Née comme le bijou tant attendu d'une famille aristocratique, le premier cri poussée par Alice fut accompagnée de regards de déceptions. Elle n'était pas le garçon tant attendu, qui aurait servit de fier héritier à la famille. Vilain petit canard dès ses premiers pas, la blondinette n'a pas manqué d'en tirer profit, se servant de ce statut ingrat qui lui était conféré pour s'attribuer tous les droits au sein du domaine.
Disparaître pendant deux jours sans donner signe de vie ? Facile pour elle. C'est à peine si ses parents se rendent compte qu'elle revient, puisque de toute façon sa disparition arrangera tout le monde.
Saccager les cuisines et manger tout ce qui peut y exister de bon ? C'est avec une facilité outrageante qu'elle le fait, ses parents ne voyant de toute façon en elle qu'une petite fouteuse de merde tout juste bonne à rester dans sa chambre lors des dîners qu'ils donnent. Car jamais elle ne fut présentée à la société. Oh non, le premier né de la famille se devait d'être un solide gaillard, prêt à rendre honneur à son père.

Imaginez effervescence au château lorsque David, le petit frère d'Alice, est né. Sa réaction à elle ? "Il a un teint de pâte à crêpes, et son prénom est vraiment hideux." Porter ce petit prince dans son cœur était plutôt difficile, et elle ne fit jamais aucun effort. Au contraire, toute sa ruse et son machiavélisme se développa à ce moment là. On remarqua bien vite que le petit David était allergique aux arachides. Planquer sans qu'on la voit des cacahouètes pilées dans ses assiettes devint le jeu favoris de la petite peste. Voir ses parents s'arracher les cheveux à la vue de leur petit protégé se couvrant d'une couche suppurée et rouge arrachait des cris muets de plaisir à la jeune fille. Mettre des araignées dans son lit devint également un petit rituel, qu'elle exécutait quand elle perdait un peu le moral, pour se remettre un coup de jus salvateur.

Bien entendu, David plaisait à tous. Il était bien élevé, propre et poli, très bel enfant. La fierté totale d'un père et d'une mère auguste. Plus Alice croisait sa face de bon enfant, ses joues rondes et rouges, ses boucles opalines de petit ange, plus elle le détestait, plus elle avait une envie sourde de le tuer. Mais il subsiste toujours une petite voix timide, qui montrait à Alice que ce n'était pas la meilleure chose à faire.
Oh, il n'était pas question de renoncer à un certain confort, d'être traitée de meurtrière. Mais qui pourrait-elle faire pleurer et souffrir une fois son petit frère mort ? Quels cris de souffrances lui rendrait le sourire en des temps sombres ?

Voilà ce qui fut la sauvegarde de son petit frère, du moins pendant un certain temps. Car lorsqu'elle entra dans sa dix huitième année, il demeura évident que ce petit idiot qui lui servait de frère ne pouvait pas vivre encore une année. Il était fiancé à la fille d'une amie de la mère d'Alice. Une adolescente exécrable qu'Alice avait en horreur. Mais elle n'avait qu'une seule et envie de meurtre, qu'une seule pulsion qu'elle devait assouvir. Aussi niaise et hautaine soit-elle, Emilie ne mourrait pas de la main de la blondinette, seule David pourrait avoir ce privilège. Mais une mort parfaite est une oeuvre d'art qui demeure préparation. Ce devait être le chef d'oeuvre d'Alice, l'art à son paroxysme, la perversité atteignant des sommets. Elle atteindrait le sommet des enfers en voyant cette tête d'angelot souffrir comme jamais, bien plus que toutes les souffrances qu'il avait enduré.

On dit que la plus grande souffrance qu'un individu ressent dans toute sa vie est lorsque ses dents percent sa peau lors de son enfance. Alice était bien sur là pour le triste spectacle du poupon agonisant dans son landau dentelé. Les adultes se soucient peu de la douleur de leur enfant en cet instant, comble du sadisme, ils leur donne une sucette, ce qui aiguise encore plus la douleur.
Le plastique sur la chair à vif est mille fois pire qu'une miette du pire des piments sur une plaie béante, c'est pourquoi Alice avait fait très attention à ce qu'il garde sa tétine tout le long de son agonie, passant au passage pour une grande sœur attentionnée.

Mais la douleur qu'elle voulait lui imposer à l'aube des 12 ans du garçon, cette douleur était bien pire. Alice voulait qu'il souffre comme personne auparavant n'avait souffert, elle voulait qu'il pleure à la hauteur de la haine qu'elle ressentait pour ce bout de paradis. Toute l'eau de son corps devait s'en aller par l'orifice clair et naïf de ses yeux. Elle voulait voir la vie le quitter peu à peu, s'imprégner de cette essence filante, telle une étoile qui mourrait dans le firmament.

Il était minuit en ce jour d'hiver. En se réveillant en plein milieu de cette nuit de pleine lune, une conviction intime naquit dans le coeur haineux de la jeune fille. C'était ce soir, cette nuit et aucune autre.
Mais elle avait besoin de réfléchir, elle se devait de peaufiner encore un détail ou deux. Pour cela, une seule solution : La marche nocturne.

Cette simple promenade l'emmena loin, bien plus loin qu'aucune autre. Tandis qu'elle se perdait dans les méandres sombres de sa pensée, ses pas suivaient un chemin qui n'avait jamais été tracé, un chemin qu'un chien au museau agrémenté d'un balai s'appliquait à effacer derrière elle, de sorte à qu'elle ne retrouve plus jamais son chemin.
Lorsqu'elle sortit du fond de son âme, Alice aperçu une bâtisse sombre, qu'elle n'avait jamais aperçu auparavant. Inutile de chercher à se repérer, elle se savait perdue pour l'éternité. Alors plutôt que de chercher jusqu'à la fin des temps un chemin invisible, elle poussa la lourde porte de la demeure, sachant à présent qu'elle allait côtoyer le diable, et qu'il lui soufflerait les plus terribles idées, que son esprit n'avait osé effleurer.

Alice est l'image même de l'enfant décadente et machiavélique, un petit air rusé qui flotte en permanence au fond de ses yeux avec une extrême provocation. Elle cherche à faire sortir les gens bien de leurs gonds, aucun Amen ne sortira de cette bouche corrompue, tout au plus un long rire qui te glacera l'échine. L'écart impressionnant entre son visage candide et son âme perverse à toujours subsisté, comme si le confort où elle était née avait été rejeté en elle avec une force phénoménale.

Pas une once de bon sens, pas un gramme de gentillesse, mais un grain de folie vicieuse, un gout pour le jeu sans borne. Alice est le pirate des temps modernes, un pied à terre et l'autre dans les nuages, avec pour fidèle acolyte un Lapin myope et son humour macabre. Être en la compagnie d'Alice, c'est un peu comme si l'on boit une bonne partie du contenu d'une bouteille portant l'étiquette : poison, ça ne manque presque jamais, tôt ou tard, d'être mauvais pour la santé. Et la santé, la jeune fille s'appliquera à te la détruire. Par tous les moyens possibles, elle t’emmènera en enfer, prendre le thé des damnés.

Ne prenant jamais au sérieux ce qu'on peut lui dire, elle vous giflera violemment pour un compliment et vous sourira pour un blâme. La jeune fille à également la facheuse tendance à dire l'inverse de ce qu'elle pense. Inutile de venir à midi aux abords d'un cerisier en fleurs, même si elle vous a donné rendez vous. Venez plutôt à minuit à l'entrée du cimetière voisin, elle vous attendra de pied ferme, un sourire narquois aux lèvres.

Mais elle n'est pas méchante, ou du moins pas dans le fond. Même si elle vient hanter vos cauchemars, armée d'un couteau sanglant, cette vision ne dépassera jamais le seuil du sommeil. De un parce qu'elle trouve que tuer quelqu'un avec un simple couteau est une faute de gout, et également parce qu'il ne réside sur terre une seule et unique personne qu'elle veut tuer, son frère. Toi qui ne te prénomme pas David, qui ne rayonne pas par ton idiotie enfantine, n'ai crainte, la vengeance narquoise d'Alice ne t'atteindra pas, du moins pas tant qu'elle n'aura prit le temps de te détester comme il se doit.

Lorsqu'elle est sous l'emprise de la drogue, elle se transforme totalement, pas en bien, non non. Elle se croit aux prises d'un monde qui la dépasse, et qui vous dépasse. La drogue à un effet miraculeux sur elle, que chaque drogué lui envierait plutôt deux fois qu'une. Il lui suffit d'une prise microscopique pour avoir des visions éclatantes, qu'elle restitue sur feuille de papier.

Si elle à pu passer sans encombre les dix huit années de son existence, en continuant sans se lasser à faire le mal autour d'elle, c'est bien grâce à son physique. Un véritable angelot tombé du ciel, un séraphin qui aurait glissé de son nuage pour atterrir au milieu des pauvres mortels que vous êtes. Ses cheveux sont d'un blond chaud et ambré, descendent jusqu'au bas de ses reins dans une cascade de boucles.
Ses yeux elliptiques, d'un bleu très doux, clair comme un ciel de printemps, sont le pire mensonge qu'elle n'est jamais crée. Leur reflet céruléen laissent rarement indifférent, justement parce que leur clarté capte avec avarice la moindre source de luminosité.

Plutôt petite et frêle, Alice à toujours son apparence d'enfant, aussi bien dans ses hanches assez androgynes que dans sa poitrine aussi inexistante que celle d'une passoire.
Mesurant 1m63 pour 46 kilos, elle ne peux que difficilement cacher sa maigreur, ses os sont très visibles, surtout au niveau des épaules et des clavicules. Avec sa peau satinée et claire pourrait faire penser à une de ces poupées qu'on voit en vitrine des magasins d'antiquités, mais essayez un instant de lui enlever sa jupe et son chemisier. Ce n'est qu'une enfant maigre aux os saillants, autant dire qu'elle déteste son corps, qui sans être celui d'une anorexique demeure maigre de façon assez alarmante.

A l'image de la famille où elle à vu le jour, Alice est un tableau vivant, une représentation de l'enfant de bonne famille, bien propre sur elle et qui ne s'écarte pas des sentiers battus. Ses mains et ses jambes sont d'une finesse et d'une élégance rare, et l'allure bien particulière qui imprègne ses pas lui fait ressembler à un chat prêt à bondir, comme si sa proie se tenait juste sous ses yeux et que, tous muscles tendus, elle attendait l'instant d'après pour déchiqueter l'animal implorant en morceaux. Mais si jamais elle peut rappeler un chat, ce ne serait pas le chat bien en chair à l'allure fier, mais plutôt le chat de gouttière, qui sauterait sur sa proie comme s'il s'agissait de son premier repas, et le dernier avant une longue période de famine. Ses longs doigts graciles sont ornés d'une chevalière à l'effigie d'un Lapin. Un pied de nez à sa famille, qui avait pour emblème un chien de chasse triomphant.

Jouant avec son physique de poupon, mais cachant avant tout sa maigreur, elle ne porte la plupart du temps que des chemisiers et des jupes, ou alors des robes sombres, qu'elle agrémente de longues chaussettes et de mocassins vernis. Ses colliers et ses bracelets viennent rehausser cette touche austère, conférant tout de même à cette jeune fille un côté métallique, caractéristique du bruit qu'elle fait en marchant.