A nous deuuux

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Au moins en entrant il avait vaguement espéré bénéficier, ne serait-ce qu’un moment de solitude où il aurait pu apprécier le silence de la vieille bâtisse pour manger son sandwich à la salade et aux tomates. Malheureusement, le courage et l’attachement d’Alban semblait être mis à toutes épreuves, et il venait d’entrer à sa suite dans l’étrange demeure.

Etrange c’était le cas de le dire, rien que son architecture ne lui rappelait rien de similaire à d’habitude. Les lieux auraient pu être un musée, ou un ancien monument en exposition. Mais les vents froids balayant l’entrée, le dissuadait de songer à la présence d’un quelconque touriste. Aussi il économisa sa voix et garda la question ô combien banal, mais nécessaire : est-ce qu’il y a quelqu’un ?
Pourtant, tout comme des notes explicatives, avaient été accrochées au mur des inscriptions ancestrales révélant les terribles secrets du damné pensionnat. Curieux le jeune homme s’en approcha après avoir vérifié que son petit protégé roux, suivait ses pas.
La première affiche, écrite avec douceur laissait déceler quelques tristesses, au départ croyant à un mauvais canular il haussa les épaules. La suivante, paraissait beaucoup plus moderne, ce genre d’écriture qu’avait votre ancienne voisine de classe, votre petite sœur, des mots laissés dans un agenda. Et la dernière …un taré sans doute. Vague regard agacé sur ce ramassis de blague vraiment pas drôle, revue des milliards de fois, même une chaîne téléphone sur satania la petite fille de 7 ki a plu de né ni d'oreiles et ki va te tué a mnuit si tenvois pa sa à tt ts contacts (olol).

« Bon allez Alban on a tout vu on s’en va hein ? »

Non désireux de rester dans cet endroit, visiblement principalement fréquenté par des gens assez dérangés ou des jeunes qui cherchaient à s’amuser –tu es jeune toi aussi andouille-.

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Non non non non non. Vous vous souvenez de ces jours de Halloween où - déguisés en fantômes, sorcières ou citrouilles toutes mignonnes – la dernière maison que vous devez visiter se trouve être celle d'une veille d'âme possédant une multitude de chatons et vivant en fait juste derrière le cimetière du quartier ? Eh bien, c'est ce genre de souvenir que Alban déterra lorsqu'il vit le vieux manoir qui semblait abandonné dans la forêt. Cette pensée ressortit de ses jeunes années (ou y'a pas très longtemps pour lui) le fit reculer et prendre peur devant l'habitat, alors que Charlie, lui, entra sans peurs. Comment faire à présent ? Partir sans Charlie ? Impossible pour le garçon qui s'empressa de rejoindre sa maman poule.

La maison était étrange, et totalement différente de ce que Alban imaginait. Pas de toile d'araignée, d'insectes, de zombie ou de vieilles ma/momies toutes ridées ... pas un chat quoi, personne à part lui et Charlie -sa peur se volatilisa. D'ailleurs, celui-ci, dans toute sa splendeur, regardait un tableau et lisait donc ce qu'il y était écrit ... Alban s'approcha, mais n'était âgé mentalement que de sept ans, il ne pouvait pas lire avec certitude ce qu'il se trouvait inscrit sur les différentes feuilles et sûrement pas vraiment en comprendre le sens.

euhlo ? ... ça veut dire quoi « Hello », Charliiiie ?

Bon allez Alban on a tout vu on s’en va hein ?

Pourquoi tu veux partir ? Tu as peur ? Tiens moi la main si tu as peur, c'est ce que fait ma maman quand on va chez madame Marguise.

Alban fit un grand sourire et tendit sa grand main de jeune homme à Charlie ... pour votre culture personnelle, Marguise était le nom de la boulangère chez qui la mère de Alban allait acheter du pain.

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Charlie faillit l'avertir que c'était plutôt lui le froussard, qui deux secondes avant avait manqué de se dégonfler si sa personne n'avait pas daigné faire un pas à l'intérieur. Mais par flemme et manque d'imagination pour formuler cela, il se contenta d'un d'une inspiration et d'un soupir agacé. Ah quelle plaie. Détournant le regard pour ne pas céder comme un lâche, un faible, et un trop sentimental jeune homme, au sourire mignonnet d'Alban. S'approchant donc seul et courageusement, sans l'aide aucune de main de mère ou de boulangère, la sienne se posa d'ailleurs sur ce qui aurait dû l'aider à ouvrir le porte. Mais tout comme si il avait soufflé dans un violon, demander de chanter à un muet, ou de sonner à une porte pour témoigner la future apocalypse au nom d'un personnage dont nous allons garder l'anonymat, et bien, il ne se passa...rien. Il eut beau forcer une bonne minute...

« Rah mais c'est pas vrai c'est pas vraaaai, Alban à cause de tes idées débiles on va devoir rester là. Putraaaaane. »

Rouspéta-t-il en constatant que les mystérieux afficheurs, devaient bel et bien exister en l'enceinte. Bien que encore sceptique, et doutant de la prompt vérité, ses doigts tâtaient vainement la porte. Cherchant sans doute un quelconque mécanisme subtilement bien dissimulé entre une écharde et une cerne de bois, comme on en trouverait dans tout bon jeu vidéo.
Hélas le pensionnat ne semblait être nullement l'adaptation d'un jeu vidéo réaliste, devant lequel des tas de jeunes oisifs,(appellation Charliesque qui semble oublier son âge) s'empiffrant des hamburgers au chiquaine qu'il servait de ses petites mains habiles durant toute la journée encore hier.

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Charlie, grande âme sans peur ni reproche, ne prit pas en compte la main se voulant secouru de Alban qui fit une petite moue dessus tout en continuant de suivre l'autre adolescent du regard. Au début, le jeune gamin ne comprit pas tout de suite pourquoi il secouait la porte comme ça ? Elle lui avait fait du mal ?

Elle t'as fait du mal, la p...

Rah mais c'est pas vrai c'est pas vraaaai, Alban à cause de tes idées débiles on va devoir rester là. Putraaaaane.

Devant cette agressivité et ce gros mot, la pauvre victime qu'était Alban recula, se préparant même à chouiner devant cette colère non justifiée. Le comble fut qu'avec maladroiture, le jeune homme tomba. Dans cette grâce au sens vicié, Alban trébucha sur une marche de l'escalier et se ramassa le sol face contre terre. C'est sûr, ce n'était pas grand chose et il ne fut pas mort sur le coup, seulement ça ne l'empêcha nullement de se mettre à pleurer comme un gamin - qu'il était mentalement. Les larmes à ses yeux embuaient sa vision ... mais il réussi à se mettre en position assise - tout en ne cessant du tout ses chouinement.

J—je me suis fait trèèèèès maaaaaaaaaaaal ... ouiiin ...

Avec un petit effort de maturité, le pauvre garçon frotta ses yeux larmoyants avec ses mains. S'il n'avait pas déjà appris les bonnes manières, il serait prêt à se moucher dans ses vêtements ... hum, c'est pas très élégant tout ça !

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Le larmoiement ô combien tortueux, et injustement attendrissant de Alban ; le tira de sa rage envers la pauvre porte. Décidément ses jours de congés devraient être payés, pour toutes les cruelles mésaventures qu'ils devaient y endurer.
Soupirant, Charlie se retourna lentement, et froissa sa lèvre sous sa dent en voyant l'adorable homme d'une vingtaine d'années, pleurer parce que la gravité cette immonde bougresse, avait joué quelques tours à ce roux. C'est bien connu les roux sont brimés.
Il s'approcha donc de lui, et sortit un paquet de kleenex mauves, dont il extirpa lui même un mouchoir pour essuyer les petites joues humides de sillons d'Alban.

«Mais non pas trèèèèès maal, t'as pas mangé assez de vaches mortes c'est touuut, chiale pas Alban, chut imagine y'a des gens ici?»
Œil perplexe, lui-même n'était pas persuadé de ce qu'il disait, pourtant il lui semblait entendre des voix venant de l'étage du dessus.
A bien cerner la situation, être enfermé là-dedans avec des jeunes (oisifs) ne devait pas être une blague, un genre d'hôtel à la mode. Sans travail. Minute de réflexion, normalement si il exposait ça du côté : c'est un super manoir magique avec des gens rigolos et des fantômes qui font pas très peur, ça devrait marcher. Et éviterait d'autres pleurnicheries.

«Apparemment d'ici nous sommes enfermés, quel bande de débiles, c'est pas sympa de laisser planter les gens comme ça, les jeunes de nos jours manquent cruellement de jugeote pfff.» Les jeunes comme lui sans doute, il semblait oublier son âge.

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Alors que Charlie essuyait les larmes d'Alban avec grâce et l'aide d'un papier à la fois blanc et doux au toucher, le jeune homme aux cheveux roux se mordit la lèvre inférieur afin de retenir la douleur qui faisait couler ses larmes. C'était toujours agréable de sentir la chaleur humaine d'un être que l'on apprécie qui caressait ses joues dans un tissu quelconque ; que ce soit un simple kleenex ou encore un tissu rose rayé de jaune brodé d'une papillote verte. Quand enfin cessa le chagrin d'Alban, il ne put s'empêcher de montrer de la reconnaissance et de la compassion à Charlie en lui faisant le faisant un gros câlin – il avait écouté d'une oreille distraite ce que le jeune homme disait et donc n'était toujours pas vraiment conscient de ce qu'il se passait.

Après l'étreinte, Alban se leva et épousseta sa chemise comme un garçon bien élevé avant de poser une question dont le but était de faire en sorte que les deux nouveaux prisonniers continus de tourner autour du pot :

Charliiie, on fait quoi ? C'est bientôt l'heure du goûter !

Dans son esprit à maturité douteuse, Alban imagina une bonne glace à la fraise avec du coulis de chocolat, de la chantilly, et saupoudrée de petits bonbons multicolores ; sans oublier l'ombrelle pour décorer ! Avant son coma, c'était le même genre de glace qu'il avait eu envie de manger avec sa Maman et son Papa. Cette gourmandise allait sûrement le " hanter " longtemps ...

Aaah ! Ch-charlie, y'a eu un bruit bizarre là !

Son rêve de sucrerie cessa lorsque, certes, une sorte de craquement se fit entendre au niveau de l'escalier. Instinctivement, il avait fait un petit cri et s'était caché -ou tenta- derrière son " protecteur ". Bien sûr, le bruit n'était causé que par l'usure des planches.

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Heure du goûter? Mais qu'était-ce l'heure du goûter à notre époque? Désormais les jeunes (oisiiiiiifs) prennent des hamburgers à quatre heure, bouleversant leur métabolisme. Et des Mcfleury bourré de sucre (qu'il aimait malgré lui), ah tristesse. Heureusement lui il était au courant de tout cela, et comptait bien mettre Alban dans le droit chemin et...
Charlie secoua la tête de désespoir, pourquoi penser à cela dans un moment pareil? Mais visiblement le rouquin ne semblait pas comprendre le sens de ce "moment pareil". Aussi le jeune homme lassé de l'innocence de celui-ci soupira.

«T'écoutes ce que je te dis parfois?

Malheureusement le grand enfant ne risquait pas de prendre compte de cette remarque, car le voilà qui sursautait à la simple entente d'un grincement, et pensait se dissimuler de la terrible-planche-d'escalier en se cachant derrière le bien plus petit Charlie.
Celui-ci lui saisit la main en râlant dans un mouvement oculaire.
Ses oreilles, à l'affut avait perçu plutôt des voix de gens, qui ne paraissaient ni près à manger mère et enfants, ou décapiter quelconque lapin, souris, hamster, poisson rouge, mollusque...

«Bon écoute, on va aller visiter un peu hein? Après tout c'est pas mon problème si ils savent pas fermer une porte. Non mais n'importe quoi la jeunesse décadente...»

Et il le fit avancer en toute délicatesse, acceptant à moitié son rôle de nounou improvisé -faut dire qu'il était quand même tout mignon ce rouquin-.

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