Waa, quelle ambiance ! [Terminé]

+

Hayina ouvrit la grande porte du hall d'entrée en soupirant. Combien de fois encore allait-elle changer de pensionnat ? Elle n'en savait rien mais espérait pouvoir rester dans celui-là quelques années ; elle n'en avait jamais vu de si beau, pour l'instant. Et de si mystérieux... Celle-ci n'avait croisé personne à l'extérieur alors que d'habitude, des tas d'élèves se baladaient en rigolant comme des oies à des blagues idiotes ou faisaient d'autres gamineries dans le genre.
Mais là, tout était silencieux. Comme si tout le monde s'était réfugié à l'intérieur du pensionnat. Etrange... mais plus paisible.
Enfin, la jeune fille hissa sa valise à l'intérieur du hall d'entrée et se mit à avancer vers les escaliers sans prendre la peine de fermer la porte... mais, alors qu'elle se débattait avec son bagage pour qu'il avance, elle entendit un énorme claquement qui la fit sursauter. Elle se retourna hâtivement: la porte s'était fermée d'un coup sec, comme si quelqu'un l'avait claquée. Mais il n'y avait personne dans le hall. Peut-être le vent ? Non, impossible ; il n'y avait même pas une brise légère...

*Peu importe, il y a plus important*, pensa-t-elle en continuant d'essayer de lever sa valise avec peine. Pourquoi n'arrivait-elle plus à la déplacer ? Elle avait déjà eu du mal à traverser le portail jusqu'au hall mais là, elle ne pouvait plus la déplacer d'un millimètre...

-Je croyais que tu avais plus de force, dit soudain une petite voix.

Hayina sursauta de plus belle ; on aurait dit que la voix venait de l'intérieur de sa valise... Celle-ci regarda autour d'elle sceptiquement puis empoigna la fermeture éclair de sa valise après un moment d'hésitation. Elle regarda une nouvelle fois autour d'elle puis ouvrit à moitié sa valise ; soudain, quelque chose de piquant surgit de l'intérieur puis se posa sur le parapluie de la jeune fille qui était tombé: c'était une petite feuille de houx, une espèce de bille rouge accrochée au haut de la feuille. Mais ce qui était vraiment étrange, c'est que cette feuille se plia en deux et qu'une épine plus grande que les autres s'appuya sur le centre de la feuille, tel un salut. Tout à coup, des souvenirs de la petite enfance de Hayina lui revinrent à l'esprit comme un flashback: elle se revoyait en train de marcher en équilibre sur un tronc d'arbre, cette petite créature sautant d'une main à l'autre de la jeune fille pour la déséquilibrer: "Arrête, Winter !" lui ordonnait la petite fille qui était Hayina plus jeune. Mais la créature continuait de sauter d'un bras à l'autre pour la faire tomber... sauf qu'il n'arrivait pas à la désiquilibrer, vu qu'il n'était pas réel. C'était l'ami imaginaire de son enfance...

-Winter ?! S'écria-t-elle en montrant du doigt la feuille de houx.

-Heureux de te revoir moi aussi, répondit-il en croisant les deux épines plus longues des côtés tels des bras.

-Voilà, maintenant j'ai des hallucinations... se dit-elle en portant sa main gauche à son front. Se mettant à ignorer la feuille de houx, celle-ci referma sa valise et reprit son parapluie en le secouant pour faire tomber la créature, puis essaya de faire bouger sa valise de toutes ses forces: tiens, elle était redevenue aussi légère qu'avant ! Bizarre, vraiment... Elle recommançait à marcher en ignorant les plaintes de la feuille de houx quand la valise refusa soudain d'avancer encore une fois: la créature était montée dessus. *Mais elle va me lâcher, cette feuille défectueuse ?* pensa-t-elle en essayant de refaire avancer sa valise.

-Non, je ne vais pas te lâcher ! Ragea-t-il comme s'il avait pu lire dans ses pensées. Celui-ci se mit à sauter sur la valise, des petites entailles commençant à se dessiner sur le bagage. Hayina se rappelait de ses crises qu'elle s'inventait: à chaque fois qu'elle le xvexait, il se mettait à sauter sur un objet pour le casser à l'aide de ses épines. Seulement, elle ne voyait jamais les impacts de ses sauts, d'habitude...

-Mais arrête un peu ! Et puis comment tu peux âbimer ma valise ? Tu n'est pas réel, tu n'es que mon ancien ami imaginaire... Enfin, je crois vu que j'ai dû t'oublier après mes sept ans...

Soudain, Hayina crû entendre un bruit de pas. Celle-ci se tut aussitôt, reprit son parapluie qui était encore tombé parterre et le posa sur sa tête en faisant mine de regarder autour d'elle avec admiration.

*J'espère que personne ne m'a entendu... Que vont penser les autres s'ils me voient parler à ma valise ? Déjà qu'on me prend pour une psycopathe, je n'aimerais pas qu'on pense aussi que je suis schizophrène...* Pensa Hayina en jetant un discret coup d'oeil à Winter qui continuait à sauter sur la valise, comme s'il essayait de la perçer.

Skye marchait dans le pensionnat. Il faisait sombre dans les couloirs, comme d'habitude. Il faisait froid dans les couloirs, comme d'habitude. Comme d'habitude, toute la journée, Skye avait joué à faire semblant, comme d'habitude, elle a souri, oui comme d'habitude elle avait même ri, oui comme d'habitude, enfin elle avait vécu...oui comme d'habitude. Une journée comme les autres, une arrivée comme les autres, aucune surprise, juste la lassitude qui enveloppe le cœur. Amertumes refoulées, soupir poussé, ce soir allait être un soir comme les autres, aucun remord, aucune envie, juste la vie.
La vie monotone, la vie qui s'écoule, le temps qui passe inlassablement, le cliquetis répétitif de l'horloge se mêlant au cliquetis infernal de l'épée se fracassant contre l'amure.
La jeune Periple avait l'esprit emplit de pensées furtives, volatiles qui n'étaient que de passage pendant quelques instants avant de s'évaporer tout simplement. Elle venait de quitter son alter égo astral et après avoir essayé de jouer a faire semblant, la jeune demoiselle s'était sentie vide. Vide de sens, vide de sentiment, comme une machine programmée pour manger, dormir, marcher et répéter, oui répéter toujours la même chose, toujours les même mouvements.
On fini par vite s'ennuyer dans une prison dorée. On fini par devenir fou dans une prison dorée. La folie est d'abord une douce déficience, une nouvelle façon de vivre sans que la pensée soit d'accord. Plus le chemin est long, plus la vie est longue, plus le chemin de la vie est escarpé, plus l'être devient fou. La folie peut être un bien comme un mal. C'est a la personne d'en decider: quel chemin prendre?
L'héritière des Periple déboucha dans la lumineuse entrée, elle plissa les yeux. Passant de l'ombre a la lumière, à cette lumière crue qui semblait l'agresser. Skye cligna deux a trois fois les yeux avant de s'avancer vers la nouvelle pensionnaire qu'elle venait d'apercevoir. Elle distingua l'alter égo de celle ci et esquissa un triste sourire.
Dans un fracas de métal assourdissant ,elle s'inclina devant la nouvelle arrivante.

-"Bienvenue au Pensionnat interdit jeune demoiselle, mon nom est Skye, Skye Periple et j'ai une désagréable nouvelle a vous annoncer. En effet, cet endroit étant maudit, il vous est impossible tout comme moi et bien d'autres de sortir de la propriété du château.

[Désolée...pourri]

+

[Mais non il est super ton post Ôo ]

Soudain, Hayina entendit d'autres pas... Puis des cliquetis métalliques... Et elle vit que quelqu'un avançait vers elle. Celle-ci releva légèrement son parapluie pour mieux voir la personne qui s'adressait à la jeune fille: c'était une fille ; ses yeux étaient marrons, ou rouges, en fait elle n'arrivait pas à voir de quelle couleur ils étaient vraiment... Mais Hayina ne se préoccupa pas plus longtemps de la couleur de ses yeux ou de son physique ; car ce qu'elle lui annonça la surpris quelque peu...
Déjà, elle s'appelait Skye Periple. Enfin quelqu'un qui se présentait au lieu de lui parler en tant qu'inconnue, comme le faisaient beaucoup de gens... comme s'ils se fichaient de l'identité de la personne.
Ensuite, elle lui dit que ce pensionnat était maudit et que tous les élèves y étaient enfermés. Hayina ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire: comme si elle allait avaler ça... Néanmoins, essayant de ne pas creer de conflits dès son premier jour dans le pensionnat, celle-ci répondit d'un air calme:

-Je m'appelle Hayina Snowine et... soudain, Winter couvrit ses dernières paroles en criant qu'il allait casser sa valise si elle ne s'excusait pas de l'avoir fait tomber comme une vulgaire feuille. Celle-ci avait envie de lui crier dessus mais se contenta de serrer les poings jusqu'à ce que ses ongles perçent sa peau ; Skye la prendrait vraiment pour une folle si elle l'entendait crier à sa valise !
*Toi tu te fais oublier ou je t'arrache tes épines une par une et je t'écrase avec ma valise que tu es en train de déchiqueter !!* Pensa-t-elle en jetant un regard assassin sur la bestiole. Aussitôt, celle-ci s'immobilisa, les larmes aux yeux.

-Heuu... Oui et donc, si tu crois que... enfin je ne vois pas pourquoi quelqu'un nous enfermerait dans un pensionnat, quel intérêt ? Dit-elle en se retenant de l'envoyer paître.

Skye se redressa dans un bruissement métallique et soupira. Encore une qui ne la croyait pas. Le timbre de sa voix était teintée d'ironie. Mais après tout, comment lui en vouloir? Oui, si un inconnu vous attrape dans la rue et vous annonce qu'il est Merlin l'enchanteur, était -il aisé de le croire? Non! Et pourtant, il y a une chance sur les quelques centaines d'hypothèses toutes plus folles les unes que les autres pour que cela soit la réalité. Mais qu'est ce que la vérité face a l'affirmation d'une absurdité? Ne sommes nous pas tout a fait bien portants, tout a fait sains d'esprit pour juger absurde les propos d'une personne? Cependant...qui sommes nous réellement pour avoir le droit de porter un œil critique sur la pensée des autres?
Skye eut envie de s'en aller, en ce moment elle n'était pas d'humeur a se faire traiter de folle, de pauvre fille ou de pleins d'autres noms plus injurieux les uns que les autres. Tout ce dont elle avait besoin c'est qu'on la laissât tranquille, mais surtout pas d'un de ces regard moqueur ou de ces airs compatissants. Quand Hayina laissa échapper un rire, la jeune Periple avait tout de suite compris que la tache allait être difficile et ingrate.
L'héritière des Periple cligna des yeux et regarda l'alter égo de la jeune demoiselle fraichement débarquée. Elle le gratifia d'un sourire avant de reporter son attention sur cette prétendue Hayina Snowine.

-"...l'intérêt? Skye frissonna, voilà une question bien étrange. Les Fondateurs de cette bâtisse sont des êtres perfides qui se délectent de notre désespoir. Il n'y a pas "d'intérêt"à être enfermés mademoiselle, sinon a tourner en rond en attendant la prétendue délivrance qu'est la mort. Elle s'arrêta d'exposer ses propos et sa voix perdit tout son éclat quand elle ajouta ces dernières paroles.

-"...et encore, même après la mort, nous sommes éternellement prisonniers.

Elle releva la tête et plongea son regard dans celui d'Hayina.

-"Je sais que c'est dur a avaler, mais je n'ai guère l'envie de plaisanter.

Skye détacha son regard pour se tourner vers les sombres couloirs du pensionnat. Un battement d'ailes, un glapissement, Aï déboucha dans le grand hall d'entrée, illuminant ses ailes bleues de lumière. Il vint se poser sur le bras de son amie sans prêter la moindre attention à la nouvelle.
Si aujourd'hui, Hayina avait décidé de mettre en doute la parole de la demoiselle en armure, la convaincre allait être une longue et difficile discussion argumentative. En espérant que la parole d'un inconnu puisse trouver refuge en quelqu'un de compréhensif, parce qu'on est tous un jour celui qui est absurde~

+

[Arrête avec ça, tes posts sont très bien xDD (surtout par rapport aux miens =P) ]

Soudain, Hayina crut surprendre un regard de la part de Skye à Winter. Se pouvait-il... qu'elle le voyait aussi ? Mh, remarque, la jeune fille avait toujours cru à la magie... Mais comment savoir s'il était bien réel ? Soudain, la réponse lui apparut comme une évidence. Celle-ci toucha les épines de Winter sans se préoccuper de l'impact que ça aurait sur sa main ; si elle avait une blessure et que l'élève devant laquelle elle se trouvait la voyait, c'est qu'il existait bien. Et que le pensionnat était bien maudit. Soudain, Hayina sentit de forts picotements sur ses doigts et sentit un liquide chaud se déverser sur le long de ses doigts jusqu'à la tempe de sa main ; elle saignait. Alors elle demanda à la jeune fille:

-Qu'est-ce que tu vois sur ma main ?

Mais rien qu'en voyant la tête que faisait Skye en regardant pile ses plaies, celle-ci se dit qu'elles étaient bien visible. Alors Winter était une véritable créature vivante, en chair et en os (enfin façon de parler)...
Alors Hayina sourit. Finalement, les années à venir dans le pensionnat semblaient s'avérer plus qu'amusantes...

-Admettons que ce soit la vérité. Je peux savoir où serait le prob...

Soudain, une créature volante déboucha de nulle part en poussant un bruyant glapissement puis s'installa sur son bras... Son ami imaginaire ?
Aucun doute, elle ne lui avait pas dit ça pour plaisanter... Etaient-elles vraiment enfermées dans ce bâtiment ? Pour en avoir le coeur net, celle-ci se dirigea vers la porte. Elle essaya de l'ouvrir mais elle était fermée à clé... bien qu'il n'y ait pas l'ombre d'une serrure ou d'un quelque verrou. Alors elle alla à la fenêtre la plus proche et essaya de l'ouvrir mais, bien qu'il y aie une discrète poignée, elle ne voulait pas bouger d'un millimètre. Alors Hayina fut soudain prise d'un fou rire incontrôlé... Décidément, elle n'aurait pas pu rêver mieux !

[Bonbonbon Je crois bien que c'est reparti !! ]

Skye leva les sourcils, regardant d'un air quasiment surpris la jeune femme qui venait d'éclater de rire. Un fou rire incontrôlé et franc, résonnant bruyamment dans toute la pièce et faisant trembler le luminaire. Un rire guttural, partant de l'estomac, rencontrant un obstacle qu'était la gorge avant de sortir pareillement a un cris heureux. Un cris heureux et démentiel.
Quasiment surprise, c'est bien le terme. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait la folie dévorer un Homme et certainement pas la dernière. Et puis, qui était -elle pour juger de la folie d'une jeune demoiselle? Pourtant, après que ces bras frêles aient secoués vainement l'immense porte d'entrée, Skye avait cru que la nouvelle acquise n'allait pas être reçue de cette manière. Mais a chacun sa façon de prendre les informations. Après tout, chacun a une pensée propre, aucun raisonnement n'est le même, aucune réaction n'est calculée.
En d'autres termes, chaque individu est différent. Ne parlons pas donc d'une surprise qui n'en est pas une. La jeune Periple resta là, a la regarder rire pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas. Tandis que dans sa tête tout ce mélangeait, avait -elle dit quelque chose de drôle? Non. La situation était-elle drôle? Non. Alors pourquoi rire? Raison inexplicable, rire nerveux? Non, ce rire n'était absolument pas nerveux. Peut être un rire de triomphe. Un triomphe contre la vie ? Un triomphe contre la nature humaine? Peut être, peut être pas. Chaque être a son histoire, chacun a ses raisons; la vie n'est qu'un enchainement successifs de chemins que nous prenons consciemment ou inconsciemment. L'héritière des Periple savait que le chemin qu'elle avait pris l'avait mené au Pensionnat interdit, la seule chose en commun avec tous les pensionnaires: ce chemin maudit menant a l'interdit.
Aï leva ses yeux bleus saphirs vers la jeune femme d'un air interrogateur, trouvant vraiment incorrect de rire d'une manière aussi incontrôlée. La demoiselle en armure ne répondit pas, si Hayina ne voyait pas où était le problème, alors tant mieux. Elle acceptera plus vite la situation que certains êtres plus attachés au monde extérieur. Tout dépend de ce qu'on abandonne derrière cette porte, mais la seule chose a laquelle les pensionnaires renoncent pour l'éternité, c'est à la liberté.

-"Si vous ne voyez pas de problème a rester a tout jamais ici, alors je m'en réjouis fort pour vous. Dit -elle. Je vous présente Aï, mon alter égo astral, j'ai vu que vous aviez déjà rencontré le votre, c'est une très bonne chose aussi. Continua Skye en caressant les plumes de son ami le rapace. Sachez de plus, qu'en entrant dans cette demeure, vous avez obtenu un don ou plus clairement pouvoir, qui vous est propre.

La vérité était dite, le restant de la vie était a faire, le chemin était tout tracé; bienvenue...aux Enfers.

Skye avait fini son devoir, elle ferma les yeux et soupira, quel dommage de ne plus pouvoir...respirer l'air frais de la liberté.

-"Avez vous des questions avant que je ne vous quitte Mademoiselle Hayina?

+

Hayina se retourna alors vers les deux personnes qui semblaient bouche bées de voir quelqu'un rire alors qu'elle vient d'apprendre qu'elle n'a plus le choix, qu'elle doit rester ici. Mais a-t-elle vraiment eu le choix dans la vie ? Oui, peut-être avait-elle eu le choix de ne pas tuer les deux garçons, ne pas tuer son père, ne pas persécuter les autres ? Le choix de rester une victime qui subit sans rien dire, ou celui d'être celle qui fait subir les autres au lieu de sa pauvre personne... Ce fût le seul choix qu'on lui accorda. Et, poussée par son égoïsme, elle choisit la deuxième option. De toutes façons, elle n'avait jamais eu une raison de vivre. Néanmoins elle s'en était trouvée une ; pourrir la vie des autres pour obtenir la satisfaction qu'elle n'était pas la seule à être aussi malheureuse. C'en était devenu un besoin perpétuel. Maintenant, elle ne savait plus vraiment pourquoi elle faisait ça... Elle savait juste que c'était devenu sa drogue. En ouvrant cette porte, en entrant ici, elle n'avait renoncé à rien car elle n'avait plus rien de précieux appart sa vie.
Hayina revint vers les deux personnes, puis Skye lui dit qu'elle était heureuse pour elle, qu'elle soit contente à l'idée de se savoir enfermée pour l'éternité ici et lui présenta son ami imaginaire, qu'elle appelait un "Alter Ego Astral". Mais ce qui la rendit plus heureuse encore c'est qu'elle lui annonça qu'elle possédait un pouvoir en elle. Puis elle lui demanda si elle avait d'autres questions à lui poser avant de se retirer. Oui, une question venait de lui venir à l'esprit...

-Y'a-t-il un personnel dans le pensionnat ? Demanda-t-elle.

Skye pencha la tête d'un coté. Encore une question étrange. Pourquoi voulait -t'elle qu'il y ait un personnel dans une bâtisse maudite? Après tout, si il y avait un personnel dans ce pensionnat, la jeune Periple l'aurait déjà croisé. Peut être...peut être pas. Mais l'héritière des Periple n'en savait rien, en un an et demi, elle n'avait pas croisé de soubrette ni de cuisinier et encore moins de jardinier! Comme si cet endroit vivait de part lui même. La magie était bien partout: aux quatre coins du pensionnat, certainement que la maison était vivante! Cette idée absurde lui traversa l'esprit avant d'être balayée par un vent de pensées lucides. Evidemment non, l'endroit n'était pas vivant, aussi beau était t-il, rien ne laissait entendre qu'un objet puisse prendre vie, du moins pas éternellement. Tout cela était l'œuvre des Fondateurs, ces ignobles fondateurs qui se délectaient de leurs cris, s'amusaient de leur détresse, et riaient de la tuerie générale. Peut leur importait le prix, faire souffrir semblait être leur seul désir. Drôle de désir, perfide question. Comptait -elle vraiment avoir une réponse. N'était ce pas évident que dans une prison aucun gardien n'est considéré comme du personnel?
Les gardiens d'ici, c'étaient les I, et aucun personnel n'était admis. Ni proches, ni personnels, seuls les adolescents et leur peine. Eux, en mal de liberté ils étaient comblés, plongés dans l'horreur de la folie et manipulés au bon vouloir de ces ignobles "Fondateurs".
La jeune demoiselle en armure paru tout de même réfléchir quelques instants, posant sa main sur son menton, comme l'aurait fait son maître d'armes Mr Linh. A la seule pensée de ce vieil homme, les yeux de Skye s'illuminèrent discrètement. En osant entrer ici, elle avait tout perdu, et avait laissé derrière elle, son père spirituel. Ah! Quand pourra t'elle sortir et accomplir son devoir? Jamais certainement, mais, Skye ne perdait pas espoir.
L'espoir fait vivre. Mais quand l'Espoir n'est plus la, vivons nous? La jeune Periple avait perdu l'Espoir, puis enorgueillie par son devoir et son honneur, elle s'était remise a chercher, le moyen de sortir, en vain. Alors, pour éviter que Hayina ne se fasse de faux espoirs, elle repondit très franchement à cette question.

-"Non, je n'ai, depuis que je suis ici c'est a dire un an et demi, jamais croisé du personnel.

Elle se retourna, et s'apprêta a partir, soucieuse tout de même de laisser une personne aussi étrange a l'intérieur du pensionnat, côtoyer ceux qu'elle a juré de protéger. Qui sait ce qu'il se cache sous un joli visage? ....Peut être bien la mort.
Cependant que faire contre le mal mis a part le couper a la racine? Rien, surtout quand il est trop tard si ce n'est le tuer au moment le plus propice. Tout acte a une répercutions en priant pour que laisser Hayina vivante ne soit pas un acte a trop grandes répercutions.

+

Skye réfléchit un moment puis lui répondit qu'il n'y avait pas de personnel ; enfin que, pour sa part, elle n'avait encore jamais croisé de personnes pouvant faire partie du staff en un an et demi. Waow, alors comme ça, elle était là depuis un an et demi ? Mh, finalement ce n'était pas grand chose comparé au nombre d'années qui lui restaient encore à vivre dans ce lieu. Mais Skye semblait en avoir déjà assez. Quand à Hayina, elle ne pensait pas se lasser de cet endroit de si peu ! Elle allait bien s'amuser. Celle-ci sourit alors que la jeune fille s'apprêtait à partir. Puis elle posa une dernière question qui lui échappa ; en fait elle ne connaissait même pas la raison de poser quelque chose de ce genre:

-Et que se passe-t-il si on tue quelqu'un ? Je veux dire... Il n'y aura pas de personnes pour leur donner une punition, enterrer le corps ou quelque chose dans le genre ? Ah mais non, j'oubliais que personne ne peut sortir...

*Dans ce cas je te déconseille de croiser mon chemin trop souvent...* Pensa-t-elle en regardant celle-ci joyeusement. Bizarrement, cette situation lui faisait penser au roman de Battle Royale, un bouquin japonais où une classe de 3° se retrouve coincé sur une île, ayant comme but de survivre aux autres... ou plutôt d'être le dernier survivant. En le lisant, celle-ci avait une grande admiration pour le personnage de Mitsuko Sôma... Plus jeune, elle la considérait même comme son idole. N'importe qui aurait trouvé ça quelque peu étrange, d'avoir comme modèle un personnage de roman, surtout quand il est sans scrupules.

Skye se heurta a un mur. Elle venait de décider a l'instant de laisser cette jeune fille en liberté, ou du moins, vivante. Mais voilà, le mal est lié a la folie, la folie l'emporte sur la raison et la raison régit la notion du bien et du mal. La jeune Periple frissonna et dans un bruissement de métal suraigu se retourna. La douceur dans ses yeux avait laissé place a la haine. Elle vérifia que son épée était toujours accrochée dans son dos. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été confrontée a ce genre d'esprit. La dernière fois, cela ne s'était ...pas très bien terminé. La jeune Periple frôla de ses doigt glacés le pommeau de son arme, un nouveau frisson lui parcouru l'échine. Elle n'hésitera pas a tuer dans n'importe quelle circonstance; protéger sa nouvelle famille était tout pour elle.
Perdre quelqu'un est déjà assez douloureux sans qu'en plus un meurtrier sonne a votre porte, le visage d'ange et le sourire carnassier aux lèvres en se présentant comme la faucheuse en personne.
Aï darda pour la première fois ses yeux froids sur Hayina. Tout en elle le dégoutait. Son regard, son sourire, sa voix, ses gestes. Tout était emplit de disgrâce et de fausseté flagrante. Le mal emprisonnait ce corps souillé et l'oiseau dût se contrôler pour ne pas aller lui arracher les yeux.
Les yeux n'étaient-il pas la fenêtre sur l'âme? Et l'âme du mal réincarné n'avait pas le regard attendrissant d'une petite fille, au contraire.

-...Quand ce quelqu'un est tué, il devient fantôme et hante le pensionnat a tout jamais. Sa dépouille est enterrée dans le cimetière qui dépend du pensionnat.

Elle s'avança de quelques pas vers la jeune insolente. Les yeux braqués vers elle.

-"Quant à l'impertinent ou l'impertinente qui se sera pris pour ce qu'il n'est pas, je me chargerai moi même...de la sentence. Car il y a pire que la mort en ce bas monde Mademoiselle Hayina. Ce pensionnat est maintenant tout ce qu'il me reste et je considère les pensionnaires comme ma propre famille. Je ne laisserai personne...faire du mal a ceux qui me sont chers.

**Tu n'as pas compris à qui tu te frottais jeune fille**

+

Soudain, la jeune fille s'arrêta. Elle devait être outrée par la question que Hayina venait de lui poser... Son hypothèse se confirma par le regard froid et haineux qu'elle lui lança. Oups, avait-elle fait une bêtise ? Soudain, Winter bondissa sur Hayina pour aller se poser sur sa robe grise, à l'endroit qu'on met généralement des pin's ou des badges ; on aurait pu le confondre avec un simple objet décorateur...
Celle-ci répliqua à Hayina d'un ton à faire peur qu'elle ne tolérerait aucune violence à propos des élèves du pensionnat. Elle disait qu'il était tout ce qu'il lui restait... Tsss, émouvant à en pleurer. *Heu... Conseil d'ami n'Haya... Fais attention à elle, si elle est là depuis un an et demi elle doit bien connaître l'art de ses pouvoirs...* Lui glissa silencieusement Winter. Mais Hayina gardait son expression joyeuse, comme si ce qu'elle avait dit ne l'avait choqué pas le moins du monde. Généralement, cette expression était signe de provocation chez elle... C'est pourquoi elle souriait comme ça en permanence.

-Très bien, je m'en souviendrai à l'avenir... Mais je n'ai jamais dit que j'allais faire un génocide dans le pensionnat. Hayina releva son parapluie et continua de lui sourire comme à une bonne amie.

Skye leva les yeux aux ciel. Encore une qui n'avait peur de rien. Encore une qui n'allait pas vouloir marcher droit. Encore une petite fille qui n'avait connu que le plein pouvoir et qui se croyait toute puissante. La jeune Periple cessa alors de respirer quelques instants, essayant de calmer l'envie dévastatrice d'arrêter de jouer au chat et a la souris. C'était une nouvelle fois une confrontation avec le mal, une nouvelle fois et certainement pas la dernière malheureusement.
Le malheur dans tout ça, c'était de voir cette vie humaine rongée par la folie.
Hayina releva son parapluie rose bonbon tout en continuant de sourire. Un sourire qui se voulait doux, un sourire qui sentait l'ironie, un sourire qui n'était que façade. La demoiselle en armure soupira alors, tourna les talons en haussant les épaules. Après tout, quand on défit la mort, on s'attend a perdre. Perdre la vie, se voir mourir, souffrir un moment avant de s'éteindre silencieusement.
Aï s'envola dans un battement d'ailes silencieux mais inquiet. Evidemment, donner la mort pour Skye était aisé, mais les répercutions étaient terrifiantes. L'oiseau préférait ne pas agrémenter le feu de la discorde.
Skye tourna les talons et partit de nouveau vers les ténébreux couloirs du pensionnat interdit dans un effroyable cliquetis .

-"Adieu Dit -elle sèchement.

Car un "Aurevoir" pouvait laisser sous entendre une nouvelle rencontre, parce qu'un "Adieu" laissait penser que la mort les retrouverait.

+