[bibli] "Le coeur des hommes..."[PV Gugus 8D]

+

"Le coeur des hommes est une bibliothèque où s'alignent les romans tragiques, les idylles, les livres gais et aussi quelques livres légers : une bibliothèque rangée sans ordre apparent, mais complète." Edgar, Henri Duvernois.

Chaque fois que Raphaël Stanton pénétrait dans une bibliothèque, c’était à cette citation, lue dans un livre un jour d’ennui, qu’il pensait. Il la trouvait très vrai, très bien imagée. Pour lui qui aimait les livres, cette description de la vie était parfaite. Quoique, des livres d’idylles et gais, il ne devait pas y en avoir des masses, dans la bibliothèque du cœur du jeune homme.
Pauvre garçon qui ne riait pas.

D’un regard, il embrassa les étagères, dont les occupants, bien que sans vie, racontaient des histoires fantastiques, des histoires de vie, des histoires justes. Des histoires bien plus passionnantes que la sienne, en fait. Même si son histoire aurait pu devenir passionnante. Expatrié en terres inconnues, il aurait pu lui arriver toutes sortes de rencontres et expériences inattendues et nouvelles. Mais il s’était conformé au modèle japonais, et, ironie du sort, c’est lorsqu’il était rentré au bercail que sa vie avait basculé et était devenue « fabuleuse ». Enfin, ça dépendait du point de vue.

En arrivant ici, Raphaël Stanton était persuadé qu’il était malencontreusement arrivé dans un asile de fous. Un vrai, avec des hommes en blouses blanches brandissant des filets à papillons, une seringue dans la poche. Décidé à réparer cette erreur, et après avoir fait face à un terrible monstre (=jeune fille =_=), le jeune homme s’était mis en quête d’une infirmière. Qu’il ne trouva pas. D’ailleurs, il n’en trouva jamais. Il croisa d’autres aliénés, mais les ignora tous superbement, ou leur lança un regard un peu craintif.

Finalement désespéré, prêt à accepter la réalité, il avait laissé ses pas le guider à la bibliothèque, un lieu qui le rassurait. De plus, il lui sembla que c’était la seule pièce à peu près normale du manoir. Il laissa courir ses doigts le long des étagères, frôlant la tranche des livres. Soudain, un titre attira son attention. Il le subtilisa délicatement et l’ouvrit entre ses mains. Le Petit Prince. Un doux sourire anima ses lèvres. Ce livre, il l’avait lu des dizaines de fois, et en grandissant, il le trouvait toujours aussi juste et logique. Le toucher de la couverture lisse et des pages le rassurait ; il n’était plus totalement dépaysé maintenant.

Soudain, Raphaël sentit sur son épaule des chatouillis un peu piquant, comme si une souris était en train d’y galoper. Il avait presque vu juste. Ce n’était pas une souris, mais une hermine immaculée, reconnaissable à sa finesse et à sa tête triangulaire, surmontée de deux oreilles arrondies. Alors que nombre de personnes n’aurait pas su faire la différence entre une hermine et un furet, le garçon la reconnut tout de suite. En effet, gamin il inventait un ami imaginaire, une petite hermine, semblable à celle qui se trouvait sur son épaule. Il la caressa distraitement, s’interrogeant : D’où provenait-elle ? D’une animalerie ? S’était-elle introduite ici pour se nourrir des victuailles destinées aux pensionnaires ?
Ainsi perdu dans ses réflexions, Raphaël Stanton n’avait pas senti la présence d’un autre humain…

+

Aha! Je te tiens, sale bêêête!

C'est quoi ce machin ? Un rat trop poilu? C'est pas ces machins qui pus au moins!?