(suite du bal de Noël)

Jessica venait de vivre la pire journée de son existence. Premièrement parce qu’elle n’aimait pas les fêtes de Noël puisque tout le monde venait en couple. Deuxièmement parce qu’elle avait assisté au combat d’une vampire, d’un imbécile (super mignon) et de son cavalier. Rien de très amusant. Et troisièmement, Sindy, une pouff montée sur talons aiguilles, avait décidé de l’embrasser goulument, elle et Owen. Foutue fête ! Foutue soirée ! Elle avait particulièrement détesté le moment où Sindy avait essayé de la déshabiller. Et puis le strip-tease. Pire que tout ! A croire que cette fille était là juste pour lui pourrir l’existence. Pourtant, Jessica ne lui avait rien fait. Peut-être que c’était comme ça. C’était écrit. Ca avait sans doute été décidé par de grands dieux et de grandes déesses cachés derrière un écran et qui choisissaient pour des petits personnages insignifiants. Bref, Jessica prit la main du garçon, enroulant ses doigts autour des siens. Elle remit une mèche blonde derrière son oreille et lui jeta un regard langoureux.

« Maintenant que c'est enfin fini, on va où ? » avait-il demandé.

Elle n’avait pas répondu. Elle s’était contentée de regarder les escaliers et de l’entrainer là haut. « Raccompagne-moi jusque ma chambre. Embrassons-nous devant la porte et laissons le sort décider pour nous. » La vie est si courte, autant en profiter un maximum.
Les couloirs étaient déserts. Il n’y avait personne. Pas un bruit. Seul le souffle de leur respiration brisait le silence. Il faisait noir. Ils n’avaient rien à dire. Jessica se remémorait les mecs qu’elle s’était tapée au cours des quinze dernières années. Aucun n’avait la classe d’Owen. Non, vraiment, aucun n’était aussi classe qu’Owen ! Elle avait tiré le gros lot. Et elle le savait depuis qu’elle avait découvert qu’Emily le voulait pour elle. OUI. Jessica avait compris ! Mais de toute façon, elle ne comptait pas le revoir. « Désolée mon chéri, j’ai d’autres priorités. » Les mecs, la débauche, le maquillage, les cosmétiques pour avoir une beeeelle peau, les talons aiguilles, les fringues. Enfin, tu comprends. Jessica ne parlait pas. Pour une très bonne raison : Elle avait découvert que les mecs n’aimaient pas trop connaitre la fin tragique de son top jaune qu’elle aimait tant taché par un malheureux tube de rouge à lèvre. Et comme la plupart de ses sujets de conversation tournait autour de ses vêtements, elle préférait ne rien dire.

« Tu rentres ? »

Il n’y avait personne. Ils étaient tous au bal. Jessica rentra et s’assit sur un des lits. Il faisait noir. Seuls les faibles rayons de la lune éclairaient la pièce et la jeune femme. Elle se coucha sur le lit.

« Il fait froid tu trouves pas ? » demanda-t-elle en frissonnant.

Viens vite me réchauffer.

Owen accordait peu d'importance à Jessica. Il se contentait de marcher d'un pas lent dans les couloirs sombres, de monter les escaliers majestueux et grinçant, un bras passé autour des épaules fines de la jeune fille. Il repensait à cette soirée pourrie. Ou bien il cherchait à oublier. Il ne savait pas trop. Putain d'Emily.
Ce n'est qu'arrivé devant la chambre de la jeune qu'il sortit de sa rêverie. La voix de sa cavalière s'éleva dans le silence à peine interrompu par son souffle lent.

« Tu rentres ? »

Pourquoi pas ? C'était bien comme ça qu'il comptait finir sa soirée. Dans les bras fins de cette succube, contre sa peau chaude, oublier tout, le temps d'une soirée. Sans lendemain, cela va sans dire. Il ne comptait pas la revoir. Ou bien si ? Qui sait. Une relation "sérieuse" avec elle lui conviendrait aussi bien qu'un coup d'un soir. Il la suivit dans la chambre obscure, à peine éclairée par un rayon de lune qui tombait entre les rideaux entrouverts de la fenêtre.

Jessica s'assit sur un des lits, et pendant quelques secondes, il ne se passa rien. Pas une parole, pas un geste, Owen regardait dans le vide. Dans un bruit de draps froissés, Jessica s'allongea de tout son long sur le lit.

« Il fait froid tu trouves pas ? »

Owen sourit, et s'allongea à moitié (ou s'assit à moitié ? ou s'allongea presque ?) aux côtés de sa cavalière. Il passa un bras autour d'elle. Son corps n'était pas vraiment glacé. Mais bon, ce n'était pas comme si il était vraiment venu pour lui servir de bouillotte. Y en a à 6€99 à Monoprix - encore qu'il faudrait pouvoir y aller à Monoprix, mais je suis sûre qu'y en a au moins dans la pharmacie. Ou même un placard de la cuisine, pourquoi pas ? Enfin bon, avant cette digression sur les bouillottes je disais ... ah oui ! Owen, un sourire mielleux toujours scotché sur son ravissant visage, caressait le bras dénudé de Jessica.

« Personnellement, ta beauté suffit à me réchauffer. »

Ce message était sponsorisé par les ComplimentsDébiles. Qui croirait à sa franchise, franchement ? Jessica, avec un peu de chance.

Et là tout le monde se demande : Mais pourquoi Owen fait son dragueur de pacotille alors que de toute façon il veut juste coucher avec Jessica et vice-versa ? ç_ç Et ben parce que si Owen veut coucher avec Jessica - comme vous le dites si vulgairement - c'est parce qu'il s'ennuie. Et la drague foireuse fait partie de ses méthodes tueuses d'ennui. CQFD.

Jessica posa ses lèvres sur celles de son cavalier d’un soir. Que c’était gentil ! Banal et pas très original mais gentil quand même. Pas que Jessica ait un quelconque doute sur sa beauté dévastatrice mais ça lui faisait toujours plaisir qu’un homme lui fasse remarquer. Elle était fière d’être belle. Ce n’était pas comme les autres filles qui n’avaient rien pour elles et qui se contentait d’un binoclard boutonneux pour finir leur soirée. Elle, elle était la jolie. Tout le monde se rappelait son prénom, nom de famille, couleur préféré et date de naissance. Les esprits gravaient à jamais les traits angéliques de son visage, le rose de ses pommettes, ses cheveux blonds bouclés tombant sur ses épaules et ses formes désirables, serviteurs du Diable.

« Moi, j’ai d’autres manières plus… amusantes pour me réchauffer. »

Jess’ s’appuya sur son coude droit. Couchée près de lui, elle l’embrassa. Sa langue explorant délicatement sa bouche. Sa main gauche entreprit de déboutonner la veste du costume d’Owen. Leurs bouches se décollèrent. Elle retira ses chaussures sans l’aide de ses mains, son pied gauche retirant le soulier du pied droit et inversement. Elle agrippa les vêtements du garçon et l’attira vers elle pour un nouveau baiser.

L’esprit de la jeune fille se brouilla. Ses yeux également. Combien de fois avait-elle répété l’entreprise ? Combien d’hommes s’étaient succédé dans ses bras ? Et combien de fois aurait-elle à faire ça avant de s’en lasser ? Avant de retrouver une vie de sage petite fille. Même si elle ne l’avait jamais été, sage. Toujours tout essayer. Pas de limite. Pas de règles. Seuls ses désirs et elle.

Ils n’étaient que des pantins prêts à satisfaire ses moindres envies. Prêts à tout pour elle.
Mais elle n’avait jamais voulu plus.
Ce qu’elle désirait, c’était oublier qu’elle avait taché son top jaune ou que son pantalon slim était trop grand pour ses fines jambes (Quoi ? Vous pensiez que Jessica avait d’autres préoccupations ?)
Et oublier ces visages idiots de filles qui l’enviaient. Qui la détestaient.

Et oublier Sindy ! Cette pouff n’était entrée dans sa vie qu’il n’y a quelques semaines et elle lui pourrissait déjà l’existence. Jessica n’en avait rien à fiche que ses vêtements soient F4$ii0n puisque de toute façon tout lui allait !

Sa robe tomba. Etait-ce elle ou lui qui l’avait enlevé ? Qu’importait puisque le résultat serait le même.

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Je sais, je me la joue dramatique alors qu'elle n'a aucun vrai problème. Mais j'arrive pas à la faire penser rigolo xD

Ils ressemblaient peut-être à un couple d'adolescents en train de perdre leur virginité. Mais alors, de loin. Il suffisait de s'approcher un peu pour se rendre compte que le couple qu'ils formaient ne ressemblait en rien au commun des teenagers comme disent les non-anglophobes.

Sur un lit encore bien fait, Owen était en train d'embrasser langoureusement la propriétaire du lit susnommé. De sa main gauche, la jeune fille déboutonnait minutieusement sa chemise, et lui cherchait d'une main hasardeuse la fermeture (ou plutôt l'ouverture, dans ce contexte) de la robe rouge de sa cavalière.

Ils s'arrêtèrent un instant de s'embrasser, le temps que sa chemise tombe au sol dans un bruit d'étoffe froissé, puis Owen entendit successivement deux bruits sourds - les ravissantes chaussures de Jessica qu'elle venait d'enlever. Il fit de même - de nouveau deux bruits sourds - et recommença à l'embrasser.

Ha, il avait trouvé cette putain de fermeture Eclair. Il tira dessus, et miracle des miracles, la robe glissa pratiquement toute seule aux pieds de Jessica.

Résumons donc la situation. Jessica était en sous-vêtements, Owen en pantalon. Ça progressait.

Impatience. Ce sentiment bouillonnait dans ses veines, et pourtant ses gestes restaient lents et mesurés, langoureux. On aurait pu croire, oui, on aurait pu croire qu'il ressentait quelque chose pour Jessica. De l'amour, n'ayons pas peur des mots.

Mais c'était faux. Il ne ressentait même pas de respect pour cette fille. Il la trouvait belle, et c'était suffisant. Il savait que c'était réciproque, et s'en fichait royalement.

Il nicha son visage dans le creux du cou de la jeune fille. Elle avait une odeur fraîche et sucrée, légère, aérienne. Pas vraiment une odeur de femme fatale - si il y avait des odeurs de femmes fatales cataloguées. Mais elle sentait bon.

Il posa ses lèvres sur la peau douce et sucrée, tout en défaisant son soutien-gorge. Tâche qui, même pour un Owen, est un peu compliqué. Après tout, ce n'est qu'un homme. Mais c'est aussi Owen. Après quelques secondes où le système contre-nature se débattit entre les doigts du jeune homme. Il ne put retenir un léger « Ouf » qui heureusement fut étouffé dans le cou de la jeune fille.

Owen releva sa tête, braqua ses yeux turquoise dans ceux, plutôt roux, de Jessica.

« Je ne pense pas que tu sois ce genre de fille mais.. penses-tu regretter tout ceci demain matin ? »

Il sourit. La réponse allait être un non. Et il pourrait finir cette soirée sans avoir l'impression d'abuser de son charme, son charisme et sa magnificence - auxquels aucune fille ne pouvait résister, c'est bien connu.