Le vampire avait plusieurs solutions: fouiller toutes les pièces pour la trouver en partant d'où il était, ou bien alors commencer par une... inspection limitée en allant tout en haut du pensionnat, puisque vraisemblablement elle était toujours dans son enceinte; puis si il ne l'avait pas encore trouvée fouiller toutes les pièces une à une en partant du... grenier, ou du dernier étage s'il était inaccessible.

Oh, mais une autre idée lui traversa l'esprit. Il allait choisir la deuxième solution, puisqu'il devait avoir une petite conversation avec son ami ours au passage, et que s'il devait se concentrer à chaque pièce, ça allait vite devenir lourd de faire plusieurs choses à la fois, alors que là il pouvait relâcher la pression dans sa recherche. Il jeta un coup d'œil à son ourson tout blanc tout mignon, et ne prit pas quatre chemins.

"Bon, toi. Ton nom, c'est Polarbear n'est-ce pas ? Comment je sais ça ? Et pourquoi es-tu là ? Cette fille là... elle dit que tu es un ancien ami oublié. Mais c'est normal que je connaisse déjà ton nom et que j'ai l'impression que tu lises en moi ?"

"Parfaitement normal, Nikolaï Tirinov. Je suis là parce que tu auras besoin de moi, un jour ou l'autre. Je suis là parce que je dois l'être, ni plus, ni moins. N'as-tu personne à chercher ?"

"Hum. Si. J'ai bien quelqu'un à chercher, mais bon elle se terre assez loin à mon avis."

Il regarda bien devant lui, son regard attiré par une foule de petits détails à la noix. Inutile de regarder ça, un chat et sa maîtresse, vampirique qui plus est, c'est grand et facile à trouver. Il accéléra le pas. Plus vite. Plus vite. Plus vite. Il eut un éclair de génie. Elle était pleutre. Si elle s'était caché, c'était le plus loin possible de lui. Donc... au dernier étage. Ou dans le grenier. Il ne fit pas attention au pensionnaire qu'il croisa et continua de courir, il monta le premier escalier, franchit un deuxième couloir, monta le deuxième escalier, fouilla un peu partout en manquant de se perdre et trouva enfin le dernier escalier. Il arriva au dernier étage et remarqua une ouverture lumineuse. Le grenier était bien ouvert. Il y entra, et des bruits vocaux attirèrent son attention. Il l'avait trouvée, la chipie. Il avait réussi, ce bon vieux Kolya. Et ils allaient pouvoir rigoler, une fois de plus.

Il leva la tête en entrant et croisa son regard. Il lut en elle de la détermination mêlée d'une peur bien moins présente que trois étages plus bas, ce qui causa l'apparition sur son visage d'un rictus sadique.

"Tiens. Tu as mangé du courage, Nina Von Lizya ?"

Il s'avança, à moins de cinq mètres. Histoire de transgresser ses règles une fois de plus. Elle lui posa une question, qui le fit rire. Un rire pas vraiment cristallin mais qui s'en rapprochait, presque incrédule.

"Pourquoi t'avoir suivie ? Oh... Pour le plaisir ! Et parce que nous n'avions pas fini de discuter. D'ailleurs, moi aussi j'ai une question. C'était quoi ces choses, en bas ?"

"C'était la matérialisation de..."

"Chut, toi. C'est à elle que je m'adresse."

En plus des envies sanglantes, on pouvait voir une détermination froide et frappante dans le regard du vampire. Il valait mieux ne pas prendre cette discussion à la légère, car que ce soit pour l'un ou pour l'autre des protagonistes, une partie de la manière dont il devrait gérer cette aventure dans le pensionnat allait se décider ici. La partie continuait ainsi.

Il était ébahi, sidéré par la force de caractère qu'elle montrait, sans laisser transposer une peur qu'il savait présente au fond d'elle-même. Pour l'instant, elle semblait la dominer mais Kolya savait qu'il pouvait arriver à la faire ressurgir. Le problème était: comment ? Comment pouvait-il faire ressortir une peur enfouie sous d'épaisses couches de détermination, d'excitation et peut-être aussi un peu de nervosité ?
La réponse était dans la question: sa nervosité. Il devait utilisé un stress qui devait être présent pour tenter de la dominer... car s'il arrivait à se servir d'elle, ça lui faisait déjà un sacré bout de chemin fait pour entrer dans cette étrange prison... pensionnat... ce que vous voulez plus sereinement.

Il fut distrait dans son raisonnement par le quolibet lancé par la chatte, dont il n'était plus sûr de connaître le nom, à Pedobear Polarbear (HRP: Morgan, dédicace !). L'alter ego astral réagit d'ailleurs plutôt vite par une réplique aussi cinglante que son... ami ? ... maître ? aimait le sang.

"Très chère amie, mieux vaut être un nabot ridicule et utile qu'une nabot ridicule, inutile et en plus de ça complètement superficielle."

Et bah, ça au moins c'était dit, 1-0 balle au centre. Nikolaï sourit devant cet esprit qui affutait une langue utilisée à très bon escient. Il le regarda après que Nina eut fini de parler, et lui lança pour le taquiner :

"A ta place, je n'aurai pas spécialement apprécié de me faire insulter d'ours en peluche. Après, à toi de voir ce que tu en penses. ~"

Il tourna son regard vers la froide et déterminée Nina Von Lizya. La femme vampire était en train de lacérer les accoudoirs d'une plutôt belle chaise. Revenons-en à nos moutons, très chère... Comment faire ressortir la peur qui la paralyse ? Il y avait plusieurs solutions... un choc verbal où il pourrait la violenter... la violence physique... un mix des deux. Maintenant qu'il y pensait, un mix serait plutôt efficace, car elle ne pourrait se défendre que physiquement, pas le temps pour la parlotte. Sauf que la parlotte avant aurait trop entamé ses défenses mentales.

"Nina, Nina, Nina. Tu crois encore pouvoir rivaliser, hein ? Détrompe-toi. Et fait le vite avant qu'il ne soit trop tard, petite Nina. Tout d'abord, je suivrai à l'avenir ton conseil à propos de mon... ours en peluche, comme tu l'appelles. Je lui poserai les questions qui me taraudent l'esprit pendant que tu seras occupée à me servir gentiment. Ne te fais pas d'illusion, Nina Von Lizya. Tu ne peux absolument rien faire. Vois-tu, si je le voulais, tu serais déjà à terre, un couteau d'argent sur la gorge, ou ailleurs. Ta... pauvre chatte ne pourrait strictement rien faire puisqu'un bon coup de patte bien placé au derrière la calmerait tranquillement."

Dans sa manière de parler, on ne sentait pas que Kolya venait d'un milieu presque noble et aristocratique. A vrai dire, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un homme banal, sans même se douter d'où il venait, de ce qu'il avait vu et traversé. Toutes les horreurs dont il n'avait eu que faire au fil des années et auxquelles il repensait pour essayer de trouver des arguments contre cette pauvre fille. Il reprit la parole sur un ton doucereux.

"Et si tu crois vraiment pouvoir lutter, je t'invite à me le prouver. Mais tu seras aussi inefficace que ce jour-là. Ce jour-là où j'ai léché ton sang presque jusqu'à la dernière goûte, ce jour-là où tu es devenue ce que tu es aujourd'hui, ce jour-là ou je t'ai totalement dominé, tout comme maintenant, ce jour-là ou tu n'as strictement rien-pu-faire."

Il avait détaché les trois derniers mots, suffisamment pour donner une impression de puissance et d'amplitude en augmentant successivement le son de la voix, et en changeant le ton, passant d'un ton doucereux à un ton menaçant, imposant.

"Après, c'est à toi de voir. C'est à ton tour de jouer Nina, mais fait attention car tu es au bord de l'échec et mat."

La rosée du matin. Les gouttelettes qui devaient probablement perler sur l'herbe fraîche. Le soleil qui se levait et qui gratifiait peu à peu le sombre grenier de sa lumière matinale. Arise fair Sun, and kill the envious Moon, disait Shakespeare dans Romeo and Juliet. C'est exactement ce qui se passait dans la réalité avec le lever du jour, où l'éclat doré du soleil ternissait et dominait le halo argenté de la lune.

Ce lever de soleil signifiait plusieurs choses... certains pensionnaires devaient dormir la nuit au contraire des deux vampires qui chahutaient dans ce grenier, et ils allaient donc bientôt émerger de leur profond - ou pas, selon les gens - sommeil, ce qui signifiait qu'ils pouvaient tout à fait recevoir de la visite d'un instant à l'autre. Cela impliquerait des présentations et autre facéties de ce genre dont Nikolaï se serait bien privé volontiers, mais auxquelles il ne couperait puisqu'apparemment il était coincé ici pour un sacré bout de temps. Mais pas seulement, puisque l'ami Tirinov allait découvrir - pour son plus grand bonheur, bien sûr ! - que les rayons du soleil causaient des effets très néfastes sur les serviteurs immondes de Nina, qui étaient entrain de disparaître purement et simplement. Il découvrit ainsi une limite de cette étrange faculté: elle ne pouvait pas garder le contrôle de ses minions le jour.

"Quatre contre deux, tu dis ? Permets-moi de te corriger... Mais il serait temps que tu retournes à l'école et que tu ré-apprennes à compter, personnellement je compte deux personnes de ton côté et deux personnes du mien. Même si je dois t'avouer que je ne vois pas spécialement ce que Polarbear et hum... comment elle s'appelle, ta chatte ? viennent faire dans nos histoires."

Il la fixa avec le sourire aux lèvres.

"Oublie l'asservissement, c'est hors de ta portée et de tes moyens. Tu me parais bien faible physiquement d'ailleurs, bien que je doive admettre que tu ne l'es pas spécialement mentalement et que ta répartie est excellente - même si elle reste en-dessous de mon niveau. Tu as l'air d'aimer poser des questions, toi. Pour une fois, je vais y répondre dans le désordre."

Il prit une profonde inspiration et entama une longue réponse, en imitant son ton si laconique si idiot et désintéressant pour la mettre mal à l'aise. Il devait absolument gagner cette joute verbale. Plus qu'une histoire rigolote, il commençait à en aller de son honneur d'ancien - presque - noble. Avec sa "vampirisation", il avait perdu tout ses anciens principes, et n'accordait plus aucune importante à la religion, considérant que si un dieu quelconque existait, il lui aurait évité tout ses calvaires.

"Mon nom est Nikolaï Tirinov, dit Kolya Tirinov. Je te prie de m'appeler Nikolaï car le diminutif Kolya est trop pur pour que tes lèvres le souillent..."

Évidemment, il mentait effrontément. Il haïssait son prénom, et il n'admettait pas qu'une seule personne l'utilise. C'était Kolya ou rien du tout, mais il souhaitait la prendre au piège pour qu'elle fasse exactement ce qu'il voulait.

"... ainsi je n'admettrai pas que tu m'appelles ainsi. A propos de tes questions, sache que ce sont des sujets qui ne te concernent nullement, Nina Von Lizya, et qu'il vaudrait mieux pour toi que tu ne t'y aventures pas car ils correspondent plus ou moins à tout ce que tu peux trouver de boueux et visqueux dans ma vie. Tu fais référence à une époque sombre. Tu n'étais même pas née, ma pauvre Nina, et crois-moi, tu n'aurais pas survécu assez longtemps pour te faire mordre à l'époque où l'on m'a infligé ce traitement."

Il en avait déjà trop dit et finit par se taire. Il n'avait porté aucune attention à la chatte, si ce n'était pour demander son prénom, et l'ours avait fait de même. Complète indifférence. La partie avançait, mais une question demeurait: qui est-ce qui menait la danse ?

Son arrogance et son impétuosité le surprenaient vraiment. Il avait eu une très mauvaise première impression sur elle, ce qui faisait qu'il s'était trompé sur toute la ligne, semblait-il. Il allait devoir la jouer beaucoup plus finement s'il espérait gagner.

Le lever du soleil avait affaibli Nina. Voilà encore un fait à savoir, ce qui entraînait un autre fait établi: si on neutralisait Saya et que Nina ne pouvait pas se nourrir, elle devenait inefficace. Comment l'avait-il déduit ? Comme par hasard, après que Saya eut amené ce rat à la jeune vampire et qu'elle s'en soit nourri, elle se sentit bien mieux, ne somnolait plus sur place, paraissait revigorée.
Pour résumer, il semblait que le jour faisait du mal à la santé et à l'état physique de Nina mais que le fait de manger - du sang, bien évidemment - la remettait à peu près d'aplomb. Il avait tout de même obtenu une petite victoire: sa nourriture avait un goût selon toute apparence assez fade, ce qui lui décrocha un petit sourire ironique et moqueur.

Elle l'assaillit ensuite. Elle voulut lui démontrer une prétendue supériorité par une démonstration ridicule, en le poussant à bout. Elle le traitait comme un vieux. Ha. Haha. Hahaha. Non, en fait ce n'était pas drôle du tout. Pas-du-tout. Il inspira une nouvelle fois. Il devait garder son calme.

"Pour commencer, tu vas modifier ton langage quand tu t'adresses à moi. Premièrement, arrête avec ton "tête de poulpe". Ensuite, appelle-moi comme tu veux, ça m'est égal..."

Ou pas ?

"... cela dit je trouve étrange que tu me dises que les surnoms sont trop intimes et que tu veuilles au même instant connaître mon passé. Pour ta gouverne, sans rentrer dans les détails, à la place d'un simple élément prenant place en 1917, mon enfance s'est passée merveilleusement bien. Mieux que la tienne, dans tous les cas, très chère Nina."

Son air blasé, son sourire agressif, même son ton un peu ironique l'amusaient. Il s'en délectait, de ce duel qui déchainait ses sens. Il n'avait jamais eu une opposante aussi amusante depuis un demi-siècle et ce moine étrange qui tenta de le convaincre avec des sermons et sa... religion.

L'idée de religion frôlant son esprit, Kolya cracha aux pieds de Saya.

"Je suis vieux d'âge, mais de caractère, d'esprit et de physique, je suis loin d'être vieux, Nina Von Lizya. A la limite certains tournure de phrases, je veux bien le concevoir mais ce n'est rien d'autre qu'une marque supplémentaire prouvant ma supériorité."

Il remarqua que leurs alters egos astraux étaient devenus complètement passifs, inactifs. Juste le mouvement de Saya pour ramener sa proie à Nina afin qu'elle continue la joute, et son unique phrase pour lui apprendre son nom. Polarbear, de son côté, se contentait d'observer, sourire ironique aux lèvres et yeux pétillants. Lui aussi devait bien aimer la teneur de ce combat non violent... enfin tout dépend de la définition que l'on donne au mot violence, quand on y pense.

"Retire ton doigt, Nina. Arrête de jouer avec mon ego. Parce qu'il pourrait bien t'étouffer, l'ego en question."

Il le prit, son doigt. Il le retourna, son doigt. Il l'amena vers lui d'un mouvement brusque et le mordit, faisant couler le sang, et le lécha. Il devait en profiter, sa somnolence passagère rendant ses réflexes moins prompts et réactifs. Après s'être en quelque sorte prit un petit supplément sur le repas du jour qu'il s'octroierait probablement avec un animal - s'il y avait un animal, sinon il risquait d'avoir du mal à se nourrir, puisque pour garder bonne tenue, il ne devait surtout pas tuer ou blesser d'autres pensionnaires... pour l'instant. Avant de connaître les enjeux des clans et des alliances et le potentiel de danger des autres personnes.

Après tout ça, donc, il poussa Nina en arrière. Elle retomba sur les fesses, ce qui lui assura une domination physique, qui durerait le temps qu'elle se relève.

"Nina, tendre Nina, douce Nina, pitoyable Nina. Tu es au bord de l'échec et mat."

Le simple fait de s'imaginer être appelé tête de poulpe rendit une partie de l'esprit de Nikolaï assez morose, tandis que le reste de ses facultés mentales restait concentré sur les tactiques qu'il employait pour soumettre Nina à son emprise machiavélique de vampire, boucher sanguinaire de son état lorsqu'il était encore... dehors.

Il entendit Saya parler puis fut brutalement arraché à ses pensées décalées. Elle lui prit le col, le souleva du sol et l'envoya à terre, tout ceci en quelques instants. Il tomba dos au sol et sa tête heurta violemment le plancher. Il se massa le crâne en se relevant, cherchant son regard. Il avait tout de même un peu mal. Pas trop, mais c'était suffisant pour lui rappeler qu'elle restait une menace - faible, mais une menace quand même.

Et c'est alors qu'il se relevait, qu'il aperçut enfin ses yeux. Ses yeux vides, ses yeux sans vie, ses yeux soumis. Elle était brisé - et si elle ne l'était pas, ce n'était plus qu'une question de seconde, de minutes tout au plus.

Contre toute attente, Kolya éclata d'un rire tonitruant, sadique, malsain, mesquin, de tout ce qu'il y avait de plus horrible à entendre sortant de la bouche d'un homme, d'un vampire, d'une chose, de tout être vivant, en fait. Il avait gagné, enfin presque. Elle était à lui. Il devait la finir, ici, maintenant, avant qu'elle recouvre ses forces et qu'il ait tout son travail à recommencer.

"Nina... Nina... Nina... Je pense que tu vas pouvoir oublier ton surnom. Tu as commis l'irréparable, ma chère Nina, tu m'as frappé. Mais en faisant ça, tu m'as également montré que tu étais finie, sans défenses, comme ce jour. Tu n'es plus rien que je ne puisse briser avec un tant soi peu de volonté, et crois-moi que je suis loin d'en être dépourvu, très chère. Ainsi je ne compte pas te laisser. Enfin, pas tout de suite, pas avant de t'avoir définitivement... asservie, puisque tu as l'air d'aimer ce mot. Tu as compris, Nina Von Lizya ? Ou dois-je me répéter ? J'espère pour toi que non, car je ne le ferai pas pour la chose faible que tu es."

Il s'épousseta. La partie avait été complexe, car malgré sa défaite finale elle était compliquée à manœuvrer, cette fille. Mais il n'avait pas abandonné et ses efforts portaient finalement leurs fruits, il était récompensé par cette fille servile et sans vie.

"Bon. Qu'as-tu à dire pour ta défense, Nina ? Enfin, quel élément pourrais-tu trouver pour me blesser qui soit plus percutant que l'insignifiante totale que tu étais pour tout ceux qui t'entouraient avant que je te morde ?"

Il avait très probablement touché le cœur de Nina. Sa dernière barrière serait très probablement abattue par la question de Kolya qui visait un point précis de son enfance: la solitude dont elle avait été la victime pendant des années. La solitude qui lui avait envie de s'évader. La solitude qui l'empêchait maintenant de bouger quand on lui en parlait. Échec et mat, Nina Von Lizya !

Ça pour être sonné, il était sonné. Il ne s'attendait pas du tout à une telle réaction de la part de celle qui allait très probablement finir par devenir son jouet. Enfin, la première partie de la scène à deux tendances étaient prévisibles: les larmes d'un mental brisé, physiquement épuisée et affaiblie. Mais la seconde partie... Jamais il n'aurait imaginé qu'elle le rouerait de coups de cette manière. Il tenta de se protéger - vainement en partie - de la rafale projetée par la fureur aveugle de la jeune vampire, une fureur aveugle qu'il avait attisé en toute connaissance de cause. Il ne pensait pas que ça finirait comme ça si tôt, et il aurait du l'envisager. C'était sa faute, après tout, s'il n'avait pas pensé à tout. Il avait peut-être proclamé son échec et mat un peu tôt... ou peut-être pas. La manière dont elle l'insultait après la violence physique montrée à son encontre, pour lui, était là pour cacher sa faiblesse. Elle s'était avouée vaincue, et en le faisant avait laisser libre cours à ses sentiments et à sa colère.

Kolya se releva, difficilement certes, mais se releva tout de même. Il se massait le dos, les parties, le crâne, de toute manière tout son corps avait pris une sacrée rouste. Une sacrée, sacrée rouste même. Il ne tremblait pas - il n'étais pas question de montré un quelconque signe de faiblesse ! - mais son corps était bien amoché. D'ailleurs, il commençait à avoir assez faim. Il devait en finir vite, profiter du fait qu'elle était battue pour enfoncer définitivement le pieu au plus profond de son cœur. La briser. Une simple coquille vide, une âme en peine. Voilà ce en quoi il devait la transformer pour réussir son entreprise.

"Nina... Nina Von Lizya..."

Son ton était assez faible. Il devait se ressaisir avant qu'elle y voit une opportunité de reprendre l'avantage. D'autant plus qu'elle menaçait avec une arme, après tout.

"... Lâche cette arme. Elle ne te serait d'aucune utilité. Tu n'as pas encore compris que tu ne gagnerais pas ? Que faut-il te dire pour te le faire comprendre, après tout ?"

Il jeta un coup d'oeil autour de lui. Même Polarbear avait pris un sacré coup dans la tête. Il était sérieusement amoché, mais Nikolaï avait encore un - si faible ! - ascendant psychologique, car elle était morte. Elle était brisée, nom d'une pipe ! Il avança d'un pas. Encore un pas. Il se tenait devant elle. L'échec et mat était repoussé, et c'était à son tour de jouer.

Oui, à son tour. Et il comptait bien lui faire peur une bonne fois pour toute à cette idiote... Enfin non. Pas idiote, plutôt peureuse et faible. Il lui mit une gifle, une simple gifle qui fit bouger sa tête et lui sauta dessus pour la projeter au sol et chercha à la mordre. Leurs alters egos ne s'en mêlaient étrangement pas. Ils avait peut-être senti que cette fois-ci c'était différent et qu'ils risquaient de perdre bien plus. La bouche de Kolya arrive presque au cou de Saya...

Tout était si bien. Il allait la mordre, boire un peu. Il se demandait ce qu'il se passerait lorsqu'il l'aurait mordu une seconde fois alors qu'elle était devenue une vampire. Mais non, cela ne pouvait point durer. Il fallait que cette... chatte... Saya... cette imbécile intervienne ! Qu'elle brise son petit moment de bonheur personnel et vienne l'occuper un instant afin qu'elle s'échappe.

C'est en tout cas ce qui était arrivé, elle était venue, elle avait vu, elle avait vaincu. Elle avait réussi à offrir un moment de répit à Nina en retenant quelques secondes l'attention de Kolya, et elle en avait profité pour s'enfuir. Bon, elle n'était pas loin, quelques secondes seulement, mais cela l'embêtait.

Bah ! Peu importe, tant que l'effet d'intimidation était crée, ce qui semblait être le cas. Nikolaï avait un petit sourire magnifique aux lèvres, total contraste avec son expression sadique habituelle et ses idées de dominations caractérielle sur cette pauvre fille sans défenses. La fille en question était fébrile, tendue, elle n'osait pas - ou ne pouvait peut-être pas - lever le regard sur Kolya. Cela dit, elle s'était arrêtée de pleurer. Et c'est lorsqu'elle prit enfin la parole qu'elle consacra la victoire de Kolya. Sa voix était brisée, et ses paroles voulaient tout dire. Nikolaï Tirinov avait gagné. Magnifique ! Grandiose ! Une partie d'échec rondement mené par deux génies. Mais le génie masculin l'avait encore une fois emporté. Son sourire s'agrandit à cette idée.

Il essaya de regarder son visage, avec un succès modéré, apercevant à peine ses yeux assombris. Il prit ça comme un effet complémentaire de sa victoire sur elle. Elle ne savait plus vraiment quoi faire, la pauvre. Il s'avança.

"Je t'avais prévenue, que tu perdrais. Je te l'avais dit, mais tu t'es obstinée et résultat tu as perdu quelques heures. Et tu as failli perdre bien plus que ce que tu as perdu. Je me demande ce qui se serait passé si j'avais pu te mordre. Hmmm... J'ai envie d'essayer rien qu'en y pensant. M'enfin bref. Tu vas me suivre. J'aimerais bien rencontrer d'autres pensionnaires, et j'aimerais bien que tu m'accompagnes pour être sûr de les aborder de la bonne manière. Je te suis, évidemment."

Il lui montra le chemin de la sortie, sourire en coin. Elle allait lui servir de guide. Quoi de meilleur pour indiquer sa nouvelle soumission, à cette vampire qui s'était crû sa maîtresse mais qui avait lamentablement échoué à cause de ses compétences bien trop limitées ? Il ne savait pas ce qui pouvait être mieux, à vrai dire. Mais cette situation le réjouissait et l'amusait énormément.