Journal de Nathan Chesterfield
2 septembre 1996Aujourd’hui, ma fille Avalon ayant fêté ses deux ans il y a deux mois, celle-ci entre à la maternelle.
Seulement, tout ne s’est pas passé comme prévu. En voyant Avalon arriver, les assistantes se sont figés et certains enfants ont pris peur et ont commencé à pleurer. Je suppose que les yeux de ma fille leur ont fait peur. Avalon aussi s’est mise à pleurer, elle ne doit même pas savoir pourquoi, elle à du juste suivre le groupe, sans savoir que c’était elle la raison de ce vacarme.
Certains parents m’ont traité de mauvais père, pensant que si les enfants pleuraient, c’était parce que ma fille était violente.
J’espère que les prochaines années de sa scolarité se passeront autrement.
18 novembre 1998:Aujourd’hui, la directrice de l’école à demandé à me voir. A ce qu’il paraîtrait, Avalon reste toute seule tout le long de la journée, à jouer avec sa peluche, et refuse de la lâcher pour aller jouer avec les autres, et frappe même quand on insiste.
J’avoue que je n’avais jamais pensé que cette peluche était un tel problème. J’avais acheté ce petit furet blanc en peluche le jour où je suis revenu de mon voyage d’affaire en Pologne. Il est vrai que j’avais remarqué que ma fille l’adorait, mais je ne pensai pas à ce point.
22 avril 1999: Aujourd’hui, Avalon à appris à écrire à l’école. Pour fêter cela, je lui ai offert un journal. Elle semble l’adorer et s’est déjà mise à écrire dedans, même si elle refuse que je le lise. Je suppose qu’elle à déjà compris le concept d’un journal intime.
Journal d’Avalon Chesterfield
22 avril 1999:Bonjour, mon nom à moi c’est Avalon.
Aujourd’hui, à l’école, les autres ils ont voulu que je joue avec eux. Alors moi j’étais contente et j’ai dis oui. Après, ya un garçon, je crois qu’il s’appelle Lucas, il m’a dit qu’on allait jouer au monstre et aux super-héros. Alors ils ont dis que je devais faire le monstre. Mais moi j’ai pas voulu, parce que les monstres ben ils me font peur. Ils ont dis que si je faisait pas le monstre, et ben je jouai plus. Alors j’ai plus joué.
Après, la maîtresse elle nous a appris à écrire. Moi, je savais déjà un peu le faire, parce que je regarde tout le temps le journal de papa. Alors la maîtresse, ben elle était un peu contente.
Quand je suis rentré, papa il était tellement content qu’il m’a donné un journal rien qu’à moi. Et moi, j’adore écrire du coup.
9 octobre 2000:Je pleure.
Aujourd’hui, les autres m’ont volés ma peluche.
Quand je l’ai retrouvée, elle était découpée et noyée dans une flaque de boue.
Sa fourrure blanche était devenue marron.
11 octobre 2000:Aujourd’hui, je me suis créé un ami imaginaire. C’est un furet, comme ma peluche qui est morte. Il s’appelle comme le chat du voisin, Lacey. J’aime bien ce prénom. C’est joli.
A la récréation, je me suis assise au fond de la cour et j’ai parlé à Lacey. Parce que je sais que Lacey, lui, il s’en ira pas.
4 décembre 2000:Aujourd’hui, à l’école, on est allés visité une ferme. Alors, la maîtresse nous à demandé de nous mettre par deux et de nous tenir la main. Sauf que personne ne voulait être avec moi et me tenir la main. Alors je suis encore restée toute seule. Comme d’habitude. Heureusement que Lacey était là.
En rentrant, ya une fille qui m’a dit que j’étais folle de la tête parce que je parlais toute seule. Alors je lui ai dis que je parlais à Lacey. Elle m’à dis que Lacey existait pas et que j’étais folle de la tête, encore. Alors moi, je l’ai tapée. Je l’ai griffée au visage. Et la maîtresse elle m’a punie. Elle m’a privée de récréation. Sauf que, que ce soit dehors ou à l’intérieur, je reste tout le temps toute seule, alors moi je m’en fichais, mais j’ai rien dit.
28 octobre 2001:Aujourd’hui, à l’école, la maîtresse elle nous à dit que on avait un nouvel élève.
Il s’appelle Léo. J’ai pas retenu son nom de famille, mais ça sonnait bizarre.
A la récréation, je parlais avec Lacey et Léo est venu nous voir. Quand il m’a demandé avec qui je parlais, je lui ai dit
« Je parle avec mon ami Lacey le furet. »
Alors Léo, il à regardé à côté de moi, et il à dit:
« Enchanté, Lacey. Moi, c’est Léo. »
Alors moi, j’ai souris et j’ai pleuré.
29 octobre 2001:Aujourd’hui, Léo est encore resté avec moi à la récréation. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a dit
« Parce que les autres ne m’aiment pas. » Quand je lui ai demandé pourquoi, il à remonté ses manches et j’ai vu pleins de cicatrices pas jolies. Il m’à dit qu’il en avait partout. Et que c’était parce qu’il avait eu une maladie, un can…Un can…Un can quelque chose, je sais plus le nom, alors je vais appeler ça un canard. Parce que moi j’aime bien les canards.
30 mai 2011:Léo et moi avons grandi, et nous sommes très vite devenus meilleurs amis. Inséparables. J’en ai oublié Lacey. Nous sommes toujours un peu les « exclus » , mais ça n’a pas d’importance tant que nous restons ensemble. Aujourd’hui, après le collège, je suis allée rester un peu chez Léo. C’est Sky, sa petite sœur, qui nous à ouvert, car ses parents travaillent. Nous sommes allés dans la chambre de Léo pour discuter, de tout et de rien. Soudain, je pose les yeux sur une petite boîte à musique posée sur son bureau.
-Qu’Est-ce que c’est ? Lui demande-je
- Une boîte à musique. Une petite merveille qu’un antiquaire m’à cédé à un bon prix. Me répondit-il.
Je la pris dans mes mains. Sa couleur dorée et ses gravures lui donnait un petit air ancien. Lorsque je l’ouvris, un petit air doux en sortit, et un oiseau bleu fixé au centre de la boîte tournait joyeusement.
Lorsque la mélodie s’arrêta et que l’oiseau s’arrêta de tourner, Léo sourit:
-C’est un air qui vient de ma chanson préférée. « If I die Young », de The Band Perry.
-’Connais pas.
Il rigola alors, puis leva les yeux au ciel
-Tu veux boire quelque chose ? Me demanda-t-il
-Je veux bien de l’eau.
-Reste là, je vais t’en chercher.
Il se leva et sortit de la chambre. Je continuai à fixer cette petite boîte à musique, tellement belle… Lorsque soudain.
- LEO !!
La voix de Sky résonna dans toute la maison, précédée par un bruit de verre se brisant. J’accourus dans la cuisine, et put apercevoir Léo au sol, se tenant la tête entre les mains.
31 mai 2011:Je suis rentrée dans l’hôpital. Je déteste les hôpitaux. C’est tout blanc, c’est déprimant. Ca me fait peur. Et ça pue l’antiseptique. Mais c’est plus fort que moi, il faut que j’aille le voir. Je pousse la porte 301 et me prépare à l’horreur.
Léo à fait un AVC.
Sky pleure des rivières. Je m’approche et m’assoit sur une chaise près du lit. Léo à les yeux rivé sur le plafond. Lorsque je lui prend la main, il tourne la tête vers moi, et je remarque alors à quel point il est pâle, et les énormes cernes sous ses yeux. Il serre faiblement ma main.
-Avalon…Je n’ai jamais eu une amie comme toi… commence-t-il.
Je garde mon air renfrognée, mais ma voix se casse quand je lui répond et je perds toute ma crédibilité.
- Parle pas comme ça, on dirait que tu vas mourir.
Il me sourit et commence à rire doucement.
-Il y à quelque chose pour toi dans le tiroir… continue-t-il.
-Je regarderai plus tard.
- Si tu veux…
Puis s’ensuivit un long moment de silence. Puis, Léo serre plus fort ma main et reprend:
- Dis, Avalon…
-Oui ?
- Est-ce que… Tu pourras dire bonjour à Lacey…De ma part ?
Je me tais. Je n’avais pas pensé à Lacey depuis des siècles. Cette conversation prend une tournure étrange, mais si ça peut lui faire plaisir, pourquoi pas.
-Je le ferai. Je suis sur qu’il en sera content. Tu devrais dormir un peu.
Il sourit et ferme les yeux.
- Merci…
Puis il s’endort. Les infirmières font sortir Sky de la chambre, car elle fait trop de bruit et risque de réveiller son grand frère.
Il ne reste plus que lui, moi, et le bruit de la machine posée à côté de lui, qui affiche des courbes vertes représentant l’activité de son cœur.
Puis, soudainement, l’emprise de sa main se desserra, et la machine cria un bip. Un long bip. Qui devient un bip interminable. La courbe verte devient une ligne.
-Léo ?
Pas de réponse.
-Léo, c’est pas drôle.
Toujours pas de réponse.
Je comprend alors qu’il est trop tard.
Qu’il est parti.
J’en ai perdu l’usage de la parole. Je ne suis même pas capable d’hurler. Pourtant, mon cœur le fait. Il hurle, crie sa douleur. A la place, de chaudes larmes coulent à flot sur mes joues, et je me mord les lèvres.
-…Léo… couine-je.
Je pleure des heures. Et des heures. Sans pouvoir m’arrêter. Jusqu’à ce que je me souvienne de ce qu’il m’à dit. J’ouvre doucement le tiroir.
Il contient sa boîte à musique.
Je la sors et décroche le post-it qu’il à accroché dessus.
« Pour Avalon.
Prend en grand soin, comme tu as pris soin de notre amitié.
Léo. »
Je me tais, surprise. Puis j’inspire, ouvre la boîte à musique, puis d’une voix chevrotante me met à chanter.
27 juillet 2011:La vie continue.
Mais plus comme avant.