Un roman commence par un coup de dés.

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La porte s'ouvrit. La porte se referma.

Deux silhouettes essoufflees se dessinerent dans l'encadrure de la porte. La jeune femme tenait une petite fille dans ses bras. Elles venaient visiblement de terminer une penible course. Un peu mouillees malgre le parapluie que la femme tenait entre ses mains, elles semblaient meme extenues et la petite avait le hoquet a force de mal respirer, hoquetant quelques instants auparavant petrifiee de peur entre les bras de sa mere. Quelques feuilles s'etaient collees a leurs manteaux. Leur regard etait encore hagards, comme celui des proies qui peinent a realiser qu'elles viennent d'echapper a leur predateur. Eldarianne, surtout. Elles s'etaient refugiees dans cet endroit inconnu... Elles etaient seules. Si seules. Dans ce grand hall, il n'y avait pas un souffle de vent, pas un souffle de vie. Eldarianne posa sa fille sur le sol, epousseta sa jolie robe bleue et ses cheveux blonds. Elle deposa un baiser sur le front de Penelope, qui regardait sa mere avec des yeux interrogateurs, un peu mefiants. Ce fut la petite qui prit la parole la premiere.

"Pourquoi on a couru?"

Eldarianne resta silencieuse. Elle ne voulait pas dire a sa fille qui etait cet homme qui etait venu a la sortie de l'ecole. Il avait tente de renouer avec Eldarianne, avant d'essayer de se faire reconnaitre a trt et a travers. Son ancien compagnon, le pere de l'enfant qui s'etait enfui lorsqu'Eldarianne allait mettre au monde. Un monstre qui essayait de revenir a present que la tempete s'etait calmee, que l'enfant etait un peu plus grand, qu'il y avait moins a faire pour s'en occuper. Cretin. Si il savait combien elle le haissait a ce moment... Si seulement la seule haine pouvait tuer, sans qu'elle n'aie a se salir les mains... Eldarianne entoura Penelope de ses bras, se voulant protectrice. Elle etait un peu rassuree par le calme de l'endroit, et finit par repondre a sa fille

"C'etait un homme qui voulait du mal."

Penelope sembla songeuse. Pourquoi sa mere parlait-elle avec cet homme avant qu'elle ne sorte de l'ecole, alors? Elle lui lanca une petite moue inquiete, mais son attention d'enfant fut vite reportee sur autre chose. Jetant un coup d'oeil a l'endroit, elle demanda, beaucoup plus fort que les chuchotis angoissés de sa question d'avant

"C'est grand ! Mais y'avait pas de maison comme ca dans le parc maman tu crois?
- ... Je ne... sais pas."

Eldarianne se redressa, gardant la main de sa fille entre ses doigts, cette petite main froide qu'elle ne voulait surtout pas laisser tomber. Avisant un panneau, la jeune femme regarda une derniere fois autour d'elle si il y avait pas quelqu'un de present. C'etait etrange quand meme, une vieille masure comme elle ci, en plein milieu d'un parc, et si richement decoree ! Les gesn etaient inconscients, de la laisser ainsi ouverte, des vandales auraient tot fait de voler toutes ces dorures. Elle trouvait la situation parfaitement illogique. Ayant vecu dans cette ville toute son enfance, elle etait sure et certaine que cette maison ne se trouvait pas dans le petit parc pres de l'ecole. Meme avec les broussailles, on aurait vu une maison pareille, et en plus la tempete de 1999 avait arrache quelques arbres dont le grand marronier qui couvrait de sa ramure une partie du parc. Eldarianne fit une moue, un petit peu inquiete. Penelope n'etait pas du tout dans le meme etat d'esprit, s'amusant a regarder autour d'elle comme emerveillee

"On dirait une maison de princesse !
- Oui ma cherie, j'espere que le roi de ce chateau ne nous verra pas. On ferait bien d'attendre un peu ici."

Penelope et sa mere attendirent un instant, Eldarianne finit par actionner la poignee ciselee, esperant que Sacha soit parti. Clac. Clac. Eldarianne appuya plus fort. Rien. La jeune femme s'enerva un peu sur la poignee avant de se rendre compte que la poignee etait coincee. Rouillee, sans doute, vu l'anciennete des meubles et l'isolement devait etre de mauvaise qualite. Penelope dit qu'il fallait l'apeller, le monsieur qui avait la maison, reprenant un peu son serieux. Sa mere pinca les levres et repondit affirmativement puis se dirigea vers le panneau qu'elle avait remarque un instant auparavant.

"Si vous lisez ces lignes déposées sur ce misérable bout de papier, c’est que vous venez de commettre une grossière erreur, certainement la plus grosse de votre vie."

Eldarianne ouvrit un peu plus grand les yeux, etonnee de voir ce genre de phrase sur une pancarte. La femme lut la suite, un peu crispee. Lorsqu'elle arriva a la fin, un sourire se dessina sur ses levres. Elle dit a sa fille en riant, soulagee du poids nerveux qui pesait sur son esprit depuis qu'elle etait rentree ici.

"Je crois que ce sont les forains, tu sais ceux qui se sont installes pres du stade. Ils ont du installer ca, c'est une maison .. hanteeee ! "

Eldarianne fit les gros yeux a Penelope en haussant le ton sur le dernier mot, ce qui fit sursauter la petite fille blonde. Celle-ci sembla un peu effrayee, et Eldairanne se dit qu'ils devraient faire attention quand meme, il y avait des enfants tres curieux par la dans ce parc. Ce qui la genait, c'est qu'elle ne savait pas si il faudrait payer a la fin, lorsqu'elles seraient sorties de la maison... Bof, elles verraient. Il fallait sans doute trouver ces Kyoko, Chiara, Key ou Periple, c'etait peut-etre un jeu de piste, quelque chose comme ca. Penelope essaya de lire le tableau mais abandonna, celui-ci etant un peu trop haut pour elle. La petite fille tira sa mere par la main en disant, toute excitee a la pensee de faire une attraction foraine, ce que sa mere ne s'autorisait que tres peu au vu de leurs moyens limites.

Elles allaient s'engouffrer dans un couloir lorsque la petite fille blonde se cogna a quelqu'un et faillit tomber, rattrapee de justesse par Eldarianne. La jeune femme mit debout sa fille et dit, un peu genee

"Oh, je suis desolee, nous ne faisions pas trop attention... Excusez moi, vous sauriez ou se trouvent euh... des gens pour nous renseigner sur ce jeu?"

(merci ekichou)