprimer son ressentiment, elle se contenta de shooter dans la pierre, devant elle, qui ricocha contre le tronc d’un arbre avant de se perdre dans les ténèbres qui emplissaient chaque seconde un peu plus le parc et sa forêt. C’était ça. Elle était cette pierre qui était projetée, rencontrait quelqu’un avant de se faire jeter et de tomber à terre…


« Prenez moi avec vous. »

Il y avait quelqu’un, là. A côté d’elle. Elle ne l’avait pas remarqué à cause de l’obscurité. Il tendait la main vers le ciel, et ce geste lui rappela lorsqu’elle avait joint ses mains pour prier, prier qu’on l’aide à quitter l’enfer. Il tendait la main vers le ciel, comme si quelqu’un allait la lui attraper pour le tirer vers le paradis. Elle contempla la scène quelques instants, muette, avant qu’il ne la baisse, dépité. Il tremblait et pleurait.
Rikka le faisait avec lui.

Elle vit l’homme à l’écharpe blanche se courber, comme s’il sentait un poids infini sur ses larges épaules…
Rikka se courbait aussi.

Elle s’avança vers lui, et s’accroupit, afin de voir le visage de celui qui avait les mêmes espoirs fous qu’elle. Un visage déjà adulte, tordu par les larmes qui serpentaient sur ses joues, à la peau hâlée et aux cheveux aussi sombres qu’elle.
Elle leva sa main, fébrile, avant de la poser sur l’épaule de son compagnon de misère. « Je suis là, moi aussi. Je pleure avec toi. Je suis désespérée, abandonnée, je ne connais qu’un vampire qui s’amuse à me torturer et un junkie qui se torture lui-même. Je suis une fille, j’ai dix sept ans, je suis paumée et je veux partir. »
C’est ce qu’elle aurait pu dire pour se présenter. Mais cela aurait été une mauvaise idée ; sa voix aurait tremblée, se serait cassée à la mention d’Elliot, et elle n’aurait pu finir sa phrase. Elle n’aurait pu lutter contre lui…
A la pensée de l’horrible personne qu’il était, elle éclata en sanglots, des souvenirs qu’elle voudrait effacer à tous prix resurgissant dans son esprit, lui rappelant l’amère défaite qu’il avait envoyée à celui qui aurait tout fait pour la protéger et qui l’avait aidée à marcher. Les larmes roulaient, les larmes lui faisaient mal, elle n’en pouvait plus de pleurer, de se morfondre de son sort et de rester roulée en boule, sa douleur s’insinuant toujours plus dans son estomac. Rikka avait été heureuse.
Rikka était heureuse à présent, peut-être, d’avoir trouvé quelqu’un avec qui elle ne se sentirait pas étrangère, quelqu’un qui semblait aussi taré qu’elle, qui ne pouvait vivre sans une personne sur qui s’appuyer pour se relever. Cette personne, elle ne l’avait plus. Cette personne, elle en avait besoin. Plus que de s’en aller, elle ne voulait que ça, quelqu’un sur qui elle pouvait monter sur ses épaules, soutenue avec force, quelqu’un qui pouvait quelque chose pour elle.

Quelqu’un qui existait et qui n’était pas qu’un songe d’une nuit d’été.

La pluie continuait de lui battre le dos, mais s’était un peu calmée, lui accordant un répit. Courbée, elle s’agrippait à l’épaule de Keiko, essayant de se maintenir accroupie. Elle n’était plus debout, mais elle n’était pas vautrée sur le sol, perdue.
Soleil, lève toi.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMer 20 Aoû 2008 - 22:03

Les larmes coulerent. D'abord ce ne fut qu'un sanglot doucereux qui etreint sa gorge douloureuse. Un soubresaut de l'epaule a peine perceptible, qui pourtant nouait les entrailles du jeune homme a l'ame d'enfant. Les yeux deborderent. Un trop plein d'emotions contradictoires. Joie de s'en etre sorti, tristesse qu'il eprouvait pour Roy, mais surtout la peur, l'abattement et le desespoir. On ne comptait pas a demi mesure. Les adultes savent faire la part des choses, ils savent doser les sentiments pour ne pas deborder, pour ne pas que le lait deborde de la casserole. Keiko avait peut-etre rate cette etape et sans livre pour l'aider, il dosait n'importe comment, finissait par exploser.

Parfois, c'etait de la rage, de la haiine qu'il ne controlait pas. C'etait des verres brisees, des coups portes, des coups recus. C'etait les policiers, c'etait le centre, c'etait la solitude. Mais il etait si facile de se laisser emporter par la haine. Elle peut tout justifier. Se laisser juste porter par ce courant ou la conscience s'endort. Plus dures sont les larmes car l'esprit n'est plus paisiblement endormi, il est pique a vif, il est saigne et ne peut se panser de lui-meme. Pareil flot de tristesse, il n'avait pas connu et pareil flot de tristesse il ne pouvait endiguer. Du moins, pas tout seul. Les larmes qu'il avait versees, pour quoi les avait-il versees deja? Pour un pot casse, pour une reprimande... Et pour lui c'etait le monde qui s'ecroulait, ses parents etaient malheureux, ils allaient se debarasser de lui, lui qui etait si bete... Lui qui etait si bete... Ils allaient prendre un autre enfant qui lui ne les decevrait pas. Mais ces tristesses il les oubliait avec un sourire, une caresse, le tendre baiser de la mere qui se penche sur le petit garcon pour le consoler.

Il avait pleure pour Eva, Helen, pour les anges. C'etait plus serieux, c'etait les desillusions tardives de l'adolescent qui decouvre l'horreur de la vie et de la mort. Et c'etait tout qui sautait. Ce n'etait plus un sanglot, c'etait les larmes de toute une vie. Son ame s'en irait peut-etre avec, coulerait le long de ses joues deja humectees de la pluie froide, tomberait dans cette terre boueuse et irait se meler au sang des morts qui gemissaient, la, en bas.

A ce moment, si personne ne venait... Peut-etre ne pourrait-il plus sourire. Du moins pour un moment. Juste le temps que son esprit malade oublie, oublie cette peine et qu'innocement il se remette a rire.

Et ce ne fut plus des larmes muettes qui elles seules disaient tout. Il n'avait pas la force d'etre silencieux. Le mutisme etait trop lourd a porter pour lui, c'etait un poids trop lourd sur ses larges epaules. Ce fut un gemissement, une plainte sourde et aigue qu'emit ses cordes vocales. Puis ce fut les pleurs, les hoquets, son dos secoue de spasmes douloureux. Les poumons ne s'emplissaient plus d'air comme il le fallait, et les larmes coulaient, coulaient, s'arrachant a ses yeux de plus en plus peniblement.

C'etait ca, etre intelligent, se repetait-il sans cesse. C'etait ca? Pleurer, ne plus croire, ne plus savoir que croire. Roy ne ressucitera pas. Les anges ne viendront jamais. Peut-etre que quelqu'un le trouverait, avachi dans cette foret balayee par la pluie. Mais personne n'irait le chercher. Avant, il ne s'en souciait guere. Avant, il ne voulait pas du regard d'autres. Il preferait etre bete. Il preferait ne rien penser. Ne rien penser... Ne rien penser...

Bien entendu, il ne perdait pas son handicap. Certaines desillusions etaient simplement plus dures que d'autres. Et alors qu'il sanglotait, recroqueville dans les feuilles racornies et la mousse humide, il n'entendit pas les pas. Serait-ce le bruit qu'il faisait qui l'empechait d'entendre ou s'enfermait-il deja dans une bulle plus solide, consolidant ses bases et son armature. Il ne voulait plus rien entendre, voila pourquoi il n'entendit rien. Ni la pluie qui tapait sur les branchages la-haut dans les cimes, ni les pas qu'esquissait l'inconnue, faisant crisser les feuilles comme si elles grincaient. D'ailleurs, il ne l'avait meme pas attendue auparavant lorsque plein d'espoir il jetait sa main vers le ciel. Non, sa bulle n'etait pas encore brisee a ce moment. Elle vacillait... mais ne s'etait cassee que lorsque les anges lui avaient crache dessus, envoyant une pluie plus forte rincer le visage plein d'espoir de Keiko. Mais la silhouette marchait, doucement, comme craignant qu'il ne releve la tete, surpris, ou qu'il ne s'enfuie.

Il s'etait courbee, elle s'etait penchee sur lui. Ses longs cheveux caresserent le dos vouté du jeune homme et son ombre projetee par la faible lueur qu'emettait le ciel couvrit le garcon. Il n'y faisait plus vraiment attention, il n'etait pas a ca pres. Et elle se pencha pour voir son visage honteux, ce visage couvert de larmes comme barbouille d'une peinture qui ne s'enleverait jamais. Il ne la remarqua pas au premier abord, trop occupe a essayer d'oublier les fantomes noirs de ses pensees qui louvoyaient autour de sa tete et qui assombrissaient son avenir. Les doigts maladroits et tremblants de celle qui venait de le rejoindre effleurerent son epaule, comme trop timides pour s'y poser puis finalement trouverent appui sur son omoplate. Elle resista a la tristesse. Peut-on qualifier cela de vaillance? Elle lui resista un instant, peut-etre ne voulait-elle surtout pas perdre la face ainsi devant un inconnu... Ou alors voudrait-elle le faire cesser de pleurer ainsi et que sangloter a son tour n'etait pas une des meilleures idees pour arriver a ce but.

Cependant, les pleurs etaient parfois contagieux et la tristesse, le desespoir de l'autre marchait de temps en temps comme un miroir. Rikka y vit son propre desespoir et a son tour elle sombra. Peut-etre n'etait-ce pas une mauvaise chose pour elle, elle qui semblait retenir ses larmes, elle que ses pleurs refoules remplissaient toute entiere. Peut-etre qu'elle, elle avait quelque chose a y gagner. Peut-etre qu'ils avaient quelque chose a y gagner tous les deux, en y reflechissant bien.

Ce fut la qu'il leva la tete. Cet unique geste demandait deja un effort, brisait deja une barriere. Non, sa bulle etait deja si fraiche ! Non, non, ne la regarde pas, fuis, fuis tant qu'il est encore temps, recroqueville toi, pelotonne toi dans cette confortable ignorance ! Non, n'affronte pas le regard des autres, ils ne pourront te faire que du mal ! Ils ne t'ont fait que du mal!

Trop tard. Ses yeux rougis clignerent alors que son regard se frayait un passage entre ses larmes qui brouillaient sa vue. Il la vit d'abord silhouette. Accroupie, se soutenant sur ses epaules, il l'entendit. Elle pleurait, elle aussi. Elle semblait pourtant rayonnante lorsqu'enfin il put voir ses levres, elle semblait si soulagee mais si triste en meme temps.. Il ne comprenait pas. Normaal, se dit-il. Il etait stupide.

La jeune fille regardait le ciel sombre. Aucune eclaircie ne semblait presager le retour du soleil pour le moment, malheureusement. La pluie qui etait si pesante sembla soudain moins lourde. Quelqu'un partageait son fardeau, quelqu'un. Quelqu'un etait venu, l'avait trouve. Reniflant, il scruta son visage, les yeux encore douloureux, les larmes coulant encore.

Il ne savait plus pourquoi.

Ses cheveux noirs ruisselaient d'une eau claire qui ne semblait pas si froide et le long de ses joues rendues roses par le chagrin, coulaient ces larmes qui ne semblaient plus si effrayantes. Non, fuis. Fuis. Fuis! Elle ne te fera que du mal ! Eva t'as fait du mal en t'aparaissant dechiquetee par le monstre, Helen t'a fait du mal ! Tu ne dois plus la croire ! Cependant.. Il avait oublie. Pourquoi pleurait-il deja? La pluie avait lave ce qu'il restait de son chagrin. Bien entendu son coeur restait gros. Bien entendu il ne serait plus jamais le meme qu'autrefois, il y avait des choses qui ne s'oubliaient pas. Il avait juste oublie les anges absents. C'etait elle son ange.

Elle n'avait pas d'ailes, peut-etre s'etaient-elles brisees. Elle avait les cheveux bruns, peut-etre ses peches les avaient-ils noircis. Elle etait triste. Peut-etre que son propre chagrin s'etait rependu dans le coeur de l'apparition. Et elle pleurait, hoquetant, ne sachant plus comment s'arreter. Et il se voyait, lui-meme, elle etait le miroir decale qu'il avait de lui-meme. Il leva une main. Ce n'etait pas pour tenir celle des anges normaux, les anges avec des ailes qu'il la tendait. C'etait pour prendre la douce et pale main de la jeune fille en pleurs, son ange a lui. Celui qui etait venu le chercher.

Le contact etait agreable. Elle avait les mains froides. Elle avait de petites mains par rapport a ses longs doigts malhabiles. De petites mains de poupee ecorchee. Elle etait petite, par rapport a ce grand dadais qui se dandinait. Elle etait le rossignol qui ne pouvait plus chanter, son terne plumage lui rendant la vie bien triste. Il etait l'albatros, ce grand oiseau roi du ciel mais qui une fois jete a terre n'est plus qu'un gauche infirme, comique et laid. Ah, ils pouvaient rire, les paons qui se dandinaient fierement ! Ah, vous pouvez mais vous n'etes pas les plus beaux ! Ces deux volatiles montres du doigts, seuls la ou personne ne viendra les trouver, ce sont eux qui riront de vous, lorsque vous perdrez toutes les plumes de votre traine orgueilleuse !

Entourant les doigts de l'inconnu rossignol d'une seule de ses mains, il tendit l'autre vers son visage. elle accroupie, lui presque par terre, elle semblait tellement plus grande, pourtant... Hesitation, indecision, fascination pour cette personne dont il ne se serait peut-etre pas soucie dans un autre contexte. Lorsque sa bulle etait la, bien solide et bien ancree en lui. Il toucha finalement sa joue humectee de larmes qui continuaient de s'ecouler. Ce seul contact lui avait demande tout le courage qu'il avait. Devait-il, lui qui voulait partir? Devait-il, lui qui ne voulait plus faire souffrir, lui qui ne voulait pas souffrir? Il le fit. Caressant sa joue de sa main eraflee, sa peau sombre contrastant avec celle si claire de Rikka, il n'osa rien faire de plus. D'un petit geste du pouce, il effaca les larmes de l'une de ses joues.


" Vous etes la."

Il avait besoin d'elle. Elle etait la. Alors qu'elle le regardait, il crut voir de l'indecision mais surtout la profonde tristesse que degageait ses yeux. Il hesita un instant avant d'ajouter, serrant un peu plus fort les mains de la jeune fille

"J...Je suis la aussi."

Les anges ne sont pas la. Ils existent, mais seulement pour ceux qui veulent bien les voir. Ils sont la, et veillent sur vous. Ils sont la.. Et arrivent a faire eclore un petit sourire sur les levres. Un petit sourire qui change tout, cet unique sourire qui vous fait croire qu'un avenir different peut-etre envisage. Keiko, maladroitement, mais spontanement, etira ses levres pour former un doux sourire qui harmonisait tellement mieux le visage de Keiko que les lamres et le rictus amer de la tristesse. Sur les marches, le fantome de Roy qu'il s'etait invente souriait lui aussi, les couvant d'un regard bienveillant. Ils s'etaient trouves.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeJeu 21 Aoû 2008 - 22:54

Elle ?
Un ange ?
Un ange au visage grimaçant, tordu par la douleur. Les rides qui se formaient, creux serpentant sur son visage, fossettes étranges mais yeux mi-clos à la vue brouillée par les larmes. Un ange laid, sans doute, qui ne cessait de geindre et sangloter. Les cheveux dans le visage et le corps tremblant comme les feuilles ballottées par le vent mugissant de cette nuit. Elle n’était qu’une pleureuse, qu’une fille qui pleurait tout le temps pour rien. Recroquevillée sur elle-même, agrippée à un parfait inconnu qui était dans le même état qu’elle, Rikka se dégoûtait tant elle se sentait idiote. Mais l’idiotie était-elle un crime ? N’était-ce pas un cadeau, au contraire ? L’intelligence un poison ? Lorsqu’on était idiot, on ne se rendait pas compte à quel point tout partait en vrille, tout se déréglait, tout quittait les rails gentiment tracés par le destin.
    Hey, toi, l’idiot qui se fait nommer Destin, t’es vraiment trop con ! Bouge toi de me remettre sur la case « rue de la Paix » du Monopoly de ma vie, et plus vite que ça ! Putain, mais qu’il fait mal son boulot, ce mec. Pire que Cupidon. Oui, l’imbécile avec des flèches débiles qui font tomber amoureux. C’est la pire des tortures, peut-être bien. Je ne sais pas, j’en sais rien. Non, je crois que la pire, c’est la trahison par l’être aimé… Rah, on dirait un film à l’eau de rose, bon sang. Destin, Cupidon, cassez vous, vous êtes chiants !


Ah…
L’aurore…
Elle voyait l’aurore qui se levait, songe parmi d’autres, qui chassait tous ses tourments inutiles qu’elle exacerbait inconsciemment. Le soleil qui pointait un rayon, puis un autre, éclairant les rues, les routes, les chemins qui serpentaient doucement le long de la forêt. Les arbres se paraient de couleur, la chlorophylle se remettait en marche, et les fleurs s’épanouissaient, corolles colorées et nectar parfumé… Euphorie.
Quelle utopie.

L’aube ne se levait pas. Le crépuscule tombait. Ou la nuit durait. Mais pourquoi comparer une vie à une nuit ? Sa vie n’était pas perpétuellement ombrée, elle était même parfois tellement ensoleillée qu’elle n’en pouvait pas… Elle sortait son ombrelle, et voila, la vie semblait plus fade, plus terne. Elle mettait ses lunettes, et ça y est, la vie redevenait noire.
Son ombrelle et ses lunettes, elle n’arrivait plus à les enlever, ironie. Elle s’était piégée elle-même, peut-être bien. Mais tout ceci n’est que suppositions. Qui pouvait être assez bien placé pour clamer haut et fort que Rikka Boyd était masochiste et se créait des problèmes ? Si elle n’avait pas demandé à Elliot de sortir avec elle par pur caprice, tout cela ne serait pas arrivé, et elle ne serait certainement pas dans cet état.
Mais là, sous la pluie, pleurante de douleur ou de rage, qu’y pouvait elle. A part continuer à se cramponner désespérément à Keiko, résistant à l’envie de l’enserrer de ses bras pâles, presque luisants ans la nuit. Tandis que lui, seule son écharpe blanche indiquait de loin qu’il était là. La clarté blafarde qu’il restait, faible mais présente, se reflétait sur ce tissu qu’elle aurait dû prendre, mais elle était trop stupide pour y penser. Trop inconsciente.
Non, je ne suis pas un ange…

Il passa son pouce sur sa joue, elle ne put retenir un frisson. Sa peau était chaude, insufflant des vagues de chaleurs sur sa joue glacée par le froid qui lui rabattait les cheveux sur le visage. Ils avaient poussés n’importe comment, faute de coiffeurs…
Il lui dit qu’elle était là. Comme s’il l’attendait. Elle aussi elle attendait quelqu’un. Peut-être qu’ils s’attendaient tous les deux ? Peut-être que lui aussi, il avait besoin de quelqu’un pour survivre ? Peut-être que c’était lui, la personne qu’elle attendait depuis maintenant plusieurs mois ? Qu’il la tirerait de sa routine, qui la relèverait ?

Avouons le ; ce ne pouvait être.

Il lui dit qu’il était là aussi. Elle releva les yeux, affrontant ce regard sombre, aux traits tirés par la fatigue et rougis, bouffis par les pleurs qui salissaient son visage brun, à lui aussi. Elle resta là, avant de s’arrêter de pleurer, enfin. Elle n’arrivait plus, comme si elle avait épuisé toutes ses réserves de larmes accumulées depuis des mois, pour tous les coups bas qu’il lui avait fait… Pour tout ce qu’elle s’était infligé… Pour tout ce qu’elle méritait, tout ce qu’elle n’aurait pas du avoir, tout ce qu’elle avait pu encaisser…
Pour tout ça, Rikka abandonna ses défenses et le serra dans ses bras, totalement impulsive, criante intérieurement de soulagement. Elle avait vraiment trouvé quelqu’un comme elle, peut-être ? Qui pleurait pour tout ? Qui n’arrivait pas à dormir lorsque les remords ou regrets le tiraillait ?


« Oui, articula-t-elle. Je suis… là. »

Cette phrase idiote qui avait jaillit de sa bouche, tandis qu’elle était là, enserrant le cou de cet homme, plongeant sa tête. Si c’était réel, si cette scène n’était pas qu’un rêve, elle verrait peut-être à quel point la vie est belle, lorsque la solitude disparaît. Qu’y avait-il de plus horrible que la solitude ?
    Raté, Cupidon, même toi, tu ne peux rien contre Dame Solitude. Allez, viens dans mes bras, serre moi contre toi, que je respire enfin par tes propres poumons que je te volerai.

Voleuse, tricheuse, pleurnicheuse. Comédienne, manipulatrice, calculatrice. Tant de mots que personne n’oserait utiliser pour qualifier Rikka Boyd – ou quelqu’un qui se laissait apitoyer par la cruauté de cette femme, aux airs battus mais qui ne trouvait rien de douloureux à tout ça, finalement. Sinon, cela ferait longtemps qu’elle s’en serait sortie, de toute cette histoire, par une amourette ou… par d’autres moyens.


« Qui es-tu ? » murmura-t-elle à l’oreille de Keiko.

Qui es-tu ? Comment te nommes-tu ? Tant de questions affreusement banales qui résonnaient dans toutes les conversations entre deux personnes qui se rencontraient, de nos jours. Elle ferma les yeux, sentait le cœur de l’homme contre sa poitrine, oubliant le sien. Elle voulait tout calquer sur lui, vivre aux dépens de cette personne, la laissant la guider…
Mais c’était parce qu’elle n’y arrivait pas seule. Alors, ils restaient là, pauvre génération, sans buts. Enfermés, torturés, devenus masochistes ou horriblement désespérés ; elle était peut-être totalement normale, après tout. Peut-être qu’elle avait la réaction d’une personne normale et équilibrée face à l’hostilité déclarée des I.

Peut-être. Tout n’est que suppositions avec cette femme. Questions sans réponses, peut-être bien.

Dans le monde réel, toutes les questions ne sont pas résolues. Nombre de personnes se taisent, de peur des conséquences de leurs paroles et de leurs gestes… Aussi cruelle soit-elle, la Vérité était inaccessible par eux, pauvre humains échoués dans un manoir sur sa colline, accueil des personnes prises sous une averse semblable à celle qui allait empirer le rhume de la fille pelotonnée contre un inconnu.


« J’ai froid » murmura-t-elle inutilement.

Ils étaient détrempés, mouillés jusqu’à la moelle, le vent les fouettaient régulièrement, comment aurait-elle pu ne pas avoir froid ? Agenouillée dans la terre humide, l’odeur qui s’émanait doucement la ravissait presque. L’odeur de terre mouillée était agréable, mais.
Elle éternua.
Son gorge s’enrouait, mais elle n’arrivait pas à bouger, comme bloquée.

Ah ! Que c’était facile de prétendre qu’on était bloquée ! Alors qu’on pouvait tout simplement avouer qu’on ne désirait que rester là pour que la personne qu’on souhaitait vampiriser nous prête ses forces…
Mais Rikka savait bien qu’il était aussi désespéré qu’elle, sinon plus. Que pouvait-elle espérer d’une telle personne qui lui était s semblable au premier coup d’oeil ?
Rien.
Peut-être qu’il n’était pas celui qu’elle attendait, après tout…

Ce n’était pas encore le moment, peut-être.
    Cupidon, Dame Solitude, Destin ou que sais-je, vous êtes des enfoirés.


Elle se cramponna encore plus à lui, refusant de lâcher sous aucun prétexte, refusant de le laisser partir, lui qui pouvait peut-être la comprendre, lui à qui elle pourrait peut-être parler…
Elle n’avait presque personne. Dame Solitude, enfoirée.

C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle s’accroche à quelqu’un, même au dernier des idiots. Il lui fallait.
Désespérément.
Ce n’était qu’une imbécile, en fin de compte, au cœur trop gros et à l’appétit vorace. L’appétit de joie, sans doute, la faim de bonheur, cette chose, comme une brioche chaude l’hiver, une écharpe épaisse, ou encore des gants, peut-être même quelqu’un qui est proche dans ses bras… Ou quelqu’un qui touchait ses cheveux, doucement, comme s’il avait peur de les abîmer…
Ou peut-être bien qu’il n’était qu’une utopie, lui aussi. Mais s’il y avait bien une chose en quoi elle croyait, aussi imbécile que ça soit, c’était bien en Mister Bonheur, ce salaud qui se faisait bien rare ces temps ci, en ces lieux sordides. Un flemmard atroce, qui ne se montrait que pour des occasions bien sélectionnées, qui finissait toujours par stopper son pouvoir, fatigué, las, de se dépenser pour l’euphorie des autres et pas la sienne…
Cela devait être un dur métier.

Le malheur des uns faisait le malheur des autres. Pourquoi pas l’inverse ? Le monde était injuste envers ces pauvres âmes paumées dans leur vie, plantées dans un décor qu’elles ne reconnaissaient pas, trop fatiguées, trop ébréchées et cabossées par un vie ingrate, par la ligue de ces quatre imbéciles qui s’amusaient à foutre en l’air aussi joyeusement que possible la vie des autres, pour le plaisir de les voir se déchirer.
Les I pourraient être ces personnes…
Les habitants étaient bien perfectionnistes, bien mauvais perdants. Contre eux, que pouvait-on faire ? A part se taire, patienter, et attendre qu’on veuille bien nous manger.
Rikka n’en pouvait plus d’attendre.


« Je m’appelle Rikka » souffla-t-elle, concluant cette phase de sa vie.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeVen 22 Aoû 2008 - 21:21

La joue de Rikka etait douce. Une joue de poupee, parfaite et ronde, une joue blanche comme poudree, une joue d'enfant comme si elle n'avait jamais quitte le pays de l'innocence. Cependant, si c'etait le cas, pourquoi avait-il un tel visage, lui? Cette machoire carree encadree de sombres cheveux raides et sans forme definie n'etait pas tres enfantine.. Les cheveux de Rikka etaient de longs filaments soyeux, qui ressemblait a la toile d'une araignee, sauf que c'etait eux qui s'etaient faits pieger sur les joues mouilles de la jeune fille. C'etait elle qui etait belle, elle ressemblait a une jolie marionette appretee dans la chambre d'une petite fille. Une marionette triste dont les joues roses etaient un peu plus vives, dont les yeux etaient un peu plus rouges, stries de petits vaisseaux a peine visibles. Une marionette que l'on craignait de desarticuler au moindre geste deplace, parfaite mais delicate et triste. Bien entendu la perception de la beaute de Keiko etait bien differente de celle des garcons de son age et reposait surtout sur le visage, sur les longs cils de Rikka se penchant sur ses yeux noirs, y deposant les quelques gouttes qu'ils avaient amasses, sur ses fines levres roses deformees par les sanglots, sur ses sourcils crispes, nerveux, qui devaient pourtant tant arrondir son visage lorsqu'elle etait heureuse.

Elle qui se trouvait si laide, il la trouvait resplendissante, et peut-etre ce sentiment etait-il reciproque. Elle releva enfin un peu les yeux vers lui. L'inconnue avait le meme regard sombre que lui, ses yeux noirs scrutant le visage du garcon sans sembler savoir ce qu'ils recherchaient. Keiko la regardait egalement dans les yeux, meme si il n'osait pas affronter ce regard si vrai de celle qui venait de lui livrer son coeur empalé. Elle n'avait pas parle, il n'avait dit que deux phrases cependant ils savaient s'etre livres leurs emotions sans preavis, sans aucune delicatesse. Cette brutalite ne lui etait pas nefaste, c'etait comme une corde qui lui rapait durement les mains lorsqu'il la saisissait mais la seule aide qu'il pouvait avoir pour se sortir des sables mouvants dans lesquels il etait pres de sombrer. A ce moment, il devait etre a peu pres aux epaules. Il pouvait respirer, bouger les bras mais deja son corps etait emprisone dans l'etau de sa solitude. Ce fut alors que cette corde ou cette mince ficelle parla a son tour, pour lui dire qu'elle etait la. Cette remarque pouvait paraitre bien fortuite, comme le reste de la conversation, et surtout parfaitement stupide car si ils pouvaient se voir, se toucher, c'etait qu'ils etaient bien la tous les deux. Si quelqu'un les surprenaient, il pourrait penser que c'etait deux malades mentaux dans un delire. Quoique, c'etait pas si faux, dans un sens... Mais cette remarque, faite par la voix chuchotante et hesitente de la jeune fille, prenait tout son sens pour lui, et le reconfortait dans la penible tristesse qui s'etait abattue sur ses epaules.

Elle etait la. Elle etait devant lui, et a present se jetait dans ses bras. Il fut d'abord etonne par cette marque d'affeciton que l'on portait lorsqu'on etait joyeux. Pour lui, ce genre d'accolade devaient marquer les rires, les sourires, une certaine complicite. Il n'aurait jamais pu imaginer qu'elle se sentait complice dans sa tristesse. Coupables d'avoir cru en quelque chose qui n'avait jamais pu se realiser. Aucun d'eux ne connaissait la raison de la tristesse de l'autre, mais ils se sentaient deux. Deux contre un, un seul, celui qui aurait pu orchestrer tout ca et celui qui riait de les voir si seuls, lui si haut. Deux contre quatre, ceux qui les regardaient en silence et souriaient de les voir tant souffrir. Deux contre tout, et le jeu devenait injuste. Eux dont les bras tremblant a present tenaient l'autre, Rikka agrippant l'echarpe blanche du garcon, Keiko attrapant les longs fils de tenebres de sa chevelure... Ne plus bouger. Devenir statues pour l'eternite. Trouver la quietude inquiete qu'ils ressentaient. Quietude quand meme... Rester ainsi, trouver la chaleur qu'ils recherchaient. Qui es-tu? La question faillit faire sursauter Keiko, pourtant la question etait un simple murmure, les levres de Rikka tout pres de son oreille, il en sentait son souffle caressant. Qui etait-il?

Keiko Ehi'No, 25 ans, et il avait rate sa vie.

Il aurait pu repondre ca, car c'etait vrai. C'etait tout simplement ce qu'il se disait de temps en temps. Il avait rate sa vie, des le debut, des la naissance. On l'avait condamne a errer dans l'obscurite. Des le debut, on lui avait impose des barrieres. Tu ne sauras rien. Tu ne sauras jamais retenir. Tu resteras comme ca, comme un enfant. Ses parents ne semblaient pas, devant lui, prendre cela mal. Pourtant, il savait qu'ils etaient tristes de l'avoir. Plusieurs fois, il avait vu l'eclat triste et las des yeux de son pere, les gestes et les cernes de sa mere qui devait tout faire pour lui. Elle devait se dire qu'il etait encore bienheureux qu'il soit propre, mais c'etait un poids. Un poids, n'est-ce-pas. Les yeux de Keiko se remplirent de tristesse, lui qui avait seche ses larmes un instant plus tot, et enfouit sa tete dans la chevelure noire, tremblant. Elle avait peut-etre mal compris sa reaction, peut-etre le trouvait-elle bizarre. Peut-etre que leur heureuse entente des premiers instants etait brises. Non... Non ! Il serrait la jeune fille contre lui, ne voulant pas se degager de son etreinte. Non... Pas elle aussi.

Elle lui dit qu'elle avait froid. Il se rendit soudainement compte qu'en effet le climat n'etait pas celui qui convenait le mieux pour rester ainsi dans la foret. La pluei etait froide, elle etait de ces pluies qui en deux petites minutes vous trempaient jusqu'a l'os ,vous trempait pour de longues heures. C'etait de ces pluies qui rendaient malades et faibles, comme en temoingait l'eternuement discret que la jeune fille emit a ce moment la. C'etait de ces pluies qui ne semblaient jamais s'arreter de couler. Il n'y avait aucun vent, si ce n'etait ce petit courant glacial qui serpentait entre les arbres. La boue tachaient leurs vetements, les bottes de Keiko en etaient maculees et l'echarpe blanche, elle, n'etait plus si immaculee. La voix de Rikka tremblait. C'etait une voix de malade, une voix un peu enrouee, qui ne pouvait laisser passer qu'un filet de voix aigu et triste.

Il la sentit s'eloigner de lui, un instant. Pas physiquement, mais elle sentait que son regard s'en allait vers les arbres. Elle se posait des questions. Elle n'avait plus besoin de lui. La petite poupee etait peut-etre deja requinquee et ne voulait plus de ce poids inutile qu'etait son existence. Il l'agrippa et gemit


"Non!"

C'etait egalement une petite voix, une voix etonnament aigue par rapport a son gabarit et meme par rapport a sa voix habituelle, un timbre grave, un peu rocailleux par moment, une voix d'homme adulte parfaitement normal. A ce moment, il ne voulait plus singer l'adulte, il voulait etre l'enfant qui implore et fait pitie. Meme par pitie, il voulait qu'elle reste, meme si ce n'etait qu'une pietre compatissance, un sentiment de charite pure pour ce pauvre homme qui aurait pu se trainer par terre pour elle, se retenir a sa chaussure pour un seul de ses regards. Elle etait son ange, il semblait avoir reussi a eponger une petite partie de sa peine, mais allait-elle le laisser ainsi seul, son coeur gonfle des chagrins qu'il avait reussi a epancher? Non, elle lui roffrit son etreinte chaleureuse, le serrant meme plus fort que lui, l'etouffant presque un petit instant. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils pensaient la meme chose de l'autre, qu'ils avaient eu le meme instinct en meme temps de se rattraper a celui qu'ils pensaient voir s'enfuir.

C'etait le dernier des idiots, peut-etre.

C'etait la derniere des imbeciles, peut-etre.

Tant pis. Tant mieux?

Les mains de Keiko tenaient ses cheveux, les laissant quand meme filer un minimum, pour ne pas les tirer, pour ne pas les briser. Il etait si beau ce voile de nuit qui etait a portee de main. Elles etaient si belles les tenebres dans ses yeux tristes. Pourquoi aimer la lumiere qui faisait si mal aux yeux des pauvres vers qu'ils etaient? Erafles, egratignes, ecrases, ils n'avaient plus qu'a panser leurs plaies respectives avant d'essayer de se relever et d'affronter la lumiere. En attendant, ils pouvaient toujours savourer la nuit... elle etait moins dure a aimer, elle qui nous tendait la main, elle qui a present nous serrait dans ses bras.

Et ainsi serree contre lui, petite fee entre les mains d'un geant, elle lui dit son nom comme un secret a garder, comme si c'etait son ame qu'elle lui confiait. Un ton prudent, mais en meme temps confiant. Confiant? Elle faisait confiance a lui, dont elle ne connaissait rien, meme pas son nom? Elle lui confiait son nom avec une etendue de souvenirs indecis, a travers les yeux qu'il ne voyait pas, a travers cette petite voix tremblante qui racontait d'elle-meme une partie des sentiments qu'elle avait eprouves. Peur, accablement.. Mais cet espoir, cet espoir qui mangeait tout, cet espoir stupide qui la raccrochait quelque chose, l'espoir de trouver quelqu'un qui ne la laisse pas tomber et ne brise pas ses faibles et fragiles sentiments positifs.

Rikka.

Un nom qui sonnait etrangement.. Le doux son du Ri puis soudainement le son ka, qui contrebalance... La beaute et la brutalite, le petit son montant du Ri, un desir, une attente... Un accent dans la conversation, un petit son chantant ,et soudain la brisure, la fracture, la rupture, tout part en eclats d'un seul coup de cette voyelle energique et qui lui paraissait si sombre... Rikka. Son seul nom semblait resumer ce qu'elle etait, ce qu'elle faisait dans cette foret, la, a serrer dans ses bras cet inconnu. Elle voulait rester a "Ri" pour toujours, mais sachant que la fatalite tomberait toujours, on ne pouvait tenir eternellement un son. Il tremblerait, faiblirait, et l'on serait oblige de passer a autre chose.


"Ri..kka" repeta-t-il faiblement. Il tenta d'armortir le plus possible cette syllabe, chuchotant du mieux qu'il pouvait de sa voix chaleureuse a nouveau, baissant un peu la voix... Keiko ferma les yeux, laissant un petit silence s'installer entre eux. Seul le sussurement chuintant de la pluie continuait a siffler dans leurs oreilles. Elle lui avait demande qui il etait, lui. La reponse qu'il avait formulee dans sa tete auparavant suffirait-elle? Il avait deja oublie la moitie.. Il ne devait pas le faire attendre... Les yeux toujours fermes, il chuchota a l'oreille de Rikka

"Keiko."

Etait-ce la bonne reponse? Bien sur, lui disait son esprit. Tu t'apelles Keiko, tu aurais deja oublie? Tu es tellement bete... Il se disait pourtant qu'il aurait pu rajouter quelque chose, preciser, parler davantage pour entretenir une conversation. Non. Keiko, juste Keiko. C'etait bien ainsi. Pas de futilites. Juste Keiko. Ce fut la premiere fois qu'il se posa des questions sur son prenom. Son pere venait d'un pays apelle l'Afrik ou les noms ne ressemblaient pas a Keiko. Mais c'etait de la d'ou venait Ehi'No. Sa mere venait de France, lui semblait-il. Et il ne lui semblait pas avoir rencontre des Keiko. Mais il avait rencontre une Sonia. Une Sonia? D'ou venait donc ce nom? Encore une fois sa memoire s'embrouilla, mais il ne tira de l'evocation passagere de ce prenom qu'une douleur qui lui tiraillait le coeur. Oublier, oublier, oublier. Oublier toute interrogation. Ne plus reflechir. C'etait trop douloureux...

Doucement, Keiko se detacha d'elle, gardant ses mains bien serres sur ses fins bras. Non, il ne partait pas. Il voulait juste voir le visage de Rikka en face. Les yeux noirs du garcon devisagerent timidement la jeune fille. Ses yeux n'etaient plus gonfles par la tristesse. Elle etait jolie. Belle. Ses yeux tristes et inquiets lui donnaient l'air plus enfantin, il se sentait un peu plus proche d'elle... Ce n;etait qu'une illusion. Il resterait toujours bete, incapable de la regarder autre que son ange, incapable de raisonner, incapable de se dire que cette situation etait stupide ! Peut-etre valait-il meiux que cela soit mieux ainsi. Ils savaient a present le nom de chacun, se les etant murmures, au creux de l'oreille. Cela impliquait une certaine forme de complicite. Dans quel sens? Keiko sourit de nouveau, les yeux lourds de larmes qui auraient voulu s'ecouler. Il aurait aime... Il aurait tant voulu... Son sourire sonnait faux. Il l'effaca tout de suite de ses levres. Ne pas jouer la carte de l'hypocrisie. Il ne voulait pas, il ne pouvait tout simplement pas regarder Rikka dans les yeux en souriant de cette maniere.

Lorsqu'il avait le visage aussi grave, Keiko semblait etre quelqu'un de normal. Son physique d'adulte lui allait pour une fois. La regardant dans les yeux, les sourcils legerements penches sur ses yeux en une expression d'impuissance et d'inquietude, ses fines levres serrees, il se tenait a genoux, tenant encore Rikka par les epaules, sa poigne forte qu'il ne maitrisait pas faisant peut-etre mal a la jolie poupee de cire. Il baissa le regard sur ces mains serrees, ces mains sales et maladroites qui ne faisaient que des... Ces mains qui... Qui... Il retira precipitemment ses doigts des epaules de Rikka et la regarda, d'un air mi-inquiet mi-triste. Lui avait-il fait du mal? Il avait cru voir son expression se raidir, un instant... Il avait du lui faire du mal... Ouvrant la bouche, il resta un moment sans pouvoir articuler quoi que ce soit. O, mots, pourriez vous parfois venir a mes levres, si vous ne voulez pas venir au bout de mon crayon? Pourriez vous me faire cette petite faveur au lieu de s'accrocher au fond de ma gorge, de mon esprit, sans que je ne puisse rien faire? Finalement, il parla. Non, il balbutia quelques syllabes qui ne voulaient rien dire. Cette voix brisee, eraflee comme ses pensees qui comme un puzzle venaient de se fracturer en mille morceaux. Ou etait donc la merveilleuse lucidite qu'il avait ressentie, ou etait donc parti son esprit pour qu'il raisonne?

Et la revoila, la nuit. Mais pas l'apaisante nuit fraiche que degageait les yeux de Rikka. C'etait la nuit, la nuit qui brulait, eparpillait, celle qui faisait peur. Celle qui lui faisait peur a lui si faible. Que pensait-il? Que faisait-il? Que devait-il faire? Il tremblait, les mains sur le sol, s'accrochant a une poignee de terre comme si il allait s'envoler. S'envoler dans ses pensees... Non. Tomber, comme il l'avait toujours fait, tomber de plus en plus bas dans un abime sans fond. Son pouls devenait de plus en plus rapide, il sentait sa tente battre desagreablement, ses poumons qui ne pompaient plus l'air qu'il fallait.. Ou etait l'air si pur qu'il respirait, ou etait la corde qui devait le retenir, ou etait toutes les certitudes qu'il pensait avoir? Lorsqu'il etait lucide, il preferait etre bete. Mais lorsqu'il se retrouva dans l'opacite reelle de ses pensees, il voulut crier, mais sa voix ne lui obeissait pas. Que devait-il dire? Que voulait-il dire? Pourquoi Rikka le regardait comme ca? Elle le prenait pour un fou, c'etait bien ca? Un fou, un imbecile, tout ce qu'elle voulait... Mais ce n'etait pas une personne a frequenter n'est ce pas, ca serait un poids, un poids, n'est ce pas?
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeVen 22 Aoû 2008 - 21:21

Les sanglots. Encore. Il etait faible, si faible par rapport a cette araignee qui le devorait, lui qui a force de se debattre pour s'echapper, s'entortillait encore plus dans les filins gluants de l'arachnide. Si faible, que toute echappatoire consistait a pleurer, pas les memes larmes ameres que tout a l'heure. Que penser, que penser, redevenir lucide, avoir une lueur d'intelligence, seulement etre a la hauteur de... Simplement pouvoir...

"Pardonnez moi..."

Encore des excuses. Tu ne sais pas faire autre chose. Il mit les mains contre son visage, essayant de rester coherent. Penser. Penser.

"Pardonnez moi...."

Encore une fois.... Pourquoi? A quoi ca te servira de t'excuser aupres d'elle, regarde la, elle te prend deja pour un fou, peut-etre est-elle en ce moement meme de te prendre en pitie... Tu lui fais pitie, pitie ! Ce n'est que de la compassion qu'on peut eprouver pour toi.. Keiko enleva l'une de ses mains, l'ecarta juste un petit peu de ses yeux sombres pour apercevoir Rikka. Que pensait-elle de lui a ce moment, comment pourrait-elle considerer une telle personne? Penser. Penser. Ne pas partir loin autre part. C'etait si dur. Les autres, eux, y arrivaient. Il les avait toujours admire. Ils l'avaient toujours meprises. Pas Sonia. Oh non, encore elle.. Encore elle... Encore elle..... Il remit les mains devant les yeux, sanglotant

"Ne me regardez pas, je suis si bete...."

Oui, voila. Qu'elle ne le regarde pas. Ca vaudrait mieux que la pitie ou la compassion. Elle avait froid. Tout ce qu'il pouvait faire... C'etait.. Mais pourquoi il pensait au froid? Il devait bien epnser a quelque chose avant... Sans savoir pourquoi, il defit son echarpe et la tendit a Rikka

"Pour ne plus.. Avoir... froid.. C'est tout.. Ce que ... ce ... que.... "

Il avait croise son regard. Il ne savait le decrypter. C'est tout ce que je peux faire pour vous. C'etait tout ce que je sais faire. Juste tendre une main qui tient une echarpe. Juste repenser au fait que vous avez froid. Je veux veiller sur vous mais je suis si bete, je ne comprend jamais rien... Je suis si bete que je ne sais jamais rien, je ne sais jamais quoi faire... Il finit par dire

"Ce que.... Ce que je peux faire pour.. commencer a vous aider... N'ayez plus froid... Pardonnez moi."

Il put lui sourire a travers ses larmes. Il ne savait rien faire. Peut-etre ne pourrait il rien pour elle... Mais .. Il allait essayer. Il fallait un debut a tout. Une echarpe blanche tendue. Des lambeaux de pensees. Il pensait l'aider a present. Il pensait pouvoir reussir. Il etait juste bete.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeDim 24 Aoû 2008 - 20:09

Rika toorna la tete, cracha a la figure 2 keiko é ce leva.

"Crève !!!!!!"

puis L partat verre le pensiona.

~FIN~
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeLun 25 Aoû 2008 - 16:35

Keiko.
C’était un nom de chez elle, ça, non… ? Un nom d’orient, exotique, qui faisait rêver nombre de jeunes filles utopiques, passionnées par ces pays qui leur semblaient tant merveilleux, tant sublimes, alors qu’il n’en était souvent rien. Que ce n’était que des illusions inutiles, rêves perdus ou encore rumeurs infondées sur la réalité. Mais que diable, il valait mieux rêver que faire des cauchemars.
Un long cauchemar…
C’était peut-être ça, après tout. Peut-être que depuis le début, elle ne faisait que tout s’imaginer, qu’il n’était pas là, contre elle, les yeux fermés, à lui chuchoter son prénom à l’oreille. Elle pensait que ces instants duraient des minutes entières, voire des heures peut-être, tant sur le moment elle était prise dans un flottement qu’elle ne voulait pas réprimer. Peut-être que c’était toujours ça avec les instants tristes, ils duraient plus longtemps que les instants heureux. Comme dans un film. Le réalisateur s’attardait le plus possible sur une scène, un évènement, deux personnages peut-être, voire des émotions inscrites ou bien le balancement puis le détachement d’une feuille à sa branche.

Il se détacha d’elle, poupée de porcelaine, pour la dévisager, timidement, à moitié masqué par ses mèches tombantes. Rikka ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire tant il lui paraissait mignon. Il avait un petit air d’enfant, un enfant qui essayait d’observer discrètement quelqu’un, sans réussir à retenir son petit rougissement à l’idée qu’on le voie et sans se rendre compte qu’il était quasiment le centre de l’attention.
Contemplation muette.
Le grand Brun et la petite Blanche. Brune était un jeune homme toujours un peu dans l’enfance, avec ce petit spectre de gamin qui menaçait de ressortir à tout moments pour étendre son emprise sur lui. Blanche était une jeune fille manipulable à souhaits et détestable pour cette raison, qui ne demandait qu’à s’en aller.
Brun et Blanche étaient des êtes idiots, faibles et perdus, mais qui se ressemble s’assemble, Blanche et Brun étaient ensemble, là, assis dans l’herbe humide. Avec la pluie qui leur offrait une accalmie, comme subjuguée par ce couple impensable mais pourtant devant ses millions d’yeux. Blanche et Brun se regardaient, Brun le visage de Blanche et Blanche de visage de Brun.

Keiko cassa le délire de Rikka en la relâchant brusquement, l’inquiétude brossée sur son visage. Elle le regarda, surprise, avant de comprendre la raison de son mouvement. Lorsqu’elle avait pensé à Brun et Blanche elle avait du raidir l’expression de son visage, grimacer ou peut-être bien tordre son léger sourire qui avait continué à flotter sur ses lèvres, éclair fugace.

Avance Rapide.

La nuit était tombée depuis plusieurs minutes, vraiment. Avant, c’était des pseudo-ténèbres, engendrées par les nuages qui masquaient le soleil et sa lumière. Elle le vit planter ses doigts dans la terre, comme si le souffle frais du vent qui, apaisé, cessait peu à peu de les torturer, allait l’arracher du sol. Que faisait-il ? Elle ne comprenait pas…
Pas plus que les gens quand il la voyaient…
Elle écarquilla les yeux. Et elle se demanda si les gens se disaient toujours la même chose lorsqu’il s la voyaient pleurer pour la énième fois, secouée par ses propres sanglots, et que l’air lui manquait tellement qu’elle était obligée de prendre des grandes inspirations pour ne pas s’étouffer. Est-ce qu’ils se disaient toujours « on dirait une folle », « elle ne va pas bien dans sa tête » ou bien « ne la regardons pas, elle n’est pas belle à voir » comme elle était en train de penser en voyant l’homme devant elle ?
Et elle se dit que, aussi mauvaises langues qu’ils soient, les gens avaient raison de penser cela. La douleur, la tristesse n’embellissait jamais les gens. Ils finissaient toujours par devenir laids, tordus par la douleur. Même la femme la plus magnifique pouvait finir ainsi, juste par des larmes qui brouillaient tout son maquillage, qui décollaient son masque ou encore qui lui enflaient les yeux. Keiko et elle était bien fous, mais pas fous, trompés par la folie qui s’emparait de leurs cerveaux et de leur esprit, mais plutôt par la folie des émotions qui les happaient, comme s’ils n’étaient que des jouets à qui on donnait n’importe quelle expression, n’importe quelle ressentiment. Ah, que c’était dur d’être de simples humains, détestablement et pitoyablement fragiles. Rikka n’allait pas bien dans sa tête, effectivement, elle n’en avait plus, elle l’avait perdue, vraiment perdue, elle l’avait abandonnée au coin de la rue pour se sentir plus légère, avant qu’on ne lui tombe dessus. Qu’on l’assassine. Qu’on lui fasse mourir son esprit. Rikka n’était peut-être plus saine d’esprit. Peut-être un peu folle. Un peu torturée. Un peu étrange mais pourtant normale. Peut-être en était-il de même pour Keiko ? Il avait abandonné sa tête et sa rationalité au coin de la rue ?

Il se mit à pleurer.
Elle se retint de l’accompagner.

Elle s’affola. Pourquoi pleurait-il ? Pourquoi ? Il avait l’air de s’être calmé pourtant, pourquoi continuait-il à souffrir ainsi, à se faire souffrir en pleurant, pourquoi continuer à pleurer ? « Pardonnez-moi. » Il plaça ses mains sur son visage de façon à ce que Rikka, apeurée, ne puisse plus le voir. Elle était surprise. Mais qu’avait-il ?

Est-ce que les gens éprouvent tout le temps cela lorsqu’ils la voient sangloter pour la première, seconde ou troisième fois ?

Ce sentiment d’urgence, de surprise, mêlé à de la pitié, peut-être. Qu’on devait tout faire pour la personne, et rapidement, avant qu’elle ne soit encore plus malheureuse, enfoncée par le manque d’aire de quelqu’un d’autre. Vite, vite, il fallait se presser, il ne devait pas rester ainsi… Il lui redemanda son pardon.


« Mais… » murmura-t-elle, ne voulant casser leur complicité par les murmures.

Elle le vit entrouvrir les doigts, et elle comprit que peut-être, elle avait été une imbécile de tout le temps pleurnicher. Il semblait tellement plus malheureux qu’elle, même s’il parlait de façon étrange… Que même si elle était triste, tant de larmes étaient inutiles, qu’elle n’aurait pas dû les verser mais rester debout, pas accroupie, le dos rond pour qu’on lui tape dessus. Elle aurait dû se relever, ouais, elle n’aurait pas dû laisser tout le monde la manipuler.

Je veux m’en aller.

Ils se regardaient, de leurs yeux noirs, incapable de faire quoi que ce soit l’un pour l’autre. Dominos.
Elle sentit son cœur enfler, mais elle refusait de se remettre à pleurer. Elle voulait être forte maintenant, ouais, elle voulait leur montrer qu’elle n’était pas qu’une pleurnicheuse, qu’elle pouvait tout faire, qu’elle pouvait subir et prendre sur elle sans s’écrouler immédiatement ou presque, que même si elle devait porter le monde, elle pouvait le supporter et continuer à le hisser et à se hisser avec.

Elle pleura.

L’écharpe qu’il lui tendit se retrouva immédiatement trempée, tandis qu’elle l’enroulait autour de son cou. Elle était grande, si grande que même avec deux tour elle lui tombait encore sur les genoux. Elle se redressa, et avec sa manche, se répétant la phrase miracle, elle essuya son propre visage. Sourire. Elle lui rendit son sourire, un grand sourire cette fois, quoi qu’un peu désespéré et crispé, mais elle souriait. Et elle voulait le conserver ce sourire. Elle était debout, lui assis. Si elle ne pouvait le relever, elle n’avait qu’à faire la théorie des dominos à l’envers. Elle s’assit à côté de lui et non en face, et de ce qu’il lui restait de l’écharpe, elle l’enroula autour de son cou à lui, en gardant ce qu’elle avait sur son cou à elle.
Elle resta là, à observer en silence les arbres qui se trémoussaient, la tête appuyée sur l’épaule de son compagnon d’infortune. Elle éternua, mais n’avait que faire de ça. Elle voulait tout simplement tenir le plus longtemps possible dehors, peut-être pour se prouver qu’elle était forte, même si elle se voilait la face. Qu’elle avait les mêmes capacités que quelqu’un de normal…
Quelqu’un de normal.
Depuis quelques instants elle n’avait plus que ça dans l’esprit. Elle était quelqu’un de normal. Mais la normalité était-elle possible ? Qu’était la normalité ? Le fait que quelqu’un n’était pas différent ? Merci bien, mais non, ce n’est pas une bonne définition ? Normalité. Étendue ou type de comportements considérés comme acceptables par un groupe social ou culturel. Ca, c’était la définition du dictionnaire. Normalité. Fait que quelqu’un est considéré comme équilibré. Ca, c’était celle de Rikka.
Que la normalité était ennuyeuse.


« Tu n’es pas plus bête que moi » répondit-elle, plusieurs minutes après, à une des premières tirades ensanglotées* de Keiko.

Fermant les yeux, Mademoiselle l’Ange, victime de Cupidon, Dame Solitude, Destin et Mister Bonheur aussi appelée Blanche contemplait l’étendue du trou noir qui la séparait des idées logiques. Qu’y pouvait-elle ? Elle était folle. Quasiment folle. Elle avait presque perdu la tête et ne vivait pratiquement que dans une psychose continue. Sans but et sans pourquoi, elle gardait les yeux clos sur tout ça, ne voulant l’admettre, ne désirant u plus profond de ses actes que d’être considérée, enfin, comme quelqu’un d’équilibré. C’était plus fort qu’elle, cette envie. Comme le désire de s’accrocher sur quelqu’un.


« Parle moi » continua-t-elle, toujours aussi bas et les paupières toujours closes. « Raconte moi pourquoi tu pleures. »

Que je ne me sente plus seule.
Que je comprenne pourquoi les autres pleurent.

Elle ne désirait plus continuer à errer dans le noir, à toujours se faire sortir du fond du trou par quelqu’un d’autre, à continuer à creuser sa tombe alors qu’elle avait déjà touché le fond. Peut-être qu’on se rendait compte qu’on avait touché le fond une fois qu’on n’arrivait plus à tomber plus bas. Elle n’y arrivait plus. Elle avait presque tout fait en bonne dépressive. Il ne restait plus qu’une chose sur le tableau pour qu’elle soit sacrée Dépressive Suicidaire de l’année. Quel honneur, merci, c’est un plaisir de recevoir ce trophée.. quelle joie… je voudrais remercier mon imprésario, mes amis, mon manager, le rédacteur, toute l’équipe… je suis très touchée… le public aussi, ceux qui ont voté pour moi… tout le monde… merci, merci…
Non. Ce serait trop simple.

Les gens qui sont le plus à plaindre, c’est pas ceux qui descendent, c’est ceux qui essayent de remonter.

Remonter la pente c’est plus dur que s’asseoir et se laisser glisser jusqu’au fond. Remonter la rivière c’est plus dur que se laisser porter.
Rikka s’était laissée portée, mais c’était fini, maintenant. Elle pouvait réussir, après tout. Pourquoi eux et pas elle, hein ? Pourquoi les gens et pas Rikka Boyd, dix sept ans, née fin mai ? Pourquoi pas l’americano-nippone ?
Ah, qu’elle était bête, cette fille, croire que remonter ça se fait d’un coup.
« Avant de voler, faudrait déjà savoir marcher… Et je ne te parle pas de courir ! »


« Moi je pleure parce que je suis bête. Parce que j’ai tout perdu, que j’ai jeté tout ce que j’aurais dû garder, parce que les seules personnes à pouvoir m’aider sont des personnes trop occupées à se foutre en l’air avec des drogues ou des malheurs pour me tirer du trou. Je pleure parce que je suis une pleurnicheuse, que je suis trop stupide pour comprendre qu’il faut pas pleurer, que je crois en tout et en rien mais pas en ce qu’il faut. Parce que la vie m’a défoncée et que j’arrive pas à défoncer la vie. Je pleure parce que je ne sais faire que ça, pleurer, pour qu’on s’apitoie sur moi et pour qu’on m’aide à sortir du trou dans lequel je me suis jetée, totalement inconsciente, parce que je me suis moi-même jetée dans le trou, sans qu’on m’aide, sans qu’on m’oblige, parce que je suis trop bête. Et parce que je suis incapable de voir ce que les autres voient. Je veux m’en sortir mais j’y arrive pas tout seule, alors je m’accroche à quelqu’un, comme une débile, mais j’arrive pas non plus. Alors je reste assise au fond du trou. Totalement aveugle. »

Aveugle aux tourments des autres, aveugles à ses propres joies, Rikka ne pouvait plus que se blâmer, à présent, elle qui n’avait fait que consumer sa joie, elle qui n’avait qu’essayé d’être encore plus joyeuse pour que les autres la trouvent agréables, elle qui avait quasiment tout perdu. Sa tête, son esprit, son intelligence, ses amies, sa famille, son fiancé, peu à peu tout s’était effiloché avant de lui glisser entre les doigts. Elle avait été incapable de garder tout ça, et maintenant qu’elle n’avait plus rien, elle ne pouvait plus perdre grand-chose, à part se perdre toute seule en essayant de remonter et de sombrer dans un monde aussi noir d’ignorance que celui de Keiko. Elle ne voulait pas, elle voulait que tous ceux qui étaient dans un monde aussi sombre puissent s’en sortir, eux aussi. Volons, volons !

Volons, volons petit oiseau, et que les portes du ciel s’ouvrent… pour sortir du trou, il fallait bien réussir à escalader les parois pour enfin sortir sa tête couverte de boue de ce gouffre qu’on croyait sans fond, infinie descente. Volons, mais volons, bon sang ! Défonçons nos ailes à battre le plus vite possible pour nous enfuir, nous échapper de ce monde atroce, faire une escapade réussie dans ce monde de larmoyants et de gais. Les gais sont toujours les mêmes, les larmoyants eux aussi. Echangeons de rôle, petit oiseau, donne moi tes ailes que moi aussi je puisse partir, ne soit pas égoïste.
L’homme brun devait vraiment la prendre pour une folle, après le long monologue qu’elle avait déclamé, comme une imbécile.

Brun & Blanche étaient assis côté à côte sur la terre détrempée, sous une pluie fine qui se calmait minute après minute, relié l’un à l’autre par une écharpe blanche. Ils n’osaient plus se regarder, ou plutôt Blanche était un peu gênée d’être à côté de Brun et ne savait que faire à part s’épancher et parler de ses tourments pour écouter ceux de Brun. Blanche était belle, Brun était beau, Blanche petite, Brun grand, et tous deux étaient assis tout de même, l’un sur l’autre, pour savourer peut-être cet instant d’ensoleillement sur leurs pitoyables vies.


« Raconte moi » murmura-t-elle, ordre de la nuit, demande du jour.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeLun 25 Aoû 2008 - 16:35

Raconte moi ta vie, raconte moi ce que tu fais ici. Raconte moi tes pleurs, quels goûts ont-ils ? Quels sont ont-ils ? Pourquoi viennent-ils salir ta belle écharpe blanche ? Que fais+-tu ici, au froid ? Je ne t’ai pas vu dans le temple, alors, pourquoi es-tu là ?

La connaissance de l’autre était toujours sommaire, non ? On ne savait jamais tous les secrets, jamais toutes les pensées de l’autre, quoi qu’on tente. On ne récoltait que du vent ou bien des tornades. A semer à torts on ramassait ce qu’on avait fait pousser. Rikka ne se connaissait pas elle-même, comment pouvait-elle connaître les autres ? Elle savait qu’untel était sympa, untelle était superficielle, untel était bête, untel était effroyablement intelligente, mais que pouvait-elle dire des gens qu’elle connaissait ?
Elle ne connaissait personne, en fait, toutes les personnes dont elle savait le passé, les ambitions peut-être, elle les avait perdues. Même la personne avec qui elle était le plus « proche » dans le pensionnat, elle ne savait même pas quel âge il avait. Raconte moi ta vie, et ne dis pas qu’elle est ratée, elle ne le sera jamais autant que la mienne…
Quelle égocentrie de prétendre avoir la vie la plus gâtée. Toi, tu as abandonné ta tête au coin de la rue par choix, lui par caprices de Destin et Mister Bonheur. Ta vie est fânée, mais peut-être est-elle vivace. La sienne ne l’est peut-être pas ?

Ah, et puis que pouvait nous dire sur la vie de Rikka Boyd ?
Elle est parsemées de coups fourrés, de gens qui voulaient sa perte, de moqueries et de coups, mais en fin de comptes… quelle que soit sa vie, elle était là, à côté de Keiko, la tête contre son épaule, et, dissimulé par la nuit, son sourire était néanmoins présent.
Elle était là.




* j’invente des nouveaux mots 8D


OMGWTFBBQ J'AI RÉUSSI *O*
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MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMar 26 Aoû 2008 - 14:23

Sa main tendue sous la pluie le faisait penser a un epouvantail, fige par le temps, crucifie a ses peines comme lui a son baton, qui ne semblait plus buger et ne bougerait jamais. Les corbeaux viendraient et lui picoreraient le visage au lieu de picorer le ble, il resterait ainsi une eternite. Il ne savait pas si elle allait accepter, si elle allait s'enfuir. Elle baisserait peut-etre les yeux, et elle partirait. Elle s'en irait et le laisserait. Et lui, son echarpe ballotee par le vent, il resterait la. Pars. Peut-etre y arriverait-elle sans lui, peut-etre y arriverait-elle a se sortir du fosse. Ne pars pas. Moi je ne peux pas, je ne peux rien sans toi. Je ne pourrai pas me relever, et a genoux dans cette foret, je guetterai l'aube qui ne viendra jamais. Je resterai ainsi jusqu'a ce que mes forces m'abandonnent et que je sombre, allonge dans un nid de terre, a regarder le ciel qui rira, ironique. Les feuilles mortes caresseront ma peau jusqu'a ce que je devienne l'une d'entre elle, fletrie et oubliee dans la masse. Une simple feuille dont l'arbre de la vie se debarasse. Et je mourrai.

Ne pas imaginer la faim, la soif qui le devoreraient de l'interieur, la soif de nourriture, la soif de ce pain et de ce vin qu'on nous promettait, la soif de vie. Il n'aura qu'a s'abandonner a l'insousciance, a la quietude de la betise. Alors il oublierait la faim, la soif, il oublierait les autres, et s'allongerait. Il trouvera agreable la nuit, la chaleur de son echarpe, la quietude des environs. Il ecorchera les souris et les escargots. Il fera une fresque immense, avant qu'elle ne soit emportee par le temps. Puis il mourrait. Avec un peu de chance, il aura le sourire au levres, cet idiot. C'etait la premiere fois que Keiko imaginait ainsi une mort prochaine, qu'il envisageait son agonie, lente et douloureuse, seule agonie qu'il serait capable de supporter, la seule qu'il aurait le courage d'accomplir. Celle du reve etait douce en fin de compte mais rien que de l'imaginer encore lui tordait les boyaux d'une horrifiante maniere. La realite de ce genre de suicide devait etre moins edulcoree que la version du reve. Il se resignait sans se rendre compte a un scenario qu'il s'imaginait et s'imposait, une pessimiste histoire qui cloturerait la parenthese qu'etait sa vie.

Il sentit la main douce de Rikka contre ses doigts, elle empoignait l'echarpe et la pressa contre son cou. Elle pleurait egalement a ce moment. Il en entendait les sanglots doux et reguliers. Les sanglots allaient bien avec sa voix discrete et eraillee. Il leva sur elle un regard etonne, a travers l'eau salee. Elle etait restee la. L'echarpe etait mouillee, pleine de terre, ce qui faisait que l'on ne distinguait plus vraiment la couleur d'origine. Malgre tout, elle en avait enroule un bout autour de son cou. Ils etaient lies, alors. Cette longue echarpe qui trainait toujours par terre etait enroulee autour du cou de Rikka, tandis qu'il utilisa le reste de l'echarpe pour emberlificoter sa gorge. Ils resterent un instant silencieux, ils etaient a present cote a cote. Il n'osait trop se rapprocher et ne sachant que faire de ses mains, il les accrocha a l'echarpe comme si il craignait qu'elle ne s'envole. Ils pleuraient doucement l'un a cote de l'autre. Leurs peines etaient differentes sans doute, mais elles se melaient. La pluie tombait, de moins en moins forte. Ils pleuraient tant ces pleurnichards ! Ils pleuraient tant que la pluie n'avait plus besoin de tomber. Ils arrosaient la terre d'eux meme sauf que le sel des larmes finirait par steriliser cette terre. Ils pleuraient tant que plus personen sur terre n'avaient besoin de pleurer, c'etait comme si ils portaient toute la misere du monde sur leurs epaules. Bien entendu leurs soucis n'etaient pas si importants que ceux qui mourraient de faim, que ceux qui perdaient leurs parents. Mais eux, egoistes qu'ils etaient, ils pleuraient, pleuraient ! Egoistes petites choses qui tremblaient et trebuchaient sur les pierres que les autres avaient contournees!

Parle moi. Ce fut les paroles que Rikka prononca, du bout des levres. Leur complicite aussi chuchotante que la pluie tombant sur la mousse avait quelque chose de magique, une sorte de code qui n'etait entendu que d'eux. Ils avaient l'impression de servir a quelque chose ou plutot de faire quelque chose que d'autres n'avaient jamais fait. Quelque chose de secret, de magique, quelque chose qui donnait des frissons. A moins que ce ne soit la pluie. Ils chuchotaient dans cette nuit tombante, cette nuit qui les enveloppa si vite de son ombre, entre leurs larmes qui peu a peu s'assechaient pour tomber de nouveau un peu plus tard. Keiko toussa. Pleurer donnait mal a la gorge. La nuit etait a present visible. Ils n'avaient meme pas ressenti le coucher de soleil mais a present qu'il faisait un peu plus attention au ciel, il se dit qu'il voyait encore moins qu'auparavant. Seules les lumieres lointaines du chateau les eclairaient un peu, et une sorte de lune qui commencait a percer entre les nuages noirs. Le ciel bleu marine etait si beau, la haut ! Les etoiles percaient avant d'etre ensevelies a nouveau. Ce n'etait pas en France que l'on pouvait voir aussi clairement cette nuee ! Et meme ici, les nuages l'empechait de voir plus loin. Leur horizon etait encore embrume. Et la raison de ses larmes que Rikka lui demandait, quelle etait elle? En avait-il une au moins?

Lui qui laissait ses pensees s'echapper a present, vers la lune et les etoiles, vers l'air frais qui le faisait fremir, vers la chaleur de bras dont il ne se rapellait pas vraiment, pouvait-il seulement savoir pourquoi il pleurait? Le trou noir avait tout englouti, meme la lumiere qui avait eclaire les tenebres de ses pensees. Ce trou noir parasitant son cerveau, il se rendait compte de sa presence, c'etait la seule certitude qui lui restait. C'etait cela, la tragedie. Il aurait aime ete bete et insouciant plutot que bete et lucide de cette betise. Il se sentait sombrer, voila une raison de sa betise. Il ne savait pas comment le dire. Il ne savait pas comment reagir face aux souvenirs qui ressurgissaient comme des puzzles inacheves. Des paroles. Des sourcils fronces, et la une main tendue, un rire, un cri, un vase, une brisure, la gene, un regard incertain, un sourire, les cheveux ebouriffes. Plusieurs signes, plusieurs choses.

Et la fresque, la fresque des escargots ! Il se rapellait de son oeuvre dans le parc. Il ne savait meme pas comment il etait arrive la-bas. Mais il savait ce qu'il faisait aux escargots. D'abord, il les attrapait, eux qui sortaient, attires par la pluie. Il les decortiquait, tandis que l'escargot tentait de rentrer le plus possible dans sa coquille, il arrachait cette peau dure, il souriait, riait, sous le regard d'ombres dont le visage et l'apparence lui echappait. Et apres avoir taille grossierement ces morceaux, il les disposait au hasard. Mais c'etait beau, il s'en rapellait, il se rapellait de l'excitation qui le gagnait lorsqu'il attrapait un escargot, lorsqu'il voyait que d'autres regardaient son oeuvre. Il se rapellait des pieces qu'il disposait egalement sur sa fresque, on n'osait meme pas les voler ou detruire l'oeuvre de ce doux fou. Et il se rapellait de celle qui l'avait aide. Etait-ce elle la Sonia de ses pensees? Son visage lui echappait mais il se rapellait de ses mains, de belles mains aux longs ongles, qu'il admirait pour leur precision. Il ne se souvenait plus. A nouveau le trou noir. Comment pourrait-il un jour dire ce qui n'allait pas a qui que ce soit si a chaque fois qu'il tenait une idee interessante, il la perdait aussitot? Peut-etre etait-ce cela ce qui le clouait a terre. Et ce qui l'empechait de parler alors que Rikka venait de lui demander quelque chose. C'etait fort impoli, il esperait qu'elle ne s'en formaliserait pas... Mais il ne savait que dire, la raison meme de ses larmes etaient a un niveau tellement superieur a son niveau de pensee.. c'etait un instinct de son subconscient que seuls les surrealistes auraient pu pister. Si seulement il avait pu, si seulement on luia vait permis, il l'aurait dit, il aurait prit un ton pose et calme, aurait tout dit, tout deballe, et se serait senti mieux apres. Si seulement il pouvait... Mais les suppositions pouvaient mener loin, il ne fallait pas rever trop, l'esprit partait encore dans des pensees qui lui echappaient. Il ne lui etait pas permis d'ainsi disperser ses pensees sans se perdre en lui meme, alors autant se taire. Autant taire les mots qui ne demandaient qu'a sortir, pour le moment. Le temps qu'il trouve assez de courage pour les articuler.

Le silence se fit. Rikka devait se dire qu'il ne voulait pas commencer a parler. Ce n'etait pas faux, les paroles de la poupee de porcelaine avait quelque chose de benefique sur lui, lorsque ses levres rosees articulaient de doux mots simples mais qui voulaient tout dire, tout semblait se simplifier dans son esprit. Temporairement, bien sur, mais pourquoi avait-il eu les pensees si limpides tout a l'heure si ce n'etait pas par la presence de cette jeune demoiselle, par les larmes qu'ils avaient meles? Elle jugea sans doute par son mutisme qu'elle avait a parler en premier. C'etait une charge qu'elle accepta de prendre. Les paupieres closes, elle semblait sereine, et pourtant ses paroles etaient cruelles, cruelles envers la vie et surtout envers elle. Elle disait de nouveau qu'elle etait bete. Etait-elle atteinte du meme mal que li? Il ne lui semblait pas, c'etait une forme de betise qu'elle decrivait, la betise qu'elle s'etait construite, une betise dont elle avait toute la responsabilite. elle semblait avoir egalement mal, souffrir de la meme maladie que lui, une maladie qui rongeait et necrosait: la desillusion. Elle croyait mais pas en ce qu'il fallait. Lui non plus, il croyait. Ou.. peut-etre, peut-etre pas.

Keiko ecoutait, la tete sur les genoux, en silence. Il ne comprenait pas certains mots, mais donnait un sens aux paroles de Rikka. Elle ne voyait pas car elle se crevait les yeux d'elle meme, elle se cognait car elle savait que le rocher etait devant elle, elle etait sourde aux autres parce qu'elle avait decide de ne rien entendre. Ces metaphores lui donnaient mal a la tete mais il lui semblait comprendre, meme si chaque neurone qui s'activait semblait etre douloureux pour lui. Elle etait au fond du trou, elle n'avait ni yeux ni oreille pour se guider, elle grimpait, elle tombait, elle cherchait quelqu'un elle ne trouvait pas. Chaque personne qu'elle croyait trouver etait une mauvaise personne. A quoi bon s'accrocher si on se debarassait de vous, si doigt a doigt on vous arrachait a la seule prise qui vous semblait fiable? Il ne savait pas vraiment si il comprenait les soucis de Rikka. On pouvait compatir, et comprendre. Il esperait ne pas appartenir a la premiere categorie. Il croyait en ce qu'il avait pense comprendre, il esperait ne pas s'etre trompe. Elle avait besoin de quelqu'un, quelqu'un qui serait toujours a ses cotes, mais a chaque fois qu'on l'abandonnait, elle se fletrissait un peu plus. Fanee, ses joues n'etaient plus roses, elle avait la paleur d'un fantome car apres l'avoir vampirisee, lui avoir arrache ses reves qu'elle confiait si naivement, on la laissait mourir seule et sanglotante, au fond de sa nuit.

Le silence, encore une fois. La pluie ne tombait plus, les nuages etaient encore la, mais bientot le vent aura fini de les balayer et la nuit finirait par montrer toute sa beaute. Les nuages s'eclairciraient et peut-etre que leur futur aurait plus de chances, peut-etre que la contemplation de l'astre de la nuit serait apaisant. Il paraissait qu'il y avait un lapin sur la lune lorsqu'elle etait ronde. La, il lui semblait qu'elle n'etait qu'un mince croissant, comme un sourire de travers qui les guettait. Le ciel qui se moquait? Ou peut-etre un joli sourire qui leur permettrait d'avoir un peu d'espoir et de soutien. La lune les aiderait peut-etre.

Une autre nuit s'achevera, un autre jour se levera.
Un jour de plus dans la vie, une nuit de moins a vivre, une solitude de moins a ffronter. Cette nuit, ils n'avaient plus a la craindre, cette solitude. Ils etaient la, ensemble. Ils sechaient leurs larmes. Ils vivaient, se sentaient enfin vivre ! Leurs larmes se tarissaient, ils respiraient, comme liberes de l'etau qui les avait toujours enfermes ! Bien entendu, ils n'etaient pas totalement en dehors de ce qui l'avait toujours retenu et ne s'en libererait jamais. Mais cette impression etait si agreable... L'impression que tout etait facile, il ne penserait plus a son handicap, peut-etre meme le vaincrait-il? C'etait impossible et il le savait mais rien ne l'empechait d'esperer, apres tout ! Il mit sa main sur celle de Rikka, enveloppant ses doigts glaces des siens, plus chauds. Il sentait sa tete sur son epaule et reposa un peu sa tete sur celle de la jeune fille a son tour. Ils etaient si bien, la. Mais il devait quelque chose a Rikka, il ne pouvait profiter de la douce voix de la fille au teint pale sans lui donner quelque chose en echange. Il ne serait pas a la hauteur de ce qu'elle lui avait offert mais l'intention comptait, pas entierement, dans le cadeau, mais comptait quand memeS'eclaircissant la gorge, il s'interrogea a nouveau sur ce qu'il allait bien lui dire.

Tout ce qu'il devra confier resumera sa vie. Bien entendu, sa vie n'avait pas ete que douleur et peine, mais les larmes ameres qui avaient coule aujourd'hui englobaient toute cette vie impregnee de joie et de peines. Mais ces joies, a quoi les devait-il? A son ignorance. Il se rapellait du vase brise plus nettement, ses parents qui hesitaient, l'enfant qui souriait, ne comprenant pas. Les cheveux ebouriffes, enfin. Non, ne pas le gronder, il ne saurait pas, lui qui ne comprenait jamais rien. Ce n'etait pas grave. Et il etait heureux, heureux mais a quel prix? Il le payait aujourd'hui, lorsqu'il se rapellait les bribes de son enfance que demain il aurait tot fait d'oublier egalement.


"Je pleure aussi parce que je suis bete."
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMar 26 Aoû 2008 - 14:23

Keiko l'avait deja dit, il se repetait, songeait-il, en piquant du nez dans son echarpe. Il ennuyerait la jeune fille. Mais ils se ressemblaient dans leurs differences, ils pouvaient se tendre la main et porter la meme echarpe trempee. Ils pouvaient s'aider, il serait ses yeux, elle serait ses neurones. Quelle utopie. Pourraient-ils vraiment apercevoir la lumiere et l'affronter, ou prefereraient-ils rester allonge a savourer les tenebres tout en se reprochant de les aimer? Il inspira. Il ne devait plus reflechir, c'etait au dessus de ses forces. Il disait cela, mais recommencait toujours le peche d'essayer de depasser les limites. Ne plus reflechir pour le moment, alors. Ce qu'il dirait serait peut-etre un peu plus vrai. Il sourit tristement, avant de continuer

" Mais je suis ne bete, et je le resterai. J'ai beau essayer d'apprendre, ca ne reste pas. J'ai beau essayer de me souvenir, je n'y arrive pas. J'ai beau essayer de bien parler, de reflechir, ce n'est pas possible. J'aimerais briller, j'aimerais luire, mais je fais partie des etoiles que l'on n'a jamais vues. J'aimerais atteindre la lumiere mais quand je la touche je me brule. Mes parents ne me grondaient jamais, me semble-t-il... Ils avaient pitie. A l'ecole j'ai ete renvoye, au travail je n'etais meme pas assez intelligent pour porter des pierres. Et je reste ignorant... Je suis bete et je me vois sombrer. Si au moins j'etais insouciant, si au moins je pouvais croire en quelque chose.. Mais tout ce qu'on m'a raconte se brise... Les anges ne viennent jamais, les morts ne reviennent pas, les larmes ne sont pas belles, les hommes sont grotesques et laids dans leur douleur. Je ne sais plus quoi faire, sauf m'allonger la dans les feuilles mortes et oublier, une fois de plus. Je pourrais redevenir bete et irreflechi mais.. Je ne veux pas perdre tout ce que j'ai reussi a construire malgre tout ce qui s'est detruit...."

Les larmes recommencaient a couler le long de ses joues. Eva, Helen, Rikka, il ne voulait pas les perdre par pur betise de sa part. Il ne voulait pas les perdre... Elles ne meritaient pas de devenir des ombres sans visage comme il en voyait tant dans ses souvenirs, il voulait se rapeller des cheveux blonds d'Eva, de son oeil bleu, du bandeau qui lui cachait l'autre oeil. Il voulait se rapeller du regard morne d'Helen, de ses beaux cheveux noirs et luisants sous la lune. Il voulait se rapeller de Rikka, de la nuit dans ses yeux, de sa peau de porcelaine, de son regard resigne mais si doux en meme temps. De sa tristesse qu'il aimerait colmater... Mais acepterait-elle son aide, ses pansements, ses medicaments, ou le laisserait-elle un jour, elle aussi?

"C'est si facile de me laisser la, seul avec mes souvenirs de mes jours lumineux, qui finiront bien par s'evaporer... Allonge dans la mousse et contemplant la lune qui ne me rendra pas ma memoire, je me rapellerai une derniere fois des jours ou je savais ce que le bohneur voulait dire. Un nouveau jour se levera et je serai trop faible pour affronter sa lumiere... C'est si facile de me laisser la, je ne te retiendrai meme pas."

Il serra un petit peu sa main autour des doigts de Rikka. Il ne la retiendrai pas, si elle choisissait de partir. Il n'en aurait pas la force, si de nouveau on choisissait de le laisser seul avec lui-meme. Il etait bien trop perdu encore pour se faire face, il devait deja se retrouver en lui-meme avant de tenter de se combattre ou de se battre. Il n'aurait pas la force de retrouver Eva qui semblait si loin a present, ou quelqu'un d'autre. C'etait si facile... Mais il ne voulait pas...

"Reste avec moi, sourit avec moi aux anciens jours, reste avec moi... affrontons ensemble le nouveau jour qui se levera... Reste avec moi, comprenons ensemble, une premiere fois, ce qu'est le vrai bonheur..."

Il leva un regard timide vers Rikka. Il voulait l'aider a apercevoir le jour, du fond de l'impasse. Si elle ne venait pas au soleil, amener ce soleil jusqu'a elle, lui decrire cette lumiere, elle recouvrerait la vue, discernerait ses sentiments, se releverait, respirerait. Et lui? Lui, peut-etre pourrait-il rester un peu dans le mode reel, il ne l'oublierait pas, peut-etre que peu a peu, il se rapellerait au moins de sa vie, peut-etre qu'il pourrait rire avec elle de betises de leur enfance qu'ils se raconteraient. Ils etaient seuls, peut-etre qu'a deux ils pourraient s'aider, Keiko voulait y croire a cette theorie des dominos inverses ! Sa demande aurait pu passer pour une declaration d'amour dans d'autres circonstances et surtout si ce n'etait pas lui qui enoncait ces mots, peut-etre Rikka l'avait-il compris ainsi, mais pour lui, seul comptait ces dominos, seule comptait la chaleur de leur proximite, cette echarpe qui les liait tous les deux et ces regards timides. Cela lui permettait de rester eveille, de ne pas etre englouti par la noirceur de son ignorance. Il parlait plutot normalement, pour une fois, il ne bafouillait pas, il n'oubliait pas ses mots, les mots venant du coeur etaient peut-etre les seuls a etre clairs. Il ferma aussi ses yeux, apaise a son tour, se reposant sur la tete de Rikka qui etait elle-meme reposee sur son epaule. La main de Keiko sur celle de Rikka, ils auraient pu rester la, se laisser mourir tous les deux. Mais tant qu'a faire, ils pouvaient vivre.

Ils riraient, ceux qui connaissaient Rikka, elle etait si desesperee que ca, pour se confier a un arriere de bonne volonte mais qui ne comprenait pas grand chose a la vie? Elle etait si desesperee que ca pour confier ses secrets a un quasi-inconnu qui venait de lui dire qu'il oubliait, si on n'etait pas la a cote de lui a lui rapeller tout. Sonia l'avait aide, elle l'avait laisse, finalement, meme si c'etait contre son gre. Il n'avait jamais su ce qu'elle etait devenue. Et lui, qui rirait de son attachement a Rikka, on riait deja bien assez de ses geste comme on s'extasie devant un petit singe savant aux gestes maladroits. On rit lorsqu'il tombe, on le montre du doigt, mais surtout on ne s'abimerait pas les doigts a l'aider a ramasser les eclats brises de ce qu'il avait casse, que ce soit des assiettes, un vase, des escargots ou son coeur. On pouvait rire de lui mais s'attacher? Jamais, quelle idee ! On ne pouvait pas s'attacher a ce genre de gens, on ne savait jamais ce qu'ils deviendraient et puis ce n'etait pas une relation tres lucrative, on donnait beaucoup d'amour et d'attention pour pas grand chose en retour, juste un regard ou un sourire de ce grand benet enferme dans son monde. Il y en avait qui se contentaient de ca. Il y en avait peu, il n'en avait jamais rencontre. Si peu qu'il s'etait invente un ami, petit, qu'il avait rencontre de nouveau, durant l'angoisse du reve. Cette chouette aux ailes deployees, un peu trop grandes pour une chouette, et aux grands yeux ouverts sur la nuit. Coment s'apellait-elle, deja, lorsqu'il l'avait nommee, petit? Il ne s'en rapellait plus, mais le hululement proche d'une chouette dans un arbre lui rapellait cet oiseau etrange.

Il restait les yeux fermes alors qu'il pressentait que la haut, la nuit etait belle, et les etoiles brillaient, la lune aussi. Il savait qu'au firmament, la lune sans souvenirs eclairait de mille feux la foret, au dessus d'eux. Les nuages etaient encore visibles, un peu plus loin. Le vent courait toujours entre les arbres, giflant leurs joues qui sechaient, peu a peu. Les dernieres larmes? Certainement pas, ils etaient deux gamins qui oubliaient leur peine contre un petit bonbon mais qui finiraient un jour par trebucher sur un caillou et tomber de nouveau, pleurer, se consoler. Peut-etre seraient-ils separes par le destin, peut-etre a nouveau sombreraient-ils, mais ils ne pouvaient pas y penser, ainsi assis. Keiko allongeait ses longues jambes dans la mousse, comme dans ses pensees, mais il n'etait pas completement par terre, il avait pour se reposer cette jeune fille qui semblait si fragile par rapport a lui, et qui reposait egalement sur lui. Comment repondrait-elle a ce qu'il venait de dire, de demander, d'implorer? Il etait anxieux a l'idee de connaitre cette reponse mais voulait profiter des peut-etre derniers instants de quietude.

Il fait nuit, il fait bon. Deux etres partageaient la meme echarpe, se serrant dans la fraicheur de la soiree. Peut-etre pourraient-ils attendre un nouveau jour, si ils etaient ensemble. La derniere nuit... Bonne nuit.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMer 10 Sep 2008 - 21:35

Deux êtres, doigts entrelacés, appuyé mutuellement l’un sur l’autre et l’autre sur l’un, pouvaient crever de froid, quelqu’un le remarquerait-il ?
Indifférence d’un monde qui était trop occupé à penser à lui, à tout mais à rien, à tout le monde mais surtout à soi, à s’en sortir et à aider les autres mais sans se mettre dans le bourbier lui aussi… Contradictions. On pourrait crever sous les ponts, tout le monde s’en foutrait.

Le vent se levait en crescendo, de plus en plus fort, les feuilles surfant sur cette vague d’air froid. Tournoyant tels des nuages qui s’envolaient, poussés par ce vent, elles se posèrent peu à peu sur le sol, tandis qu’il s’élevait pour chasser les nuages, égouttés de leurs pluies. Arbres et herbes cessèrent leur danse anarchique, qui ignorait tout du mouvement des autres. Chacun pour soi, tout le monde contre un, tous contre eux. Mousse qui s’émerveillait de son étendue et de son emprise, fougères hautes comme l’épaule, fleurs fanées ou qui se pavanaient de survivre en exhibant ses fleurs.
Peut-être qu’après tout, Rikka Boyd était la fleur fanée à côté d’un tapis de mousse, toujours collé au sol, sans réussir à s’en détacher sans mourir.

Il prit la parole après elle. Elle ouvrait le bal, à lui de l’achever. Une danse colorée mais pourtant si petite, quelques pas à droite, deux à gauche et après on va en avant ! Allez, faisons virevolter nos robes pour l’occasion, pour faire comme si l’on était parfaitement à l’aise, comme si on n’attendait que ça, danser pour ça, danser pour ci et surtout ne pas s’arrêter. Lorsque la cavalière s’arrêta, le cavalier la pris par la taille et entama maladroitement une seconde danse, avant de prendre confiance en lui et de reprendre las mouvement, calqués sur la musique qui résonnait doucement.
Lui aussi était bête, les deux danseurs étaient stupides, désillusionnés certes, mais peut-être bien toujours dans l’utopie.

Une étoile ? Une étoile qui oubliait tout, qui se brûle peut-être elle-même sans s’en rendre compte, une étoile dans le ciel. Sauvez cette étoile.
Un ange et une étoile, rien que ça ?

Un ange et une étoile. Soit. Qu’il en soit ainsi.
Que la conclusion soit ainsi.

Mademoiselle l’Ange et Monsieur l’Etoile. Blanche et Brun contre Destin, Cupidon, Dame Solitude et Mister Bonheur. Désillusions et utopies, une nouvelle fois.

Un épouvantail et un corbeau.
Dame Corbeau, sur son épouvantail perchée…

Ah, laissez moi, songes utopiques de ces nuits d’automne. Automne ? Pourquoi pas été ? Qu’en sais-je ? Je ne sais même pas précisément quel âge j’ai. Dix sept ? Seize ? Quelle importance ? Je suis là, point barre. Que j’ai vaincu dix sept ou seize années, aucune différence. Ah, je me parle à moi-même. Je suis folle.
Bonjour Rikka.
Tu vas bien Rikka ? Quoi de nouveau ? La vie est belle ? Tu ne t’ennuies pas trop ?
Bah, je suis à côté de Keiko ?
Qui c’est Keiko ?
Je sais pas.
Ah…
Je l’aime bien.
Ah ?
Ouais.

Ah, cessons ça, je ne veux pas finir tarée et enfermée… même si je le suis sans doute déjà pour le premier adjectif et certainement pour le second.
Ah. Que la vie est belle sous ces nuages sombres…


« Crépuscule » murmura-t-elle.

Crépuscule de nos vies.
Elle continua de l’écouter. Il lui dit que si elle partait, il ne la retiendrait pas. Comme contraste à ses paroles, il serra sa main dans la sienne un peu plus fort. Elle ne l’enlèverait pas. Elle n’avait plus de comptes à donner. Elle était libre, elle n’était plus engagée, même si elle avait conservé sa bague. Maigre réminiscence d’une époque révolue. Mince filin qui la rattachait encore sur terre. Le rejoindre, elle ne le voulait plus. Elle voulait s’en sortir, maintenant. Elliot ne gagnerait pas, ça serait elle, qui réussira à triompher de tous, d’elle-même, du quatuor de sa vie, du quatuor des I, de tous, filles ou garçons. Son avenir n’était pas mort. Pas encore. Elle le sentait pulser là, sous sa peau. Elle ne savait pas où, mais elle le sentait, comme l’offre d’un avenir prochain. Elle pouvait s’en sortir, mais pas toute seule. Aidez-moi.
L’Aube.

Elle rouvrit les yeux lorsqu’il lui parla de rester ensemble. Pouvait-elle le promettre ? Pouvait-elle dire à un inconnu qu’elle resterait près de lui ? Elle l’aimait bien, mais pouvait-elle vraiment le qualifier d’inconnu ? Il était le premier à qui elle parlait de tout ça, de cette impression de trou. Remonter le courant. Oui, je le veux. Me laisser emporter. Plutôt mourir. Ou plutôt non, plutôt rester ainsi.


« D’accord. »

Souffle dans la nuit. D’accord, jusqu’à ce qu’on aille mieux. D’accord, je veux bien. Ils restaient là, au froid, jusqu’à ce qu’elle éternue de nouveau. Elle voulait bien rester avec lui. Aube. Il fallait l’aube. Qu’elle se lève, qu’elle les aveugle, mais il fallait qu’ils la voient. Alors, l’union fait la force, la solitude le désespoir. Y avait-il à y réfléchir longtemps ? Non, vraiment, elle n’avait pas à hésiter. Elle avait besoin de quelqu’un, il avait besoin de quelqu’un, point final, baissez les rideaux, conservez la pudeur de deux êtres qui crachaient leurs malheurs l’un sur l’autre.

Eternuement.

J’ai froid, il fait froid, malgré la chaleur de l’écharpe à peu près sèche. Elle était un peu mouillée, bien sûr, mais avait dû être protégée par quelque chose vu qu’elle avait de petite zones humides mais la plupart sèches. Ah, que la vie était difficile. Rikka pouvait tirer à pile ou face, savoir si elle allait réussir ou pas, si elle pouvait assumer d’aider quelqu’un en plus de s’aider soi-même. Mais de toute manière, elle avait accepté, c’était trop tard pour faire marche arrière à présent. N’avait-elle pas un réservoir dans lequel elle ne puisait jamais ? Eh bien, qu’attendons nous. Faisons. Combattons. Ce n’est pas si dur, après tout. C’est plus facile que de résister. Au lieu d’essayer de bloquer ce qui nous tombait dessus, fonçons dedans, tout simplement. Nous sommes fous, vous aussi.
Que diable. La folie n’est pas un crime. Et même si elle en était un, personne ne serait en mesure de nous jeter la première pierre ni pour exiger une trépanation, afin de chasser ces mauvaises pensées.

Clamons cela à tous. Clamons le, crions le, annonçons le. Même si tout le monde est sourd, nous saurons que personne ne pourra dire « pourquoi tu m’as pas prévenu ? » lorsque vous vous présenterez, habillé d’un sourire heureux, comme quoi vous avez réussi votre coup et que vous êtes de nouveau joyeux, prêt à défoncer tout ce qui vous tenait enfermé. Mais ce n’est qu’une possibilité de futur. Un futur qui pourrait peut-être être scabreux, pas forcément pour nous mais peut-être pour les autres.
Il était tard, il faisait nuit. Elle se contentait de se pelotonner, essayant d’aspirer un peu de chaleur à ce colosse. De vivre comme une moule sur son rocher, même si ce n’était quelques secondes. Ah, quelle vampire, cette fille là. A toujours vouloir vivre en aspirant les attributs des autres, leurs points forts. Le courage de cette fille, la fierté de celui là. Foule de qualités qui ne peuplaient pas l’arsenal peut-être trop maigre de Rikka. Elle n’avait plus rien à donner, vu qu’elle s’était séparée de tous ses biens, matériels ou pas. Mais pourquoi se fatiguer à toujours donner, donner, donner sans jamais recevoir autant à son retour ? Tout cela était peut-être bien gâché, et elle n’y pouvait plus grand chose à présent. A présent, elle était bien au fond, et quasiment enterrée vivante. La Rikka fière, qui l’était assez pour mépriser les autres filles sans même les connaitre, tout ça, c’était terminé. Pour l’instant. Oh bien sur, peut-être que les palanques sur lesquelles elle était n’allaient pas encore céder, malgré leur fragilité, et que ces jointures de bois allaient se laisser se renforcer. Peut-être, peut-être pas, éternelle question qui ne changeait jamais.
Le balancier des feuilles l’attira, soudainement. Il y avait un arbre qui, réflexion faite, n’était pas vert mais rouge. Il y avait encore suffisamment de clarté pour reconnaître les couleurs. Quoi qu’elle se trompait peut-être, un arbre rouge, ce n’était pas très commun, exact ? Le vert était toujours la couleur dominante, surtout dans le pensionnat interdit où, si l’on voulait ne pas devenir fou, il fallait tout bêtement partir en pèlerinage mystique, ou plutôt botanique, afin de reconnaître chaque feuille, chaque arbre qui peuplait justement le parc et la forêt. Ca devrait prendre l’éternité, c’était parfait, elle aurait le temps.
Euphémisme, euphémisme.

Son rostre était brisé, c’était un fait.
Elle ne pouvait guère plus qu’attendre, attendre que quelqu’un daigne la secourir, afin qu’on la laisse tranquille enfin, sans fin. Sans attendre, qu’on l’abandonne, qu’on cesse son kyphonisme, qu’on arrête tout ça une bonne fois pour toute. On, elle, il, les gens, Elliot, Rikka, elle-même, moi, je, nous, vous. Personne. Tout le monde. Il était difficile d’accuser quelqu’un dans cette affaire. Ce n’était que la suite d’évènement, enchaînés et étroitement liés, qui avait donné cela. Une suite qui ne cesserait qu’une fois terminée, évidence pure et logique implacable. La question était de savoir quand est-ce que ce supplice se terminerait. Et ça, à part ce rieur Destin, personne ne pouvait le deviner. Pas même ses trois acolytes. Ses trois fourbes d’acolytes qui ne faisaient que s’acharner sur Brun et Blanche.
Ah, encore eux.
Que de répétitions insensées.
Ce n’était qu’un disque rayé qui répétait tout le temps la même chose. Déprimant. On ne pouvait entendre que cette sérénade du malheur, qui ne songeait pas à s’évaporer, loin de là. Plus jamais. Elle ne devrait plus jamais avoir à l’entendre, cette symphonie grinçante, qui ne savait que crisser, assemblages de sons aigus et graves, nets ou imprécis. Assemblage de ressentis, peut-être même de couleur imaginaire, qu’on arrivait à peintre sur la toile de l’esprit rien qu’en écoutant ce disque.
Ah. Encore moi.

Une suite d’évènements qui ne s’arrêterait que lorsque cela sera la fin ? Mais pouvait-on vraiment rester les bras croisés à attendre cette fin, justement, comme une admonition prévue et à l’avance assimilée ?
Trêve d’idioties, ce n’était qu’un songe. On ne pouvait guère imaginer que lorsqu’elle était entrée dans ce xénodoque déguisé en manoir, elle allait à la fois signer son arrêt de liberté et non pas son arrêt de mort mais son arrêt de vie. N’est-il pas étrange de nommer quelque chose qui prévoit votre trépas « arrêt de mort » alors que ce n’est pas quelque chose qui arrête la mort mais qui au contraire la précipite ? Enfin, ce n’est choquant que lorsqu’on ne prend en compte que le premier sens du terme « arrêt ».

Cessons donc. Osmose timide des deux jeunes gens, assis l’un à côté de l’autre. Co-dépendance de l’une, idiotie de l’autre. Quel beau tableau, une folle et un attardé. Une suicidaire et un gamin. Ah, que le monde était grinçant, ironique. Situation étrange à laquelle ils se prêtaient tous deux, mais ils n’avaient peut-être bien jamais été aussi lucide dans leur psychose. Qui sait ?

Craquement d’une branche, Rikka détourna le regard du brin d’herbe qu’elle contemplait, comptant minutieusement les gouttes d’eau, observant sa forme jusqu’à essayer de l’en graver pour ne jamais l’oublier, cet innocent petit brin vert, courbé, recueillant sur son dos le poids du ciel sans jamais broncher, avant que ces poids s’évaporent, le soulageant de son fardeau. Quitte à être ensevelie sous le poids des pierres de ses regrets ou remords, autant qu’ils s’évaporent lorsque la chaleur vient. Elle aimerait bien être cette herbe. Même si elle se faisait piétiner sans attention, même si le bienfaiteur soleil la soulageait de son poids quotidien et la desséchait l’été, que diable, peut-être était-ce mieux que sa condition d’humaine.

Revenons au bruit. La branche, typique des sales choses qui traînent sur le sol vicieusement soit pour attirer le monde entier sur votre position soit pour vous faire tomber lamentablement – mais le monde sera au courant de votre position aussi. Ce petit bruit pouvait être tout bête, appartenir au vent qui a fait rouler quelqeu chose, à une biche égarée ou à un lapin frétillant. Mais Rikka n’était point en état de relativiser ou d’utiliser son cerveau : Bruit = danger. Danger = rentrer. Rentrer = Pensionnat. Seul calcul qui s’effectua, elle en tira la conclusion logique : elle devait rentrer. Mais pouvait-elle laisser Keiko seul ? Pas après lui avoir promis de rester avec lui.


Elle resserra un peu plus fort sa main dans la sienne, et se raidit, se redressa. Elle le regarda, lui aussi, tous deux emmitouflés et à moitié dissimulés par cette longue écharpe qu’elle pensait normalement immaculée, avant d’essayer de se dégager un peu la bouche.

« Est-ce que… on peut rentrer ? » demanda-t-elle, incertaine.

Peut-être allait-il prendre ça comme une demande de séparation ? Mais une demande de séparation de quoi, après tout ? Elle serrait encore ses doigts dans les siens, cherchant à les réchauffer, les tordant un peu. Elle aimerait, elle rêvait d’une paire de gants ; de jolis gants, épais et chauds, pour qu’elles ne ressemblent plus à des mains de cadavres, blanches comme l’écharpe lavée et raides telles un manche à balais. Le froid, la pluie, l’humidité. La nuit, la fin de l’été qui s’étirait paresseusement pour laisser place à l’automne glacé et pluvieux, tout cela jouait de façon considérable dans les frissons de la jeune fille.

Elle tenait un garçon main dans la main, avait froid, voulait rentrer. Assise dans l’herbe, détrempée mais elle n’était plus autant esseulée qu’autrefois. Pour le moment, du moins. Assise sur le crépuscule de sa vie, sur ses sentiments et sur ces putains d’idées fixes, elle se disait qu’elle s’en sortirait. C’était l’écharpe qui le lui disait.
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMer 17 Sep 2008 - 21:59

La lune bercait au dessus d'eux sa douce ramure, tandis que la voute des arbres s'immobilisait, le vent faiblissant.

Les nuages etaient partis, a ce moment. Deja? Le temps etait passe si vite. Le temps allait, venait et souvent s'attardait sur les moments les plus desagreables. Il avait cru etre anxieux apres sa reponse a Rikka. Il avait cru sentir sur son coeur le poids de la peur et d'une douleur localisee et aigue qui l'empecherait de respirer. Il s'etait attendu a ce que ses mains sales se crispent, se recroquevillent, ces grandes mains avec lesquelles il n'etait pas capable de faire une chose de bien, ces mains qui fletrissaient l'herbe comme la chair, ces mains qui faisaient tomber, qui ne le retenaient meme pas quand c'etait lui qui sombrait, qui n'arrivaient pas a rattraper les cordes qu'on lui lancait. Peut-etre etait-ce parce qu'il avait enfin reussi a agripper, timidement, l'une de ces cordes. Peut-etre etait-ce parce qu'il en avait lance lui aussi pour rattraper Rikka. Allaient-ils se fixer ensemble comme les alpinistes et remonter ensemble, sinon sombrer ensemble? Allait-elle avoir le courage de seulement la prendre, de s'engager dans le chemin le plus dangereux mais le seul qui menait a un paradis dont on n'etait meme pas sur de l'existence? Allait-il avoir la force de la tracter? Ce n'etait plus la force de ses bras qui comptait a present. Lui qui n'avait meme pas le tact de repondre aux plus simples questions avait reussi a repondre correctement a Rikka.

Peut-etre etait-ce un debut, ou n'etait-ce le signe que de sa lucidite ephemere qui etait vouee a disparaitre, et toute trace d'intelligence avec? Il aimait cette raison autant qu'il s'en defiait. Ce regard si doux qu'elle lui portait, cette voix si tendre qui le protegeait de l'exterieur trahissait-il l'envie de partir vers une ame plus digne d'elle?

Non, ne partez pas, ne m'abandonnez pas alors que je viens juste de comprendre a quel point une infinite de choses pourraient m'etre accessibles avec vous. Ne partez pas...

Les amants se separent toujours comme la raison s'eloigne toujours de lui, mais il ne pouvait s'empecher d'implorer un petit peu de tranquilite, ou du moins juste le temps qu'il passait avec elle... Les mots lui echappaient deja un peu, et il ne savait pas vraiment si tout ce qu'il avait declame avec tant d'assurance une minute auparavant etait finalement si logique que ca ou si c'etait simplement son coeur qui emboitait les mots qui lui semblaient souvent si alambiques au hasard et les lachait dans sa gorge. Surement ca. Tout cela n'avai pas de sens, tout ce qu'il disait serait incompris, tout ce qu'il avait cru serait-il de nouveau brise? Le silence aurait du nourrir une angoisse dans son coeur mais malgre toutes les raisons qu'il avait d'etre triste ou tourmente, il se sentait etrangement calme, etrangement apaise. C'etait peut-etre la magie qu'exercait cette jeune fille aux cheveux noirs, c'etait peut-etre sa presence ephemere a ses cotes, il osa la regarder, la regarder vraiment.

Ce ne fut d'abord qu'un regard furtif, Keiko avait encore cette sorte de timidite dans les gestes qu'il effectuait qui l'empechait de prendre son essor. Il detourna ensuite les yeux, persuade de ne pas devoir le faire pour une raison qu'il ne pourrait expliquer. Cependant, le regard perdu du garcon s'aimantait a son interlocutrice et confidente et il finit par ceder a son inconscient en tourant vers elle un regard denue de toute reserve. Pour la premiere fois il osa regarder son visage eclaire par la lueur bleutee du ciel sombre piquete d'etoiles. Il promena son regard sur ses pommettes, jusque la tout allait bien. Il commenca a s'egarer sur ses levres a peine rosee, comme si le peintre qui avait confectionne la poupee n'avait mit qu'une petite touche rose pale, si dilue qu'il en etait presque invisible, ces levres delicates qui tremblaient, mais alors il se perdit lorsqu'il vit ses yeux regarder le ciel avec la candeur desabusee de l'enfant decue. Ces grands yeux noirs qu'il avait cru arrache a la toile de la nuit tant leur profondeur etait vaste, tant leur obscurite avait exerce et exercait sur lui tant de fascination. Il se laissa glisser dans ces yeux encore un peu gonfles par la tristesse qui avait fait couler la pluie de ce ciel oculaire. Dans ces yeux ses joies mais plus grandes encore ses peines, et sa beaute, et elle, Elle, Rikka. On la voyait, a present, oui elle etait visible, oui le bateau qui s'etait abime sur les rochers refaisait surface, jouait le Titanic a l'envers, oui on voyait sa coque, son armature, oui on voyait de quoi elle etait faite, son ame, son essence, il croyait avoir tout a portee de main, tous les materiaux pour la reconstruire, oui il pensait y arriver. Il n'y avait pas de plan, pas de mode d'emploi mais il etait certain d'etre capable de la faire flotter sur l'ocean des larmes qu'elle avait verse.

Oui, il pensait pouvoir la voir se relever, elle qui s'etait assise pres de lui, l'echarpe a moitie trempee autour du cou, enrhumee. Et si elle entrevoyait le bonheur derriere la pote qui s'etait fermee a leur nez, si elle parvenait a crocheter la serrure, peut-etre pourrait-il sourire egalement a ce bonheur sans risquer de le perdre ou plutot sans craindre de le perdre. Si apres tout la porte se refermait, elle serait la, n'est ce pas? Elle serait la, si elle acceptait de rester avec lui dans l'obscurite comme dans la lumiere, de tenir sa main, juste ce soutien sur qui il pouvait compter en echange du sien. Si elle acceptait.

D'accord. Ses levres articulerent avec peine son accord, semblant a moitie paralysees par la fraicheur de cette nuit. D'accord. Elle resterait, elle ne lacherait pas cette main qui avait tant besoin d'une de ses semblables a serrer. Elle ne le laisserait pas a ses cauchemars l'envahir completement et son etre rester ignorant et desespere. Il avait une main a tenir, il avait quelqu'un a qui parler, qui accepterait ses larmes et les ferait siennes, les partageant. Ils arriveraient a quelque chose, il la reparerait, elle l'aiderait a monter l'echelle sans barreaux qu''il etait cense gravir. Son encephalogramme s'agiterait un peu, tandis que son coeur batterait un peu plus vite, un peu plus fort. Ses tempes bourdonnaient tandis qu'il cherchait ses mots? Mais la situation avait-elle seulement besoin de mots?

Elle eternua. Elle avait froid. Le grand homme se rapprocha un peu et apres une legere hesitation osa entourer de ses longs bras le corps frele e la jeune fille. Elle aurait toujours un peu froid, il faudrait peut-etre qu'elle se protege de cette fraicheur humide que la nuit deposait sur son passage, la rosee n'etait pas inoffensive. Il detacha le morceau de tissu qui lui tenait lieu de cape pour l'enrouler sur les epaules de Rikka qui tremblait. Oui, elle avait froid et peut-etre voudrait-elle rentrer, mais comment, comment rentreraient-ils, comment oseraient-ils affronter le regard d'autres personnes, comme pourraient-ils seulement se presenter a eux? Pourrait-il un jour cotoyer la fiiere guerriere qu'il avait tue dans le reve qui leur avait ete propose? Pourrait-il affronter le grand homme aux cheveux noirs qu'il avait fait tomber ? Pourrait-il seulement regarder en direction du temple sans ressentir la presence de Roy qui y gisait? Les masques lui seraient inutiles, ils lui etaient otujours inutiles, il ne savait pas comment s'en servir, il ne savait pas sourire quand son coeur pleurait, meme les enfants savaient mentir, pas lui. Les larmes couleraient-elles de nouveau lorsqu'il reviendrait au pensionnat? Aura-t-il seulement le courage de revenir de son propre gre?

La mort, les cris, les larmes avaient berce les derniers jours. Pourquoi cela continuerait? Pourquoi cela cesserait? Parce que Rikka. C'etait une reponse qu'il trouvait evidente. Rikka, c'etait tout. Elle repondait a toutes ss questions, elle empechait meme de les poser. Tout etait si evident, lorsqu'elle etait la, lorsqu'il tenait sa main. Jamais il n'avait ressenti pareil bien etre.. Du moins il ne s'en souvenait pas. Rikka restait la avec lui, avait le courage de supporter les babillages incomprehensibles d'un gamin a qui on n'avait jamais appris la vie, a defaut de pouvoir l'aider a la comprendre. Il respirait, voyait, bougeait dans ce monde sans savoir si il fallait lui servir a quelque chose, si son existence avait besoin d'une utilite. Il n'avait pas de reponses ni de questions, il etait bien. Mais il n'etait pas meilleur. Son bien etre ne venait que de sa stupidite qui l'aveuglait et l'entravait, l'enchainait a une beatitude forcee comme naturelle. Si seulement il etait venu au monde avec les memes facultes, il pourrait ressentir toute l'intensite des moments qu'il avait vecu, si seulement il etait normal il ne serait meme pas rentre... Mais non, non tant mieux, il etait bete, mais il l'avait rencontree, elle, Rikka.

L'anarchie de son etre ne lui permettait pas, heureusement, de concevoir que se lier a elle n'etait pas une bonne idee, qu'une personne qui lui ressemblait tant de part cette tristesse ne pouvait que lui etre nefaste, qu'elle ne s'accrocherait pas vraiment a lui et irait s reconforter dans les bras de personnes moins recommandables. Non, il ne savait pas que cette sangsue pourrait se detruire plus, en masochiste qu'elle etait, oui se detruire un peu plus en s'egarant dans des paradis artificiels au lieu d'essayer de tenter de se reconstruire sur des bases concretes et reelles, en affrontant la realite, sa realite. Non, il ne savait pas encore quel coup le destin pourrait leur jouer, quels renversement de situation pouvait encore bien chambouler leurs vies.

Un petit bruit sec vint deranger leur tranquilite et les reflexions embrouillees de Keiko.

On peut rentrer?

Il relacha un peu sa timide etreinte pour mieux voir son visage. Elle semblait craintive de voir sa reaction, peut-etre qu'elle pensait qu'il se sentirait mal, qu'il considererait mal ce qu'elle venait de lui dire. Ce n'etait pas vraiment le cas, il s'inquietait surtout pour la sante de celle dont il partageait l'infortune. Il se tourna un peu et eut le temps de mettre ses mains devant son visage et eternua a son tour. Il en rit et se leva d'un bond, tendant la main vers elle pour l'aider a se relever.


"D'accord.. Allons y!"

Il lui prit finalement la main et la releva avec vivacite. Il se rendit compte qu'il avait assez mal au dos. Pendant toute la duree du reve, il avait dormi par erre et dpeuis n'avait pas reussi a trouver le sommeil, il s'etait recroqueville toute la nuit dans une position pour le moins inconfortable, cela ne facilitait pas la chose, deja que son grand dos se heurtait facilement. Ses jambes etaient un peu ankylosees a force de s'etre repliees contre lui dans la meme position pendant peut-etre une heure. Il ne savait pas exactement combien de temps s'etait passe mais il lui semblait qu'une eternite le separait du Keiko qui pleurait la main tendue vers le ciel, le ciel qui n'abritait que des anges rieurs et qui ne l'avait pas secouru. I lui semblait que ce Keiko lui etait etranger. bien sur, il etait le meme et peu de temps s'etait ecoule depuis la rencontre des deux etres perdus, assez pour que le soleil se couche et pour que la nuit prenne le plein pouvoir.

" On y va !"

Il lui semblait que rien ne pouvait luia rriver. Bien entendu a tout moment une meteorite pouvait s'ecraser sur le pensionnat, un arbre pouvait s'ecraser sur lui ou il pouvait attraper une mauvaise maladie qui le tuerait mais pour le moment, il etait exempte de toute pensee mauvaise. Rikka ne l'abandonnerait jamais, ils rentreraient, ils pourraient supporter les autres et se faire supporter, vu que c'etait Rikka qui avait dit qu'on pouvait rentrer. Cette phrase anodine changeait sa vision. Ce n'etait pas lui qui etait stupide qui l'avait dt, c'etait elle, c'etait Rikka qui l'avait dit. Il la suivrait les yeux fermes. A ce moment, c'etait plutot lui qui entrainait Rikka, la tenant par la main, comemncant a marcher dans le bois, faiblement eclaire par la lune et le ciel piquete d'etoiles. Ils firent attention a ne pas tomber, a ne pas se cogner contre un arbre, tandis qu'ils continuaient a marcher dans la foret. A ce moment, il etait juste heureux. Lunatique? Peut-etre. Mais une seule certitude s'etait construite: il le resterai, tant qu'il vivrait ce genre de moments.

Keiko finit par apercevoir les lumieres dorees que les fenetres du pensionnat prodiguaient. Il ne semblait pas faire trop tard, quelques lumieres etaient otujours allumees, signe que certaines personnes etaient encore eveillees. Le parc etait et sans obstacle particulier dans ce coin la. C'est ce moment que choisit Keiko pour s'elancer, lachant la main de Rikka.

Il courut quelques metres pour se degourdir les jambes, ca faisait du bien et ca le desemplissait de ce bonheur qui s'amassait dans son coeur jusqu'a l'en faire eclater. Il termina sa course par une roue maladroite. Le seul cours ou il avait des notes correctes etait le sport, quand il en comprenait les regles. Il se retablit avec un petit vertige, puis regarda Rikka quelques metres plus loin, avec un petit rire amuse. Son expression la plus frequente etait la joie, et comme tous les evenements etaient rassembles pour lui rendre cette expression... Au diable les anges ! Il se debrouillerait bien sans eux pour le moment. Il avait les outils pour reconstruire une vie en plus de la sienne et n'hesiterait pas s e'n servir. Invitant d'un geste Rikka a faire la course jusqu'au pensionnat, il commenca a courir et arriva premier, d'une part parce qu'il ne l'avait pas attendue mais aussi parce qu'il avait tres certainement beaucoup plus d'aptitudes dans cette discipline.


" Premier !"
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeMer 17 Sep 2008 - 21:59

Il sourit, regardant Rikka finir la course pour le rejoindre. Il s'adossa au mur. Elle voudrait sans doute dormir... Peut-etre voulait-elle dormir? Peut-etre voulait-elle etre seule? Devrait-il la laisser, elle semblait si atiguee, si frigorifiee. Ben sur elle irait dans sa chambre et se reposerait vite, il ne voulait pas qu'elle tombe malade. Il remit bien l'echarpe autour du cou, cette echarpe qu'il avait laissee pour aller courir. Il la lui laisserait pour ne pas qu'elle aie froid en cette fraiche nuit de fin d'ete. Pour veiller indirectement sur elle... Le garcon arrangea le long tissu pour ne pas qu'elle traine par terre. Elle etait encore humide de leurs larmes salees et de la pluie qui s'etait deversee dessus mais peu a peu elle s'etait sechee comme leurs joues encore un peu humectees.

Il replongea son regard dans celui de Rikka. Ce regard, il etait si joli... Il pourrait le faire obeir, le mener la ou elle le voulait. Ces longs cils qui se penchaient sur la fenetre de son ame ajoutaient un raffinement discret et son visage pale etait fait pour constraster avec ces pierres noires. Tout etait si evident. Les lumieres dorees embrasserent la peau blanche de Rikka comme les levres de Keiko les siennes. Un instant, si fugitif, et deja il ne savait pas trop ce qu'il avait fait, calquant son comportement sur celui de sa mere et de son pere qui s'aimaient tendrement et le montraient. Un petit instant qui avait suffi au garcon a faire ses choix. Meme un enfant avait sa vie, ses sentiments et lui qui etait adulte devait assumer ces choix. Ne plus reculer. Ne pas hesiter. Il etait adulte, non? Les pensees se bousculerent dans sa tete jusqu'au moment ou il choisit de se separer de la jeune fille. Une petite seconde, une de trop, ou pas assez? Il aurait pu s'excuser, rougir, dire qu'il ne savait pas ce qu'il avait fait. Ilsavait parfaitement, et c'est pour cela qu'il disait


"Bonne soiree."

Il lui sourit avec tendresse avant de se detourner, d'ouvrir la porte fenetre et de s'y engouffrer. C'etait decide, ca serait lui qui reparerait son petit coeur brise. Ce serait lui, le gamin, celui qui ne savait rien faire sans casser. Ce serait lui qui reussirait a faire marcher cette mecanique compliquee qui produisait cris et larmes. Il la ferait sourire. Il la rendrait heureuse. Bonne nuit. Bonne nuit....
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeSam 20 Sep 2008 - 20:08

L’arborescence naturelle des idées fixes ne s’arrêterait pas là.
Ces idées fixes, je ne m’en sortirai pas, je suis coincée, je vais tout perdre, tout rater, tout détruire, tout ça, c’était terminé. C’était la fin, la fin de tout, la fin du commencement mais aussi le début de la fin. L’avènement du ciel, maître mot de l’histoire, la destitution de la terre qui l’emprisonnait, héroïne d’un siècle, traîtresse d’un autre. Elle continuerait de croître toujours un petit peu plus avant de ses perdre dans les abîmes des nuages sucrés à la saveur aigre-douce de la terreur. Elle n’y pouvait plus rien, elle n’avait plus qu’à se laisser porter, elle allait devoir foncer, elle devait tout laisser tomber, combattre ces idées, se laisser aller, empêcher l’inéluctable, abandonner ses idées, s’affirmer…

Une idée fixe, qui demeurait toujours présente, était là, bien encrée sur ce papier de l’esprit, elle pouvait bien planer mais elle refuserait de s’en aller sans elle, ô traîtresse de ce siècle là. Et tandis que le triangle de la co-dépendance victime, bourreau puis salvateur, elle courrait toujours après eux, pour s’en échapper. De toutes façons y’a jamais eu de solutions… Si tu crois encore qu’il y en a une, détrompes toi, Rikka Boyd, tout n’est que fatalité*, tout n’est que brèves paix avant que tu ne replonges.
L’été arrivera, détrompes toi, Rikka Boyd, tu y arriveras, tu pourras t’en sortir, ce n’est pas si dur… Ce n’est que des instants d’égarement, de flottement entre deux rires, tu l’auras vite, ton sourire aux lèvres, va.

Ah.
Je me sens mal.
Ah.
Il fait nuit. Il est tard. Il fait froid. Il faudrait la sauver, celle là. Ou celui là. Eux deux. Un seul. Ensemble. Jamais. Toujours. Encore. Parfois. Keiko et Rikka. Rikka et Keiko. Un sans l’autre et l’autre sans l’un, l’un avec l’autre et l’autre avec l’un. Ah, il fait nuit.

Petite douleur qui s’insinuait dans sa respiration, elle haletait, tandis que le froid l’engourdissait. Elle grelottait depuis plusieurs minutes déjà, la bouche entrouverte, ne cherchant à masquer son malaise d’être à l’extérieur. Il semblait le comprendre, l’accepter, car il déposa une partie de sa cape sur elle. Ah, elle avait un peu honte. L’écharpe qui lui murmurait le futur, la cape qui s’amusait à l’alourdir, pauvre d’elle. Demain, je m’en irai peut-être.
Si tu viens avec moi.

Elle avait un peu honte d’utiliser comme ça tous les vêtements chauds de Keiko, lui qui allait avoir aussi froid qu’elle s’il continuait de se dévêtir ainsi et ils allaient finir comme deux idiots, aux lèvres bleutées et aux mains qui se serraient de plus en plus fort pour pouvoir se réchauffer mutuellement. Que diable. Elle osa enfin dire qu’elle avait froid. Il la regarda, quelques secondes peut-être, pendant les quelles elle sembla laisser échapper la peur de la réaction de Keiko de ses mimiques, de son expression, de ses lèvres qui se tordaient, grimace imparfaite de la perfection, et d’accord, allons-y.
D’accord, allons-y.

Une main chaude qui attrape la sienne, une main chaude qui la relève, une main qui l’aide, un main qui veut tout dire et ne rien dire à la fois, une main qui ne servira plus à rien lorsqu’elle sera debout mais une main qu’elle ne voulait plus lâcher, cette main, cette belle main qui l’avait redressée, elle pourrait la tenir durant des heures, cela ne la perturberait pas. Jamais.
Ce visage à qui elle n’arriverait peut-être plus à placer un nom un jour, elle l’oublierait peut-être, mais pas cette grande main.

Allez danse. Allez chante. Allez, sors t’en. Ne les laisse plus t’abattre, tu peux le faire, tu peux y arriver, tu pourras y arriver un jour, tu pourras le faire.
Un jour.

Il fallait toujours mettre « un jour » à la fin des phrases quand on parle d’elle. C’était inconfortable, irritable, mais c’était ainsi. Pouvait-elle en faire autrement ? Bien sur que non. C’était ainsi, il fallait bien qu’il y ait des désespérés en ce bas-monde, n’est-ce pas ? Il fallait bien que certaines personnes soient faibles, et d’autres fortes. Elle avait tiré la mauvaise ficelle, dommage pour elle. Ou peut-être bien que cette faiblesse serait sa seule protection ? Qui sait. Plus l’être est faible, plus on l’attaque, mais aussi plus on le protège…

« Je ne suis pas faible. »
Non, bien sur que non…

Ils commencèrent à marcher dans cette forêt effrayante, qui semblait fondre sur vous, oppressante dans ses ténèbres et ses tréfonds impossibles à apercevoir autrement que par une trouée noire. Emplie de bruits étranges, son cœur battait si vite qu’elle était sure que Keiko ressentait son pouls qui s’affolait en lui tenant la main. Elle se rapprocha un peu plus de lui, ne voulant guère subir la sensation d’abandon. C’était la seule main qui la conduisait vers le monde, vers la société, comment aurait-elle pu la lâcher ne serait-ce qu’un seul instant ? C’était un duo, un duo de deux fêlés qui essayaient de colmater leurs cassures mutuellement. Car même si étant fêlé, on laissait passer la lumière, on laissait aussi entrer la pluie, et il était difficile de savoir qui de ce soleil ou de cette pluie était le plus cruel.
Enfin, dans cette obscurité, des scintillements apparurent à la vue de Rikka. D’abord flous puis de plus en plus précis, elle pouvait les contempler, ces lumières qui les guidait vers leur maison. Car c’était leur foyer à présent, aussi cruel et froid qu’il soit, ils ne pouvaient plus prétendre qu’ils avaient une maison autre que celle-ci. Même s’ils ne la voyaient peut-être pas ainsi pour le moment, c’était elle, cette vision de réconforte, la chaleur qui faisait fondre le beurre sur la poêle, elle était ressentie lorsqu’on revoyait se dresser cette grande bâtisse, afin d’y entrer et de s’y reposer. Avant de refaire l’erreur d’en ressortir pour aller affronter les éléments souvent maussades pour le plus grand plaisir des uns et le malheur des autres, comme toute chose. Elle pourrait rêver d’une chaleur, elle la trouverait peut-être, rien qu’au coin d’un feu, dans un lit avec deux ou trois couvertures supplémentaires… Une brioche chaude l’hiver, ou alors peut-être bien quelqu’un qui vous enlace un jour de grand froid. Quelque chose comme ça, peut-être.

Non, c’était une blague.

Le bonheur, c’est un peu tout ça à la fois.
Le bonheur de cette fille qui ne savait guère faire autre chose que fureter un peu partout à sa recherche. Fureter n’était peut-être pas le bon mot, mais se battre pour le bonheur est un peu contradictoire, de même que l’expression « se battre pour la paix ». Mais si c’était le seul moyen ma foi, qu’aurait-on pu faire d’autre ? S’il n’y avait qu’un seul moyen de l’imposer, c’était un bien noble dessein, certes. Mais en temps des guerres ce sont des héros, en temps de paix des criminels… Là est le piège que peu comprennent. Voient. Evaluent.
C’était la même chose pour eux deux. Ils pensaient pouvoir combattre leur morosité par le bonheur, mais il faudrait déjà qu’ils l’attrapent, cette fichue vanesse, qui s’envolait et battait des ailes entre leurs doigts pour ne pas se faire attraper, comme si elle voulait garder pour elle toute seule ce sentiment de quiétude.
Mais qu’en avait-elle à faire du bonheur. Tant qu’elle demeurerait perdue dans sa folie, elle ne s’en rendrait pas compte. Maintenant qu’elle commençait à être lucide, elle voyait qu’elle l’était. Elle était dans l’ignorance inconsciente avant, et maintenant elle connaissait sa condition.
Allez danse.

Elle voulait se replonger dans ce tourbillons d’incertitudes, de souvenirs oubliés mais toujours présents. Où les incertitudes étaient des vérités et les vérités des mensonges. Où l’on ne se rendait plus compte de rien, comme coupé de tout, perdu sur une île déserte, envahit par une torpeur qui dissimulait l’important et mettait en relief les futilités. Ah, que c’était une douce idée, que de ne se préoccuper que de la tenue qu’on porterait, que de la coiffure, ou alors de l’heure à laquelle on se lèverait le lendemain, si on se couchait bien sur. De la pièce dans laquelle on irait, peut-être la bibliothèque ? Ou bien le salon ? Elle finissait par ne plus s’en soucier, de fermer les yeux puis de sourire, comme si cela n’avait plus vraiment d’importance. Même penser était inutile. Maintenant, là, sur le moment, tout ce qu’il lui comptait, qu’était-ce ? Un garçon qui lui tenait la main et qui la tirait vers la lumière.
Ca pourrait symboliser tant de choses, cette lumière.
La chance, l’espoir, l’importance des choses, ce bonheur qui lui échappait autant dans son sens que dans la phase physique, tant de choses merveilleuses.

Ou alors c’était simplement les lumières d’un manoir.

Ils sortirent alors enfin de la forêt, débouchèrent dans le parc. Elle tritura nerveusement sa bague, comme des réminiscences qu’elle se devait d’oublier, mais tant pis, ces souvenirs resteraient présents, aussi altérés soient-ils, de cette époque d’insouciance simulée et de blessures cachées. Elle avait beau dire à cette époque qu’elle avait été heureuse, c’était peut-être la période la plus malheureuse de sa vie. Peut-être. Toujours des suppositions.

Elle écrasa une des premières feuilles mortes, la toute première peut-être, entendant le craquement sous son pas. Elle soupira, et continua de se laisser traîner, se laissant porter par le flot d’émotions qui l’envahissait. Elle ne savait plus où elle pouvait se positionner, avant c’était simple : elle était tout en bas. Mais maintenant ? Où était elle ? Savait elle vraiment comment se placer ? Pouvait-elle daigner réfléchir quelques instants à elle-même, sans se dire qu’elle avait tout perdu, tout raté, tout foiré, qu’elle ne pouvait plus rien faire, qu’elle voyait qu’elle ne cessait de pleurer et de s’écœurer, n’était elle dont pas masochiste à exacerber ses douleurs ? Ou bien totalement dépendante de cette douleur ? Peut-être que là était le problème, elle était tellement habituée à se dire qu’elle souffrait qu’elle ne pouvait plus envisager de ne pas souffrir.
Allez, danse.

Il lâcha sa main, et s’élança. Elle le regarda, plantée car raide et droite, courant ces mètres. Il grand, il courrait vite, en quelques foulées seulement il traversa ce chemin. Achevant par une roue, elle l’observa, tandis que son sourire naissait. Il rit. Elle rit.
Il lui fit signe de venir.
Allez, danse !
Elle se mit à courir.

Elle avait perdu de sa forme physique de chapardeuse. Elle avait perdu de sa vitesse, de sa force, mais elle tira sur ses jambes, essayant de le rattraper. Mais il ne l’avait pas attendue, aussi elle l’observa de dos durant toute la course, elle ne vit que son dos, son écharpe récupérée qui ondulait derrière lui ou lui battait le flanc, que sa cape qui claquait elle aussi, les arbres devant lui qui semblaient s’écarter. Cette herbe bleue, ce ciel rose, tout semblait étrange mais en même temps merveilleux, tout semblait s’évanouir avant de renaître, rien n’était omis dans ce tableau des songes oubliés. Premier ! Il était arrivé devant le perron avant elle. Elle sourit. Tant pis. Haletante, elle tenta de récupérer son souffle avant de répondre. Elle chercha cet air qui lui manquait, et entendit le piano. Un petite musique qui résonnait, sol, sol, la, fa mi… sol… Elle entendait ça, tout en souriant, et ne cherchait pas à écouter autre chose que cette berceuse.


« Tu cours… vite. »

Elle sourit, et le vit s’adosser au mur. Puis, tandis qu’elle s’appuyait contre un arbre, la main gauche contre sa poitrine, sentant le cœur qui battait de plus en plus doucement, il enleva son écharpe blanche, l’écharpe qui lui parlait, la belle et gentille écharpe, qui réchauffait autant qu’elle réconfortait. Il se la détacha, puis s’approcha de Rikka, la nouant autour de son cou. Elle le vit s’affairer à l’arranger pour ne pas qu’elle traîne à terre. Elle souriait, doucement, un sourire en coin. Qui signifiait ce qu’il voulait signifier, rien d’autre, rien de caché.
Elle était éclairée par les lumières mordorées du pensionnat, et elle apercevait le salon. Il y avait des gens, ballet de couleurs floutées par le verre poli, qui bougeaient ou restaient immobiles, faisaient du bruit. Il y avait des relents de conversations, quelques phrases qui restaient suspendues dans la nuit, avant de s’évaporer. Il était aussi éclairé de biais, et elle ne discernait vraiment que la partie gauche de son visage. Il la regardait, lui aussi, mais il ne semblait pas s’intéresser à ce jeu d’ombres et lumières. Il ne semblait pas accorder le moindre intérêt aux gens ou aux paroles qu’ils prononçaient, confortablement et au chaud dans le manoir.


Dernière édition par Rikka Boyd le Sam 20 Sep 2008 - 20:14, édité 1 fois
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
MessageSujet: Re: Prenez moi avec vous. [Rikkachou] [Temple]   Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] Icon_minitimeSam 20 Sep 2008 - 20:13

Non, tout ce qui l’intéressait, elle le sut lorsqu’il se pencha vers elle. Elle pensa qu’il voulait lui dire au revoir en lui faisait la bise, c’est pourquoi elle ne bougea pas, mais au lieu de se poser sur ses joues, ses lèvres se posèrent sur les siennes, sans demander son accord, sans prendre garde à si elle ne voulait pas autre chose que cela.

Elle ne se sentait pas bien. Il ne pouvait pas lui faire ça, impossible. Il ne pouvait guère la trahir ainsi, c’était… improbable. Elle le sentait contre elle, aussi chaud que sa main, et elle ne ressentait pas un désir de faire du mal. Il avait l’air de ne vouloir que l’aider, malgré tout ça, comme s’il n’avait pas conscience de ce qu’il lui faisait. Il n’avait pas conscience. Il…
Elle n’avait pas le temps de se dire plus de choses que déjà il se retirait. Elle aurait aimé qu’il soit gêné, troublé comme elle. Il ne l’était pas le moins du monde. Il était souriant, il lui souhaita une bonne soirée, il acheva son sourire, et se retira.

Laissant Rikka avec son écharpe. Laissant Rikka avec ses doutes, ses émotions, mais aussi son sentiment d’erreur, comme si elle venait d’en faire une.

Elle venait de rompre une de ses promesses muettes. La plus importante, celle qui lui garantissait une vie sauve, celle qui était son assurance-vie. Mais là le gain ne se comptait pas en euros mais en jours. Elle ne pouvait se permettre de recommencer, non, c’était impossible, cette promesse était la seule chose qui la maintenait debout ! C’était la seule chose qui l’empêchait de tomber !
Les promesses ne sont pas faites pour être détruites.
Et c’est pour ça qu’elle resta quelques instants sur le perron, attendant qu’il monte dans sa chambre ou bifurque. Elle demeura là, raide, avant de se recourber un peu, d’enfouir son visage dans sa confidente, et de franchir à son tour la porte fenêtre. Elle entra dans le hall, et sans regarder s’il y avait déjà d’autres personnes, monta les escaliers lentement, comme si elle espérait laisser ses remords derrières elle, sur le pas de la porte, mais c’était impossible, elle le savait.

Seulement, à force de vouloir tout effectuer à la perfection, elle avait conscience qu’elle raterait tout. Il ne fallait pas vouloir la perfection, il fallait vouloir le sentiment de la réussite. Elle ne l’avait pas. Elle ne l’aurait pas avant longtemps. Elle risquait de tout rater, chose après chose, espoir après espoir.
Elle poussa la porte de sa chambre, s’assit sur son lit, s’enfouit dans ce long tissu, se refusant à pleurer. Elle alluma la lampe de chevet, s’allongeant.
Encore souffrir.
Oh, non.

Elle contempla la fenêtre, se dit qu’il faudrait la droguer pour qu’elle veuille recommencer à sauter par là, s’emmitoufla dans cette écharpe, se promettant de ne plus faillir. D’être la plus forte, à présent, c’était eux qui allaient la subir, elle, elle n’aurait plus à les subir, ils ne pouvaient plus lui faire du mal. Parce que maintenant, même s’il l’avait forcée à se trahir elle-même, elle n’était plus seule. Oh non, il y avait l’Echarpe et il y avait Keiko.
C’était bête, c’était romantique à en mourir d’ennuis, mais elle pouvait se dire que maintenant elle n’avait plus le droit de pleurer, parce qu’il y avait quelqu’un de plus malheureux qu’elle. Alors elle ne le ferait plus, oh non…
J’veux plus m’en aller. J’veux rester.

Allez, danse !
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Prenez moi avec vous. [Rikkachou]       [Temple] _
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