Malgré son sens de l'orientation quasiment infaillible, Lucy avait réussi à se perdre un certain nombre de fois depuis le matin même. Elle n'avait étonnament croisé presque personne de la matinée. Etant donné qu'elle imaginait mal le nombre de personnes enfermées dans cet endroit, elle ne s'en souciait pas le moins du monde, mais était plutôt intriguée que personne ne tente de découvrir plus que ça la sortie de cette gigantesque prison. Lucy avait mené une exploration assidûe depuis qu'elle s'était levée le matin, en se faisant un plan mentalement. Mais jusque là sans vraiment de réussite, car elle s'était donc perdue à plusieurs reprises et avait parfois clairement l'impression de tourner en rond... Mais malgré tout ça, elle continuait à avancer, avec l'impression de tâtonner dans le noir sans savoir où elle va du tout.
C'est ainsi qu'elle ouvrit la porte d'une sorte d'immense galerie des glaces. Une salle tapissée de miroirs, où on se reflétait sur chaque parcelle de mur. Plus elle découvrait cet étrange pensionnat plus elle avait l'impression tenace qu'il était couvert de magie. Elle était sûre en pénétrant dans l'édifice que la magie n'était que le fruit de l'imagination et le travail de l'illusion et du cinéma. Mais maintenant, elle n'en était plus si sûre... Elle n'était d'ailleurs plus sûre de rien.
Elle fit quelques pas dans cet immense couloir en observant les reflets eternels dans les glaces. Elle n'avait jamais vraiment aimé les reflets eternels... Elle avait toujours eu cette impression oppressante d'être copiée, d'être en face d'un être qui est nous sans vraiment l'être.
Dreizh fit quelques pas avec elle, Lucy savait qu'il ressentait son malaise. Il la connaissait mieux que personne, puisqu'il venait d'elle, était dans son esprit. Mais elle ignorait ce qu'il pensait, et, même si elle se sentit bête de le penser, si il lui en voulait de l'avoir laissé tombé quand elle avait 11 ans.
Mais elle chassa cette pensée et fit demi-tour. Mais la porte avait disparue...
L'angoisse s'empara d'elle soudainement. Elle était persuadée de n'avoir fait que quelques pas, pourtant la sortie semblait se perdre dans l'horizon de reflets devant elle.

Quel boulet je fais...

Avec un soupir, elle se calma et avança d'un pas plus lent, plus tranquille, en tentant de ne pas regarder son propre reflet.