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 Des survivants et des morts [Daëron]

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Des survivants et des morts [Daëron] _
MessageSujet: Des survivants et des morts [Daëron]   Des survivants et des morts [Daëron] Icon_minitimeSam 19 Déc 2009 - 18:29

Une porte, encore. Une porte comme il y en a des myriades alentours, tapissant les murs du couloir. Si semblable aux autres, l'on pourrait croire que toutes mènent en la même pièce. Lasse de vaguer dans les couloirs, avec pour seule compagnie le cliquetis des pattes du carlin sur le sol, ainsi que de ses remontrances - " Tu pourrais me porter, ingrate ! J'ai bien trois ans de plus que toi ! " - et de ses supplications - " Je suis crevé, laisse moi là, je te retrouverai..." - j'ai posé ma main sur la clenche, je l'ai tournée.
Suis entrée.

Et là, le néant, les ténèbres. L'obscurité. Serait-ce la nuit chaude, laissée derrière-moi, sur le seuil du Pensionnat ? Opportune, Maria, êtes vous là, quelque part ? La présence chaude de Harry contre ma jambe rompt l'illusion. Il n'y a personne, ici. Un monde sans amie d'enfance, sans petite sœur, dénué de tout ce qui fait mon passé. Ma vue s'adapte à l'obscurité : la lueur hésitante des bougies m'apparaît, pareilles à l'éclosion des étoiles sur le ciel de nuit. Ces tâches lumineuses me laissent comprendre comme la salle est vaste...
Vide.

Je fais quelques pas cependant qu'un bruissement à mes pieds ne manque d'attirer mon attention. Prudente, je saisis l'objet. Mes doigts s'écorchent sur des épines. La surprise d'un tel contact me fait lâcher le corps, qui heurte le sol avec un bruit léger, à peine si ce n'est qu'un chuintement. Ce qui tombe à terre est une rose. D'autres jonchent le sol, ou reposent dans des vases, contre lesquels se réverbèrent les flammes.
    - Lisha...
Le chien s'est resserré contre moi. Son corps et sa voix tremblent.
    - J'aime pas être ici, ça craint... viens, on part...
Il me pousse de sa grosse tête, mais je ne bouge pas. Un étrange ressentiment m'étouffe, comprime mon thorax. Je tangue sur mes jambes. Ce lieux est dépravé par le deuil. En douceur, je m'assieds pour ne pas tomber de trop haut. Nerveux, Harry lève constamment le museau, avec dans l'idée de fleurer toute présence. Il se retourne, brusque, ses oreilles plates plantées sur le haut du crane. Ses yeux globuleux brillent dans l'obscurité quand roule vers nous une curieuse silhouette, fine et lente. Elle choit devant moi : c'est un cerceau de bois, comme il devait en exister voilà quelques années déjà. Je jette des regards anxieux là d'où il semble provenir. Un enfant court, tout sourire, un bâton à la main. Il s'arrête net quand ils nous voit, l'air hébété, que nous arborons sans nul doute nous aussi. Je le voit lâcher son bâton et laisser son regard observer, perdu, la pièce, avant de revenir sur nous. Ses cheveux sont blonds, de ce blond incroyablement clair avec lequel même Darius n'aurait pu rivaliser. Le petit est en uniforme et porte un cartable de cuir noir. De quand est-il issu ? 1930, 1940 ...? Et quelque chose que je sens me revenir en mémoire m'apporte la lumière. Le rat blanc. Alban Miles. Mon grand-père...
Mort quand j'avais cinq ans.

Ses yeux olive, son teint diaphane... rien ne semble alors le prédestiner à cette mort atroce. L'enfant me sourit, un sourire cordial mais accompagné d'images, toutes si douloureuses. Chacune est une balle qui me tue. Un verre qui se brise, des médicaments, une cigarette, une voiture qui dérape, le klaxon. Je hurle en silence. Arrête ça ! Par pitié, sale morveux, arrête-moi ça !
    - STOP !
Tout prend fin par ce qui l'a provoqué : le sourire du garçonnet. Il récupère son cerceau, me dévisage, m'invite par une main tendue à me relever. Près de moi, Harry gémit.
    - Ne refoule jamais rien, imbécile, et surtout pas ici.
Sa voix a la résonance d'un écho. Il me dit que mon heure n'est pas encore venue, s'ébouriffant les cheveux d'une main, tandis qu'il redresse son cerceau de l'autre. Jeune enfant retournant à ses jeux. La dernière image que j'ai de lui avant qu'il ne disparaisse à nouveau, annihilé par les ténèbres. Il me laisse seule à réfléchir.

Seule...
Presque.

Terrorisé, Harry s'est réfugié dans un coin de la pièce. Je n'ai que le temps de me redresser, évidée de tout sentiment... Qui ne serait pas sous le choc après s'être pris en pleine gueule les morts jointes de mère et amant ...?
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Des survivants et des morts [Daëron] _
MessageSujet: Re: Des survivants et des morts [Daëron]   Des survivants et des morts [Daëron] Icon_minitimeLun 21 Déc 2009 - 20:09

    Aujourd'hui, j'ai vingt ans. Et je suis enfermé ici. Ici, d'ailleurs je ne sais pas où je suis. Dans une sorte de pensionnat dont apparemment je ne sortirai jamais. Aujourd'hui, si je n'avais pas été ici, je fêterai mes vingt ans. Je serai avec Nathan et Alice. Oui, si tout n'avait pas basculé cette nuit là, je serai sans doute avec eux en ce moment même. Je serai encore en train de me souler, mais cette fois parce que j'aurais eu mes vingt ans. Je serais soit avec eux deux, tout les trois ensembles dans notre appartement à fêter ça, soit à une soirée m'étant dédiée avec pleins de monde. Pleins de monde, et je ne connaîtrais même pas la moitié des personnes présentes. Ouais, c'était souvent comme ça. Aujourd'hui, j'ai un an de plus, et je devrais être ailleurs en ce moment. Je m'éclaterai comme jamais, comme à chaque fois, comme je m'éclate à chaque fois plus chaque année. Aujourd'hui, j'ai vingt ans, et ça ne me fait rien. J'ai vingt ans, et désormais, cela ne me fera plus jamais rien, puisque je suis ici. Joyeux anniversaire, moi-même.

    Un homme songeait, assit à terre, contre un mur, dans un couloir. Ses genoux étaient ramenés contre son torse. Il tenait une simple cigarette qui se consumait misérablement entre deux doigts. Sa sombre et longue chevelure lui cachait le visage. Il baissa lentement la tête, posant son front contre ses genoux. Voilà déjà plusieurs nuits qu'il dormait mal. Des montées de stress, de chaleur, d'horribles sueurs froides fréquentes. Etait-ce cet endroit qui hantait ses nuits ? Il avait l'impression, lorsqu'il avait des sueurs froides, que son corps rejetait par les pores de sa peau toutes les drogues qu'il avait bien pu consommer durant toute sa vie. Insomnies fréquentes. Il ne voulait même plus tenter de tomber dans les bras de Morphée, pensant que c'était déjà perdu d'avance. Soit, il dormait mal, et c'était donc pour cela que sur son visage se dessinaient d'horribles cernes. Daëron releva son visage, approcha la cigarette de ses lèvres et tira une bouffée. Il soupira et expira par la même occasion un léger nuage de fumée devant lui.

    Il se leva calmement, lentement, sans un bruit.
    L'esprit ailleurs, fatigué, il n'avait envie de rien. Cela faisait à déjà quelques jours qu'il était dans cet endroit et il avait le moral à zéro. Enfin...Il se disait simplement que c'était "normal", que tout les pensionnaires ressentent cela au début, et puis...On s'habitue à cette vie, et ça passe.
    Daëron errait dans les couloirs, tel un fantôme. Toutes les portes se ressemblaient et il y en avait tellement...Et puis, le couloir lui semblait plus long que lorsqu'il était venu, se serait-il perdu ? Il verrait bien au fur et à mesure. Il continua donc son chemin. Mais l'attention de l'homme fut attirée par une porte en particulier. Lorsqu'il passa devant celle-ci, il eut l'impression qu'un courant d'air s'était glissé sous la porte. Un courant d'air qui le fit frissonner, un vent, un souffle portant la mort. Intrigué et dominé par sa curiosité, il entra.

    Morbide. Glauque. Encore et toujours les même mots qui lui revenaient à l'esprit, comme pour la plupart des pièces qu'il avait déjà visitées. Il soupira. Des bougies semblaient éclairer légèrement la pièce. Daëron distingua vaguement une silhouette humaine, et une autre silhouette dans le coin de la pièce, mais celle-ci était plus petite et semblait être un animal. Quel animal? Il n'en avait aucune idée, l'endroit n'était pas assez bien éclairé pour qu'il puisse le voir d'où il était. Il remarqua ensuite des sortes d'objets posés au sol et un peu partout dans la pièce. On aurait dit des sortes de fleurs...Des roses, peut-être ? L'homme soupira calmement. Il porta à nouveau sa main à sa bouche, espérant pouvoir encore tirer sur sa cigarette quand il remarqua que celle-ci s'était éteinte. Etrangement, elle s'est éteinte lorsqu'il est entré. Il étouffa un juron avant de laisser tomber ce qu'il restait de sa pauvre cigarette. Daëron reporta son attention sur la personne présente, qui semblait être une jeune fille.

    -"Euh...Excuse-moi, c'est quoi, cette pièce ?"

    Car oui, il ne fallait pas oublié que s'il était entré c'était tout simplement pour savoir ce qu'il y avait derrière cette porte. Et puisque la jeune fille semblait être là depuis plus longtemps que lui, peut-être en savait-elle plus.
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Des survivants et des morts [Daëron] _
MessageSujet: Re: Des survivants et des morts [Daëron]   Des survivants et des morts [Daëron] Icon_minitimeMar 22 Déc 2009 - 0:01

La porte à nouveau s'ouvre, cette fois sur un homme. Cigarette dans le coin des lèvres, il jette un regard sommaire aux lieux. Une bourrasque éteint sa clope. Il jure à vois basse avant de la laisser choir, négligemment. L'homme irradie une fatigue et une morosité peu commune, grossière caricature de ce que peuvent ressentir les pensionnaires. Si amer, si proche de ce que je m'entête à taire... Je retrousse le nez, de dégoût. Cette mimique puérile, je n'en ai usé qu'une fois auparavant, et pour une personne bien particulière que j'aimerais morte.
Je ne suis pas au bout de mes peines.

Intéressé, mon carlin s'approche. Je l'entend venir en zigzagues maladroits, peut-être pour éviter de marcher sur les roses qu'il ne peut voir. Je l'entends renifler l'air, nous cherchant au flair. Il attire mon attention. D'un signe de tête, il me demande de me baisser. Curieuse et désireuse d'ignorer le grand brun, quelques instants au moins, je m'accroupis à la hauteur du canin. Le ton implicite, il me murmure que l'autre ne "
sent pas que le tabac ". Je cille, dévisage l'autre, le visage plat. Il me demande ce qu'est cette salle, sans réelle curiosité, juste comme s'il ne faisait que se prêter à un jeu, de mauvaise grâce. Je lève le menton, ne cesse de le défigurer dans le clair-obscur. Une moue boudeuse creuse mes traits : je n'ai aucun besoin des précisions que m'a apporté Harry, je ne peux que remarquer les proportions étranges de cet homme, son maintient las. J'aimerai déserter la pièce, mais l'envie me brûle de répandre mon venin, de me défouler sur quelque chose. Ce sentiment ambivalent m'oppresse, mes réponses se font lunatiques. Je commence par grommeler un " Ch'ai pas " âpre, provocateur de gamine, avant d'enchaîner par des dires plus matures.
    - Je suppose que cette pièce apporte une certaine cure de jouvence à nos cadavres, laissé-je échapper, incertaine.
J'étouffe un rire sinistre au souvenir des visions venues me visiter. J'aimerai rester sobre, mais quelque chose me pousse à aller trop loin, à faire mal.
    - Mais laisse-moi croire que les hallucinations sont de ton domaine, ce que tu trouveras ici ne devrait t'impressionner que de moitié.
Ma voix tremble sous tant d'acrimonie. Ma nature propre m'en rendrait désolée, ce n'est pas le cas. Pas maintenant. Passer mes nerfs sur quelqu'un ne me fait que du bien, après cela. La pression éprouvée se relâche en moi, en douceur. Ainsi, conserver une attitude paisible ne m'est pas tâche délicate. Bonjour, je suis antipathique, comment ça va ? Je pouvais tout aussi bien le lui dire, pour continuer sur ma lancée, si atypique en rapport à ce que je suis. Si je ne m'étais montrée aussi infecte avant maintenant, c'est que je n'ai eu à faire qu'à de plus jeunes, qui m'avaient touchées.

Tout l'inverse de cet homme.

Mon absence de regrets à son égard me trouble. Je m'attire ma propre pitié. Je tente un repentir, incline un minois innocent sur le côté et souris, l'invitant de ce fait à prendre la parole, à me répondre. Piètre tentative pour paraître amicale. Ce sourire me tire, et doit être plus patibulaire que rassurant. Cette grimace me ferait frémir si je la voyais, j'en suis persuadée. Meilleur comédien que moi, mon alter ego s'approche du grand filiforme, comme tout de joie. Il lui tourne autour des jambes, halète, parfait stéréotype du vieux clébard content. Il me sauve la mise, avec sa petite comédie. Je sais que c'est à charge de revanche ; je le sais bien trop fier pour s'abaisser à ce point et ce pour le plaisir.

C'est toujours à charge de revanche, avec lui.
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MessageSujet: Re: Des survivants et des morts [Daëron]   Des survivants et des morts [Daëron] Icon_minitime

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