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 LEROY Melvyn ♕ Cold Feet

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Melvyn Leroy
Melvyn Leroy

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• Pouvoir : Rendre tout le monde gay.
• AEA : GLAGLA
• Petit(e) ami(e) : Désintérêt total.

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LEROY Melvyn ♕ Cold Feet _
MessageSujet: LEROY Melvyn ♕ Cold Feet   LEROY Melvyn ♕ Cold Feet Icon_minitimeJeu 1 Mai 2014 - 0:26



* LEROY Melvyn


*nom – Leroy
*prénom –Melvyn
*age – 18 ans
*né(e) le – 25 Janvier 1996

Pouvoir
Lorsque l’on dit qu’il est la reine des glaces, l’on ne peut être plus juste ; Melvyn est une patinoire ambulante, tout simplement. S’il le désire –ou s’il ne le désire pas d’ailleurs-, le sol se transforme en glace sous ses pieds, en général dans un rayon d’un mètre, cependant il peut l’étendre. Le problème, c’est que son contrôle est très limité alors il arrive que le sol gèle sous ses pieds dans des moments incongrus. De plus, son pouvoir réagissant aux émotions, s’il ressent une émotion forte, il y a de fortes chances que le sol ne reste pas indemne.
Comme si cela ne suffisait pas déjà, l’utilisation de son pouvoir semble booster sa croissance capillaire de façon surnaturelle ; s’il a le malheur de l’utiliser trop longtemps ou trop fortement, il est certain de se retrouver avec des beaux cheveux de princesse le lendemain.

Il faut souffrir pour sa passion, parait-il.


Alter Ego Astral
King, un petit pingouin qui n’a pas fait une longue apparition dans la vie du blond, seulement un an lorsqu’il était enfant et présente de nombreuses similitudes avec la personnalité de son ami d’enfance. Le pingouin est toujours de bonne humeur, constamment en admiration et sur le qui-vive, il adore son petit maître qu’il suivrait jusqu’au bout du Sahara s’il le devait. Particulièrement sociable en toutes circonstances, sa plus grande passion est de se jeter au sol pour glisser comme un enfant et accessoirement de pincer les fesses des gens. Très affectueux, il est tout simplement un amour de pingouin avec de légères tendances kamikazes qui inquiètent vaguement Melvyn. Sa manie de se faufiler dans le lit des gens à leur insu est également considérée comme une conduite suicidaire aux yeux de ce dernier.

Passions
La grande passion de Melvyn, ce qu’il aime par-dessus tout, ce pourquoi il tuerait, c’est le patinage artistique. Il en fait depuis qu’il a cinq ans et ne s’en lasse absolument pas ; il y pas photo, c’est ce qu’il veut faire de sa vie. La patinoire est son domaine, toute sa vie, son premier baiser et probablement son dernier, son royaume. Sur la glace, il est le roi. Par ailleurs, c’est un grand fan de l’hiver et peu passer des heures à patauger dans la neige sans soucis.
Le jeune homme possède aussi la particularité de se sentir très à l’aise sans vêtements. Certes, c’est difficilement une passion, mais la volonté qu’il met à jeter ses vêtements dans un coin de sa chambre une fois sa journée terminée est toujours des plus surprenantes pour ceux qui ne sont pas habitués.
La dernière chose qu’il affectionne tout particulièrement, ce sont les chats. Que voulez-vous, il est tout faible face à ces créatures maléfiques, lui aussi…

N'aime pas / Phobies
Melvyn supporte beaucoup de choses, mais il y en a une, une seule qu’il ne peut pas voir, pas même en peinture : les radis. Oui, c’est étrange, il le sait, mais depuis qu’il a failli s’étouffer en voulant en manger un dans son enfance, il a l’impression que les légumes complotent contre lui, et ses cauchemars n’ont pas aidés.
Le garçon déteste se retrouver seul dans une pièce remplie de personnes, déteste qu’on le force à faire quelque chose et haït par-dessus tout se retrouver coincer plus de dix minutes avec un inconnu –enfin, surtout une inconnue ; sa timidité maladive lui pourrit définitivement sa vie sociale.
Si l’on parle de banalité, il n’aime pas voir des ordures traîner, prêter ses stylos, le soleil d’été ou encore le bruit de la tronçonneuse. Melvyn a également en horreur les coiffeurs qui ne savent jamais ce qu’ils font.




« THE COLD NEVER BOTHERED ME ANYWAY »


Caractère

Sur Melvyn courent de nombreuses rumeurs : l’on dit de lui qu’il est arrogant, qu’il est incroyablement gentil, juste à son image, qu’il est en réalité le personnage principal d’un livre, ou bien encore qu’il est le seigneur des démons venu pour détruire l’humanité. En somme, aucune rumeur qu’il ne prendrait même la peine d’essayer de nier –ou n’aurait la force de le faire. Derrière chacun d’elles reposent un peu de vérité sans pour autant tout à fait le décrire. La vérité, la raison sur l’existence même de ces rumeurs, c’est l’aspect secret qui semble en permanence peser sur les épaules, et pourtant qui n’est autre qu’une timidité maladive, une crainte terrible des autres. Les gens ne le connaissent pas, ne le peuvent tout simplement pas, puisqu’il fuit les autres comme la peste elle-même, ce qui, bien sûr, nourrit les conversations.
Ce n’est pas comme s’il l’avait voulu, pas comme si un traumatisme avait soudain fait de lui un garçon qui craint les autres, c’est juste dans sa nature, il est né ainsi, l’angoisse au ventre, destiné à une bien triste vie de constante crainte, un piquet d’argent dans sa roue sociale. Pauvre enfant, que l’on disait, pauvre enfant ne fera rien de sa vie avec une telle faiblesse. Melvyn n’est pas bon avec les gens, pas bon pour tenir une conversation, encore moins pour faire une présentation face à une trentaine de personnes. Il panique, n’arrive plus à articuler un seul mot, fuit, loin, très loin des problèmes. Souvent lorsqu’il était plus jeune, il considérait aller s’installer sur une île déserte avec son meilleur – et seul- ami afin d’y vivre en paix, à l’époque où il ne pouvait même pas acheter une baguette de pain seul.
Toutefois il ne veut pas de pitié, plus de « pauvre garçon », plus de sourires compatissants ; s’il est né avec une telle faiblesse, il est également né avec les traits d’un battant. Contre toutes attentes, c’est un garçon incroyablement brave et courageux, chose qui n’est, bien évidemment, pas simple à distinguer au tout début. Pourtant n’affronte-t-il pas tous les jours ses plus grandes peurs en mettant les pieds dehors ? Lui qui craint tout et tout le monde s’est battu toute sa vie pour se retrouver face à un gigantesque public sans chuter et a réussi avec brio plus d’une fois. Il ne lâche jamais le morceau, s’acharne toujours plus afin de faire mieux la prochaine fois, ce qui lui vaut également de nombreux bleus et blessures. Melvyn ne voit pas sa timidité comme un handicap, pas quelque chose qui doit lui valoir de la pitié et des encouragements, c’est son problème, une chose qu’il doit régler de lui-même, par sa propre volonté. Il y travaille en permanence, et souvent ça ne fonctionne pas, souvent il finit tout de même par se décevoir, mais ça n’est là qu’une occasion de redoubler d’efforts. Malheureusement, cette habitude de ne jamais abandonner le conduit à être bien souvent trop dur avec lui-même ; perfectionniste qu’on le dit, s’il fait quelque chose, il faut que ça soit parfait, surtout lorsqu’il s’agit de sa passion. Le garçon se pose en permanence une énorme pression sur les épaules qui le rend souvent amer et le pousse à l’épuisement. Il ne connaît pas ses limites et ne fait que trop souvent que constater les dégâts au lieu de les parer.
Pour cette raison, il lui est impossible de vivre seul – ce qu’il ne pourrait de toute manière pas faire. Melvyn est incroyablement dépendant de ses amis et famille ce qui n’est pas exactement quelque chose dont il est fier, et malheureusement, il n’en est que trop conscient. Il se sent facilement seul et délaissé, habitué à avoir quelqu’un à ses côtés en permanence depuis sa naissance en la personne de son meilleur ami. Il est peut-être fort, aussi bien physiquement que mentalement, lorsqu’il se retrouve seul, vraiment seul, il a une forte tendance à se laisser décrépir dans un flot de pensées peu positives, comme s’il tirait son courage de son entourage. Sans lui, il le sait, il n’est que peu de chose.
Ce que l’on ne croirait pas au premier abord en observant les relations qu’il entretien avec ses proches. Une fois la timidité envolée, comme le dit la rumeur, l’on dirait souvent le seigneur des ténèbres ; Melvyn a l’humour noir, une passion débordante pour ce qui est de torturer et le poing facile, ce qui, au final, lui vaut l’étiquette de sadique. En réalité, sa personnalité est franchement horrible. Enfoncé jusqu’au cou dans le sarcasme, le garçon ne perd pas non plus une occasion de vanter sa propre cause – oh, allez, il sait qu’il est beau- et de donner du fil à retordre aux autres. Il élève rarement la voix, préférant largement la voie de la strangulation au reste, et manque cruellement de sens de l’embarras. La honte, il ne semble tout simplement pas connaître, c’est aussi simple que cela.
Mais bien sûr, il tient énormément au peu de gens qu’il fréquente et le leur fait souvent savoir, de manière plus ou moins détournée. Melvyn aime les contacts physiques plus qu’il n’aime les mots et n’a aucun problème avec le regard des autres. Il s’avère également être un garçon patient et attentionné, un du type à apprendre de ses erreurs. Il sait se montrer tendre si besoin et écoute les problèmes des autres –d’une oreille, vrai-, ce qui ne veut pas dire qu’il est bon pour les résoudre. Toutefois, s’il y a bien une chose qui est certaine, c’est qu’il ferait n’importe quoi pour ceux auxquels il tient, quitte à y laisser la vie, blâmer son courage d’inconscient.
Le blond a le cœur plus tendre qu’il ne le laisse voir, plus fragile qu’il ne le souhaiterait, trop silencieux à son goût. Ce qui torture le plus fréquemment son esprit est le fait qu’il n’a jamais ressenti quoi que ce soit de suffisamment fort pour que l’on appelle cela de l’amour, et si il n’y voyait aucun problème quelques années auparavant, à présent que tout le monde trouve l’amour, lui se sent bien vide. Le sentiment le ronge, l’angoisse. Et si ça ne lui arrivait jamais ? Et si tout le monde trouvait sa moitié et lui restait seul, une seule moitié sans possibilité, sans rien. Cependant, vu le fait que la plupart de ses sentiments –comme la jalousie ou sa dépendance- sont en réalité plutôt récent, comme si durant une longue période son cœur avait été dans un congélateur, il se dit que rien n’est encore vraiment perdu, espère ; ce sentiment de désire, d’attente, est déjà, pour lui, un énorme progrès.
Au cours du temps, alors que sa timidité s’apaise, que la passion cesse de lui bander les yeux, il ramasse lentement émotions et sentiments.

Sans doute qu’un jour, il aura un joli bouquet à offrir.

Physique

Melvyn a ce que l’on appelle communément une gueule d’ange ; bien qu’il ait déjà passé le stade de la puberté, le garçon semble avoir conservé toute l’innocence d’un enfant sur son visage, mais également toute sa beauté. Il est tout ce qui se fait de plus doux, de la couleur de ses yeux jusqu’à sa peau nette et pâle, le garçon ressemble à un ange en mission sur terre, ce qui lui attire autant d’admiration que de moqueries ou de jalousie –qui sont d’ailleurs bien souvent liés.
Il ne fait pas spécialement jeune, ni même vieux, pourtant les gens peinent à lui donner un âge au premier coup d’œil, comme s’il était d’une autre espèce. Cette apparence, c’est un truc de famille, il paraît ; il la doit à son père qui se vante souvent que le nom y est pour quelque chose, que ce soit pour rire ou non. Il hérite presque tout de lui, à part peut-être la teinte de ses cheveux, un blond resplendissant au soleil qui ont pourtant l’air d’un pâle argenté à la lueur de la lune. Ils ne sont jamais coupés courts, chose qu’il refuse obstinément depuis toujours puisque cela va à l’encontre de son sens de l’esthétique, mais les mèches sont inégales, complémenté la plupart du temps de deux tresses à l’arrière. Ils ont l’air –et sont- incroyablement soyeux, à son plus grand bonheur et malheur puisque les gens adorent les toucher, avec ou sans sa permission. Malgré tout, il ne s’en débarrasserait pour rien au monde.
Les yeux de Melvyn sont d’un joli gris qui rappelle les perles, certes grands, ils ont pourtant l’air d’être finement taillés, encadrés de fins cils noirs qui se réunissent en nombre. Son visage est tout en finesse, légèrement rond comme celui d’un enfant, toutefois élégant et distingué comme celui d’un adulte, la combinaison le rendant tout à fait charmant. Sa peau est blanche, un peu trop blanche même; il brûle facilement au soleil et s'en tient donc le plus éloigné possible, ce qui n'est aps très compliqué pour lui qui passe la plupart de son temps à la patinoire. Elle a l'air de ne jamais avoir connu de problèmes et c'est le cas, à part deux ou trois boutons revêches qui osent pointer leur nez l'espace de deux ou trois jours, mais vraiment rien d'alarmant, alors elle est aussi douce qu'elle en a l'air, ce qui fait bouder son deuxième frère.
Certes, il est loin d’être la virilité même, beaucoup de monde le lui disait, à commencer par sa mère, et cela complexerait sans doute d’autres garçons, mais certainement pas Melvyn, au contraire. Il est très fier de son apparence et ne le cache par ailleurs pas du tout.
Ce qui aurait pu le complexer –et ce qui l’a fait pendant un certain temps-, c’est sa taille puisqu’il ne mesure qu’un mètre soixante-trois, ce qu’il doit majoritairement à ses gènes, sa famille était naturellement petite avec un père d’un mètre soixante-huit et une mère d’un mètre soixante-neuf, mais également au sport qu’il pratique depuis son plus jeune âge. Il ne s’en plaint pas, trouvant, au contraire, sa taille très bien et si on le taquine, par exemple sur le fait qu’il ne puisse pas attraper quelque chose en hauteur, il haussera simplement les épaules en répondant que c’est à ça que servent les esclaves aux longues jambes.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Melvyn n’est pas qu’un tas d’os, loin de là même. Le garçon étant très sportif, il s’est déjà constitué un bon amas de muscles, notamment aux jambes, son haut du corps étant plus rarement nécessaire dans sa profession. Il est certes un peu maigre avec une taille bien marquée, surtout pour un garçon, toutefois il a tout de même de la force et n’allez pas croire que sa petite taille l’empêcherait de gagner une course quelconque. Il est en excellente forme physique et bien souvent complimenté par son médecin, bien qu’il ait la désastreuse habitude de trop s’épuiser – rien de bien grave cependant, surtout puisqu’il y a toujours quelqu’un derrière lui pour le traîner dehors.
Ses vêtements, eux, sont toujours impeccables, neutres et stricts, en grande partie parce qu’il ne supporte pas le désordre, mais également parce qu’il déteste se faire remarquer plus que nécessaire. C’est un grand fan des chemises blanches et de tout ce qui fait uniforme en général, ce qu’il trouve très élégant et digne, cependant l’on ne va pas se mentir, ce que Melvyn préfère, c’est de ne pas s’encombrer du tout, et dès qu’il rentre chez lui, il jette tout dans un coin et s’emmitoufle d’un drap, voire de rien. Cette habitude est là encore de famille ; avec une mère absente et quatre garçons à la maison, il n’y a jamais eu de place pour la pudeur dans la famille, et c’est tant mieux. Il n’irait pas, en revanche et bien heureusement, se dénuder en public. Ce serait se faire remarquer et au fond, les chemises, c’est plutôt confortable.

Histoire


Spoiler:




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Dernière édition par Melvyn Leroy le Dim 22 Juin 2014 - 17:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: LEROY Melvyn ♕ Cold Feet   LEROY Melvyn ♕ Cold Feet Icon_minitimeSam 21 Juin 2014 - 2:42

Histoire — Partie I


Melvyn s’en souvient comme si c’était hier.

Gwen, majestueuse, magnifique Gwen, tournoyant comme la plus gracieuse des ballerines étoiles –elle n’avait jamais eu quoi que ce soit à leur envier, elle en était depuis toujours. La glace qui brilait de milles éclats, le son des patins y retombant, y glissant, l’ambiance absolument magique qui l’entourait…

Melvyn, cinq ans, ne pouvait détacher ses yeux de la sublime patineuse tandis que Kyle, son meilleur ami d’enfance, tentait de lui fourrer une crêpe au nutella dans la bouche.

Il se souvient de tout : de son cœur qui battait la chamade, de l’excitation qui emplissait un peu plus ses poumons à chaque inspiration, de l’admiration totale qu’il ressentait, de son abstraction complète du monde extérieur… Et tout cela, il en était à présent certain, ça n’avait rien à voir du tout avec son stupide crush sur la demoiselle.

Il se souvient avoir pensé : « Ah… Moi aussi, je veux être comme elle. »

Et c’est ainsi que commença sa vie, sa vraie vie.

—‒—

En deux ans de pratique, la seule chose à laquelle Melvyn était devenu vraiment bon, c’était mettre de la pommade sur ses nombreux bleus. Son père était catastrophé, sa mère enthousiasmée, ses frères inquiets et son meilleur ami admiratif.

Lui était juste plus déterminé que jamais, ce qui faisait sourire son professeur, Chris, qui lui accordait toujours du temps supplémentaire sur la patinoire, le regard attentif aux moindres de ses mouvements.

Il grimace lorsque son élève s’étale pour la quinzième fois de la journée sur la patinoire, les joues rougies non seulement pas l’effort, mais également par l’embarras. Il n’eut besoin que de quelques secondes pour se hisser à nouveau sur ses patins, ses fins sourcils froncés, une moue ennuyée sur le visage.

« Tu te déconcentres toujours en plein milieu du saut, comme si quelque chose retenait ton attention. Qu’est-ce qui a ? Une jolie fille dans les gradins ? »

Melvyn prend un couleur plus prononcée tout en balbutiant un rejet très peu convaincant, son regard gris se portant automatiquement et absolument contre son gré sur les gradins toujours rempli de filles qui papotaient tranquillement après leur pratique. Chris se prit à sourire de la pureté du petit blond. Le fait que Melvyn était un grand timide n’avait rien d’un secret, pour l’avoir vu essayer de faire la conversation à un autre patineur de son âge, il pouvait en témoigner, c’était catastrophique. Le pauvre ne pouvait absolument rien faire dès qu’il se retrouvait en groupe, ce qui expliquait bon nombres de ses chutes ; en revanche, dès qu’il était seul, il patinait comme s’il avait été né pour le faire.

Aux yeux de son professeur, c’était un gâchis énorme, non seulement car si le garçon voulait faire des compétitions, cela allait s’avérer très compliqué avec sa condition, mais aussi tout simplement pour lui, le pauvre, qui avait difficilement une vie sociale, déjà à son jeune âge. Lui-même avait eu un mal de chien à installer un climat assez confortable pour que le blond puisse lui parler sans ressentir l’immédiate envie de prendre ses patins et s’enfuir, alors les autres… Il s’inquiétait, oui, et pas à tort.

« Tu veux qu’on arrête là ? »

Un énergique ‘non’ de la tête et un air déterminé lui indique qu’il n’est pas encore l’heure d’abandonner tout espoir pour le petit blond. Il se battait, il se battait vraiment plus que n’importe qui d’autre, avec un courage respectable pour un garçon aussi timide que lui. Pour être honnête, Chris lui enviait un peu ce trait de caractère qui le poussait à aller jusqu’au bout de tout, envers et contre tous. Autant de détermination dans un si petit être ne devrait pas être permis.

Melvyn se remit à patiner avec vigueur sur la glace, manquant certes toujours cruellement de grâce, quelque peu raide, et pourtant si fier et brûlant de volonté qu’il attirait déjà l’œil aussi facilement qu’un adulte avec des années de métier dans les jambes.

Alors qu’il s’écrase une nouvelle fois à l’entende d’un cri particulièrement aigu, Chris ne peut s’empêcher de penser que le petit garçon deviendra sans aucun doute un grand patineur.

—‒—

« E-écoute, je-je te trouve super mignonne, tu vou-voudrais pas sortir avec m-moi ? »

Melvyn, dix ans, un mètre vingt-trois, hausse un sourcil, Kyle, dix ans, un mètre quarante-deux, tente de ne pas s’étouffer dans son sandwich tandis que Drew, onze ans, un mètre quarante, les joues plus rouges que des tomates fraîches se prépare à recevoir la réponse qui va changer toute sa vie.

Ça fait un moment ( une semaine) qu’il l’observe, cette jolie blonde qui traîne toujours avec le grand châtain qui semble toujours sur le point d’éclater de rire. C’était le coup de foudre, pour sûr, aucun doute sur le sujet, et elle est la femme de sa vie avec qui il aura trois fils et une fille et ouvrira une boulangerie. Sur tous les points, elle était parfaite, à ses yeux. Extrêmement jolie, elle attirait le regard de nombreux autres garçons qui reculait souvent face à son garde du corps joueur de rugby, mais pas Drew, qui était un garçon courageux. La belle blonde était également raffinée, toujours impeccablement habillée, elle mangeait doucement, souriait doucement, parlait doucement, et courrait même doucement, très délicatement. Elle était vraiment totalement cent pour cent sa femme idéale.
Ce beau lundi était le bon, il allait l’avoir.

Ca l’amuse beaucoup, Kyle, tous ces garçons qui pensent avoir une chance avec Melvyn. Enfin, tous ces garçons qui croient dur comme fer que Melvyn est une fille, pour être plus précis. Il est vrai que de loin, l’illusion est parfaite, lui-même, s’il ne l’avait pas connu depuis sa naissance, prit des bains avec ou ne l’avait vu se balader nu chez lui, se serait peut-être fait prendre. Mais non, heureusement, il était du bon côté du filet et pouvait observer avec délice les marioles se faire rejeter sans la moindre petite once de culpabilité. S’il devait se sentir mal, c’était pour son meilleur ami. Pas parce qu’il se faisait prendre pour une fille pratiquement tous les jours, non, ça, il gérait comme un chef. Ce qu’il gérait moins, c’était de devoir s’adresser à quelqu’un d’autre. Pauvre enfant.

Ca l’amuse beaucoup moins de devoir répondre à toutes ces confessions, le petit blond. A force, il commençait à avoir l’habitude qu’on le prenne pour une fille ; c’était au moins la dixième fois rien que cette année, le record étant de quatorze l’année dernière. Ça ne le dérangeait pas plus que cela, et quand bien même, il n’aurait jamais la force de s’en plaindre ouvertement, à part à ses proches. Une de plus, une de moins… Il angoisse déjà. Oh mon dieu. Il ne sait même pas son nom, son âge ou quoi que ce soit. Il déglutit lentement, repose son propre sandwich et tente de cacher le fait que ses mains tremblent légèrement.Ca ne devrait pas être si dur de parler à quelqu’un, il s’améliorait, vraiment. Rejeter, c’était une autre question.

« Impossible. Je suis un garçon. »

Il ne trouve pas plus simple, pas plus clair que cela. Pendant un long moment, le brun l’observe, bouche bée, yeux légèrement plissés comme s’il essayait de voir s’il disait vrai. Melvyn rentre ses épaules, se sent rétrécir, ferme douloureusement les doigts sur son pantalon et arrête de respirer. Kyle lui lance un regard et sous la table, s’il avait regardé sous la table, le blond aurait pu voir un pouce en l’air qui lui était destiné.

« Oh. Désolé. Bye. »

Drew a l’air aussi perturbé que perplexe alors qu’il tourne le dos et s’éloigne, aussi raide qu’un piquet de métal. Ça se finit toujours ainsi, rien de nouveau, et plus jamais il ne les revoyait.
Il y avait bien eu cette fois où le garçon avait dit que ça ne faisait rien s’il était aussi un garçon, ce qui avait provoqué un vent de panique chez Melvyn et lui avait fait prendre la fuite ; il n’était pas revenu pendant deux jours, de peur qu’il ne revienne à la charge. Heureusement, le garçon avait dû comprendre le message et n’était pas revenu l’ennuyer.

Kyle passe un bras autour de son épaule, l’air rieur.

« T’étais parfait ! Tu sais, je crois qu’on devrait enregistrer ta réponse et simplement sortir l’audio à chaque fois qu’un garçon vient, ça te changerait la vie. »

Le blond se détendit quasi-immédiatement au contact de son ami, se laissant aller dans son étreinte, le temps que le tremblement cesse. Il esquisse un sourire.

« T’sais quoi, c’est pas une si mauvaise idée que ça. Pour une fois. »

La nouvelle semble réjouir au plus haut point le sportif qui sort rapidement un calepin de sa poche afin d’y griffonner l’idée. Melvyn le surnommait le calepin de l’horreur, pour Kyle il était toute sa vie d’idées de génie –donc absolument toutes plus atroces les unes que les autres. Le nombre d’idées rayées qu’il peut apercevoir –code pour ‘déjà mise en services’- lui donne des vertiges, il préfère ne pas y penser. Kyle avait appris à faire des bêtises et autres idioties avant même de marcher et ses idées révolutionnaires lui vaudront un jour la peine de mort, Melvyn en est certain, lui qui se retrouvait bien trop souvent en plein milieu de celles-ci.

Le châtain redresse la tête, comme subitement piquer par le doute.

« Mais ça leur fera pas plus de mal ? Je veux dire, ils se sentiraient pas encore plus idiots ? Ce serait méchant… »

Le patineur roule de ses yeux gris. Kyle tout craché, un trop grand cœur.

« Et alors ? Rien à faire. C’est amusant. »

C’est au tour du rugby de rouler de ses yeux bleus. Melvyn tout craché, l’esprit noir de naissance. Il avait peut-être l’air d’un ange en mission sur terre, toutefois son cœur était plus sombre qu’une forêt dense dans la nuit ; il ne faisait que trop souvent les frais de sa violence.

« Ah, si les trente et quelques garçons qui étaient à tes pieds pouvaient t’entendre.

-Ils reviendraient en rampant, va. »

Melvyn, dix ans, un mètre vingt-trois.

—‒—

Le garçon fixe sa mère vider la bouteille de sirop d’érable sur sa part de gâteau d’anniversaire comme s’il s’agissait de vulgaire crème anglaise tout en chantonnant joyeusement, absolument consterné. A côté de lui, il peut voir l’expression de Ryan s’assombrir considérablement à la vue de son pauvre gâteau se noyant dans le sirop de vie des canadiens. S’il en doutait encore, Melvyn en est à présent certain ; l’on ne trouve pas plus canadien que Sharleen Leroy dans ce bas monde.

« Tu crois qu’elle va tout pouvoir avaler, » murmure Zack à sa gauche, ses cheveux blonds pâles trempant malencontreusement dans la crème anglaise. Tel un gentil frère, Melvyn les lui ramasse et les essuie avec la nappe. Ryan hausse les épaules, l’air perturbé. Ce ne serait pas la première chose étrange que leur mère faisait. Lorsque Zack était encore en bambin, les deux ainés l’avaient clairement vu verser une bonne moitié de la bouteille de sirop dans son petit plat tout préparé comme si c’était la chose la plus normale au monde.

A ses côtés, Dorian lui souriait comme si elle était la huitième merveille du monde, et certainement qu’à ses yeux, elle l’était. Il avale sans piper mot le morceau de gâteau qu’elle lui propose au bout d’une cuillère, sans aucune honte ou restreinte et l’espace d’un instant, les garçons se sentirent étrangement adultes. Leurs parents avaient toujours l’air d’adolescents, ce peu importe leur âge ; de toute manière, aucun des deux ne semblaient jamais vraiment âgé, en particulier leur père qui avait le même visage depuis aussi longtemps que Melvyn pouvait se souvenir, une ou deux rides en plus. Honnêtement, c’était légèrement flippant. Les gênes Leroy, qu’il disait, les gênes.

« Ew. »

Melvyn n’est pas certain de ce qui avait provoqué ce bruitage de dégoût ultime chez Zack entre le gâteau au sirop ou le comportement de ses parents. Ça n’a pas vraiment d’importance. Son père lui lance un regard noir et il se redresse immédiatement, envoyant valser un peu de crème sur Melvyn au passage. Il lui essuie les cheveux pour la deuxième fois de la soirée. Sharleen détourne son attention de son mari, gâteau et sirop plein la bouche, grand sourire malgré tout.

« Alors les gosses, ça va la vie ? »

Ses deux frères appuient leurs regards de détresse sur lui. T’es le grand frère, débrouille tout.

« Euh, ouais. Tranquille. Tu sais, neige, luge, bonhommes et compagnie. Le Canada. »

Ryan lui donne un coup de coude qu’il ne mérite absolument pas. Heureusement, cela a l’air d’enthousiasmé sa mère, qui rit, mais aussi Zack.

« L’autre jour on a fait un bonhomme de neige gigantesque, t’aurais dû voir ça maman ! On a pris pleins de photos. Après on a enterré Kyle, c’était cool. Bon, il est tombé malade, mais ça vaaaa. On s’est super amusé ! Mais Gwen nous a grondés, elle était avec son copain, donc Melvyn était triste. »

C’est un coup de coude mérité que Zack se prend accompagné d’un regard plein de réprimandes. Ryan pouffe de rire peu discrètement.

« Melvyn a eu 4 à son exposé d’anglais. »

Oh le bâtard. Il veut jouer à ça. Il lui lance un regard noir ; l’inconvénient d’avoir un frère dans la même école.

« Ryan s’est fait coller parce qu’il envoyait des poèmes d’amour en classe. »

Le châtain vire écarlate sous le regard victorieux de l’ainé. L’avantage d’avoir un frère dans la même école.

« Melvyn a triché en maths.

-Ryan s’est fait plaqué.

-Melvyn a mangé tous les bonbons.

-Ryan a casser sa montre mais a fait croire qu’il l’avait perdue.

-Melvyn a-…

- OK OK C’EST BON. Ça va les deux. Je suis heureuse que vous alliez bien. »

Sharleen n’a pas l’air en colère malgré son ton de réprimande, au contraire, elle sourit de toutes ses dents, évidement heureuse d’être à nouveau à la maison après un long mois de voyages. Elle prend une autre part de gâteau avant d’en proposer à tout le monde. Melvyn, l’estomac de métal, en reprend, tout comme son père. Zack se contente de piquer un morceau dans l’assiette de son frère, Ryan fidèle à son petit estomac se contentant de regarder les morphales s’attaquer à son gâteau jusqu’à la dernière miette, probablement en train de se demander s’il n’avait pas été tout bonnement adopté. Même Duo, le chat de la maison, vient se frotter aux jambes de son unique maîtresse pour obtenir quelques pièces du convoité gâteau. Visiblement, le sirop d’érable ne le dérange absolument pas.

Une fois le plat vide et léché de toutes miettes, la mère de famille se détend sur sa chaise, sourire radieux aux lèvres. Elle prend la main de son mari et fait le tour de la table de son regard ambré scintillant empli d’affection. Elle soupire, laissant sa tête aller en arrière, ses yeux se fermant de délice.

« Ça fait du bien d’être à la maison. »

Personne ne peut la contredire.

—‒—

Melvyn ne patine pas pour gagner, toutefois il ne va pas mentir, c’est tout de même incroyablement gratifiant de recevoir un prix, de se dire qu’on a été le meilleur au milieu de tous ces adversaires tous plus redoutables les uns que les autres, chacun à sa façon. Le sentiment est exhilarant. Pas autant que le simple fait de naviguer aisément sur la glace, certes, mais il est bien là et ce n’est pas lui qui le refuserait.

Il en oublie d’être timide, serre des mains par dizaines, accepte même quelques accolades de ses camarades et adversaires, parle presque de manière fluide à des inconnus, se voit rire sans vraiment avoir de raisons pour, et en haut du podium, sur la plus haute marche, il sourit fièrement, coupe en main, dominant, vainqueur. Il a fait quelques erreurs qu’il pense déjà à travailler, travailler encore et toujours pour arriver à nouveau au top, là, sur cette marche tant convoitée. Il peut le faire, il le sait, tout le monde le sait. Melvyn entend des murmures, on lui dit qu’il sera un grand, un jour, qu’on l’admirera à son tour, lui et son travail acharné. Rien ne peut lui faire plus plaisir.

Sa mère est là, elle est toujours là, à chacune de ses compétitions –ou presque-, le même sourire radieux aux lèvres, elle l’enlace et lui murmure combien elle est fière de lui. Son père est moins discret, lui criant qu’il a été merveilleux, le soulevant à moitié dans son élan. Il a le droit à un câlin de Zack et un highfive de Ryan le soir même, mais les plus grandes félicitations viennent de Kyle, elles viennent toujours de lui. Il se voit soulever comme un enfant par le joueur de rugby qui le fait tournoyer en riant comme si c’était lui qui vivait le plus beau de sa vie. Le soutient met du baume au cœur au blond qui lui rend son enthousiasme par un bon coup de poing dans l’épaule, rieur.

Il a quatorze ans lorsqu’il remporte son premier championnat national ; il sait que l’année prochaine, ce sera un mondial. Sans doute qu’il n’arrivera pas premier à ce moment-là, mais peu importe, il portera fièrement les couleurs de son pays tout en faisant ce qu’il aimait. Pour lui, il n’y avait pas de plus grand bonheur.

—‒—

Qu’est-ce qui change lorsque l’on devient un champion national ? Rien. Rien du tout. Melvyn continue d’aller à l’école comme si de rien n’était, continue de trembler comme une feuille lorsqu’on l’interroge, de détourner les yeux lorsqu’il croise ceux d’un autre. Une fois l’excitation retombée, les murmures atténués, les félicitations dans les casiers envolées, il ne reste plus qu’un petit adolescent que tout terrifie.

Rien qu’en y pensant, Melvyn soupire, le regard vaguant sur les autres bruyants élèves tandis qu’il mastique son morceau de pain tristement, assis seul dans un coin du self à côté de la fenêtre. Kyle n’est pas là, entrainement du midi –ce que le blond trouve absolument révoltant, soit dit en passant-, alors il se retrouve tout seul. Ca ne le dérange pas vraiment, il préfère de loin la solitude à trembler comme une feuille au milieu d’un groupe gens qui bavardaient sans cesse. Il était bien, là, avec son téléphone et la fenêtre. Du coin de l’œil, il aperçoit Ryan, le bras autour de l’épaule d’une belle blonde, l’air particulièrement épanouie. Melvyn plisse les yeux, incapable de la reconnaitre. Encore une nouvelle ? C’est à croire que lui et Kyle faisait un compétition.

« Je peux m’asseoir ? »

Melvyn sursaute si violemment qu’il manque de se planter la fourchette dans la main tout en basculant en arrière. Confus, le cœur battant la chamade, il cherche rapidement la cause de sa surprise et la trouve en la personne d’un grand garçon fin aux cheveux bruns dont la coupe portait à croire qu’il ne les avait pas coiffés ce matin ; ses yeux ambrés pétillent de malice et il semble être le type de mec avec beaucoup de confiance en soit, pourtant ses joues rougis indiquent toute autre chose. Il a l’air inquiet, vraiment très inquiet.

« Ca-ça va ? Je ne voulais pas te faire peur, désolé, c’est juste que, je, tu vois, je… »

Non, il ne voit pas. Une main toujours appuyée sur sa poitrine douloureuse, Melvyn reste tendu, méfiant et paniqué. Pour quelques raisons, le garçon lui semblait incroyablement familier, malheureusement il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus… Il se mordille la lèvre et caresse machinalement le manche de sa fourchette. Il n’a pas l’air d’être un mauvais garçon, peut-être… Il hoche simplement la tête, lentement, le visage livide.
Le brun lui adresse un large sourire de grand gamin avant de s’assoir juste en face de lui. Il a tout d’un garçon populaire avec les filles ; Melvyn se demande ce qu’il peut bien venir faire là alors qu’il devait avoir un tas d’amis. Il continue de le fixer tandis qu’il commence à manger, lui-même piquant distraitement à son assiette, les mains trop moites pour pouvoir vraiment arriver à quelque chose. Il remarque que le plateau du garçon est incroyablement rempli, plus que le sien, c’est-à-dire absolument énorme, et que celui-ci mange de bon cœur, que ses joues sont aussi vraiment rouges. Finalement, au bout de cinq minutes de silence, il repose ses yeux sur lui avec un petit sourire à mi-chemin entre l’amusement et la gêne. Bon dieu, il lui disait vraiment quelque chose…

« Tu ne te souviens pas de moi, hein ? »

Ca n’était certainement pas l’intention du garçon, mais sa question le fait se sentir coupable. Il ressent un pincement au cœur avant de baisser son regard sur son plat, honteux. Honnêtement, il n’avait pas très bonne mémoire avec les gens puisqu’il n’en avait tout simplement pas besoin, de ce fait à chaque fois que quelqu’un venait lui parler comme s’ils l’avaient déjà fait auparavant, lui ne peut que rester bouche bée. C’est une horrible habitude que d’oublier les gens.
Le garçon rit doucement, d’une manière qu’il qualifierait d’embarrassée mais honnête.

« Ah, ne t’en fais pas pour ça, c’est probablement mieux que tu ne t’en souviennes pas, en fait. C’était, umh, plutôt embarrassant. »

Embarrassant ? Melvyn repose son regard gris sur lui, plissant les yeux, frustré de ne pas se souvenir. D’où est-ce qu’il-… Oh. OH. Mais oui. Son visage s’illumine immédiatement.

« Oh, tu m’as demandé de sortir avec moi, c’est ça ? Il y a quatre ans ? Parce que tu pensais que j’étais une fille. »

A voir le visage de son camarade se décomposer lentement et ses joues rougir encore plus –elles vont prendre feu, c’est impossible-, le blond sait qu’il a bien tapé. Il s’en souvient vaguement, de ce petit brun mal assuré aux joues couleur tomate.

« Euh, ouais, c’est ça… Je suis, umh, vraiment, er, très désolé. »

C’est au tour de Melvyn de rire doucement, laissant momentanément sa timidité se perdre dans sa joie de se souvenir de quelqu’un.

« Oh, c’est rien. Si tu savais le nombre de fois que c’est arrivé ; on a dû arrêter de compter. »

Ca n’a pas l’air de l’aider à aller mieux puisqu’il baisse à nouveau le regard sur son assiette à moitié vide. Même ses oreilles étaient rouges. Non, il n’a vraiment pas l’air d’un mauvais bougre.

« Vraiment désolé… En plus je suis parti sans rien dire, c’était nul.

-Tu es tout excusé, euuuh…

-Drew ! Keighley Drew. »

Il étend une main au-dessus de la table que le patineur saisit timidement, se retrouvant à trembler à nouveau. Wow, ça faisait combien de temps qu’il n’avait pas fait connaissance avec quelqu’un ? Sa mère serait drôlement fière de lui.

« Mel-

-…-vyn Leroy, impossible de ne pas le savoir. »

Ah oui, champion national, blablabla. S’il y a bien une chose qui change, c’est que tout le monde connaît son prénom, apparemment. Il retire sa main, légèrement gêné, plongeant son regard sur son plat presque complet. De son côté, Drew semble être le garçon le plus heureux au monde tandis qu’il se remet à manger de bon cœur. Il se passe encore cinq minutes avant qu’il ne cesse de racler son plat pour lui lancer un regard curieux ?

« Tu ne manges pas ?

-Ah, je… Si. »

Allez Melv’, fait pas ton timide maintenant ! Il n’allait pas se laisser mourir de faim juste parce qu’il ne mangeait pas avec Kyle, ce serait débile. Empli d’une nouvelle énergie, il commence à vider son plat, gardant le visage un peu trop prêt de son plat à cause de sa main tremblante. Un pouffement lui fit lever les yeux, sourcils froncés ; Drew le regardait toujours, large sourire stupide collé aux lèvres, yeux ambrés pétillant comme ça n’était pas permis.

« Quoi ?, » demande-t-il, légèrement indigné que l’on ose rire de lui. Le brun secoue la tête, amusé.

« Rien, rien du tout. Tu manges toujours comme ça, ou tu essaies de me séduire en utilisant une technique secrète ? »

S’il avait été une torche, il se serait enflammé. En échange, il se retrouve à crier, révolté, les joues également rouges.

« C’est pas ça, crétin ! »

Drew a l’air de quelqu’un qui veut éclater de rire pendant que son père le gronde, ce qui ne fait rien pour arranger le malaise du blond.

« Ah, dommage. Je tiens à te dire que c’était efficace. »

Après avoir dit cela, le brun pique également un fard monumental qui rend la situation plus supportable et Melvyn se demande pourquoi il dit ce genre de choses si lui-même ne peut le supporter. Quel étrange garçon.

« Crétin, dit-il, grognon, avant de plisser les yeux comme si une idée venait de le frapper. T’es gay ?

-Pardon ? »

La question doit le prendre totalement au dépourvu car son sourire tombe immédiatement. L’espace d’un instant, Melvyn a peur de l’avoir blessé ou d’avoir eu l’air totalement homophobe, ce qu’il n’était absolument pas, vraiment.

« Ca me dérange pas, hein, c’est juste une question comme tu… Tu vois qu-…

-OH ! Oh non, non, j’ai une copine ! » réplique-t-il comme si cela expliquait tout, l’air incroyablement mal à l’aise et gêné, tel un enfant prit la main dans une jarre à cookie. « Je déconnais, tu sais, m’amusais, je-… »

Il se tue, mais Melvyn lui assure qu’il a bien compris où il voulait en venir avec un vague hochement de tête et un sourire hésitant. Sûrement, pour Drew, il ressemblait toujours un peu à la jolie petite blonde de ses rêves.
Après deux minutes tout au plus, Drew semble se ressaisir et plaque un nouveau sourire amusé sur son visage. Le Leroy juge que c’est un sourire malsain.

« Tu es timide, n’est-ce pas ? »

Il aurait bien aimé le contredire juste pour le simple plaisir de le faire, toutefois il ne trouve rien à redire alors il se contente d’hocher la tête tout en faisant tourner la fourchette entre ses doigts. Il constate avec soulagement qu’il tremble moins à présent. Le brun s’attaque à son yaourt, son regard ne le quittant pas pour autant.

« Les gens disent que tu es juste super arrogant, pourtant ça crève les yeux. Ou peut-être qu’un timide à un autre, on peut se reconnaître ? »

Non, ça n’est pas du tout cela, Melvyn en est certain. Il n’aurait jamais cru le garçon timide s’il ne lui avait pas dit, au contraire, il le pensait plutôt éloquent et à l’aise vraiment ; enfin, avant qu’il ne s’embarrasse tout seul comme un idiot. Il recommence à manger tranquillement, vidant enfin son plat de poulet devenu froid, acceptant de discuter un peu avec Drew. Il n’était pas bien dérangeant, toujours très prudent avec ses mots, il n’abordait jamais rien de trop personnel, de sorte à ce qu’il soit en réalité assez agréable d’être avec lui. Melvyn apprit que Drew avait trois sœurs et deux frères, ne pratiquait aucun sport, qu’il était en réalité en même année que lui, bien qu’un an plus âgé – une histoire de maladie de jeunesse qui semblait le mettre mal à l’aise-, se cassait très souvent quelque chose, avait bel et bien une copine nommée Lucy et aimait également beaucoup les chats, bien qu’il y était malheureusement allergique.
Il ne vit même pas l’heure tourner ou son plat se vider, jusqu’à ce que le plus âgé lui fasse remarquer.

« Ah, faut que je file, je vais être en retard en science, le prof va me défoncer. On… Enfin, si –seulement si, hein, je te force à rien, tu sais- si tu veux bien, on peut se revoir un jour ? Tu vois, si t’es seul et que bref, je sais pas, enfin, on peut manger – ou quoi que ce soit hein, je sais pas- ensemble ou-… »

Il s’emmêle tellement dans les mots que Melvyn, prit de pitié, le coupe, sourire amusé aux lèvres.

« J’adorerai ça. »

Cette fois-ci, c’est avec un sourire radieux et un signe enthousiaste de main que Drew lui tourne le dos ; Melvyn ne tremble plus.

—‒—

Melvyn s’en souviendra toute sa vie du jour qui a tout fait basculé. Le jour où sa vie presque tranquille s’est retrouvée menacée de mort.

Impossible de l’oublier de toute manière, Kyle le lui rappelle chaque seconde qui passe.

Il mangeait bien tranquillement avec Drew un froid jour d’octobre tandis que Kyle était en entrainement –censé être, du moins. Le garçon lui racontait sa mésaventure avec une mésange particulièrement hargneuse –vous ne voulez pas savoir, vraiment- tandis que lui-même pensait que le poulet était franchement mauvais ce jour-ci.

Un jour normal, donc.

Et puis sur ce débarque Kyle, comme une fleur, le sourire épanoui, une petite châtain au bras – pas exactement au bras, mais ça y ressemblait certainement. Bref, la surprise ultime parce que Kyle ne manque pas un seul entraînement et Melvyn n’a jamais vu la fille de toute sa vie – pas que ce soit bien grave, vraiment, il n’avait pas vu grand monde en fait. Elle souriait joliment, apparemment positivement satisfaite par ce que le grand châtain lui racontait avec de grands gestes, et le fixait intensément, chose que beaucoup de filles font, certes, mais en même temps pas tout à fait de la même manière. Compliqué à expliquer, ça ressemblait d’avantage à de l’intérêt pur qu’à du fangirlage intérieur du genre « dang he’s hot ».

Kyle lui fit un grand signe, comme à son habitude, et Drew se tassa dans sa chaise, ce qui n’était pas son habitude. Il n’avait jamais rencontré Kyle, maintenant qu’il y pensait, même après 6 mois de relations ami-ami avec lui. En réalité, il semblait carrément l’éviter, ce dont Melvyn ne lui tenait absolument pas rigueur. Pourtant, le rugbyman ne semblait pas être la raison de son tassage. Il murmura un truc dans sa barba non-existente, le regard rivé sur le couple. Couple. Deux gens qui marchent ensemble.

En vrai, Melvyn avait un peu la mort. Son ami n’aurait jamais manqué un entraînement pour lui, pourquoi il le ferait pour cette fille ? D’accord, ils se voyaient le reste du temps, mais. Voilà. Il avait pris l’habitude de s’attribuer pleinement le châtain et que le châtain n’aille jamais ailleurs. Ce qui était absolument stupide, le genre de discours d’une petite-amie super jalouse. Il repoussa une longue mèche blonde, yeux à l’affut.

La fille était plutôt jolie, pas du type cosmique irréel, ni top model, toutefois jolie. Longs cheveux châtains, un ou deux tons plus foncés que ceux de Kyle, yeux ambrés scintillants –qui curieusement lui rappelait quelqu’un- et joues légèrement rougies, plutôt petite avec un visage rond mignon. Elle avait l’air cool jusqu’à ce que Melvyn se rende compte que son ami était en train de l’amener à leur table. Mais à quoi pensait-il ? Une inconnue, à sa table ? Pssst.

Drew ne comptait pas, il… Drew quoi.

« Melvyn !

-Kyle ! » répliqua-t-il avec faux enthousiasme.

Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre car la châtaine ouvrit la bouche sans laisser échapper un son avant de frapper gentiment l’épaule de Drew qui lui souriait doucement, visiblement mal à l’aise –enfin, c’était peut-être une illusion, il n’avait jamais vraiment l’air à l’aise de toute manière.

Et puis sous ses yeux ébahis, ils se mirent à se faire bon nombre de mystérieux signes. Ah. Aaaah.

Sachant que Drew n’était pas sourd, il en conclu que c’était pour la demoiselle qu’ils communiquaient ainsi. Visiblement, les signes semblaient bluffer Kyle aussi puisqu’il s’installa à ses côtés, bouche bée.

« C’est qui ? »

Melvyn faillit lui dire que c’était à lui qu’il devrait poser la question parce que lui ne savait pas qui était la châtaine avant de se rendre compte qu’il parlait de Drew. Il avait dû lui en parler une ou deux fois, cependant il ne l’avait jamais vu.

« Drew, le garçon dont je te parlais.

-Oooh… Ils se connaissent ? »

Il se contenta de lui répondre par un regard lui communiquant pleinement son mépris pour sa question stupide. Comment pourrait-il le savoir ? Ils se contentèrent de fixer l’échange muet en face d’eux, incapable de comprendre, avant que le blond ne se décide à poser la question fatidique.

« Et elle, c’est qui ?

-Umh ? Oh, Jessica Cross, elle est nouvelle. Elle est choupi, hein ? »

Choupi n’était pas tout à fait le mot que Melvyn aurait personnellement choisit pour la décrire. Au même moment, elle envoyait un autre coup de poing dans l’épaule de Drew qui laissa échapper un très masculin petit cri. Il se tournèrent enfin vers les deux amis, Jessica l’air radieux, Drew l’air rouge.

« Désolé pour ça…

-Vous vous connaissez ? »

Straight to the point Kyle, comme toujours. Melvyn mordit dans son bout de pain, le regard posé sur Jessica qui le lui rendit. Instantanément, il trouva son plat beaucoup plus passionnant.

« Ouais, Jessica est ma cousine. Normalement j’aurais dû faire le tour avec elle, mais… J’ai totalement oublié qu’elle arrivait aujourd’hui. »

Oh, sa cousine ! A part les yeux ambrés et les joues rouges, les deux n’avaient rien en commun ; m’enfin, lui et Ryan ne se ressemblaient pas vraiment alors qu’ils étaient frères, la génétique a ses mystères. Il risqua un autre regard, donnant un coup de pied sous la table à Drew lorsqu’il vit son sourire narquois –le bâtard n’a pas le droit de rire de sa timidité, c’est lâche. Kyle, lui s’illumina d’un seul coup.

« Oooh ! Mais c’est génial ça ! Tout est lié ! Au fait, salut Drew, c’est la première fois qu’on se voit. AH NON. Deuxième en fait. Je me rappelle encore de ce moment où tu voulais sortir avec Melvyn, fantastique. »

Drew vira au cramoisi plus rapidement que si on lui avait jeté de l’eau brulante au visage et Melvyn sourit avec satisfaction. Jessica semblait avoir compris –d’une manière ou d’une autre- ce qui se racontait puisqu’elle riait silencieusement à côté, l’air surprise ; son cousin ne devait pas lui avoir mentionné le petit incident de parcours. Ô joie. Melvyn avait bon espoir que la nouvelle fasse le tour de la famille en comptant sur le fait que la dîtes cousine soit un grand bavarde. Enfin, genre, avec des signes. Des sms. Un bloc-note, peu importe. Elle devait savoir se débrouiller, comme une grande fille. Il y eu de rapides présentations, histoire de, ce qui répondit à environ 0,1 questions que Melvyn avait. Jessica semblait pouvoir suivre la conversation, pourvue qu’elle soit lente, en se concentrant sur leurs visages –ce qui, ô grande surprise, le rendait très très mal à l’aise-, de ce fait il en déduisit qu’elle pouvait lire sur les lèvres. Relativement bien. Elle fronçait les sourcils d’une manière particulièrement vicieuse –si si, promis- dès qu’il prenait la parole, cependant Kyle lui fit remarquer un peu plus tard que c’était très probablement parce qu’il n’articulait pratiquement pas. En attendant, ça le stressait.

Elle parlait en signes avec Drew une partie du temps qui semblait follement s’amuser à tout leur traduire –ce qui, honnêtement, lui en bouchait un coin. Qui aurait cru que le grand dadet qu’il était avait ce genre d’atouts dans sa manche ? Pas lui, en tous les cas.
Le reste du temps, elle écrivait tout simplement sur sa tablette, qu’elle trimballait partout, s’il avait bien compris ; en tous les cas, il avait bien vu, elle savait se débrouiller.

A côté de lui, Kyle souriait comme le dernier des imbéciles, et c’est sûrement là, à ce moment précis, alors qu’elle écrivait une réponse sur sa tablette, large sourire aux lèvres, le soleil perçant à travers les nuages illuminant sa longue et soyeuse chevelure, les yeux étincelants de joie, que Melvyn se dit que tout allait changer. Ça ne lui faisait pas particulièrement plaisir, pas particulièrement de mal. Son cœur se serra un peu, sans doute, sa gorge se noua, c’est vrai, il n’arrivait pas à s’en réjouir, pas encore, c’était trop tôt, oui, pourtant il se sentait profondément en paix. Ça va changer, mais tous change, toujours, et bien heureusement ou il serait encore couvert de bleus à chaque fois qu’il tentait d’effectuer un saut des plus basiques en patinage.

« Tu baves, » lui fit Drew gentiment après lui avoir donné un léger coup de pied, le ton moqueur, le sourire doux.

Il lui fit un geste bien senti de la main par-dessus son plat vide sous le rire amusé de son meilleur ami et la seconde d’après une main lui proposait un mouchoir. Il releva les yeux pour croiser ceux chaleureux de Jessica, une infime étincelle espiègle au fond de ceux-ci. Melvyn sentit son sourire monter sans même qu’il n’ait le temps d’y penser à deux fois ; il accepta gracieusement le mouchoir.

« Merci bien, j’en ferai bon usage, » la remercia-t-il avant d’essuyer les coins de sa bouche - secs. Kyle appuya sur son visage sur sa main gauche, le regardant d’un air profondément moqueur. Ça sentait le coup de poing.

« Ah, la vieillesse, ce terrible fléau… »

Et coup de poing il y eu dans le bras du rugbyman.

Certaines choses ne changeront jamais, elles, à son grand délice.

—‒—

« Drew ?

-Melvyn ?

-Je-tu-umh. La langue des signes, tu pourrais me l’enseigner ?

-Q-oh ! Bien sûr. Enfin, je ne te promets pas la qualité, hein. A tes risques et périls.

-J’aime ma vie risquée.

-Menteur. »

—‒—

Dix-neuf ans, c’est tôt, pour se marier. Melvyn pense qu’elle aurait pu prendre plus son temps pour réfléchir aux conséquences, être certaine que ce soit le bon, mais Gwen a toujours été un âme libre qui n’en fait qu’à sa tête et tout sur des coups de têtes.

Bon, d’accord, il lui cède le fait que son mari est en réalité son petit ami depuis ses treize ans, qu’il est beau, cultivé et en plus de cela d’une famille faisant parti de l’élite, mais tout de même. Dix neufs ans, c’est trop tôt, Kyle est d’accord avec lui, et c’est ainsi que les deux meilleurs amis se retrouvent assis côtes-à-côtes dans la salle de réception, la mine grisâtre au milieu d’une centaine de sourires éblouissants, à critiquer tout et n’importe quoi.

« Je suis sûre qu’il va devenir chauve avant ses cinquante ans, en plus, ronchonne Melvyn.

-Cette serviette est hideuse, renchérit Kyle. »

Pas sur la même longueur d’onde, certes, mais pour tous les deux, à des degrés différents, le changement de nom de la belle dame était difficile à assumer. La bague au doigt, à quelques pas de là, Gwen virevolte aux bras de son mari, Trace Dempsey, rayonnante de joie. Elle est magnifique, vraiment, breath-taking et gracieuse comme jamais dans sa longue robe de princesse blanche, toute de dentelle vêtue, longs cheveux blonds ondulant élégamment à sa suite – libérés de leur compliqué chignon à peine deux minutes après la sortie de l’église.

Gwen Dempsey, umh ? Aux yeux de Melvyn, elle resterait probablement encore longtemps une Sutherland, la jolie jeune femme aux longs cheveux châtains qui dansait comme une reine avec son beau sourire qui faisait chaud au cœur. C’est ainsi, tristement, car cette Gwen Dempsey en vaut tout autant la peine.

Melvyn n’est pas entièrement mécontent, pas vraiment blesser à vrai dire, c’est plus parce qu’il a l’impression qu’il devrait être grognon à ce propos, parce qu’elle a une place importante pour lui. Elle l’a propulsé dans le milieu du patinage, a longtemps été son soutien le plus précieux, la personne qu’il admirait – et admire toujours. Peut-être qu’il s’agissait de son premier et unique amour, son cœur d’enfant était confus à l’époque, la ligne si fine entre admiration et amour, peu importe. Il est certes réticent, pourtant bien moins qu’il ne le pensait.

« Arrêtez de bouder les deux sacs, on dirait qu’on vous a menacés de mort pour venir. »

Flora Sutherland donne une bonne tape derrière la tête de son fils, sourire radieux, avant de pincer la joue de son second ‘fils’, comme elle adorait le faire sous prétexte que chez eux, il n’y a pas d’aussi belles joues. Du coin de l’œil, Melvyn regarde Zack s’éloigner de six tables pour ne pas se faire attraper par la femme ; des trois frères, il a les joues fétiches de la grande châtain.

« Tu l’as vraiment fait, maman, » geint Kyle, au bord du caprice tel un enfant de cinq ans. Flora roule des yeux puis lui tire l’oreille, l’air sévère.
« Non mais écoutez le un peu cet enfant ingrat ! Il aurait voulu ne pas venir au mariage de sa sœur, tsk tsk. Privé de dessert.

-Maman ! »

Le cadet Sutherland vire au rouge tomate tandis que l’ainé Leroy pouffe de rire en avalant un chou à la crème ; Flora lui en pique un, toujours souriante. Elle va pour le manger lorsque l’on lui gobe directement d’entre les doigts. Sharleen Leroy mâche, une main sur l’épaule de son fils sous le regard ahuri de sa meilleure amie depuis plus de vingt ans qui regarde son précieux chou disparaître.

« Umh, délicieux. Ça manque juste d’un peu de sirop d’érable.

-Tu me dégoutes, Sharleen.

-Merci du compliment. »

Les deux amis échangent un regard, comme une conversation inaudible, puis la mère du blond lui tire le bout d’une tresse.

« Encore à bouder ? J’ai bien cru que tu allais t’opposer durant la messe. Une vraie boule de mauvaise foi ! »

Flora et son fils éclatent de rire –le fils plus discrètement. Melvyn marmonne un ‘même pas vrai’ maladroit, soudainement très conscient des regards braqués sur eux. Il enfile rapidement deux choux dans sa bouche au moment où Kyle pose une main sur la sienne, le regard maladivement doux.

« Mais enfin Sharleen, sa seule raison de vouloir ainsi s’opposer c’est par jalousie ! Il voulait qu’on soit les premiers à se marier, tu vois. N’est-ce pas, mon chou ? »

La blague passe très mal dans le cerveau du patineur qui manque de s’étouffer sur ses choux ; de fortes tapes sur son dos viennent évacuer le choux de trop dans son assiette d’une manière peu élégante.

« Pour l’épouser faudrait le garder en vie, déjà, fils. »

La voix tonitruante et chaleureuse de Mitch lui débouche aussi bien le cerveau que sa voie respiratoire. Il lance un regard plein de reproches au rayonnant Kyle, ses yeux grimpant difficilement en haut de massive silhouette du père Sutherland –en voyant le couple, l’on comprenait tout de suite d’où venait celle du fils.

« Bon choix cependant, tu as ma bénédiction. »

La bonne chose avec les Sutherland, c’est qu’ils ne sont pas seulement grand en taille, horizontalement ou verticalement ; ils ont également un énorme cœur et sens de l’humour. Sa femme rit de bon cœur tandis que Sharleen plisse les yeux.

« Je refuse. Ton fils a des idées louches. »

Impuissants, les deux fils se regardent, coincés au milieu d’une bataille sans retour. Toute d’humour vêtue qu’elle soit, Melvyn décide qu’il est temps de s’éclipser. Laissant lâchement Kyle s’occuper du chaos qu’il a créé de toutes pièces, il part retrouver le plus jeune de ses frères qu’il retrouve, sans surprise, le nez dans sa DS. Sans mot dire, il lui fourre un chou dans la bouche et le regarde mâcher sans même lever les yeux. Il sent le sourire lui monter tandis que Zack fronce les sourcils et marmonne nombre d’insultes dans sa barbe, ses doigts martelant sans merci la pauvre console. Il s’installe confortablement à ses côtés, lui redonne un autre chou, en prend un lui-même puis se met à jouer distraitement avec ses fins cheveux, plus pâles que les siens. Ils commençaient à recouvrir son beau visage, ce que Melvyn trouvait franchement triste.

Son regard vague vers la mariée qui parle à présent à des amies de lycée, la main dans celle de Trace. Il n’y a plus de pincement au cœur quand il les voit, plus qu’une maigre impression qu’on lui vole quelque chose qui lui appartient, cette même impression qui le hante un peu plus chaque jour lorsqu’il voit Kyle sourire à Jessica. Mais il est heureux, vraiment, vraiment très heureux, pour eux.

Juste jaloux. Tout le monde autour de lui rencontrait la personne et lui…

Il soupire, grattant gentiment le cuir chevelu de son frère de la manière qu’il sait que le garçon adore. Sa réaction ne se fait pas attendre –tel un chat, il appuie sa tête sur sa main et il peut voir la façon dont ses cils semblent s’alourdir. Sûrement, Zack, personne ne le lui prendrait, pas avant qu’il ne trouve cette personne.

« Alors comme ça on boude à mon mariage ? »

Les deux frères sursautent à l’entende la voix cristalline de la mariée, le ton faussement-vexée. Gwen est encore plus resplendissante de près. Melvyn lui sourit gracieusement.

« Du tout, je ne voulais juste pas de te faire d’ombre avec mon magnifique sourire. »

L’expression de la fausse-blonde vire au dépit total. Elle roule des yeux à l’image de sa mère puis lui donne une petite tape bien méritée sur l’épaule.

« Aish, petit prétentieux. Va mettre une jolie robe blanche et on en reparle.

-Je te laisse ton jour, princesse.

-Peureux.»

Elle lui tire la langue d’une manière très distinguée et il le lui rend par un sourire radieux. Zack renifle bruyamment à côté de lui, certainement pour s’empêcher de rire, le nez toujours coller sur sa DS. Pour bien faire, l’ainé lui enfonce doucement un doigt dans ses côtes, puis, comme si de rien n’était, adoucit son sourire face à la jeune femme, prêt après sa petite torture à lui dire ce qu’il aurait dû depuis le début.

« Tu es magnifique. Félicitation pour ton mariage, je te souhaite tous le bonheur du monde, tu le mérites. »

Gwen se fige un instant avant de fondre en un nouveau sourire, l’air profondément et sincèrement touchée, loin de son espièglerie enfantine naturelle. Elle lui caresse doucement les cheveux avant de l’envelopper dans une étreinte chaleureuse qui sentait aussi bon qu’un rêve.

« Merci Melvyn, merci beaucoup. »

Elle dépose un baiser sur sa joue – probablement en y laissant une trace de rouge à lèvre- avant de se redresser. Elle semble si heureuse, si émue d’un seul coup qu’elle l’en met mal à l’aise. Zack toussote à ses côtés.

« Je veux pas gâcher un moment –là, mais euh, ouais, félicitation. Et tout ce qu’il a dit. »

Contrairement à son ainé, il n’est pas spécialement plus timide que la moyenne, juste affreusement mauvais avec les mots ; ça combiné avec sa période mi-emo, mi-rebelle, ça donnait des choses absolument fantastique. Gwen rit néanmoins et fond sur lui pour déposer deux gros baisers sur ses joues tandis qu’il fronce les sourcils, l’air à moitié dégoûté comme s’il s’agit là de la pire des tortures. Melvyn rit et passe la main dans ses cheveux pâles, amusé. Il retourne son attention vers Gwen, son regard vaguant vers Trace qui le salua de loin, large sourire aux lèvres. Il est également resplendissant dans son costume noir sur-mesure, ses cheveux blonds luisants soigneusement et astucieusement coiffés encadrant son fin visage. Tout comme sa femme, ses yeux verts pétillent de bonheur. Il lui rend son signe de main.

« Tu devrais retourner à ton mari avant qu’il ne noie ton absence dans l’alcool. »

Gwen s’esclaffe de bon cœur, ébouriffant ses cheveux avant de tourner les talons, non sans un petit ‘comme s’il allait faire ça’. Il la regarde rejoindre son mari, l’embrasser rapidement, formant immédiatement une bulle de bonheur. Elle est heureuse, si heureuse, alors lui aussi l’est, sa bonne humeur communicative.
Le blond cherche son meilleur ami du regard pour le trouver le nez dans son téléphone, large sourire indiquant que son interlocutrice n’est autre qu’une jolie châtaine, le groupe de parents ayant rejoint celui du marié, riant de bon cœur. Ryan parle avec un groupe de jeunes dans un coin de manière animée, en plein dans son environnement.

Melvyn repose son regard sur Zack qui frotte vigoureusement ses joues, presque furibond.

« On te croirait allergique au rouge à lèvre à te voir te débattre comme un démon comme ça.

-Peut-être bien qu’j’le suis, » réplique-t-il, grognon.

Il sourit, trempe un morceau de serviette dans de l’eau.

« Tu vas t’arracher la peau à faire ça, laisse-moi faire. »

Docilement, le cadet laisse son frère essuyer ses joues, yeux posés obstinément sur sa console bien que ses doigts ne bougeaient plus. Il gigote sur sa chaise comme un enfant qui a une question à poser tout en ne voulant pas la formuler à haute voix. Melvyn sourit, frottant les résidus rouges délicatement.

« Qu’est-ce qui te tracasse ? »

Mais le garçon secoue la tête, n’articulant pas un seul mot. Il se remet à jouer dès que son frère s’éloigne de lui, l’air pincé. L’ainé Leroy roule des yeux, toutefois il ne pipe mot – Zack le lui dira en temps et en heure, peut-être. Sans doute. Un jour. Ça fait un moment déjà qu’il le voit se tracasser sans rien dire, sans laisser personne dans son petit monde ; le début de l’adolescence y est pour quelque chose, certainement, il n’empêche que ça le travail un peu lui-même.

De toute manière il n’a pas le temps d’essayer de lui tirer les vers du nez car l’animateur l’entraîne contre son gré dans un jeu endiablé.

—‒—

Que Kyle vienne s’écraser sur son lit dans un moment de calme et de paix ultime chez les Leroy et qu’il est au téléphone est une chose, qu’il vienne s’y écraser pour lui parler de sentiments, faire le fanboy et whatnot en est une autre.

« Non, mais elle est parfaite, tu comprends ? Parfaite. »

Melvyn roule des yeux et fixe inlassablement ses ongles –il va falloir les couper- ne se sentant visiblement que très peu concerné. A l’autre bout du fil, Drew s’agite.

« Il parle de ma cousine là ?

-La seule et l’unique. »

Kyle, pas le moins du monde affecté par le manque d’enthousiasme et d’attention de son ami, se roule sur le lit à la manière d’une gamine très amoureuse qui parle de son premier amour.

« Nooon mais Meeeeelv’, tu devrais la voir !

-Je la vois presque tous les jours.

-C’est un ange, un ange que je te dis ! Elle est trop mignonne ! Son sourire est magnifique et ses cheveux sentent franchement super bon et juste. Ugh. Melvyn. Je crois que je suis amoureux. »

Drew fait un bruit semblable à un mec trop bourré en fin de soirée qui tente d’évacuer pour boire un autre verre tandis que Melvyn lance son meilleur regard surpris, transpirant tellement de sarcasme que des gouttelettes en tombaient.

« Oh vraiment ? Tu crois ? J’y aurais jamais cru ! »

Cette fois ci l’amoureux transi lui lance un oreiller à la figure ; Drew éclate de rire.

« Arrête de te foutre de moi, rustre sans-cœur !

-Sans-cœur ? Oh, tu me le fends, Kyle, vraiment. »

Le brun ne cesse de ricaner au téléphone et c’est au tour du grand châtain de rouler des yeux. Il rattrape le coussin volant, se rasseyant convenablement sur le lit au passage. Melvyn tente tant bien que de mal de continuer à rédiger son devoir de littérature –ce qui était la raison principale de son appel d’ailleurs, avant que Kyle n’arrive.

« Franchement, c’est limite incroyable, un tel manque de sensibilité, surtout de la part d’un patineur artistique. »

Dans un effet de style particulièrement dramatique, il jette ses mains au ciel, envoyant balader l’oreiller au passage.

«Où va le monde ! »

Drew murmure quelque chose de peu décent au téléphone qui a le mérite de faire ricaner le blond.

« La ferme Drew, » lui crie Kyle pour être certain que le garçon à des kilomètres d’ici puisse l’entendre, avec ou sans téléphone, sans même avoir eu la chance d’entendre ses paroles en premier lieu. Melvyn esquisse un sourire, frappant hasardeusement quelques mots de plus sur son clavier.

« Et c’est tout à fait spectaculaire, une telle sensibilité chez un joueur de rugby, j’en ai l’estomac noué, répond-t-il, mi-figue mi-raisin. Ô les stéréotypes, je pensais qu’on était au-dessus de ça au bout de presque seize ans d’amitié. »

Kyle fait la moue, le brun sifflote, comme stupéfait.

« Et aucun des deux n’est encore mort ? Je contacte le Guinness book.

-Ca ne saurait tarder. »

L’espace d’un instant, le rugbyman a l’air triste de ne pas être dans la blague, incapable d’entendre ce que pouvait bien raconter Drew. Bien fait tiens, lui qui n’avait plus d’yeux que pour Jessica. C’est cruel, mais ça lui fait du bien aussi, à Melvyn, d’avoir ses propres petites cachoteries.

« Quoi qu’il en soit, tu penses que je devrais me déclarer ? Tu penses ? »

Il a l’impression d’avaler toute sa vie de travers. Kyle n’apprendra jamais.

« Kyle, je te l’ai déjà dit, je suis pas celui qu’il te faut pour ce genre de conseils. Tu te souviens ? Vie amoureuse inexistante.

-Quoi, sérieux ?

-Si tu dis quoi que ce soit, je te force à manger un piment mexicain lundi prochain, Drew. »

Il peut pratiquement le voir lever les mains en signe d’innocence chez lui. Le châtain est déjà en train de noter la menace dans son nouveau carnet de la mort.
« Demande à Drew dans ce cas. »

Kyle se rapproche d’un coup, tombant lourdement au sol à ses côtés, se forçant une place très prêt du téléphone.

« T’en penses quoi Drew ? Je lui demande ? Ta cousine est célibataire, hein ? »

L’air aussi enchanté qu’un chien attaché à un poteau en plein milieu d’une tempête, le brun grogne.

« C’est ma cousine ! C’est trop zarb, je sais pas !

-Kyle connaît pas le zarb en famille, il a embrassé mon frère une fois.

-PARDON ?

-Roh, Melvyn, je pensais qu’on en parlait pas !

-Ca vaaa, c’est Drew. »

Leur ami n’a pas l’air de savoir s’il doit se sentir flatter ou rétrograder à en juger par son silence. Aucun des deux ne réplique quoi que ce soit pour le rassurer.

« Breeef, passons. Je sais pas Kyle. Je crois qu’elle a personne, je crois qu’elle te regarde en mode ‘j’l’aime bien’, elle parle de toi, mais ouais. Je sais pas. Fais comme tu le sens ; du moment que tu me donnes pas de détails, t’as le feu vert du cousin, en tout cas. »

Un sourire illumine le visage de l’imbécile amoureux et Melvyn sent le sien venir. Il le camoufle en mastiquant un carambar.

« Génial ! Merci Drew, t’es le meilleur. Je te donne mon feu vert pour Melv’ en tout cas. »

Le brun manque très clairement de s’étouffer avant de laisser s’échapper une bonne centaine de ‘qu-quo-qu-‘ très éloquents tandis que son interlocuteur, sous le choc, fait tomber son carambar en restant bouche-bé quelques secondes de trop, sa mâchoire le lâchant momentanément ; il se ressaisit bien plus vite que son ainé, cependant.

« Quoi ? Tu te trouves une fille et c’est bon, tu m’épouses plus ? Je suis grave déçu Kyle. Je te quitte. »

Le garçon lui tire la langue, repartant déjà se rouler dans son bonheur sur son lit. Le patineur sourit, reprenant pleinement en main le téléphone au bout du quel Drew semble toujours avoir une mini-attaque.

« Que- je-…

-Du calme chéri, j’ai compris que tu me rejetais. Je suis une fille forte, je vais m’en remettre poussin.

-Chéri ?! »

Melvy doit se mordre très fort la lèvre pour ne pas exploser de rire face au ton ahuri de son ami brun. Le pauvre ne semble pas encore avoir l’habitude de leur humour, pas encore. Il panique toujours, ce qui a le mérite d’être particulièrement hilarant. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour voir sa tête à ce moment même. Ses joues doivent être plus rouge que jamais, son expression confuse à l’extrême, sourcils froncés, yeux ronds, bouche qui s’ouvre et se ferme comme un poisson… De toutes les personnes que Melvyn a jamais rencontrées, il est probablement la plus adorable, contrairement à ce qu’il avait pu penser la première fois qu’il l’avait rencontré.

« Bref, je te laisse mon chou, j’ai du boulot. Merci de ton aide, à lundi ! »

Sans lui laisser le temps de se remettre de ses émotions, il raccroche, fier de son coup. Il lance une chaussure qui traîne à Kyle qui regarde le plafond d’un air rêveur –gratuitement, oui, comme ça- et remet immédiatement au travail, sourire accroché aux lèvres.

Il y a compétition ce week-end, pas question de la rater, pas question de ne rien rendre non plus ; il a du pain sur la planche.

—‒—


Dernière édition par Melvyn Leroy le Dim 22 Juin 2014 - 17:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: LEROY Melvyn ♕ Cold Feet   LEROY Melvyn ♕ Cold Feet Icon_minitimeSam 21 Juin 2014 - 4:43

Histoire — Partie II


La peur, le froid, le sang chaud qui filtre à travers ses doigts pâles, le froid, la peur, l’angoisse, les éclats de voix, la douleur, trop de douleur, trop de peur, trop de cris.

Boom, boom, boom.

Son cœur bat toujours, mais Melvyn est persuadé qui va y rester. Le froid n’a plus rien de réconfortant, il est mordant, il fait mal, pourtant il ne lui glace pas le sang. Il le sent, chaud, si chaud, glissant à travers la vaine barrière que forment ses doigts. Il tremble, il tremble trop, n’a déjà plus de forces. Trop de peur, trop d’angoisse, trop de douleur lui ont pris toute son énergie.

Et les cris, trop de cris.

Boom, boom, boom.

Est-ce qu’elle va bien ? Est-ce qu’elle est sauve ?

Il ferme les yeux sur une silhouette floue au milieu d’éclats de voix.

Est-ce qu’ils étaient revenus, déjà ?

Peut-être qu’il ira au Paradis.

Il fait froid.

Et puis plus rien. Absolument rien. Le néant. Pas de lumière, pas d’anges, rien, rien du tout, pas même de douleur, pas même de froid, pas même de son.

Noir. Noir. Noir.

Mais est-ce qu’elle va bien, au moins ?

—‒—

Il y a plus agréable que de se réveiller au son des beeps incessant des machines, c’est certain. Avant même de pouvoir bouger un doigt ou soulever une paupière, avant même de pouvoir sentir son cœur battre, il les entendait déjà. Réguliers, calmes, rassurants mais incroyablement irritants, surtout frustrants.

Comme paralysé, il ne peut qu’écouter les machines et les bruits de pas dans le couloir, puis alors que son ouïe s’affine, le bruit des pages que l’on tourne, une légère, très légère mélodie près de lui. D’autres bruits de pas, une porte qui s’ouvre, des voix tordues, des mots qui ne veulent rien dire à ses oreilles toujours à moitié comateuses. Les voix sont douces, des chuchotements qui rendent la tâche encore plus compliqué à Melvyn.
Son corps semble peu-à-peu reprendre conscience de lui-même. Il est lourd, désagréablement lourd, beaucoup trop lourd, mais pas autant qu’il n’est engourdi. Melvyn a comme l’impression d’être sous trop de médicaments en même temps –peut-être que c’est cela. Dans sa main droite repose quelque chose de chaud. Il aime à penser qu’il s’agit d’une autre main, une petite, petite main.

Il n’est pas mort.

Les chuchotements commencent à avoir du sens, pas celui qu’il aurait souhaité. Ça parle de mathématiques, puis de filles en passant par le chocolat chaud, mais pas de lui. Ingrats.

Ses doigts refusent toujours de bouger, son corps de s’alléger et se paupières luttent contre sa volonté afin de rester obstinément fermées. Melvyn en a assez du noir, plus qu’assez. Il s’accorde encore cinq minutes –combien de temps ça fait ? Il a l’impression d’en avoir perdu la notion. Sa bouche est pâteuse, sa mâchoire serrée et un goût métallique dégoûtant semble y avoir élu domicile.

Qu’est-ce qu’il s’était passé déjà ? Il est incapable de remettre les pièces du puzzle à leur place. Il se souvient de la douleur, du noir, de l’inquiétude. Il était inquiet. Il est toujours inquiet.

Une fille. Est-ce qu’elle va bien ? Elle doit bien aller. Elle le doit. Elle a l’air si jeune, si frêle, si pâle ; un peu comme Zack. Il va bien, n’est-ce pas ?

Zack.

Il réussit enfin à faire bouger un doigt, puis deux. Melvyn force sa paupière à se soulever. La lumière est violente, pourtant pas autant qu’il s’y attendait, comme si elle n’était pas naturelle comme l’éblouissante lumière du matin. Sans doute qu’il est tard, il doit être tard. Les voix continuent de chuchoter, la main dans la sienne reste immobile.

Il soupire. Soupire vraiment. Avec le son. Ses doigts se referment un peu plus fermement sur la petite main dans la sienne, sa deuxième paupière daigne s’ouvrir et tandis que ses pupilles tentent de s’adapter à la lumière, la discussion cesse au profit de bruits de pas précipités vers lui.

« Melvyn ? Hey Melv’, tu m’entends ? »

La voix est masculine, débordante d’inquiétude mixée à de la joie imminente. Il cherche de ses yeux mal adaptés à mettre un visage sur la voix, y remettre un nom. Un bruit de draps qui se froisse, la main qui serre la sienne.
Melvyn aurait bien hoché la tête s’il en était capable, au lieu de cela, il laisse s’échapper un râle rauque et primitif, incapable d’articuler quoi que ce soit. Visiblement, il n’en avait pas besoin puisqu’un corps vint alourdir le sien.

« Putain Melv’, refait plus jamais ça !

-ER KYLE TU VAS L’ECRASER DEGAGE.

-Tuuuu m’écraaaases ! »

Honnêtement, à part un poids supplémentaire et un mal de crâne qui arrive, il ne ressent rien de particulier, mais à en croire la voix absolument révoltée du deuxième garçon, c’est quelque chose de très grave que d’essayer de l’écraser. Le troisième à la voix plus fluette ne semble pas avoir la même chance que lui, à en croire ses gémissement de douleur. Enfin, après mouts efforts de la part du second, Kyle - ah oui, ça ne pouvait vraiment être que lui- se retire. Melvyn cligne des yeux, à présent pratiquement capable de voir clairement, ce qui ne signifiait absolument pas qu’il arrivait à tourner la tête à son gré, malheureusement.

Il n’a pourtant aucun mal à remettre des noms sur les deux autres ; ce serait un comble de ne pas pouvoir reconnaître ses deux frères après tant d’années de vie commune.

« Ca va Melvyn, tu… Tu te sens bien ? Une infirmière devrait pas tarder. »

En réponse à Ryan, il grogne, ce qui a tout l’air de la satisfaire puisqu’il soupire de soulagement. La main de Zack serre si fort la sienne qu’il pourrait la broyer.

Il sent un poids s’alléger de sa conscience. Zack va bien, il est là, tout va bien. Et Kyle aussi. Et Ryan aussi.

Et la fille ? La fille…

Les bruits de pas reprennent, une voix féminine : l’infirmière. On lui pose des questions, sans doute, cependant déjà ses yeux se ferment, ses pensées s’éloignent.

Il est fatigué, tellement fatigué. Demain, il y répondra demain.

—‒—

« T’as toujours l’air affreusement beau, je te déteste. »

Drew, égal à lui-même, laisse tomber un sac de bonbons sur son ventre sans se soucier de sa condition physique qui laisse assez évidemment à désirer ; Kyle acquiesce, l’air dépité, sous le regard inquiet de Ryan. Dans un coin de la pièce, Zack joue à la PSP, comme à son habitude.

Gwen et sa mère se sont éclipsés à peine deux minutes auparavant, prétextant qu’elles les laissaient entre hommes, bien que Melvyn les savaient plutôt prêtes à aller faire du shopping à présent qu’elles étaient certaines qu’il allait survivre.

Il grimace.

« C’est comme ça que tu traites ton ami blessé ? Ingrat.

-La ferme Princesse, je t’ai amené des bonbons, c’est déjà bien assez.»

Le blond laisse s’échapper un grognement outré avant de saisir le paquet pour l’ouvrir.

« Non mais vous l’entendez Mr.Blush ? Comment qu’il me cause, non mais. Il y a deux ans il bégayait à chaque fois qu’il m’adressait la parole, ah, la belle époque…

-Tu l’as mal élevé, c’est tout. Une bonne claque, ça lui remettrait les idées en place. »

Drew adresse un doigt d’honneur à Kyle, frappe gentiment la jambe du blessé puis s’installe au bout du lit comme si de rien n’était. Ryan fronce les sourcils, néanmoins il retourne rapidement à sa lecture, jugeant que son frère ne craint rien même si le grand brun venait à s’affaler sur lui ; il avait beau être grand, à côté de Kyle, il faisait bien pâle figure.

Melvyn entame le paquet, en lance un au suppliant Kyle et se voit dans l’impossibilité d’en refuser à Drew qui attrape aisément le paquet de ses grands bras, profitant du manque de vitalité flagrant de son adversaire. Il ne lui faut attendre guère plus de une minute pour qu’une autre main plus petite vienne quémander. Ryan le réprimande, juste pour bien faire, une histoire de ‘tu devrais pas manger de bonbons comme ça, si ça se trouve c’est pas compatible avec tes médocs’, toutefois il se tait une fois la sucrerie en bouche.

« Alors, tu sors quand le héros ? »

Le surnom fait grimacer Melvyn, le rend incroyablement mal à l’aise. Il finit de mâcher son bonbon, sourcils froncés, regard réprobateur rivé sur son ami.

« Je suis pas un héros. Je sors dans une semaine, ils veulent me garder pour être sûr que tout va bien et tout le blabla.

-Ce que j’en dis, moi, c’est qu’ils te veulent pour ta beauté. Les infirmières t’adorent, ça doit booster leur moral. »

Melvyn, amusé, se contente de secouer la tête ; l’idée ressemble bien à Kyle.

« C’est une possibilité, en fait, » ajoute Ryan, l’air si sérieux que l’espace d’un instant, l’ainé est tenté de croire qu’il le pensait vraiment. Drew hoche la tête derechef, visiblement convaincu de l’explication.

« Vous avez certainement raison. Traumatisme crânien ? Graves blessures par arme blanche ? Nada, c’était juste un plan pour me garder à l’hôpital. En réalité, je pète la forme. »

Le groupe échange un sourire entendu ; l’air est à la blague et Melvyn ne s’en plaindra pas. Les hôpitaux l’angoissent, il y a trop de gens qu’il ne connaît, trop d’exams, trop de questions et bien souvent, trop de douleur malgré les médicaments. Ça n’a rien d’une promenade de santé, ça non.

« N’empêche, glisse Drew, ça peut faire cool sur ton dossier : blessures par arme blanche, traumatisme crânien… On va te renommer Melvyn Le Warrior à partir de maintenant.

-Surtout que la rumeur court que t’as foutu un tel punch à l’un des mecs qu’il a le nez tordu maintenant.

-Melvyn, le Warrior à la droite de Dieu.

-Magique. »

Il est tiraillé entre l’éclat de rire et la confirmation de toutes les informations avec une pose digne du meilleur de warriors, toutefois il finit par ne faire qu’un mouvement de bras et un vague ricanement avant de s’arrêter net, grimaçant de douleur.

Ne prenez pas de coup de couteau les enfants ; ça fait sacrément mal.

« Ça va ? »

L’inquiétude danse au fond des yeux ambrés, les sourires fondent dans la salle et Melvyn se sent encore plus mal d’avoir jeté un froid. Il force un sourire sur ses lèvres pâles.

« Le prix de la beauté. »

Personne ne rit vraiment, toutefois l’inquiétude se tasse. Le silence tombe avant que Drew ne se décide à reprendre doucement.

« Tu sais, t’es partout à la télé, les gens t’adorent. »

Il sait. Il s’est vu dans les journaux, à la télé, il paraît même qu’on lui demande des interviews ; l’on a déjà interrogé ses parents, Kyle, ses frères… Il refuse. Le patineur héroïque, il n’a rien de ce personnage.
Ils doivent s’apercevoir que son humeur retombe car immédiatement, Kyle tente de la remonter, sourire entrainant collé sur son visage fatigué.

« Et la fille que tu as sauvé n’a rien eu, à part une belle frousse. Tu es l’ange gardien de ces dames, à ce qui paraît ! Un vrai héro.

-Arrêtez, ça n’avait strictement rien d’héroïque ! »

Non, rien, absolument rien. Il sert les dents, surpris lui-même d’avoir haussé la voix de la sorte. Quatre paires d’yeux ronds sont posés sur lui à présent, attendant une explication. Melvyn déglutit, soupire, se pose, regard rivé sur ses mains soigneusement entremêlées dans ses draps blanc.

« J’ai juste sauté dans le tas, vous auriez fait la même chose à ma place, tout le monde l’aurait fait. »

Un silence de plomb accompagne son affirmation, le prenant de cours. L’ambiance tourne au malaise. Quoi ? Ils ne l’auraient pas fait ? Son regard se ballade de têtes en têtes pour ne rencontrer aucun des leurs. Melvyn n’y croit pas. Il n’y croit pas un instant. Kyle relève doucement la tête, hésitant.

« Peut-être pas, Melvyn. Je pense… Je crois pas que je l’aurais fait. C’est laid, mais je… J’ai pas ton courage, Melvyn. »

Son courage ? La bonne blague. De tous, il était le plus froussard, incapable d’aligner deux mots lors d’une présentation face à une classe. Ryan était un génie qui ne reculait devant rien, Kyle un grand gaillard au cœur d’or à qui personne ne faisait peur et Drew se serait jeté dans n’importe quel bataille parce qu’il avait juste cette bonté naturelle. Il n’y croit pas.

« Je suis pas courageux. Ca n’avait rien à voir avec le courage, rien du tout. On peut juste pas passer à côté de ça ! Si ? »

Si. Beaucoup le font.

« C’était courageux Melvyn, très courageux. »

Le ton de Ryan est doux, rassurant, pourtant il lui donne envie de crier, mais sa gorge se noue, sa poitrine lui fait mal. Il n’est pas courageux. Il n’est pas héroïque. Il est juste humain.

« Non, non, je crevais de peur, je tremblais comme une feuille, c’était pitoyable. J’ai même pas réfléchis, je pouvais pas… Mais j’avais peur, tellement peur. Tétanisé, je pouvais rien faire, rien du tout, rien. »

Ses poings se serrent sous le drap, les larmes lui montent aux yeux, les souvenirs flashent, et il tremble, tremble comme il tremblait là-bas, dans le froid, dans la douleur. Peur, angoisse, il va y rester, et il ne reverra plus, plus jamais.

« Je-j’ai cru… J’ai cru que j’allais y rester. C’était nul, pitoyable, j’avais trop mal, trop peur. Je savais, je savais que je faisais pas le poids. Mais… Mais elle… Zack. Elle ressemblait tellement à Zack. Je pouvais p-pas. Et si, et si ça avait été lui ? Et si… C’était horrible, horrible, horri-ble. »

La fille, la pauvre fille, seule contre le mur, elle pleurait, pleurait tellement, si pâle, si frêle… La douleur, le mur, le sol, la douleur, le sang, le sang, visqueux, chaud, douleur, des voix, des cris, le froid, des rires, des pieds, douleur, des mains, sang, sang, sa-…
Des bras viennent entourer son cou, briser son cauchemar. C’est chaud. Sa respiration est saccadée, l’image ancrée dans sa mémoire, il tremble, il pleure, pleure et pleure encore.

« C’est bon, c’est bon Melvyn, tout va bien… »

Mais la voix fluette est aussi tremblante qu’il est, pleine de sanglots qui ne cessent plus.

Zack.

Doucement, avec précaution, il l’enlace en retour et se laisse aller contre sa fine épaule parcouru de lourds sanglots. Une autre paire de bras les rejoint, larges, chaleureux et Melvyn a mal, il a vraiment mal, pourtant il se sent en sécurité, finalement en sécurité. Ses deux frères vont bien, ses amis vont bien, la petite fille va bien, tout, tout va bien aller.

Plus de sang, plus de cris, plus de froid.

Juste sa famille, ses amis et ces draps blancs.

—‒—

Retrouvez-vous à l’hôpital pendant une semaine et demi et vous êtes la personne la plus célèbre du lycée, grosso-modo.

Bon, il y a aussi le fait que lorsque l’on est déjà connu pour une raison quelconque et qu’on fait un truc très stupide que tout le monde considère comme l’acte le plus courageux du siècle, il n’y a pratiquement pas une seule personne qui ne l’a pas vu à la télé ou sur un journal.

Et pour une personne aussi peu à l’aise socialement comme Melvyn, c’est un vrai enfer au quotidien.

Tout d’abord, il n’a pas le droit de patiner pendant encore un bon mois –la torture, la vraie torture, encore heureux que la saison des compétitions étaient terminée-, ensuite tout le monde l’aime. Encore plus qu’avant. Ce qui est bien, oui, très bien, si l’on ne déteste pas l’attention comme lui l’exècre ailleurs qu’à la patinoire.

« Sérieusement, grogne-t-il en s’avachissant sur une chaise, complétement exténuée après une matinée à courir partout, je me suis fait pitoyablement défoncer, pas de quoi en faire tout un plat. »

Jessica lui lance un sourire amusé avant de lui adresser une poignée de signes qu’il traduit presque aisément –il s’avère que Drew n’est pas un si mauvais professeur que cela. Il préfèrerait ne pas avoir compris ce qu’elle lui raconte. Au fil du temps, Melvyn s’était rendu compte que leurs yeux et joues rouges n’étaient pas les seuls points communs des cousins ; la châtain ne manquait pas une seule occasion de s’amuser de lui, ce qui, entre-autre, la rendait beaucoup plus accessible de son point de vue. La demoiselle ne bronchait pas lorsqu’en retour l’on se moquait –amicalement- d’elle, ce qui, chez Melvyn, était une vraie bénédiction.

Il avait fini par tout simplement l’adorer.

Après quelques signes bien sentit qui arrache à la jeune fille un rire silencieux, il pique plus ou moins discrètement une énorme poignée de chips à Kyle. Ils avaient trouvé une classe vide dans laquelle passer la pause déjeuné au plus grand délice de la star du moment.

Melvyn fixe la conversation entre son meilleur ami et Jessica distraitement, sans vraiment essayer d’y comprendre quelque chose –Kyle ayant appris de la jeune fille elle-même, il ressemblait déjà à un pro. A cause de la tournure dramatique des événements, il semble que son ami n’ait toujours pas déclaré sa flemme à la belle demoiselle et curieusement, le blond en était le plus frustré, de toute évidence.
A ses yeux l’attende était aussi futile qu’insupportable, cependant vu qu’il n’avait jamais eu à personnellement se confesser, il n’avait pas exactement son mot à dire la dessus. Est-ce que c’était difficile ? Est-ce que son cœur risquait de lâcher ? Trop de questions, pas de réponses.

Melvyn les envie.

—‒—

« Tu as été ma-gni-fi-que. Je crois que les juges sont tous tombés amoureux de toi. »

Quelque peu essoufflé, toujours la tête à la patinoire, Melvyn se contente de repousser une mèche blonde qui lui obstruait la vision, offrant un petit sourire de remerciement à Kyle qui lui donne un grande tape dans le dos pour lui témoigner sa masculine affection.

« J’en doute, j’ai fait plein d’erreurs, c’était atroce, vraiment. Mon score n’est pas si bon non plus…

- Tsk tsk, le public était transi, t’as fait du bon boulot, même ton entraîneur le dit. Tu sais qu’ils t’appellent tous la fée de la patinoire ?»
Gwen, large sourire aux lèvres, dépose un baiser sur sa joue ; derrière elle, Trace lève le pouce à son attention, du mieux qu’il le peut avec sa petite fille, Sherry, dans les bras. Celle-ci répète joyeusement ‘Fée ! Fée !’ à qui veut bien l’entendre – Sharleen, principalement.

« Fée ou pas, en tous les cas, Melvyn, ce pantalon te fait un cul d’enfer ; certains vont en rêver ce soir. »

Kyle réprimande sa sœur à mi-voix d’une manière très peu convaincante puisqu’il est lui-même hilare. Melvyn en rit de bon cœur.

« Mon cul est toujours fantastique, Gwen. »

Comme pour confirmer son affirmation, elle lui met carrément la main aux fesses, sous les yeux ahuris de son mari et ceux extasiés de Sherry, précoce pour ses deux ans, un peu trop semblable à sa maman.

« Fantastique, fait-elle en hochant la tête avant de se tourner vers son mari, tu devrais en prendre la graine Trace. Allez, au patin !

-Il en roule déjà assez, des patins. »

L’élégance de Kyle lui vaut une frappe sur le haut de la tête de Sharleen et quelques roulement de yeux. Le rougissement évident sur les joues du jeune marié rappelle à Melvyn un certain brun rester tranquillement chez lui – il est certain qu’il a au moins une quarantaine de messages en attende sur son portable.
Jessica se faufile aux côtés de son copain, prenant discrètement sa main, sourire délicat aux lèvres. Elle offre le meilleur des pouces en l’air à Melvyn qui lui répond par rapide merci en signe. Les langages des signes avait fini par devenir la seconde langue du petit groupe ce qui en irritait plus d’uns, incapable de comprendre ce qu’ils pouvaient bien être en train de se raconter – en règle général, c’était des insultes très créatives.

« Alors le premier au classement provisoire, tranquille ? »

Sa mère l’enlace légèrement avant de lui tapoter la joue, visage rayonnant de fierté. Le garçon grommelle.

« Non, vraiment pas tranquille M’am, tu le sais. Ça va changer, c’est sûr, c’était vraiment imparfait ; certaines courbes craignaient, le premier double était hésitant et…

-Le voilà qui recommence, que quelqu’un l’éteigne. »

Mécontent que l’on rit de lui, bien qu’habitué, Melvyn fait la moue, croise les bras fermement sur la poitrine, déterminé à ne pas dire un mot de plus. Gwen lui tire la joue, éternellement souriante.

« Hey, Melvyn, soit un peu fier de toi ; j’ai fait et vu assez de patinage artistique pour savoir que c’était franchement compliqué et bien, ce que tu as fait. Sincèrement, bravo. »

Et peut-être que ça lui fait un peu trop plaisir d’entendre son mentor, la personne qu’il admirait tant, celle qui l’a motivée à faire ça le féliciter de la sorte. Il se permet de se relaxer un peu, laisse ses épaules tombées. C’est dur de se dire qu’on a bien fait quelque chose, dur de passer outre ses propres fautes même pour quelques secondes lorsque l’on est aussi perfectionniste et intraitable que lui. Une faute est une faute, elle compte, elle est un poids supplémentaire sur ses épaules ; dans sa tête, lui qui ne le connaît que trop, elle gâche toute la performance.

Honnêtement, il est déçu, il est toujours un peu déçu de ne pas avoir pu leur montrer à tous la plus belle des performances, une magnifique ballade, parce qu’ils le méritent.

Mais enfin, il n’a pas été si mauvais non plus, n’est-ce pas ?

« Merci, merci beaucoup. »

Premier il reste.

—‒—

L’avantage quand deux de vos amis sortent ensemble, c’est qu’ils sont heureux. Qu’ils étalent leur joie. Qu’au moins, ils ne se haïssent pas et que donc vous pouvez être tous ensemble.

Le désavantage ? Il y en a une tonne, voire même deux tonnes, et encore, avec Kyle et Jessica, il a de la chance, les deux restent relativement discret. Relativement. Pour se réconforter, Melvyn peut toujours se dire qu’au moins, il ne risque pas d’entendre quoi que ce soit d’étrange venant d’eux ou de surprendre sans le vouloir une conversation louche qu’il ne devrait pas entendre. D’un autre côté, ils sont toujours collés ensemble, que ce soit innocemment ou pas, et ça, c’est un peu ennuyant. Grave ennuyant.

Pour faire simple, Melvyn se sent un peu rejeté, à part et oui, jaloux.

D’habitude, les jours de cours, vu qu’il avait Drew qui pouvait compatir, c’était supportable ; l’été le fut beaucoup moins, et encore moins à chaque fois que Ryan ramenait sa petite copine, Hazel. Le point positif ? Il avait eu tout le temps qu’il voulait à la patinoire, vraiment, un peu trop même au goût de son entraîneur qui se voyait contraint de le virer de force le soir. A part ça, il passait l’autre plus grande partie de son temps avec Zack qui commençait à ressembler à un arc-en-ciel sombre avec toutes les couleurs qui passaient dans ses cheveux.

D’accord, il dramatisait un peu, Kyle lui accordait tout de même beaucoup d’attention et ils passaient toujours beaucoup trop de temps ensemble –surtout parce que le rugbyman ne semblait pas avoir de lit dans sa propre chambre et venait donc pratiquement tous les soirs squatter le sien-, cependant il se pensait en droit d’être grognon. Au moins, il a toujours le loisir de le maltraiter, c’est déjà ça.

Et au-dessus de tout, Drew étant aux Etats Unis pendant plus d’un mois – un mois !-pour aider sa sœur ainée au lancement de sa boutique, il se sentait franchement horriblement seul. Sans sa grognasse de compagnon avec qui se plaindre en alexandrins, sa vie de grand persécuté semblait bien moins supportable. C’est à peine si le bougre prend le temps de lui envoyer des messages pour savoir qu’il est en vie.
Parfois, Melvyn réalise qu’il est franchement dépendant de ses amis, plus qu’il ne l’aurait jamais cru quelques années auparavant. Parfois. Au passage. Kyle dit que c’est bien, c’est un bon changement par rapport à son lui du passé qui ne s’intéressait à rien d’autre qu’à ses patins ; lui trouve ça désagréable et s’en serait bien passé.

Il avait la constante impression de passer d’un bain glacé à un autre chaud, ce qui n’arrangeait rien à son attitude de grand grognon possessif.

Il était temps que l’été se finisse.

—‒—

Ce n’est pas la température ou l’agitation de la rentrée approchante qui lui signale que sa torture touche à la fin –oui, torture, il n’avait jamais aimé l’été de toute manière- ; celle-ci vient sous la forme d’un grand dadet brun qui semble avoir passer l’été dans un placard.

Enfin, au début, pendant de longues minutes, plus que la fin de l’été, c’est la fin de sa vie que Melvyn entrevoit. Il patinait, tranquillement, faisait sa petite vie, sautillait, tombait, essayait de nouvelles figures en testant sa flexibilité-ce qui se finissait rarement bien- et puis son regard a eu le malheur de tomber sur les gradins. Là, un type, capuche cachant la moitié de son visage, regard de vicelard –si si-, piercings, cheveux noirs qui retombent de manière très douteuse sur ses yeux et un air qui s’approchait plus du drogué en manque qu’à un lycéen en bonne santé, le regardait, lui et personne d’autre, il en était certain.

Louche de la tête au pied, pas le type de garçon que l’on voit dans une patinoire pour admirer l’art quoi. Ce n’est pas la première fois que ce genre de choses arrivent, honnêtement, il est presque habitué, mais c’est une de premières où le mec l’attend dehors, tranquillement, alors qu’il est déjà assez tard. Melvyn avoue que depuis sa rencontre avec le poignard, il n’est pas des plus rassurés lorsqu’il se ballade seul dans les rues – pas qu’il l’était franchement avant non plus.

Le voyant adossé au bâtiment, regard dans le vague, le blond se mordille la lèvre nerveusement. C’est qu’il est grand, le machin, même légèrement voûté, comme si le ciel lui pesait sur les épaules, probablement plus grand que Kyle, et déjà que le mètre 80 du rugbyman était assez imposant… Les chiffres lui montant à la tête quant à la taille de l’inconnu. Le seul point rassurant est que contrairement à son ami, le garçon a la silhouette d’une paille aplatie.

Malgré tout, et bien qu’il était devenu pro de self-defence, Melvyn se presse et tente tant bien que de mal de détourner l’obstacle. BEEP BEEP erreur, l’obstacle est un missile programmé qui se lance aussitôt à sa suite et le rattrape en quelques grandes enjambées comme s’il s’agissait de la chose la plus aisée au monde. Le patineur se retrouve aussitôt assaillit par l’odeur de la cigarette et la désagréable impression qu’on viole son espace vital. Une main se pose sur son épaule, serre ; il se crispe.

« Er, m’ignore pas Princesse ! »

Princesse ? PRINCESSE ?

Il se fige avec la ferme intention de briser le bras de l’inconnu. D’une agile prise, il le lui tord derrière le dos avec assez de force pour le faire pigner de douleur. Comme vaincu, le brun tombe à genoux, laissant à l’autre toute sa liberté de jubiler comme un respectable sadique. Et puis…

« Aie aie, putain Melvyn ! Compris, compris, j’appellerai plus la prochaine fois ! »

Mais. Mais il connait cette voix. Appeler plus ? Oups, il a merdé.

Il tire la capuche en arrière, confirme ses soupçons, non sans une certaine surprise.

« Drew ?

-Non, le pape, » raille ce dernier avec une grimace douloureuse qui alarme Melvyn de la situation de son bras, prêt à céder. Par pur camaraderie, il le lâche, se reculant pour se rendre compte de l’étendu des dégats.

Pas dégâts il n’entend pas le bras que Drew frotte en gémissant, mais plutôt le nombre de trous supplémentaires sur son visage et oreilles. En somme, le garçon n’a pas changé : pâle, l’air d’avoir grandi trop vite, charme particulier dans sa nonchalance, et surtout, de beaux yeux ambrés comme on en trouve rarement. Non, à part le fait qu’il semble avoir pousser d’encore quelques centimètres et ses cheveux à présent trop longs –sans compter les piercings, bien sûr, le brun est le même. En beaucoup plus louche.

« Oh. Désolé. Je t’avais pas reconnu, parce que, tu sais, personne ne met de sweat à capuche en été, crétin. Et bon dieu, qu’est-ce qu’on t’a fait aux USA ? »

L’air autant profondément offensé qu’amusé, Drew finit par rire de bon cœur sous le regard critique du blond qui essayait avec difficulté d’enregistrer les changements.

« On m’a mis un flingue sur la tempe, puis on m’a forcé à m’asseoir pendant qu’on me faisait des trous et des dessins rigolos. Très traumatisant. Je ne te recommande pas les Etats-Unis.»

Melvyn jure qu’il peut prendre le sarcasme dans la main et le rejeter à la figure du brun –il ne le fait pas, parce qu’il est bien élevé.

« Des-… T’as des tatouages aussi ? On peut vraiment pas te laisser deux mois tout seul, hein ? »

Le plus grand se contente d’hocher vaguement la tête, sourire satisfait pendu aux lèvres –visiblement, l’effet voulu avait été obtenu avec brio ; rien que pour cela, il méritait qu’on lui tire les oreilles par les piercings.

« Tu crains.

-Moi aussi je suis très heureux de te revoir Melvyn. Tu as passé des bonnes vacances ? Tu m’as pas trop pleuré ?

-C’était atroce. J’ai pleuré tous les jours. Mon servant favori, parti ! J’ai cru mourir. Tu mérites le fouet. »

Nouvel éclat de rire, « bien maître », puis, sans même donner l’ombre d’un avertissement, Drew l’engouffre dans une étreinte osseuse qui lui coupe à moitié le souffle- et lorsqu’il le récupère, le familier tabac le fait grimacer.

« Tu m’as manqué, grognasse.

-Tu pues. »

Cette fois-ci, le rire les secoue tous les deux avant qu’il n’entende un petit « désolé » à peine plus au-dessus d’un murmure ; Melvyn sourit et lui rend finalement son étreinte, enfouissant son visage un peu plus dans le sweat noir de son ami. Il a beau s’en plaindre, l’odeur de cigarette est étrangement addictive – et rassurante. On s’y fait, sans doute.
Que Drew fume, ça, ce n’est pas une grande nouveauté ; le moins sportif du groupe s’est retrouvé au fin fond du trou du tabac il y a plus d’un an déjà, bien que, par respect, il fumait le moins possible en leur présence, comme l’amusant garçon qu’il est.

L’étreinte dure trop longtemps, Melvyn le sait, bien sûr qu’il le sait, puisque c’est son plan de vengeance ultime. Drew a beau donner l’impression qu’il est tout à fait à l’aise avec les contacts physiques, les initiant même assez souvent, il n’en reste pas moins le grand embarrassé de la vie. Le plus petit sait qu’il est rouge à présent, rouge bien prononcé, tandis qu’il s’accroche à lui. Il tente de se séparer du blond, sans succès, il ne fait même qu’empirer la situation puisqu’à son grand malheur, son agresseur resserre ses bras autour de sa taille, le visage fermement pressé contre sa poitrine. Une main se pose dans ses mèches blondes, un soupire.

« Melvyn.

-Ummh.

-Arrête.

-Numph.

-Melvyn, allez. S’il-te-plaît. »

Le garçon en question relève la tête sans pour autant lâcher prise, sourire narquois étendu sur ses lèvres. Il a raison, le visage de son ami peut dès à présent rivaliser avec les tomates les plus mûres du marché.

Piercings et tatouage ou pas, temps qui passe ou pas, Drew est égal à lui-même pour ce genre de choses.

« Awwh, comme elle est mignonne cette petite tomate. A croquer. »

Et ce genre de choses aussi.

« Mel-MeLVYN ! »

Il en hoquette presque de surprise. Visiblement, les deux mois aux Etats-Unis l’ont fait régresser plutôt que le contraire. Melvyn se laisse éclater de rire avant de se séparer de son ami, décidant que c’était assez de torture pour des retrouvailles – après tout, il aurait tout le temps pour cela plus tard.
Il se remet en marche sans même se retourner ou laisser le temps à Drew de récupérer.

« Bouge-toi ou je te laisse là, idiot. »

Melvyn est peut-être le seul lycéen heureux que les vacances se finissent.

—‒—

C’est idiot, tellement idiot, comme une vie peut changer en deux secondes. Une petite hésitation, un mauvais tournant et vlam, fin du rêve, début du long cauchemar.

Melvyn n’est pas certain de ce qu’il a fait de travers, l’important est que la réception du saut est merdique, que l’os se brise, qu’il a mal, qu’une jambe dans le plâtre, c’est la fin des Jeux Olympiques – s’il y avait eu un début.

Il ne sait pas ce qui fait le plus mal.

Tout était prêt, de la valise à son programme, de son mental à son physique, il ne pouvait pas faire mieux. C’est frustrant, démoralisant, déprimant, douloureux, c’est trop, trop, trop.

On éteint la télévision sur son passage, on compatit, on lui adresse des mots d’encouragement, mais personne ne sait miraculeusement réparer un os en une nuit. C’est six semaines, pas moins, peut-être plus, et aucun docteur, aucun chirurgien n’a le don de raccourcir cette période.

C’est pas grave, n’est-ce pas ? Quatre ans de plus, ce n’est rien, il a tout juste dix-huit ans. Mais « c’est dommage », « c’est triste ». Les espoirs s’effondrent aussi rapidement que cela prend pour un os de se briser. Net.

Et c’est triste, c’est dommage ; il pleure tous les soirs dans son oreiller pour réussir à s’endormir avec la douleur.

Il est interdit de patinoire ; comme s’il aurait pu mettre une paire de patin de toute manière.

« Profite de ce temps pour bien te reposer, Melvyn, tu as une mine horrible. »

Se reposer est bien la dernière chose qu’il a en tête, alors il décide qu’il ferait aussi bien de redoubler d’efforts en études. De toute manière, un athlète qui se casse doit s’attendre au pire. Il nourrit l’idée que, peut-être, c’est vraiment la fin quelques temps, avant que Jess ne lui jette un verre d’eau au visage en plein milieu du repas, furieuse, bouleversée, l’insultant de tous les noms, fière comme une déesse Grecque.

Kyle passe son temps à s’occuper de lui, mais pas par pitié ou culpabilité, simplement par amitié, parce que c’est ce que Melvyn aurait fait pour lui s’il venait à se briser un os. On s’occupe de lui comme jamais, lui remonte le moral et il sait qu’il est chanceux d’avoir un entourage aussi aimant. Il lui faut juste du temps pour s’y faire, au fait qu’il ne participe pas à cette compétition sur laquelle il louchait depuis si longtemps, son but.

D’autres gagnent ses médailles tandis que Drew les faufilent à l’intérieure de la patinoire. Il manque de le faire tomber sur celle-ci en glissant, manque de lui casser le plâtre au moins trois fois, pourtant ça lui fait un bien fou de la sentir à nouveau sous lui. Ça lui fait peur également, de le sentir se dérober à chacun de ses pas, lui rappelant à quel point tout peut virer facilement hors de contrôle, comme tout est fragile, mais Drew est solide. Il le rattrape à chaque fois. Ils finissent par s’allonger sur la patinoire au clair de la lune.

Kyle est solide, Jessica est solide, Ryan, Zack, son père, sa mère, Gwen… Ils sont tous solides et il y aura d’autres jeux. Il y sera.

Ca ne l’empêche pas de mouiller à chaudes larmes le sweat du brun.

« Je ne vais plus jamais le laver, celui-là ; il va valoir de l’or dans pas longtemps.»

—‒—

Chaud, chaud, il fait beaucoup trop chaud.

L’été bat son plein, Melvyn a très envie de piquer une tête dans toutes les fontaines du coin tandis qu’il se presse jusqu’à la patinoire où l’attend la délicieuse et tant attendue fraîcheur. Téléphone en main, il tape quelques copieuses insultes à Kyle qui se prélasse au même-moment dans la piscine de chez sa copine –plus précisément chez le grand-père de celle-ci. Le bâtard ne cessait de lui envoyer des photos et messages pour lui montrer à quel point tout baigne pour lui. Piscine, copine, boisson fraîche, le paradis sur terre.
Comme pour lui remonter le moral, au même moment Drew lui décrivait de manière particulièrement déprimante comment il vivait sa grippe au fond de son lit –c’est-à-dire très mal.- tout en se plaignant du manque de blondes à son chevet. Lucy l’avait quitté après la rentrée, un an auparavant, n’appréciant visiblement pas le nouveau look du garçon. Melvyn lui promet de lui ramener un paquet de glace et sa magnifique blondeur la prochaine fois qu’il passe tout en évitant de percuter une mère de famille particulièrement pressée. La gamine qui la traîne derrière elle d’un air de commandant suprême lui rappelle inévitablement la très déterminée Sherry qui fait récemment vivre un vrai enfer à ses parents ; intrépide et un chouilla capricieuse, elle restait un ange avec lui, alors forcément, il ne peut que l’aimer, bien que Ryan la surnomme Satan II. Bah, il est simplement de mauvaise fois parce qu’elle lui tire toujours les cheveux. Bien fait pour lui, il n’a qu’à pas être si heureux et épanoui ; Sherry est encore plus adorable avec Zack, ça doit être un signe qu’elle préfère le type calme et emo – ou simplement que ses standards se beauté sont déjà hauts.

Le blond finit par ranger son portable au bout de la treizième collision évitée de justesse, remontant son sac sur ses épaules. De toute manière, le voyage touche à sa fin, il peut à présent clairement voir le si convoité bâtiment.

Au final, rien n’a réellement changé pour lui, ça n’était qu’une saison de perdue, il s’était fait une raison, à présent plus déterminé que jamais à y retourner sans fautes dans quatre ans et rafler toutes les médailles, en mettre plein la vue. A présent, il avait presque honte de s’être comporté comme un gosse de 13 ans à ce moment-là et incroyablement reconnaissant à son entourage pour l’avoir supporté tout ce temps.

Chaud, chaud, il crève de chaud, il sue, il déteste ça. Melvyn agite son t-shirt blanc afin de s’éventer, soupire, grogne, pousse la porte.

Deux secondes qui bouleversent tout.

Pour toujours.


END:
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Allen Winters
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LEROY Melvyn ♕ Cold Feet _
MessageSujet: Re: LEROY Melvyn ♕ Cold Feet   LEROY Melvyn ♕ Cold Feet Icon_minitimeMer 2 Juil 2014 - 21:14

Bon allez, j'arrête de te faire attendre ! (à croire que c'était une punition)
t validay mn chou tu koné le chem1 :$

Parce que comme t'aime pas les compliments, je mets sous spoiler. Tu n'as qu'à pas ouvrir. :
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LEROY Melvyn ♕ Cold Feet _
MessageSujet: Re: LEROY Melvyn ♕ Cold Feet   LEROY Melvyn ♕ Cold Feet Icon_minitime

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