C'est quoi ça ? Est-ce que ça se mange ? [Libre \o\]

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Une bibliothèque,... Temple du savoir et de la connaissance, où sont renfermés tous ces trésors impérissables et poussiéreux du fond des âges. Là étaient entreposés ces reliques sacrées d'éruditions plus ou moins antiques, passées par les anciens pour les générations futures, dans ces lingots d'encre et de papier où un auteur oublié ou pas aura retranscrit toute son âme, ou son coeur, ou les valeurs qui auront fondé sa civilisations. Les livres sont les coffres au trésors endormis de toute l'humanité civilisée. Après tout, c'est bien l'écriture qui marque l'entrée dans l'histoire et la civilisation. C'est dire si c'est noble, tous ces petits signes réunis sur les pages jaunies et odorantes de ces témoignages émouvants,...

Mais bon. Quand on ne sait pas lire, que voulez-vous qu'on en ait à faire ?
Or, Caleïgulê savait à peu près autant lire que danser le tango sur un air de rock avec des talons aiguilles de trente centimètre et une robe de mariée en chantant "Le veau d'oooooooooooor est toujours debouuut" (dans Faust) avec une voix de canard.
D'autant qu'il ne connaissait pas l'existence même du tango, du rock, des talons aiguilles, des robes de mariées et de Faust. On peut donc en déduire que même "Petit ours brun" ou les "monsieur/madame" constituent une littérature bien or de sa portée, malgré les nombreuses illustrations.

Mais, allez-vous vous étonner, les yeux pantois et l'air écarquillé, que peut bien glander un analphabète dans une bibliothèque ?
En fait, Caleïgulê était là tout à fait par hasard. Après être entré dans cette bâtisse pour échapper à ses envahisseurs, et avoir rencontré une étrange créature qu'il pensait être un démon et qui avait semblé vouloir lui expliquer quelque chose (mais il n'écoutait déjà pas) il avait décidé, les portes étant fermement closes et hermétiques, qu'il était en sécurité. Mais il ne faut jamais rester près de la porte, aussi était-il allé se balader dans le labyrinthe sans minotaure (enfin apparemment) qui s'était spontanément présenté à lui. Il n'avait pas encore croisé de vies humaines, et pensait encore naïvement avoir été sauvé par cette bâtisse providentiel et non-identifiée.

Et il avait fini par échouer là... Où se dressaient des structures apparemment en bois, portant de nombreux ouvrages dont il ne saisissait pas l'utilité, et pleins de petits signes étranges et parfaitement incompréhensibles.
- Il doit sûrement s'agir d'un temple hérétique ! Regarde moi ces petits signes bizarres, c'est forcément un truc magique. Après tout, il n'y a que les shamans, les sorciers et les magiciens qui forment des trucs étranges comme ça, non ?
Telle était la déduction très poussée de Caleïgulê, nouvel Hercules Poirot peut-être, qui n'avait pas vraiment réalisé qu'il était possible que ce lieu où il était ne fisse pas partie de sa réalité personnelle.
- Tu es ridicule, soupira la créature étrange qui l'accompagnait, je te répète que,...
Caleïgulê cessa de secouer les feuilles jaunies et dressa l'oreille, ainsi que la créature, coupée dans son élan par un bruit extérieur.
Convaincu que c'était des vilains ennemis pabo, ou pire, le sorcier hérétique du lieu, notre jeune éphèbe se dépêcha de se planquer derrière une étagère, près pour l'embuscade comme pour la fuite.
Le félin cramoisi, lui, resta en très bonne vue sans bouger d'un pouce, maudissant celui qui décidait stupidement qu'il ne serait JAMAIS écouté par le jeune homme

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Dans les couloirs résonna soudain un bruit de chute, de verre cassé et une voix crachant des jurons à mi-voix. Le bulldozer à vases se releva en se massant la tête, qui avait donné droit dans l'encadrement d'une porte. Quelle idée, aussi, de mettre un vase ici ! Le jeune homme ne nettoya pas les dégâts, voyons, c'était indigne d'un Mégamiam ! N'oublions pas qu'il était multimillionaire, il y aurait bien un domestique pour faire le travail à sa place. Il s'éloigna donc d'un pas décidé et se dirigea vers la prochaine porte qu'il aperçut en éspérant ne pas avoir de comptes à rendre au larbin qui nettoirait ses bêtises. Oui, il avait tout de même l'humilité de reconnaître ses torts. Il rejeta d'un air crâne et proprement insupportable ses cheveux de ses yeux et ouvrit la porte sur... un énorme chien qui lui aboya à la figure en essayant de le dévorer. Oups. Il se rejeta in extremis en arrière et vit du même coup la chose poilue qui le suivait depuis le matin. Paraît-il que ça s'appelle un lama, mais pour PX, il s'agissait d'un pot de glue bien chiant. Il ne comprenait pas pourquoi la bête le suivait.

Pierre-Xavier Charles Hubert Perceval Yvain Mégamiam (je crois qu'il y a tout...) poussa la porte suivante un peu plus craintivement, échaudé par l'affaire du chien. Le battant de bois s'entrouvrit sur une bibliothèque pleine de... livres (O.O). Il rentra toujours aussi craintivement et ne referma pas la porte, encore apeuré de son entrée au Pensionnat. Il n'aperçut dans la pièce rien de potentiellement dangereux hormis les gros livres au sommet des rayonnages, les angles des étagères, les murs, les tables, les fauteuils, les fenêtres,... En fait, beaucoup de trucs qui devenaient très dangereux dès qu'il était dans les parages, vu son sens de l'équilibre. Fidèle à sa réputation, notre jeune héritier d'une immense fortune réussit, en trois pas, à se prendre les pieds dans un tapis, une étagère dans la figure et un lourd ouvrage sur le crâne. Il se releva, sonné, ignora superbement le rire du lama derrière ( tiens, ça rit, les lamas ? ) et consulta le titre du livre. Le Guide du savoir-vivre féminin. Un pavé de deux mille pages, une épaisse couverture de cuir rouge, un sujet pour le moins douteux et un poids avoisinant les cinq kilos. Il le reposa au hasard sur une étagère de laquelle il ne manquerait pas de tomber et reprit son exploration.

Quelle ne fut pas sa stupeur en tombant nez-à-nez avec une espèce de... truc reptiliesque et inconnu sur terre... tandis qu'il entraperçevait une silhouette humanoïde se cachant derrière la rangée Of-Ok. Il resta planté là, bras ballants, à observer le truc qui n'avait pas l'air menaçant mais qui faisait peur et ne put émettre qu'une syllabe, très constructive.

"Euh..."

Derrière lui, son lama s'était tu et penchait la tête pour observer l'autre bestiole. Peut-être parviendraient-ils à deux AEA à faire entendre raisons aux choses qui leur servaient de maîtres, qui savait ? Ce cher Palourde rêvait, mais bon, peut-être que sa chose l'entendrait parler au bout de quelques mois. Oui, vive l'optimisme.

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Vraiment, l'individu potentiellement dangereux n'était guère discret. mais après tout, n'étais-ce point parce qu'en tant que maître de céans, il n'aurait cure de se faire remarquer ? C'était sûrement un sorcier. Stressé et anxieux jusqu'à un point largement exagéré en proportion du risque encourru, Caleïgulê restait tapi dans l'ombre, et porta instinctivement ses longs doigts d'ébène sur le manche d'un petit poignard, qu'on utilisait habituellement pour zigouiller les bêbêtes qu'on souhaitait manger au soir, dans les galeries sombres et natales du jeune paumé.

Et la manticore était décidément blasée. Elle soupira un grand coups, et s'assit en essayant de décompresser. Mais Caleïgulê décida de sortir de sa cachette après avoir agrippé hardiement son courage à deux mains et son poignard dans l'autre.
Et pouf, surgissant or de l'ombre de cette espèce d'arbre tout droit, l'arme au poing et l'air menaçant comme n'importe quel autre zigoto armé, fier et courageux comme les héros d'autre fois dont on conte les histoires à la veillée dans la pénombre vespérale, sans peur ou presque et sans reproche pour l'instant, il se trouva face à face avec...

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise sous ses lunettes ambrées en découvrant l'ennemi, qui présentait, le bougre, un aspect singulier. D'abord, pour un magicien, il paraissait bien jeune. Aurait-il un sort de jouvence ou quelque chose comme ça ? Il n'avait même pas l'air dangereux, mais il faut toujours se méfier des apparences, tout le monde sait ça.

Mais, au delà de tout et à la grande stupéfaction de Caleïgulê, l'individu arborait, sous d'étranges vêtements, une peau d'ivoire qui se détachait violemment à travers les verres orangés pour frapper violemment la pupille dilatée de l'embusquadationneur (<quitte à ne pas connaitre le mot correct,... x) ) en herbe. Pâleur sépulcrale. Surtout quand, comme notre jeune homme éclairé, on n'a jamais vu que des gens normalement noirs. Certes, le shaman de la galerie avait bien parlé quelquefois de ces peuples livides qui parait-il vivaient quelque part dans des terres très très lointaines où la lumière du Grand Dieu Solaire boudait quelque peu. Mais n'étais-ce pas supposé être une légende, ce peuple n'était-il pas supposé avoir disparu il y a très très longtemps par la colère des Dieux parce que ces sots hérétiques faisaient rien qu'à faire n'importe quoi sans se soucier des avis divins ?
Des pécheurs qui n'espéraient même pas la moindre rédemptions. Des souillures blanchâtres rampant plus bas que terre, dans la fange jusqu'au cou et salissant le privilège même d'être des humains, ou plus basiquement des êtres vivants, passant leurs vies en conflits sanglants et vains avant de célébrer leurs victoires en des orgies terrifiantes sur les corps des morts et agonisants de leur propre espèce,...

Enfin, quelque chose comme ça.

Bien sûr, c'était pour faire figure d'exemple de châtiment, dans la ligne "ne reproduisons pas les mêmes erreurs" ce genre de choses, et Caleïgulê Cyaëlnos Aelabasterion Al'anbar Nil a toujours été un excellent élève. Si le shaman disait que ce peuple honni et barbare était ainsi, alors c'était vrai.

D'ailleurs, il remarqua de suite la preuve de cet hérétisme : ce type ne portait pas de lunettes colorée. Ce qui prouvait qu'il lui était indifférent qu'on voit la couleur de son âme à travers ses yeux. A quoi pouvait-il penser ? Après tout, c'est avec ce genre de contact visuel qu'on attrappe la Souillure, et que les démons et dieux malfaisants pourraient voler son âme. Mais bien sûr, en bon hérétique, il ne devait pas même croire à ces choses là. Ces gens là ne respectent rien.

- Qu'est-ce que quelqu'un comme toi peut bien faire ici ? Ta place ne serait-elle pas en enfer ?

Prise de contact un peu brutale, il est vrai. Mais la crainte avait disparue, remplacée par une sorte de dégoût intégriste envers une personne aussi... Méprisable. Certes, il ne le connaissait pas, mais si le shaman a dit que cette engeance était une erreur à raturer définitivement, alors c'était sûrement vrai.
Il repensa aux ouvrages. Cet être ne pouvait pas être un sorcier, comment une quelconque divinité eut-elle pu offrir à des créatures damnées à l'unanimité divine et annulées de l'existence une quelconque forme de pouvoir ?

- Qui est le sorcier ici ?

Question sûrement stupide, d'apparence. En fait, notre bon Al'anbar Nil tout entier ne devait pas avoir l'air bien malin. Le monstre rougeâtre soupira encore, mais renonça à toute intervention : Le jeune éphèbe fanatique était beaucoup trop convaincu par ce qu'il pensait pour écouter le moindre mot. C'était désespéré et désespérant.

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Devant l'apparition qui sortit de derrière un rayonnage, Pierre-Xav' resta bouche bée. Il se tenait toujours face au truc rouge, trop anxieux pour lui trouner le dos et s'enfuir en hurlant, et ne vit donc pas le lama dans son dos se décrocher à moitié la machoire devant le garçon qui était apparu ( comme toute bonne apparition...). Bref, passons, donc Palourde et Pierre-Xavier Charles Hubert Perceval Yvain Mégamiam ( à prononcer sans reprendre son souffle) avaient l'air de deux beaux abrutis, la bouche ouverte, sans filet de bave, faut pas exagérer mais un joli regard ahuri et un air stupéfait peint sur la figure. Ils dévisageaient de haut en bas, de bas en haut, de long en large et de diagonale en travers le nouvel arrivant. Un grand garçon noir longiligne, vêtu d'une façon extravagante et des lunettes à verres oranges sur les yeux, ça choque un peu, non ? Surtout quand ledit original vous dévisage comme si vous étiez un extraterrestre et vous traite de démon. Le pauvre génie de la finance boulet à ses heures perdues n'y comprenait rien. C'était l'autre qui ressemblait à un démon, pas lui !

Le pauvre PX juste un peu paumé tenta désespérément de se raccrocher à la normalité et se demanda dans quel pays de si étranges vêtements pouvaient bien être à la mode. Et ce qu'entendait l'inconnu par sorcier et enfers. Et ce que signifiait cette moue dégouté. N'aimait-il donc pas les restaurants Mégamiam, ce garçon ? Ou bien Pierre-Xavier avait été totalement sonné par le livre sur sa tête, s'était évanoui et rêvait. Oui, ça devait être ça. Le jeune homme ferma alors les yeux de toutes ses forces, espérant se réveiller dans une bibliothèque vide, ou mieux, sous la tente de ses amis. Au bout d'une petite minute de plissage des paupières intensifs, il souleva prudemment les deux membranes. Mince, double raté, triple Zut et... Bref, doublement raté. Il n'était pas sous la tente tranquillement dans son duvet et l'énergumène était toujours là. Mais qu'est-ce qui avait pris au rejeton Mégamiam de pousser la porte de ce manoir ? Foutue curiosité !

Enfin bon, puisqu'il était coincé ici, autant éviter de se mettre à dos les habitants de cette contrée étrangère. Il tendit une main hésitante vers le..eh ! Si les gens venaient d'époques différentes comme l'avait dit Amélia, le garçon à lunettes était peut-être un aztèque ? Notre cher boulet oublia bien entendu la date de la naissance des lunettes et tendit la main à l'énergumène en souriant.

" Euh... Je ne suis pas un démon, je ne connais pas de sorcier et euh... Tu t'appelles comment ?"

Ben oui, PX n'avait jamais dialogué avec des Aztèques, Atlantes ou autres, et ignorait donc totalement les coutumes mais il espérait qu'un grand sourire remèdierait à ses possibles blasphèmes. Dans son dos, le lama se retint de se cogner la tête contre les pattes et préféra se déplacer discrètement vers la manticore pour souffler :

"Tu crois qu'ils arriveront un jour à se comporter normalement ?"

Palourde désignait par là les deux humains, ayant constaté le phénomène d'en face et étant complètement désespéré par son maître. Il espérait pouvoir avoir une conversation normale avec quelqu'un, peut-être sur les psychologies comparées de Freud et Marx. Ou plus simplement pour se renseigner sur l'emplacement de la cuisine et d'un placard où enfermer son maître qui lui faisait si honte. Pauvre lama.

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La manticore posa ses yeux sur cet animal laineux qui aurait pu être sa proie. Si seulement il avait la tête à manger. Mais non, il fallait que ça tourne au désastre. Tout tournait toujours au désastre. Surtout avec un choc culturel en prime.

- Je crois plutôt qu'on vogue vers la déroute. Je commence à en avoir un peu marre que ce garçon m'ignore uu'

Soupir pessimiste. De toutes façons ce sera le bordel. Comment voulez-vous expliquer à un type qui fait la sourde oreille que cet endroit où il se retrouvait depuis à peine quelques heures n'avait pas grand rapport avec le monde qu'il avait toujours connu ? Qu'il allait bien falloir qu'il s'y fasse, puisqu'enfin, il risquait de passer un certain temps ici ?

Et qui plus est, Caleïgulê était moins que jamais disposé à écouter quoi que ce soit. Il était outré. La seule existence de cet être allait contre tout ses principes. D'accord, il ne faut pas tuer, mais que faire quand une existence même allait à contre courant des directives divines ?

L'être à la peau d'albâtre commis l'imprudence de lui tendre la main. En lui assurant qu'il n'était pas un démon et qu'il n'y avait pas de sorcier... Absurde ! Les évidences affluaient en masse.
Il tendit lui aussi la main, mais pour présenter son poignard fermement vers la gorge du pauvre hère. Pas question qu'il s'approche d'un pas, c'était une question de sécurité.

- Bien sûr que tu n'es pas un démon ! Il ne manquerait plus que ça, que tu te revendique comme une divinité, espèce d'impie, je te demande pour quelle raison un être souillé par le péché et condamnée à la damnation éternelle comme tous ceux de ta race fait sur la terre des vivants !?

Caleïgulê tremblait un peu, de ce tremblement qu'on a en croisant un OVNI, un veau à cinq têtes, un fantôme, un militaire, un représentant en savon ou d'autres défis à l'ordre naturel et correct des choses. Ce n'était pas normal, il y avait définitivement quelque chose qui clochait. Qui plus est, cette pourriture humaine était accompagnée d'un démon, une créature bizarre qui ne ressemblait absolument à rien, et qui rentrait en contact avec le sien, de démon. Bien sûr il ne voyait guère plus que des taches, puisqu'il ne pouvait détourner les yeux de l'ennemi, mais il en entendait les murmures.

Il ne donna pas son nom. Cet individu était bien trop louche. Si un démon renégat lui avait délégué ses pouvoirs, cette demande était peut-être une hypocrisie destinée à lui jeter un sort. Peut-être s'agissait-il d'une malédiction nécéssitant le nom et le toucher, et qu'en touchant cette peau pâle, il serait foudroyé sur le champs (quoi quoi ? QUI est paranoïaque ?). Et même sans ça,...

- Il est hors de question que je touche une créature maudite. Je ne suis pas encore souillé, moi. Et n'essaie même pas de me jeter un sort.

Heureusement, un coup de poignard ne nécessitait pas de prérequis avant de s'en servir. Ce serait juste dommage de souiller une lame sanctifiée par le shaman. Après tout, lui ne pourrait pas la remettre à un état pur, le sang damné était une souillure tenace. Mais en attendant, il n'était pas en position de faiblesse. Il décida d'en profiter pour arracher au fourbe (qui était d'autant plus menteur et habile qu'il avait l'air stupidement naïf, mais ces gens-là ne reculent devant aucun artifice) quelques renseignements, au passage, au cas peu probable où il n'y aurait pas de sorciers. l'endroit resterait de toute façons un nid de choses contre-natures.

- Et si ce lieu n'est pas l'antre d'un sorcier maudit, qu'est-ce que ça pourrait être ? Les vraies montagnes ne sont pas aussi droites, et il y a ces trucs bizarre. Donc n'essaie pas de me faire croire qu'il n'y a pas de magicien ici.

Caleïgulê ne réalisait évidemment pas que ses dires étaient probablement hors de la portée de ce pauvre garçon qu'il tenait en joue. Au mot de "truc bizarre" il désignait vaguement, de sa main libre, les malheureux ouvrages sommeillant dans leur poussière. Les chocs culturels, en voyage, on dit que c'est profitable, mais quand on ne sait pas qu'on est en voyage, c'est forcément assez frappant.

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Le lama dévisagea la manticore. Ok, apparemment il n'était pas encore prévu comme méchoui pour le moment, à en croire l'air désbusé de la bestiole, si une telle bestiole pouvait un tant soit peu avoir l'air désabusé. Donc Palourde ne risquait pas de finir en barbecue, et c'était tant mieux pour l'animal d'en face, car il était très peu voire pas comestible. Le lama lui parla donc d'un ton compatissant.

" Ne t'inquiètes pas, le mien fait pareil... On les laisse se débrouiller ou on les aide à éviter de s'entretuer ?"

En effet, le pauvre Pierre-Xav' paraissait bien parti pour se faire écharper. Sa tentative de prise de contact s'était soldée par un échec monumental et il ne comprenait pas un mot au baratin du garçon. A présent, un démon était une divinité, il était souillé par le pêché, condamné à la damnation éternelle, il savait jeter des sorts et il avait un couteau au niveau de la gorge. Grandes nouvelles pour ce pauvre fils à papa qui n'avait jamais eu à gérer de tentative de meutresur sa personne. Ah, quoique... Bref, de toute manière on pouvait faire entendre raison à un tueur à gages, mais pas à un fanatique religieux nihiliste ayant décidé d'exterminer la race humaine. Finalement, le jeune homme tenta une autre approche.

" Euh... Je sais que tu dois te sentir perdu, mais... Il n'y a pas de sorcier, et cet endroit est un manoir. Ces trucs bizarres sont des livres, tu sais ? Et je suis Pierre-Xavier Mégamiam. "

Il avait dit le tout lentement, distinctement et en articulant bien, en pointant du doigt chaque chose qu'il citait. Il souriait d'un air engageant et espérait que le fanatique n'avait pas besoin de sacrifices, car il aurait ben mangé encore une fois des spaghettis bolognese. Et au passage, il aurait bien aimé vivre.
Il se tint donc bien droit et raide devant le fou au couteau et pria silencieusement pour ne pas finir en chair à patée, parce qu'il y avait quand même plus glorieux comme mort. Enfin passons, PX rêvait plus de sauver sa peau que de mourir au champ d'honneur.
Il avait tout de même été assez intelligent pour comprendre que le garçon ne venait probablement pas du même coin spatial-temporel que lui et que donc, il valait mieux la jouer avec finesse, si il ne voulait pas se retrouver égorgé.

Puisque l'approche "tendons la main gentiment" n'avait pas fonctionné, notre cher Pierre-Xav' opta pour la version "je me souviens de mes cours d'autodéfense et j'en fait bon usage". Parce qu'après tout, il ne tenait pas à rester face à un couteau en attendant que ses tentatives de gentillesse fassent effet. Il se jeta sur le garçon, fit sauter le couteau d'un bref coup sur le poignet puis le ceintura. Avec un certain effort, il parvint à maintenir le sauvage en place et débita toute une tirade pour lever le malentendu :

" Bon, je t'explique, tu es coincé ici pour l'éternité, dans ce manoir je veux dire, et tu vas croiser des tas de trucs que tu trouveras incroyables alors si tu pouvais être un peu plus ouvert d'esprit envers les gens qui veulent t'aider, ça serait pas plus mal."

Grmbl. Ca c'était fait. Pierre-Xavier relacha suffisament son étreinte pour que môssieur je-prends-tout-le-monde-pour-des-démons puisse respirer. Normalement, soit il l'écoutait, soit il tentait de le trucider. PX, prêt aux deux éventualités, ne libéra pas l'inconnu.
Palourde, à côté, jeta un oeil sur la scéne et se mis la tête entre les pattes pour ne plus assister à ce désastre. Finalement, il marmonna à son voisin.

" Génial... Et là, tu crois qu'ils vont nous écouter ou continuer à faire joujou ?"

[hrp : dis dis dis, est-ce qu'il peut découvrir son pouvoir, mon perso ? Je vois trop bien de la soupe se matérialiser au-dessus d'eux ^^]

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[HRP : as you want, par contre fais gaffe, compte tenu du pouvoir du mien, si tu lui fais mal ça va retomber sur la g... du pov PX xD Et en plus c'est pas ça qui va le convaincre que c'est pas un sorcier =D Et désolé pour le temps de réponse, la Livebox merdait]

Caleïgulê, (comme tout bon fanatique embrigadé dès la naissance) était évidemment convaincu que ses convictions étaient des vérités générales et indiscutables. S'il était tombé sur quelqu'un offrant une certaine ressemblance avec lui, il aurait supposé qu'il était dans une situation sécuritaire, et aurait probablement été ravi de refaire le monde avec. Après tout, Caleï' avait toujours été plutôt calme et sociable.

Mais qui se fendrait d'un sourire et d'une tasse de thé amicale face à quelque chose d'à peine humain, d'hostile et de suffisamment fourbe pour essayer de laisser croire le contraire ? Qui utilisaient des mots bizarres. Manoir ? Livre ? Ces trucs ne ressemblant à rien avaient donc un nom. Mais d'où tout cela pouvait bien venir ?
Le sorcier présumé donna son nom. Un nom qui ne ressemblait strictement à rien. Caleïgulê connaissait beaucoup de monde, mais personne n'avait ce genre de nom. Il ne tiquait pas particulièrement sur le nom de famille pourtant risible : pour lui, ça ne voulait absolument rien dire. Mais la sonorité, du nom comme du prénom, lui étaient tout à fait inédite. A peine prononçable et probablement difficile à retenir.

Etaient-ce là le nom que se donnaient les sorciers à peau livide ?
Ce sourire qu'il affichait sur ses lèvres pâles n'était décidément pas rassurant. Qui sourirait, un couteau pointé sur un point vital, sans être un fourbe doublé d'un félon préparant quelque traitrise et se sentant par là même certain de s'en sortir ?

Et de fait,... Il ne s'était pas assez méfié.

Mais c'était après tout assez logique. De la part d'un sorcier, le pauvre Caleïgulê s'attendait évidemment à quelque maléfice, ou une malédiction à distance, une boule de feu explosive, une invocation de serpent démoniaque, ou quelque chose comme ça. Certainement pas à une attaque frontale. Attaquer aussi franchement quelqu'un doté d'une arme était une "technique" de fou, ou de désespéré, ou d'imbécile.

Qui plus est, dans le joyeux peuple pré-bisounoursien de Caleïgulê, en cas de bataille, on essayait généralement d'éviter au maximum tout contact direct avec l'ennemi. L'ennemi était forcément un hérétique, sinon on ne le combattrait pas. Et tout ce qu'on peut tirer d'un être impure, c'est de l'impureté, et les rituels de purification étaient assez longs et onéreux. Et puis plus on est proche de l'ennemi, plus le risque est grand, tout le monde sait ça.
Le pauvre Al'anbar Nil se trouva donc tout traumatisé d'être serré de la sorte par une masse d'impureté, loin de tout shaman ou de n'importe quel lieu purificateur. Il en fut parcouru d'un frisson de terreur et d'horreur indescriptible, comme on peut en avoir en étant obligé de cotoyer une charogne décharnée, à moitiée rongée par les rats, abritant des tas d'asticots et de vers, la chair et quelques organes verdissant à l'air libre. Même si le "sorcier" n'avait heureusement pas la même odeur, ce seul contact suffisait à coller des hauts-le-coeurs impressionnant au malheureux, frémissant de terreur sous ce joug putridifiant. Il avait même la vision toute brouillée et une impression de fièvre terrifiante. En résumé et en dix secondes, il avait chopé une bonne grosse maladie comme on les aime tant. Il en était du moins convaincu, et s'il n'était pas maintenu solidement, il serait à deux doigts de tomber dans les pommes et sur le plancher poussiéreux.
Qui plus est, pendant qu'il luttait pour tenter de rester dignement debout, l'autre agresseur violent (écoutez qui parle~) lui débitait des paroles que notre jeune homme innocent et candide n'assimilait qu'en partie. Il tenta tant bien que mal d'articuler.
- Tu mens. Tu essaie de me faire désespérer pour me manipuler. Je ne serais pas ton esclave, jamais.

Bon, Caleïgulê penchait peut-être légèrement vers la paranoïa. Mais après tout, s'il était entré dans ce... "manoir", puisque tel était apparemment le nom de l'antre des sorciers pâles, c'était surtout pour échapper à sa condition d'esclave sous le joug d'hérétiques, et sûrement pas pour servir une âme encore plus impie. Son regard se posa sur son poignard, tombé un peu plus loin, et sur son démon rouge qui était avec celui de l'autre, à les regarder bêtement. Caleïgulê se détermina à lui demander assistance.

- Eh, tu es un démon protecteur, non ? Pourquoi tu ne le tue pas ? Apporte moi au moins le poignard...

Ce qui constituerais au moins pour lui une "solution". Il pourrait toujours au moins essayer de zigouiller ce qu'il voyait comme un tortionnaire et, si la situation se révelait réellement désespérée, répandre son propre sang avant qu'il ne soit trop souillé. Garder ce qu'il lui restait de son honneur, en somme.

Mais la requête fut refusée.

- Qu'est-ce que tu espère régler comme ça, gamin ? répondit la manticore, tu ferais peut-être mieux d'examiner intelligemment ta situation avant de prendre des décisions hasardeuses, non ?

Ce que Caleïgulê pris pour un abandon et une traîtrise. Il n'avait donc personne de son côté ? Les gentils héros doivent gagner, pourtant.

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