• 1m65, petit et fin, voire maigre.
• Pas en forme et ça se voit, il est fragile et a des cernes jusqu’au centre de la terre. Il a l’air globalement affaibli et malade.
• Cheveux roux, mi-longs, mal coupés et en désordre. (comme le reste de sa personne)
• Yeux noisette, plutôt grands mais constamment plissés car il n’a plus l’habitude de la lumière.
• Il est négligé et ne fait attention ni à son physique, ni à l’image qu’il renvoi.
• Peau naturellement pâle mais blême par manque de soleil.
• Quelques taches de rousseur sur ses joues, qui ressortiraient s’il daignait quitter son métro.
• Toujours sur le qui-vive, méfiant comme un animal sauvage. Replié sur lui-même, il exsude la méfiance.
• Il ne sourit jamais et a toujours les sourcils froncés.
• Il parle à voix basse, jamais fort, et n’articule pas ; il ne répète pas ce qu’il dit, tant pis pour vous.
• Voix éraillée, il ne peut plus pousser dessus de toute façon.
• Geste imprécis, maladroit, pas de force dans les jambes ou les bras.
• Droits tremblants à cause du manque.
• Petit, il était agile et aimait courir partout, mais la drogue lui a foutu un sacré coup et le moindre exercice physique le fait souffrir.
• Plutôt statique, il se fiche dans un coin et ne bouge plus de la journée.
• Garde-robe passe-partout, bonnet constamment enfoncé sur le crâne car il déteste la couleur de ses cheveux.
• Ni boucles d’oreille, ni piercings.
• Plusieurs cicatrices, une à la lèvre, plusieurs autres sur le corps, et une brûlure grave sur la cuisse gauche.

• Agressif, violent, il ne se laisse pas approcher.
• Petit, il était sensible et idéaliste, mais des années de harcèlement scolaire l’ont laissé méfiant et peu réceptif au genre humain tout court.
• Il mord les mains que l’on tend vers lui et ne croit pas en la gentillesse désintéressée.
• Si tu es gentil, c’est que tu te fiches de lui ou lui veut du mal ; au choix.
• Jusque-là, personne ne lui a encore donné tort.
• Sarcastique, méchant, voire cruel selon les circonstances.
• Introverti et timide par nature, ce qui n’aide pas – il garde tout pour lui et a énormément de mal à se confier à qui que ce soit.
• Déteste devoir dépendre des autres. Il n’a pas confiance.
• Tout le monde blesse et trahit, sans exception.
• Tout le monde le déteste, aussi, lui le premier. Il craint, il a aucune qualité, il sait.
• Loup solitaire, ne marche pas en équipe.
• Il n’aime pas les autres mais s’il s’attache à quelqu’un, il s’y attache durablement. Trop durablement. C’est tout ou rien. Soit il est dépendant de personne, soit il est dépendant de toi.
• La société ça craint, il préfère vivre à l’écart. De toute façon, il n’arrive pas à s’y insérer.
• Y’a des gens qui ne sont pas faits pour vivre aves les autres, parait-il, et il en fait partie.
• Désillusionné, drogué, pas envie de se bouger, sauf quand il faut aller taper des gens.
• Hypersensible, prend tout pour lui et mal.
• Pyromane sur les bords. C’est beau, le feu.
• ll cramera toute une ville comme ça, un jour.
• Goût pour l’autodestruction prononcé, se sent coupable et nul très vite.
• Se sent responsable de ceux qu’il aime très vite aussi, ce qui peut lui faire plus de mal que de bien.
• De toute façon, c’est toujours ma faute.
• Ah. J’ai tapé trop fort.
• Pas méchant au fond de lui, mais vraiment amoché par la vie. Plus aucune confiance et persuadé qu’il n’a plus rien à donner – et qui voudrait de lui, de toute façon.
• Je suis nul.
• Alors il noie tout ça dans des petites pilules ; ça lui fait du bien pour un court instant et il se sent encore plus mal après, mais il préfère ça que se sentir mal en continu.
• Amer, rêche, doux comme une poignée de verre pilé.
• ET FOUS-MOI LA PAIX MERDE.

• Pavel naît en 2045 à Saint-Pétersbourg, dans une famille de classe moyenne tout ce qu’il y a de plus banale. Il a un papa pompier, une maman institutrice, une sœur de deux ans son aînée et un chat tigré.
• Sa maman, Lyubov, passe plus de temps devant son miroir qu’à s’occuper de son petit garçon. Il a beau s’accrocher à ses jeans et ses talons hauts, rien n’y fait. Alors l’amour qu’il ne trouve pas auprès d’elle, il le cherche chez son père et sa sœur, Viktoria.
• Vika est essentielle à sa vie ; elle est géniale, sait tout, et sait tout faire. Elle vient le consoler la nuit quand il a fait un cauchemar. Elle lui lit des histoires.
• Elle en invente la moitié mais il écoute avec attention. Vika a plein d’imagination. Il aimerait être comme elle.
• Pavel est un enfant timide, un peu renfermé, qui pleure pour un rien. Il n’a pas beaucoup d’amis et s’accroche au peu qu’il a. Il donne tout, inconditionnellement.
• Pavel a le cœur fragile, ça lui jouera des tours.
• En attendant, il alterne sa vie entre l’école qu’il déteste, la maison qu’il adore et les allers et retours chez ses grands-parents.
• Les parents de son père habitent loin, dans une maison en pleine campagne à deux heures de route. Il y passe des après-midis folles à jouer aux aventuriers avec sa sœur et tout un tas d’animaux bizarres. Ils sautent le petit pont qui enjambe le court d’eau et vont jouer dans les bois.
• Vika le sauve tout le temps de l’affreux dragon.
• La mère de sa maman, elle, vit à deux pas de chez lui, tout comme ses oncles. Pavel s’entend bien avec ses cousins, surtout Sonia. Elle a son âge et son embonpoint font d’elle une cible de moqueries en classe.
• Pavel la comprend, la protège ; on se moque de son allure fluette et de ses cheveux roux. Ils font la paire.
• Mais ça va. C’est gérable. Il a des amis, et puis il a Vika. Il est heureux, même si sa maman ne le regarde pas.
• Son papa lui fait des câlins, c’est suffisant.
• Et puis peu à peu, ça commence à ne plus être suffisant. Plus les années passent, plus les moqueries de ses camarades se font dures, plus les piques et les bourrades virent au harcèlement constant. A douze ans, Pavel n’en peut plus mais refuse d’en parler à ses parents. Il n’en parle pas non plus à sa sœur, un peu plus distante chaque jour. Il peut se débrouiller.
• Ils peuvent se débrouiller, puisque Sonia est dans le même bateau. Cette galère les rapproche un peu plus.
• Un jour, Pavel se rend compte que Vika sait. Qu’elle l’a déjà vu se faire bousculer, mais qu’elle n’a rien fait pour autant. A détourné la tête. A continué de rire avec ses amies. Ses amies dont les petits frères le frappent chaque jour.
• Il lui en parle. Ils se disputent pour la première fois de leur vie.
• Vika veut être populaire, elle ne veut pas être mal vue, et s’il se fait embêter, il n’a qu’à faire des efforts.
• Ils te taperaient pas si t’avais pas l’air d’un loser.
• Ah.
• C’est comme ça.
• Ces mots l’atteignent plus durement que toutes les méchancetés qu’on lui a balancé à la figure ces dernières années. Il se renferme sur lui-même, refuse de sortir de sa chambre. Pendant une semaine, son père doit lui apporter son repas car il refuse de manger avec sa sœur.
• « Pourquoi ? »
• « Parce que. »
• Et il n’insiste pas, il n’insiste jamais. Papa est maladroit. Il aimerait rassurer, mais il ne sait jamais comment faire. Alors il ne fait rien.
• Maman hausse les épaules. L’adolescence, tout ça.
• Tout ça, oui.
• A l’école, Pavel et Sonia s’agrippent l’un à l’autre. Ils se lient vite d’amitié avec d’autres gamins sur la touche – Igor, Georgy, Ekaterina et Vyacheslav. Tous trop bizarres, trop roux, trop gros, trop maigre, trop ringard, pas assez bien pour s’asseoir à côté des autres le midi.
• Pavel ne peut plus se passer d’eux. Ils n’ont pas fait de pacte de sang, mais c’est tout comme. On ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis.
• Et eux, ils sont sa famille. Tellement mieux que celle que la nature lui a collé.
• Ca fait longtemps qu’il ne parle plus à Viktoria. Ils n’ont plus rien à se dire.
• Il aimerait que ça ne fasse pas aussi mal.
• Il se dit que ça passera avec le temps – tout est sensé passer avec le temps.
• Comme on dit, hein.
• Quand ils n’en peuvent plus de se faire insulter, ils se réfugient dans les toilettes. Quand des filles en délogent Katya et lui mettent la tête dans l’évier, Igor les frappe. Puis se fait assommer par leurs amis à elles et tout le monde se retrouve dans le bureau du directeur.
• Attitude inacceptable, et c’est vers eux que l’insulte est dirigée. Comme toujours. Pourquoi s’embêter à remettre les choses en question, tout marche tellement bien comme ça. A qui en parler, quand tout le monde est contre eux ?
• Alors ils arrêtent d’aller en cours. Se trouvent des squats. Se font chasser par des claudos qui aimeraient avoir la paix. Sympathisent avec certains. Commencent à fumer.
• Du tabac, et puis pas que.
• Si tu voyais ta tête, Pavel.
• Mais ils rient et planent et se sentent bien, et ça vaut mieux que se faire frapper ou ridiculiser. Ça vaut mieux que se faire entendre dire « si on vous frappe, c’est votre faute ».
• Il est moche, le monde, quand même.
• Quand Pavel rentre chez lui, il ignore sa sœur, se fait ignorer par sa mère et se dispute avec son père. Où tu étais, tu sens la cigarette, qu’est-ce qui se passe – comme si ça intéressait qui que ce soit ici.
• Pavel claque la porte de sa chambre, caresse Gagarin et se dit qu’il ferait mieux de foutre le camp d’ici. Il aime encore son père, mais le reste…
• Ça fait mal, putain.
• A quelques maisons de là, le père de Sonia s’inquiète aussi. Tout le poids qu’elle a perdu, elle est devenue maigre, ça va pas du tout – mais lui aussi se fait rembarrer. Ça va.
• Et quand ça va pas, de toute façon, vous êtes jamais là.
• Ils squattent un immeuble abandonné, jusqu’à ce qu’un des SDF n’essaye de violer Sonia ; Pavel s’empare d’une batte, le frappe jusqu’à ce qu’il ne bouge plus. Tu la touche pas, putain.
• Ils s’enfuient sans prendre le temps de vérifier qu’il respire toujours, et sans appeler personne. Pavel a peur, il a la nausée, mais il se sent bizarrement bien.
• ça défoule.
• Ils trébuchent dans une bouche de métro abandonnée. Plusieurs SDF les regardent d’un mauvais œil. Pavel aide Sonia à avancer et ils s’engouffrent dans le tunnel noir comme un four.
• Ils avancent, jusqu’à trouver une autre station abandonnée, moins fréquentée. Les gens du coin appellent l’endroit ray, le paradis.
• Et pour eux, ça l’est. N’importe où ils peuvent se poser et souffler.
• C’est vrai que les vieux décors en marbre de l’époque soviétique font penser au paradis.
• Pavel ne rentre presque plus chez lui, après ça. Sa vie d’avant est derrière lui – sa maison, l’école, ses parents, sa sœur, il n’y a plus rien. Il n’y a plus que ses amis, leur métro et les petits pilules qui circulent d’une main à l’autre.
• Le père de Sonia est venu, parfois. La mère de Katya, aussi, le frère de Slava – mais ils font la sourde oreille.
• On est bien, là.
• Quand Pavel rentre, amoché, son père a trop mal pour poser les bonnes questions. Il se contente de lui faire à manger. Sa mère fait toujours comme si de rien n’était. Viktoria n’est plus là. Gagarin lui saute sur les genoux.
• Parfois, dans un éclair de lucidité, il se demande comment il en est arrivé là, s’il n’a pas pris les mauvaises décisions. Mais la drogue le plonge dans un coma éthéré et il rit, Sonia sur l’épaule.
• On se réveillera un autre jour.
• Quand ils ne sont pas défoncés, ils parlent aux autres, et parfois frappent les autres ; ils défendent leur territoire et celui de leurs amis, sans compter sur quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes.
• Un jour, Gosha va vraiment mal. Heureusement qu’il y a une ancienne infirmière dans les parages, heureusement qu’elle n’est pas défoncée à ce moment-là, heureusement… Ekaterina Melnikova (encore une Katya), aussi rousse que lui. Il l’aime d’emblée.
• Elle ne leur dit pas d’aller à l’hôpital, elle sait qu’ils n’iront pas. Ils se rafistolent la santé comme ils peuvent. Elle reste dans les parages.
• Ils en crèveront un jour, mais un jour c’est dans longtemps.
• Et Sonia qui n’arrête pas de maigrir.
• Ils frappent, ils cognent, ils se flinguent, tout pour faire passer le temps.
• Puis Viktoria le prend à part quand il revient chez eux, lui dit des choses sans grand sens ; il comprend juste qu’elle ne veut pas s’excuser et il la pousse.
• Elle le gifle.
• Ils se battent et leur père doit venir les séparer avant qu’il ne lui mette un deuxième cocard.
• Dégage, putain, c’est ta faute. T’étais là et t’as rien fait, merde.
• Je veux plus te voir.
• Personne a rien fait.
• Pavel claque la porte de sa maison, de manière définitive. Il ne veut plus revenir ici, jamais.
• Désolé, papa.
• La nuit, collé à Sonia, il n’arrive pas à dormir. Son cœur s’emballe. Il ne sait même pas si c’est la drogue ou les regrets.
• J’ai frappé ma sœur, ahah. Quel gros connard.
• Mais c’est sa faute, aussi.
• Il n’arrive même pas à pleurer, et il sait qu’il devrait s’en inquiéter, mais ça passe à la trappe avec le reste. Encore une pilule pour oublier, allez.
• Et s’il mourait, tant mieux, personne le regretterait – à part ses amis, mais ils partiront ensemble. A voir leurs têtes, aucun doute là-dessus.
• Alors quand une grille claque et qu’il n’est plus au ray…
• Où je suis ?