Katixa avait passé la nuit éveillée à veiller son fils Kaydon, il était à l'hôpital. Elle lui avait parlé longuement, lui demandant d'être fort et de ne pas avoir peur. Que tout irait bien, qu'il allait se sentir mieux et qu'il ne fallait pas s'en faire. Mais son cœur de mère était crispé par la douleur. Elle essayait d'être forte pour ne pas qu'il ait peur, mais elle-même était effrayé comme pas possible, elle savait que la fin était proche, mais en même temps elle allait avoir enfin un répit, car elle savait qu'il souffrait et que la maladie allait finir par l'emporter un jour ou l'autre. Par contre, elle n'était pas prête de lui dire adieu. Ce petit bonhomme avait d'à peine deux ans, avait mis un baume sur ses plaies et fait briller le soleil depuis le premier jour qu'elle l'avait tenu dans ses bras.

Il lui avait été impossible de ne pas l'aimer, impossible de ne pas tout faire en son pouvoir pour voir s'illuminer son visage d'un sourire. La première fois qu'il avait dit : "maman" et qu'il avait marché seul avait été les moments les plus inoubliables de sa vie. Et maintenant, il semblait si petit dans ce lit d'hôpital. Il se réveilla en pleurant, elle le prie dans ses bras pour tenter de le réconforter et de garder cette étincelle de vie qu'il avait au fond des yeux. Elle le berça longuement, en flattant ses cheveux et passant une main affectueuse sur les traits du petit garçon. Puis il laissa échapper son dernier souffle de vie. Elle lâcha un hoquet de douleur et pleura en serrant fort ce petit ange. En murmurant son nom faiblement : « Kaydon, petit amour, maman est là, Kaydon tout va bien ! Kaydon... ». Puis elle appuya sur le bouton pour appeler les infirmiers et docteur.

Ils arrivèrent en trombe dans la chambre pour voir ce qu'il y avait. Le spectacle était désolant. Cette jeune mère d'à peine 19 ans, venait de comprendre le triste cycle de la vie et vivait maintenant la pire douleur qu'un parent peut vivre : la perte d'un enfant. Ils essayèrent de prendre l'enfant des bras de Katixa, mais celle-ci ne les laissa pas le prendre immédiatement. Elle couvrit le visage de l'enfant avec de petits baisers et avant de leur laisser elle murmura : « Maman t'aimera toujours Kaydon, ne l'oubli jamais et soit heureux là où tu es ! ». Ils finirent par pouvoir prendre l'enfant, Katixa tenta de se relever, mais ses genoux flanchèrent et elle s'écroula au sol, normalement elle ne pleurait jamais devant personne, mais là, il lui était difficile de faire autrement. Ils la prirent pour la coucher dans un lit, pour qu'elle se repose, lui piquèrent le bras pour l'endormir à l'aide d'une intraveineuse.

Quand elle se réveilla, remarquant que son petit n'était pas près d'elle, Katixa arracha l'aiguille qui transperçait son bras et se leva. Elle était encore à l'hôpital, mais ne voulait rien savoir de ces lieux. Elle prie sa veste qui était déposée sur le dossier d'une chaise et l'enfila. Elle sentie ses clés de voiture frapper sa hanche gauche, mit sa main à l'intérieur de la poche puis quitta cet endroit de malheur. Plus jamais elle ne mettrait les pieds dans un hôpital, elle se le jura. Elle marcha rapidement à travers des dédales de l'hôpital puis le stationnement. Elle trouva rapidement sa voiture rouge, une vieille bagnole qui commençait à rouiller de partout. Elle avait vendu sa belle voiture neuve, car incapable de la payer, elle avait laissé son emploi pour s'occuper de son fils et avait pris une vieille voiture pour ses déplacements quotidiens.

Elle ouvrit la portière et s'installa et fit démarrer le moteur, ferma la portière d'un claquement sonore. Ne prie même pas la peine de s'attacher et quitta le stationnement. Elle se mit à rouler sans savoir dans quelle direction elle devait se rendre. Parfois elle devait arrêter sur le côté de la route, car elle ne voyait plus rient, tellement ses larmes noyaient ses yeux bleus. Puis elle recommençait à rouler. Jusqu'à se retrouver sur une route de campagne déserte et sans indications, elle roula jusqu'à tard le soir, quand sa voiture manqua d'essence. Elle sortie de la voiture en laissant les clés dans le contact ainsi que sa portière complètement ouverte. Elle monta son capuchon et s'essuya les yeux rageusement.

Elle se mit à marcher, ce n'est pas en restant dans la voiture qu'elle allait trouver de l'aide. Elle s'en voulait un peu de ne pas avoir pensé à mettre d'essence, mais d'un autre côté elle n'avait plus d'argent sur elle et la jeune femme refusait de retourner chez elle ou des images de son fils allaient la hanter, cet appart était rempli de souvenir de Kaydon. Elle marcha longuement, ne sachant pas dans quelle direction elle allait, si elle se rapprochait d'une ville ou s'en éloignait. Une bâtisse imposante avec plein de lumière attira son attention. Elle se demandait ce qu'une telle bâtisse pouvait bien faire au milieu de nulle part. Mais elle avait besoin d'aide, il commençait à faire froid et il était terriblement tard, elle ne savait pas quelle heure puisqu'elle n'avait pas sa montre, mais des bruits d'animaux suspect se faisaient entendre, elle avait même entendu le croassement d'un corbeau et le hululement d'une chouette.

Elle marcha vers la bâtisse, essayant de ne pas courir. Quand elle fut près de la porte, elle leva son poing pour frapper les trois petits coups règlementaires, mais la porte s'entrouvrit. Katixa poussa la porte un peu plus et pénétra à l'intérieur. Il faisait un peu sombre dans le hall, elle fit quelques pas vers l'avant, puis elle entendit le bruit d'une porte qui se referme, elle se retourna assez rapidement pour voir la porte claquer.

« CLAC ! »

Elle sursauta et se dirigea vers la dite porte pour essayer de l'ouvrir, elle avait des frissons de terreur qui lui descendit le long de la moelle épinière. La porte refusa obstinément de s'ouvrir. Qu'allait-elle donc faire ? Elle refit des pas lentement dans le hall et demanda d'une voix forte :

« Bonjour ! Il y a quelqu'un ici ? J'ai besoin d'aide ma voiture est tombée en panne et j'aurais besoin d'un téléphone pour appeler ! »