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 ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".

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Pensionnaire
Arsen
Arsen

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Masculin Pseudo Hors-RP : DD (DarkD)
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• Pouvoir : Voleur de corps.
Messages : 42
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ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". _
MessageSujet: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeLun 13 Mai 2013 - 1:46



* Arsen


*nom – Griffin
*prénom – Nathan
*age – 17 ans
*né(e) le – 27 Janvier 1985 ♒

Pouvoir
Transfert d'âme.
Arsen possède la capacité d’échanger l’âme de son corps avec celle d’un autre. Son pouvoir s’active lorsqu’il enlace virilement sa cible (obligatoirement un être vivant de type animal, dont l’humain). Ce qu’il se passe alors peut se résumer ainsi : l’âme d’Arsen entre dans le corps et éjecte celle qui s’y trouvait avant. Cependant, Arsen étant l’esprit d’un mort, il ne possède pas de corps à proprement parlé. Du coup, l’âme éjectée se retrouve sous forme de boule d’énergie blanche et pure libre de toute entrave terrestre. Elle peut communiquer, passer à travers n’importe quoi (sauf bien entendu les murs menant vers l’extérieur du pensionnat) mais pas faire du mal. En effet, si une âme traverse quelque chose de vivant, celle-ci ne sentira que des chatouilles. Sauf si cette chose vivante est le corps d’origine de l’âme. Pour le coup, ça peut faire très mal pour Arsen. Selon la violence du "retour" (si l’âme se jette sur son corps comme un animal affamé, si elle est en colère ou quoi), Arsen sera éjecté plus ou moins brutalement, entraînant une paralysie intégrale d’une durée variable.
Lorsqu’il entre dans un corps, Arsen peut très bien en sortir s’il le veut, le laissant telle une coquille vide. Mais pour le coup, il ne pourra plus y retourner à moins qu’il retrouve son âme. En gros, il ne peut entrer dans un corps sans âme.
Son masque n'étant pas vraiment une partie de son âme, celui-ci reste à l'extérieur du corps hôte.
Dans ce corps, il acquiert tous les côtés positifs et négatifs imprimés : tics, sens, instincts, etc …
S’il est déjà dans le corps de quelqu’un, il ne peut refaire à nouveau un transfert d’âme.

Alter Ego Astral
Pendant un court laps de temps de son existence et avant d’entrer en maternelle, Nathan avait imaginé un lièvre dont le poil et ses cheveux avaient la même couleur. Vu son jeune âge de l’époque, il n’en a gardé aucun souvenir et l’avait simplement nommé « Lièvre ». L’Alter Ego Astral est né de l’envie de Nathan de dépasser son frère Anthony qui le prenait toujours de haut. Notons qu’à ce moment, il a commencé à entendre parler de la fable du « Lièvre et de la Tortue », mais semblait ne pas avoir tellement saisi la morale.

Passions
Pas mal de choses. Surtout le vélo et se promener en plein air. Il aime bien aussi les animaux et aurait peut-être tenté quelque chose dans ce domaine s’il avait eu le temps, finalement. Nathan a cependant toujours été quelqu'un d'assez malléable et curieux s'intéressant à peu près à tout.

N'aime pas / Phobies
Ce dont Arsen a sans doute le plus peur sont les langues. Et je parle bien entendu de l’organe à l’intérieur de la bouche. Assez paradoxal pour un ancien maître de chien. Depuis que l’Esprit lui a volé son visage, le mort est atteint de sueur froide à la simple vue d’une langue. Il a appris à gérer sa phobie, mais elle le figerait sans doute sur place si une langue pendante s’approchait visiblement trop près de son espace vital.



« And now my life has changed in oh so many ways »

Histoire

Voir plus bas pour la version longue. Voici cependant la version light en dix lignes ...

C’est l’histoire de Arsen. L’âme d’un adolescent de dix-sept ans s’étant suicidé. Certaines personnes croivent en la vie après la mort, mais peu en savent vraiment quelque chose. A sa mort, Arsen est donc arrivé Ici. Un endroit où les âmes errantes se retrouvent. Il se fit tout d’abord accueillir par un esprit qui décida de le manger … mais réussit à n'avoir que son visage. En effet, un autre mort (Ludmillian) arriva pour le sauver. Il lui offrit par la suite un masque stimulant son pouvoir spirituel, lui permettant ainsi de voir et de parler. Le garçon devint alors son protégé (c’est même lui qui le nomma ainsi), d’une certaine manière, l’aidant surtout en allant chercher de l’alcool pour lui en ville.
Cependant, au bout d’un moment, il se rendit compte qu’il avait oublié qui il était. Ne se sentant pas très bien à cette idée, il décida de retourner sur Terre, pensant que ça l’aiderait à se rappeler.
Malheureusement, Arsen était une âme au pouvoir spirituel très faible. Arrivé sur Terre, il erra pendant un moment sans savoir où aller jusqu’à ce qu’il rencontre Leander, un jeune homme capable de le voir. Harcelé par l’esprit et voulant fuir ses problèmes personnels, Leander se laissa emporté par l’aventure … qui les mena jusqu’aux Etats-Unis, dans l’Iowa. Les rencontres et diverses situations ramena donc des réminiscences de la vie passée de Arsen.
Avant, il se nommait Nathan Griffin. Un adolescent des plus normal. Cependant, une suite d’évènements le mena à la mort … accidentellement.
Ayant à présent retrouvé ses souvenirs, il était temps pour lui de rejoindre Ludmillian … Et, en chemin, il fut attiré par un étrange endroit. Un certain pensionnat …

Caractère

(Ce caractère contient malheureusement pas mal de références à l’histoire d’Arsen. Bon, c’est normal qu’une histoire joue sur le caractère d’un personnage, mais pas mal de protagonistes de la sienne ont eut un bon rôle pour Arsen. Désolé par avance, donc.)

La mort est une seconde vie pour Arsen. Une évolution aussi.
Même si ça peut sembler paradoxal, la philosophie Ludmilienne s’est ancrée dans l’adolescent qui se montre majoritairement de bonne humeur, plein de joie de vivre. Certes, avant, il n’était pas non plus dépressif, mais la différence reste notable. Il n’a plus peur de témoigner son affection et n’hésite pas à exploser à grand coup de pied l’espace vital des gens pour les serrer dans ses bras. Pour l’instant, il n’a pu intéragir qu’avec un seul humain (Leander), mais au pensionnat ça risque bien d’être la fête. En effet, son petit voyage sur Terre l’a incroyablement frustré, ne pouvant intéragir avec rien, destiné à flotter sans fin dans l’intangible.
Arsen n’a aucune notion du temps. Il n’a pas le même rythme que les vivants, n’ayant pas besoin de manger, de boire ou de dormir … Du coup, il peut parfois (voir même plutôt souvent) sembler déconnecté, rêveur, à l’ouest … Debout à fixer un point sans vraiment le voir, perdu dans ses pensées ou dans rien, tout simplement. La plupart de ses réflexions peuvent donner l’impression de sortir de nulle part, pourtant elles sont pleines d’innocences et surtout d’honnêteté.
Oui, Arsen est honnête, c’est très facile de lui tirer les vers du nez pour peu qu’on s’intéresse à lui. De son vivant, son visage avait la faculté incroyable de pouvoir illustrer parfaitement ses pensées … Ce qui est beaucoup plus difficile à présent, malheureusement.
L’esprit peut aussi se montrer très nerveux et est perturbé pour un rien. Si quelque chose le surprend, ses doigts auront une très grosse envie de triturer ses vêtements et, surtout, il se met à bégayer. C’est quasiment devenu une marque de fabrique.
Il y a cependant des choses qui ne changent pas. Des valeurs comme l’amitié ou celles de la famille sont des points importants aux yeux de l’adolescent. Lorsque Nathan aime, c’est fusionnel. Il ne saurait bien entendu pas expliquer pourquoi quelqu’un plus qu’un autre, c’est juste comme ça … Naturel. Pour ces gens, il ferait n’importe quoi. A titre d’exemple, de son vivant, des gens qui entraient dans cette catégorie étaient sa famille (ses parents, sa fratrie, son chien), Logan et Ashley. En dehors de ces liens forts, le Griffin n’était pas quelqu’un de désagréable non plus. C’était le bon camarade, celui qu’on salut en classe et avec qui on parle un peu comme ça, à qui on demande s’il a fait ses exercices de maths … Surtout que le contact ne se faisait pas toujours, poursuivi dans son enfance par de nombreuses rumeurs. Arsen ne se sent pas dépendant des autres, la solitude ne le gêne pas. Il sait très bien de toute façon qu’il y aura toujours quelqu’un pour le soutenir à un moment ou à un autre, ne serait que mentalement.
En gros, Nathan restait tout de même un adolescent normal de sa génération. Il se cherchait encore, lui et son indépendance, il pouvait rire, pleurer, se montrer cruel avec ses aînés (mais c’est à ça que sert la famille, non ?), se battre, aimer, sauter dans les flaques d’eau, vivre quoi. Et en fait, pourquoi ça changerait ?

(Et en fait, je m’excuse aussi du peu d’efficacité de ce caractère. En espérant que vous ayez tout de même compris quelque chose. Au pire, qui a besoin d’un caractère, allez intéragir avec lui au PI /meurt/)

Physique

La dernière fois que l’on vit Nathan, il avait l’apparence d’un adolescent de dix-sept ans. Fondamentalement, il était doté d’un physique plutôt dans la moyenne si l’on ne comptait pas sa taille ridiculement trop grande. Dès lors qu’il eut la possibilité de grandir, le gamin ne s’en est pas privé. Ainsi, il chatouillait déjà le mètre quatre-vingt vers quatorze ans. Heureusement, sa poussée de croissance décida de se calmer et ne lui octroya que quelques centimètres de plus. Vous entendiez souvent les membres de sa famille se plaindre de l’époque où il était encore une petite boule d’amour toute mignonne … Contrairement à ses derniers temps où on le comparait plus aisément à une baguette prête à se fendre qu’à une brioche. Enfin "prête" seulement en apparence, car mine de rien tous les Griffin sont des cyclistes réguliers et Nathan était un garçon endurant. Ainsi si l’on avait fait plus attention à sa musculature, on aurait vu que sa fermeté n’était pas négligeable, surtout au niveau des mollets.
Remarquer cela n’était possible qu’à la plage d’ailleurs. Nathan favorisait le style de vêtement décontracté, cachant des formes qu’il n’avait pas de toute façon. Il n’accordait pas tellement d’importance à son apparence, en fait. S’il avait une chemise hawaïenne dans ses placards (ce qui n’est pas le cas), il l’aurait sans doute mis. De toute façon, les vêtements chez les Griffin c’est une affaire de famille ! Avoir des aînés et devoir racheter des vêtements ? Et puis quoi encore. Si l’on voulait ses propres affaires, on n’avait qu’à se les offrir soi même.
Il a été dit un peu plus tôt que les autres Griffin regretaient l’époque du petit Nathan … Cependant, et heureusement pour eux, la Nature décida de laisser à l’adolescent ses rondeurs juvéniles au niveau de ses joues. Ainsi, ses proches s’amusaient encore à les lui pincer avec amour. Son visage était donc ce qu’il lui restait pour témoigner de son manque de maturité. De grands yeux noirs, un petit nez court … Ses traits n’étaient jamais impassibles. Parfois rêveur, parfois grognon, parfois surpris, parfois contrarié, parfois heureux … On pouvait facilement lire ses émotions, comme un livre ouvert, pour peu qu’on y faisait attention.
Sa pilosité n’était pas intense à l’époque, non plus. Son crâne ovale se finissait simplement par une touffe châtain foncé qui lui arrivait en haut de la nuque. Les mèches rebelles et les épis persistaient malgré ses coups de peigne.

En résumé, Nathan était un garçon normal. Personne ne s’était attendu à ce qui lui arriva.



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Arsen
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ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". _
MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 26 Mai 2013 - 0:40

ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". 230401MORTNATHAN2
??? • ???

Et tout d’un coup, les ténèbres …

Un éclat aveuglant empêche le garçon d’y voir clair. Il ne sait pas d’où il sort, où il se trouve ni pourquoi. En tout cas, il est là et se voit enveloppé d’une douce sensation de chaleur. Il ne se pose alors plus de question, ne voulant plus la quitter, et marche.

Marche.

Marche.

Le corps dénudé ; L’esprit vide ; Il a l’impression de flotter. Cependant, plus il avance, plus la chaleur qui l’enrobait maternellement semble le fuir. Elle ne fait que passer sur sa peau comme l’eau passerait sur du plastique. Un peu plus loin, ses yeux sombres aperçoivent un gouffre. Noir. Une fissure loin d’être rassurante. Ses pas perdent en assurance.

« … Viens … Approche … Plus près … »

De longs et inquiétants doigts ébène se dessinent au niveau du gouffre. L’un d’eux décrit des ronds vers l’intérieur de sa paume, l’intimant à approcher. Le garçon sent son estomac se serrer. Continuer dans cette direction n’est définitivement pas une bonne idée … Pourtant, il ne peut rien y faire.

Il ne crie pas alors que les doigts se referment sur lui. Il ne peut pas.

« Alors ? Qu’est-ce qu’un charmant jeune homme comme toi fait ici ? »

Les joues du garçon sont en proie à un index cadavérique les caressant doucement. Il ne bouge pas. La peur le paralyse. Sa respiration est coupée. Doucement, le visage de son assaillant s’approche au plus près du sien. Noir. Dépourvu d’yeux ou de nez, seules des dents blanches sont visibles. Une langue passe sur celles-ci avant de se poser contre le menton du garçon. Ses muscles se crispent. Il réussit seulement à fermer les yeux dans l’espoir que tout ça se finisse au plus vite.

L’organe visqueux s’étend sur tout le long de son visage, se trouvant être plus grand qu’il n’y semblait au premier abord. Un petit rire s’échappe de la gorge de la créature, faisant vibrer la langue qui lentement retrouve la bouche de son propriétaire.

« Déli--… »

Un bruit stoppe le commentaire. Les longs doigts qui lui avaient alors maintenu les épaules le lâchent brusquement. Un cri de colère. Plus rien. Le garçon alors libéré tombe à genoux d’épuisement. Il se sent cependant différent. Ses yeux clos ne s’ouvrent plus.

Tremblantes, ses mains se rapprochent de son visage lisse.

D’autres mains toutes aussi froides que les précédentes commencent à le prendre et le secouent. Elles ont néanmoins l’air plus humaines.

« Hé, hé ho, ça va ? T’inquiète gamin, je vais t’aider. »

Il va l’aider. Epuisé, le garçon se laisse tomber.

« Ne fais pas semblant de dormir, je sais que tu es réveillé. »

En fait, il n’avait jamais dormi. Le garçon est alors allongé sur un fauteuil. Il ne respire pas … et ne pourrait pas même s’il le voulait. Il se doute que l’homme (sa voix était celle d’un homme en tout cas) qui l’avait porté sur son dos jusque-là était coupable de la fuite de son agresseur. Il lui devait la vie, alors ? Il semble pourtant tellement mort. Malgré ce qu’il lui était arrivé, la panique s’en est allé aussi vite qu’elle l’avait atteint. Perdre son visage n’était pas banal, pourtant il n’en fait pas tout un plat. Il n’en a plus la force. Depuis combien de temps il était là ?

« Tiens, voilà qui devrait arranger les choses. »

Un objet est déposé délicatement sur ce qu’il reste de son faciès, l’épousant d’ailleurs à merveille. Un léger picotement et son énergie perdue semble lui revenir. Subitement, il s’assoie et ouvre les yeux. Devant lui, le visage moustachu de son sauveur tout sourire l’accueille. C’est bien un homme, habillé d’un long peignoir en coton blanc. Contrairement à l’autre, son physique est des plus humains.
Il tient dans l’une de ses mains un miroir qu’il tend à son invité. Le garçon le prend et découvre un masque. Ovale et blanc, tel un œuf, trois marques noires rectangulaires représentent yeux et bouche.

« Il est plutôt simple, mais ça fera l’affaire, hein ? »

Gloussa-t-il, d’un ton enjoué. Le garçon ne comprend cependant pas vraiment. N’avait-il pas perdu son visage ? Ses mains touchent le masque et le retire. C’est comme si un rideau noir venait de le recouvrir. Lorsqu’il le remet, la lumière revient. Devant son désarroi, l’homme se met à rire à gorge déployée, faisant presque trembler la salle.

« Tu es tout nouveau, c’est sûr que tu ne comprends pas ! La bestiasse de tout à l’heure essayait de te grignoter l’âme, gamin. Si je n’étais pas intervenu ce n’est pas que ton visage que tu aurais perdu ! Bref, ce masque, c’est juste un outil qui stimule ton âme. Ainsi, ça lui permet de retrouver ce qu’elle a perdu : la vue et la parole. C’est déjà pas mal.
- Une … âme …
- Ah, c’est sympa d’entendre ta voix. Bon allez, je m’appelle Ludmillian. Et toi ?
- Je … je suis mort …
- … Err. Tes parents ne t’ont pas raté. C’est assez cocasse comme prénom. »

Il ne fait déjà plus attention à l’homme et se souvient. Mal, il ramène ses jambes vers sa poitrine et regarde dans le vide. Il se souvient de la cuisine, de la chaise, de la corde …

« Je suis mort … »

Se répéta-t-il à lui-même. Ludmillian lève un sourcil d’interrogation et croise les bras.

« Oui, oui, tu es Mort. Ça me gênerait de devoir t’appeler comme ça, cependant. Tu n’as pas un petit surnom ? "Deady" ? … Hm. Je vais te trouver un nouveau nom moi … »

Il ne ressent ni peine, ni regret … Il ne ressent rien. C’est sans doute pour le mieux qu’il soit mort.

« … Arsen ! Tu aimes ? … Je suppose que oui, c’est plutôt cool comme nom. »

Arsen ne réagit toujours pas. S’il est mort, que fait-il là avec un type bizarre ?
Celui-là même qui s’assoie à ses côtés et le fixe, peu content de la tournure des événements. Fermement, il attrape l’épaule de son protégé et l’oblige à se tourner vers lui ; à le regarder droit dans les yeux.

« T’as intérêt à te bouger le cul. Il n’y a pas de raisons pour que tu gâches ta mort, mon garçon. »

⚘⚘⚘⚘
Ce qu’il y a après la vie est une question récurrente des Hommes de la Terre. Selon beaucoup de paramètres, les croyances divergent … Mais ne restent en fin de compte que des croyances. Il faut donc attendre le moment adéquat avant d’estimer connaître la réponse.

Personne n’a jamais voulu lui donner un nom (celui-là étant déjà charmant). Du coup, pas toutes les âmes ne viennent Ici. Personne ne sait non plus où vont les autres âmes. Aucune n’est jamais passée relayer l’information …

Ici est donc un vide où quelques esprits perdus se retrouvent. Humains ou non.

Au départ, Cet endroit était, sans jeu de mot, dépourvu de vie. Les âmes qui s’étaient amoncelées depuis la nuit des temps erraient continuellement. Perdant petit à petit ce qu’il leur restait d’humanité, ils finirent par devenir l’ombre d’eux même.
Cette humanité perdue servit cependant à développer un phénomène : les Arbres Spirituels. De majestueux végétaux à l’écorce immaculée. Il faut savoir qu’une âme possède une certaine puissance selon son possesseur. C’est cette énergie abandonnée qui fertilisa la terre d’Ici, faisant pousser ces Arbres.

Un jour, cependant, des personnes beaucoup plus fortes ne voulant pas partager le même sort que leurs prédécesseurs ont décidé de changer les choses. Ils découvrirent que les Arbres accentuaient la puissance de leur âme et permettaient de grandes choses. Ainsi, par leur simple force spirituelle, ils bâtirent une ville illusoire où des âmes ne voulant pas "gâcher leur mort" cohabiteraient.

⚘⚘⚘⚘
Les grands pas d’Arsen traversent énergiquement les rues et allées de la ville. Les âmes ne ressentent pas le besoin de dormir, de manger ou quoi que ce soit d’autres. Tous ces besoins primaires qui rythment le quotidien des êtres vivants ne veulent plus rien dire … Du coup, le jeune homme serait bien incapable d’estimer depuis combien de temps il a fini par s’habituer à tout ça. De toute façon, ce n’est pas comme si ça l’importait.
De temps à autres, des gens paressant tranquillement le reconnaissent et le saluent chaleureusement. C’était le "petit" protégé de Ludmillian, cet homme bruyant et bien connu par ici. Arsen répond à leur bonjour par un timide geste de la tête sans pour autant perdre en cadence. Sa promenade a un but précis qu’il n’a pas envie de perdre de vue.

Un bâtiment à l’architecture orientale se détache alors des autres habitations. Une aura toute aussi imposante qu’accueillante en ressort. On peut y entendre des rires et des gens discutant. Lorsqu’Arsen passe le pas de la porte, un carillon l’annonce en chantonnant doucement. Le faible son suffit cependant pour que de nombreuses paires d’yeux se retournent vers lui, le faisant alors se sentir très mal à l’aise soudainement.

« Tiens, c’est le toutou de Ludy ! »

Des rires suivent la blague de l’homme moustachu assis au bar, tenant une énorme chope de bière presque vide. Ce n’est pas la première fois qu’on le surnomme ainsi. Sachant très bien que c’était une sorte de taquinerie, il répond à leur salutation par un nouvel hochement de tête.

« Arrêtez de le taquiner, les gars, haha. »

Une femme aux cheveux blanchis par l’âge dérobe sans ménagement la chope de l’homme qui grimace … Heureusement, la tenancière ne fait que remplir de nouveau son verre de liquide ambré et mousseux, le faisant sans attendre retrouver le sourire. Arsen s’approche d’elle et lui aurait offert la même expression s’il le pouvait. Elégamment, elle sort de sous le bar un sac en papier kraft contenant sans surprise des bouteilles d’alcool.

« Voilà la commande du vieux. Mais vraiment, il devait quand même sortir un peu au lieu de te laisser tout faire, ce gâteux.
- Haha. Merci … Il a dit qu’il viendra la prochaine fois. »

Une légère moue passe furtivement sur son visage avant de retrouver sa bonne humeur. Elle tapote doucement l’épaule d’Arsen avant de le laisser partir avec son paquet.
Andreas est une grande amie de Ludmillian et, surtout, la tenancière du Bi’os. Elle fait partie de ces âmes dotées d’un pouvoir spirituel assez puissant pour aller sur Terre comme bon lui semble ; et surtout d’y prendre des objets. Avec ses voyages et son expérience, elle est à même de fournir le meilleur des alcools à ses clients. Ses produits de qualité ainsi que sa personnalité font de son bar un lieu très populaire auprès de la majorité des esprits du coin.

Les bouteilles s'entrechoquent doucement alors qu’Arsen retourne tranquillement sur ses pas. Il s’amuse en chemin à ne pas mettre le pied sur les fissures des dalles au sol … offrant alors peu d’attention au passant qu’il manque de renverser. Avec agilité, il réussit à éviter d’embrasser le sol, mais surtout de casser les précieuses de Ludmillian. Soupirant bruyamment tout en pensant que c’était juste, il se retourne vers une jeune fille blonde et … nue.

« Ah -- !! Eu-euh, j-je … D-désolé ! »

L’inconnue le regarde simplement, ses yeux verts à demi clos dans le vague, comme si elle venait tout juste de sortir d’une sieste. Pendant un instant, le silence se fait dans la rue vide. Dans un souffle, elle finit cependant par prendre la parole :

« Qu’est-ce que tu es ? »

Surpris par la question, le garçon ne répond pas tout de suite.

« … Un démon ? … ou un ange ? »

Si un sourcil avait pu s’arquer sur son visage, il l’aurait fait. Jamais on ne lui avait posé ce genre de question … Loin d’être préparé, il gigote maladroitement et tend une main polie à son interlocutrice :

« Eu-h. Arsen … Juste Arsen. »

La demoiselle baisse la tête et fixe ce que lui tend cette grande perche masquée. Machinalement elle replace quelques mèches derrière son oreille et frôle mollement la main tendue de ses doigts fins et pâles.

« George. »

Arsen ne sait vraiment pas quoi faire pour le coup. Il ne sait pas comment il doit réagir … ou même s’il existe une quelconque réaction qui pourrait convenir dans ce genre de situation. George l’aide tout de même inconsciemment en continuant de parler :

« C’est donc ça … les Enfers ? »

Il avait vu juste. C’est bien une âme fraîchement sortie du Gouffre.

« Ah ! Euh, non non. Pas du tout. Euh, on est juste … Ici. C’est, hm, un vide où quelques esprits perdus se retrouvent. »

Arsen récite ce que lui a appris son mentor. Cet endroit n’a pas de nom, on le nomme juste "Ici". Il semble que c’est le lieu où toutes les âmes perdues, humaines ou non, se rejoignent en passant par le Gouffre. Les autres ? Il n’y a jamais eu quelqu’un pour prouver qu’il y avait un Paradis ou un Enfer. Personne ne sait où finissent les autres âmes … Et seule une minorité s’en préoccupe.
George semble déçue et laisse simplement échapper un :

« Oh … »

Nouveau silence qui ne gêne certainement pas autant la jeune fille qu’Arsen. Il serait sans doute parti très vite s’il n’avait pas connu les bonnes manières.

« D’où venais-tu ?
- E-- Hein ?
- Tu es un esprit aussi, non ? D’où venais-tu ? Moi d’Écosse. »

La main libre du garçon triture le bas de son t-shirt nerveusement, contrastant avec l’impassibilité de son masque. Il balbutie quelques mots sans réelles significations … Ce genre de question, il n’y avait plus pensé depuis son arrivée. C’est une âme humaine, non ? Il doit venir de quelque part sur Terre. Pourtant il a l’impression d’avoir toujours vécu Ici.

« D-de … De nulle part …
- Tu n’es pas humain ?
- Je … j-je dois te laisser. »

Il s’en voudra plus tard d’avoir abandonné George comme ça, sans plus d’explications. Il ne lui avait rien expliqué de concret … Mais cette discussion l’avait vraiment troublé. Il n’était plus sûr de qui il était … ou de ce qu’il était.

La maison de Ludmillian se trouve en dehors de la ville, près d’une forêt d’Arbres Spirituels. Son architecture grossière et criarde est repérable de très loin, comme si elle criait son appartenance au vieil homme.
Celui-ci d’ailleurs se trouve sur sa terrasse, habillé d’un peignoir en coton blanc, formant des cercles avec sa bouche. Il guette sans nul doute l’arrivé de son protégé parti un peu plus tôt récupérer de l’alcool chez sa grande amie grecque. Ludmillian remarque alors une longue silhouette approcher à toute vitesse …

« Ludm-
- Où est mon vin ? »

Ce n’est qu’au seuil de la maison qu’Arsen se rend compte que ce n’est pas que l’âme errante de George qu’il avait abandonné en ville. Il commence à bégayer, mais l’homme l’arrête tout de suite, s’étirant, ennuyé mais habitué par les étourderies du jeune homme.

« J-je … Je suis quoi ?
- Arsen ? Ce n’est pas compliqué pourtant …
- Non, euh, avant ... J’étais un humain, hein ? Je sors du Gouffre aussi ?
- Ben. Oui.
- Alors … Pourquoi je ne m’en rappelle pas … »

Silence … Puis, assez subitement, Ludmillian se lève et attrape le bras du garçon avant de l’entraîner dans sa demeure. Ils parcourent les couloirs labyrinthiques jusqu’à arriver dans une large bibliothèque. En son centre, un fauteuil et un divan où Arsen est poussé sans ménagement. Ce n’est pas vraiment la première fois que ce genre de jeu de rôle se met en place. C’est pourquoi la jeune âme se met docilement en position allongée pendant que le maître croise ses longues jambes et fait apparaître un bloc note dans ses mains et de petites lunettes rondes sur le bout de son nez.
Pendant quelques minutes, Arsen raconte tout d’abord sa rencontre avec George et explique qu’il ne se sent pas très bien d’avoir oublié son histoire. Ludmillian hoche de temps en temps la tête en se tenant le menton, attestant ainsi de son attention.

« Hmm. Je t’ai bien trouvé un nom, veux-tu que je te donne une histoire ?
- … Je ne crois pas que …
- Il était une fois, Arsen un jeune … Norvégien ! Fils du grand … maître fromager, El-
- Non. C’est bon. Je … J’aimerais me souvenir de qui je suis vraiment. Tu sais comment je pourrais faire, non ? »

Les accessoires de psychanalyste disparaissent. Le vieil homme croise ses doigts et sourit devant l’évidence de la réponse.

« Ton cas n’est pas isolé, ça arrive à beaucoup d’âmes d’oublier leur passé. Un peu comme les Ombres. Mais ne t’en fais pas, tu ne perdras pas ton humanité. Pas sous ma surveillance … Enfin, si ça arriverait je ferai un élégant bracelet du bout de bois que tu engendreras. »

S’il pouvait, Arsen ferait une moue indignée. Ludmillian peut le sentir.

« Plus sérieusement, et à ma connaissance, personne n’a cherché à retrouver ses souvenirs … J’ai cependant une théorie … Mais ce ne sera pas facile avec ton peu de pouvoir spirituel, gamin …
- Je crois que je m’en voudrais toute ma v… Je m’en voudrais si je n’essaye pas.
- Bon, eh bien, c’est simple. Je pense que pour retrouver tes souvenirs, il faut que tu retournes à la source. Sur Terre. »

⚘⚘⚘⚘
Ludmillian ne plaisantait pas lorsqu’il disait que ça ne serait pas simple. Il fallait attendre une période spéciale où le chemin séparant Ici et la Terre serait le moins long, afin d’optimiser les chances d’Arsen de ne pas se perdre dans le Gouffre. Avec un pouvoir spirituel comme le sien, son esprit pourrait très bien ne pas supporter le voyage et … personne n’étant vraiment sûr de ce qu’il se produirait. Heureusement, Andreas proposa de l’aider afin qu’il ne se perde pas … du moins, pas jusqu’à l’Autre Monde.
C’est l’heure des derniers au revoir.

« Tu es comme un bébé qui s’envole … J’en ai presque la larme à l’œil.
- Euuh, j-je … Je reviendrai et … Je te raconterai tout.
- J’y compte bien. Je saurai enfin ton vrai nom, j’espère que ce n’est vraiment pas Mort !
- Je crois que … ça me ferait bizarre si on m’appelait autrement que Arsen … »

Ludmillian sourit à son protégé et le prit virilement dans ses bras.
On pourrait terminer ce passage par : C’est ainsi que commença sa quête. Le voyage sera long, mais les deux amis se retrouveraient ;
Malheureusement, ce serait mentir.

ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". 603286Leander
Californie, USA • 2003

Les yeux de Leander dansaient au rythme des impressions de centaines de documents. Droit comme un piquet, le doigt effleurant le bouton de l’imprimante, il attend. C’était sans doute sa partie préférée de son travail. Attendre.
Lorsque la dernière copie s’installa mollement sur le reste de ses sœurs, le jeune homme se pencha pour prendre le paquet et le déposa dans une boîte prévue à cet effet. Pendant un bref instant, avant de prendre le carton dans ses bras, il s’attarda sur son reflet dans la vitre séparant la salle d’imprimerie des autres bureaux. Sa frange n’était pas assez droite. C’était un fait beaucoup trop dangereux. Un peu de salive humidifia ses doigts qui s’empressèrent d’arranger ses mèches blondes récalcitrantes. Parfait.

Leander Crossmann allait sur ses vingt-quatre ans. Il était plutôt connu dans la boîte. Mais pas tant pour son physique entretenu et carré, ses cheveux blonds ou ses yeux verts correspondant au canon de beauté de ces dames de l’entreprise … Leander était juste partout. C’était à lui qu’incombait toutes les tâches ingrates que les autres employés dénigraient pour d’autres plus intéressantes. Sachant cela, ils n’hésitaient pas à scander son nom pour la moindre tasse de café tristement vide. Mais bon. Il devrait déjà être reconnaissant d’avoir un travail. Enfin, c’est ce que voulait essayer de lui faire comprendre sa sœur, en tout cas.

« J’démissionne. »

Ses mots claquèrent brusquement en même temps que la boîte pleine de feuilles, faisant trembler le bureau. Heureusement, l’occupante, s’étant attendue au peu de manières de l’employé, avait cessé toute activité. Elle le fixait simplement, les bras croisés élégamment, derrière ses lunettes carrées, tentant de le transpercer avec ses yeux émeraude.

« Encore ?
- Une meuf a tenté de me toucher le cul pendant que je ramassais des trombones.
- C’était peut-être un accident. De toute façon, tu ne devrais pas te plaindre, tu …
- … devrais être reconnaissant blablabla.
- C’est ça ! Et, hm, ta frange … »

Ylva Crossmann Fleming se leva de son siège, passa ses doigts sur le bout de sa langue avant d’arranger la frange de son cadet. Parfait. Leander fit une grimace. Il n’était juste pas possible de discuter avec la jeune femme. Cependant, même si ça lui faisait mal de le dire, elle avait raison. Elle était son piston pour ce boulot assez bien payé alors qu’il ne faisait pas grand-chose. S’il démissionnait vraiment, le jeune homme n’aurait rien pour rebondir … et n’avait juste aucune idée de ce qu’il pourrait faire à part lézarder à la maison. Ce qui n’était absolument pas considérable.
Ylva se replaça sur son fauteuil de ministre avec élégance, croisant ses fines jambes.

« Bien. Si tu as fini de démissionner, je t’invite à donner ces documents à Irène. Allez, zou ! »

Il était sans doute minuit passé. Leander avait, comme à son habitude après le travail, rejoint ses potes au bar du coin pour y descendre quelques bières.
Ce fut légèrement titubant qu’il en sortit et commença à prendre la route de la maison, mort de fatigue. Les mains dans les poches et cigarette en bouche, le jeune homme arpentait donc les rues. Celles-ci étaient loin d’être vides malgré l’heure … Pour une petite ville de Californie, elle était bien rythmée à tout moment de la journée. C’était bien.
Mettant en jeu toute son énergie pour ne pas s’endormir sur place, Leander ne remarqua pas qu’une silhouette était en plein dans son chemin … jusqu’à ce qu’elle ne le bouscule. N’ayant même pas demandé pardon et baignant dans sa mauvaise humeur, le blond monta vite sur ses grands chevaux :

« Hé ! On t’a pas appris la politesse ou quoi !? »

Les passants ne faisaient pas attention à ce mec visiblement saoul. Lui en tout cas avait à présent le … "visage" de son interlocuteur en ligne de mire. Celui-ci ne semblait pas vouloir réagir et continuait de le fixer.

« Ho ! C’est à toi que je parle, mec ! C’quoi c’masque ? Tu te crois à Halloween ? »

Leander ne s’était pas du tout attendu à ça. La faute à quoi ? Le jeu de lumière dans cette rue ? L’alcool ? Les deux ? En tout cas, de la dinde masquée surgit un grand noir chauve et pas très content. Le visage du jeune homme passa du blanc au rouge alors que le poing de boxeur s’abattit sur lui en pleine face.

⚘⚘⚘⚘
Lorsqu’il reprit connaissance, le jeune homme se rendit vite compte qu’il n’était pas dans sa chambre. Tout était trop clair, trop blanc.

« Oh, putain. »

Un grincement de lit derrière les rideaux attesta que la personne qui partageait sa chambre d’hôpital fut surprise par le juron. L’inconnu lui demanda timidement si tout allait bien, ce que le jeune homme s’empressa d’assurer, bougonnant.
De mauvais poil, Leander examina son état. Heureusement pour lui, il semblait n’avoir rien de cassé … Le gros balaise avait-il eu pitié de lui pour le laisser sans au moins lui péter une côte ? Ou bien il … non, ça va, il ne ressentait aucune douleur à cette partie de son anatomie.
En définitive, malgré que cette altercation l’ait tout droit envoyé en Enfer Terrestre, tout avait bien fini. Ses pensées virèrent un instant pour le mec masqué … C’était la première fois qu’il en croisait un, comme ça, en pleine rue. Lui qui faisait tout pour les éviter, il allait devoir être mille fois plus vigilant à présent … Saletés.
Leander lâcha un soupir et ferma ses yeux. Il valait mieux pour lui qu’il se détende … et fasse abstraction de toutes ces ombres.

Les ongles manucurés d’Ylva tapotaient contre le volant, impatiente. Elle se sentait vraiment généreuse d’être venue chercher son cadet à l’hôpital. Cet idiot avait certainement encore trop bu ! Elle lui donnait un travail, et voilà comment il la remerciait ? En nourrissant ses vices ?
La jeune femme s’estimait être une bonne âme, une bonne sœur. Une trop bonne sœur, sans aucun doute. Ses parents devraient être fiers d’elle. Petite déjà, elle allait toujours voler au secours du blondinet que certains garçons embêtaient. Les gamins n’aiment pas les "bizarres" et, malheureusement, Leander faisait partie de cette catégorie à l’époque. Ylva ne savait plus quand le changement s’opéra … Néanmoins, son frère avait fini par devenir légèrement normal. Ce qui ne serait jamais arrivé sans sa présence et ses judicieux conseils, à n’en point douter. Elle l’aimait tellement, elle ferait tout pour lui.
La portière claqua brusquement.

« J’démissionne.
- Je vais éviter de te demander où tu as bien pu aller traîner pour finir comme ça. »

D’un geste expert, elle lui réarrangea sa frange, assurant :

« Mais ne t’en fais pas, tu n’as pas besoin d’être aussi expéditif. Ylva chérie n’oserait jamais laisser son petit frère d’amour retourner au travail avec une tête pareil ! Il ferait peur aux employés. Congé jusqu’à ce que tu ne ressembles plus à un Schtroumpf. »

La voiture démarra, éloignant le blond de l’hôpital, le soulageant à chaque miles parcouru … Cependant, il déchanta très vite lorsqu’il reconnut un certain masqué attendant sur le trottoir.

« Putain, il m’a suivi …
- Hm ? Qui donc ?
- Euh, rien. »

Ylva fronça légèrement des sourcils mais finit par simplement hausser les épaules.
Des injures dansaient dans le crâne de Leander, tels des indigènes autour d’un feu. De le voir n’était peut-être qu’une coïncidence, hein ? S’il faisait comme si de rien n’était, comme avec les autres, il le laisserait tranquille …

Le blond regarda la voiture de sport rouge partir dans un crissement de pneus. Il appréhendait le moment où il franchirait la porte de l’appartement … Mais vu l’heure tardive, il était obligé de le faire maintenant. Traînant la patte et les mains dans les poches, Leander monta donc les cinq étages de l’immeuble.
Avant même qu’il ne tende la main vers ses clés, le verrou tourna et un grand homme blond apparu, un air de surprise peint sur son visage mal rasé. Il avait guetté son arrivée depuis le judas, ou quoi ?

« Oh ! Te voilà enfin ! Ouch, il ne t’a pas raté, hein … »

Daniel Crossmann tapota l’épaule de son fils et le poussa à entrer. Le jeune homme se laissa guider jusqu’à la cuisine où une assiette fumante de chili l’attendait.

« [color=#002F2F]Je t’ai préparé un petit plat ! C’est mieux que la malbouffe de l’hôpital, hein … Enfin, je sais que tu n’aimes pas vraiment être là-bas, donc t’as pas du vraiment manger non plus … ha ha ha. »

Rire nerveux. Leander accepta le fait que la boîte de conserve éventrée prêt du micro-onde n’était sans doute qu’une illusion et s’installa à table. En tout cas, le vieux avait raison : il avait fait semblant de dormir toute la journée et n’avait donc rien avalé.
Machinalement, il commença donc à dîner sous les yeux bleus pétillants de son père se forçant à sourire. Le blond en mettrait sa main à couper qu’il avait un truc à lui demander …

« Je me demandais …
- Hm ?
- Ylva est très gentille de te donner du boulot, mais je pense qu’avec autre chose tu serais bien mieux payé … »

Daniel prit le silence du garçon comme une invitation à continuer.

« … Quelque chose qui soit plus dans tes cordes. En plus, avec les frais de l’hôpital là, on est encore un peu plus dans la … hrm, c’est un peu gênant, quoi. »

Comme s’il avait préparé la scène toute l’après-midi, le vieux sortit théâtralement de sous la table un petit lot de paperasses, chacun cacheté de logos différents.

« … Du coup, j’ai fait mes petites recherches et je t’ai déniché quelques offres d’emplois. Ce serait bien si tu pouvais y jeter un œil après manger, hein ?
- Mh mh. »

Le sourire de l’homme se crispa.

« … Tu pourrais pas essayer de prendre ça plus au sérieux, Andy ?
- Mais c’est c’que je fais.
- Eh ben ! On dirait pas, hein ! C’EST TOUJOURS PAREIL AVEC TOI DE TOUTE FACON. »

Tombés les masques. Le vrai papa Crossmann faisait son entrée dans le show, se levant brusquement, se dressant alors telle une montagne pour montrer à son fils qu’il n’était pas d’humeur à plaisanter. Celui-ci croisa les bras, feintant le calme, devant ce revirement attendu de la situation.

« Ben, j’aimerais bien faire un truc que j’aime, et-…
- ET QU’EST-CE QUE TU AIMES, ALORS !? A PART TOUT FAIRE FOIRER ? »

Leander se leva à son tour ; tellement brutalement que sa chaise tomba à la renverse. A travers ses mèches blondes, ses yeux humides soutinrent le regard de son père.



Malheureusement, il n’avait plus rien à dire. Le jeune homme se retourna et remercia le géniteur pour ce repas avant de rejoindre sa chambre d’un pas rageur. Claquement de porte. Le silence revint dans la cuisine, l’ampoule au plafond tanguant pour se remettre de ses émotions. Daniel mordait profondément sa lèvre inférieure.

Quelques volutes de fumées s’échappaient de la bouche de Leander, assis depuis un petit moment déjà sur les marches de l’escalier de secours. Les paroles de son père vibraient encore dans sa tête et n’étaient pas prêtes de le lâcher. Oui, il savait qu’il faisait tout foirer. C’était pas nouveau. Un gamin bizarre, un adolescent sans avenir, un jeune adulte inutile.

« Ah, je t’ai trouvé ! »

La surprise faillit faire avaler sa cigarette au jeune homme. Une quinte de toux le prit, crachant des gerbes de fumées sombres. Oh putain, il ne manquait plus que ça ! Leander le reconnu tout de suite avec son masque. Flottant à plusieurs mètres au-dessus du vide, un fantôme des plus mystiques légèrement translucides. Comment avait-il pu croire un instant qu’il était bien vivant, l’autre soir ? Saletés.
Trouvant en l’étranger un défouloir idéal, le blond siffla de colère (ne voulant pas réveiller les voisins) :

« Bordel, qu’est-ce tu m’veux ! Qu’un black m’est cassé la gueule te suffit pas ? »

Le fantôme fut stoppé dans son élan, ne s’attendant visiblement pas à une telle agressivité de la part de son interlocuteur.

« U-euh, d-désolé, je ne …
- Dégage !
- M-mais, tu es le premier qui peut me voir et …
- Mec, t’es mort, putain. C’est normal qu’on t’voit pas. Alors RIP et lâche mes bask’. »

Foudroyant l’esprit de ses yeux verts, il prit un air des plus patibulaires en se rallumant une autre cigarette. Malheureusement, cela ne produit pas vraiment l’effet escompté. L’air perdu et nerveux, le masqué resta planté devant lui sans rien à dire. Leander décida de ne plus lui porter attention … ou de tenter néanmoins. Après quelques minutes de silence beaucoup trop longue, il ne put s’empêcher de lâcher :

« Ok, accouche, tu veux quoi, merde ? »

Bien que légèrement hésitant, le fantôme se décida tout de même à résumer son histoire.

« Attends un coup. La Grèce … tu veux dire … en Europe ?
- Euh. O-oui, je suppose.
- Donc. Je récapitule. Tu es sorti de ton bled des morts, tu as atterri en Grèce … et t’as flotté aléatoirement jusqu’en Californie … en passant par l’Asie … juste pour retrouver tes souvenirs ? »

Les traits durs sur son visage s’estompèrent et sa gorge se déploya en un rire franc teinté de fumée. Leander n’en pouvait plus, se frappant la cuisse devant cette histoire plus que loufoque. Ainsi, son hilarité fit tellement trembler l’escalier de fer rouillé que celui-ci céda sous son poids. Heureusement, in extremis, l’esprit le rattrapa par les aisselles, servant de parachute de fortune. Malgré la cascade, ses rires ne faiblirent pas. Il avait complètement craqué.

« Et tu t’appelles comment, dis ?
- Arsen.
- Bwahaha. Pardon. Moi c’est Leander. »

Le blond accompagné de son nouveau compagnon flottant remonta quatre à quatre jusqu’à l’appartement. Y Retourné par la voie des airs n’était pas vraiment le meilleur spectacle à offrir au voisinage que ses esclaffements avaient dû réveiller.
A pas de loup, il ouvrit la porte et fut soulagé de voir son père, comme à son habitude, ronflant paisiblement sur le canapé devant un écran enneigé, entouré de cadavres de bouteilles de bière. Leander continua donc tranquillement son ascension jusqu’à sa chambre. Arsen le suivi sans un mot, content d’avoir pu rencontrer quelqu’un … bien que celui-ci fusse pourvu d’une personnalité plus qu’étrange : passant de la colère au fou rire en un rien de temps. Il supposa que voir des fantômes, chose peu banale, amenait aussi à un tempérament peu banal après tout.

« Donc tu peux entrer en contact avec les morts ?
- Il semble. Aussi loin que je m’en souvienne, je peux le faire depuis toujours.
- Oh ! C’est bien !
- Pas vraiment. »

Les questions ne purent aller plus loin, Leander jeta son corps sur son lit et vira la conversation vers un sujet plus important que l’origine de sa malédiction :

« Bon, dis-moi alors, ton petit voyage t’a un peu rafraichi la mémoire au moins ?
- … Hmm. »

Le blond étouffa à nouveau un rire. Son interlocuteur flottant lâcha un soupire, légèrement accablé. Cependant, il savait qu’il devait garder espoir !

« Enfin, je sais que je ne suis jamais allé en Grèce … Ni en Inde … Ni en Chine … Enfin, voilà. Pourtant les paysages me disaient quelque chose. En fait j’ai eu quelques petits flashs de … documentaires. Que je regardais avec une petite fille et un chien, il semble. La tête en bas, sur le canapé. Mais rien d’autre …
- Pffu. Intéressant … Et complètement inutile, hein. »

Nonchalamment, le jeune homme glissa de son lit et sortit un livre de géographie de collège de l’une des étagères. Il l’ouvrit à la page d’une carte du monde et demanda à Casper s’il n’y avait pas un pays qui l’interpellait plus que d’autres.

« Hmm … Je pense vraiment être américain, c’est vrai …
- Bien, on avance. »

Il tourna quelques pages et présenta cette fois la carte des Etats-Unis. Même consigne, un des noms devrait sans doute lui dire quelq--

« C’EST CA !
- Hé, ne crie pas ! … Même si je suis le seul à t’entendre …
- I. O. W. A. Iowa. Oui, c’est ça, j’en suis sûr.
- Ben voilà, c’était pas difficile. »

C’était même plutôt idiot que le fantôme n’y est pas pensé. Mais après tout, un être intangible comme lui aurait difficilement pu avoir accès à ce genre d’informations, peut-être. Tous les esprits ne sont pas capables d’interagir avec le monde vivant, il en faisait donc partie. Contre toute attente, Arsen fut tellement content d’avoir fait un tel bond en avant qu’il ne put s’empêcher de prendre le blond dans ses bras. Le manuel traversa ce corps et tomba au sol.

« Wowowowo, ça va, ça va. C’est bon. »

Leander le repoussa gentiment et s’épousseta. Il se sentait vraiment mieux, soudainement, d’avoir aidé le garçon masqué.
Et en fait, il ne voulait pas en rester là.

« Bon, eh bien, allons-y !
- P-pardon ?
- Je t’accompagne, mon petit Arsen ! Je pense qu’un peu d’aide ne te fera pas de mal. Ce sera mieux que de flotter au hasard, hein.
- E-euh, m-mais …
- Tut, tut, tut. Pas de m-mais. C’est décidé. Je me prépare, ne bouge pas. »

Rien n’aurait réussi à changer l’avis du jeune Crossmann en cet instant.

Et dire que pendant toutes ces années, il avait fait comme s’ils n’existaient pas …

ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". 236984Ontheroad
Iowa, USA • 2003

« Attends, tu as fait QUOI !?
- Je suis partie en balade.
- Dans l’IOWA ?
- Ouais, il parait qu’il y fait bon en cette saison. »

Ylva manqua légitimement de s’étrangler. Son père l’avait tout de suite avertie de la disparition de Leander mais n’avait pas osé l’appeler lui-même en vue de la dispute qu’ils avaient eu la veille. Incroyable comment les hommes n’arrivaient pas à se gérer ! Il semblerait que son frère avait embarqué une bonne partie de ses affaires et était jusqu’à aller récupérer sa moto au garage de son oncle. Envolé, disparu on ne savait où … Enfin, en direction de l’Iowa, maintenant, vue la conversation.
Faisant les cent pas dans l’appartement, suivie des yeux par Daniel, la jeune femme ne pouvait contenir son énervement devant l’entêtement de son cadet. Il ne l’avait jamais autant mis en colère que maintenant.

« J’essaye de te comprendre, mais je n’y arrive pas !
- Ce n’est pas grave, y’a rien à comprendre. Je vais juste me rafraichir les idées et je reviens.
- QUAND ?
- Ben, j’sais pas, c’est pas la porte à côté l’Iowa, hein !
- Tu m’énerves, vraiment ! Tu as pensé à Papa ? Tu agis vraiment comme un gamin gâté, tu-…
- Oh ! Oh ! Yvy, je vais passer sous un tunnel ! Je dois te laisser !
- Leander, cette blague est puérile ! Tu as intérêt à faire demi-tour tout de suite, sinon …
- J’te rappellerai, passe le bonjour à Papa de ma part. A plus.
- LEAN--… »

Ylva recomposa le numéro, mais rien. Directement sur la boîte vocale. Ereintée, elle se laissa choir dans le canapé le plus proche. C’était peine perdue. Ils ne pouvaient rien y faire.

« C’est complètement de ma faute, merde ! Pourquoi …
- Non, non, non ! C’est lui qui a pété un câble, ce con. Ne t’en fais pas Papa, il va réaliser bientôt qu’il a fait une énorme boulette et reviendra en demandant pardon, tu verras ! Tout va s’arranger. »

En tout cas, c’est ce qu’elle espérait, tapotant doucement le dos de Daniel.

⚘⚘⚘⚘
Cela faisait près d’une semaine qu’ils étaient sur les routes. Arsen devait avouer qu’il ne s’était jamais senti aussi bien … Et en fait, même si lui n’en disait rien, c’était la même chose pour Leander. Il se pensait enfin libre. Personne ne pouvait rien dire du fait qu’il parlait au vide, seul sur sa moto. De toute façon, le peu qu’ils croisaient ne le connaissaient pas.
Le fantôme, lui, avait découvert qu’en plus de pouvoir entrer en contact avec son compagnon de voyage, il pouvait faire de même avec tout ce qu’il touchait. En effet, il semblerait que c’était une histoire de force spirituelle ou quelque chose comme ça … Lorsque l’objet ne lui appartenait pas personnellement, l’effet était cependant temporaire. Si Ludmillian avait été là, il aurait sans doute été ravi d’étudier le phénomène ! En tout cas, tout ce qu’Arsen pouvait en penser, c’était la grandiosité de pouvoir sentir les choses. Le cuir du siège de la moto, le matelas douillet ... Ça lui avait été tellement frustrant en arrivant sur Terre de ne rien pouvoir tenir. L’impression de ne pas appartenir à ce monde, flottant dans de la marmelade.

Le garçon était allongé sur le lit de Leander pendant que celui-ci se douchait. Il s’amusait à rouler sur les draps et à sentir la chaleur qui s’en émanait. Lorsqu’il faisait ça, le blond le regardait toujours avec un petit air affligé … mais il ne savait pas pourquoi. Ou alors le prétextait.
En tant qu’esprit, il n’avait pas besoin de dormir, mais ce n’était pas pour autant qu’il s’ennuyait. Le temps passait incroyablement vite lorsqu’on avait la tête remplie de pensées et de souvenirs. Dernièrement, alors qu’ils passaient près d’un lac, il s’était rappelé y avoir déjà passé un week-end avec sa famille. Une grande famille, d’ailleurs. Ce n’était pas vraiment « utile » comme dirait Leander, mais ça lui faisait tellement chaud au cœur.
La porte de la salle de bain s’ouvrit sur le blond, torse nu. Ses cheveux reluisant de gel s’élevaient vers le plafond comme des brins d’herbes jaune. La première fois, Arsen ne l’avait pas reconnu avec cette coiffure … mais était habitué à présent. En fait, il s’était totalement habitué à Leander. Il représentait comme une sorte de vieil ami … malgré qu’il ne le connaisse pas tellement, au final. Le jeune homme n’aimait pas parler de lui. Du coup, le fantôme n’en demandait pas plus. Leur relation tournait donc autour du présent, de tout et surtout de rien.

« Dis, je pensais à quelque chose … »

Le blond s’ouvrit une bouteille d’alcool, s’attendant à tout de son colocataire.

« Tu crois que je peux entrer en toi ? »

La bière qu’il était en train d’avaler se vit être recrachée aussi sec. Arsen était un type bizarre aux yeux du Crossmann, et ses réflexions avaient une fâcheuse tendant à partir très loin. Mais alors .

« Q-QUOI !?
- Ben, dans les films, les fantômes possèdent les gens ! Moi je passe au travers d’eux, mais peut-être qu’avec toi, si je me concentre, je -…
- Retire ça de ta tête. Tu. Me. Touches. Pas. Jamais. »

Le blond ne put cacher son soulagement. L’idée n’était au final que des plus innocentes … mais il préférait tout de même faire attention.
La première nuit dans un motel, il ne s’était pas attendu à ce que l’esprit reste planté à le regarder dormir comme un psychopathe. Avoir un masque qui vous fixe comme première image au réveil n’était pas des plus reposants. « J-j-je n’y avais pas pensé … », avait-il dit.
C’était bizarre. Arsen semblait toujours déconnecté. En même temps, le pauvre gars était mort … et ne savait même pas depuis quand. Leander supposait que la "vie" qu’il a eue après ça était bien loin des normes terrestres.

« Bon – sors de là – alors, toujours pas de souvenirs ? Au moins un nom de ville ? Parce que chercher c’est bien marrant, mais si ça pouvait se terminer avant ma retraite …
- Non … Rien, désolé … Le nom de cette ville me dit quelque chose … Mais je n’ai pas l’impression d’être déjà venu. »

Le Californien jugea le fantôme tout en frottant son menton fraîchement rasé. La réponse ne l’étonnait pas du tout, à vrai dire. Il avait déjà prévu la suite des opérations alors qu’il se brossait les dents.

« Hmpf, bon, on va faire un tour, ça nous changera les idées. Peut-être que quelque chose te reviendra. »

La façon dont les souvenirs du masqué pouvaient bien surgir ou non était vraiment incompréhensible … Pourquoi les perdre puis les retrouver petit à petit, au juste ? Une histoire de karma ? Peut-être qu’à la fin de cette histoire, ils découvriraient les noirs secrets d’Arsen … Leander se dit qu’il regardait peut-être un peu trop de séries. Il avait besoin d’un break d’urgence.
Et pas mieux que le baseball. Oui, un bon match, voilà qui les détendrait. Le benjamin Crossmann ne suivait pas assidument les tournois et n’y connaissait pas plus que sa sœur en équipes, mais ça ne le dérangeait pas de regarder. Les deux petites équipes présentes ne devaient pas être bien connues, ce qui expliquerait pourquoi le stade était désert. Au final, le californien ne s’attendait pas du tout que cette virée serait beaucoup plus chargée en émotions que prévue.
Au bout d’un moment, le comportement d’Arsen (qui flottait paisiblement au départ) devint étrange ou, plutôt, plus étrange que d’habitude. Il ne bougeait plus et fixait quelque chose dans le dos du blond … avant de s’écrier plein de surprise :

« …Logan !?
- Quoi, Logan ?
- Ouais ? »

Leander se retourna vers cette voix qu’il n’attendait pas, tombant alors nez à nez avec une sorte de mec afro portant une casquette coincée entre ses boucles noires. Le blond passa ses yeux verts d’Arsen à l’inconnu, les lèvres pincées. Le fantôme ne pouvait s’empêcher de fixer ce dit Logan qui faisait ressurgir en lui de nombreux souvenirs … Obligeant le californien à se débrouiller tout seul :

« … Hého, dude, on se connait ?
- Hein ? Euh. Ouais ! Enfin, non ! Rrrr. T’as pas une tête oubliable, tu sais ?
- Ah, ouais, on me le dit souvent, hohohoho ! Enfin, ça me gêne vu que toi tu ne me dis rien ...
- Oh, dur. Attends, laisse-moi réfléchir … Quand je t’ai vu, c’était … à un match de baseball, ouais ! Au lycée, j’dirais.
- Hmmm, ouais, sans doute ! Je jouais dans le club de baseball …
- Ouais ouais ouais … Voilà, j’ai vu un match de votre équipe. Tu jouais vraiment bien … Erm, c’était quel lycée, déjà ? Putain de mémoire qui joue des tours, ha ha ha. »

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Iowa, USA • 1990 à 1992
La bataille faisait rage. Le fameux Capitaine Logan Green était soucieux. Une bonne partie de son équipage avait déjà été pris en otage par l’ennemi. Il ne restait donc plus que lui, Nathan Griffin son second, et quelques mousses effrayés. Il leur fallait un plan. Un bon plan afin de libérer quelques camarades prisonniers !

« Capitaine, on doit faire un truc sinon on va perdre ! »

Dans son moment de réflexion intense, le Capitaine cacha ses yeux avec son précieux couvre-chef beaucoup trop grand pour sa tête. Soudain, l’illumination, nourrie par le désespoir :

« On se sépare et on fonce dans le tas ! Il faut juste toucher quelqu’un pour libérer, non ? »

La tactique semblait raisonnable. De toute façon, ils n’avaient pas mieux. Et mine de rien, d’après l’expérience gagnée au fil des campagnes, cette stratégie payait. Les garçons firent un geste bref de la tête en signe d’approbation et coururent comme des fous jusqu’à la base ennemie.

Les civils occupés à jouer aux billes ou à échanger des cartes ne firent même pas attention au chaos environnant. Comme d’habitude, ils avaient sans doute parié sur l’équipe gagnante. Celle de Logan était en mauvaise posture, les goûters avaient donc légitimement été plus joués en faveur de son adversaire ... Mais qui savait ce que la balance du destin réservait aux guerriers des mers intrépides ?

Un libéré. Deux libéré. Un capturé. Nathan tenait la main d’un mousse fraîchement récupéré et lui indiqua une direction où fuir, alors qu’ils étaient poursuivis. Lors de la séparation, leur assaillant préféra garder le Second du Capitaine en chasse. C’était une proie connue pour sa rapidité, son Supérieur serait sans doute fier de l’avoir dans sa geôle ! Jour de chance pour l’ennemi, Nathan se retrouva vite acculé contre le mât du navire, essoufflé … Ou pas. Une main salvatrice attrapa le pull du garçon et l’aida à grimper, échappant à une capture certaine.
Bien entendu, ce n’était nul autre que Logan. Le mât était son endroit préféré, presque son territoire. Le pirate retira son chapeau, dévoilant des boucles sauvages et sombres, et soupira en s’éventant avec. Il avait fini par accepter l’inévitable, visiblement :

« On a perdu, Capitaine …
- Ça arrive … on s’est bien amusé, Axel est un adversaire redoutable.
- Je crois qu’il a surtout eu de la chance ! »

Les deux complices se regardèrent un instant et sourirent. Ouais, sans doute ! Leurs yeux se tournèrent ensuite vers l’horizon, vers cette mer grise où courraient encore quelques ennemis. Loin était la maternelle qu’ils avaient quittée l’année dernière. Les deux garçons étaient plus vieux à présent, plus expérimentés, et surtout ils étaient devenus "les meilleurs amis".

« Nathan, tu sais. T’es un peu comme un frère pour moi ! »

Logan avait lâché ça tellement soudainement que Nathan en fut confus ! Enfin. Pas comme si ce n’était pas facile de le mettre dans tous ses états :

« Eeh … Mais … Je ! Euh … j’en ai vraiment trop … Tu préfères pas plutôt être comme une sœur ?
- Ben ? Et Rebekka ?
- … C’est pas une fille … »

Au tour des rires de se manifester. Mais il y avait une part de vérité, aux yeux de Nathan, Bekka était réellement comme un frère … Peu importe les jupes ou les robes …

« Bien alors, soyons sœurs ! »

C’est ainsi qu’un pacte de fraternité fut signé, alors que les deux petits poings se cognèrent l’un contre l’autre.

« Mais !? Green ! Griffin ! Descendez de cet arbre tout de suite ! »

⚘⚘⚘⚘
Beaucoup de leurs camarades seraient sans doute surpris de les voir ainsi. Les enfants étaient sur le canapé, la tête à l’envers, regardant les trépidants déboires d’un chat et d’une souris. Kimberley s’était postée par terre et fixait aussi l’écran tout en soufflant et titillant les boucles de Logan. Comparé à ses aînés aux cheveux plus ou moins lisses (tout dépendait du nombre de coups de peigne), elle était impressionnée par cette incroyable capillarité. Quant à Milan, il roulait de temps en temps sur le plancher, montait ensuite sur le canapé prenant son jeune maître pour un parcours d’obstacle, puis retournait à son manège par terre. Sans faire exprès, l’animal finit d’ailleurs par poser sa patte sur la télécommande, changeant ainsi ce qu’il y avait à la télévision pour la chaîne sportive. Nathan et Kimberley crièrent alors en cœur :

« Milaaaaan !
- Oh, mais c’est du baseball ! »

Logan, lui, fit une roulade pour passer du canapé au tapis et approcha son nez de l’écran, hypnotisé. Les jeunes Griffin se regardèrent un instant, hébétés, habitués à ce que leurs parents leur crient souvent que se mettre trop près était mauvais pour les yeux. Nathan allait le rappeler à son ami, mais très vite celui-ci s’était relevé, l’air déterminé et surtout tout excité.

« Hohohoho ! Quand je serai grand et que je serai un grand joueur de baseball, tu me regarderas à la télé, sis’ ?
- Eeeh ? BEN ! Même si t’es pas encore un grand joueur, j’irai à tes matchs !
- Et môa ! Jô sôrai pômpômgirl ! Yeepee ! »

La petite Kimberley s’était à son tour remise sur ses pieds et avait tenté de faire la roue … Heureusement, prévoyant, Nathan l’avait déjà attrapée en pleine action :

« P’tit beurre ! Tu aurais pu casser un truc ! »

Il posa la demoiselle sur le divan et se mit à caresser Milan qui, dans l’excitation ambiante, s’était mis à aboyer, pensant qu’il était sans doute l’heure de jouer. Le garçon ne savait pas que sa sœur de cœur voulait devenir joueur de baseball ! Mais avant qu’il ne puisse en demander plus, la porte de l’entrée s’était mise à claquer et des bruits de pas traversèrent les couloirs.

« Maman, j’suis rentrée ! Y’a eu un petit incident avec la machine à frite donc on m’a lâchée. »

Et une silhouette aux cheveux châtains clairs coupés courts entra finalement dans le salon :

« Yoh les gars ! Eh, bah alors, depuis quand vous êtes intéressés par le baseball ? Ah, tu es Logan, toi, c’est ça ?
- Oui ! Et toi, t’es Michel !
- Non, Rebekka.
-
- … ?
- … OOOOAH ! Sis’, je comprends tout à présent !
- Je t’avais dit !
- … Quoi ? »

⚘⚘⚘⚘
L’été 1992. Nathan avait dit au revoir à son école primaire. Ils se retrouveraient à la rentrée. Mine de rien, il avait posé ses marques ces dernières années. Se lever, vivre, se coucher. C’était la routine. Il n’aurait jamais pensé que ça aurait pu changer. Les repas de maman, les histoires de papa, se faire coiffer par Kimberley, se faire battre aux jeux vidéo par Anthony, regarder des films de science-fiction dont il ne comprenait rien avec Michel, accompagner Rebekka pour son footing, promener Milan et s’amuser avec Logan. Bientôt il serait obligé de dire adieu à pas mal de ces choses. Déjà, Michel et Rebekka allaient étudier à l’étranger. Ils étaient vieux après tout. Malgré le vide qu’il allait y avoir à la maison, Nathan savait qu’ils reviendraient souvent pour les fêtes, qu’ils pourraient s’envoyer des lettres ... Et puis c’était différent. Logan, lui, allait déménager à New York. Un truc avec son père, paraissait-il … Dans tous les cas, ce sera moins facile. Mais pour le moment, les deux enfants n’y pensaient pas et jouaient tranquillement, comme d’habitude.

Nathan et Logan avaient enfourché leurs vélos ; mais n’étaient pas parti « vers une aventure inconnue » comme ils disaient, pour ne pas trop inquiéter leurs tuteurs. Il y avait une rivière pas loin des habitations, un point d’eau tranquille où ils pouvaient se rafraîchir et faire une jolie collection de cailloux qu’ils lançaient parfois pour des ricochets.

« Je me demandais, sis’ … Pourquoi tu veux devenir joueur de baseball ?
- Je te l’ai jamais dit !? Ouah ! Ben, je tiens ça de mon grand-père. C’est lui qui m’a donné cette casquette, d’ailleurs. Il m’emmenait souvent voir des matchs …
- Ah ... Je suis désolé …
- Hein ? Pourquoi ?
- Ben, pour ton grand-père …
- Mais !? Sis’ ! Hohoho, il est pas mort ! T’es marrant ! Il habite dans une autre ville.
- … Ah. Je ! Euh. Je … Bleh.
- Hohohoho ! »

Cette casquette devait quand même avoir une certaine valeur. Il l’avait tout le temps sur la tête ! Elle était même sans doute une partie de lui. Un troisième pied. Quand il aura déménagé, ne pourra-t-il donc plus voir de matchs avec son grand-père ? "Dans une autre ville", c’était loin ?

« T’as pas de rêve, toi ?
- Nan, j’y ai jamais pensé … Euh … être grand peut-être.
- C’est cool ! On sera le club des grands alors ! »

Pour sûr, Nathan ne pouvait pas encore se vanter de sa taille par rapport à bon nombre de ses camarades de classe. Etre grand était donc un rêve raisonnable, pour le moment. De toute façon, il ne savait pas encore qu’est-ce qui l’intéressait le plus à l’école … Vétérinaire lui avait déjà effleuré l’esprit … cependant, vu tous les autres enfants qui y avaient pensé, chaque animal devait déjà avoir son propre médecin attitré.
L’après-midi suivit son cours tranquillement. Ainsi que les jours. Ainsi que le mois.

⚘⚘⚘⚘
Une silhouette était assise sur le trottoir et portait une casquette un peu grande. Nathan descendit de son vélo qu’il avait lâché peut-être trop brutalement et s’approcha d’elle, d’un pas non rassuré. Ses doigts commencèrent à se frotter contre son short, nerveusement.

« Je … Je voulais te dire au revoir. »

Une boule commença à se former à la gorge du petit garçon. Leurs regards se croisèrent. Tentant de se la jouer détaché, Logan fit un grand sourire à son ami :

« Quand je jouerai au baseball, tu regarderas la télé, hein ? »

De grosses larmes dévalaient le long de ses joues. Nathan avait déjà pleuré à quelques occasions, mais jamais la douleur n’avait été aussi intense. Ce n’était pas comme un bobo au genou, plutôt une entrave au cœur. Il devait répondre à la question de Logan. Il connaissait la réponse, ce n’était pas le problème … Mais ses yeux étaient embuées, son nez bouché … l’on ne pouvait entendre de lui que des reniflements ou des hoquets. Il se décida alors à prendre un pan de son t-shirt et de s’y moucher. Maman n’allait sûrement pas être contente, mais à cet instant il s’en fichait. Enfin, et bien que difficilement, il put articuler :

« O-- Ou- Ouiiii ! »

Avant de refondre en larme. Les lèvres de Logan tremblèrent jusqu’à ce qu’à leurs tours, ses pleurs se manifestèrent. Les deux sœurs de cœur se rapprochèrent et s’enlacèrent.

------------------------------------------------------------

Un claquement brusque sur son masque sortit Arsen de son bain de souvenir … Trop d’un coup. Il avait l’impression que sa tête allait exploser. Le californien, lui, était habitué aux absences du fantôme … mais aussi longue ? Que de phénomènes bizarres, ces esprits.

« Hey, la belle au bois dormant. Debout.
- H-hein ? Où est Logan ?
- Parti. Ça doit bien faire vingt minutes. Et bordel, qu’est-ce qu’il est bavard … Bon, quoi de neuf pour toi ? Tu m’as fait quoi là ?
- H-heu. Je me suis rappelé de quelques trucs …
- Ouah. Super ! (claquant des mains.)
- C’est flou mais … Mais je crois que ce que j’ai compris c’est que Logan est ma sœur …
- … Quoi ? Tu veux dire que ce type est un … une …
- Ah, non non non ! E-euh ! Sœur de cœur, je veux dire, comme un super pote.
- Okay, Arsen. Donc ce n’est pas la mort qui t’a rendu bizarre, c’était inné.
- B-b-b-b-en …
- C’est bon, c’est bon. Bien, c’est parfait alors, en route ! Il m’a donné son lycée, je pense qu’on a trouvé ta ville mon petit Casper.[
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ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Empty0 / 1000 / 100ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Empty

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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 15:12

Ils arriveraient à destination le lendemain. Leander était dans son lit et allait bientôt s’endormir quand, sans grande surprise, une voix venue de l’au-delà émergea des ténèbres.

« Nathan Griffin. »

Ça arrivait. Le medium, sans pour autant ouvrir les yeux, grogna :

« Quoi ?
- C’est comme ça que je m’appelle.
- … Tu t’appelles pas Arsen ?
- C’est un surnom qu’on m’a donné à … dans "l’autre monde" ? »

Le silence retomba. Leander se retourna dans ses draps et discerna la forme longiligne de la silhouette du fantôme. A mesure qu’il sentait leur but se rapprocher de plus en plus, le californien était en proie à des réflexions qui le faisaient culpabiliser ; lui donnant parfois même envie de se taper la tête contre un mur. Il entendait encore clairement la voix d’Ylva clamer son immaturité.

« Ar-… Ou Nathan ?
- Arsen, ça va.
- J’me rends compte que je t’ai embarqué dans cette aventure de façon vraiment égoïste.
- H-hein ? Euh, non, tu as tout abandonné pour …
- Hinhin, j’avais envie de partir. T’étais qu’une excuse … »

Même s’il n’était pas venu, sans doute qu’il aurait quand même pris la route. Sans but. Le jeune homme lâcha un soupir, pas très certain de ce qu’il devait dire.

« Je suis désolé.
- … P-pourquoi ?
- Même si t’es bizarre des fois … ou souvent … J’t’aime bien.
- H-hein, h-h-h-heu, c-c-comm… »

Arsen sentit un oreiller s’éclater contre sa figure.

« Shh. Bref, ça fait un moment qu’on est ensemble … Pourtant …
- Tu ne connais rien de moi ?
- Ouais, carrément.
- Je ressens pareil pour toi …
- Merci, je me sens encore plus misérable.
- H-hhh-he ! Désolé j-je …
- La ferme, Arsen, ou alors renvoie moi l’oreiller que je te le rebalance en pleine t-… »

C’est ainsi que le polochon manqua d’étouffer son ancien propriétaire, suivi d’Arsen qui vint s’installer en plein sur son ventre

« MAIS. QU’EST-CE QUE TU FOUS.
- On fait connaissance ? Moi c’est Arsen ! Enfin, avant je m’appelais Nathan Griffin. Je suis mort, je ne me rappelle plus pourquoi. C’est pourquoi je suis là, accompagné d’un homme qui, malgré les apparences, est le seul capable de me voir. »

Cet homme en question plaqua sa main contre son visage … mais il n’était pas mécontent de la tournure des événements. Il sentait qu’Arsen ne mettait pas non plus tout son poids sur lui, sans doute à moitié en train de flotter.

« Ok. Alors, Leander Crossmann. Californien. Je suis medium contre mon gré, obligé de voir les fantômes depuis que je suis gosse. Personne d’autre dans ma famille proche n’a ce pouvoir, du coup on a cru que j’étais fou. J’ai toujours eu l’impression que ma vie était comme un mauvais film dramatique, le genre qui te fait dire que ce n’est pas du tout crédible. Déjà, voir des fantômes, putain. Sérieux. Bref, je me suis renfermé sur moi-même pour faire bonne figure. Ma mère étant malade est morte. J’ai vu son esprit sortir de son corps à l’hôpital, du coup je déteste cet endroit. Il me reste donc mon père avec qui la communication est difficile et … ma sœur. C’est pourquoi je suis là, je me cherche en même temps que les souvenirs d’un fantôme bizarre mais sympathique. »

Quand le blond se confiait, il ne faisait pas semblant. C’était la première fois qu’il racontait tout ça à quelqu’un … C’était vraiment agréable.
Arsen, lui, ne s’attendait pas du tout à tout ça. Il fixa intensément son compagnon qui aimait jouer les durs, aucun mot ne lui venait malheureusement.

« … Leander …
- Hey. C’est mon prénom, ouais. »

Tout allait bien, là, qu’il ne gâche pas ce moment. C’était pas les alcooliques anonymes non plus. Le californien voulut rassurer le fantôme en lui tapotant gentiment l’épaule avant de poursuivre :

« Bon, à ton tour. D’où tu viens, exactement ? Tous les gens qui clamsent vont chez toi et reçoivent un masque ?
- Euh, non … Je ne sais pas tous les détails, mais, déjà, là d’où je viens n’a pas vraiment de nom. Et puis, non, pas tout le monde porte un masque …
- Ah, c’est un accessoire de mode ?
- Eh bien, en fait, c’est ce qui me permet de voir et de parler …
- Comment ça ?
- Eh bien, parce que je n’ai pas de visage.
- »

Leander se redressa brutalement, faisant sursauter l’esprit.

« QUOI. »

La nuit fut courte. Leur lien plus fort.

ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". 989693HomeSweetHome
Iowa, USA • 2003

Leander arpentait les couloirs du lycée où Logan avait dit étudier. Ils n’étaient pas certains que cela fut aussi le cas d’Arsen, mais négliger une piste n’était pas envisageable à ses yeux. Surtout qu’au final …

------------------------------------------------------------
Iowa, USA • 1999
Tranquillement, une silhouette longiligne comptait les marches de l’escalier qui accueillait dès le matin, pendant la période scolaire, des lycéens. Ce jour-là, Nathan avait troqué ses cigarettes contre des chewing-gums mentholés qu’il mâchouillait avec l’ardeur des bovidés. Nous étions encore en plein mois d’Août, c’est pourquoi l’établissement (resté ouvert malgré tout) donnait l’illusion d’être abandonné. De temps en temps, l’adolescent croisait des visages connus à qui il tapait la discussion quelques secondes. Bien ? Bien. Vacances ? Tranquille. Cool. On se retrouve à la rentrée !

Certains achevaient leur inscription et d’autres, comme ce Griffin, flânaient tels des touristes. La tête dans les nuages, il ne fit pas attention au garçon en casquette qui passa à quelques centimètres de lui … Cependant, un lourd sentiment de déjà-vu obligea l’adolescent à se retourner subitement afin de mieux examiner le passant. Le volume de ses cheveux bouclés était impressionnant ! La casquette qui surmontait cette chantilly à l’encre de seiche semblait bien petite, à côté.

« … L-- Logan ? »

L’inconnu s’arrêta et tourna la tête vers ce type qui semblait l’avoir reconnu. Il haussa un sourcil devant l’individu d’au moins une tête plus grand que lui, aux yeux sombres et cheveux châtains qui ne lui dirent pas grand-chose sur le moment.

« C’est moi : Nathan !
- … Attends. QUOI !? »

Ses yeux clairs s’élargirent tels des soucoupes face à cette révélation insoupçonnée. C’était lui, sérieusement !? L’émotion envahissante le fit décoller et atteindre sans ménagement les bras de son ami d’enfance, lui tapant virilement le dos et le secouant un peu trop brutalement par la même occasion. La force de frappe de Logan surprenant Nathan, il en fit expulser sa gomme sans sucre.

« Hohohoho, comme j’suis content ! Je m’attendais plus à te revoir, sis’ ! »

Le brun cessa finalement de le secouer et, lui tenant toujours les bras, apprécia mieux les changements physiques de sa sœur de cœur :

« T’es immense maintenant, ma parole !
- Haha … Mais dis, qu’est-ce que tu fais là ? Et depuis quand ?
- Ah, c’est une longue histoire, mon pote … Mais là, je sors de m’inscrire ici ! Toi aussi ?
- O- Ouais ! Je. Mais ! Wow, bon sang, je sais plus quoi dire tellement je - … »

Sourire complice, Logan tapota l’épaule de Nathan. Une simple interjection résumerait au mieux ces retrouvailles pleines d’émotions : Wow.

Les deux garçons s’installèrent sur un banc et commencèrent à discuter. Surtout de tout, mais parfois de rien. Le déménagement n’avait pas vraiment arrangé les affaires des parents de Logan, augmentant les tensions entre eux. Du coup, le divorce sonna comme nécessaire. En Décembre dernier, Hillary retourna donc vivre chez sa sœur en embarquant son fils, laissant Tobias Green de son côté. Les choses étaient allées tellement vite que le garçon n’eut pas le temps de prendre des nouvelles de Nathan … Et quand enfin il réussit à se libérer pour les vacances d’été, ce fut une maison vide qu’il trouva. Sortie Camping.
Les retrouvailles ne purent cependant pas durer éternellement. Le soleil commençait à teindre le ciel d’orange. Logan devait rentrer et, malheureusement, lui et sa mère allaient être occupés les prochaines semaines … Mais les deux amis se retrouveraient, c’était certain, cette fois.

« Devine qui j’ai retrouvé aujourd’hui : Logan !
- Attends. Eh ? Sérieusement … tu as retrouvé ta sœur !?
- Mais ! Arrête de rire ! »

------------------------------------------------------------

« Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cet endroit qui me viennent … Juste que j’ai retrouvé Logan ici. Ce qui explique quelques trucs.
- Bah, le lycée de toute façon ! C’est que l’école, quoi. »

Grommela Leander, les mains dans les poches, laissant filer son regard sur les trophées des vitrines. Il reconnut d’ailleurs les boucles sauvages de la "sœur" de son cher ami le fantôme … Mais aucune trace du géant châtain.
Bon, il fallait prendre le taureau par les cornes. Le Californien, prit d’une pulsion soudaine, s’adressa à une jeune fille qui passait par là, l’air très sérieux :

« Excusez-moi, je suis journaliste et je fais un article sur l’établissement. Avez-vous entendu parler de la mort d’un certain Nathan ?
- Heu. Non, désolée.
- Pas de problème, c’est moi. Bonne journée. »

Arsen suivit son manège du regard. C’était fou comme le médium pouvait donner l’impression de tout pouvoir gérer à la perfection. Vraiment impressionnant. Il pensait que tout était parfaitement calculé et pas du tout le fruit du "feeling". Franchement, que serait-il sans lui ?
L’esprit tournoya sur lui-même mais ne s’attendit pas à se faire traverser nonchalament par quelqu’un.

« Con permiso, periodista. Vous parlez du petit Nathan Griffin ? »

Leander se retourna, médusé par l’efficacité inattendue de sa méthode, sur un homme en bleu de travail. Le concierge ? Il l’avait déjà noté balayant les couloirs un peu plus loin mais ne se serait jamais douté qu’il aurait pu lui être d’une quelconque aide. Les sourcils froncés, la surprise toujours ancrée dans ses traits, il lâcha :

« Vous le connaissiez ? »

L’agent d’entretien jaugea Leander du regard un instant, passant ses doigts sur sa barbe de quelques jours.

« Qu’est-ce que z’avez à me regarder comme ça, gringo. Wé, wé, j’le connais. M’enfin z’arrivez un peu tard, ça fait longtemps c’te sale histoire. Un chouette petit gars ce Nathito, j’aurais jamais cru au suicide. Le soir du bal de fin d’année de l’année dernière, en plus …
- … Pardon !?
- Quoi, pardon ?
- Rhm. Non, non, rien. Je … Désolé, je … Merci. »

Alors que le grand blond le quittait à grand pas pressés, le mexicain resta planté là, se grattant la nuque devant cette réaction qu’il jugeait des plus étranges. Ok. Bonne journée.

Tapotant nerveusement le distributeur beaucoup trop lent à son goût, le Californien attendit que son soda daigne arriver à lui. Arsen l’avait suivi, flottant doucement, pas très sûr de lui :

« Leander ?
- Quoi ?
- E-euh. Ça va ?
- J’digère encore que tu sois un emo suicidaire, mais ouais.
- »

Le fantôme se tut, ne sachant pas quoi dire de plus. Il n’aurait pas pensé que l’information soit d’une telle importance et encore moins qu’elle aurait un si grand effet sur son ami. Le blond récupéra enfin sa canette de soda et en bu quelques gorgées avant de reprendre :

« Tu le savais ?
- Euh, eh bien … Là d’où je viens, les âmes sont souvent celles de suicidés, généralement, ou … Enfin, je ne suis pas expert en la matière, mais en gros d’âmes perdues qui n’ont pas de place ailleurs et pas assez de force ou l’envie de rester sur T-…
- C’est bon, c’est bon. Je crois que je m’en fous. Err … Désolé.
- Désolé aussi …
- Non, moi, désolé.
- Je -…
- Shh. C’est bon. C’est bien qu’on soit venu. Au moins t’as retrouvé quelques souvenirs, comme t’as dit. On avance. »

Malgré tout ce qu’ils avaient pu se dire, il restait toujours des zones d’ombre sur Arsen. Complètement à l’ouest, le gamin. Car oui, c’était bel et bien un gamin. S’il était mort l’année dernière, dans ce lycée … Il n’était sans doute même pas majeur ? Bon sang. Vu sa taille, il ne l’aurait jamais cru.
Afin de s’éviter d’autres surprises du genre, Leander se dit que faire un petit tour sur internet ne lui ferait pas de mal. Il aurait peut-être même dû commencer par-là, en fait.

La journée était loin d’être finie.

Nathan Griffin, mort en décembre 2002 à l’âge de dix-sept ans. Suicide, pendu dans la cuisine. Sa maison se dressait devant Leander et lui-même, la pancarte « A VENDRE » étant le seul détail n’appartenant pas à ses souvenirs.
Quelques petits articles faisant mention de lui permirent de conforter le Crossmann dans son idée : l’adolescent n’avait rien d’un suicidaire. Tous les témoignages de sa famille indiquaient qu’il n’en avait pas du tout le profil, que la surprise avait été générale. Il y avait anguille sous roche, et il était prêt à en découdre pour découvrir le fin mot de toute cette histoire. Arsen était catégorique et Leander avait bien fait en sorte de lui faire certifier plusieurs fois qu’il en était sûr : le fantôme n’avait aucune idée de pourquoi il s’était suicidé, ni comment. Même à la lecture des journaux, rien à ce sujet ne lui était revenu.

La prochaine étape consistait à entrer chez les Griffin afin de leur poser quelques questions. Malheureusement, ses plans ne pouvant pas toujours se passer comme le Crossmann le souhaitait, ce fut une femme, blonde et mince en tailleur rouge qui leur ouvrit :

« Oui ? Bonjour ?
- Je ne la connais pas …
- Bonjour, Madame Griffin ?
- Non, je suis l’agent immobilier, monsieur. Vous êtes venu visiter ? Je ne me rappelle pas vous avoir déjà vu … Avez-vous pris rendez-vous ?
- Oh, hm, je viens d’arriver en ville. Je passais par-là, quand j’ai vu la pancarte. Elle est déjà vendue ?
- Ah, non non ! J’ai encore quelques visites de prévues. Eh bien, si vous me donnez votre nom, je pourrais, si vous le souhaitez …
- Ne vous inquiétez pas, je vais encore réfléchir et appeler l’agence, ça vous va ?
- Bien ! Au plaisir, alors ! »

Et c’est ainsi que la porte se referma aussitôt. Leander passa ses doigts entre ses mèches gorgées de gel, réfléchissant. Ils allaient devoir réessayer plus tard, il imaginait …


Leander s’allongea dans l’herbe, les bras derrière la tête, le nez levé vers le ciel. Une légère brise caressait sa peau et traversait le champ de blé qui lui servait de coiffure. Ah, ça faisait du bien de se poser, mine de rien.

« Il est sympa ce parc. On se pose là en attendant que l’autre nunuche se casse et on dira bonjour à ta famille. En espérant qu’ils soient encore là. »

Ses yeux s’attardèrent sur Arsen, planté entre la terre et le vide, hochant distraitement la tête en admirant le paysage. L’endroit était loin d’être désert et lui était très familier. Le médium l’observa un instant avant de subitement se rouler dans l’herbe. Il orchestra plusieurs allers retours sur une zone bien précise avant de retourner à sa place. Ses vêtements étaient salis, mais il s’en foutait.
Comprenant le but du manège, le mort remercia avec enthousiasme son ami avant de s’installer à son tour. Sentir les brins verts entre ses doigts, chatouillant la plante de ses pieds …

Après un moment passé là, bercé par le brouhaha des enfants qui s’amusaient en fond, un événement inattendu vint cependant déranger la tranquillité actuelle de leur situation.

« … L-l-l-…
- Hm ?
- Leander.
- Putain, quoi ? »

Lui qui s’apprêtait à engager une sieste. A peine ouvrit-il les yeux qu’un enchaînement d’action lui fit perdre toute compréhension. Arsen s’envola, laissant sa place à un animal poilu, surexcité et dégoulinant de bave ! Surpris de l’action de sa cible, le gros labrador alla d’abord saluer Leander en lui léchant généreusement la joue avant d’aboyer joyeusement sur le garçon masqué. Le médium lâcha un râle de dégout avant de se relever expressément et de hurler :

« Hey, sale clebs, qu’est-ce que tu fous là !
- Aaaaah, fais le partir, oui, il- il-… »

Un sifflement retentit, calmant le chien qui alla rejoindre les bras de sa camarade de promenade.

« Bububu, Milan, gentil chien, eh ? On ne fait pas peur au monsieur. »

Leander regarda le chien se faire cajoler par une fille, rousse, portant une robe en jean. De même, Arsen s’accrocha au cou du Californien et observa la scène de son perchoir, prêt à repartir à tout instant si la bête se décidait à l’attaquer de nouveau.

Lorsque l’inconnue se releva, ses yeux noisette transpercèrent le blond. Fronçant des sourcils, il ne savait pas quoi dire pour le coup. Merci ? Très gênant. Elle était bizarre, cette fille. Le silence s’installa jusqu’à ce qu’il décide à enfin dire quelque chose.

« Hey. T’as un truc là, sur les lèvres …
- Et toi, t’as un truc là, sur la tête … »

Ouch. Le jeune homme passa machinalement sa main dans ses cheveux qui défiaient les lois de l’apesanteur. Certes, avec ça, il n’avait rien à dire sur la couleur verte de son maquillage … Bon, au moins il avait instauré un contact.

« Je viens d’arriver en ville … Je m’appelle Leander.
- Ashley. Bienvenue, j’imagine. »

D’accord. Il réfléchit avant de reprendre :

« J’ai trouvé une maison où m’installer mais j’ai entendu des histoires, et …
- Si tu parles d’un suicide, je vois. Ne t’en fais pas, la maison n’est pas hantée, ça se saurait. Je ne comprends pas que ça rebute les acheteurs, eh …
- Ben, c’est pas super agréable de savoir qu’un type est mort dans ta cuisine. Rien que la famille s’en va, alors ça veut tout dire.
- Non, ça ne veut rien dire. Parce que toi, tu ne le connais pas le "type" qui est mort. Ce n’est pas toi qui a vu son corps. Ce n’est pas une petite histoire qui va t’empêcher de boire ton café, eh. On ne te l’aurait pas dit que tu n’aurais rien remarqué !
- Tu le connaissais ? »

Quelle chance, quand même. Voilà qui était intéressant. Sans broncher, ou alors pas en apparence, la jeune fille répondit simplement après quelques secondes de réflexion :

« Oui. C’était un ami. Milan est le chien de sa famille, d’ailleurs. D’habitude, c’est lui qui le promène, mais bon.
- Désolé … »

Ashley haussa les épaules et arrangea une mèche rousse derrière son oreille. Elle se décida alors à faire quelques pas dans la direction de son interlocuteur avant de se laisser tomber dans l’herbe non loin de lui, faisant mine de vouloir y dessiner un ange. Milan la suivit et s’allongea à ses côtés, remuant joyeusement la queue.

« C’est la vie … Ou plutôt la mort. »

------------------------------------------------------------
Iowa, USA • 1996

A la rentrée, le garçon entrerait au collège ; mais en attendant, il fallait profiter au maximum de son temps libre ! Nathan aimait bien sortir prendre l’air avec Milan. Et le chien n’allait pas s’en plaindre ! Il était assez bien dressé pour ne pas avoir à être tenu en laisse et ne sortait jamais trop loin de la maison sans l’un de ses maîtres. C’était un bon chien.
La langue pendante et la queue fouettant l’air joyeusement, le gros labrador suivait des yeux la balle de tennis que Nathan faisait rebondir dans sa main. Soudainement et sans crier gare, le jeune garçon l’envoya le plus loin possible. Vif, Milan était cependant déjà loin. En l’attendant, Nathan mit sa main en visière et jeta un coup d’œil aux gens du parc. D’un côté, il pouvait voir des enfants, dans le coin des jeux, s’amusant sur des animaux à ressorts, en voie de déraciner la balançoire à force de vouloir aller trop haut et montant sur le toboggan par le côté glissant … C’était bientôt un collégien à présent : un grand ! Ce genre d’amusement n’était plus de son âge. De l’autre côté, se trouvaient des vieux. Là, on pouvait aussi dire que ce n’était pas de son âge. Pas encore. Les retraités étaient assis sur des bancs à nourrir les pigeons ou bien dans un coin, sur des tables, à jouer aux dominos ou aux échecs … Il y avait vraiment beaucoup de monde aujourd’hui, mine de rien ! Des gens faisant leur footing, de mielleux amoureux se léchant les amygdales, un père et son fils jouant au baseball …
Milan tomba de tout son poids sur son maître qui, dans la lune, ne l’avait pas remarqué revenir. Aboyant joyeusement, la balle pleine de bave et mâchonnée, tomba sur la tête d’un Nathan aplati. L’animal semblait bien fier de ce qu’il venait de faire.

« Milaaaan ! »

Le chien descendit de son paillasson, obéissant, et lécha généreusement la joue pleine d’herbe du garçon. Nathan ne pouvait décidément pas être fâché contre son ami canidé … Il sauta donc à son tour sur lui, leur faisant dégringoler la petite butte où ils s’étaient postés. Tout en riant, il se releva en quête de la balle pendant que Milan se tortillait dans le gazon … mais ça ne l’empêcha pas d’être vigilant lorsque la sphère jaune fluo fila dans l’air. Aussi vite qu’au premier essai, il s’élança pour lui courir après ! Cette fois, Nathan ne ferait pas la même erreur et se tenait prêt à intercepter le labrador avant qu’il ne l’écrase de nouveau.
Cependant, il ne réapparu pas. Le jouet avait atteint un buisson pas trop loin pourtant, ça n’aurait pas dû lui prendre bien longtemps pour revenir. Interloqué, le pré-adolescent alla voir ce qu’il en était … Que fut sa surprise lorsqu’il découvrit son chien en compagnie d’un … alien ?
Alien était le premier mot qui était venu à l’esprit du garçon. Devant lui, le spectacle de Milan se faisant caresser par un être aux cheveux rose fuchsia, habillé d’un trop large pull en laine orange et, au contraire, d’un jean jaune trop serré ainsi que de baskets blanches. Notant l’approche de son maître, Milan aboya et l’alien tourna sa tête vers lui … Alors qu’il s’attendait à voir d’énormes yeux de mouches et une bouche où gigotaient des mandibules poilues, son visage témoignait plutôt de son humanité. On pourrait dire que c’était une fille de son âge. Ses lèvres étaient légèrement maquillées de vert, mais la décoration était loin d’être vulgaire. Juste particulière. Ses yeux noisettes et légèrement en amande étaient sans doute ce qu’il y avait de plus normal dans son physique.

« Bonjour ! »

Aucune réponse. L’avait-elle entendu ? Nathan se rapprocha un peu plus et remarqua que l’inconnue était légèrement plus grande que lui. Il essaya tout de même de répéter sa salutation :

« Bonjour ? »

Toujours aucune réponse. Les yeux de l’alien, ronds comme des soucoupes, semblaient analyser les moindres plis son âme … Enfin. Peut-être ne comprenait-elle pas ? Elle venait sans doute vraiment de l’espace après tout … ou alors d’un autre continent, ce qui n’était pas bien différent.

« Tu ne comprends pas ce que je dis, hein ? »

La tête de la fille s’inclina légèrement sur le côté avant de remettre son attention sur Milan, tout content de sa nouvelle partenaire de jeu. Cependant, il avait une tâche à accomplir ! C’est pourquoi il ramassa la balle de tennis qui était à côté de lui et l’apporta à Nathan qui la reçu, cette fois, directement dans les mains. Le garçon jeta un œil sur l’autre qui avait croisé ses bras, attentive :

« Tu veux jouer ? »

Elle semblait vraiment intéressée … et puis, elle l’intriguait. Donc, alliant la parole au geste, la balle fut lancée en direction de l’alien qui l’attrapa, un peu décontenancée. Ses yeux fixèrent la sphère jaune … jusqu’à ce qu’elle se fasse renversée par le labrador, un peu trop joueur.

« Milaaaan ! Hé ! Du calme mon chien ! Elle va te la lancer cette balle ! »

Un rire sorti de sous la masse de poil. Enfin elle exprimait quelque chose ! Avec l’aide de Nathan, Milan se dégagea et l’inconnue put se relever et lancer la balle, ses lèvres esquissant un large sourire. Le garçon continuait de la regarder alors qu’elle tourna la tête vers lui … quand, soudainement, son expression se figea. Ne comprenant pas, Nathan se retourna vers ce qui semblait l’avoir effrayée … Mais rien. Il n’y avait que des gens tout à fait normaux … Même pas d’hommes en noir. Cependant lorsqu’il revint à sa position originale : plus personne. L’Alien s’était complètement volatilisée.

Quelle rencontre du troisième type. Ne l’aurait-il pas rêvé ?

⚘⚘⚘⚘
C’était la rentrée. Kimberley mangeait ses céréales en balançant ses jambes du haut de sa chaise pendant que Sharon donnait de la compote à Poppy sur son haut siège en bois. Anthony, de son côté, était en quête de boisson vitaminée bien fraîche. Alors que Nathan entrait dans la salle à manger, sa mère n’attendit pas pour l’apostropher :

« Au fait ! L’un des pneus de ton vélo est crevé.
- Quoi !?
- Tu l’avais laissé traîner, donc je l’ai rangé dans le garage hier soir … et je l’ai malencontreusement cogné contre un clou. Le mal est fait, mais ne t’inquiète pas ton père sera sur le coup en rentrant.
- Oh zut …
- Je t’aurai bien déposé mon chéri, mais l’école de Kimberley est de l’autre côté, tu risquerais d’arriver en retard. Si tu y vas maintenant, ça devrait aller mon grand. »

Sortant son nez du réfrigérateur et verre de jus en main, Anthony renchérit, narquois :

« T’as des pieds, frangin, non ? »

Le jeune garçon soupira bruyamment et lança son regard noir vers l’adolescent qui alla s’asseoir … C’est alors que la chaise craqua et le fit tomber à la renverse. La fameuse chaise qui devait être réparée, depuis tant d’année. La trouver était un défi qui méritait bien ce qui suivit :

« Et l’heureux gagnant eeeest … Tony !
- Tooooonnnnnyyyyyy ! »

Kimberley et Nathan commencèrent à faire une holà grandiose à l’attention de leur aîné dont le jus d’orange tachait à présent la chemise.

« Toi, l’morveux, je --… »

Le collégien n’eut pas l’occasion de savoir ce qu’aurait pu lui faire subir son grand frère. Emportant son sachet repas, il avait déjà déguerpi ! C’était une journée qui ne commençait pas si mal, finalement.

La journée s’était passée tranquillement. Le changement d’école n’avait jamais fait de grande impression à Nathan. Il avait recroisé quelques visages connus … dont il n’était pas tellement proche de toute façon. C’était un garçon poli et plutôt sympa, il faisait bonne impression envers ses petits camarades de classe … Cependant, il y avait comme un blocage. Ses relations n’allaient donc pas plus loin que les rapports les plus simples.

Sur le chemin du retour, le garçon s’inventa des marelles, sautillant à cloche pied, ou imagina que les traits du trottoir étaient des lasers mortels qu’il fallait à tout prix éviter. A un moment, soudainement, Nathan intercepta derrière lui comme un bruit métallique. Surpris, il se retourna instinctivement et crû entrapercevoir une ombre se cacher dans une ruelle entre deux bâtiments. Ou alors, était-ce son imagination ? Haussant des épaules, le gamin opta pour la seconde option et continua sa route.
L’heure du goûter largement dépassée, il se laissa attirer par la vitrine d’une boulangerie d’où il pouvait admirer les délicieuses pâtisseries colorées et débordantes de crème … Lorsqu’il leva les yeux, cependant, il croisa le regard réfléchi d’une personne derrière lui. Elle était de l’autre côté de la route et fixait dans sa direction de manière louche. C’était une fille, vraisemblablement, aux cheveux longs et roux auburn cachant légèrement son visage. Elle portait un uniforme qui n’était pas inconnu à Nathan, l’ayant déjà croisé de temps à autres. Elle aussi devait donc sortir de classe ? Feignant de ne pas l’avoir remarquée, comme si de rien n’était, il continua sa marche. Le garçon ne prit cependant plus la peine de vérifier les traits, occupé qu’il était à jeter des coups d’œil furtifs à l’inconnue. Ses craintes étaient fondées : elle semblait le suivre … Le collégien se serait bien retourné pour lui demander ce qu’elle voulait, mais son air était tellement sinistre ...
Elle avait changé de trottoir. Elle était derrière lui à présent. Quelques mètres les séparaient. Nathan se retourna complètement et subitement, s’arrêtant net. Elle fit de même, continuant de le fixer. Elle avait décidé de ne plus se cacher, cette fois, se sachant repérée. Le garçon fit un pas en arrière, puis un autre … Elle ne bougeait toujours pas, droite et immobile telle une statue. Nathan aurait pu continuer longtemps à marcher à l’envers, peut-être même jusqu’à la maison … mais ça aurait inclut qu’il continue de la regarder. Et ça, ça faisait naître en lui un tel sentiment de malaise … C’est pourquoi il se retourna de nouveau et préféra prendre ses jambes à son cou ! De toutes ses forces, le plus vite possible, le jeune garçon traça en espérant semer sa poursuivante.
Après une dizaine de minutes, ne s’étant pas retourné une seule fois, Nathan reprit son souffle et jeta un coup d’œil … Personne. Elle avait disparu. Il laissa échapper un long soupir de soulagement et voulu continuer sa route quand …

« AAAAAAAAAAAH ! »

Il tomba à la renverse. Elle était là, juste devant lui. Son sourire dévoilait de petites dents blanches, mais ses yeux étaient toujours cachés par ses longues mèches. Effrayé comme jamais, Nathan eut le réflexe de se protéger la tête avec ses mains :

« ME MANGE PAAAAS ! »

L’inconnue se mit alors à rire. Un rire qui lui disait quelque chose d’ailleurs … Interloqué, bien que toujours tremblant et son cœur battant très fort, le garçon rouvrit ses yeux et dévisagea sa poursuivante. Celle-ci était à présent bien plus proche et lui tendait une main :

« J’vais pas te manger, gros bêta. »

Pas trop rassuré, il accepta tout de même l’aide de la fille. Relevé, il remarqua qu’elle était un peu plus grande que lui et ses yeux légèrement en amande étaient …

« OH ! T-tu ! Je te reconnais ! Tu ! AAAAAH ! »

Son incompréhension s’était accompagnée d’un cri. L’extraterrestre de la dernière fois ! Son cœur bondit et des paroles incompréhensibles commencèrent à sortir de sa bouche.

« Hey hey hey ! Du calme, hombre ! On dirait que t’as vu un fantôme !
- Mais ! Tu m’as poursuivi, je me suis cru dans un film d’horreur !
- Ah bon ? Désolée, je ne voulais pas te faire peur !
- Et ! Tu me comprends ? T’es bien l’alien de la dernière fois, non ?
- Eh ? L’alien ? On ne t’a pas appris à parler aux filles, on dirait …
- Et toi on t’a appris à parler que récemment ?
- Hmm, oui, ok. Je suis vraiment navrée … Mais … C’était rigolo. »

Une nouvelle envie de hurler s’imposa en lui … mais sa conscience l’imposa de tenter de se calmer. Tout ce flot d’incompréhension le submergeait ! Il prit une grande inspiration et ferma les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, elle était encore là, souriante et les yeux pétillants.

« Ça va mieux, eh ? Tu t’es calmé ? Je m’appelle Ashley ! Ashley Martin. »

Elle lui tendit une main. Le garçon hésita un moment, mais la serra quand même. Pour sûr, elle n’était pas banale cette fille.

« Euh Griffin … Nathan. »

Les deux collégiens continuèrent un bout de route ensemble. Elle lui raconta qu’elle était arrivée dans cette ville peu de jour avant leur première rencontre … C’était une Canadienne qui avait suivi son père jusqu’ici pour des raisons qu’elle n’aborda pas. En tout cas, elle avait le mal du pays et était donc en pleine fugue lorsqu’ils s’étaient rencontrés, la première fois. Elle s’était habillée comme ça pour "passer inaperçue". Nathan mit d’ailleurs en doute sa manière de se déguiser … Ce qu’elle préféra ne pas noter, par fierté. Il pensa qu’elle était juste un peu (beaucoup) excentrique. Ashley expliqua ensuite qu’elle s’était enfuie car elle avait reconnu son paternel dans la foule … Nathan fit remarquer qu’elle n’aurait pas eu besoin de fuir si sa confiance en son déguisement était si grande. La jeune fille lui fit juste la moue tout en lui lançant un regard noir.
Ensuite, pour ce qui était de la course poursuite du jour, elle l’avait simplement reconnu en sortant de son collège et avait décidé de lui faire coucou … Certainement pas de la meilleure des manières, mais Nathan commençait à comprendre (ou pas) sa manière de fonctionner. N’importe comment. En gros. Mais il l’aimait bien, mine de rien, et ça semblait réciproque.

⚘⚘⚘⚘
« Tes parents ne s’inquiètent pas que tu prennes du temps à flâner en route ?
- Ils ont compris mon point faible … je suis obligée de rentrer si je veux manger. »

⚘⚘⚘⚘
Retrouver Ashley après les cours était devenu une habitude. Elle accompagnait Nathan jusqu’à sa rue et le quittait là avant de s’envoler. Mystique était le mot qui s’imposait au garçon quand il pensait à la jeune fille … c’était sans doute ce qui l’attirait chez elle, d’ailleurs.
Un jour cependant, Nathan ne croisa pas Ashley lors de sa marche. D’habitude, elle se tenait toujours dans un coin de rue de façon visible … Il attendit un instant, regardant dans tous les coins. Peut-être était-elle tombée malade ? Pourtant elle semblait en forme la veille. Inquiet, le collégien enfourcha son vélo et décida d’aller voir directement à son école. Elle ne lui avait jamais dévoilé sa localisation, mais le collégien connaissait bien la ville et était déjà passé devant un établissement où les élèves portaient un uniforme similaire. De toute façon, les écoles privées de ce genre ne couraient pas tellement les rues.

Nathan avait eu raison d’être inquiet. Devant le portail d’un bâtiment prestigieux, une horde d’enfants formaient une ronde … Privée ou publique, un tel attroupement ne pouvait signifier qu’une chose : il y avait bagarre dans l’air. Le jeune Griffin avait un mauvais pressentiment, pour le coup … Jouant des coudes, il se fraya un chemin entre les collégiens et arriva enfin jusqu’aux acteurs de l’action. Ashley, les poings serrés et du sang coulant de son nez, fixait avec noirceur son assaillant : un blond aux cheveux façon hérisson à la manche déchirée, mais ne semblant pas avoir reçu plus de dégâts.

« Alors, tu dis plus rien, EH ? »

Le fier-à-bras se rapprocha et la poussa en arrière. Le cercle s’élargit afin de l’éviter, l’obligeant à embrasser le sol. Il se mit à rire et se prépara à asséner un coup de pied dans le ventre d’Ashley.

« Retourne chez les élans, sal- … ! »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase ni d’aboutir à son geste. Nathan, pris par ses instincts, était sorti de la foule et lui avait foutu un superbe coup de poing contre la joue. Ne s’attendant pas à ça, l’ennemi se retrouva par terre à son tour ! Cependant, il se releva vite et sauta sur cet invité surprise qui venait troubler sa fête.

« C’est qui lui ?
- Il n’est pas de notre école, il n’a pas d’uniforme !
- BASTON !
- C’est quoi ce remue-ménage ? »

Tel le messie, un agent de police cassa le cercle des voyeurs et s’approcha … Son aura de justice n’empêcha tout de même pas les deux garçons de continuer à se rouer de coups. Habitué, le gardien de la paix siffla un de ses collègues qui rappliqua afin de l’aider à séparer les collégiens … avant de les embarquer, avec la fille, au poste.

Ils n’étaient pas beaux à voir, pour sûr. Silencieux, le regard dans le vide, les trois collégiens étaient assis dans une salle, attendant leurs parents. Aucun mot ne s’était échappé de leurs lèvres depuis qu’on les avait laissés là. Ils n’auraient pas plus de problèmes, avaient été légèrement réprimandés par les policiers … leurs tuteurs feraient le reste.
Soudainement, des éclats de voix vinrent briser le silence de mort pesant sur la salle d’attente. Les enfants relevèrent leur tête en chœur et virent de l’autre côté de la vitre une folle furieuse blonde demandant des comptes aux agents :

« Que s’est-il passé ? Où est mon Gregory !? »

Lorsqu’elle remarqua son fils, œil au beurre noir et énorme sparadrap sur la joue, la femme accourut rapidement le rejoindre ; et ce malgré les réprimandes des fonctionnaires. Sans un regard pour les deux autres, elle commença à prendre le garçon dans ses bras :

« Qu’est-ce qu’il t’est arrivé mon petit Grygry ?
- Maman ! J’étouffe !
- Madame Russel, s’il vous plaît, vous devez remplir des papiers avant de le récupérer.
- Maman revient mon bouchon. Et vous ! Vous … !
- Madame Russel. »

Alors qu’elle sortait, telle une lionne, ses yeux verts tentèrent de transpercer l’âme d’Ashley et Nathan, les attaquants de sa progéniture – qui ne pouvait être qu’innocente dans cette histoire. Le dit Gregory fit claquer sa main sur son front, préférant se faire tout petit pour le coup.
Un peu plus tard, un homme en costume se présenta, plus calme que l’hystérique et la mine gênée. Malgré ses cheveux poivre et sel, il possédait un charme certain qui permit le miracle de faire baisser d’un ton la dame Russel. A son arrivée, Nathan ne manqua pas de noter que les doigts de son amie s’étaient mis à s’agiter et que ses cheveux voilaient presque l’entièreté de son visage. Cependant, ce fut vite à son tour de devenir nerveux lorsqu’il reconnut son père aux lunettes et aux cheveux chocolat caractéristiques. De là où ils se trouvaient, les enfants ne pouvaient pas vraiment entendre la conversation entre les adultes et le policier qui les avait emmenés jusqu’ici. La tension était palpable.

Quelques sourires et papiers plus tard, la mère Russel retrouva son fils la première et lui prit doucement la main, beaucoup plus sereine :

« C’est fini mon Grygry, on rentre. »

Elle observa un instant la rousse, mais ne laissa pas éclater de nouveau scandale. Fière, elle s’en alla sans oublier de lancer un dernier au revoir aux charmants jeunes hommes qui avaient croisé son chemin. Lorsque la porte se ferma sur elle, on put entendre un soupir de soulagement chez les agents du poste.
Ce fut au tour de Caleb Griffin d’entrer. Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, son fils tenta de s’expliquer :

« Papa ! Je ! Je … Je … »

Tenta, j’ai bien dit. Le paternel se mit à sa hauteur et lui ébouriffa les cheveux gentiment. Celui-ci n’osa pas lui dire que le secouer ainsi lui donnait envie de vomir.

« C’est bon, c’est bon. On rentre, y’a tout le monde qui est inquiet. »

Comme un grand, Nathan se releva tout seul et allait suivre son géniteur lorsqu’une petite main attrapa la sienne. Il se retourna vers Ashley qui, pour la première fois depuis la bagarre, le regardait droit dans les yeux. Rougis et humides.

« … Merci. »

Le garçon ne sut que répondre … Il resta immobile jusqu’à ce qu’elle le lâche alors qu’entrait l’autre homme. Il lui fit d’ailleurs un grand sourire avant de prendre sa fille dans ses bras, sans un mot, et sortir. Depuis l’épaule réconfortante, Ashley fit un geste d’au revoir à Nathan.

De retour à la maison, Nathan fut accueilli comme un roi. Sharon le serra fort dans ses bras et il put sentir les petits bras de Kimberley accompagner l’étreinte maternelle. Anthony, bien qu’en retrait, semblait tout aussi content de revoir son cadet en un seul morceau. Cependant, très vite, la réalité le rattrapa … Ses parents demandèrent aux deux autres de monter à l’étage et qu’on les appellerait lorsque le dîner serait prêt. Malgré les grognements, ils obéirent …
Caleb expliqua en premier lieu à sa femme la version que lui avait rapportée le policier : il avait trouvé leur fils dans une bagarre entre une fille et un autre garçon du collège privé le plus proche. Lorsque des questions leur furent posées, les enfants s’étaient murés dans leur silence. Il n’y avait pas eu de blessés graves, c’était leur première fois, la clémence avait donc été donc de rigueur. La mère de famille écouta le récit tout en jetant de petits coups d’œil à son fils, yeux rivés sur ses genoux quant à lui.

« Il y a quelque chose que je n’ai pas saisi, Nathan. Qu’est-ce que tu faisais près de ce collège ? Et puis … pourquoi t’être battu ? Ce n’est pas ton genre de te mêler des affaires des autres ainsi.
- Eh bien … je … Ashley est mon amie et … »

Les regards de ses parents se croisèrent au même moment. C’était bien la première fois depuis le départ de Logan que Nathan disait avoir une amie … Même s’ils ne comprenaient toujours pas comment il avait pu se lier avec quelqu’un qui n’était même pas dans son collège, ils ne voyaient pas pour qu’elle raison ils auraient pu le punir.
Comme s’étant parlé par la pensée, le couple secoua la tête dans un commun accord :

« C’est bon mon chéri. C’est la première fois et j’ai l’impression que tu as compris que ce que tu as fait ce n’était pas bien. Se battre est loin d’être une solution, tu comprends mon cœur ?
- Allez mon grand, mais c’est quand même très gentil d’avoir voulu aider ton amie ! … Enfin, comme dit ta mère, il y a bien d’autres manières d’y parvenir. »

Alors que tout semblait s’être bien terminé, en fin de compte, ses bleus ne passèrent pas vraiment inaperçu en classe. Quelques rumeurs dont les collégiens ont le secret animèrent les conversations à la cantine. De plus, d’anciens souvenirs de maternelle furent sortis afin d’alimenter les ragots :

« Si je te dis, dès la maternelle c’était une racaille ! La maîtresse a fini à l’hôpital !
- [color=Grey]Il paraît que c’est tout un gang qui est venu à lui. La police a dû intervenir avec des fumigènes !
- Mais ! C’est pas du tout comme ça que ça s’est passé !
- Attention, il va nous frapper !! »

Seul. Quand on n’a personne pour nous épauler, les histoires sonnent tout de suite plus vraies. Malgré ses tentatives, c’était peine perdue. L’unique solution était donc la soumission. Il avait toujours été bizarre celui-là, de toute façon.

⚘⚘⚘⚘
Tout semblait s’être réglé pour Ashley. Le lendemain, elle s’était excusée auprès de Nathan : elle s’en voulait de l’avoir mis dans l’embarras … En effet, elle lui raconta que la bagarre était totalement de sa faute. Une cascade d’événement ainsi que les circonstances avaient fait qu’elle était sortie de ses gonds, insultant ses camarades … Gregory n’avait voulu que protéger son honneur et celui de son pays. La fillette ne s’était vraisemblablement toujours pas faite à la vie « aux States » … mais depuis l’épisode chez les policiers, elle avait eu une discussion avec son père et s’était vraisemblablement calmée. De plus, Ashley savait qu’elle pouvait vraiment compter sur une certaine personne … mais ça, elle le garda pour elle.

Ainsi, en plus de se voir après les cours, ils se rencontrèrent respectivement chez l’un ou l’autre, se rejoignaient au parc pour promener Milan et d’autres choses … Mine de rien, tout ça les avait encore plus rapproché !

⚘⚘⚘⚘
« Qu’est-ce que tu fais ?
- Je ne vais pas me présenter à ta famille sans maquillage, je dois me faire belle. »

La collégienne passa le bâtonnet délicatement le long de ses lèvres, leur donnant la bucolique couleur des champs. L’expression de Nathan se voulait perplexe … mais son amie fit comme si elle n’avait rien remarqué. Sautillant et les mains derrière le dos, elle ouvrait la marche jusqu’à la résidence des Griffin comme si elle s’y était déjà rendue … Qu’Ashley l’ait suivi jusqu’à chez lui sans qu’il ne le sache ne l’étonnerait pas tant que ça, d’ailleurs.

Depuis qu’elle avait entendu parler de cette fameuse amie, Sharon insista très vite pour la rencontrer en l’invitant à dîner elle et sa famille ! Cependant, pour cette première rencontre, elle seule serait présente en raison du travail de son paternel. Cela faisait tellement longtemps que des connaissances à son fils n’avaient pas franchi leur porte ! Connaissant sa mère, Nathan avait remarqué le bref instant de surprise à la vue de la jeune invitée … Le collégien pensa, qu’heureusement, elle n’avait pas eu le temps d’aller chercher sa perruque rose.
Ashley était impressionnée par toute la chaleur qui embaumait la maisonnée. Tout le monde était tellement gentil qu’elle se mit très rapidement à l’aise.

« J’espère que tu n’as rien contre le canard, Ashley ?
- Non, je mange de tout !
- Même les humains ?
- Surtout les humains.
- SENSAS. »

Kimberley avait vite fait de tomber en admiration devant l’aura subjectivement cool de la copine de son aînée. Elle projetait même déjà de s’acheter du maquillage de la même couleur ! Et puis, pourquoi ne pas se teindre en rousse ? Malheureusement, elle sentait, étrangement, que l’idée ne plairait pas tellement à ses géniteurs adorés.

Lorsque fut le temps de s’asseoir, il y eut comme un léger silence. Prudent, Anthony s’était assis et toisait les autres membres de sa fratrie avec un petit sourire narquois. Avec toute l’élégance dont elle était pourvue, Kimberley sauta sur son siège dans un petit cri de joie. Nathan, quant à lui, observa Ashley prendre place avant de faire de même … Caleb aida sa femme à servir les divers plats qu’elle avait préparé et le repas pût commencer.
Le bol de purée de patate douce passa d’un membre à l’autre jusqu’à l’invitée … dont la chaise se mit sinistrement à craquer avant de succomber sous son poids. Heureusement, ses réflexes sauvèrent une partie de la nourriture alors que le reste dégoulinait sur ses joues … vite nettoyées cependant par la délicate attention de Milan. Ah ! C’était donc cette chaise ! Le Dieu des Aléas et du Hasard avait bien choisi, semblait-il. Heureusement, ses rires faisant foi, Ashley n’avait rien de casser. De plus, contagieux, tous les Griffin se mirent à rire à leur tour alors que Nathan reposait le plat sur la table et aidait son amie à se relever.

« Malgré les réparations, elle continue à se casser. Il faudrait penser à la jeter ! »

Il faudrait y penser, certes …

⚘⚘⚘⚘
La maison des Martin se trouvait relativement loin de celle des Griffin … En plus, étant donné qu’elle se faisait déposer tous les matins, la collégienne n’avait pas de vélo. Ashley faisait donc tout ce chemin à pied chaque soir ? Quelle imprudente … heureusement que le quartier était réputé comme tranquille et relativement normal. Les deux enfants s’arrêtèrent devant une jolie maison à deux étages aux murs bleu pastel. Pour sûr, ça ne lésinait pas sur les dépenses par ici.
L’intérieur était tout aussi impressionnant que l’extérieur. Comparé à son chez lui, tout était propre et clair, la décoration épurée faisait moderne. Habituée à y revenir chaque soir, Ashley se déchaussa avec négligence dans l’entrée – Nathan l’imita, bien que plus poliment – avant d’appeler :

« ARMAND ? … IDRIS ?
- Tu ne m’avais pas dit que tu avais des frères …
- Eh ? Parce que je n’en ai pas ? Armand c’est mon père … et Idris … hm, son copain. »

Le garçon s’arrêta un instant pour digérer l’information. Outre le fait qu’elle appelait son père par son prénom … Que voulait-elle dire par « son copain » ?

« Copain ? Dans le sens … copain ?
- Oui oui, ils sont gays. Tu es homophobe, Nafy ?
- Err, je ! Euh, je ! Non, mais ! … »

La jeune fille tapota l’épaule de Nathan avec force, riant. Son ami se mettait toujours dans de ces états parfois !

« C’est bon, hombre ! Bien, il semble qu’il n’y a personne. Viens, je t’emmène à ma chambre. »

Il suivit donc le guide, jetant de temps à autres des regards curieux vers quelques photos. Une gamine rousse faisait un gros sourire (auquel il manquait une dent) à l’objectif ; un wagon où levaient les bras une dizaine de personnes dont une rousse et un homme aux cheveux poivre sel et au teint livide ; ce même homme, rayonnant, accompagné d’un autre, plus jeune, aux cheveux brun cendré montrant avec entrain la maison bleue, une pré-adolescente rousse croise les bras et ne partage pas la joie ambiante.

« Ta-dah ! »

Comparée aux autres pièces de la demeure, la chambre d’Ashley semblait tout droit sortie d’une autre dimension ! Plafond et murs bleu égyptien, plancher de bois clair. Une large fenêtre rectangulaire donnait vu vers les collines où se couchait le soleil, illuminant de ses rayons orangées les tissus fins et colorés des rideaux. Juste en dessous trônait un massif coffre de bois incrustés de motifs spiralés où, non loin, gisaient peluches et jouets sans doute sortis à la va-vite et jamais rangés. En face, un lit deux places dont aucune des parures ne concordaient : les oreillers étaient multicolores, la housse du matelas représentait un champ de tournesols et la couette était blanche décorée de motifs pomme de terre … Le mur où était collé la tête de lit et où se trouvait la porte était recouvert d’une tapisserie représentant d’anciennes peintures des cavernes. Dans un coin de la pièce, une bibliothèque et une commode … tous loin d’être bien rangés. Des livres sur le paranormal, les extraterrestres, des contes et autres romans étaient vomis par le meuble qui, visiblement, n’en pouvait plus. Pleins d’autres détails échappèrent à Nathan qui termina sa visite oculaire par une pipe trônant en évidence au-dessus du mobilier.

« Il paraît que ce n’est pas bien ranger, mais je ne vois pas pourquoi … »

Une porte qui claque et des pas se firent entendre, Ashley se retourna, s’attendant à voir son père :

« Ashley ! Déjà arrivée ? Hey, salut ! Tu es Nathan, c’est ça ?
- Oui ! Monsieur …
- Appelle-moi Idris. Hmm, j’ai acheté des gâteaux pour le goûter, si vous voulez …
- On descend, t’inquiète.
- Euh, d’accord ! Eh bien, moi je vais commencer à préparer le repas, alors ...
- D’accord, d’accord. »

L’homme esquissa un sourire timide et reparti aussi vite qu’il était arrivé. La collégienne poussa un profond soupir … Aux yeux de son invité, Idris semblait gentil ! Cependant la froideur dans le ton de la fillette ne lui avait pas échappé non plus. Il la fixa un instant afin de lui faire comprendre qu’il ne la comprenait pas.

« Eh ? Ne me regarde pas comme ça. Je sais ce que tu penses … Mais c’est à cause de lui que je suis ici ! Enfin, c’est un peu plus compliqué … »

Nathan croisa ses bras, prêt à écouter. Elle qui n’avait pas l’habitude de trop en raconter sur sa vie privée, devant les grands yeux sombres de son ami, elle ne voyait aucun échappatoire.

« En fait, Armand n’est pas vraiment mon père biologique. Il m’a adoptée quand je n’étais qu’un vermicelle. Mais ça ne change rien au fait que ce soit comme un père pour moi … Je trouve qu’on était bien, tous les deux. Puis un jour, il y a eu Idris. Dieu seul sait combien j’étais jalouse qu’il me prenne mon papa ! Des fois, je m’en veux d’être aussi froide avec lui … Il est gentil en fait, vraiment. Armand a bon goût quand même ! En y réfléchissant je l’aime bien, mais je n’y peux rien. C’est comme ça … »

Les yeux noisettes, fuyant ceux de l’autre, s’attardèrent sur la fenêtre, attendant la sentence : qu’il la trouve bête, puérile ou quoi d’autre. Nathan posa simplement ses mains sur les épaules de son amie :

« C’est mignon ! »

Les joues d’Ashley virèrent au rouge :

« Eeeeh ? Tu vas voir qui est mignonne quand je mangerai ta part de gâteau ! »

Ricanant, elle se dégagea de la prise de Nathan avant de s’enfuir lâchement jusqu’à la cuisine.

« Q-quoi !? Non ! Attends ! »

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Le soleil commençait doucement à descendre derrière les montagnes quand Ashley se décida qu’il était temps de rentrer. Leander en profita pour la suivre. De toute façon, il avait lui aussi envie de voir les Griffin, feintant de préférer d’abord parler à la famille avant d’avoir affaire à l’agent immobilier. Convaincue ou non, la demoiselle accepta. Ça le perturbait et le fascinait de ne pas la comprendre, étrangement. Qu’est-ce qu’il se passait dans sa tête, au juste ?
En tout cas, c’est comme ça que le petit groupe se retrouva là, marchant sur le trottoir. Le blond jetait parfois quelques coups d’œil à Ashley, curieux … Tout en faisant en sorte de ne pas paraitre trop louche, non plus. Quel était son lien avec Arsen ? Il n’avait pas vraiment l’occasion de questionner son ami, et lui-même n’était pas très loquace si on ne lui adressait pas la parole. En même temps, ça se voyait que quoi qu’il dise, Leander n’était pas vraiment en position de lui répondre.
Le fantôme n’avait d’ailleurs pas changé de place depuis tout à l’heure. Dans le dos du blond, les bras autour de son cou à surveiller perpétuellement son chien qui, du coup, suivait docilement le Californien comme son ombre.

« Il a l’air de bien t’aimer. »

Ah ! Elle lui adressait la parole ! Une sorte d’aura douteuse semblait émaner de sa personne, du coup il avait du mal à déterminer sur quel pied il devait jongler. Bon, allez, c’était l’occasion de se jeter à l’eau et …

« Excuse ma curiosité, mais, dis m-…
- HEEEEEEEEEEEEEEYY ! »

Stoppé dans sa phrase, comme par hasard, Leander se retourna de bien mauvaise humeur pour découvrir une silhouette en contrejour filant sur son vélo dans leur direction. On pouvait dire qu’il arrivait comme un cheveu sur la soupe. Bien épais et bouclé.
Les pneus crissèrent sur le gravier lorsqu’il freina, permettant au garçon de se retrouver à leur hauteur.

« Mais qui voilà ! Cette fois c’est moi qui t’ai reconnu, Leander, hohohoho ! »

L’intéressé répondit d’un rire nerveux, ne se doutant pas que la situation était sur le point d’empirer.

« Eh mais, tu me présentes ta cop-… »

Le grand sourire de Logan se figea alors qu’il se penchait pour découvrir le visage de l’inconnue qui suivait le grand blond … Enfin, pas si inconnue que ça, à en croire son expression, se dit celui-ci. Ses iris vert se tournèrent vers Ashley qui, à son tour, ne semblait pas des plus ravie de rencontrer le brun. Eh bien, eh bien.

« Bonjour, Logan. »

Grinça-t-elle entre ses dents, froide. Ses poings serrés le long de son corps n’étaient qu’un petit aperçu de toute la tension qui pesait sur ses muscles. La jeune fille donnait quasiment l’impression de se retenir de sauter sur sa proie. Ce qu’elle faisait sans doute.

« Vous vous connaissez ?
- Euh …
- Ouais, c’était à un match y’a longtemps. Enfin, tu étais le copain d’une des pompoms girl, c’est ça ?
- Ouais. C’est ça … »

Leander avait réellement peur de ce qui se tramait sous cette tignasse rousse. Définitivement. Ça devait sans aucun doute bouillonner sévèrement, là-dedans. Le jeune homme s’attendait à ce qu’elle explose à tout moment et lui demande des explications. De vraies explications. Pourtant …

« … D’accord. Je vous laisse entre "vieilles connaissances", hein. J’ai à faire. Je te confie Milan, hein. Ramène-le chez lui et excuse-toi de ma part aux Griffin. »

S’il y avait eu une porte, elle aurait été claquée violement. Leander n’eut même pas le temps de dire quoique ce soit qu’il se retrouva avec un chien sur les bras. Pas que ça n’arrangeait pas ses affaires, mais quand même. Médusé, il passa de la silhouette pressée d’Ashley au visage déconfit de Logan. Penaud :

« Hhh, désolé pour ça … Tu la connais aussi ? Et les Griffin ?
- Euh, non, je viens de la rencontrer. Elle est un peu bizarre et a tenu à ce que je l’accompagne avec son chien, m’enfin …
- Je te le fais pas dire … »

Quel mensonge bidon. Heureusement, le garçon semblait beaucoup trop perturbé pour y faire attention. Il lâcha d’ailleurs un long soupir, fixant misérablement la sonnette de son vélo.

« Il s’est passé quelque chose ?
- Je n’en sais rien … Hm, désolé, mec. Je dois rentrer aussi. A plus ! »

Loga
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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 15:13

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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 15:13

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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 15:14

Et parce que jamais deux sans trois, bien que je doute fort que l'histoire soit aussi longue quand même /meurt/
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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitimeDim 19 Jan 2014 - 15:56

*^* ♥ ♥ ♥

Bon, on a hâte d'avoir la suite et fin de l'histoire hohohoho ♥ Mais en attendant, Arsen va pouvoir aller hanter les couloirs du Pensionnat ! Et ça c'est trop cool. Profites bien de ce privilège, baby. Arsen est un chou à la crème tout doux et trop mignon. Même si son histoire est. *sort son mouchoir*

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Logiquement tu connais le chemin par cœur...8D Donc je ne te retiens pas, tu peux foncer faire des folies, LE MONDE T'APPARTIENT. Enfin PI, déjà.

Eeeet je laisse la fiche là pour modifications ultérieures. Amuses-toi bieeeeeeeeeen ♥
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MessageSujet: Re: ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque".   ARSEN • C'EST FI-/BRIQUE/ Bon, d'accord, pas encore mais "presque". Icon_minitime

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