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 Le jeu solitaire...ou non [Claude Blanc]

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Le jeu solitaire...ou non [Claude Blanc] _
MessageSujet: Le jeu solitaire...ou non [Claude Blanc]   Le jeu solitaire...ou non [Claude Blanc] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 16:18

~ Le jeu solitaire...ou non

« Sais-tu quelque chose de plus affreux que ce constant frôlement des êtres que nous ne pouvons pénétrer ! Nous nous aimons les uns les autres comme si nous étions enchaînés, tout près, les bras tendus, sans parvenir à nous joindre. Un torturant besoin d’union nous travaille, mais tous nos efforts restent stériles, nos abandons inutiles, nos confidences infructueuses, nos étreintes impuissantes, nos caresses vaines. Quand nous voulons nous mêler, nos élans de l’un vers l’autre ne font que nous heurter l’un à l’autre. »

Solitude, Maupassant.


    La pâle froideur de cette pièce m’avait laissé dans mes songes. J’étais assis sur ce fauteuil qui se tenait dans le seul coin sombre de la pièce, je maintenais constamment dans ma main droite, une cigarette et un verre de vin rouge et dans la gauche, une paire de dés que je lançai sur la table en face de moi régulièrement pour vérifier que je ne croiserai personne dans la cuisine ou dans la cave. C’était en fait les seuls endroits ou je me rendais depuis mon arrivée. Sinon, je ne bougeai pas. Je mangeais sur ce fauteuil, dormais sur ce fauteuil, me réveillais sur ce fauteuil, fumais sur ce fauteuil, buvais sur ce fauteuil. Toute ma vie était en train de se passer sur ce fauteuil rouge dont l’emplacement ne permettait jamais au soleil de parvenir. Depuis mon arrivée ici aussi, j’avais vite compris mes fameux pouvoirs et principalement le fait que je devais pour l’instant rester cacher du moindre passant, pour éviter au maximum que mon meilleur ennemi ne me trouve. Que serait-il capable de faire ? Et que faisait-il dans cet endroit ? Comment y était-il arrivé ? Tant de questions auxquelles je ne voulais finalement pas avoir de réponses. Je me sentais juste seul. Moi qui étais venu dans ce pensionnat dans le but de renouer contact, voilà qui était mal partis. Cela ne me ressemblait pas vraiment de vivre de cette façon, caché du moindre bruit, de la moindre vision. Il fallait que j’agisse. Il était temps d’agir.

    Mon cœur avait pourrit, et s’était désagrégé lorsque j’avais tout perdu, lorsque je m’étais retrouvé dans cette salle nauséabonde. J’étais en fait à peine en vie. Tout juste conscient de ce que j’étais devenu et de ce qui m’attendait. Tout bien réfléchi, je ne savais même pas ce qui m’attendait réellement. Je ne faisais que des suppositions de l’heure fatale ou je me retrouverai nez à nez avec Lui. Et cette heure là se rapprochait, je le savais, je savais comment ce genre d’histoires terminaient, j’étais loin d’être un imbécile qui ne savais pas penser. Non, je pensais même un peu trop. Trop à comment tout cela allait se passer. Trop à comment tout cela allait se terminer. Je regardais encore une fois l’ensemble de la pièce. Un joyeux désordre.

    Je me levais. Je marchais. J’étais comme mort. Perdu dans mes pensées, je n’arrêtais de me remémorer ces rêves que j’avais détruis en milliers d’éclats de cristaux en refermant cette porte d’entrée. J’avais oublié de jeter mes dés, je ne faisais pas appel à mon sixième sens non plus, seul mes pas me guidaient vers un endroit que eux-mêmes ne connaissaient pas. Je n’étais pas malade, je me nourrissais, sans abus, je m’hydratais. Pourtant, à rester quelques jours recroquevillé dans un silence mutin et buté, mon visage s’était recouvert d’un étrange masque livide sur lequel s’était écoulés des traces de paresses, de peurs, et d’indolences. Je n’étais rien de plus qu’un fantôme perdu dans une demeure inconnue. Continuant ma marche dans cette obscurité sans savoir ni voir ou j’allai– je crois même que je tournais en rond – je me pris de plein fouet le coin d’une porte. Je me sentais un peu bête et mes dés tombèrent de ma poche, roulèrent sur le sol et s’arrêtèrent enfin l’un sur l’image d’une auréole, l’autre sur celle de la queue du diable. Il ne manquait plus que ça. J’entendis des pas se rapprochant de moi, peut être même plus proches que je ne l’imaginais. Cette démarche affirmée, puissante, volontaire ne pouvait pas être celle de la personne que je craignais, le soulagement s’installa et cette montée soudaine d’adrénaline me redonna des couleurs et une allure un peu plus présentable. Les pas se rapprochaient dangereusement. Je n’avais pas spécialement peur, j’avais un bon caractère et une bonne technique de défense au cas où. En fait, rien ne pourrait m’arriver, si ce n’est que les pouvoirs des habitants ne sont sans doute pas les mêmes que les miens… Montée d’adrénaline.

    Je courrais ramasser mes dés, les remis dans la poche de mon jean et patientais le temps que l’inconnu se fasse connaître. Un peu de distraction ne ferait pas de mal… Finalement j’eus un mauvais pressentiment… Je ne savais pas ou plus ce que j’attendais, ce que je voulais, seul le tic-tac du sablier du temps égrainait les secondes dans ma tête encore plus fort que les pas qui ne cessaient de s’avancer. Je n’avais de toutes les façons rien à perdre. Il ne me restait plus rien. Je n’étais plus rien. Etais-ce le démon ou l’ange qui était en train d’arriver ? Je ne savais pas, mon cerveau s’était remis en marche forcée trop rapidement. La salle infestait le renfermé. La salle infestait la fin. Moi qui pendant un instant étais presque content d’avoir de la visite…

    Pourquoi avais-je ce mauvais pressentiment ? A cause des dés ? Des pas trop affirmés ? Je perdais peut être la tête, je n’avais vu ni le jour ni personne depuis quelques temps déjà, cela était peut être une excuse. Les bruits du parquet grinçant semblaient s’être figés. Je retournais lentement à mon fauteuil, m’assis, finis mon verre d’une seule gorgée et attendis. Je me reprenais. J’avais perdu aux jeux une fois, cela m’avait couté ma liberté, je ne me ferais pas ravoir. D’ailleurs cette nouvelle rencontre n’était peut être pas si mauvaise que je le soupçonnais. Et au pire, il ne pouvait m’arriver que du divertissement. Le jeu, dans cet endroit, ne faisais que commencer.
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Le jeu solitaire...ou non [Claude Blanc]

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