Prise au piège.

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RPMon oreille vient se plaquer contre l'imposant panneau de bois pour guetter le passage de mes poursuivants... mais aucun son ne vient. Est-ce parce que mes poursuivants ont perdu ma trace et ne sont pas passés par la place sur laquelle je me suis retrouvée ? Ou bien parce que la porte est bien trop épaisse pour que je puisse entendre quoique ce soit provenant de l'extérieur ? Dans tous les cas je profite que personne ne tente de visiter l'étrange bâtiment dans lequel je me suis réfugiée pour reprendre mon souffle, me reposer et faire le point sur ma situation. Si je sors, je cours droit à la mort. Mais d'un autre côté, ma situation est la même si je reste ici : on va continuer de me rechercher et on va finir par fouiller les bâtiments, y comprit celui dans lequel je me trouve. Donc si je sors, je meurs et si je ne sors pas, je meurs aussi. Situation bien difficile... Si seulement Azalech était là pour me conseiller. Je le hais, m'aider toute ma vie et m'abandonner subitement lorsque ma fin est proche, c'est lui qui mériterait de mourir ! Mais le maudire ne m’avancera à rien : il faut que je prenne une décision, et vite. Que faire entre rester ou partir ? Si je reste là ils me retrouveront à coup sûr, tandis que si je pars tout de suite, j'ai peut-être une chance de sortir de la ville avant qu'ils ne m'attrapent...

Cette réflexion me permets de faire mon choix, c'est-à-dire sortir, courir et sauver ma peau. Dans un mouvement un peu hâtif, j'appuie sur la poignée, tire et... Rien ne bouge. La poignée est-elle bloquée ? Vu l'aspect du bâtiment, ce n'est pas particulièrement étonnant : il ne fait aucun doute que le bouton de porte doit être rouillé et difficile. Je le fais donc tourner plusieurs fois dans tous les sens pour être sûre de débloquer le système et tire une nouvelle fois le panneau de bois vers moi. Rien. La porte ne tremble même pas. Je commence à m'inquiéter, tire encore plus fort une fois, deux fois, trois fois... mais non. Mon coeur commence à s'emballer et je décide de passer à la manière forte : je saisis ma faux dans l'optique de briser la porte, tout simplement, et là encore rien ne vient. Je n'arrive pas à soulever mon arme avec la facilité habituelle. En fait, je n'arrive pas à la soulever tout court. Elle me semble soudainement peser une tonne et il me faut l'empoigner à deux mains et y mettre une force conséquente pour réussir à la porter. Choquée, je la repose et recule d'un pas. Rien que cette action me semble difficile, comme si mon corps était subitement devenu plus lourd.

Tout commence à m'inquiéter et mon rythme cardiaque s'accélère considérablement. Je n'ai plus rien à faire de l'extérieur et des Kol'Tuhriens qui m'attendent pour me faire la peau : ma nouvelle préoccupation n'est autre que cette bâtisse dans laquelle je me trouve et la panique quant à mon incapacité de me mouvoir convenablement. Tout en tendant de retrouver mon calme en me forçant à respirer lentement, je me retourne afin de faire face à la salle dans laquelle je me trouve plutôt qu'à cette porte close. Je me retrouve donc face à ce qui peut s'apparenter à un vaste hall. De toute ma vie je n'ai jamais vu de pièces aussi vastes ou élégantes que celle-ci. Tout au fond de la salle un gigantesque escalier s'élève à un étage supérieur. Ses rampes de pierre sont couvertes de motifs et de détails et même la forme globale de la chose semble totalement improbable... mais esthétique. Je n'avais jamais vu quoique ce soit qui puisse s'apparenter au bâtiment dans lequel je me trouve, et à bien y repenser même son aspect extérieur me semblait étrange. Je commence à oublier la peur et à m'habituer légèrement à mon corps lourd tandis qu'une question vient s'imposer dans mon esprit : où suis-je ? Je me mets à fouiller la salle du regard en quête d'un semblant de réponse et ne manque pas de remarquer le panneau en bois situé à la droite de la porte par laquelle je suis entrée. Je m'approche prudemment et trouve la chose placardée de feuilles plus ou moins jaunes et à l'écriture terne. Les textes sont écrits dans des dialectes qui me sont inconnus d'aspect, et pourtant je comprend tout.

La plupart des messages me semblent inutiles et seul le premier attire réellement mon attention. Je le lis et le relis plusieurs fois, me sentant de plus en plus mal à chaque nouvelle lecture. Un mot en particulier me panique : prisonnier. Je ne peux pas le croire, je ne veux pas le croire ! C'est impossible ! Dans un mouvement pire que bête, je me jette sur la porte principale et me mets à la secouer, frapper, tirer et pousser de toute mes forces. Mais rien à faire évidemment, je le savais déjà... Désespérée, je me laisse glisser au sol. Je ne sais pas ce qui me terrifie le plus : le fait d'être apparemment enfermée pour l'éternité, ou celui d'être prise au piège avec d'autres gens. Un frisson d'horreur me parcours l'échine quand je pense au fait que je vais devoir fréquenter du monde, beaucoup de monde. Et si eux aussi me veulent du mal ? Ça sera forcément le cas, ils me veulent tous du mal... Et je ne pourrais pas me défendre, je peux tout juste lever ma faux : dans ce monde-là, je suis faible... C'est alors qu'une voix que je ne connais que trop bien me sort de mes pensées terrifiantes.
« Bonjour, Elessi. »
Je me retourne pour découvrir, flottant en face de moi, une imposante tête de mort noire émettant une étrange lumière vert : un Dædrem.
« Azalech... »