AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Partagez | 
 

 Ne m'attend pas /post unique/

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité


+

Ne m'attend pas /post unique/ _
MessageSujet: Ne m'attend pas /post unique/   Ne m'attend pas /post unique/ Icon_minitimeMar 3 Nov 2009 - 20:32

Où suis-je ?

Je me souviens de la porte... cette porte dont je franchis le seuil. Pourquoi en franchis-je le seuil ? Je le sais, pourtant, que c'est comme se foutre soi-même dans la merde. Alors pourquoi ...?

Après les ténèbres du dehors, je dois faire face à la lumière incandescente de l'intérieur : le jour a ainsi succédé à la nuit, avec pour toute aube ce fichu seuil de porte. À demi aveuglée, entièrement émerveillée, je détaille l'ameublement princier des lieux, qui nous fait songer sans grand mal au palais de Versailles. J'avance de quelques pas, juste pour le plaisir d'écouter mes chaussures frapper le carrelage, quand un bruit sec retient mon attention. Je sais déjà ce que je vais trouver après m'être retournée ; la porte, fermée. Je lui jette à peine un regard. Je n'ai pas encore saisi que ce que je viens d'entendre, c'est un glas, le requiem dédié à ma vie avant de m'être laissée séduite par ce hall, comme une mouche va vers la plante pour se faire dévorer... Ce n'est pas encore l'objet de mes préoccupations, toute dévouée à mon observation de l'entrée. Je m'y plais. J'aperçois un panneau en liège, où sont punaisés quelques notes manuscrites. Trois. Distraite, je m'approche, dans cet état de totale insouciance que je vais vite regretter.

Le premier papier traite de mon entrée ici...
Rien que les premières lignes effacent le sourire qui flotte sur mon visage.
    Si vous lisez ces lignes déposées sur ce misérable bout de papier, c’est que vous venez de
    commettre une grossière erreur, certainement la plus grosse de votre vie.
Cela suffit pour retenir mon attention. Je décroche avec délicatesse le feuillet, soudain rendue grave, pour en continuer la lecture. Hélas, rien de bien joyeux. Ce dont je me serai doutée une fois le brouillard sur mon esprit levé y était écrit noir sur blanc : je m'étais faite piégée, c'était trop tard...
    Si vous ne me croyez pas, tentez d’ouvrir la porte, n’hésitez pas, j’ai comme vous, déses-
    pérément tenté de sortir des centaines de fois, en vain.
Pour m'assurer que j'ai bel et bien détruit mon avenir, je retourne à la porte, caresse le bois avant de poser ma main sur la clenche. Je la tourne, appuie, tire : rien à faire. Dans un effort désespéré, j'appelle ma sœur de toute la force mon âme et de ma voix, avec l'espoir frivole qu'elle ait un tournevis sur elle, ou son briquet.

Pas de réponse.

Je sors le mien, juste pour voir si la porte prendrait feu, mais quand j'en retire la flamme, aucune trace de brûlure n'est à constater. De ma poche, je tire ma dernière chance de sortie : un couteau à cran d'arrêt qui, comme mes ciseaux, ne coupe plus depuis longtemps, mais est assez fin pour forcer une porte. Je le fais glisser de haut en bas et inversement pendant une dizaine de minutes avant de ressentir une chaleur anormale provenant de la lame. Je n'arrive pas à la retirer. Maintenant, un manche pend de la porte, issu de mes lamentables tentatives de fuite. Il ne me reste plus qu'un briquet presque vide, une paire de ciseaux en argent qui ne coupe pas, un petit carnet d'une douzaine de pages, un stylo, dans une poche de ma tunique. Et c'est avec ça que je dois faire face... Je reprends ma lecture. Un ironique "Convaincu(e) ?" m'accueille. S'ensuivent quelques mots pour me dire que je trouverai bien des bizarreries du même genre que la porte, en pire. J'aurai un pouvoir et ami à fourrure sur quatre pattes qui risquerai de m'adresser la parole. Un "alter ego astral"... "Autre moi" ...? Je sens l'anxiété m'envahir. Quelles facettes de moi cet animal pourrait-il refléter ? Il y en avait tant... moi, surmoi, ça et j'en passe, tous avec leur côté désagréable. Je m'imagine déjà une petite voix à mon côté, qui me comprend si bien, en laquelle je ne puis qu'avoir confiance, me souffler de faire ce que je ne veux pas, parce que je ne le peux pas. Je n'aurai plus aucun contrôle sur mes actes, manipulée comme une marionnette... et ça l'amuserai, j'en suis persuadée.
Je chasse ces idées sombres comme j'aurais chassé un moustique, hausse les épaules. À quoi bon m'affliger de tout ces trucs : ce qui est fait, est fait.
    Je vous souhaite de rester en vie et de toujours garder espoir.

    Cordialement,
    Periple Skye.
Periple Skye. Ce n'était un nom très compliqué à retenir... Merci, en ce cas. Je lui suis reconnaissante de ces quelques mots, à l'attention des malheureux nouveaux venus. C'était dit franchement, presque brutalement, mais au moins, je serai moins surprise quand je me ferai saluer par un écureuil ou une tortue. Je remets le mot en place, songeant que si je ne suis pas la première arrivée, je ne serai pas non plus la dernière.
La seconde note a un ton plus léger, se veut rassurante. D'autres noms, qui sortent de mon ordinaire, accompagnés d'une photographie d'un petit groupe, inutile : je sais que je ne les reconnaîtrai pas si je les croisais dans un couloir, même si je gardait cette photo sur moi. Je préfère la laisser - peut-être sera-t-elle utile à quelqu'un - et tâche de garder leurs prénoms en mémoire. Kyoko, Chiara, Key.
Le dernier feuillet, enfin, est une mise en garde aux allures de mauvaise blague, que, de toute façon, je ne chercherai pas à vérifier.

Je m'écarte du tableau pour lancer un regard amer à la porte d'entrée, derrière laquelle j'ai tout laissé. Le regret me pousse à sortir mon carnet et d'y griffonner, pour ma cadette, quelques mots d'adieu. J'espère que ce sera un adieu. La revoir ici me signifierait son emprisonnement...
    "Je t'en supplie, n'entre pas, jamais.
    Je risque d'être longue. Ne m'attend
    pas. Je t'aime, pardonne-moi.
    "
Je détache la page, tente de la glisser sous la porte. À nouveau, je sens une bouffée de chaleur m'atteindre, mais cette fois seulement je peux en voir les effets : le feuillet s'est enflammé et se consume entre mes doigts. Je lâche le papier qui se gondole, se tord sous la combustion... disparaît... avec mes mots... Autant en emporte le vent...

À ce spectacle, je me mets à rire... jaune. Et toujours cette question, qui tourne, inlassable, dans ma tête : Pourquoi ? Elle s'y répercute tant et tant de fois que la rage me gagne. La rage d'être impuissante ! J'AIMERAI CRACHER, HURLER, EXPLOSER LA PORTE A COUPS DE PIED ...! Pourtant, je continue à rire. Ma vue s'est troublée : je pleure. Pleurer... ça me fait tant de bien, de relâcher cette pression... Je me recroqueville contre la porte et me laisse aller. Seule, dans cette pièce, je peux me permettre de geindre, d'enfouir mon visage dans mes bras. À cet instant, je me sens si faible, si fragile, que j'en viens même à me parler, tout bas ; à me rassurer. Un flot de mots. Tantôt j'y perçois de la rancœur, un regret acerbe, tantôt j'y devine une tendresse impossible, régie par la sérénité. Un calme délicieux, soudain, suit ma crise de larmes. Un moment où plus rien n'existe, seulement le goût salé sur mes joues humides, la chaleur et le son apaisant de mon souffle. Inspirer. Expirer. L'air qui me traverse. Puis s'en va. La sensation de vivre.

Je me relève avec un sourire pâlot. Il doit contraster de façon incroyable avec mon nez et mes yeux rougis de mon petit chagrin. Je fronce les sourcils. Je dois faire face. "Mais c'est si dur..." Je m'arrête devant les escaliers, qui m'apparaissent pareils à des falaises. "Va tête haute, motivée ! Motivée !" Je lève le menton et avance, aussi fière que je je le peux...
Revenir en haut Aller en bas
 

Ne m'attend pas /post unique/

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
xX || Pensionnat Interdit || Xx :: .:: Hors-Jeu ::. :: Tiroirs scellés :: Archives :: Sujets de PI v.2-
Sauter vers: