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 [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4

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Delicate Boy
Emrys Sulwyn
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 9 Sep 2012 - 16:21

Il aurait dû partir. S'en aller à pas pressés, à grandes enjambées, franchir la porte et aller se perdre dans le parc. Ça n'aurait pas été une défaite, non : c'était ce coup de poing qui en était une. Ridicule, inutile. Un argument de plus en sa défaveur. La preuve flagrante que les paroles d'Antoine, quoi qu'il en dise, le blessaient profondément. C'était ses propres affirmations, déjà si bancales, qu'il brisait en mille morceaux.
Mais ça, ça n'avait déjà plus aucune importance au moment où Antoine arrêta son coup d'un geste vif. Il se fichait complètement de sa crédibilité, de ses faiblesses ou de son manque de retenue. Tout ce qui comptait était de lui faire perdre son sourire suffisant, de le blesser – et s'il n'y arrivait pas avec des mots, alors la violence résolvait tout ses problèmes.
Ce fut lui, pourtant, qui eut le plus mal.
Un éclair de douleur traversa son visage quand son poignet fut brusquement tordu. Et tandis qu'inconsciemment il se penchait pour tenter de réduire la brûlure qui remontait le long de son bras, il se surprit à réprimer un fou rire. C'était complètement ridicule. Il n'arrivait à rien, même quand il y mettait vraiment du sien. Comment avait-il pu croire, même l'espace d'un instant, pouvoir atteindre Antoine ? Que ce soit par des piques acides ou des gestes violents, jamais il ne parviendrait à lui rendre l'équivalent de ce qu'il lui faisait subir par ses moqueries incessantes. Et ce sourire mauvais, qui même maintenant ne le quittait pas.
Il aurait vraiment mieux fait de s'en aller. Parce que là, c'était tout ce dont il avait envie. Partir en courant, sans se retourner. S'enfermer dans une pièce vide et laisser la pression retomber d'elle-même. Pleurer, peut-être. Maudire ce jour pluvieux où il avait cru bon de jouer les héros, maudire le Pensionnat, maudire Dieu, maudire Antoine et cette porte qui refusait de les laisser sortir.

Maudire tout et n'importe quoi.

« Pourquoi me taire si tu ne te préoccupes pas de ce que je dis ou pense ? Tu mens si mal. »

Sitôt sa main libérée, Emrys passa l'autre dessus dans une vaine tentative pour diminuer la douleur. Ce n'était pas foulé, encore moins cassé – juste douloureux. S'il continuait de s'abîmer les mains de la sorte, il ne pourrait bientôt plus peindre correctement. Tant pis.
S'il l'avait cassé, au moins, il se serait senti en droit de pleurer. Ça aurait eu le mérite de le calmer ; alors que là, tout ce qu'il faisait était empiler ses émotions, encore et encore, sans la moindre considération pour son cœur ou ses poumons. Ils allaient finir par suffoquer, et lui avec.

Et puis après tout, cet imbécile avait raison. Oui, il mentait mal. Oui, il se préoccupait de ce qu'il disait, de ce qu'il pensait. Oui, il savait que la minorité ne gagnait jamais. Oui, il avait peur.

Et alors quoi ? Il abandonnait ?

« Tu te sens mieux ? »

Les traits plus détendus mais toujours aussi perceptiblement nerveux, Emrys releva les yeux vers le français. Sa main n'émit aucun sinistre craquement quand il la secoua et, jugea-t-il, la brûlure qu'il ressentait ne devait être que temporaire. Facile à oublier. Donc son poignet était encore tout à fait utilisable.
D'un pas vif et décidé, il rejoint la longue table à laquelle les repas étaient censés se dérouler. Le livre posé sur la chaise pesait lourd pour sa main encore sensible, mais quand il se tourna vers Antoine il s'appliqua à le cacher derrière sa colère.

« Qu'est-ce que ça peut te faire, que je me sente mieux ? » Le tremblement dans sa voix, impossible à masquer, ne fut qu’accentué par son soupir nerveux. « Je te déteste, tu me détestes. Et peut-être que je mens mal, mais... »

Il feuilleta rapidement l'ouvrage, n'y vit aucun intérêt. C'était juste un livre.
D'un geste brusque, il le jeta à l'autre bout de la table. Par chance, il ne tomba pas.

« Je préfère être à ma place qu'à la tienne, conclut-il avec amertume. Ils doivent être contents, là d'où tu viens, d'être débarrassés de toi ! Ça te dérange pas, de manquer à personne ? Et être détesté de tout le monde, hein, ça fait quoi ? »

Il cria presque ces derniers mots. Il avait besoin de s'éloigner le plus possible de lui, de se différencier au maximum de cette personne.
On est pas pareils ; on a rien en commun.
Antoine voulait blesser. Lui, il ne faisait que se défendre.

« C'est pas moi qui ait un problème, c'est toi ! »

Alors il avait raison, non ?
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« i see london i see france »
Antoine de Landerolt
Antoine de Landerolt

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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 16 Sep 2012 - 17:20

Le monde était cruel: Antoine n'en était que son reflet. Que les autres se défendent d'agir égoïstement si ça leur chantait, le jeune homme aux cheveux blonds savait de quoi il en retournait véritablement. Emportés par la marée, trop puissante, seuls les plus forts pouvaient résister à son irrépressible attraction. Lui se moquait d'Emrys maintenant, à l'image de ce que feraient bien d'autres si son secret venait à être dévoilé. Il aurait mieux valut, pensa-t-il, qu'il s'y habitue dès maintenant. Antoine n'avait guère envie sur l'instant d'aller crier ce qu'il cachait sous les toits, le menacer de le faire était bien plus plaisant. Mais si jamais il décidait de le faire, Emrys ne pourrait l'en empêcher. Il n'y avait pas pire situation que de savoir un de ses secrets entre les mains de ses ennemis. Les maîtres chanteurs n'étaient jamais sympathiques. Surtout quand ils avaient une dent contre vous -et inversement.
Antoine trouvait que gâcher la vie des autres était un bon moyen de faire passer le temps. Ça lui faisait oublier son enfermement et les doutes qui trouvaient bon de parfois l'assaillir: Et Emrys était la victime idéale. Il n'aurait pu trouver mieux ailleurs. Et était-ce sa faute ? Non. S'il avait protégé plus efficacement son secret, il n'en aurait pas été là.
C'était la faute du Britannique, entièrement sa faute. S'il devait blâmer quelqu'un pour son malheur, il n'avait qu'à s'en prendre à son miroir.

« Qu'est-ce que ça peut te faire, que je me sente mieux ? Je te déteste, tu me détestes. Et peut-être que je mens mal, mais... »

Mais ? Antoine le regarda feuilleter son livre sans rien dire, mais fronça un sourcil lorsqu'il le jeta à l'autre bout de la table. Par chance, il ne s'abîma pas au sol, ce qui n'empêcha pas Antoine de se trouver contrarié. Il se fichait certes qu'il aille mieux ou non, mais il ne faisait pas semblant de s'intéresser à l'état de son livre. Il n'avait pas terminé sa lecture et, en sortant d'ici, aurait aimé le retrouver en un seul morceau.
Contrairement à Emrys, son contenu avait un tant soit peu de consistance. Tiens: Il pouvait encore se servir de sa main. Preuve qu'il ne lui avait pas fait bien mal. Il aurait du l'en remercier, au lieu de le fixer de la sorte.

« Je préfère être à ma place qu'à la tienne. Ils doivent être contents, là d'où tu viens, d'être débarrassés de toi ! Ça te dérange pas, de manquer à personne ? Et être détesté de tout le monde, hein, ça fait quoi ? »

Le visage d'Antoine reprit immédiatement, à ces mots, une expression froide et neutre. Il n'avait pas pensé que de la bouche qui se disait charmante et bienveillante du Britannique sortiraient de tels mots. Alors oui, le jeune homme l'avoua, il en fut surpris. A entendre la manière dont les derniers mots avaient été presque criés, il l'avait blessé plus qu'il ne voulait le montrer. Peine perdue, car même quand le visage parvient à cacher la souffrance, l'inflexion de la voix trahit sans compassion les sentiments qui s'entrechoquent dans nos cœurs. Celui d'Antoine se serra imperceptiblement et il lança à Emrys un demi-sourire.
Mais moi, je suis très bien à ma place, tu sais. Tu peux parler, ça ne me fait rien. Strictement rien. Et je vais te le montrer.

« C'est pas moi qui ait un problème, c'est toi ! »

De ça, jamais Antoine n'avait prétendu le contraire. Sans doute en avait-il un puisqu'il agissait et pensait comme il le faisait. Malgré tout, son problème était moindre en comparaison de celui d'Emrys. Lui ne se jouait pas des autres en se prétendant innocent; Il l'avait fait mais au pensionnat, la seule chose qu'on ne pouvait lui reprocher était son honnêteté.
Il était vrai. Pour une fois dans sa vie, il ne revêtait pas de costume grotesque. Que ça plaise ou non, cette maudite bâtisse en avait décidé ainsi, et Antoine était forcé de lui obéir, faute de pouvoir faire autrement.

Qu'est-ce que ça faisait d'être détesté de tous ? Rien, pensa Antoine avec un détachement qui l'étonna quelque peu. Ça ne lui faisait rien, il se moquait des autres. Et de ne manquer à personne, qu'est-ce que cela faisait ?



Rien non plus.

Antoine se mit à rire. Doucement. De ce rire moqueur, fait pour agacer et blesser. Au fond, on est tous méchants.

« Je me débrouille sans eux, ils se débrouillent sans moi. Ça n'a pas grand intérêt. Alors oui,
(il s'approcha d'Emrys, sans hâte, pour s'immobiliser devant lui) je ne manque peut-être à personne et tout le monde me déteste. Mais moi... »

Silence. Le blond posa un doigt au dessus de la poitrine dissimulée de son interlocuteur. Il appuya assez pour que ce contact fut douloureux.

« Moi je ne mens pas. Moi, je ne suis pas un mensonge.»

Alors qu'au fond, c'était encore plus triste.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2012 - 10:45

Doigts crispés sur le rebord d'une chaise, Emrys prit une inspiration difficile. L'air passa par ses poumons abîmés par la nicotine, par sa poitrine compressée, par sa gorge serrée ; et il se dit que, peut-être, c'était déjà un miracle qu'il respire encore.
Sa main continuait de lui envoyer des signaux de douleur – qu'il continuait d'ignorer. Son esprit faisait abstraction de la brûlure dans ses doigts au profit d'une peine plus grande ; et s'il avait réussi à échanger, sûrement l'aurait-il fait. Se concentrer sur son poignet plutôt que sa colère, effacer Antoine du paysage – juste le temps de se reprendre, pas plus : rien que quelques secondes de complète solitude pour remettre ses idées en place. Une pause. Un temps mort. Un pouce levé pour ré-expliquer les règle du jeu. Seulement ici et maintenant, il n'y avait aucune règle.
A part « j'ai raison et tu as tort », il n'était plus sûr de quoi que ce soit.
Tout ce qu'il voulait, c'était rendre la pareille à celui qui persistait à le blesser.
Et si on lui avait laissé quelques secondes de répit pour reprendre ses esprits, il n'aurait eu aucun mal à voir ce qui, dans son comportement, sonnait si faux. Il lui aurait suffit d'un miroir, d'un rappel ; d'un tout petit rien pour baisser les bras et se sentir stupide. La violence ne mène à rien, c'est tout. Et tu le sais, en plus.
Rien que quelques secondes.
Il ferma les yeux presque douloureusement quand, sans une craquelure sur son joli masque de scène, Antoine laissa s'échapper un rire. C'est ça, qu'il rit ; c'était tout ce qu'il savait faire, de toute façon.
Rire. Se moquer.
Détestable.

« Je me débrouille sans eux, ils se débrouillent sans moi. Ça n'a pas grand intérêt. »

Recule. Recule.
Re – non.
Question de fierté. Il ne pouvait pas avoir peur d'Antoine ; n'avait pas peur de lui. Ce type ne faisait que rire et se moquer, rien d'autre.
Tout juste bon à utiliser les mots pour blesser les autres. Qu'il s'approche ou pas, ça ne changerait rien.

«  Alors oui, je ne manque peut-être à personne et tout le monde me déteste. Mais moi... »

Rien, rien du tout.
Ses doigts se crispèrent un peu plus sur le bois de la chaise quand il appuya le sien contre lui ; et peu importe combien ce contact était désagréable, il était résolu à ne rien en laisser paraître. Ça faisait mal, juste un peu, à peine – presque pas.
Il ne craquerait pas.

« Moi je ne mens pas. Moi, je ne suis pas un mensonge.»

Les critiques se suivaient et se ressemblaient toutes. C'était toujours le même refrain, constamment les même remarques ; on lui reprochait les même choses de mille façon différentes, le remettait en question au sujet des même détails, des même préjugés complètement stupides.
Il y aurait dû s'y être habitué, à la longue. Seulement quoi qu'il en dise, il ne serait jamais vraiment protégé contre ces choses-là. Ces remarques, ces critiques. Ces mots, qu'il connaissait par cœur.
Ça faisait mal. Jamais ça ne cesserait de l'atteindre, jamais.

« J'en suis pas un ! » Son exclamation, une fois de plus, résonna avec force entre les murs. « Et puis tu mens pas, hein ? Laisse moi rire ! On t'a empêché de le faire, c'est tout ! »

Un mouvement brusque du bras – pour s'éloigner, le pousser ? difficile à dire – le fit heurter douloureusement son coude gauche contre la table. Il retint un juron avant de ne, cette fois, appuyer son propre index sur le torse du français.

« Je suis. Un. Garçon. Et toi, t'es... »

Il laissa retomber son bras le long de son corps, une pointe de mépris pour la première fois perceptible dans sa voix.
Avec sa gorge serrée, elle lui semblait plus aiguë que d'habitude.

« Rien. T'es personne. Un monstre, à la limite, ajouta-t-il entre ses dents, passant son regard d'Antoine à la chaise sur sa droite. T'es pitoyable. »

Exactement : il faisait pité. Il n'aurait rien du lui inspirer d'autre.
Les paroles d'un type aussi faux, désagréable, mauvais et seul n'avaient pas la moindre valeur.
A défaut de le penser, il voulait au moins le lui faire savoir.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 31 Oct 2012 - 18:01

De toute façon, ça aurait fini comme ça. Dans tous les cas.
Même si le pensionnat ne l'avait pas forcé à étouffer ses mensonges, à se mordre la langue pour, par réflexe, ne pas laisser s'échapper ces belles affabulations qu'il savait si bien utiliser, il aurait fini par être percé à jour et détesté en retour. Tout était bien plus simple chez lui; Les gens allaient et venaient, le monde était grand. Si les affaires ne marchaient pas ici, elles marchaient ailleurs, et si un scandale éclatait, on pouvait toujours fuir la honte et les reproches. On pouvait aussi soigneusement nettoyer son jardin en obligeant d'une manière ou d'une autre les mauvaises herbes à le déserter.
Mais au pensionnat ? Impossible. Coincé avec les mêmes personnes, sept jours sur sept, on s'attardait sur les mêmes visages, vaquait aux mêmes occupations dans les même endroits. Personne n'échappait à cette morbide routine, pas même lui. Il suffisait que les choses aillent mal avec une seule personne pour que toute la bâtisse soit au courant. A partir de là, que faire si on vous pointait du doigt en vous traitant de menteur, d'hypocrite, de manipulateur ? Le groupe suivait facilement -trop facilement. Antoine se serait empêtré dans ses mensonges et ses faux semblants. Il était doué, mais pas à ce point, pas avec ce constant poids sur le cœur. C'était trop dur de garder son calme entre ces vieux murs de pierre qui vous épiaient où que vous soyez.

Au final, il se serait retrouvé dans la même position, cette étiquette d'hypocrite et de menteur en plus sur le front. Il le savait, il s'en était rendu compte dès le début; Il continuait néanmoins de maudire son sort, comme lorsqu'il était enfant et que les choses n'allaient pas comme il le désirait. C'était amusant de voir qu'il restait en lui des traces de ce petit garçon jamais satisfait, jamais content.
Non, jamais content.

Les yeux clairs d'Emrys reflétaient autant la colère que la douleur. Il était si aisé de faire danser cette petite flamme dans ses iris bleues quand on connaissait son point faible. Antoine pensait qu'il serait parvenu à le blesser même sans avoir été au courant, comme il avait cherché à le faire dans les premiers temps. Mais ces disputes n'étaient rien à côté de cette douleur qu'il lisait dans chacun de ses gestes – il n'aurait jamais pu lui faire aussi mal s'il n'avait pas su. Allez, souffre. Il voulait lui faire sentir qu'il n'était rien de plus qu'un habile prestidigitateur.

Méprisable menteur. Il n'y avait pas de raison...

« J'en suis pas un ! Et puis tu mens pas, hein ? Laisse moi rire ! On t'a empêché de le faire, c'est tout ! »

Emrys se cogna le bras contre la table; étouffa quelques politesses avant d'imiter son geste. Il ne s'en formalisa pas car il savait que quoi qu'Emrys dise, ça ne l'atteindrait pas. Il pouvait essayer, s'acharner même si ça lui chantait; La douleur ne serait jamais présente dans ses yeux.
Il l'en avait soigneusement bannie des années de cela.

« Je suis. Un. Garçon. Et toi, t'es... »

Le bras retomba sur le côté, inutile. Il n'était pas difficile de deviner la suite. Antoine la devina et s'en amusa, puisque quelque part, ce n'était pas faux. Il le méprisait, il le détestait, et peut-être même encore plus que ça. Est-ce qu'il lui rappelait ceux qui s'étaient moqués de lui, dans ce pays et cette réalité à présent trop lointains ? Pauvre Emrys, pensa Antoine sans détourner le regard.

Il ne savait que pas que, où qu'il aille, il serait toujours traité de la sorte. Toujours.

« Rien. T'es personne. Un monstre, à la limite. T'es pitoyable. »

Bien. Il haussa les épaules, fataliste: C'était un fait, même pour lui. Un monstre, un rien, pitoyable oui. Et quoi ? Qu'est-ce qu'il y pouvait ? Il ne pouvait pas forcer la nature à façonner autrement sa personnalité. Il ne savait pas où ni quand elle avait prit cet aspect détestable – si, il le savait, mais il n'aimait pas y penser parce qu'il l'avait sciemment choisit – mais il ne pouvait rien faire pour la changer. C'était ça, c'était lui, mis à nu, sans artifices.
Il savait que sans le mensonge il n'était pas quelqu'un de 'bien' aux yeux des autres.
Antoine se demandait souvent lequel des deux aspects de sa personnalité était en soi le plus répréhensible. Il se le demandait souvent.

Trop.

« Oui, je suis au courant, figure-toi. Mais j'ai la décence d'assumer ce que je suis. »

Sous-entendu, contrairement à toi. Antoine laissa son regard brun se poser sur son livre, à l'autre bout de la table. Il le reposa néanmoins vite sur Emrys. N'avait-il pas honte de passer sa colère sur de malheureux objets qui n'avaient rien demandé à personne ? Sûrement que non.

« Ce livre ne t'avais rien fait, tu sais, Emrys. »

{PEDOBEAAAAR. C'est tout ce à quoi je suis capable de penser. Tu sauras à qui t'adresser si mon poste est nul.|D}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Déc 2012 - 1:04

Aux accusations, Emrys répondait par la négative : toujours. Non, non, non. Je ne suis pas un menteur, je ne me déguise pas, je ne suis pas fou, je ne me trompe pas, je n'ai pas besoin d'être soigné, je ne suis pas gay, je n'ai pas menti, je n'ai pas menti. Et son père, agacé par ses plaintes silencieuses et ses yeux baissés, de lui répondre « Si. »
Il aurait aimé l'entendre le dire, là. Vraiment.
« Si, tu mens. Tu devrais leur expliquer. Qu'ils comprennent ou pas, ne rien dire revient à mentir. Arrête de jouer aux ignorants. »

Il ne pouvait pas choisir ce qui l'arrangeait et considérer uniquement ce qu'il voulait comme un mensonge. Il le savait pertinemment. Seulement face au fait, devant le visage d'une personne à laquelle il voulait plaire, devant un garçon dont il ne connaissait pas l'opinion, la facilité reprenait le dessus. Je ne mens pas vraiment, et il s'en contentait.
Qu'Antoine vienne remuer le couteau dans la plaie, c'était...
Trop injuste. Déplacé. Ce n'était pas à lui de dire ça. C'était lui, le type qui s'amusait du malheur des autres ! L'hypocrite, celui qui gâche le tableau – c'était Antoine, ça, pas lui. Lui, il n'avait rien demandé à personne. S'il était né comme ça ce n'était pas de sa faute, non ? Il ne voulait pas porter un fardeau qui avait été posé sans raison sur ses épaules. Il n'avait rien fait pour mériter ça, rien.
Est-ce qu'Antoine le méritait, lui ? Est-ce qu'il n'aurait pas préféré être autrement ?
Aucune importance.
Égoïste dans son malheur. Je souffre et je suis le seul à souffrir ; le français aurait pu avoir toutes les raisons du monde d'être triste, il n'en aurait rien eu à faire. Emrys avait beau être gentil et empathique, sa douleur le fermait complètement. Lui aussi avait son mur.
Comme tout le monde.

« Oui, je suis au courant, figure-toi. Mais j'ai la décence d'assumer ce que je suis. »

Vrai ; et il lui en voulait pour ça. Aimé ou pas, Antoine avait l'air aussi mauvais et hautain qu'il l'était en réalité. Qu'il l'ait ou non été dans le passé pour mériter ces bulles irisées n'avait au fond que peu d'importance.
Ce type, aussi détestable et faux soit-il, réussissait à répondre par l'affirmative. Oui, je suis au courant.
Lui ? Non, non, non. Non, toujours et encore. Même en cet instant, ses yeux bleus qui ne décoléraient pas refusaient tout autre langage. Non, rien d'autre. Non.

« Ce livre ne t'avait rien fait, tu sais, Emrys. »

En une fraction de seconde, comme rappelé à la réalité par cette phrase d'une banalité ridicule, la tristesse remplaça la colère. Sa bouche s'arqua ; il détourna les yeux. Il ne voulait pas être le garçon qui ne réussissait pas à garder son calme, celui qui refusait de s'assumer et mentait à son entourage par manque de confiance en lui, en eux. Il ne voulait pas.
Un instant, sa volonté vacilla. Il détestait Antoine. Du plus profond de lui, vraiment. Il le détestait.
Hors de question de l'écouter.
Un pas en arrière et, d'un geste ferme, Emrys saisissait le dossier d'une chaise sous son bras gauche. Si son regard ne trahissait aucune envie de meurtre imminente, il n'en restait pas moins bien plus froid qu'à l'accoutumée ; suffisamment pour que, s'il s'était vu dans un miroir, il se rende compte qu'il était temps de tourner les talons et d'aller se calmer plus loin.
Pas de miroir sous la main.

Saisissant chaque côté du dossier dans ses mains d'une prise sûre, il pointa d'un geste énervé les pieds du meuble vers le blond.

« Cette chaise non plus, elle m'a rien fait. Et alors ? Tu préfères que je te l'écrase sur les pieds ou que je la jette par terre ? »

A ces mots il posa brutalement la chaise au sol ; ne la lâcha pas pour autant.

« On s'en fiche, d'une chaise ou d'un livre. Ça peut même pas avoir mal, ajouta-t-il en haussant les épaules, amer. Mais c'est vrai que toi tu préfères t'en prendre à ce que tu peux blesser, hein ? » La colère, de nouveau, reprit le dessus ; il serra ses phalanges sur le bois de la chaise. « Sauf que tout ce que tu peux me dire, je l'ai déjà entendu. Dix, quinze, mille fois. C'est pas un abruti de plus qui va faire la différence. »

Pour un peu, il aurait enfoncé ses ongles dans la chaise. Calme toi.

« Alors la prochaine fois que tu m'insultes, lâcha-t-il aussi posément que possible, c'est cette chaise que tu te prends dans la tête. Tu saisis, le Français ? »

{ Emrys a failli se transformer en poisson blond, hem. L'honneur est sauf. 8'D }
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Déc 2012 - 13:08

Antoine n'était pas vraiment habitué à ce qu'on le menace avec une chaise; aussi fronça-t-il les sourcils quand Emrys lui en mit une sous le nez, l'obligeant à reculer d'un pas. L'image le fit néanmoins bientôt plus sourire qu'elle ne le rendit perplexe: quoi qu'il ne doutait pas que se prendre une chaise dans le coin de la tête pouvait faire très mal – et être passablement gênant, le cas échéant, il la trouvait vraiment ridicule.
Emrys devait visiblement être à court d'idées pour lui faire regretter d'être né.

« Cette chaise non plus, elle m'a rien fait. Et alors ? Tu préfères que je te l'écrase sur les pieds ou que je la jette par terre ? »


Sans attendre de réponse, Emrys fit claquer la chaise contre le sol. Antoine ne le quitta pas des yeux, une lueur amusée par-dessus ce mépris constant. Et pourquoi pas la laisser là, vivre sa vie de chaise, servir sans qu'on cherche à lui casser les pieds au sens propre du terme ? Ça n'aurait pas du être permis de traiter le mobilier avec si peu de considération. Quand on savait tout ce qu'il faisait pour eux... Mais oui, le britannique aurait du y songer avant de l'empoigner de la sorte. Personne ne pouvait savoir en quoi consisterait la riposte des chaises et des livres maltraités.
Antoine se moquait, évidemment. Au fond de lui, il avait malgré tout le secret espoir qu'Emrys, en s'asseyant à table un jour, se ferait mordre l'arrière train par sa chaise. En plus d'être hilarant, Antoine aurait pu laisser filer un 'bien fait' tout sauf déplacé.

Et ça n'avait au fond rien de surréaliste. Parce qu'au pensionnat... Eh bien, les apparences étaient souvent trompeuses, n'est-ce pas ?

« On s'en fiche, d'une chaise ou d'un livre. Ça peut même pas avoir mal. Mais c'est vrai que toi tu préfères t'en prendre à ce que tu peux blesser, hein ? »


Antoine le confessait; en effet, il préférait s'en prendre à un être vivant capable de le comprendre et de lui répondre. Il s'imagina un instant insulter une armoire avec tout le sérieux du monde, avant que le ridicule d'une telle vision ne s'impose à lui. Ça n'aurait pas eu grand intérêt, sans compter le fait qu'il n'avait que moyennement envie qu'on le pense fou. Si encore la dite armoire avait été dotée de la parole... mais non.
Le jour où Emrys décidera de prendre le thé avec une commode, il pourra venir lui faire des reproches: pas avant.

« Sauf que tout ce que tu peux me dire, je l'ai déjà entendu. Dix, quinze, mille fois. C'est pas un abruti de plus qui va faire la différence. »

Nous y revoilà.
Antoine était sûr de lui car il percevait le mensonge éhonté dans chaque parole d'Emrys. Le pauvre jeune homme, il voulait être fort, indépendant, et il voulait aussi croire qu'il était dans son bon droit. Que tout ce qui faisait ne regardait que lui – grave erreur – et qu'il gérait admirablement bien la situation. Faux, faux et faux. Les murs de cet endroit clôt étaient un piège vicieux qui renvoyaient tous les sons de cloche. Le jour où il pousserait par mégarde le premier domino, les autres suivraient automatiquement, piégés dans cette terrible réaction à la chaine. S'il l'avait déjà tant entendu comme il le prétendait, pourquoi n'avait-il pas changé ?
Il avait peur et il refusait de l'admettre, c'était une piètre assurance. Quant à son statut d'abruti, Antoine ne comptait pas s'en plaindre. Emrys se préoccupait de ce qu'il disait, sinon pourquoi l'aurait-il menacé ? De ça il était plus que certain; son avis, contre son gré sûrement, comptait à ses yeux.

Je t'ai blessé, je peux encore le faire, et tout ce que je dira ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd. Tu le sais.

« Alors la prochaine fois que tu m'insultes, c'est cette chaise que tu te prends dans la tête. Tu saisis, le Français ? »

Le jeune homme aux cheveux blonds, décidant de faire fi de l'utilisation abusive de sa nationalité, coula un regard à une chaise près de lui. Il ne mit pas longtemps à s'en saisir par le dossier comme Emrys l'avait fait, et à la placer devant lui. Malgré son sourire qu'on aurait pu qualifier d'amusé, il gardait une morgue dédaigneuse qui l'empêchait de paraître sympathique.

« Soit, essaie donc. Mais je ferais attention si j'étais toi; je pense avoir un peu plus de force que toi. Oh, à peine, nous sommes d'accord. »

Il ne quittait pas l'anglais des yeux, s'appliquant à avoir l'air parfaitement détendu pour l'agacer encore plus. Il voulait voir s'il pouvait faire se crisper un peu plus les mains qui martyrisaient le dossier de la chaise.

Ça aurait été amusant qu'il s'énerve au point d'en froisser le bois.



{OUAIS, entrons enfin dans le vif du sujet !8D}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 6 Jan 2013 - 15:39

Il voulait se battre ? Eh bien qu'il vienne ! Il lui mettrait volontiers son poing, son coude ou les quatre pieds d'une chaise dans la figure si ça pouvait le faire taire. Allez, inutile de jouer aux adultes civilisés ; il n'en était pas un, n'était pas encore prêt à le devenir. On se cache derrière des mots, on joue les hypocrites et les pseudo-rois de la coure de récréation. On s'insulte et on mise tout sur la carte de la mesquinerie. Penser qu'il serait débarrassé de ces comportements immatures et blessants en arrivant ici n'était rien de plus qu'un rêve idéaliste et stupide. Tout les ados sont pareils et les autres ne valent pas mieux. C'est comme ça et ça ne changera pas.
Hors de question de se laisser faire. Pas cette fois. Alors qu'Antoine l'insulte ; il n'attendait que ça pour mettre sa menace à exécution. A savoir, un bon coup de chaise en pleine tête.
Le britannique n'arrivait plus à maîtriser sa colère, sa tristesse et ses doutes – mais pour aujourd'hui, juste pour aujourd'hui, peut-être que ça n'avait pas tant d'importance. Il voulait bien jeter aux ordures ses principes et sa maîtrise de lui-même si ça pouvait l'aider à faire souffrir cet abruti. Trois fois rien, juste quelques bleus : pas assez pour le faire revenir sur ses paroles, mais suffisamment pour qu'il comprenne que jamais il ne serait une cible facile, jamais. Parce qu'un jour – et il en était persuadé –, un jour les rôles s'inverseraient. Et à ce moment-là, il s'en mordrait les doigts.

Il serait magnanime, bien sûr ; c'est tellement plus facile de pardonner et de jouer les inatteignables quand des deux on est celui qui a l'avantage.

Mais, comme pour lui prouver qu'il n'était pas sorti de l'auberge – ou du pensionnat, ou des ennuis ; quoi qu'il en soit il n'en était pas sorti – l'autre blonde s'empara à son tour d'une chaise. Il resta le regarder, un peu décontenancé certes, sans trop comprendre la portée de son geste : pourquoi prendre une chaise ? Sur le coup, il en oublia presque que lui-même en tenait une entre ses mains et que, quelques secondes auparavant, il lui avait même fait quitter le sol pour le menacer avec. C'est stupide, de menacer quelqu'un avec du mobilier.
D'un autre côté, la colère n'avait jamais eu la faculté de le rendre particulièrement futé. C'est fou ce qu'on peut faire des choses idiotes quand on oublie de penser.

« Soit, essaie donc. Mais je ferais attention si j'étais toi ; je pense avoir un peu plus de force que toi. Oh, à peine, nous sommes d'accord. »

Emrys cligna des yeux, perplexe. Plus de force que lui ? N'importe quoi ! Il aurait beau critiquer la minceur de ses bras tant qu'il le voulait, ça ne changerait rien aux faits. A savoir : il lui refaisait le portrait quand bon lui semblait et sans difficultés. Le tout en occultant allègrement le fait qu'il n'avait pas même réussi à lui mettre un coup de poing à peine une poignée de minutes plus tôt. Penser, penser – il fallait réfléchir, se calmer et laisser tomber. Ses doigts se serrèrent plus encore sur le dossier de la chaise. Réfléchir, rester immobile et ne pas répondre à la provocation. En théorie, c'était facile.
En pratique, il avait trop envie de l'assommer d'un coup de chaise pour écouter conscience, logique ou ange gardien.

« Ça t'arrangerait bien, hein ? Parce que tu fais le fier, mais en fait – »

La chaise, docile, suivit le mouvement de ses bras quand il la leva sur le côté ; elle ne protesta même pas quand, d'un geste brutal, il la fit revenir vers Antoine.
L'esprit saturé par la colère, il en aurait presque oublié qu'un meuble ne pouvait pas protester.

«  – T'es rien qu'un beau parleur ! »


► Emrys organise un combat de chaise, comme l"homme mature et viril qu'il est.
Je doute qu'on trouve beaucoup de feuilles comme ça, AHA. Maaaaais, ça se tente hein... /D
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 15 Jan 2013 - 14:53




Emrys organise un combat de chaises, et trouve :

« Il se prend un coup de chaise dans la tête et se fait assommer. Il saute un tour. »

[ACTION 2/4]


{ ... BIEN FAIT. /PAN/ }
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 18 Jan 2013 - 23:23

« – T'es rien qu'un beau parleur ! »

Antoine fit immédiatement barrage avec sa chaise, dont les pieds enlacèrent ceux de sa semblable dans un bruit sec et soudain. Avec une vague pensée pour sa propre bêtise (il aurait pu laisser cette chaise de côté pour calmer le jeu, non ? ), il repoussa sans ménagement l'ennemie inanimée.
Maintenant qu'Emrys lui avait prouvé qu'il était parfaitement capable de lui envoyer une chaise sur la tête sous le coup d'une colère mal contrôlée, il se jura de se montrer plus prudent quand il le provoquerait, à l'avenir. Vérifier que rien de contondant ne se trouvait à sa portée, par exemple. Un coup partait vite et on ne pouvait pas toujours le prévoir ou l'éviter – et dans les faits, Antoine aurait trouvé humiliant que le Britannique réussisse à lui mettre ne serait-ce qu'une petite gifle. Il avait sa fierté.
Surtout, il méprisait la violence spontanée et gratuite si elle était physique. Il ne voyait pas l'utilité d'aller se jeter des chaises ou des livres à la figure, il avait grandi dans la croyance ferme que seuls les abrutis finissaient par lancer ce poing crispé par la frustration. Quand on était intelligent et civilisé (certes, il avait oublié que ces qualités s'étaient perdues avec les années), on raisonnait et se battait avec des mots. Et si la dispute s'éternisait, on se battait; mais on y mettait les formes.
On ne se lançait pas dans un pugilat comme des enfants de cinq ans.

Antoine trouvait donc ridicule de se lancer des chaises à la figure et il n'avait plus cinq ans. C'était sans doute très bien pour lui. Le discours aurait néanmoins paru plus crédible s'il n'avait pas tenu alors une chaise dans ses mains, chaise qu'il n'avait pas hésité à envoyer sur Emrys en guise de représailles cherchées et méritées. Comme ce paradoxe de conduite ne pesait pour l'heure pas sur sa conscience, il s'en souciait relativement peu.

Cela ne dura pas.

Antoine avait paré le coup d'Emrys et il s'était attendu, tout naturellement, à ce que l'anglais fasse de même. Manque de chance, celui-ci n'alla pas s'écraser contre le mobilier agressif, mais contre la tête du jeune homme, qui s'écroula à terre sans plus de cérémonie.
Antoine écarquilla les yeux, surpris.
Et posa sa chaise à côté de lui. Durant ce très court laps de temps, un seul mot, bête, s'imposa à son esprit: Oups.

D'accord, d'accord; il n'était pas gentil. C'était même un euphémisme. Il admettait être un horrible personnage. Blesser les autres, c'était son art, c'était son domaine, celui qu'on avait forcé au grand jour. Mais quand il parlait de blesser, il en parlait au sens figuré, pas au sens propre. Il regarda autour de lui pour s'assurer que personne n'était entré entre temps.
Il n'aurait plus manqué qu'on dise de lui qu'il assommait les bonnes gens. Ce n'était même pas lui qui avait levé la chaise le premier.

« Tu ne m'apportes que des ennuis, décidément... »
Soupira le noble en débattant l'idée de lui renverser un seau d'eau fraîche sur la tête pour le sortir du pays des songes où il l'avait involontairement expédié.

L'autre solution étant de se réinstaller dans la bibliothèque avec l'espoir d'y trouver de la tranquillité. Emrys ne songerait peut-être pas à l'y chercher pour lui faire payer sa 'maladresse'. Ses principes se faisaient la guerre et il ne savait lesquels écouter.




{EMRYS EST MORT. Trokouuuul. /mur/
Bwah, j'arrive pas à RP. Mnnnnn.}
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 9 Mar 2013 - 22:58

    La journée était morne et triste. Moooooorne et ennuyeuse à en pleurer. Esseulé, Halloween flottait mollement dans les couloirs en laissant pendre ses deux interminables manches à un point tel qu'elles manquaient de peu de ramasser toute la poussière qui pouvait s'amonceler sur le plancher tout au long de l'interminable langueur du temps qui passe au sein de la vieille bâtisse abandonnée. Il s'ennuyait à faire des phrases looongues, mais loongues. Pour faire simple, l'esprit frappeur n'avait trouvé personne à martyriser ou à pousser dans le vide depuis le matin, lorsqu'il avait jugé drôle de débouler en hurlant dans la salle à manger pour lâcher un sac entier de cafards sur les têtes blondes de tous les gentils pensionnaires qui déjeunaient là. Après avoir été chassé par un ou deux retours de flammes provenant d'adolescents mal luné, Halloween s'était acharné à parcourir dans son entier le dédale de l'obscur manoir, mais sans succès. A croire que tous s'étaient concertés pour l'éviter. Ils boudaient ou quoi ? Ce n'était pas drôle du tout.
    Grognon, Halloween avait passé sa mauvaise humeur sur la seule personne qui restait dans le coin, à savoir un garçon à lunettes qui ne lui avait rien demandé et traversait seulement le salon pour rentrer à sa chambre, en le poursuivant pendant une heure en lui murmurant des paroles blasphématoires à l'oreille. Mais comme de coutume, ce petit jeu l'avait vite lassé. Et pas de Sleepy à l'horizon pour le distraire un peu : le matou, pas fou, avait dû aller se cacher quelque part où il ne le trouverait pas.
    C'était quand même un beau ramassis de mauvais joueurs, ici.
    En passant en voletant à côté d'une fenêtre, Halloween finit tout de même par comprendre où ils étaient tous passés : dehors, le soleil brillait. Il faisait un temps détestable, et le gamin fit une belle grimace à son reflet dans la vitre. Pitoyable ; comment pouvaient-ils s'amuser avec un soleil qui brillait si fort ? Il referma les rideaux avec autant de violence que ses bras frêles le lui permettaient. Avant que l'élan ne l'envoie faire un roulé-boulé dans une cage d'escalier tout proche. L'esprit parcourut ainsi quelques étages en faisant la toupie en rotation complète, avant de s'arrêter net et repartir en ronchonnant.
    Il en était à là de ses pérégrinations lorsqu'un bruit et des éclats de voix attirèrent son attention. Spécialement entraîné pour reconnaître les situation conflictuelles, Halloween sourit de toutes ses dents et se pourlécha les babines. Enfin de quoi s'amuser.

    L'esprit frappeur se glissa donc subrepticement par la porte du réfectoire dont on l'avait chassé sans pitié le matin même et flotta à hauteur du plafond, observant la scène. Il ne mit pas longtemps à laisser échapper un éclat de rire caquetant, avant de se mettre à hurler à tue-tête :

    « Au meurtre ! Au meuurtre ! »
    Et ce à de nombreuses reprises, sur tous les tons et toutes les longueurs, scandé tandis que l'esprit tournoyait autour de la pièce comme une toupie folle. Peu importait si l'autre humain était vraiment mort par ailleurs... il était vraiment mort ?
    Stoppant net sa course folle, le poltergeist se pencha par-dessus l'épaule d'Antoine, louchant sur sa victime avec curiosité. Un sourire grand comme un demi-camembert :

    « Tu l'as tué, diiiis ? »
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 14 Mar 2013 - 8:55

Le cri, aussi aigu que soudain, fit sursauter Antoine, qui plaqua ses mains contre ses oreilles avec une moue agacée pour la silhouette qui voltigeait tout autour de la pièce en hurlant. Bien, note pour l'avenir; vérifier qu'à défaut d'une présence humaine sur les lieux, il n'y avait pas un esprit qui se cachait dans un quelconque recoin du plafond. Forcément, quand il balayait les lieux afin de s'en assurer, Antoine ne pensait pas automatiquement à lever les yeux. Ce qui de son avis était rassurant, puisque peu de pensionnaires s'amusaient à s'y pendre pour le plaisir de... il ne savait même pas pour le plaisir de quoi ils auraient aimés faire une telle chose.
Il avait oublié Halloween dans son processus de réflexion. Ce cher Halloween, si enclin à la discrétion et au respect, qui hurlait sur la seconde qu'on avait commis un horrible meurtre. Antoine jeta un œil hésitant à la chaise qu'il avait laissé de côté, et qui aurait tout aussi bien pu assommer l'esprit frappeur comme elle l'avait fait avec Emrys. Honnêtement, il aurait continué une seconde de plus, le jeune homme aurait sans le moindre doute joint le geste à la parole; et vu la popularité de monsieur, aucun risque pour qu'on se plaigne qu'il lui ait réglé son compte, c'était un avantage.

Le sourire large, Halloween cessa ses couinements insupportables pour lorgner la silhouette étendue d'Emrys par dessus son épaule. Antoine baissa les bras et lui envoya un regard ennuyé. Voulait-il peut-être, par le plus grand des hasard, vérifier s'il l'avait expédié dans l'autre monde ? Qu'il y aille, il n'était plus à ça près.
Il l'avait seulement assommé, mince, ce n'était pas la peine d'exagérer ses prouesses et rameuter la moitié du pensionnat au spectacle par la même occasion.

« Tu l'as tué, diiiis ? »

Le noble secoua sa tête blonde de droite à gauche, puis se pencha vers le presque cadavre. Un genoux à terre, il lui prit le poignet, qu'il palpa attentivement. Évidemment, le pouls était là, ce qui le soulagea sans qu'il en laissa rien paraître pour autant. Parfois, Antoine connaissait sa chance, il n'aurait plus manqué qu'il se retrouve avec un véritable cadavre sur les bras ! Le meurtre n'avait jamais été son affaire et ne le serait jamais, il laissait cette basse besogne à la crapule la plus infecte.
Antoine méprisait les meurtriers, qu'ils s'y attèlent par plaisir ou par argent. Ce n'était pas de son monde. Il se redressa finalement et haussa les épaules, comme fataliste.

« Il n'est qu'un peu sonné. Il devrait s'en remettre. »

Le problème, dans son cas, était de savoir quand. Il n'avait guère envie de transporter la belle au bois dormant jusqu'à sa chambre, sans compter qu'on lui aurait posé des questions si on l'avait croisé en chemin. Inutile de préciser qu'il n'était pas enthousiaste à l'idée de relater cet accident dont il avait déjà un peu honte à travers le pensionnat. Il n'aurait pas dû se laisser aller ainsi, vraiment... Voilà où menaient toutes les guerres de petits garçons.
Au sol, avec une bosse sur le crâne – et encore, ils auraient pu finir plus amochés que ça. Ils avaient de la chance dans leur malheur, pour parler ainsi.
Antoine tourna ses prunelles brunes vers Halloween au bout de quelques secondes. Au vu de la nature facétieuse du personnage, il y avait peu de chance qu'il lui soit d'une quelconque utilité. Et pour ça, il arrivait à Antoine de détester l'esprit frappeur aux manches trop longues.
Quoique, c'était peut-être mieux ainsi: il savait qu'il n'aurait pas su résister, une fois le sceau en main, à le renverser sur le britannique de mauvaise humeur.

« Et toi, ne me dit pas que tu étais à l'affût d'un meurtre à colporter à travers les couloirs ? Plaisantes rumeurs pour sûr. »

Mais pas très agréables, ni pour les uns ni pour les autres. En l'occurrence, si c'était le cas, il allait être déçu puis qu'Emrys respirait bel et bien encore.
Et dire, pensa Antoine avec un profond soupir intérieur, que c'était cet imbécile qui avait tout cherché ! Il en avait eu pour son argent, mais lui aussi était lésé durant ce court laps de temps. Ce qu'il pouvait détester ça.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 15 Mar 2013 - 19:24

    Halloween observa l'humain s'accroupir à côté du supposé-mort, en maintenant en guise de bruit de fond un espèce de caquêtement étouffé qui s'échappait de sa bouche en flot ininterrompu sans qu'on puisse en situer l'origine avec précision. Halloween n'aimait le silence qu'aux heures les plus sombres de la nuit, lorsqu'il se montrait docilement assidu à épouvanter les esprits faibles qui s'aventuraient au sein de lieux désertés . Le reste du temps, il lui fallait un minimum de bruit de fond ; et en général, il n'avait pas de difficulté à le produire lui-même. Ce qui, il faut tout de même l'avouer, n'était généralement pas du goût de son entourage direct - ou de la quelconque paire d'oreilles qui pouvait l'entendre déblatérer.
    Halloween n'ayant jamais eu de cœur pour battre sous sa peau - soit immatérielle soit froide comme un cadavre - il ne pouvait faire le lien entre les mouvements du premier jeune homme et l'état de potentielle décomposition prochaine du second.
    Ce qui ne l'empêcha pas d'applaudir de manière parfaitement hypocrite à l'annonce d'Antoine, frappant avec énergie ses deux énormes manches l'une contre l'autre sans guère produire plus qu'un agaçant bruit mou et mat. Un peu de poussière s'en échappa dans l'entreprise.
    Il exhiba ses dents dans un sourire demi-lune et effectua une pirouette en se réjouissant de la mine embêtée de l'humain criminel.

      « Et toi, ne me dit pas que tu étais à l'affût d'un meurtre à colporter à travers les couloirs ? Plaisantes rumeurs pour sûr. »

    Halloween fit mine freiner des deux pieds dans le vide puis, après un bref instant de réflexion, croisa les jambes et attrapa ses chevilles dans une démonstration de vol stationnaire relativement tranquille. Pour une fois qu'il se tenait tranquille.

      « Ils sont tous dehors, » se plaignit-il d'un air boudeur, « personne ne joue avec moi. » Puis un large sourire revint sur son visage : « Alors je te regarde tuer des gens. »

    En effet, dans certaines circonstances exceptionnelles, Halloween pouvait faire preuve d'une espèce assez faiblarde d'ironie.

      « Le soleil ça brûûûle... » Poursuivi le poltergeist sur un ton pas si geignard que ça, le fait d'avoir trouvé une source d'amusement surpassant visiblement ses tracas de la journée.

    Ce faisant, il voleta jusqu'au pseudo-cadavre, se penchant sur lui d'un air qui annonçait une mauvaise idée. Ou du moins, de mauvais moment en perspective pour l'endormi, qui aurait mieux fait de se réveiller tout de suite.
    Halloween lança un regard interrogateur au dénommé Antoine - parfois il n'arrivait pas à trouver de surnom à quelqu'un, et l'appelait alors par son nom. Mais c'était bien moins drôle.

      « Ce serait bien qu'il se réveille. » Cette constatation n'étant évidemment pas faite dans un but altruiste, l'enfant ajouta avec un grand sourire : « Je peux le réveiller ? »

    Au vu du caractère d'Halloween, il était même plus que surprenant qu'il posât la question ; après tout, celui qui tirait la langue à toute forme d'autorité et distribuait les mauvaises blagues à la cantonade sans discrimination d'âge, c'était quand même lui. Cependant, grand paradoxe de l'enfance, il avait également une tendance à demander la permission qui se manifestait aux moments les plus inattendus.
    Chez lui, il lui était arrivé de demander à Octobre sa permission pour noyer le Passeur dans le Styx, par exemple.
    Certes, celui-ci n'avait jamais accepté, mais tout de même. Il n'était jamais passé à l'acte.
    Preuve donc que certains êtres avaient un semblant d'autorité sur Halloween. Dans le cas d'Antoine, en exceptant le fait qu'il était un vilain personnage, les raisons étaient relativement embrouillées.
    ... Et puis, c'était sa victime aussi, il avait bien le droit d'en faire ce qu'il voulait.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 8:41

« Ils sont tous dehors, personne ne joue avec moi. »

Antoine se retint de demander à l'esprit frappeur, sourire mesquin à la bouche, s'il trouvait vraiment la chose étonnante; il ravala cette remarque par soucis de sympathie et aussi pour éviter un hypothétique retour qu'il savait à l'avance désagréable – oui, le jeune homme n'aimait que très moyennement se faire coiffer d'une citrouille, aussi aimable que l'intention puisse être. La mine boudeuse d'Halloween se mua bien vite en un sourire large comme seul lui savait le faire, et il trouva bon d'accompagner sa grimace par un commentaire sur ses activités criminelles au sein du pensionnat. Antoine leva les yeux au ciel, à mi-chemin entre l'amusement et l'agacement; et encore, Halloween n'avait pas vu la douzaine de corps qu'il avait dû enterrer dans le cimetière de nuit pour qu'on ne l'inculpe pas de meurtre de masse !
Ah, parfois, il aurait bien aimé, il plaidait coupable. Les cris, ça pesait étonnamment lourd sur le système quand on manquait de sommeil parce que des imbéciles avaient trouvé bon de faire la java jusqu'aux petites heures du matin. Néanmoins, Antoine restait courtois et ne passait pas à l'acte, se contentant de menacer de ci de là quelques pauvres âmes égarées.

Il aurait dû embaucher Halloween pour les disperser, songea-t-il en regardant l'esprit qui flottait en faisant fi des lois de l'apesanteur. Il avait beau avoir la figure ronde d'un enfant, il était fort dissuasif quand il le voulait.

« Le soleil ça brûûûle... »

Antoine pensa à lui conseiller une ombrelle pour se protéger des rayons meurtriers de leur astre, mais la vision tenait plus du ridicule qu'autre chose, et il abandonna avec un rictus amusé. Ses yeux foncés revinrent alors se poser sur Emrys, toujours inconscient à terre. L'ennui le frappa de nouveau, et de plein fouet. Il n'y avait bien que les imbéciles pour lancer un combat de chaises et se laisser assommer dans la seconde... Il aurait au moins pu opposer une belle résistance. Enfin, il n'était pas en droit d'en demander autant d'un habitant de la perfide Albion, n'est-ce pas ?
L'ombre du gamin aux manches trop longues se profila au dessus de la Belle au bois dormant. Pour peu qu'Halloween s'intéresse au cas d'Emrys, ça ne voulait rien dire de bon pour l'endormi. Cette impression se renforça quand, relevant la tête, Halloween lui adressa un regard interrogateur dans lequel nageait toujours une étincelle de malveillance enfantine et puérile.

« Ce serait bien qu'il se réveille. Ça, il n'allait certes pas le contredire, il aurait lui-même apprécié qu'Emrys se redresse sur le champ. Je peux le réveiller ? »

Oh. La mine d'Antoine se fit pensive tandis qu'il réfléchissait brièvement. Il lui demandait son autorisation et s'il disait oui, la faute lui incomberait sensément, quoi qu'Halloween décide de faire subir à Emrys pour le forcer à ouvrir les yeux. Sa bouche se tendit en un nouveau sourire quand il se rendit compte qu'il s'en fichait à vrai dire beaucoup. Il l'avait déjà assommé, il ne pensait pas que quelques échelons en plus dans l'escalade de la haine changeraient quoi que ce soir à leur relation.
Quant à Halloween, eh bien... C'était Halloween. Il prenait sans broncher les répercussions sociales de ses actes, il imaginait.

Il hocha de fait la tête, donnant à l'esprit frappeur sa réponse.

« Il faut bien qu'il se réveille de toute façon, n'est-ce pas ? »

Qu'importe la manière, ils ne pouvaient pas le laisser mourir là. Ni même le laisser dormir là, le pauvre allait attraper froid. Il les remercierait une fois qu'il serait de nouveau sur pieds.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 18:35

      « Il faut bien qu'il se réveille de toute façon, n'est-ce pas ? »

    L'assentiment d'Antoine fit bondir l'enfant de joie - pour peu qu'on puisse bondir de joie sans avoir au préalable posé les pieds par terre. Sachant qu'Halloween ne touchait du bout de ses supposés pieds le plancher des vaches qu'environ une fois par décennie, il se contenta donc d'effectuer une galipette aérienne. Remarquable pour qui n'avait jamais dressé de pigeon à le faire, presque lassant pour ceux qui avaient tendance à croiser le poltergeist régulièrement.
    L'esprit frappeur assortit au geste un cri de bonheur aigu censé indiquer le plaisir qu'il allait prendre à sa tâche à qui ne l'aurait pas compris, et fonça immédiatement dans la double-porte de la cuisine, tel une énorme chauve-souris bigleuse et orange. Et heureusement pour lui qu'il s'agît de portes à battants, considérant la tendance qu'il avait à oublier sa consistance tangible.
    Parvenu dans la pièce dont la négligence des pensionnaires encrassait chaque jour les murs, Halloween fit le tour des placards à grand bruit, dans une attitude fébrile que pouvait difficilement provoquer chez d'autres que lui la perspective de sortir cruellement du sommeil un parfait inconnu. En fait de cruauté, il ne voulait que lui jouer un petit tour pas trop méchant; il avait fait bien pire au cours de sa carrière, songeait vaguement l'enfant en s'engouffrant tout entier dans l'ombre des gardes-manger, tout accaparé par la perspective de sa prochaine plaisanterie.
    En outre, le garçon assommé œuvrait actuellement pour le bien du plus grand nombre en empêchant un Halloween frustré de martyriser d'innocents chérubins tout juste débarqués du parc ensoleillé. D'ailleurs ce que prévoyait l'enfant ne nuirait pas à grand-monde, sauf éventuellement à Antoine qui avait de toute façon accepté que les pires ennuis puissent lui tomber sur la tête en laissant l'esprit frappeur agir à sa guise. Heureusement pour lui que, quand on lui mettait une blague facile sous le nez, ce dernier ne cherchait pas la magouille qui lui permettrait d'embêter le plus grand nombre d'un seul coup. Son hypothétique amas de cellules grises n'était pas assez développé pour cela.
    Halloween attrapa l'anse d'un seau qui traînait sous l'évier et ouvrit l'eau d'un coup de pied en se disant que ça faisait vraiment beaucoup de réflexions pour pas grand-chose.

    Et de fait, il ne formula pas une idée intelligente de plus une fois passées de nouveau les portes de la cuisine ; entre autres, il était trop occupé à réguler sa distance de freinage pour pouvoir balancer le contenu de son seau à la figure de la belle endormie de manière coordonnée et plutôt brutale, il faut bien l'avouer. Debout, Cendrillon !
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 23 Mar 2013 - 0:56

Quand le bois heurta le bois, le seul sentiment qui réussit à se frayer un chemin du cœur au cerveau d'Emrys fut une frustration sans borne. Qu'il le laisse le frapper, à la fin ! Lui ne demandait que ça, le heurter – c'était la seule chose qu'il puisse réellement désirer pour le moment. Lui faire un bleu, une bosse, une éraflure, l’assommer même s'il le fallait ; mais non, impossible, rien à faire. A chaque fois qu'il essayait, ce n'était rien de plus qu'un ratage en règle, une erreur supplémentaire à gommer pour garder tant bien que mal sa fierté. Comme si Antoine devenait intouchable chaque fois que la colère crispait ses poings et qu'il voulait lui envoyer le mobilier à la figure. Ça aurait été bien pratique, comme explication. Seulement c'était ridicule, complètement ridicule. Il n'était tout simplement pas fichu de le blesser.
Le brusque retour de flamme le surprit ; il faillit bien en perdre l'équilibre. Saloperie de chaise incapable de démolir un idiot de français.
La véritable récidive, il ne la vit même pas venir.
Peut-être avait-il bêtement pensé qu'il était le seul ici à avoir le droit d'user de violence : peut-être que la réplique d'Antoine fut trop rapide. Toujours est-il qu'il eut à peine le temps d'écarquiller les yeux avant que, dans un bruit mat peu engageant, le meuble ne heurte sa tête de plein fouet. Ce fut comme un choc électrique en pleine tempe ; la chaise glissa entre ses doigts, le précédant dans sa chute.

On tire les rideaux. Acte terminé. Plongé dans le noir le plus complet, il ne sentit même pas son corps s'écrouler contre le sol dur et froid.
Son épaule et son dos s'en souviendraient pour lui, malheureusement.

Les bruits de discussion ne le réveillèrent pas ; pas plus, à vrai dire, que les regards posés sur lui ou les mouvements qu'on put imposer à son poignet. Emrys était désarticulé, mou comme une poupée de chiffon abandonnée à même le sol. Lui qui n'avait jamais perdu conscience goûtait sans même le savoir aux joies des sommeils forcés. Inconscient de ce qu'on disait de lui, inconscient de ce qu'on prévoyait de lui faire subir. Inconscient tout court.
Jusqu'à ce que la cruelle réalité ne décide d'entrer en conflit avec son repos, en tout cas.
L'eau froide eut sur le britannique un effet semblable à celui qui avait précédé sa chute ; son réveil fut soudain, brutal, inattendu et surtout très désagréable. Hébété, il ferma un peu plus fort ses paupières pour repousser la sensation de noyade – se tourna sur le côté, toussa. Les pires injures traversèrent son esprit embrumé : ne pas savoir à qui les adresser ne fit que le perdre un peu plus. La scène était étrangement floue, la sensation de brûlure sur le côté de son crâne trop violente ; encore sous le choc, il continua de tousser quelques secondes avant de ne péniblement ouvrir ses yeux bleus.
La vision d'un pied de chaise suffit à le réveiller tout à fait.
Une flopée d'insultes toutes plus colorées les unes que les autres traversèrent ses lèvres serrées, plus ou moins audibles et compréhensibles, tandis qu'il s'asseyait péniblement sur le carrelage humide. Des gouttes d'eau dégoulinaient de ses cheveux, de son nez, dégringolant à leur guise sur son t-shirt et son jean. Il jura de nouveau ; un verre aurait suffit, merde. Passant une main maladroite sur son visage pour rabattre ses mèches noires en arrière, il jeta un regard ahuri à Antoine.
A l'heure actuelle, la Reine Mère aurait pu être à côté de lui qu'il n'aurait pas été fichu de la reconnaître avec certitude.

« Ça va pas, non ?! »

Par contre, il savait que la Reine Mère venait de lui jeter un seau dessus.
Ce qui était suffisant pour justifier sa colère, apparemment.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMer 27 Mar 2013 - 9:02

Aussitôt dit, aussitôt fait; Halloween fila vers la cuisine, accompagné d'un cri strident qu'Antoine devina être une manifestation plus ou moins bruyante de joie. Il n'avait pas pensé à lui demander en quoi exactement allait constituer sa petite plaisanterie du jour, mais le bruit des placards violemment vandalisés répondit sans trop de mal à sa question muette. Il leva un sourcil sans un commentaire, puisque de toute façon il avait autorisé Halloween à réveiller Emrys – et dans cet assentiment, on comptait le terrible 'par tous les moyens'. Il n'avait par conséquent pas le droit de se plaindre ou de protester. Enfin, il l'arrêterait malgré tout s'il décidait de lui coller un fer à repasser sur la joue, ça allait de soi: mais comme l'esprit frappeur semblait être dans de bonnes dispositions, Antoine jugeait le britannique à l'abri des blagues trop douteuses ou dangereuses. D'ailleurs, en parlant du loup...
Les battants de la cuisine s'ouvrirent à nouveau sur Halloween, qui revenait avec un seau d'eau dans les bras. Antoine recula par réflexe, n'ayant que très moyennement envie de finir trempé dans le processus, et admira le superbe lancer du poltergeist, qui fit mouche du premier coup. Une bonne douche glacée pour la belle endormie qui, tirée de son sommeil artificiel par le baiser liquide, toussait son mécontentement.

Pour un peu, Antoine aurait applaudi la précision d'Halloween. C'était beau.

Emrys n'avait pas l'air d'en penser autant de son côté, vu la jolie farandole de grossièretés qui sortait de sa bouche tandis qu'il s'asseyait péniblement. Un peu sonné, un peu confus, mais conscient qu'on venait de l'arracher aux bras de Morphée d'une façon on ne pouvait plus cavalière. Tu n'avais qu'à tenir sur tes deux jambes tout du long, pensa Antoine avec ironie, nous n'en serions pas venus à de telles extrémités.
Abruti, il lui lança un regard qui criait son incompréhension. Complaisant, Antoine lui renvoya un charmant sourire en guise de réponse.

« Ça va pas, non ?! »

Une chose était sûre, c'était qu'il allait mieux que lui, en tous les cas. Il n'était pas mouillé et sa tête ne jouait pas les carillons comme devait le faire celle de son Némésis à l'instant. Du reste, oui, il se pensait sain d'esprit... Si on considérait qu'il n'avait pas eu entre ses mains l'anse du seau qui l'avait cruellement réveillé. Lui n'avait donné qu'une permission dont la fautif aux yeux oranges aurait tout à fait pu se passer. Mais Antoine savait aussi que si Halloween n'était pas arrivé en secouant ses manches et gémissant son ennuie, il aurait fini par le faire lui-même, et sans beaucoup de remords en plus de ça.
Ce n'était que de l'eau, il n'allait pas s'y noyer. Pas besoin d'en faire toute une comédie, hm ?

« Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé, se contenta-t-il de faire remarquer, j'aurais aussi bien pu te laisser là à la merci de n'importe quel détraqué... Ou faire bien pire. »

Non, il ne trouvait aucun plaisir à prendre avantage des pauvres gens assommés: par contre, ça l'amusait de le faire croire, et 'bien pire' englobait beaucoup de choses qu'il aurait pu lui faire. Tout était une question d'interprétation. Quitte à passer pour un monstre auprès d'Emrys, n'est-ce pas, il n'était plus à ça près.
Ah tiens. Même debout, maintenant, il n'était pas exclu qu'il attrape froid. L'idée étira un peu plus son sourire.

Il ne fallait pas menacer de m'envoyer une chaise à la figure, mon brave.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 5 Avr 2013 - 23:28

    Le seau se balançait au bout de son anse, d'un air coupable que ne partageait absolument pas son utilisateur. En effet Halloween, tenant l'objet inutile pour un temps à bout de bras, en était plutôt à écouter le flot de jurons déversé par sa victime d'un air gourmand. Oh, oh, c'était vraiment très mal d'être grossier comme ça ! Très très vilain, jolie princesse - oh, il était drôle, celui-là. Bien que le ruissellement aqueux sur les épaules du pensionnaire ait quelque chose de terriblement réjouissant, l'enfant était d'autant plus intéressé par la qualité de son langage qu'il n'utilisait jamais lui-même d'expressions grossières : le pantin grotesque avait beau déclamer quelques horreurs dans des demi-obscurités, ses lèvres qu'épargnait la roture n'exhibaient qu'une poudre sucrée trompeuse et non la saleté acide qui noircit les dents. Il était sage, lui ; un enfant sage garde la bouche propre.
    Parce que sinon, sinon... sinon il faut la racler à la lime à ongles.
    Un gloussement lugubre échappa à l'esprit frappeur, qui ne prêtait aucune attention à la scène qui se déroulait sous ses pieds alors qu'il flottait près du plafond comme une figure de chiffon barbouillée de feutre.
    Est-ce qu'ils allaient recommencer à se battre ? Se demandait-il en les observant du coin de l'œil en balançant lentement son récipient vide. Il lui aurait plu de leur lancer des cailloux comme il l'aurait fait à des chiens galeux en pleine rue. Le stoïcisme ne vaut rien, il est ennuyeux ; si l'on veut s'amuser, il faut quelques cris. Et en général, les humains s'en sortent bien dans cette voie. Alors il voulait observer le spectacle.

      « Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé, j'aurais aussi bien pu... »

    La mention soudaine de son nom eut l'effet inattendu de faire effectuer à Halloween une galipette enthousiaste accompagnée d'un cri de volaille à qui on tord le cou qui s'éternisa comme la sirène d'une ambulance. L'enfant laissa choir sans précaution son fardeau sur les deux jeunes gens et fila se cacher dans les rideaux avec un hurlement mécanique en decrescendo, jetant les draps moisis sur ses épaules dans un geste ample des bras, avec la grâce bancale d'un fantôme centenaire. Il fila entre les tentures avec un gloussement et heurta sans précaution la tringle, qui laissa échapper un billet blanc avant de se décrocher et de s'écraser au sol. Halloween s'écroula sous les lours rideaux sans support, petit tas gigotant de tissu. La feuille entre les dents, ils tenta de trouver une issue au piège.


[Halloween gère]


Dernière édition par Halloween le Dim 7 Avr 2013 - 0:30, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 6 Avr 2013 - 13:29




Halloween soulève les rideaux, et trouve :

« Une feuille cachée à l'intérieur de la barre qui soutient les rideaux. Il manque de tuer le joueur suivant en la détachant. »

[ACTION 3/4]


8


Le XX/YY,

Outre les I. et les quelques connaissances que je me suis faites, il est temps de parler d'un phénomène étrange que j'ai rencontré dans ce pensionnat. On me l'a expliqué comme si il s'agissait d'une chose particulièrement normale, comme si ce n'étaient qu'une banalité d'usage... J'ai eu un peu de mal à le croire, jusqu'à ce que je le voie de mes yeux. Nelly m'a montré, pour essayer de me convaincre, et je dois dire que je suis... plutôt convaincu.

C'est ainsi qu'on m'a mis au courant des Alter Ego Astraux, souvent contracté en A.E.A. par les pensionnaires. Qu'est-ce ? Ce sont des animaux, déjà, de natures diverses et variées... Ils apparaissent à l'arrivée d'un nouveau pensionnaire, quelque part dans le bâtiment, et restent parfois plusieurs mois sans se manifester. Cependant, la plupart des pensionnaires trouvent très rapidement leur A.E.A., de par le lien qui les unit. En effet, les animaux, en plus d'apparaître de nulle part, sont profondément liés à l'imaginaire du pensionnaire. Ils proviennent en général d'un ami imaginaire inventé auparavant, ou d'un animal qui a une symbolique particulière pour nous. Je me suis ainsi vu affublé d'un compagnon à la taille ridicule et que j'ai eu bien du mal à distinguer au début. La coccinelle qui me sert d'A.E.A., , étant en plus comme tous les autres douée de parole, m'a signifié sa présence de sa petite voix et nous avons rapidement fait connaissance. Disons que sa personnalité correspond à celle d'un Jiminy Cricket parfait, un compagnon, un conseiller. C'est peut-être ce qui m'était passé par la tête le jour où je l'ai imaginée. On s'est moqué de moi, les autres enfants choisissant plutôt le lion plein de majesté ou le fier destrier. L'insecte bête à bon Dieu était pourtant pour moi synonyme de sage discrétion et de discernement élégant. Mais qu'elle en vienne à exister réellement... si fragile, si frêle.. Et si il lui arrivait quelque chose, en serais-je affecté ? Tant de questions qui se bousculent sans trouver de réponse.




Sköll ... Sérieusement, tu es trop chanceuse avec Halloween 8DDD

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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeMar 9 Avr 2013 - 9:51

Du sourire d'Antoine ou du sifflement strident qui résonnait entre ses oreilles, Emrys n'aurait su dire lequel des deux lui donnait le plus la nausée. En outre, son honneur blessé n'allait pas tarder à faire valoir ses droits ; or plus que la douleur lancinante qui faisait vibrer sa tempe, plus que l'eau glacée qui dégringolait le long de ses cheveux bruns, c'était la honte qui le rendait malade. Il se sentait aussi idiot qu'un enfant pris en faute : c'était ça, d'agir sans réfléchir. Il avait voulu jouer aux plus malins, avait attrapé une chaise et s'était retrouvé assommé avec. S'il avait été en maternelle, sûrement aurait-il été puni plus sévèrement qu'Antoine. C'était lui qui avait commencé, après tout – c'était de sa faute et uniquement de sa faute.
Mais ça, comme tout enfant qui se respecte, il comptait bien le nier jusqu'au bout.
Pestant intérieurement contre ses vêtements trempés – gêné surtout par l'application soudaine que mettait son t-shirt à lui coller au corps – Emrys se félicita tout de même d'avoir sa veste sur lui. C'était définitivement mieux que rien.

« Tu devrais plutôt remercier Halloween de t'avoir réveillé – à ces mots, le britannique leva les yeux en quête de l'esprit frappeur – j'aurais aussi bien pu te laisser là à la merci de n'importe quel détraqué... Ou faire bien pire. »

Profondément outré par la multitude de choses que ce « bien pire » pouvait sous-entendre, le britannique jeta un regard noir à Antoine. Oh, il ne doutait pas que ce psychopathe en devenir aurait adoré lui faire quoi que ce soit de cruel, humiliant ou déplacé pendant son sommeil forcé ; venant d'un type aussi amoral, plus rien ne pouvait l'étonner. Seule l'idée de s'être bêtement mis en situation de faiblesse devant lui était réellement inquiétante. Se retrouver attaché, peinturluré, chauve ou déshabillé dans une pièce ou une autre ne l'aurait pas enchanté, loin de là : or il l'en pensait capable. Tout à fait capable, même.
De là à remercier Halloween de l'avoir réveillé, il y avait des limites. Ces deux abrutis étaient aussi détestables l'un que l'autre.
La brusque visite d'un seau, qui s'écrasa on ne peut plus délicatement entre eux, décida le britannique à ne pas passer sa vie assis par terre. D'un geste maladroit et mal assuré, encore un peu sonné, Emrys se hissa sur ses deux jambes. Nouveau regard noir en direction d'Antoine, grimace agacée vers l'esprit frappeur. Si cet espèce d'attardé volant continuait de faire autant de bruit au-dessus d'eux, étant donné l'humeur noire dans laquelle était plongé le jeune homme, il y avait fort à parier pour que le seau retourne faire un coucou amical à son propriétaire dans la minute. Quitte à casser une fenêtre ou deux dans le procédé, il n'était plus à ça près : ses oreilles sifflaient atrocement, le monde tanguait encore un peu et n'avoir pour seul paysage que deux personnes haïssables n'aidait franchement pas.
Vraiment, vraiment pas.

« Je vais pas remercier qui que ce soit, grommela-t-il en passant une main sur son visage encore blanc. Si t'avais fait quoi que ce soit de... De douteux, je t'aurais – »

Un bruit inquiétant l'arrêta ; yeux levés, pupilles rétractées, il eut à peine le temps de pousser une exclamation affolée. Un pas en arrière, la lourde barre qui heurte le plancher et l'instant d'après, ses chaussures qui glissent sur le sol humide : comme lorsque la chaise avait violemment frappé sa tempe, il lui sembla vivre la scène au ralenti. Sauf qu'il n'était pas assommé, cette fois. Son cœur battait à tout rompre et son coccyx lui envoyait des signaux de détresse par millier, mais au moins était-il parfaitement conscient.
Alors il se redressa sur les genoux, se remit vaille que vaille debout. Attrapa la hanse du seau – qui par bonheur traînait encore dans les parages – et asséna un violent coup sur l'épais tas de rideaux.

« T'as failli me tuer, espèce de taré ! » Trop fatigué pour tenter d'assassiner un esprit frappeur probablement immortel à travers autant de tissu, il laissa tomber son arme au sol. « Maintenant sors de là si t'es un homme ! »

Oubliant allègrement le ridicule de sa remarque – entre un travesti et un poltergeist, le terme d'homme avait du soucis à se faire –, il donna un coup de pied rageur dans le tas de rideaux. A cause de lui, il allait falloir remettre tout ça en place plus tard ; ben tiens, tant qu'à faire. Comme si s'être énervé, avoir fini assommé, trempé et quasiment tué par une tringle XXL ne suffisait pas.
Ce n'était vraiment pas sa journée. Et dire qu'il n'avait même pas retrouvé Bilboquet.
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Antoine de Landerolt
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Avr 2013 - 8:44

...

Antoine ferma les yeux une demi-seconde, le temps d'un court deuil pour ses oreilles qu'Halloween s'était complaisamment amusé à détruire ces dix dernières minutes. Le ricanement insupportable de l'esprit frappeur rebondissait contre les murs de la salle à manger, et le peu qui parvenait à s'échapper par les serrures ne suffisait pas à rendre le concert moins amer. S'il s'était écouté – et grand dieu, heureusement qu'il ne s'écoutait pas la plupart du temps –, le gamin en orange se serait retrouvé enroulé dans les rideaux comme un paquet cadeau de mauvais goût et précipité par la fenêtre pour avoir un peu de silence. Ce n'était pas grand chose, et certainement quelque chose que l'invité surprise aurait pu leur offrir s'il avait su faire preuve d'empathie ou d'obéissance.
Puis sans crier gare, Halloween laissa proprement choir le seau délaissé qui rebondit entre lui et Emrys, faisant sursauter le jeune homme aux cheveux blonds; il fit un pas en arrière, fusillant du regard l'entité maléfique qui était partie se réfugier sous les lourdes tentures qui encadraient les fenêtres. C'est ça, qu'il se cache de quelques représailles ou aille jouer à cache-cache avec les poussières: ce n'était pas Antoine qui allait s'en plaindre. Occupés à gribouiller, les enfants sont toujours plus supportables.
Entre temps, Emrys semblait s'être décidé à rompre avec le carrelage humide, mal assuré sur ses deux jambes et encore un peu hésitant. Forcément, à partir se battre à tout va et sans se soucier des conséquences, on revenait souvent cassé et démit de partout. Ce coup de chaise, il l'avait mérité en ce qu'il n'aurait pas hésité à lui mettre la sienne au coin de la tête à la première opportunité; et puis, occultant ses propres provocations, c'était lui qui était venu le chercher. Qu'il ne s'en plaigne pas et considère la giclée d'eau comme l'ovation des spectateurs à la fin de la pièce.

« Je vais pas remercier qui que ce soit. Si t'avais fait quoi que ce soit de... De douteux, je t'aurais – »

Disons l'entracte, plutôt. Les yeux écarquillés, Antoine vit la tringle qui soutenait la nouvelle cachette d'Halloween s'écraser à terre dans un bruit sourd, à l'endroit où se tenait Emrys quelques secondes plus tôt. Monsieur était d'ailleurs parti réembrasser le sol malgré lui, tout abasourdi, et à partir de là tout s'enchaina très vite. Dans les meilleures dispositions pour une discussion calme et posée, le britannique s'était relevé et avait empoigné le seau avec humeur pour asséner un coup au poltergeist qui se débattait dans les tentures.
Amour et paix sur terre, songea Antoine avec un soupir, la voix mélodieuse d'Emrys ayant remplacé les cris extatiques de l'esprit aux longues manches. Honnêtement, il ne savait pas lequel de ces deux bruits de fond il préférait. D'un côté les hululement incessants d'un gamin égocentrique, et de l'autre les injures d'un imbécile qui aurait mieux fait d'apprendre à maîtriser sa colère. Dur de faire un choix.

Les yeux foncés d'Antoine suivirent la forme droite et raide de la tringle qui gisait au sol. Il était vrai que si elle lui était tombé sur la tête, Emrys aurait eu de quoi se plaindre – ou de ne plus se plaindre du tout, en l'occurrence. Quelle journée, et dire qu'elle n'était pas encore terminée !
Sur ce, ses deux meilleurs amis eurent de nouveau droit à toute son attention, et un sourcil levé en guise d'interrogation muette.

« Et quand il sortira, tu le frappera jusqu'à ce que mort s'ensuive, c'est bien ça ? »

Si toutefois le terme de mortalité pouvait s'appliquer à l'incarnation d'un concept flou telle que la fête d'Halloween. Pensant qu'il aurait tout aussi bien pu les laisser à leur querelle nouvelle en s'esquivant par la porte de secours, Antoine se fit la remarque qu'il n'avait pas mieux à faire ailleurs, sinon errer avec de la lecture sous le bras. D'ailleurs, son livre était toujours là; et ça aurait été bête de l'oublier en sortant. Et puis franchement, ici ou là-bas... L'ennui ne se gênerait pas pour enserrer autour de sa gorge ses longs doigts glacés. Ici, il avait le mérite d'avoir le son (peu lui importait la qualité) avec les images.
Mais oui, reste, Antoine. Tu vas en avoir pour ton argent, dans quelques minutes.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeDim 14 Avr 2013 - 1:10

    Halloween avait de la poussière dans le nez et du moisi dans les yeux, ce qui, ajouté au goût âcre de la feuille qu'il tenait entre ses lèvres desséchées, rendait sa situation bien peu agréable. Elle l'était d'autant moins que, la lourdeur des tentures aidant, l'esprit frappeur ne parvenait pas a d'en dépêtrer. Gigotant en tous sens et entravé par l'ampleur de ses propre habits, Halloween ne réussissait qu'à s'emmêler encore plus dans les plis du rideau.
    Jusqu'à ce qu'un coup violent ne vienne s'écraser sur son crâne, coup que l'épaisseur combinée de la capuche et du rideau n'amortit malheureusement pas assez. Et qui sonna étrangement creux. Sonné, le poltergeist s'étala comme une chiffe molle sous les tentures sombres, face contre terre, le temps que la réalité de la situation lui monte au cerveau.
    On avait beau dire, un coup perpétré à dessein n'était pas pareil qu'une porte. Et déjà que le fait qu'un morceau de bois puisse lui faire mal avait des difficultés à s'imposer à sa tête creuse - et en aurait manifestement toujours, mais les rares beignes qu'il se prenait de la part des pensionnaires les plus agressifs avaient le don de le mettre dans le coma.
    Enfin. Un coma d'une minute trente.
    Un flot de chauves-souris grisâtres aux ailes engluées de toiles d'araignées s'échappa des rideaux et s'éparpilla dans toute la pièce ; alors qu'Halloween, porté par le flot, effectuait un roulé-boulé jusqu'à la porte de la cuisine où il s'arrêta, jambes croisées et mains sur la tête.

      « Ça va pas ?! Ça fait mal ! » Geignit-il avec colère en frottant sa capuche - laquelle semblait bien faire partie intégrante de son anatomie.

    L'esprit frappeur leva les yeux sur son agresseur, dardant sur lui un regard noir ; le fait que cette revanche soit méritée ne lui vint évidemment pas à l'esprit. C'était quoi cette façon de brutaliser les enfants ? Le fait que le garçon brun ait employé l'outil même utilisé par Halloween à ses dépens inspira à ce dernier une sensation de profonde injustice. C'était de la triche !
    Élément qu'il s'apprêtait par ailleurs à souligner lorsque, baissant les yeux, il avisa la tache blanc usé déposée sur ses genoux par son insupportable bavardage.
    Tiens. Une feuille.
    Halloween ressentait une étrange impression de déjà-vu.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeJeu 18 Avr 2013 - 11:26

« Et quand il sortira, tu le frappera jusqu'à ce que mort s'ensuive, c'est bien ça ? »

Prêt à redonner un coup de pied pour marquer son mécontentement, Emrys s'immobilisa sur place ; le frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive ? Il jeta un regard noir à la forme apparemment immobile sous les lourdes tentures, à Antoine, à la tringle – et, en désespoir de cause, tapa du talon contre le carrelage en reposant son pied au sol. Non, il n'allait pas le tuer. Est-ce qu'il aurait seulement pu, de toute façon ? Peu probable. Alors ça n'avait aucun intérêt, alors il ne le ferait pas – et ignora allègrement tout ce qu'un raisonnement aussi stupide pouvait induire. Même s'il avait pu le tuer, il ne l'aurait pas fait. Seulement pour l'instant, ce n'était pas cet argument qui primait. Non, pour l'instant il restait persuadé que, si, il l'aurait tué : il aurait même eu raison de le faire.
Malgré son attitude bravache, ses épaules et ses jambes restaient secouées de tremblements. Il avait bien failli se faire tuer et ça, son corps s'en souvenait parfaitement. Le bruit de la tringle heurtant violemment le sol allait résonner encore longtemps dans ses oreilles. BAM : tu as failli y passer. Alors tant que son cœur battrait à cette vitesse, il continuerait de vouloir perpétrer un meurtre sur la personne d'Halloween. Malheureusement pour tout le monde, ça pouvait durer un moment. Pour une fois qu'Antoine n'était pas la cible de sa colère ; il aurait dû s'en réjouir, au lieu de lui faire des remarques. Qui plus est, se débarrasser du Poltergeist aurait soulagé les oreilles d'à peu près tout le monde. Un véritable acte de charité.
Comme pour confirmer qu'il faisait partie des sept fléaux de l'humanité, l'enfant fit s'envoler une nuée de chauve-souris des rideaux usés. Un bras devant son visage pour le protéger d'éventuelles représailles, Emrys attendit que ces fichues bestioles se soient éloignées ; il n'aurait su dire si elles étaient réelles ou non et tenait à ses yeux. A force d'être confronté à des pouvoirs de toute sorte, il avait appris à fuir les illusions tout comme le reste. Ce n'était pas un mal, vraiment – et face à quelque chose de potentiellement dangereux, mieux valait trop de protections que pas assez. Prudence est mère de sûreté, grommela-t-il pour lui-même en relevant doucement la tête vers l'esprit frappeur : or il comptait bien rentrer chez lui un jour. Mourir ou devenir aveugle aurait sérieusement compromis ses plans.

« Ça va pas ?! Ça fait mal ! »

Bien fait. Satisfait et persuadé d'être dans son bon droit, Emrys se permit de lui adresser un joli sourire. Ça lui apprendrait à essayer de tuer les gens pour de vrai.
Tout en soufflant pour reprendre ses esprits – définitivement, cette fois –, le jeune homme eut le malheur de reposer ses yeux sur Halloween. Il les plissa, les écarquilla : garda, dans un heureux sursaut de politesse, ses jurons pour lui.
Pour ne pas avoir entendu parler des feuillets de Rudy, il fallait au moins être un ermite. Ou complètement indifférent à sa condition. Emrys n'était ni l'un ni l'autre et, quoi qu'il avait plus ou moins abandonné les recherches de son côté, il continuait de se tenir informé auprès de ceux qui, parmi ses connaissances, aimaient à passer une bonne partie de leur temps à flâner au GGL. Quand une feuille un peu usée tombait comme par magie d'une tringle de rideau, ça ne pouvait pas être trente-six mille choses.
Pointant Halloween du doigt comme le dernier des idiots, il lança un regard courroucé à Antoine. Ne pas oublier que tout était de sa faute, ici.

« C'est une feuille ! »

Quitte à lâcher les pires de platitudes, autant le faire avec classe.
Et étant donné qu'il était trempé, que son bras tendu tremblait et qu'il avait l'air parfaitement à côté de la plaque, effectivement, il n'aurait pas pu faire beaucoup mieux.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeSam 20 Avr 2013 - 2:27

...

Toute cette agitation digne d'une garderie donnait envie à Antoine d'attraper les deux sales gosses par le col et les remettre à leur place – pour enfin pouvoir savourer un peu de silence, luxe que personne n'était en mesure de s'offrir au pensionnat où les adolescents immatures et les enfants cavalaient sans s'arrêter du matin jusqu'au soir. Oh, la nuit aussi, tout bien réfléchi, puisque certains réussissaient à ne pas mourir de fatigue une fois la lune levée. Halloween immobile sous le rideau, Emrys fulminant en silence à ses côtés, il eut cette désagréable impression d'être une mère de famille accablée par les cris et les pleurs au cœur d'un moment bienvenu de répit et de paix. Il doutait néanmoins d'avoir le temps d'en profiter d'une quelconque façon que ce soit et, au moment même où il songeait à les envoyer rejoindre la sirène et le calamar par la fenêtre, Halloween le lui prouva en leur envoyant à la figure une nuée de bestioles en nuances de gris sale. La main devant les yeux pour prévenir tout accident, Antoine attendit que la tempête soit passée pour chercher l'esprit frappeur du regard.
Il le trouva devant la porte de la cuisine, mains sur la tête et renfrogné. Visage poupin contrarié, punition méritée, petit sourire de la part d'Emrys; Antoine se contenta de lever les yeux au ciel, pour faire montre de toute l'intérêt qu'il portait à ce coup de seau et cette tringle violemment délogée de son emplacement. Sinon, au lieu de se battre comme des chiffonniers (qui avait lancé la chaise dans la tête d'Emrys, déjà ?), qu'auraient-ils dit de régler leurs différents en s'insultant avec bienséance ? Aucun risque, songea-t-il avec un soupir intérieur. Les enfants restaient des enfants, n'est-ce pas...

« Ça va pas ?! Ça fait mal ! »

Il y avait en effet peu de risque pour qu'un coup de seau en pleine tête fasse du bien. La vie était plus difficile pour les êtres faits de chair et de sang et non de courants d'air. On se prenait des portes, des murs, des poings parfois... Oh, quelques livres à l'occasion, aussi. Bref, leur existence était palpitante, parsemée de bleus et de blessures en tout genres. Halloween devait apprécier les affres que lui offrait sa nouvelle existence.
A ces mots, Antoine jeta un vague regard aux chaises, avec une pensée pour ses pauvres tempes qui auraient prit cher si Emrys avait su viser. Heureusement pour lui, le Britannique était aussi précis et agile qu'un lama grabataire: sans ça, il aurait eu de quoi s'en faire.
Et des vêtements trempés, également.

La première chose qu'Antoine vit en reportant son attention sur Emrys, ce fut le regard noir qu'il lui adressait et le doigt qu'il tenait pointé en direction d'Halloween. Le jeune homme fronça les sourcils, suivit la direction qu'il lui indiquait sans trouver ce qu'il y avait là d'extraordinaire.
Oui, c'était Halloween. Eh bien quoi ? Le choc lui avait ôté la mémoire ou endommagé les cellules grises ? Ça aurait bien été sa veine.

« C'est une feuille ! »

Hun hun. Ses yeux descendirent jusqu'au rectangle blanc qui reposait sagement sur les genoux de l'enfant, et son esprit encore abruti par le bruit ne fit pas immédiatement le lien avec les feuillets du journal de ce très cher Rudy. Il n'était jamais parti à la chasse aux feuilles, avait jugé plus utile de laisser les autres s'en charger; posant sur Emrys un regard atterré, il lui répondit donc:

« Oui, c'est une feuille. Venant de toi, cette constatation m'ét-... »

Il se tut au beau milieu de sa phrase, y laissant un blanc abrupt qui se perdit dans le silence. Il eut le temps de se maudire un millions de fois durant la courte seconde pendant laquelle ses yeux bruns firent le voyage d'Emrys à Halloween, durs et fixes. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler, cela t'évitera bien des ennuis, Antoine. Oui, j'avais presque oublié que c'était souvent utile. Pardon.

Et lui, il n'avait pas intérêt à aller l'enterrer quelque part.

« Certains ont de la chance dans leur malheur, on dirait. »

Son sourire était peut-être un brin trop tendu: sa réaction hypocrite, aussi, puisqu'il aurait lui-même gardé la feuille pour lui s'il l'avait trouvé. Mais elle aurait été là, dans un tiroir ou dans une poche, fonctionnelle s'il avait voulu s'en servir.
Le problème était juste là. Il craignait qu'Halloween ne désire en faire des cotillons et mette son idée à exécution sur le champ, sans trop réfléchir et dans un cri aigu et ravi. Il avait beau ne porter qu'un intérêt mitigé à cette chasse au trésor, toute porte de sortie était bonne à prendre.

Antoine voulait rentrer chez lui. Le plus tôt serait le mieux, il avait déjà trop attendu.
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr 2013 - 4:01

    Halloween fronça les sourcils et laissa retomber ses bras, décochant un regard courroucé au morceau de papier usé, tandis que la sensation de déjà-vu se précisait. Levant les yeux un bref instant - juste histoire d'être sûr qu'on ne lui lançait rien à la figure, cette fois - il aperçut le sourire sardonique d'un des deux garçons - c'était injuste d'abord; c'était Antoine qui lui avait dit de lui lancer ce seau à la figure, au brun. Il n'aurait pas dû s'en prendre à un enfant sans défense plutôt qu'à quelqu'un de sa taille. C'était une tactique de lâche, juste de lâche, en fait il avait juste peur qu'Antoine lui donne un autre coup de chaise.
    Il aurait dû se prendre la barre dans la figure, ç'aurait été bien fait.
    Et Halloween aurait pu pérorer ainsi longtemps en son for intérieur si Emrys n'avait pas tout à coup remarqué ce que lui avait chassé de ses pensées depuis environ une minute au profit de plaintes nettement plus intéressantes - à savoir, la misérable feuille qui gisait sur ses genoux.

      « C'est une feuille ! » S'écria la belle au bois dormant en pointant du doigt le poltergeist - ou plutôt ses genoux - d'un air fâché.

    Halloween faillit dare-dare répliquer que c'était très mal poli de montrer du doigt.
    La seule chose qui l'en empêcha, tout comme elle l'empêcha de prêter attention aux paroles d'Antoine qui paraissait prêt à disserter sur le même sujet, fut que l'acte ramena son attention sur la feuille, et par conséquent, sur le problème qu'elle posait.
    Disons que si, contrairement à son habitude, le gamin ne sauta pas sur l'occasion pour embêter le plus possible les deux garçons en jetant le papier sous l'eau ou en en faisant des confettis, ce fut uniquement parce qu'il se souvenait très bien de la dernière fois où il en avait eu un du même genre entre les mains.
    Ça lui avait fait - un peu - mal. Il paraît qu'on peut dresser n'importe qui par stimulations négatives. Puisque même Halloween en venait à hésiter à réitérer l'expérience, cela devait être vrai.
    Quoi qu'il en soit, en voyant les deux pensionnaires se tourner vers lui comme un seul homme - enfin façon de parler - le garçon eut un mauvais pressentiment. Il fit un bond en l'air et y resta suspendu, agitant la feuille de haut en bas à bout de bras comme si elle s'apprêtait à le mordre.
    Ce faisait, il foudroya les deux humains du regard.

      « Eh ! Wait, wait ! On se calme ! » Même si aucun des deux n'avait encore fait de geste agressif.

    En fait, Halloween aurait très bien pu déguerpir sans demander son reste en abandonnant la feuille - dont il n'avait strictement rien à faire - derrière lui, et garder le reste de son corps à peu près intact pour la journée. Il aurait aussi pu s'enfuir avec et aller la cacher dans un quelconque recoin obscur où personne n'irait chercher, avant d'essayer de récupérer toutes les autres qui pourrait traîner partout afin de donner encore plus de fil à retordre à tous ces pensionnaires ingrats. Cela dit, d'une part, il avait quand même un peu trop d'amour-propre pour s'enfuir comme une poule mouillée - enfin, avant qu'on se mette à lui taper dessus - et d'autre part il était trop content d'avoir trouvé des vivants aux dépends desquels s'amuser pour les laisser en plan maintenant.
    Au final, le gosse pointa un doigt sur la belle au bois dormant.

      « Je te la donne. Si tu t'excuses de m'avoir tapé. » C'est qu'il lui avait fait mal. « Y'en a peut-être d'autres, même. »

    Pour le moment, la crainte de la brutalité humaine semblait rendre Halloween un peu plus docile, puisqu'il alla jusqu'à se rapprocher du sol pour gratter les dalles qui avait autre fois dû être blanches - et se paraient aujourd'hui d'une délicate couleur marronnasse proche du caca d'oie. Entre les interstices, il y avait eu des creux, un jour, d'abord. C'est vrai, il y avait peut-être une feuille là, aussi.


Dernière édition par Halloween le Ven 26 Avr 2013 - 4:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4   [RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4 - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr 2013 - 4:10




Halloween fouille les dalles, et trouve :

« Une des dalles s'envole étrangement, et assomme le joueur suivant. Il saute un tour. »

[ACTION 4/4]

C'est terminé pour aujourd'hui ! Et c'est peut-être mieux... Comme ça.
Emrys est vraiment maltraité dans ce topic ... C'est un grand chanceux ...8'D

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[RUDY] Strike me down if you think you're a man. || Antoine de Landerolt 3/4

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