Serei était pressé de quitter la ville. Il devait faire vite car il avait été prévenu que les espions de la famille Wei étaient nombreux et risquaient de retrouver sa trace. Si bien qu’au moindre bruit suspect, dans le doute, il se précipita dans la première habitation venue.
Il ouvrit silencieusement la porte et entra agilement, sans un bruit. Puis il la referma prudemment, en fermant les yeux de peur de faire trop de bruit, et s’y adossa un moment où il essaya de guetter les éventuels bruits de poursuite, mais ne détecta rien.
Une fois qu’il fut sûr que le danger était passé, il rouvrit les yeux et ressentit une désagréable impression malgré l'aspect magnifique du hall dans lequel il venait d'arriver. Il inspecta aussitôt les alentours mais ne vit personne. A la place ce fut un panneau, qui ne lui parut guère rassurant, qu’il aperçu non loin de lui et qui attira son attention. Ce lieu lui donna quelques frissons, comme si quelque chose de sombre ou d'anormal pouvait arriver à tout moment.
Il s’avança donc vers le panneau dans cet état d’esprit et constata que des notes y étaient inscrites, il les lut et ce qu’il y apprit ne lui plut absolument pas. Il fallait vraiment être en manque d’intelligence et de bon sens pour y croire. Il retourna alors calmement vers la porte, jugeant qu’il ne servait à rien de perdre son sang froid pour des foutaises, et essaya de la rouvrir, sans succès…
* Bien évidemment !…*
Il se retourna et inspecta les lieux tout en réfléchissant intensivement.
* Jusqu’à maintenant je n’ai pas vu de quelconque alter ego astral, ni d’apparition d’un pouvoir…je suppose que c’est bon signe ?...Bon, quoi faire à présent ? *
Après quelques minutes de réflexion, il décida d’entreprendre des recherches approfondies pour trouver une, probable, autre porte et s’apprêtait à sortir de la salle lorsqu’une voix derrière son dos se fit entendre. Elle était à la fois posée et, lui semblait-il, masculine mais très légèrement aigu. Une voix assez douce et en même temps un peu trop arrogante à son avis.
"Ce que tu t’apprêtes à faire est inutile, il n’y a aucune autre sortie."
Il se retourna vivement mais ne vit personne. Il baissa son regard machinalement et vit…un pingouin ?! Houlà ! Là, cela devenait très grave. La première idée qui lui vint fut simplement celle qu’il rêvait mais cela ne tenait pas le route et n’était donc pas possible car il savait, au fond, que ce n’était pas le cas. Mais alors que faisait cet animal ici ?Il arriva alors à la conclusion d'une hallucination. Cest à ce moment là qu'une pensée lui traversa l'esprit:
* Est-ce lui qui vient de me parler ? Non, bien sur que non, c’est impossible faut vraiment que j’arrête parce que là je délire complètement…*
Mais l’animal lui démontra très vite la véracité de ses doutes :
"Pourquoi me fixes-tu ainsi avec cet air d’incompréhension totale ? Ce n’était pas cela ce que tu comptais chercher ?"
Là, Serei devint encore plus pâle qu’à son habitude, le pingouin parlait réellement. En plus, il venait de s’en rendre compte et fut très surpris (quoi de plus normal en fait), celui-ci avait une queue de castor, une queue de castor noire.
* Mais où ai-je atterri moi ? C’est du délire cet endroit…C’est digne d’une histoire de roman.*
Il se dirigea vers un mur de la pièce, s’y adossa et s’assit pour mieux réfléchir car il s’était passé beaucoup trop de choses ces derniers jours à son goût pour accepter ces derniers évènements sans mettre de l’ordre dans son esprit auparavant sinon, il en était persuadé, il louperait un détail qui pourrait lui être utile à long terme, peut-être bien…En tout cas, dans le doute, il fallait ne rien rater et ne rien précipiter.
Après un long silence de réflexion très poussée, que l’animal respecta, Serei prit la parole.
"Comment t’appelles-tu ?
_ Wilfried.
_ Tu es… ?
_ Ton alter ego astral ? Oui."
Serei le fixa et le détailla, les données semblaient petit à petit réussir à intégrer correctement son cerveau, ce qui était bon signe. Cependant le ton et l’air que ce donnait la chose en face de lui commençait vraiment à l’énerver.
"Arrête avec tes grands airs. Je n’apprécie pas d’être coupé en plein milieu de ma phrase. Qu’est-ce que tu veux ? Que je t’apprenne ce qu’est le respect ?"
Pendant un instant le pingouin ne réagit pas, puis il sourit et s’avança précipitamment vers Serei. Celui-ci réagit au quart de seconde et se releva le plus vite qu’il put. L’animal quant à lui ne fit rien d’autre que se frotter à lui et lui dire d’un ton mielleux et moqueur :
"Oh, tu préfères les petits câlinous ? Mais il fallait me le dire voyons mon petit Serei. Bah oui moi je pensais que tu avais grandi et que tu n’étais plus le petit garçon qui réclamait des petits câlins de…"
Là, s’en fut trop. Serei ne laissa pas l’animal finir sa phrase, il le prit et le balança dans un coin. Si réellement toute cette histoire était réelle, il avait autre chose à faire que se farcir un truc pareil à tout bout de champs. Il n’en revenait pas. Lui qui était sérieux, poser et qui ne faisait rien au hasard (excepté sa fuite) avait récolté un petit truc complètement grossier et infernal, semblait-il, pour alter ego astral. Comme si l’idée d’un endroit dont il ne pouvait pas sortir n’était pas déjà assez énervant en soit à envisager. Mais il ne perdit néanmoins pas le fil de ses pensées avant que le pingouin ne vienne le chercher :
"Si j’ai bien compris, d’autres, et sans doutes même beaucoup d’autres, sont déjà ici ?"
L’animal se releva, péniblement, puis répondit sur un ton fâché et boudeur :
"Oui, c’est exact.
_ Vu comment il est facile d’entrer ici, je suppose qu’il y en a de tout genre…sincèrement, à choisir, j’aurai préféré être seul. "
Wilfried fixa soudainement le jeune garçon avec attendrissement et un peu de tristesse et lui répondit :
"Toujours aussi solitaire à ce que je vois. Tu n’as décidemment pas changé."
Le jeune homme ne releva pas le changement de ton et choisit de se renseigner :
"Quand m’as-tu connu ?
_ Lorsque tu étais très jeune, la première fois était lors de tes trois ans et je suis resté jusqu’à tes onze ans puis, lorsque tu es partit avec cet homme j’ai disparu"
Petit à petit tout commençait à s’expliquer. Peut-être que son passage ici était prévu, au fond. Il lui semblait avoir lu plusieurs livres concernant une chose qui désignait parfaitement ce qu’il pensait…ah oui, le destin, c’était parfaitement le mot qu’il cherchait. Il se dit donc que c’était ce destin qui avait décidé que son chemin devait passer, ou s’arrêter, ici.
"Mais tu sais, tu as tort sur une chose : j’ai changé. Peut-être ai-je gardé quelques points similaires avec ce que j’étais avant mais, j’ai vraiment changé."
A ces mots, Wilfried ne dit rien de plus. Il en jugerait par lui-même. Après tout il venait d’arriver, qui savait comment les choses évolueraient ? Et puis la vie de Serei au sein du pensionnat serait loin d’être la même que celle d’avant, il paraissait logique et impensable que cela se passe autrement qu’avec un changement ne serait-ce minime du jeune homme. Cependant celui-ci avait l’air d’être de nature vraiment froide. Et puis ses mouvements avaient beaucoup évolués, il était vraiment plus agile qu’avant. Il lui paraissait normal que Serei avait évolué depuis toutes ces années, mais était-ce vraiment normal d’avoir autant évolué ? Qui pouvait savoir ce que le jeune garçon avait vraiment dû supporter.
Serei quant à lui se demandait comment il faisait pour avoir une hallucination aussi étrange et réelle, ou alors une illusion à cause d’un truc pas très comestible ? Non, là cela devenait du n’importe quoi. Néanmoins, réalité ou imagination, il se doutait bien que la chose qui pensait dans son coin n’allait pas le lâcher mais plutôt lui pourrir la vie. Il lui fallait donc trouver un moyen de s’en débarrasser au plus vite. Mais comment faire ? Il ne savait même pas comment elle lui était apparue.
Il se frappa la tête dans l’espoir que tout cela finirait par disparaître et qu’il verrait qu’en réalité il était dans une simple maison ou alors qu’il trouverait une solution pour avoir un peu moins mal au crâne (en se tapant la tête ^^') avec toute cette histoire qui commençait vraiment à le saouler, mais rien. Le néant. Alors il se retourna vers le truc à ses côtés et vit son sourire en coin qu’il lui afficha pour lui faire comprendre qu’il ne faisait qu’espérer en vain et agir bêtement. C’est pourquoi, sans vraiment y réfléchir, il lui assena un coup de poing sur la tête, et partit vers le premier passage venu, plus énervé que jamais.
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Sam 27 Déc 2008 - 20:04
