Les couloirs étaient sordides, mais la bibliothèque ne me semblait pas glauque. Je m'y installerais bien, histoire de lire un peu. J'avancais de quelques pas dans la pièce et ouvrit ma poche. L'oiseau bleu...
'Je suis encore et toujours un papillon !'
Pardon, le papillon bleu se mit à voler autour de moi. La pièce était décorée sobrement, le papier peint était de couleur chaude, marron tirant vers le rouge, et les étagères était de bois foncés, poncé et lisse. J'y passait mes doigts et regardaient les titres des livres... Il y avait là des ouvrages de toutes les époques : je remarquais un titre qui, de toute évidence, était contemporain : 'Tous à Zanzibar'. A la droite de cet ouvrage, un livre dont le titre, indéchiffrable, était composé de runes anciennes dont la couleur ternies s'effacait. Non loin de la, 'La sirène dans la tasse de thé' attira mon attention : l'ouvrage était paru en 2584... Je me saisie d'un livre nommé 'Le roman de Renard', lequel racontait les aventures d'un goupil nommé Renard. Je m'installais confortablement dans un fauteuil rouge et commencait ma lecture. Le livre était écrit en vieux français, les y remplacants les i et les phrases ayant une tournure, non pas déplaisante, mais peu commune. Je tournais une page et découvrit, sur
une feuille jaunie par le temps, ce qui semblait être un message.

Citation :

<< Qui que tu sois, méfie-toi. Ils sont partout. Ils t'observent. Bonne chance. Ne perds pas espoir. Et surtout, surv>>

Le reste du message était recouvert pas une tache d'aspect et d'odeur semblable à ceux du café, hypothèse confirmée par la présence d'un rond parfait, brun, indiquant qu'autrefois s'était trouvée là une tasse. Je soupirais et, levant le papier à la lumière, tentai de déchiffrer l'écriture. Rien à faire, l'encre, dans le liquide, c'était dissoute. Je pliais la feuille et la rangeais dans ma poche. Je repris ma lecture.

Je relevais la tête. Il y avais quelqu'un d'autre. Je ne m'en était pas aperçue. La jeune fille blonde aux cheveux bouclés tenait dans ses mains un livre, dont le titre 'Le Petit Prince', m’était totalement étranger. Je me levait et reposait le 'Roman de Renart'. Le papillon virevolta autour de mon oreille et chuchota :
'Méfie-toi, tu ne sais pas qui sont les humains, tu n'y connait rien !'
Voyons que je n'en tenait pas compte, il ajouta :
Et d'ailleurs, je t'ai dit qu'avant de te présenter devant un humain, tu devrais chercher des vêtements un peu plus décents !
Comme je ne prêtait pas attention à lui, il se tue, vexé. Je m'approchais de la fille, mais ne savait pas vraiment comment l'aborder. Devais-je la saluer ? Ou non ? Les coutumes des humains m'étaient tout-à-fait étrangère. J'en déduisit qu'il ne me restait plus qu'à tenter de l’intéresser, d'une manière ou d'une autre. Comment ? Il y avait bien une chose qui pourrait présenter pour elle un tant soit peu d’intérêt. Je sortis le bout de papier jaunâtre de ma poche et, tirant sur ses bords de mes deux mains, je tendis la feuille chiffonnée, de manière à ce que l'écriture soit bien visible. Puis je brandit le message devant la jeune fille et lui demandais :
'Tu ne sais pas ce que c'est, ça ? Tu arrive à lire la suite ?'

Luna avait découvert cet endroit fascinant il y avait à peine quelques heures, et déjà elle s'y sentait terriblement bien. Si bien, qu'elle avait fini par s'endormir, entre deux rangées couvertes de livre. Là, toute blottie contre le mur, et dans les mains un vieux livre sur les croyances liées aux démons, la succube somnolait, un adorable sourire égaillant son visage endormi.
Sylver, son AEA -une salamandre argentée qui paraissait ravi de pourvoir se dédier à son sport favori, à savoir l'escalade- se baladait, aux anges, gravissant avec enchantement les étagères pleines de livres.
La pièce baignait dans le calme et la sérénité. Une jeune femme arriva, puis une autre, sans que la vampirette ne soit découverte, ni même réveillée. Le doux froissement du papier la berçait dans son sommeil apaisant.
Des éclats de voix, bas, clairs, la sortirent de son court somme. Ouvrant un œil, puis l'autre, la sang mêlé se découvrit dans une position fort inconfortable, à savoir recroquevillée contre le mur, son cou martyrisé par sa tête penchant nonchalamment.
Prenant appuis sur ses poignets endoloris par le manque d'activité, la jeune fille se leva, doucement, prévoyant d'aller voir d'où venaient les voix.
Elle récupéra son compagnon reptilien, le plaça sur son épaule, et entreprit de revenir à la vive lumière de la table de lecture. Luna sortit donc de la rangée, se retrouvant ainsi face à deux autres pensionnaires de cette prison dorée.

Oh. Bonjour.

Oh, une sale copieuse ! Elle a les cheveux bleus !
J'étais mécontente. On m'avait menti ! On m'avait dit que les humaisn avaient les cheveux :
-Noirs
-Marrons
-Jaunes
-Oranges.
Et voilà qu'apparaissait une fille aux cheveux BLEUS ! Il ne manquerait plus qu'une turquoise, tiens...
Je sortis de ma poche un carnet et appuyait mes mains dessus, réfléchissant à ce que j'allais y écrire.
Contrairement à ce que l'on croyait, les humains ont des couleurs de cheveux étranges, telles que le bleu.
Je me figeai. Sur le papier, une phrase s'écrivait, d'une écriture ronde et soigné. Les mots qui s'était imprimés sur le papier étaient :
Contrairement à ce que l'on croyait, les humains ont des couleurs de cheveux étranges, telles que le bleu.
Étrange. Mais bien pratique.
Je rangeais le carnet et m'approchais de la fille nouvelle-venue. Je touchais ses cheveux.
-Les humains ont des cheveux bleus. Des cheveux bleus. C'est incroyable.
Je n'arrivais toujours pas à assimiler que les informations que l'on m'avait données étaient fausses.

La vampirette aux formes généreuses eut la surprise de se faire dévisager par les deux pensionnaires inconnues. La fille aux cheveux bleu-turquoise l’approcha sans prévenir, et toucha ses cheveux, bien imprudente. La proximité et la faim lui donna l’irrésistible envie de la mordre, mais elle savait que Sylver n’apprécierait pas cette situation. La fille de turquoise s’adressa directement à elle, ce qui la désarçonna une fois de plus.

Les humains ont des cheveux bleus. Des cheveux bleus. C'est incroyable.

Les humains ? Tu es humaine ? Parce que moi, je ne suis pas humaine. Je suis une vampire. Et puis une succube…

Luna avait un peu de mal à comprendre sa situation face aux deux jeunes filles, et voulait simplement changer de sujet, ses origines impures la dérangeant au plus haut point. Sylver surgit de ses cheveux, à quelques millimètres de la main de la turquoise. L’autre était en pleine contemplation d’un papier usé, taché de café, qui avait l’air bien étrange aux yeux de la petite succube. Le papier disait << Qui que tu sois, méfie-toi. Ils sont partout. Ils t'observent. Bonne chance. Ne perds pas espoir. Et surtout, surv>>. L’énigme vogua un moment dans l’esprit de la sang-mêlé, avant de trouver une solution qui ravi a vampirette, illuminant son visage clair d’un sourire joyeux.
La naïve jeune fille crut bon de faire part de sa découverte plus qu’irrationnelle aux deux autres, en lançant gaiment :

Ce doit être, « et surtout, survivez à la faim et au manque de radis fluorescents » ! Oui, c’est surement ça ! Ça ne peut qu’être ça, non ?... Non ?

Et puis, elle se rendit compte de par leurs expressions que ce ne devait pas être ça. Mais alors pas du tout…