Lucas marchait péniblement sur le sentier inégal de cette forêt qui semblait ne jamais vouloir finir. Il était crevé, sans compter que sa pile de livres pesait lourd et qu'il ne voulait pas l'abandonner. En plus ses parents devaient s'inquiéter. Ils n'avaient jamais été très sévères sur les horaires, mais quand même. Là, il fallait vraiment qu'il trouve un endroit pour téléphoner, et même peut-être dormir parce qu'il ne voyait pas comment une voiture aurait pu entrer dans ce bois inextricable. En fait, ce qui aurait été bien c'est qu'il en sorte. Mais bon.
Il commençait à désespérer d'arriver enfin à la civilisation, ou tout du moins à une construction humaine et avec un peu de chances des GENS à l'intérieur, des gens qui seraient ni pédophiles ni psychopathes ( ou même les deux, ça arrive souvent ) , si possible. Et même obligé, parce trouver des gens pour qu'il le viole et / ou le tue juste après, moyen moyen.
Comme pour faire écho à ses pensées, il vit quelque chose devant lui. Il accéléra un peu, aussi vite que le permettait ses livres. Au bout d'un moment, il en fut sûr, c'était une maison. Arrivé juste devant, il en eu la certitude. Cette habitation n'était pas une simple maison, non. Un .. manoir, plutôt, oui.
Il poussa la grille rouillée, tant bien que mal vu que ses bras étaient encombrés par sa pile d'Agatha Christie, vous vous rappelez ? Il chemina sur le chemin de pierres, à peine plus plat que le sentier de la forêt, entouré d'herbes sèches et de buissons qui avaient du être beaux mais qui manquaient cruellement d'un bon coup de cisailles. On aurait pu croire que ce lieu serait propice pour un squatt mais on ne voyait ni canette de bière, ni seringue, ce qui, d'après Lucas était inséparable de l'image d'un squatt. En fait, rien ne traînait par terre, rien qui aurait pu prouver qu'il y avait des habitants. Il n'y avait pas de fenêtres, pas en bas, ou alors pas devant la façade. Il arriva enfin devant la porte. Elle avait l'air très très vieille, pourtant elle ne grinça qu'un peu quand il l'entrouvrit.
« Excusez-moi ... Y a quelqu'un ? »
Pas de réponse. Il entra totalement. Sans qu'il n'y eut aucun courant d'air, la porte claqua. La pièce était un ... hall. Mais un grand hall, comme dans les films ou les livres. Comme dans les livres d'Agatha Christie, d'ailleurs. En tout cas quand ça se passe dans une ancienne maison de famille à la campagne. Pas dans un appartement miteux de l'ombre, bien entendu. Bref, il y avait bien des fenêtres. De hautes fenêtres, qu'on ne pouvait pas atteindre, mais très grandes - ce qui donne une idée de la hauteur du plafond. Elles n'étaient pas ouvertes. Ni la petite porte au fond de ce même hall, d'ailleurs. Lucas répéta :
« Hum hum ... Y a quelqu'un ? »