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 SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper

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Nikephoros Schnceberger
Nikephoros Schnceberger

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Féminin Pseudo Hors-RP : Ayu
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• Age : 32
• Pouvoir : ELLE T'ILLUMINE
• AEA : TAMERE
• Petit(e) ami(e) : TOUT LE MONDE

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SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  _
MessageSujet: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitimeDim 9 Fév 2014 - 3:47



* Nikephoros Schnceberger


*nom – Schnceberger
*prénom – Nikephoros
*age – 22 ans
*né(e) le – 18 Janvier
β

Pouvoir
C’est aussi simple que ça n'est pas amusant pour elle: Nikephoros se transforme en lampe d’une trentaine de centimètres dont la couleur varie, qui parle et sautille lorsqu’elle est très embarrassée, pour une période de temps variant entre cinq et vingt minutes –bien heureusement, elle garde ses vêtements.


Alter Ego Astral
Acke n’est pas le genre petit chaton discret, non. Nikephoros, bien souvent marginalisée à cause de sa grande taille lors de son enfance, voulait un compagnon qui puisse la comprendre, alors faute de pouvoir faire rentrer une girafe dans sa chambre dans un moment de lucidité enfantine, elle s’imagina un autre grand ami qui, lui, pouvait se plier facilement ; et c’est ainsi que naquit Acke, l’ours polaire.
L’ours a tout pour plaire, passant de la fonction grosse peluche à meilleur ami en quelques secondes, parfois même pratiquant les deux en même temps. Face à sa maîtresse qui l’avait façonné comme un ami idéal, il est doux, attentif et fait preuve d’une patience impressionnante. Si Nikephoros, elle, est contre la violence à un degré de nonne, en revanche, Acke n’hérite pas de sa phobie en plus d’être facilement irritable et se jetterait bien volontiers sur ceux qui la titillent un peu trop. Toutefois, par respect pour les croyances personnelles de la métisse, l’ours ne fait rarement plus que montrer les dents, les griffes et ses petits 3 mètres 30 hissé sur ses pattes de derrière.
En général, Acke est un peu mou dans la vie de tous les jours, il manque de motivation pour bouger, dort une bonne quinzaine d’heures par jour si possible et se montre incroyablement grognon si ça ne l’est pas. Très tolérant avec les filles, il ne supporte pas les garçons et apprécie rarement les enfants dont l’imagination débordante lui fait perdre la tête –il ne digérera jamais les apparences farfelues qui lui donnaient Nikephoros dès qu’elle s’ennuyait dans son enfance.
Sinon, l’ours est un professionnel du ‘je te tape le dos amicalement mais je ne contrôle pas ma force donc tu t’éclates le nez sur le sol oups ‘.

Passions
Nikephoros est une grande passionnée des langues : elle en affiche déjà 4 à son compteur et compte bien en apprendre plus tout au long de sa vie. Cette passion lui vient sans doute du fait qu’à la maison, l’on parle le Grec et l’Allemand à foison, un peu de Suédois se fondant dans le mélange. Il lui arrive d’ailleurs très souvent de ne pas se rendre compte qu’elle n’utilise pas la bonne langue, et là, c’est la confusion générale.
Elle aime également beaucoup le sport en général, mais apprécie tout particulièrement le basket où ses longues gambettes sont accueillis en héroïnes et non pas en sorte d’aliénation qu’il faut à tout prix éviter. La jeune femme se sent utile et bien que l’équipe adverse se plaint souvent, elle y joue dès que possible.
Sa dernière grande passion dans la vie, ce sont les enfants. Bien qu’ils soient souvent effrayés d’elle, ses expériences avec ces petites bouilles d’amour lui laissent toujours de bons souvenirs ; elle adore les chouchouter, leur faire des câlins, leur donner des sucreries, leur raconter des histoires… En bref, tous ses rêves les plus fous incluent des enfants.

N'aime pas / Phobies
Le dixième étage sans ascenseur restera à jamais au top de la liste de ce qu’elle déteste. Essayez de monter et descendre les marches 5 fois de suite pour décharger les courses avec une gamine dans les pattes vous.
Nikephoros déteste la violence. C’est clair, net et précis, ce n’est pas quelque chose pour elle. En réalité, elle est constamment effrayée de faire du mal à quelqu’un, que ce soit verbalement ou physiquement ; s’en est quasiment une phobie. Menacer quelqu’un, lui dire quelque chose de méchant, voir même simplement de faire mal en donnant une claque amicale dans le dos, ce sont le genre de choses qui la font se sentir immédiatement mal à l’aise.
Pour en finir sur une note plus joyeuse, elle ne supporte pas les souris. C’est plus fort qu’elle, dès qu’elle en voit une, elle crie et se terre dans un coin loin de la menace.




« Go on and try to tear me down
I will be rising from the ground »

Histoire - Résumé

La famille Schnceberger est pour le moins originale : le père est allemand, la mère est grecque, la fille est gréco-allemande-suédoise, et le tout vit en Suède ; il y aussi le fait que toute la famille est plus grande que la moyenne.
Cela ne rend pas la vie facile à la petite Nikephoros que ses camarades mettent à part très rapidement, avant de se rendre contre qu’il est facile de prendre avantage d’elle à cause de son incroyable bonté et son incapacité à répliquer. Marginalisée, harcelée à l’école, elle ne s’en plaint jamais et se contente de s’excuser, pensant que sûrement, ce genre de choses arrive juste à cause d’elle. Seule, elle s’imagine alors Acke, un ours polaire de 3 mètres de haut qui devient son ami, son confident, son soutien, sa pilier. Mais un ami imaginaire ne fait pas tout.
Elle rencontre alors Pia, alors qu’elle a onze ans. Pia Nylander est une petite fillette, bien, bien plus petite qu’elle, aux yeux vifs et longs cheveux bruns. Elles se lient rapidement d’amitié sous le prétexte que Nike est vraiment trop « cool ». C’est le début d’une très, très longue relation.
Pia est gay, mais ça, ça ne l’a jamais dérangée, elle. Ca ne dérange personne, à vrai dire, à part les parents de la jeune fille ; mais leur fille leur tient tête, et même lorsqu’ils lui interdisent de fréquenter Nikephoros, elle les envoie ballader sans se soucier de quoi que ce soit. La brune est forte ; Nikephoros l’admire.
Les deux amies sont séparées par le lycée. Deux orientations différentes, des horaires incompatibles, il devient difficile de se voir. Nikephoros s’ennuie, le temps ne passe pas vite, la persécution continue et les amis sont rares. Elle s’aventure un jour dans les quartiers sombres de la ville ; elle y fait la connaissance plus ou moins heureuse d’un dealer de drogue qui n’en a absolument pas l’air répondant au nom de Theodore Fridén. La métisse l’entraîne alors dans une relation ‘café’ contre son gré, qui se transforme peu à peu en amitié.
Et puis elle apprend que Pia se drogue. La jeune fille ne supportait tout simplement plus la pression, plus ses parents, plus rien. Ceux-ci la délaisse complétement, et après avoir obtenue la promesse qu’elle va arrêter, les Schnceberger lui offre une nouvelle maison, une nouvelle famille, qu’elle accepte avec beaucoup de reconnaissances. Elles renouent le lien. Inquiète, Nikephoros décide tout de même d’obtenir une promesse de la bouche du vendeur de drogue que lui ne lui vendra plus jamais rien. Theodore accepte, en l’échange d’une faveur.
Cette faveur, elle la lui rend quelques mois plus tard en baby-sittant chez lui Nova Fridén, une petit fille pleine d’énergie et d’amour qu’elle prend au début pour sa fille. Plus tard, il lui expliquera qu’il n’en est rien. Nova est la fille de son grand frère, Emil ; ses propres parents l’avaient jeté dehors parce qu’il avait décidé de la garder, tandis que sa copine était partie, incapable d’assumer les conséquences. La vie pour les deux est difficile et Theodore fait tout pour les aider. C’est ainsi qu’il tombe dans le cercle vicieux de la drogue. Le garçon clame ensuite que comme Nikephoros avait en réalité beaucoup apprécié le baby-sitting, elle lui doit toujours une faveur et lui emprunte son épaule pour le reste de la nuit, main dans la main.
De son côté, Pia trouve une nouvelle drogue : Saga Thullin, une belle blonde qui n’a peur de rien. Un an plus jeunes qu’elle, Pia qui avait redoublé s’était retrouvée dans sa classe. Les deux ne mettent pas longtemps avant de commencer à sortir ensemble. Rapidement, l’unique chambre partagée par les deux amies se fait trop petite.
Elles déménagent dans un petit appartement dès que Nikephoros commence l’université, avec deux chambres et continuent ainsi la colocation dans la bonne humeur. Theodore les aide ; elle lui doit une autre faveur, mais c’est le cadet de ses soucis, surtout lorsqu’elle réalise qu’elle n’éprouve pas seulement de l’amitié pour lui.
C’est un soir qu’il la lui demande. Le garçon s’était retrouvé dans une bagarre, encore une fois. Ce genre de choses arrivaient de plus en plus souvent et la châtain s’en inquiétait beaucoup, beaucoup trop. Elle finit par le supplier d’arrêter tout, de trouver autre chose. Elle est là à présent, elle aussi. Tous les deux, ils peuvent trouver autre chose. Tous les deux. Il s’avère que ses sentiments ne sont pas à sens unique.
Ils sortaient ensemble depuis déjà deux ans lorsqu’il la demande en mariage –en oubliant au passage qu’il a une bague tout d’abord. Oui, c’est oui, un million de oui. Ses parents approuvent ; Nikephoros est sur un petit nuage.
Malheureusement, elle en descend bien vite lorsqu’en mai, 9 mois plus tard, Theodore décède dans un accident de voiture. C’est dur, très dur à surmonter. La plaie est profonde, la douleur intense, mais elle n’est pas seule et ses amis, sa famille, ils ne l’abandonnent pas. Elle se bat et la vie continue, parce qu’il n’y a pas d’autres choix, parce que même si elle avait eu l’impression que la vie s’arrêtait, elle ne s’arrête pas. Nikephoros avance péniblement.
Pia et Saga vont se marier en janvier, les exams arrivent, nous sommes en décembre. Tout le monde s’agite, elle devient experte en procrastination.
Et puis elle pousse la porte, la porte qui n’autorise aucun retour en arrière.

Caractère


S’il fallait la décrire en quelques mots, un seul suffirait à décrire Nikephoros : gentille. C’est ainsi, c’est presque maladif, elle est gentille, donne à tout le monde, partage tout, sourit à tout bout de champ, se plie à toutes les demandes… Certains pourraient dire qu’elle est simplement incapable de dire non, d’autres qu’elle est tout bonnement fausse et fait cela pour qu’on l’aime, mais la jeune femme ne possède pas de telles pensées. Elle est juste naturellement bonne avec les gens, et tant pis si on ne le lui rend pas, tant pis si l’on apprécie pas, tant pis si l’on se moque d’elle, tant pis si on la dénigre ou lui jette des pierres, elle ne combattra pas sa nature pour eux, ne deviendra pas comme eux. Des pierres, elle en avait reçues par centaines dans son enfances, parfois encore maintenant ; elle est, malgré sa grande taille, une proie de choix pour ceux que ça amuse. Elle se laisse faire, toujours, ce qui lui a valu bien des surnoms à mi-voix.
Elle leur sourit toujours, et s’excuse.
« Je suis désolée. »
La métisse est toujours, absolument toujours désolée. Désolée d’être stupide, désolée d’être grande, désolée d’avoir eu un 18 en anglais… Le sujet n’a pas d’importance, elle a toujours la même réponse. Ce n’est pas qu’elle apprécie de se faire maltraiter, elle n’est pas masochiste –pas à ce point tout du moins, le terme étant toujours discutable-, et si elle choisit de s’écraser plutôt que de confronter ses persécuteurs, c’est parce qu’elle est tout d’abord totalement contre la violence, dont elle a horreur, et qu’elle est incapable de faire du mal à une mouche. C’est juste au-dessus d’elle, ça la rend mal à l’aise rien que d’y penser. Elle a bien pris quelques cours de self-defense avec son père, pourtant elle est persuadée que jamais de sa vie elle ne les utilisera. Nikephoros ne peut tout simplement pas, la pensée l’insupporte. La violence sous toutes ses formes la dégoûte ; de ce fait, elle méprise ceux qui l’utilisent à tout va pour leur simple plaisir de malades.
Bien sûr, ça fait mal, ce sont des coups de poignards répétitifs au cœur, mais la vie en vaut le coup, et il y a bien dans ce monde des personnes qui l’aiment – ou l’ont aimée- malgré tous ses défauts ; si elle est désolée, c’est aussi pour eux, car, si pour se sentir bien, pour être heureux, ils doivent en passer par la persécution d’une tierce personne, c’est qu’ils doivent avoir une bien triste vision de la vie, voire d’eux-mêmes.
C’est également triste que malgré tout, malgré ces efforts pour rester forte et entière, Nikephoros reste touchée par toutes ces injures, et petits bouts par petits bouts, elle se laisse rongée par celles-ci. Elle le sait, tout ça. Elle sait qu’elle n’est pas belle, ni même ne serait-ce qu’un peu intéressante, et qu’elle ressemble plus à un monstre qu’à une femme, elle n’a nullement besoin qu’on lui rappelle qu’elle ne vaut pas grand-chose. Malheureusement, c’est sans doute cette faible estime d’elle-même qui lui a permis de garder la tête hors de l’eau durant toutes ces années. Ca, et sur une bien meilleure note, les gens bien qu’elle a croisé.
Oui, c’est tout à fait vrai, elle est loin d’être parfaite, mais il y a toujours des personnes qu’elle aime et qui l’aiment en retour, et ce même si elle a l’apparence d’une girafe mutante.
Bien heureusement, Nikephoros se résume pas à la gentille fille qui joue les punching-balls à ses heures perdues, une fois qu’elle a passé le stade de la méfiance s’éveille alors une personnalité brillante. La jeune fille pétille d’une joie de vivre formidable dès qu’elle se retrouve avec les gens avec lesquels elle se sent bien, tellement qu’elle en oublie d’être timide. Vive, ses yeux bruns constamment brillants de bonne humeur, elle se montre curieusement entreprenante dans les relations, et son petit grain de folie amuse. C’est une personne très affectueuse qui recherche en permanence le contact avec les autres, et tout va très bien, jusqu’à ce qu’elle se rende compte de ce qu’elle fait. La gêne est comme une seconde nature chez elle –elle agit, puis découvre ce qu’elle fait de travers, se retrouve embarrassée et rougit jusqu’à ressembler à une tomate géante, et ce en quasi-permanence. Il y a toujours quelques secondes latences entre l’action et la réalisation, et c’est également valable pour les actions des autres envers elle, comme, par exemple, un compliment. Oh grand dieu, un compliment. Quelqu’un qui la trouve amusante, ou belle, ou encore gentille. Nikephoros trouve cela limite inconcevable qu’on puisse lui trouver de telles qualités, pourtant veut bien croire qu’on le pense vraiment, surtout pour ne pas blesser les bons sentiments des autres. Et puis il y a les câlins, tenir la main de quelqu’un, ce genre de choses qui différent en fonction de la situation et de la personne ; elle s’embarrasse également très souvent toute seule dans ces moments de folie, de ce fait, la demoiselle passe pas mal de temps le visage rougis. Sa plus grande faiblesse reste tout de même les sous-entendus et les blagues salaces que ses oreilles innocentes ne peuvent supporter, au plus grand plaisir des autres.
Malgré tout, elle reste tout de même une jeune femme audacieuse qui ne baisse jamais les bras face à l’adversité et se battra sans relâche pour ce qu’elle veut, pour ses précieux amis également. Elle se bat en permanence, même si ce n’est pas tout à fait évident à voir ; le combat contre elle-même fait rage à chaque minute qui passe.
Nike n’est pas seulement une boule positive et affectueuse, il lui arrive de s’énerver et de se sentir mal également. C’est bien connu, elle est un livre ouvert et porte ces émotions au creux de la main, ce qui fait d’elle une personne extrêmement honnête envers ces sentiments et de ce fait, envers les autres. Ce n’est d’ailleurs pas un choix personnel, elle est juste née comme cela, et c’est franchement souvent ennuyant pour elle, puisqu’elle ne peut absolument rien cacher. Elle ferait un très mauvais agent spécial ou espionne, vu qu’elle cracherait le morceau sous la pression en à peine quelques minutes. En tous les cas, cela fait aussi d’elle une personne de confiance, sans compter sa loyauté sans faille – bon, pour la meilleure confidente du moins, on repassera par contre. Tant qu’on ne lui demande rien, tout va bien, mais si c’est un secret que quelqu’un serait susceptible d’essayer de lui soutirer, c’est clair qu’elle va le lâcher avant de se mettre à pleurer parce qu’elle déteste les secrets. Pourquoi est-ce que tout le monde ne pouvait pas juste être honnête ? Nikephoros veut bien leur offrir un peu de son honnêteté, elle en a un peu de trop à son goût.
Elle est également facilement jalouse, à son plus grand malheur, et presque paranoïaque de par le fait qu’elle a l’impression que tout le monde vaut mieux qu’elle en général. Elle déteste avoir des sentiments négatifs envers les autres, et dès qu’elle se prend à penser quelque chose de mauvais, la jeune femme se sent immédiatement dégoûtée d’elle-même et se boude un bon bout de temps. Il lui arrive souvent de se mépriser elle-même pour avoir eu l’audace d’avoir des pensées négatives sur une autre personne, et encore plus lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui lui est proche.

Physique


Il y a des gens qui se fondent naturellement dans la foule, que ce soit pour eux une bonne chose ou encore quelque chose qu’ils veulent combattre à tout prix à grand renfort d’originalité, et puis il y a ceux qui sortent du lot, ceux à qui ça plaît, ceux à qui ça plaît beaucoup moins. Malheureusement il est bien plus difficile de combattre une prédisposition naturelle qu’une absence totale de celle-ci, et Nikephoros Schnceberger en connaît un rayon là-dessus. La jeune femme sort du lot, il n’y aucun doute à avoir là-dessus, et même un camouflage d’assortiment des vêtements les plus neutres possible ne peut rien y faire ; effectivement, cacher son mètre quatre-vingt-dix relève du domaine du fantastique. C’est impossible, quête vouée à l’échec avant même qu’elle ne s’y attèle. Croyez-le, elle a essayé.
La jeune femme n’est pas une beauté, elle est loin d’être le type de fille au beau minois après lesquelles courent tous les garçons, en réalité, elle est même d’une banalité quasi-affligeante en général. Si elle avait été de taille moyenne, personne ne l’aurait remarquée au milieu de la foule, c’est certain. Elle n’est cependant pas laide, et si elle s’en donne la peine, elle peut même être plutôt mignonne, mais ceci n’étant pas son but ultime dans la vie, en dehors de quelques photoshoots qui requièrent d’elle un minimum d’appeal, Nike se donne très peu la peine de faire quoi que ce soit ; elle n’a pas plus que cela envie d’attirer encore plus d’attention inutile sur elle, merci. La demoiselle possède une fine chevelure châtain qui lui tombe une bonne partie du temps en cascade juste au creux du dos sans aucune forme d’artifice. Un coup de brosse, parfois une petite pince dans les cheveux, elle arrange un peu sa frange pour ne pas avoir l’air d’une sauvage et la voilà fin prête pour conquérir le monde. Ses yeux ne différent guère du coloris de ses cheveux, adoptant une chaleureuse teinte marron clair qui change d’intensité en fonction de la lumière du jour ; ils pétillent en permanence et on lui dit bien souvent qu’ils sont comme un livre. Très expressifs, ses yeux reflètent ses émotions sans aucune gêne, la mettant à nue face au monde, sans défense. A son image de jeune fille honnête, eux ne mentent également jamais. D’ailleurs, au plus grand désarroi de Nikephoros, tout son être est un vrai livre ouvert ! Son visage ne sort pas de l’ordinaire, son nez est légèrement rond mais droit, un peu petit mais au milieu et son teint pâle est complimenté par des joues rougies en quasi-permanence. Il est tout aussi expressif que ses yeux, ce qui plaît énormément aux photographes la plupart du temps, même s’il s’agit de son plus grand malheur ; impossible de mentir ou d’essayer de cacher ses sentiments pour quelqu’un, son corps la trahirait pratiquement immédiatement.
Elle est un peu comme un livre universel, le type que tout le monde peut lire, un album d’image que même les enfants peuvent comprendre. Il n’y a rien de compliquer. Son visage suit tous ses changements d’humeurs, heureuse ou en colère, tout s’inscrit immédiatement sur ses traits fins, ce qui n’a rien de pratique dans la vie de tous les jours pour être tout à fait honnête. Adieu, la part de mystère des femmes…
Son visage animé plaît, mais seulement à partir du moment que l’on décide à s’intéresser à elle, et pas lorsque l’on reste totalement coincé sur sa taille. Nikephoros n’est pas une géante, non elle ne détient pas le record de la femme la plus grande au monde, mais il est vrai qu’elle peut intimider lorsqu’on la voit, ou plutôt, l’on peut se sentir facilement ridicule à côté d’elle. Il semble notamment difficile pour les garçons de l’approcher de peur d’avoir l’air petit à ses côtés, et les filles se moquent bien souvent d’elle, ou la fuient, tout simplement. Ayant toujours été la plus grande partout, la métisse s’y est presque habituée depuis, sans pour autant avoir appris à apprécier sa taille que certaines personnes, surtout dans le milieu de la mode, appelle une bénédiction. A ces yeux, la seule bonne chose avec son mètre quatre-vingt-dix, c’est qu’elle peut se faire de l’argent de poche en posant pour des magazines ou sites de ventes de temps à autre –rien de très fameux la plupart du temps, toutefois c’est une grande aide pour financer ses études et vivre une vie confortable. Elle a la chance d’avoir le physique approprié avec ses longues jambes et son corps svelte, bien qu’on la titille par-ci par-là pour perdre quelques kilos – qu’elle ne voit définitivement pas - afin de peut-être poursuivre une carrière dans le milieu du mannequinat, à temps plein, choses qu’elle ne cessera de décliner. Il faudrait également pour cela qu’elle arrête de sourire à tout va et apprenne à lancer des regards intimidants, sexy, mystérieux, et c’est physiquement impossible.
Elle-même se trouve trop maigre et passe bien assez souvent quelques minutes en trop devant le miroir à se chercher des noises. Trop filiforme, petite poitrine, petites fesses, ses côtes ressortent trop, ses jambes ressemblent trop à des pâtes de poulet : elle peine à se trouver un seul atout, déteste voir les chiffres qui descendent encore plus bas sur la balance, enfile des vêtements amples et s’applique à oublier sa session de self-loathing avec des bonnes tartines de nutella.
Nikephoros rêve d’être plus petite et charnue, rêve de pouvoir se fondre dans le décors, rêve d’un monde où elle ne fait qu’un mètre soixante ; mais c’est chose impossible, alors elle se contente d’enfiler plus de vêtements sans formes, un sourire accroché à ses lèvres roses légèrement craquelées, parce que malgré tout, la vie n’est pas si mauvaise.
PS : #yolo donc elle est chauve lol. Les perruques, c'est sa vie. ♥




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Dernière édition par Nikephoros Schnceberger le Dim 30 Mar 2014 - 6:25, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitimeDim 30 Mar 2014 - 3:40

Histoire - PART I


1 mètre 35.

Nikephoros fait la moue, le docteur lui adresse un sourire rassurant.

« Je suis pas normale docteur ? »

L’homme rit de bonne composition avant de lui ébouriffer doucement les cheveux.

« Bien sûr que si, Nikephoros ! D’où tiens-tu cette idée absurde ? »

La fillette bredouille quelque chose, rougissant de honte. Elle croise le regard inquiet de sa mère, bute de plus bel sur ses mots et abandonne l’idée d’expliquer que ses camarades le lui répète à longueur de journée. Se sentant ridicule, elle se contente de se précipiter sur sa mère afin de cacher son visage sur son ventre, ce qui a pour effet de la faire rire doucement. Une main se pose sur ses cheveux, et petite caresse par petite caresse, elle apaise le cœur emballé de Nikephoros.

« Elle est la plus grande de sa classe, je pense que ça la tracasse. »

La voix de sa mère est douce, ses paroles affublées d’un petit accent charmant qui lui réchauffe le cœur.

« Eh bien, elle mange simplement bien sa soupe ! » L’homme rit à nouveau tandis que la petite fille tourne la tête afin de l’avoir dans son champ de vision. Il lui sourit avec compassion. « Ne t’en fais pas pour ça ma petite Nike, certains sont plus grands que d’autres, c’est ainsi, les humains sont fait de cette manière. Ce serait ennuyeux que nous soyons tous fait sur le même modèle, non ? Il n’y a rien qui cloche chez toi, tu es en excellente santé ! »

Elle lui rend un sourire timide, quelque peu rassurée, mais se promet de ne plus manger de soupe. Nikephoros ne veut plus grandir, elle en a assez de dominer tous les élèves de sa classe en plus de ne pas être « une vraie suédoise », comme les autres le lui répète à longueur de journée. Elle veut être comme Ella : petite, jolie et blonde comme les blés. Tout le monde aime Ella, mais Ella ne l’aime pas alors personne n’aime Nikephoros.

C’est pas juste. Le médecin dit qu’elle est toute à fait normale, elle le croit, alors c’est que tout ça n’est vraiment pas juste.

Mais c’est comme ça.

■□■□□■□■

« Acke, tu serais trop cool rasé. Le premier ours polaire sans poil de Suède, t’en pense quoi ? »

Le massif animal se contente d’envoyer un regard de détresse ultime à sa jeune maîtresse, étalée de tout son long sur son grand lit. La fillette se met à rire, enfouissant son visage dans les draps lilas fraîchement lavés, rapidement noyée sous la masse de ses cheveux châtains. Elle bat des pieds, serre les poings et rit pendant au moins une minute entière avant d’oser lever les yeux. Malheureusement, cela ne fait qu’empirer la situation et très vite, Nikephoros se roule sur son lit, les larmes aux yeux ; elle finit par tomber, ce qui, pour autant, n’arrête pas son fou rire.

Un ours polaire sans poil ; l’imagination débordante de la jeune fille frappait à nouveau, et son meilleur ami allait lui en vouloir pendant au moins une semaine.

Sans regrets. Acke passa les deux jours suivant dénudé de toute dignité au plus grand plaisir de la demoiselle à l’imagination débordante. Et de l’imagination, il en faut bien pour s’inventer un ours polaire comme ami imaginaire, cela ne fait aucun doute. Il en faut beaucoup également pour ne pas s’ennuyer trop durant les longues heures passées seules.

Nikephoros n’est pas malheureuse ; elle a décidé qu’elle n’avait pas à l’être. Elle a des parents qui l’aiment, de nombreux livres, beaucoup de choses à apprendre –à commencer par perfectionner son suédois-, et un ami formidable. Acke est comme elle : différent, grand et pas exactement d’ici. Il la comprend, la rassure, chasse sa solitude.

Elle imagine que c’est exactement ça, un ami.

■□■□□■□■

Nikephoros n’affectionne pas particulièrement la rentrée. Les gens lui lancent toujours des regards curieux, murmurent à voix basse. Il y a quelques réflexions de faites, des opinions qui se forgent immédiatement, irréversiblement.

Les groupes se forment et comme toujours, le sien se constitue d’elle-même et de ses livres. Valter la bouscule le matin, Ester renverse accidentellement son verre d’eau sur elle le midi. Ella rit et tout le monde est heureux de se retrouver ; elle est heureuse à l’idée d’apprendre plein d’autres choses cette année encore.

Elle est occupée à ramasser le contenu de sa trousse qui s’est mystérieusement retrouvé éparpillé par terre. Typique, vraiment. La jeune fille de onze ans en a déjà connu d’autres, au final, c’est à peine s’il elle n’attendait pas les coups ces jours-ci. Ce à quoi elle ne s’attend pas en revanche, c’est à la paire de main qui vient rejoindre la sienne, ramassant sans la moindre hésitation les stylos et fournitures en tout genre. Certainement pour tout éparpiller plus loin, elle pense ; ça, ce serait nouveau. Sur le coup, cela ne lui vient pas à l’idée de relever les yeux pour identifier son bourreau du moment, pas jusqu’à ce qu’une main lui tende les objets et qu’une voix bourrue mais fluette interrompe le cours de ces craintes.

« Tiens. »

Juste un mot. Un mot qui en deviendra des millions par la suite, une voix méconnue qu’elle finira par reconnaître dès la première syllabe, et un ton nonchalant, signature éternelle de la personne qui se trouvait face à elle.
Nikephoros lève ses grands yeux marron pour rencontrer ceux gris d’une gamine de son âge. Elle ne pense pas l’avoir déjà vu, mais elle fait rarement attention aux autres depuis un petit moment. Son visage rond est tout ce qu’il y a de plus mignon, mais son sourire en coin et l’éclat malicieux au fond de ses yeux cassent tout de l’image d’adorable fillette. Ses cheveux bruns sont longs, noués en une maladroite queue de cheval qui lui laisse une bonne douzaine de bosses sur le crâne, pourtant, curieusement, ça lui allait merveilleusement bien. Honnêtement, elle a exactement l’air du type de personne qui s’amuse à ses dépens, pourtant la jeune métisse serait incapable de la classer, là, à l’instant, dans une catégorie. Bien des autres avaient l’air innocents ; bien souvent, ils étaient les pires.

« Merci, » souffle-t-elle doucement tout en lui offrant un sourire.

Elle saisit les crayons, quelque peu tendue de peur que ce soit une cruelle farce à nouveau. Cependant la jeune fille la laisse tranquillement reprendre ses biens avec un sourire amusé avant de se redresser, époussetant rapidement son jean noir. Nike fourre ses crayons dans la trousse et se redresse à son tour, toujours souriante. Elle s’apprête à remercier à nouveau sa camarade lorsqu’elle est confrontée à l’expression incrédule de celle-ci qui doit d’ailleurs lever considérablement la tête pour pouvoir la voir correctement, tandis que la jeune métisse doit baisser la sienne.

Si elle ne s’en était pas aperçue parce qu’elles étaient toutes deux pliées au sol, à présent la différence de taille était plus que frappante. Oui d’accord, elle et son mètre 65 écrasaient tout le monde, mais rarement à ce point. La jeune fille était petite. Pas Ella et son mètre 40 petite, non, encore plus petite que ça.

Pendant au moins une minute, c’est le silence complet pendant que les deux se jaugent, et c’est bien assez pour que Nikephoros se fasse un sang d’encre et se ressassent tout ce qu’on a bien pu lui dire sur sa taille jusqu’à ce jour et se prépare mentalement à cette nouvelle épreuve. On respire. Doucement.

« La vache, t’es super grande, » lâche finalement la brune, l’air profondément impressionnée.

Bien, ça aurait pû être pire. La châtain grimace et tortille sa trousse nerveusement, les yeux plantés sur ses basquettes.

« Je suis désolée.

-Genre vraiment super grande.

-Désolée.

-C’est trop cool.

-Déso- Pardon ? »

Ça, c’est une première. Cool ? A en croire le pétillement excité de ces yeux et son large sourire, la petite ne se jouait pas d’elle ; elle semblait honnêtement trouver le fait d’être plus grande que la moyenne franchement cool. Nikephoros cligne plusieurs fois des yeux, complètement abasourdi par cette nouvelle information.

« C’est cool ! Vas-y, c’est quoi ton secret ? T’as une potion magique qui fait grandir ? »

Le secret, c’est un père allemand d’1m97 et une mère grecque d’1m78 et un bon coup de fouet de la génétique, mais ça, elle ne peut pas tout à fait lui dire.

« Euh, c’est juste, comme ça ?

-La chaaance… Je ne dirais pas non à quelques centimètres tu vois ? Je mange de la soupe tous les soirs, mais ça ne fonctionne pas ! Je suis toujours la plus petite. »
La jeune fille fait à présent la moue et Nikephoros ne comprend vraiment pas ce qu’il y a de pas cool à être petite.

« J’aimerai être petite, tu sais ? Je te donne volontiers une bonne dizaine de centimètres, ça n’a rien de cool, être grande.

-Sérieusement ? Je prends direct ! »

Elle rit de bon cœur, ce qui fait que la plus grande commence à prendre de l’assurance, large sourire à présent étalé sur ses lèvres.

« Et pourquoi ce serait pas cool, d’être grande ?

-Les gens n’aiment pas ça, marmonne-t-elle, soudainement mal à l’aise. Ils disent que je suis un monstre et refusent d’être amis avec moi.

-Un monstre ? Un monstre de cool, ouais ! T’es tellement cool que ça leur fait peur, c’est la seule explication possible. »

L’expression assurée de sa camarade lui fait chaud au cœur, tellement qu’elle en est à deux doigts de pleurer tout son soûl. Elle torture timidement une de ces mèches de cheveux.

« Et toi, tu as peur de moi ? »

Elle n’a pas besoin de voir son visage pour savoir que la question surprend la brunette. La réponse, cependant, est immédiate, les mots sortant comme les balles d’une mitraillette chargée à l’avance.

« Quoi ? Tellement que non ! Je veux être amie avec toi, comme ça on sera cool ensemble, tu vois ? Enfin, si tu l’acceptes, parce que bon, j’ai pas une taille cool. Mais je suis cool ! Supra cool, en vrai. Je vais manger plus de soupe pour être à ta hauteur au pire ! »

Nikephoros éclate de rire avant que la petite n’ai le temps d’ajouter quoi que ce soit à sa réponse totalement « cool ». Bien heureusement, elle n’en semble pas le moins du monde offensée, bien que légèrement confuse par tant de spontanéïté. La plus grande se reprend rapidement, les larmes aux yeux mais un sourire radieux suspendus aux lèvres.

« Excuse-moi, c’est juste… Bien sûr que je veux être ton amie ! Si tu veux de moi, bien sûr. Je doute que je sois aussi cool que toi, j’ai peur que ce soit moi qui n’est pas à la hauteur, tu vois ? »

Elle fronce les sourcils.

« Non, je ne vois pas. T’es géniale. »

Dans un élan d’amour ultime, Nike enlace sa nouvelle amie – bon, c’est relativement complexe à cause de la différence de taille, mais elles y mettent toutes les deux du leur, et voilà le câlin qui scelle leur amitié. Une fois l’émotion passée, lorsqu’elle se rend compte de ce qu’elle vient de faire, elle vire de manière prévisible au rouge tout en s’excusant tandis que l’autre n’a pas l’air du tout perturbée par le geste.

« Ah, au fait, je suis Pia ! Pia Nylander. »

Bien sûr. Les noms. La grande épreuve.

« Euh, je… Nikephoros Schnceberger, répond-t-elle avant d’ajouter précipitamment face à l’expression hébétée de son amie, mais tu peux juste m’appeler Nike !

-Mince, même ton nom est cool. »

■□■□□■□■

« Elle est mignonne, cette petite Pia, » fait remarquer Ulrich Schnceberger un beau soir de printemps.

Sa fille sourit tellement que son morceau de poulet menace de tomber d’un instant à l’autre à nouveau dans son assiette. Pia était venue pour la première fois chez elle cette après-midi même, et bien qu’elle était persuadée que personne de sain ne pouvait à proprement parler ne pas aimer la petite demoiselle, elle n’en restait pas moins heureuse que ses parents semblaient l’apprécier ; elle comptait, après tout, garder la suédoise près d’elle une sacré bout de temps.

« Ferme ta bouche αγάπη μου, sinon tu vas bientôt mâcher des mouches, » lui glissa doucement Aiketerine, sourire aux lèvres.

Instantanément, Nikephoros se força à fermer la bouche assez longtemps pour avaler sa bouchée, rayonnante et visiblement enthousiasmée à l’idée de parler de son amie.

« Elle est géniale, n’est-ce pas ? Je veux dire, elle est si cool ! Et elle dit que je parle super bien le suédois ! Et aussi qu’elle veut trop apprendre le grec et l’allemand, c’est génial, hein, hein ? »

Son père rit chaleureusement et fort, comme si sa carrure imposante l’empêchait d’être discret. Nike adore l’entendre rire. Elle l’adore tout court.
En général, il fait plutôt peur aux gens ; son mètre 95, sens épaules larges et son expression faciale naturellement dure au repos y sont sans doute pour beaucoup. A son travail, il est également réputé pour être extrêmement sérieux, c’est un leader né. Ancien colonel de l’armée reconverti en policier afin de rester le plus proche possible de sa famille, c’est un homme brillant, Nike l’a entendu. Tout le monde le dit. Brillant et effrayant au travail, dès qu’il est libéré de ces fonctions, il devient l’homme le plus sympathique et jovial du quartier, les doigts dans le nez.

Mais également un papa extrêmement gâteux. Le meilleur.

« Bien sûr qu’on l’aime ! Elle rend ma petite fille chérie heureuse et elle est amusante, que demander de plus ? »

Elle peut très nettement voir sa mère rouler des yeux tout en secouant la tête d’un air amusé. Elle sourit à nouveau.
Aiketerine est sans doute moins imposante par rapport à son mari, mais en règle générale, son mètre 75 lui donne également une stature intimidante aux yeux de beaucoup. Cependant, le physique n’est pas ce qui est le plus intimidant chez sa mère ; c’est une force tranquille et elle est toute en douceur, l’expression toujours détendue, la voix apaisante qui sait se faire parfois ferme sans s’élever. Ce qui est vraiment intimidant, c’est le fait qu’elle est très intelligente, sa maman. Elle semble tout connaître sur tout et Nikephoros est certaine que ce n’est pas un prérequis pour être professeur que d’avoir autant de culture.

Aux yeux de la jeune adolescente, ses parents sont les êtres les plus valeureux au monde ; elle voudrait tant être comme eux…

« Je suis très, très heureuse. Je vous aime, vous savez ? »

Le couple échange un regard complice avant de se tourner tout sourire vers leur fille qui semblait être sur le point de s’évaporer d’un moment à l’autre tant elle transpirait la joie.

« Nous aussi on t’aime, ma puce. »

■□■□□■□■

« Mes parents pensent que tu es le diable personnifié et que tu vas bientôt me demander de passer un pacte avec toi ; en gros, ils ne veulent pas que je te vois. »

Nikephoros se demande parfois si une balle qui manque de très peu le cœur fait aussi mal que d’entendre ce genre de choses.

Ce n’est pas la première fois. Elle devrait s’y faire au bout d’un moment ; mais là, c’est Pia et Pia c’est son âme-sœur. Elle ne pense pas pouvoir fonctionner sans elle, vraiment pas.
D’habitude, ces amis –soit ceux qui lui parlent régulièrement sans obligation particulière- lui tournent le dos à cause de la pression que d’autres élèves leur mettent. Et Nikephoros comprend, et elle pardonne. C’est humain de vouloir faire partit des winners, être dans les bonnes grâces des populaires pour vivre une vie tranquille.

Pia n’a jamais eu l’air d’avoir de problèmes avec les autres, ou si elle en a, elle ne lui en a jamais fait part. Elle est restée à ses côtés contre vents et marées et elle l’aime vraiment, merde.

Elle devait être une sacrée terroriste dans une autre vie.

La grande adolescente joue avec ses doigts, yeux baissés, tandis qu’à ses côtés sur le banc, Pia s’amuse à jeter des boulettes de papier dans une poubelle –Nike est presque certaine que ce sont des papiers importants, mais la petite suédoise ne connaît pas les papiers importants et ceux pas importants. ‘Tous les papiers sont les mêmes au fond,’ dit-elle toujours en haussant les épaules, avant de l’appeler en panique le soir parce qu’elle a vraiment besoin de ces dits papiers. Ah, qu’est-ce qu’elle ferait sans elle ?

Nikephoros déglutit difficilement à cause de l’énorme boule qui s’est formée dans sa gorge. Alors c’est finit ?

« Oh. »

Pia ne semble pas vraiment attristée de la nouvelle. La châtain serre les poings.

« Je comprends. »

Visiblement, Pia ne comprend pas ce qu’elle comprend puisqu’elle rate son panier et grogne bruyamment, déstabilisée. Son expression est plus explicite encore que si elle avait brandi un panneau avec une quinzaine de points d’interrogations.

« Comprends quoi ? »

La métisse, confuse et émue, bégaye quelques secondes avant de pouvoir saisir les mots.

« Eh bien, on… On ne va plus se voir, non ? Tes par-… »

Son amie éclate de rire, la coupant net dans sa phrase – fortement impoli de sa part. Son rire est court, juste assez long pour que la bouche de Nikephoros se ferme et que ses sourcils se rapprochent considérablement.

« T’as perdu la tête ? Tu pensais vraiment que j’allais les écouter bien gentiment ? Y’a rien à faire, j’te colle jusqu’à la fin de tes jours miss. »

Sans perdre une seconde, elle étrangle à moitié la plus petite en la piégeant entre sa poitrine et ses longs bras. La saloperie, elle mérite bien de s’étouffer comme elle a bien failli se faire étouffer par l’angoisse quelques secondes auparavant.

« Hazi, j’ai vraiment eu peur ! »

Pia rit à nouveau de bon cœur tout en lui rendant son affection, c’est-à-dire en essayant de réduire ses os fragiles en poudre.

« Non mais sérieux, je serais la pire des imbéciles si j’abandonnais le meilleur arbre professeur de grec et allemand au monde, surtout que c’est gratos.

-Hey ! »

Abandonnant rapidement l’idée d’avoir l’air même un minimum offensé à cause de son incapacité totale à refouler sa joie, Nikephoros lâche sa meilleure amie qui lui tire instantanément la langue, yeux pétillants de malice.
Elles retournent rapidement à leurs activités ; Pia fait une nouvelle série de boulettes, son amie reprend sa lecture trop longtemps abandonnée.

Le silence ne dure cependant qu’un instant. La brune lance une boulette, lance quelques mots.

« Ils pensent que c’est à cause de toi que je suis ‘devenue’ lesbienne. »

Nike n’a pas besoin de lever la tête pour savoir qu’elle sourit, elle peut tout simplement l’entendre, installé confortablement sur les syllabes. Elle-même sourit face à l’absurdité de la chose.
La sexualité de Pia n’a jamais été un problème pour elle –elle pourrait se trouver une attirance pour les nuggets, ça ne changerait pas le fait que la fille est absolument géniale- mais pour les parents ultra-croyants et intolérants de la demoiselle, c’est la fin du monde. Elle ne serait pas surprise si un jour ils essayaient de l’exorciser.

Elles n’en parlent pas souvent, mais Pia lui a un jour dit qu’elle avait toujours aimé les filles, son cerveau n’avait jamais essayé de trouver un pourquoi ou ne s’était dit que ça n’était pas ‘normal’. Nike l’admire vraiment pour ne jamais s’être fait écraser par toutes leurs convictions, pour avoir fleurit dans une pièce avec une simple et minuscule fenêtre, où l’air est étouffant. La jeune fille est une vraie force de la nature, bien heureusement, et Nike l’en remercie tous les jours.

« Wow, je ne me pensais pas aussi séduisante ; quel exploit que d’avoir réussi à rendre Pia Nylander gay ! Je vais le mettre sur mon CV dès ce soir. »

Sa camarade ricane, marque un nouveau panier, célèbre bruyamment puis se reprend.

« Tu te sous-estimes, Nike. Tu es, umh, herrlich ! Sehr groß ! Riesig ! »

Nikephoros pouffe de rire et se voit dans l’obligation d’essayer de lui faire manger une de ses boulettes de papier avant qu’elle ne commence à massacrer la noble langue grecque.

■□■□□■□■

Accordé, elle l’avait peut-être un peu cherché. Un peu beaucoup. Personne ne prend involontairement les petites ruelles noires du quartier, personne d’un minimum conscient.

Elle savait qu’elle courrait droit dans la gueule du loup, que la camarade avec qui elle était censée travaillée n’allait jamais la rejoindre là où elle lui avait donné rendez-vous, et pourtant, incapable de désobéir, sans doute trop curieuse, elle s’y rendait. C’était tentant, sans qu’elle n’aille la moindre idée de pourquoi, à ses yeux, une visite dans le quartier le plus mal famé du coin semblait être la meilleure idée du siècle.

Nikephoros s’ennuie sans doute trop sans Pia qui a choisi une orientation opposée à la sienne, son cerveau lui joue des tours, arrête de réfléchir. Il trouve valable tout ce qui inclue un minimum de mouvement, une occupation, même courte, même douloureuse, même incroyablement stupide et dangereuse. L’ennuie pousse à de bien nombreuses idioties.

C’est comme cela qu’elle se retrouve en plein milieu d’une vente qui n’a pas exactement l’air légale légale – son petit côté fille de policière hurle, mais ses longues canes sont sourdes.

Et puis, ils n’ont même pas l’air dangereux. Ce sont juste deux garçons dans une ruelle sombre qui font du commerce, pas de quoi paniquer, ça ne veut pas dire que l’un d’eux va d’un seul coup sortir un couteau pour l’empaler et… Scheiss, on l’a remarquée. Bien sûr qu’on l’a remarquée, elle fait plus d’un mètre soixante-quinze et porte un pull orange, pour l’amour de dieu.

L’homme est jeune, c’est tout ce qu’elle peut bien tirer de leur échange rapide de regard, partiellement à cause du manque de lumière correcte, mais également à cause de la capuche rabattue sur sa tête –si elle mettait la sienne, aurait-elle aussi l’air gangsta ? Quoi qu’il en soit, il n’a pas l’air très heureux de la voir. Ce qui n’est pas le cas de l’autre, un peu plus vieux, qui lui lance un petit sourire las en murmurant un truc à capuche-man, tout en la pointant d’un doigt crade. S’il voulait faire discret, il pouvait repasser.

Nikephoros tente vainement de deviner ce qu’il se dit, mais malheureusement, ce n’est pas comme dans un vieux film muet : il n’y a aucune séquence avec du texte lui traduisant ce qui se raconte ne s’intercale. Capuche-man bouge beaucoup la tête, la secoue. Crado grogne, lui lance un regard distrait, tend de l’argent, prend son dû et s’approche d’elle.
Elle n’est pas mal à l’aise. Elle est super mal à l’aise. Il s’arrête juste en face d’elle, l’air hésitant, le sourire tordu.

« Salut toi. »

Bah, il n’a pas l’air d’être bien méchant. Il est plus petit qu’elle, pu la clope plus que les poubelles et n’a pas l’air très futé. Il n’a pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais il n’est complétement en mode défiguré par la lave et elle lui taperait bien la discute, elle, si capuche-man ne l’avait pas saisi par le bras, genre, super manly.

« Viens par-là. »

Elle n’a visiblement pas trop son mot à dire, pas qu’elle serait capable d’aligner plus de deux mots cohérents. Nike agite la main vainement en guise d’au revoir à Crado et suit le jeune garçon sans se plaindre. Pia dit qu’elle est trop naïve pour son propre bien, qu’un jour ça va mal finir, qu’elle doit faire attention, mais elle ne voit pas le danger, pas en capuche-man. Elle peut se tromper, c’est sûr, certain, mais elle a bien vu que le mal sait se cacher à la perfection derrière un sourire angélique, alors elle a appris à ne pas faire confiance aux apparences.

Et puis son père est un haut gradé de la police, elle sait se défendre s’il le faut. Un peu. C’est pas son genre. Vraiment.

Enfin, toujours est-il qu’elle le suit jusqu’à une grande rue bien éclairée ; là il s’arrête, se plante devant elle, les bras croisés sur le torse. Il fait exactement la même taille qu’elle et maintenant qu’il y a plus de soleil, Nike a le loisir de voir presque tout son visage correctement.
Elle lui donne 20 ans tout au plus. Lui non plus ne casse pas trois pattes, mais au moins deux. La capuche est certainement une astuce pour avoir l’air plus arrogant et menaçant, parce que son visage n’a rien de gangsta. Il est mignon. Et Nikephoros a 16 ans, alors oui, elle le remarque.

« Ecoute, j’sais pas qui t’es, j’sais pas c’que tu faisais dans l’coin, mais revient plus, c’est clair ?

-Pourquoi ? »

Il y a ces moments où l’on sait juste totalement ce que celui en face de nous pense ; et c’est l’un de ces moments.

Je vais l’étrangler.

« C’est pas un endroit pour une fille comme toi.

-Est-ce que c’est parce que je suis gréco-allemande ? »

Des années plus tard, elle regrettera de ne pas avoir photographié le visage du garçon. Elle regrette, en revanche, immédiatement d’avoir laissé une réponse aussi stupide sortir.

« Quoi... ? Ça n’a aucun rapport ! » Il grogne, se gratte la tête à travers la capuche. « T’es juste… Normale, ok ? T’as rien à faire ici. Rentre chez toi, je s’rai pas toujours là pour te protéger, ok ? »

Nikephoros n’est tellement pas d’accord avec ça. Elle devrait sans doute s’écraser comme elle en a l’habitude, mais le garçon n’est pas exactement comme ses camarades de classe. C’est un bon garçon. Il ne lui veut aucun mal, alors elle le considère comme digne et vraiment, son cerveau est en court-circuit, alors bon. Whatever, comme on dit.

« Non. Tu sais quoi, comme tu m’as, erm, sauvée, je t’invite à boire un café pour te remercier ! »

Il est définitivement en train de se demander comment il a pu la décrire par ‘normale’. Son expression passe de confusion à exaspération à sérieux ultime.

« Je suis sérieux gamine. T’as eu de la chance aujourd’hui, il n’y avait pas grand monde, mais c’est pas garanti la prochaine fois.

-Je n’aurai qu’à te trouver ! »

C’est incroyablement stupide ce qu’elle raconte, mais ça a le mérite de déstabiliser capuche-man assez pour que, quand elle glisse à nouveau sa demande de café, il accepte distraitement, bien que probablement dans le seul but de la convaincre de ne plus jamais revenir l’ennuyer ; chose perdue d’avance, mais l’espoir fait vivre.

Un jour, il la bénira pour se café.

■□■□□■□■

« Umh, ça me dérangerait pas de continuer à t’appeler capuche-man-…

-Tu m’appelles capuche-man ?
-…mais si tu pouvais me donner ton nom, ce serait great aussi. »

Le garçon grommelle, mais cède.

« -Theodore Fridén.

-Pas très gangsta tout ça. »

Il lui lance un regard de chiot mécontent, elle sourit de toutes ses dents.

« Oh, et moi c’est Nikephoros Schnceberger.

-Nikep… Uh.

-J’insiste pour que tu le prononces dans son intégralité à chaque fois que t’adresses à moi.

-Génial, vu qu’on va pas se revoir, pas de soucis, Niképo… Nikefo… Schnee… Schné… Javla Helveta ! »

Ils allaient définitivement se revoir.

■□■□□■□■

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MessageSujet: Re: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitimeDim 30 Mar 2014 - 3:51

Histoire - PART II


Retrouver sa meilleure amie complétement défoncée n’était pas quelque chose qui était sur la liste des choses qui devaient arriver de Nikephoros.

La retrouvée derrière des barreaux à la station de police où travaille son père l’était encore moins.

Mais sa vie ne suit visiblement pas la liste, sinon elle ne ferait pas 1m84 à 17 ans.

Et la vie ne suit pas non plus la liste de Pia, sinon elle ne serait pas dans une cellule à parler à un insecte qui traînait dans le coin en riant aux éclats, Nikephoros en est pratiquement certaine.

Pia se drogue. Depuis combien de temps, elle n’en a pas la moindre idée. Pia et elle ne se voient plus très souvent. Différent cursus, différent gens. Quand elle la voyait, c’était un véritable rayon de soleil, comme toujours et Nike s’en veut, elle s’en veut tellement merde.

Elle a dû parler à son père. Lui expliquer que, non, elle n’avait aucune idée du pourquoi du comment ni d’ailleurs du quand ou encore du quoi ou du où.

Enfin si, Nikephoros a bien un petite idée du où, et c’est très, très compliqué de garder une expression d’incompréhension totale, c’est très compliqué de mentir à son propre père. Mais enfin, qu’aurait-elle pu dire ?

« En fait je fréquente régulièrement un dealer de drogue, un chic type vraiment. Il faudrait que je te le présente un jour, il est cool. Je t’aime papa. »

Un autre café s’imposait ; mais plus tard. Les causes ne sont pas importantes à l’instant.

Les Nylanders ne sont pas venus. Ça n’a rien d’étonnant, honnêtement. Nike n’est même pas certaine qu’ils ont le droit de faire cela, mais quoi qu’il en soit, ils le prennent. Elle est à deux doigts de fondre en larmes lorsque son père se porte garant.

« C’est tout comme si elle était ma fille, » qu’il lui dit avec un petit sourire attristé.

Et c’est tout comme si elle était sa sœur.

Pia arrête de rire comme une hystérique après une heure. Elle fixe le mur pendant deux autres avant que Nikephoros ne soit autorisée à la ramenée « chez elle ».
Chez elle, c’est chez les Schnceberger, personne n’a même avancé la question.
Aiketerine n’est pas des plus complaisantes ; elle fait la morale à Pia de son plus beau ton de professeure, le regard dur.

Mais ça, c’est avant de l’enlacer et glisser un pot de glace dans les bras de sa fille.

« Filez avant que je ne vous attribue une douzaine de corvées chacune. »

Les deux filles ne protestent pas, mais une fois assise sur le grand lit, Pia lui avoue timidement qu’elle n’a pas même compris la moitié de ce que lui racontait sa mère. Nikephoros rit, on ne peut plus consciente du fait que la grecque jongle constamment entre sa langue natale et le suédois sans s’en apercevoir lorsqu’elle est préoccupée. Son amie soutient qu’elle l’a même entendue glisser des mots allemands dans sa grande tirade, mais habituée à entendre les trois langues se mélanger harmonieusement en permanence, la métisse ne faisait plus que vaguement la différence.

Le silence est roi pendant quelques minutes tandis qu’elles piochent dans le pot de glace. C’est pesant, douloureux même, cependant elle n’a pas été formée à ce genre de situations, personne ne lui a jamais dit comment amenait ce genre de sujet autour d’une glace sans, actuellement, tourner autour du pot. Elle a peur de fauter, peur de blesser, peur que Pia n’ait pas envie de lui en parler, que Pia ne veille plus être son amie, ne lui fasse plus confiance ; mais au-dessus de tout, elle a peur qu’elle ne puisse pas l’aider. Ca la terrifie. Peut-être qu’il est trop tard maintenant. Peut-être qu’elle aurait dû s’en apercevoir plus tôt.

Nikephoros ne veut pas perdre sa meilleure amie.

« Mes parents sont de plus en plus insupportable. »

La voix de Pia est beaucoup trop douce, elle lui donne l’impression qu’elle pourrait simplement disparaître, là, maintenant. Elle a l’air si fragile, à présent recroquevillée dans un coin du lit… La châtain se glisse à côté d’elle et imite sa position, bras encerclant ses genoux, yeux rivés sur la petite brune dont les yeux gris ne pétillaient plus que faiblement, à l’image de sa voix. Elle a l’air fatiguée mais impossible de savoir si ce sont là les effets de la drogue ou de la fatigue pure. Ça n’a aucune importance de toute manière ; les deux sont liés à présent.

« Ils ont réalisé que ce n’était pas qu’une phase, que personne ne m’influençait. C’est moi le diable, pas les autres. »

Nikephoros lutte contre l’envie de protester. L’interrompre là serait un crime.

« Ils m’étouffent, m’accablent de prières et me tiennent en permanence dos au mur. Mais je sais que ce n’est pas un mal d’être gay et ça les rend fous de ne pas arriver à me faire craquer. C’est ma seule satisfaction, tu sais ? Ils n’arriveront jamais à me faire avoir honte d’être qui je suis. »

Un petit sourire se fraie un chemin sur les lèvres de la petite brune. Elle le lui adresse, son amie le lui rend.

« Et ça, ça les tue. »

Elle soupire, noie son sourire et tortille une mèche de ses longs cheveux autour d’un doigt, reportant son regard sur le mur.

« Ça me tue aussi de les entendre à longueur de journée. Ça m’épuise. Et puis… Et puis il y a les autres. Tu n’étais plus là. C’est insupportable d’être seule. Je voulais être populaire, tu sais ? Le genre de fille que tout le monde aime. La fille super cool, comme je l’étais avant. »

Nikephoros peut voir distinctement ses mains se crisper sur ses bras et sa mâchoire se serrer. Ses yeux gris brillent à nouveau cependant ce sont de biens tristes astres qui y dansent. Sa voix se fait un peu plus lourde à chaque phrase comme si elle son fardeau tentait de l’écrasée pour la faire taire.

« Je n’y arrivais pas. J’ai… J’ai fait des trucs idiots, des trucs atroces et… On m’a offert de la drogue sur un plateau d’argent, j’ai cru bêtement à la publicité qu’on lui faisait. Plus de problèmes, tout va bien à nouveau, tout le monde t’aime. Tu oublies tout ! Je… Je n’en pouvais plus Nike, pardonne-moi. »

Pia la regarde à présent, les larmes menaçant de rouler dangereusement sur ses joues rougies et la châtain sent une boule se former dans sa gorge. Elle vient poser une main doucement sur le bras de son amie, incapable de prononcer autre chose que son prénom.

« Tout est allé si vite après ça, avant que je ne le sache, j’avais déjà la tête sous l’eau et oublié comment nager. Et j’avais honte Nike. J’avais si honte ! Je ne voulais pas te le dire. J’allais te décevoir et ça, ça je ne voulais pas, je ne le veux pas. Je t’aime, je t’admire Nike, depuis qu’on s’est rencontrées. »

Elle doit avouer qu’elle n’y comprend plus grand-chose. C’est inconcevable à ses yeux que quelqu’un –surtout une personne comme Pia- puisse l’admirer d’une manière ou d’une autre. Elle fronce les sourcils et serre doucement le bras de la brune qui cesse une bonne fois pour toute la résistance contre les larmes.
« Tu endures toujours tout sans mot dire ! Peu importe ce qu’il se passe, tu trouves un moyen de surmonter ça et j’ai toujours admiré ça chez toi. J’admire tout en réalité, même les moments où tu commences à parler des lapins un peu trop sérieusement. »

Les deux sont forcées d’esquisser un sourire là-dessus, Nikephoros en retrouve presque sa voix.

« Et puis il y a moi. J’ai choisi le chemin ‘facile’, choisi de tout mettre de côté. Toi, les études, mes parents… Et je planifiai de continuer, tu sais ? De toute façon, où pourrait bien aller la petite homo sans talent, hein ? »

De toute sa vie, elle n’a jamais eu aussi envie de frapper quelqu’un – ce qui en soit n’est pas très compliqué, certes. Pia est une idiote

Elle la pince en protestation, fronce les sourcils d’une manière qu’elle voulait menaçante.

« Pia Nylander, si tu pouvais arrêter d’insulter mon idole, on s’entendrait mieux toi et moi. »

Pour seule réponse elle obtient quelques clignements d’yeux. Nike s’agenouille et piège le visage de son amie entre ses deux mains, bien décidée à lui faire entendre raison.

« Je t’aime également Pia, et si tu savais combien je t’admirais, combien je t’admire toujours d’ailleurs ! Non, non, laisse-moi parler deux minutes. Tu es géniale. Tu multiplie les chiffres comme une championne et tu es la meilleure gobeuse de babibelle au monde. Tu as du répondant, un moral d’acier, tu ne te laisses jamais écraser, et peut-être que c’est de ma faute, peut-être que j’avais trop confiance en ça pour voir que ça n’allait pas et… Bon dieu Pia, tu as beau être géniale, tu es humaine, tu craques forcément un jour ! Et c’est pour ça que je suis là, okay ? »

La métisse a plus l’impression de s’emmêler les pinceaux qu’autre chose, mais la peinture semble avoir son effet puisque, les larmes ruisselants sur son visage –quelqu’un allait devoir lui dire qu’elle était laide quand elle pleurait-, Pia hochait la tête doucement. Inspiration, on recommence.

« La porte de la maison est toujours ouverte et tu sais très bien qu’au moindre problème j’accours –sans vouloir me vanter, avec mes gambettes, j’accours plutôt vite. »

Sa blague a le mérite d’arracher un petit rire noyer dans la morve à son amie. Élégant.

« Je sais qu’on a pas trop eu le temps de se voir ces temps-ci, mais vu que tu vas camper dans ma chambre, on va pouvoir y remédier. Non, pas de protestations, laisse mama Nike s’occuper de ça. Il est hors de question que tu repartes dans la jungle. Et Pia, à moins que tu n’assassines toute ma famille –bonne chance avec mon père-, ne doute pas un seul instant que je t’aime et que je serai toujours là pour toi, comprendo ? »

Nikephoros ne saura jamais si ‘comprendo’ ou ‘no comprendo’, mais clairement Pia qui se jette sur elle pour l’enlacer signifie qu’elle n’a pas trop mélangé les langues et que le message est bel et bien passé.

Tout ce dont elle est certaine est que Pia lui avait terriblement manqué.

■□■□□■□■

«- Ne vend plus à Pia.

-Pardon ? Qui ? »

Assis à ce qui semblait à présent être sa place attitrée, large café en main, Theodore lui lance un regard perplexe, sourcil levé et tout le kit ‘perplexe’ en fonctionnement. S’il y avait bien une chose que Nikephoros avait appris au cours des derniers mois –quand il avait daigné sortir la tête de son trou-, c’était que le garçon, tout comme elle, était un vrai livre ouvert. Souvent, elle se demandait si ça n’était pas trop ennuyeux pour le « job » comme il aimait qu’elle l’appelle. Au final, elle en arrivait toujours à la même conclusion : capuche.

«- Pia.

-Je ne suis pas sourd Polka, je te demandais des t’étaler sur le sujet. Et pas au sens propre, ne t’étale pas sur la table. »

Tiens, Polka. Voilà donc le surnom du jour. Elle avait aussi appris que Theo avait une aversion particulièrement prononcée pour les prénoms –surtout le sien en fait- et de ce fait s’amusait follement à lui donner un nouveau surnom tous les jours. Jusqu’à présent, aucun ne s’était répété –il est possible qu’elle garde un petit carnet dans lequel elle les écrit, peut-être.

« Oh, euh. C’est une petite brune aux cheveux longs, les yeux gris ? Tu lui vends des cupcakes, mais il faudrait que tu arrêtes en fait. »

Il n’a toujours pas l’air d’apprécier ses propres mots de code par contre, à en croire son œillade méprisante.

« -Tu es conscientes que tu es, en gros, en train de me demander de perdre de l’argent ?

-Je n’y avais pas exactement pensé de cette façon. Je pensais plus au côté ‘c’est ma meilleure amie et j’ai pas envie qu’elle rechute’, tu vois ? »

Le garçon passe une main dans ses cheveux bruns –ils auraient soit besoin d’une nouvelle coupe, soit besoin d’une nouvelle coupe- et s’avachi un peu plus sur sa chaise, loin d’avoir l’air concerné par la situation.

« Et elle, elle veut quoi ?

-Elle veut arrêter. Je lui fais confiance, mais je préfère avoir l’assurance, au cas où. J’ai… J’ai entendu dire qu’on n’arrête pas en claquant des doigts. »

Theodore n’a toujours pas l’air convaincu ; en fait, il n’a même pas l’air le moins du monde concerné par cette affaire. Nikephoros hésite à lui balancer son café à la figure –sa main s’en crispe même sur l’emballage-, mais ce ne serait probablement pas très diplomatique de sa part.
La gueule d’ange hoche vaguement la tête, yeux verts fixés sur elle sans aucune intensité.

« -Ok, mais c’est toujours pas mon problème, Polka. Trouve-toi une autre âme charitable, et si t’es pas contente tu peux te barrer, t’sais. »

Ne jette pas le café, ne le jette pas. Au placard la spontanéité.

« -Oh, mais je crois bien que si, c’est exactement ton problème. Ce qui est mon problème est le mien en réalité.

-Vraiment ? Depuis quand sommes-nous marier ? Félicitation à nous ! C’est quand la nuit de noce ? »

Nike tourne violemment au rouge et balbutie vainement quelques mots sous le regard amusé de camarade de pause-café. Oh oui, embarrassons Nikephoros ! Le jeu favori de Theodore ! Oh mon dieu, elle le déteste.

« -Je… Tu… Arrête de penser à ça !

-Ca quoi ? Il va falloir être un peu plus explicite ma grande. »

Et hop, un petit clin d’œil. Si Pia avait été là, elle l’aurait sauvagement défiguré, et ça aurait été grandement mérité. Le feu aux joues, ses doigts se battent furieusement sur ses genoux alors qu’elle évite à tout prix de le regarder. Après avoir marmonné quelques noms d’oiseaux en allemand et grec –parce que t’en qu’à faire, pourquoi pas-, elle se ressaisit assez pour avoir l’air presque crédible dans son changement de sujet.

« -Je… Bref, je parlais du fait que mon père est un policier d’1m97, ce qui fait de mes problèmes les tiens, si tu tiens à ta peau. »

C’est intéressant comme quelque mots peuvent transformer un homme en pierre. Theodore se rigidifie visiblement, son visage perd toute couleur et wow, peut-être qu’elle aurait dû jubiler d’avoir réussi une telle chose, mais tout ce qu’elle ressent est une douleur à la poitrine, comme si on venait de lui poignarder le cœur avec des petites aiguilles. Elle n’aime pas ça, elle déteste faire ce genre de choses. Ce n’est juste pas elle, ce n’est pas son droit de faire du mal aux autres comme ça, de les menacer si cruellement. Nikephoros ne connaît pas exactement les raisons qui poussent le garçon à faire ça, cependant elle en sait assez pour savoir que ça lui est pratiquement vital. Si vraiment un seul mot lui échappait, elle briserait sa vie, peut-être celles d’autres.

Ça n’était pas juste. En faisant cela, elle se rabaissait au niveau de ceux qui la faisait également souffrir. Ca la rend terriblement mal à l’aise. Elle en est malade. Comment des personnes pouvaient vivre avec ça sur la conscience ?

C’est pour Pia. Pour Pia. Pia.

« -Tu déconnes, hein ?

-Non. Je suis sérieuse, Theo. »

Alors s’il te plaît, finis-en.

C’est étrange, à les voir, on ne saurait qui est le menacé tant elle a elle-même l’air livide et nerveux. Elle tremble, s’agite sur sa chaise. Lui est parfaitement figé sur la sienne, le regard pétillant d’inquiétude, les traits tendus.

Elle est une horrible personne.

« -D’accord. »

Elle serait probablement passée par-dessus la table pour l’embrasser sur les deux joues si elle en avait eu la force. Au lieu de cela elle lui envoie un vague sourire crispé. Theodore soupire et reprend lentement son attitude décontractée bien que Nikephoros le sente légèrement plus sur la défensive qu’auparavant. Normal, elle vient juste de le menacer de le jeter dans la gueule d’un requin, il y avait de quoi être méfiant.

« -Ok. Cool. Bien.

-Mais tu me dois une faveur, Nike, je ne l’oublierai pas. »

Elle n’est pas certaine de vouloir découvrir de quel genre de faveur il parle, mais le temps qu’elle avale bien toute la phrase et prépare à protester –techniquement, ils sont quittes-, il est déjà sorti du café, la laissant seule avec son breuvage et ses pensées. Se sentant rougir, elle avale de manière déterminée son café d’une traite avant d’envoyer un sms bien senti au criminel sur ses conditions de faveur à grand coup de « ça » et « truc ».

Oh.

Il l’avait appelé par son prénom.

■□■□□■□■

Partager sa chambre n’est pas chose aisée, Nikephoros doit bien le dire. Ecraser Pia le matin n’est pas tout à fait la meilleure manière de commencer la journée et s’organiser est un vrai enfer, d’autant plus que son amie n’est pas exactement la plus ordonnée des gentilles petites filles du coin.

C’est tout de même un peu étrange de rentrer le soir et y retrouver une étrangère avachie sur son lit avec sa meilleure amie. Ça ne la dérange pas outre mesure, honnêtement, et Pia a l’air heureuse, alors elle ne peut vraiment pas lui en vouloir pour quoi que ce soit.
Et puis, au fond, c’est également sa chambre, elle peut bien inviter qui elle veut.

Nike hésite à faire demi-tour pour aller… Elle ne sait trop où, et c’est d’ailleurs ce qui la convainc de ne pas faire demi-tour. Elle a du travail à faire et elle a bien assez perdu de temps dans la journée en acceptant de jouer au basket –encore une fois- avec l’équipe de l’école. Un jour, elle apprendre à dire non, mais en même temps, elle devait avouer que c’était assez amusant, si l’on excluait les ballons maladroitement rattrapés dans le nez et l’équipe adverse qui crie que c’est de la triche parce qu’elle est naturellement trop avantagée… Elle appréciait les filles de l’équipe et on lui offrait toujours quelques friandises ; plus d’avantages que de désavantages à ses yeux. Décidément, sa taille se révélait de plus en plus utile, qui l’eut cru !

« Umh, bonsoir ? »

Pia saute au plafond et son amie sursaute si violemment qu’elle en tombe par terre et Nikephoros pense qu’elle et son mètre quatre-vingt-trois sont plutôt voyants, alors elle-même sursaute devant tant de surprise. Peu importe quel était leur sujet de conversation, il devait être suffisamment passionnant pour monopoliser leur entière attention.
La pauvre fille se relève avec surprenante grâce et fluidité – chose dont Pia qui jure à haute et intelligible voix de son côté manque cruellement- sous le regard désolé de la propriétaire des lieux.

« Non de dieu Nike ! J’ai failli clams !

-Désolée, je ne pensais pas vous prendre en traître ! Ca va aller ? »

L’amie lui adresse un large sourire tout en replaçant une longue mèche blond derrière son oreille.

« J’ai connu pire ! Tu dois être la meilleure amie modèle ? Je pensais que Pia exagérait, mais woa, du tout du tout !

-Je te l’avais bien dit, c’est une top modèle née ! »

La top modèle en question cligne des yeux une bonne centaine de fois avant que l’information ne s’achemine correctement dans son cerveau. Ah, donc ce n’était pas une blague, le fait de se vanter auprès de tout le monde que sa meilleure amie est une modèle ? Nikephoros se sent s’empourprer. Elle baisse les yeux, gênée par l’insistance du regard de la blonde.

« Vous exagérez toutes le deux, c’est… C’est juste parce que je suis grande… »

Un rire inconnu détonne en face d’elle – l’amie de Pia, sans doute. Elle rit à gorge déployée, sans la moindre gêne, sans pudeur, sans répression ; elle l’envie déjà. Elle jette un œil intimidé à la demoiselle qui s’était avancée jusqu’en face d’elle, large sourire aux lèvres. Pia s’était levée entre temps et même de loin Nikephoros pouvait voir son regard pétiller de malice – et ça, ça lui faisait chaud au cœur.

« Et également jolie, les recruteurs ont l’œil. » Plus rouge, elle ne peut pas. « Oh, mais je ne me suis pas présentée ! Je suis Saga Thullin ; Pia et moi avons un projet de science ensemble, tout le blabla. On se verra souvent à partir de maintenant, je pense. »

Elle parle vite, Saga. Elle aligne les mots nettement les uns après les autres, ses grands yeux châtains posés sans la moindre intention de dériver sur sa proie. Pia choisit bien ses camarades de projet.

« Oh, euh. Enchantée, Saga. Je suis Nikephoros Schnceberger.

-Ca ne te dérange pas si je t’appelle juste Nike ? Je ne voudrais pas paraître offensante, mais c’est pas tout à fait un nom évident à prononcer. »

Elle se prend à répondre au sourire enjouée de la blonde, croise le regard de Pia au-dessus de son épaule –enfin, tête, pour être honnête. Saga est plus grande que sa meilleure amie, mais être plus grande que Pia n’est pas exactement considéré comme un exploit ; elle et son mètre 55 rencontrent facilement bien des rivales. Nikephoros lui donne un avantage d’une dizaine de centimètres, pas plus.

« Aucun problème, c’est tout à fait compréhensible.

-Génial ! Bref, il faut que je file, il commence à se faire tard, mon frère doit déjà être en pleine crise de panique. »

Saga doit faire de la danse, ou quelque chose comme ça, car tous ces mouvements ont cette gracieuse signature qu’on ne voit que chez elles. Elle se retourne pour déposer un baiser sur la joue de Pia.

« On se voit demain ? N’oublie pas ton livre de math cette fois. »

Nikephoros est presque certaine qu’elle lui fait un clin d’œil, cependant comme elle était de dos, elle n’en eut jamais la confirmation. Tout ce qu’elle peut constater est le teint tomate que son amie prend dès que Saga se tourne à nouveau vers la sortie.

« J’ai été ravie de te rencontrer, Nike ! Oh, pas besoin de m’accompagner, je connais le chemin ! A bientôt ! »

Avant que la châtain n’ait le temps d’ajouter un seul mot, la tornade blonde avait déjà disparue dans le couloir, laissant derrière une bonne odeur de printemps. Ses orbes marron rencontrent celles grises de la tomate qui lui sert de meilleure amie.

« La ferme.

-Je n’ai rien dit, » est la réponse amusée de Nikephoros.

Pia fait la moue puis se jette sur le lit sur le ventre afin de cacher son visage. La propriétaire du lit s’assoit à ses côtés, sourire taquin en coin.

« Elle est très jolie.

-Ummmh.

-Très gentille.

-Ummh.

-Tu as bon goûts.

-Ummmmmmmmmmh.

-Elle est très gay également.

-Um-… Quoi. »

Nikephoros ri au nez de son amie qui s’était redressée d’un coup, sourcils froncés, l’expression sérieuse contrariée par la rougeur de ses joues.

« J’ai dit qu’elle est très gay.

-Ne racontes pas n’importe quoi, Saga est… »

La petite suédoise n’était assez visiblement pas très enthousiaste sur ses propres propos. Elle laisse la phrase en suspens, l’air soudainement conflicté. Elle laisse les draps pour le regard de son amie.

« Pourquoi tu dis ça ?

-Oh, ne me dis pas que tu n’as pas remarqué ?

-Remarqué quoi ? »

Nikephoros hausse un sourcil, croise les jambes, replace une mèche châtains derrière son oreille.

« Ecoute, je suis pas une experte, je suis même probablement une noob total, mais ça crève les yeux. Si elle est pas gay, elle est en tous les cas intéressée.

-Par toi ? »

D’accord, Pia n’est pas exactement une flèche. Ou peut-être que Nikephoros n’est pas une très bonne archère.
Elle roule des yeux, prend l’une des petites mains de son amie – mon dieu, c’est adorable, cette petite main.

« Par toi, idiote. Elle te regardait avec ces grands yeux brillants et je doute que c’était parce que ce que ce que tu racontais l’intéressant tant ; N’y voit aucune offense, mais… »

Elle ne l’écoutait déjà plus. Le regard dans le vide, les joues rouges, Pia est dans son propre monde de blondes qui courent vers elle avec des étoiles dans les yeux. Ou un truc du genre, elle n’était pas certaine de ce qui se tramait vraiment dans la tête de la brunette. Elle lui ébouriffe les cheveux, sourire pendu aux lèvres, ce qui lui permet d’attirer à nouveau son attention.

« Elle m’aide beaucoup, tu sais ? Elle est toujours là quand il faut, et il suffit d’un sourire pour tout reparte. Tu penses qu’elle a des superpouvoirs ? »

C’est ridicule, ça l’est vraiment, et Nike se sent horrible de ressentir ce genre de choses, mais elle ne peut empêcher son cœur de se serrer à ces paroles. Hey, c’est son job de meilleure amie ça ! C’est elle qui devrait être là quand il faut, c’est elle qui devrait prendre soin de Pia, sa petite Pia !

Ce n’est pas quelque chose qu’elle peut lui dire, ça. Ce n’est pas même quelque chose qu’elle est autorisée à penser. Quel égoïsme. Est-ce que cela fait d’elle une mauvaise personne ?

Nikephoros force un sourire sur ses lèvres. Saga a l’air d’une fille bien, elle peut bien lui laisser une petite part de Pia.

« Je pense surtout qu’elle te plaît beaucoup, et que la prochaine fois que je la vois, tu as intérêt à me la présentée en tant que petite-amie ou je la jette dehors. »

Pia tourne tout d’abord au rouge pivoine, l’air interpellé, avant de pouffer de rire, l’étouffant derrière sa main libre.

« Comme si tu pouvais faire ça. »

La châtain rit également, doucement, la poussant amicalement sur le côté avant de se jeter sur la brune pour la chatouiller, l’air faussement outré, comme si tout était normal. Et pourtant, la boule qui s’était formée dans la gorge ne partait pas, semblait y avoir élu domicile, lui rappelant que tout n’était pas comme avant.
Oh, si Pia savait ce qu’elle pouvait bien penser, ce qu’elle était capable de faire à présent.

Nikephoros est une horrible personne.

Elle s’en rendait malade.

■□■□□■□■

« Tu me dois une faveur, Fanta. »

Parfois, Nikephoros se demande pourquoi elle décroche le téléphone lorsque le nom du blond apparaît. Une pulsion masochiste, allez savoir.

« Oui, bonjour à toi aussi Theo, je vais bien, et toi ? »

Un grognement lui répond. Nike lance son stylo en l’air.

C’était une fin d’après-midi de week-end comme les autres, le moment où elle faisait semblant de faire ses devoirs alors qu’en réalité elle regardait des vidéos de chat sur internet. Pia était chez Saga –encore-, son père au travail, sa mère chez une amie, et elle plantée devant son ordi avec une dissertation qui n’avançait pas. L’ennuie. Voilà une raison valable pour elle de décrocher.

« Viens chez moi.

-Pardon. »

Le stylo lui retombe sur la tête. Autre grognement.

« Pas le temps d’expliquer. Tu sais où c’est, non ?

- Euh, ja, ma-…

-Génial. Magne-toi Fanta, j’ai pas toute la nuit.

-Qu-… Theodore ! Oh le ksekoliaris ! »

Voilà pourquoi elle détestait téléphoner à Theodore. Le délinquant de pacotille ne l’écoutait jamais !
C’est bien entendu dans l’intention de lui dire violemment ses quatre vérités qu’elle dévale les escaliers à toute vitesse, enfile ses bottes et son manteau avant de se jeter dans le bus le plus proche jusqu’à chez le blond –adresse obtenue de manière tout à fait légale.
Nikephoros avait beau être facile à pousser dans tous les sens, lorsqu’il s’agissait de Theodore, elle n’avait aucune pudeur à lui parler franchement. Et puis, il n’avait rien de bien effrayant, pour être honnête. Une fois la capuche hors de vue, il n’était qu’un jeune homme qui n’était visiblement pas passer par le stade de l’adolescence dans le sens où son manque flagrant de pilosité, d’angles et sa peau parfaite ne pouvaient pas appartenir à un homme de 21 ans. Elle refusait de le croire. Il devait avoir 17 ans, pas plus. Le menteur.

Elle va lui dire, elle va lui dire, elle va lu-… Elle va sonner déjà. C’est un bon début. Parler à une porte, jusqu’à preuve du contraire, n’avait jamais été bien utile. Nike appuie un doigt hésitant sur la sonnette, essoufflée après sa montée vertigineuse de 10 étages –sans ascenseur, merci bien. Finalement, peut-être que parler à la porte n’était pas si mal.

Honnêtement, le ‘tu me dois une faveur’ ne la rassurait pas le moins du monde, parce que franchement, avec Theo, ça pouvait aller de ‘fais-moi un sandwich’ à ‘allonge toi’ et nul besoin de préciser que la probabilité de la seconde lui semblait hautement plus élevée que la première faveur. Enfin. Il ne ferait pas ça, hein ? Hein. En fait, elle n’en avait pas la moindre idée.

Mon dieu. Seule dans un appartement avec un prédateur, son père aurait une crise cardiaque et d’ailleurs, elle-même aurait une crise cardiaque. Dieu.

La porte s’ouvre, Nikephoros se rappelle qu’elle doit respirer pour vivre.

« Bon dieu, qu’est-ce qui t’as pris tant de temps ? »

Et sinon, bonjour. A nouveau. Le garçon n’a pas l’air différent de d’habitude, portant toujours à merveille cette expression de gamin particulièrement intimidant en plein caprice, ses cheveux blonds en pétard, un sweat noir neutre sur le dos, jean trop grand sur les fesses.

Respire Nike, il va pas se jeter sur toi. Trop chou pour ça.

« Euh, je sais pas, le bus, par exemple ? »

Série de marmonnements inaudibles. Une petite voix fluette rugit derrière lui. Rugit, parfaitement.

« WOA ELLE EST VRAIMENT SUPER DUPER GRANDE ! »

Une petite tête châtain apparut entre la cuisse de Theo et le cadre de la porte, grand sourire aux lèvres, joues rougies, yeux bleus qui scintillaient comme des milliers d’étoiles – accordé, Nikephoros la cherche un petit peu, mais quelle idée d’être si petite.
Sur l’échelle de ce à quoi elle ne s’attendait pas, voir une gamine poper de nulle part… Ben, ça n’y était pas, sur cette échelle, c’est dire à quel point elle n’avait jamais envisagé la possibilité de voir le garçon avec un enfant.
Comme si c’était la chose la plus naturelle au monde, le blond prend la petite dans ses bras sans efforts, lui adressant un petit sourire au passage, avant de tout bonnement la lui refilée sans autres formes d’explications.

« Je sais pas quand je reviendrai, probablement tard. Tu peux prendre le lit s’tu veux. »

Nikephoros est trop occupée à réceptionner la petite fille au large sourire dans ses bras pour protester, et dès qu’elle en eut l’occasion, le blond la coupa en déposant un baiser sur la joue de la fillette.

« Sois sage Nova, et pas de bataille de Nutella. »

Et le voilà qui dévale les escaliers sans demander son reste, la laissant bouche bée avec une gamine qui s’extasiait de l’espace qu’il y avait entre elle et le sol, devant un appartement dans lequel elle n’avait jamais mis les pieds et une mission fantôme sur les épaules.

Bienvenue à Theoland.

■□■□□■□■

De ce qu’elle a pu ramasser au cours de la soirée, Nova est la fille de Theodore –elle l’appelle papa en permanence, la déduction s’était faite d’elle-même-, elle a 6 ans et refuse formellement de manger autre chose que du sucré. C’est une petite adorable, honnêtement, que tout impressionne, tout émerveille. Nike l’adore, tout simplement.

« Nikoros, Nikoros ! Regarde ce que je sais faire ! »

Nova aime beaucoup son prénom au point qu’elle insiste pour le prononcer tout le temps, même pour rien. Bon, c’est pas encore ça, mais à côté des surnoms multiples de son père, c’était un bon changement. Et puis, c’était franchement adorable. Nikephoros aime les enfants, après tout, leurs grands yeux scintillants et leurs adorables bouilles… Ça lui fait chaud au cœur.
La jeune femme détourne ses yeux du frigo dans lequel elle cherchait quelque chose potable – en vain, Theodore semblait se nourrir uniquement de pâtes- pour les poser sur la petite châtaine qui faisait maladroitement la roue dans le salon. Elle applaudit, riant doucement sous le regard enchanté et fier de la petite demoiselle.

« Bravo Nova ! C’est très réussi.

-Tu sais faire la roue, Nikoros ? »

Uh. La réponse est quand elle avait 10 ans, oui. Elle était la meilleure. Cependant, maintenant, avec son mètre 80 quelque chose… Déjà, vu la taille du salon, ça risquait d’être difficile.

« Je ne suis pas certaine de pouvoir le faire ici, c’est trop petit…, » dit-elle, avant de continuer rapidement face à la mine déçue de la petite fille. « Mais une prochaine fois, promis, je te fais voir ! »

Bon, elle allait avoir de l’entraînement sur la planche ; hors de question de décevoir ces deux orbes bleus.
Nova sautille un peu partout l’espace d’un instant, visiblement enchantée par la nouvelle, avant de s’effondrer –volontairement- par terre. Elle baille, Nikephoros jette un coup d’œil à l’heure. 22h30. Woula, c’est tard pour une petite ça, non ? La lycéenne a beau aimer les enfants, elle n’a jamais eu l’occasion de s’en occuper un soir. Premier baby-sitting, et c’était sans instructions, c’est ce qu’on appelle se faire jeter dans la gueule du loup. Ou pas d’ailleurs.

« Hey Nova, je pense qu’il est l’heure de dormir. »

Elle s’attend à des cris, des protestations, des grognements, mais rien de cela n’arrive. Au contraire, la petite fille se redresse et hoche la tête, baillant à nouveau.

« Je pense aussi, Nikoros. »

La dite Nikoros sourit tendrement, s’accroupit pour se mettre à sa hauteur et lui ébouriffer les cheveux. C’est une jolie enfant. Pour être tout à fait franche, elle est curieuse, affreusement curieuse en ce qui concerne les parents de la petite. Cela voulait dire que Theo l’avait eu super jeune ? Et avec qui ? Est-ce qu’elle voyait sa mère ? Pourquoi n’était-elle pas là ? Il n’y avait aucune photo dans l’appartement pouvant éclairer sa lanterne et demander à Nova la rebutait. Et si elle abordait un sujet sensible ? Non, hors de question.

« Tu dors où ?

-La chambre de papa Theodore ! »

Question idiote, probablement. Il n’y avait qu’une unique chambre dans le petit habitat et Theodore ne faisait probablement pas dormir sa fille sur le paillasson. Probablement.

« Bon, et si tu allais te brosser les dents avant d’enfiler ton pyjama ? »

Nikephoros n’a pas à le redire, la petite file en direction de la salle-de-bain sans hésitation de sa démarche sautillante qu’elle lui avait attribuée comme naturelle. Elle tire un petit tabouret pour être à la bonne taille et, telle une vraie professionnelle du brossage de dents, tire sa brosse à dent rose du gobelet, rempli le gobelet, met du dentifrice plein sur la brosse et se met courageusement à frotter.
Est-ce que tous les enfants de son âge sont aussi matures et indépendants de nos jours ? Elle est bluffée.
Ce n’est que lorsqu’elles sont dans la chambre que Nova nécessite son aide, pour se mettre en pyjama.

« Mais dis-moi, tu te débrouilles comme une chef !, » dit-elle une fois son pantalon enfilé, avant que Nova ne se faufile dans les draps. La petite lui lance un grand sourire édenté.

« Merci Nikoros ! Bientôt je vais pouvoir m’habillée toute seule aussi ! Comme ça, mes papas auront plus de temps pour se reposer ! »
‘Mes papas’. Oui, bon. Okay. Pourquoi pas. Elle se hait pour ressentir un pincement au cœur.

La petite châtaine se glisse sous les draps noirs –quelle surprise-, un air déterminé dans ses yeux bleus. Nikephoros s’assit à côté d’elle, caressant d’une main ses doux cheveux d’ange.

« Mes papas travaillent super dur pour moi, tu sais Nikoros, alors je veux grandir très vite, très grande comme toi, comme ça je pourrais travailler et aider moi aussi ! »

Ouch, ça fait mal. Elle n’y avait jamais pensé, à ce genre de choses, au pourquoi du comment que Theodore est tombé dans ce marché infernal. C’était comme ça, pour elle, un choix conscient, point, pourtant à présent que le brouillard se dissipait, elle commençait à se poser des questions, toutes plus intrusives les unes que les autres et la réalité la frappait en pleine face, comme une violente droite ; elle ne connaissait rien de Theodore.

« C’est une ambition admirable, mais je doute que c’est ce que tes papas veulent, ma puce. S’ils travaillent ainsi, c’est pour que tu ailles une bonne enfance, tu ne penses pas ? Prends ton temps pour grandir. »

Nova fait la moue l’espace d’un instant et s’agite en dessous des draps.

« Mais ils sont fatigués… »

La jeune femme sourit, replace une de ses propres longues mèches châtaines derrière son oreille, les yeux rivé dans l’océan qu’étaient ceux de la petite Nova.

« Le plus beau cadeau que tu peux leur faire, c’est de continuer à être toi, Nova. Tu es la plus adorable des petites filles, je suis sûre qu’ils sont très, très fiers de toi et que ça leur donne beaucoup de force. »

En retour de ses paroles, Nikephoros reçoit un autre grand sourire. Elle le lui rend immédiatement et tapote son petit nez affectueusement. La petite lui attrape la manche, son expression changeant immédiatement pour des yeux de chat botté.

« Dis, tu peux pas dormir avec moi, Nikoros ? »

C’est-à-dire qu’en réalité, elle n’a pas grand-chose d’autre à faire, n’est-ce pas ? Theodore avait bien précisé qu’elle pouvait elle aussi emprunté son lit, alors elle ne voit aucune raison de refuser. Elle envoie un nouveau message à sa mère pour lui signaler qu’elle restera finalement dormir chez son amiE, avant d’aller éteindre les lumières dans l’appartement, prenant le soin d’allumer la petite lampe de chevet auprès de Nova qui n’aimait pas le noir.

Elle se glisse toute habillée dans les draps, ne voyant aucune autre alternative et laisse la petite se blottir contre elle, amusée et attendrie. Elle se comporte exactement comme un petit chat cherchant la chaleur, et lorsque Nike lui caresse les cheveux, elle s’attend presque à l’entendre ronronner. Mais non, c’est une petite voix fluette qui retentit, quelque part vers sa poitrine.

« Papa Theodore parle beaucoup de toi Nikoros.

-Ah, vraiment ? » Elle est honnêtement surprise. Nova hoche la tête contre elle.

« Je suis d’accord avec lui, tu es super gentille. Je t’aime beaucoup.

-Tu es un amour, Nova. Moi aussi, je t’aime beaucoup. » Elle est honnêtement touchée.

« Papa Theodore t’aime beaucoup aussi. »

Ah. Ok. Nikephoros faisait une très bonne amie. Probablement. Elle ne voulait pas l’autre papa sur le dos.

« Tu l’aimes, mon papa ? »

Question piège ? Mon dieu. Est-ce qu’elle aime Theodore. Enfin, bien sûr qu’elle l’aime. De quel genre d’aime parle-t-elle. Theodore est un ami, certes, un étrange ami, mais un bon ami. Et son cœur se serre à la pensée qu’il soit avec un autre. Mais ça ne veut rien dire. Son cœur se serre aussi à cause de Saga et Pia. Se serrait. Elle devait juste s’y faire. C’est le même sentiment, n’est-ce pas ?

Sans doute pas. Elle panique.

« Je l’aime, oui. »

Elle s’efforce d’ajouter mentalement le ‘en tant qu’ami’, par la même occasion évitant à la petite tout son monologue mental. Trop jeune, elle ne comprendrait pas, pauvre chose.

« Génial, parce que j’ai très envie d’un petit frère. »

Elle ne prit pas la peine de réponse, jouant la morte.

Oh mon dieu.

La nuit fut courte.

■□■□□■□■

C’est une douce caresse sur la joue qui la réveille au beau milieu de la nuit et la fait sauter au plafond –naturellement. Ce n’est pas désagréable, vraiment, le problème est que Nikephoros a le sommeil léger et une peur bleue de se faire attaquer pendant la nuit ; les voyages scolaires lui laissent rarement des bons souvenirs. Tout le monde dans son entourage sait qu’il ne faut pas la toucher.

Tout le monde sauf ceux qui ne le savent pas parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de la voir dormir.

Nova doit, au contraire, avoir le sommeil très lourd car même le fait que Nikephoros tombe par terre ne la réveille pas. Pas même le petit cri très masculin de celui qui vient de malencontreusement réveiller la jeune femme en voulant tout simplement l’empêcher de s’étrangler avec ses cheveux. Vraiment. Il ne voulait pas juste lui caresser le visage comme un pervers épris. Promis juré.

Après une bonne dizaine de « putain », « fuck » et diverses injures grecques, suédoises et allemandes, puis une dizaine de « shhh », « t’es où », « par-là », « c’est mon pied ça », le coupable et la victime finissent par retourner dans la lumière agréablement tamisée du petit salon où Nikephoros peut confirmer avec soulagement que son agresseur est bien Theodore dont les joues semblaient en feu.

« Tu m’as foutu les j’tons !

- A qui le dis-tu ! »

Ils se jaugèrent un instant jusqu’à ce que Theodore ait la bonne idée de dire :
« Café ? »

Après avoir acquiescé, elle lance un coup d’œil à l’heure : 5h34, il était resté dehors une bonne partie de la nuit. Elle le suit du regard dans la cuisine, s’affalant sur le sofa, le menton appuyé sur le dossier, baillant une dernière fois.

« Tu faisais quoi, au juste ?

- Des idiots ont causé des problèmes. »

Son ton indique clairement que la conversation est terminée, elle ne s’en plaint pas. Nike incline la tête sur le côté, les yeux rivés sur son ami dont l’expression fermée ne trahissait aucune émotion. Doit-elle lui demander ? Est-elle autorisée à plus de questions personnelles ? Elle hésite, elle attend, et déjà Theodore revient avec les cafés.

« Ta fille est adorable. »

Pas forcément la meilleure façon de commencer la conversation, mais l’affirmation fait son travail. Il lui lance un regard interloqué, puis un sourire amusé. Il lui tend le café.

« Ma fille ? Ah, je suppose que Nova m’appelle toujours papa. »

Elle prend le café, perplexe, tandis qu’il s’assoir confortablement à ses côtés. Il a mauvaise mine, honnêtement, enfin, toujours meilleure qu’elle lorsqu’elle fait une nuit blanche. Pauvre enfant.
Il prend tout son temps pour lui fournir plus amples informations.

« Nova est la fille de mon frère, mais comme elle me voit très souvent depuis sa naissance, elle a pris la mauvaise habitude de m’appeler papa. »

Son cœur s’allège et elle manque de se brûler en voulant boire son café, momentanément perturbée. Theodore n’a ni fille, ni petit-copain/copine. Du moins, en apparence. Ça fait du bien. Enormément de bien.

« Aah, c’est donc ça… J’avoue avoir été intriguée par le ‘mes papas’. »

Il rit de bon cœur et Nikephoros réalise qu’elle le voit rarement aussi détendu et joyeux. Peut-être que Nova est vraiment un soleil, la plus belle des étoiles, rien que son nom fait fondre le plus solide des icebergs ; elle en serait presque jalouse.

« J’imagine bien. Sacré numéro, hein ?

-Elle m’a demandé de faire la roue. Dans ton salon. »

Theodore rit de plus belle, le café tremble entre ses mains et ses yeux bleus s’illuminent comme ceux de Nova, l’air de famille est plus que jamais présent.

« Vu qu’il n’y a rien de casser, y compris toi, j’imagine que tu ne l’as pas fait ?

-Je lui ai promis de le faire une prochaine fois.

-Ah, parfait. Je voudrais bien voir ça, moi aussi. »

Elle croise son regard et noie immédiatement son embrassement dans sa tasse de café. Il ne semble pas lui en tenir rigueur. Elle se brûle à moitié.

« Merci de t’en être occupée.

-Oh, ce n’est rien, elle était adorable, c’était un plaisir, en réalité.

-Dans ce cas, ce n’est plus vraiment une faveur. »

Son sourire taquin la fait décoller et elle met ça sur le compte du manque de sommeil. Pourquoi a-t-il de si beaux yeux ? C’est de la triche.
Vite, détourne le sujet.

« Euh, sinon, il se passe quoi du côté de ton frère ? Nova n’a pas mentionné de mère ou… »

Theodore perd son sourire, sans pour autant s’assombrir ; il a plus l’air songeur que sombre.

« Je te dois bien une explication, j’imagine. La copine de mon frère est partie quand Nova avait 1 an, une histoire de ‘je veux pas gâcher ma vie, et je t’aime plus, et je veux plus d’un gosse’, tragique, vraiment. Enfin, bon débarras, c’était la pire des connes, sérieux. Emil et Nova sont bien mieux sans elle. »

Nikephoros hoche passivement la tête, les yeux rivés sur le blond, qui, pour une fois, ne la regardait pas en échange.

« Enfin bref, elle est partie. Mon frère n’avait que 18 ans, mais il aime Nova plus que tout au monde, tu sais ? Nos parents l’ont jeté dehors le moment où ils ont appris qu’il la gardait. Je ne sais pas trop comment il se débrouillait au début, entre le travail et la puce, il squattait plus ou moins des amis, travaillait nuits et jours sans relâche. Je m’arrangeais toujours pour lui glisser tout l’argent que j’avais, je m’occupais de Nova dès que possible. Une petite bouille d’amour comme ça, franchement, difficile de croire que quelqu’un ne veuille pas d’elle, hein ? »

« Emil a trouvé un petit studio pourrit mais proche de tout, pratique pour bosser. T’aurais dû le voir à l’époque, un vrai zombie. »

Un petit sourire étire ses lèvres et l’espace d’un instant, il pose son regard bleu sur elle.

« C’est à ce moment que ça à commencer, mon petit business. Ca rapportait bien, vite et personne ne soupçonnerait un petit blond au visage rond, j’étais le profil idéal qu’ils disaient. C’est facile. Idéal pour un mec comme moi, un idiot. »

Elle ronge son frein. Theo a beau bien le jouer, il n’est pas un garçon idiot, ça, au moins, elle le sait.

« J’ai arrêté les cours après mon diplôme, quitté la maison. Pendant un moment on vivait tous les trois ensembles dans un studio, c’était le gros bordel, mais au moins, on avait de quoi vivre. On s’arrangeait pour la garde, s’arrangeait pour qu’elle s’épanouisse et au bout d’un moment, nos efforts ont payés –enfin, surtout ceux d’Emil. Il a obtenu un meilleur appartement, une place d’employé fixe dans une petite boîte qui fonctionne bien, et moi j’ai celui-là. »

Son regard vague sur le petit appartement, Nikephoros sourit, prend une grande inspiration pour chasser les larmes qui menaçaient de couler.

« Ca a dû être dur… »

Sa voix est nouée, étrangement rocailleuse, ce qui lui vaut un nouveau sourire taquin.

« Si tu veux, il y a des mouch-…

-Oh, la ferme. »

Elle sourit néanmoins, parce qu’il a ce pouvoir. C’est à son tour de prendre une lente inspiration. Il sirote un peu de son café.

« Ca l’était, honnêtement. Il y a des fois où j’avais envie de me casser, de laisser tout en plan. On se disputait pas mal avec mon frère, on se dispute toujours. Il veut savoir ce que je fais, mais… C’est pas vraiment un truc dont je suis fier. M’enfin, il y avait Nova pour nous réunir, à chaque fois. Elle fait une acrobatie, semblant de nous faire la tête, ou juste un grand sourire et tout va bien à nouveau. C’est elle qui souffre le plus dans l’histoire, cette gamine est en or. Elle mérite mieux que ça. »

Cette fois elle ne ronge pas son frein et lui donne un coup de poing dans l’épaule, sourcils froncés.

« Hey !
-Ne dis pas ça ! Nova est heureuse, elle est très, très heureuse et elle fait beaucoup d’efforts pour vous rendre heureux aussi. Vous faites un boulot fantastique, toi et ton frère, elle en est la preuve. Elle est exactement là où elle doit être. »

Noyée par son discours hautement sentimentale, elle ne s’aperçoit qu’elle a les larmes qui coulent que lorsque Theodore, les yeux aussi humides que l’océan pacifique, lui offre un mouchoir. Elle marmonne un petit merci qu’il lui renvoi, pour différentes raisons, plus audible, honnête. Une silence confortable s’installe entre eux tandis qu’ils finissent tranquillement leurs larmes et cafés. Il est 6 heures lorsqu’elle se décide à élever à nouveau la voix.

« Je suis désolée. »

Des yeux bleus se posent sur elle, elle n’ose pas leur faire face.

« Pourquoi donc ? »

Il est perplexe, dans son esprit elle peut visualiser son expression comme si elle l’avait appris par cœur pour un contrôle.

« Je t’ai demandé quelque chose d’irraisonnable avec Pia, c’était-…

-Normal. Un geste d’amour.»

Chocolat rencontre ciel. Elle cligne des yeux, Theodore a l’air le plus sérieux qu’elle lui connaisse.

« Tu as fait ce qui te semblait le plus juste par amour, sur le coup, c’était moi le pauvre con. Si ça avait été mon frère, j’aurais fait la même chose, alors ne t’en fais pas à propos de ça. »

Elle ouvre la bouche et la referme, incapable de trouver quoi répliquer devant tant d’assurance. Peut-être qu’elle allait devoir planifier de ne rencontrer Theodore qu’après une nuit blanche, le changement n’était pas déplaisant.

Nikephoros abandonne la partie, laissant ses épaules retombées en signe de défaite.

« Tu devrais plutôt t’inquiéter de la faveur que tu me dois, tu sais.

-Hey, j’ai fait ma part ! »

Elle le bouscule légèrement alors qu’il éclate de rire pour un cours instant avant de saisir sa main et poser sa tête sur son épaule, jugeant inutile de l’informer de ses mouvements.

« Rend moi service et ne bouge plus. »

Elle n’en avait pas l’attention. Theodore sentait la cigarette et d’autres trucs moins légaux, mais sa tête lui offrait un appuie de choix et elle était fatiguée, elle aussi. Elle serre doucement la main qui repose dans la sienne et ferme les yeux.

Avec lui, elle ne craint rien.

■□■□□■□■

Que Pia et Saga sortent ensemble était une chose ; Qu’elles sortent ensemble en face d’elle en était une autre.

Elle n’a rien contre Saga, la jeune fille est adorable, toujours souriante et pleine de vie ; elle lui laisse une bonne part de Pia également et cela la satisfait pleinement. Non, elle ne se plaint pas de leur relation, pas des arrangements qu’elles ont toutes les trois, c’est juste que se retrouver dans la même pièce qu’un couple est toujours…

« Ummh, tu sens bon Pia… »

Smooch.

Embarrassant.

Nikephoros se sent un peu comme la 5ème roue du carrosse et elle a beau essayer de divertir son attention, c’est assez difficile de faire abstraction du boucan infernal des deux amoureuses.

Elle n’est pas jalouse. Pas vraiment.

La jeune diplômée enfonce un casque sur ses oreilles et monte le son de la musique tandis que dans la pièce d’à côté, dans sa chambre, son lit grince pour des raisons qu’elle préfère ignorer.

Un déménagement s’impose.

■□■□□■□■

D’accord, elle n’avait peut-être pas bien pensé son coup.

C’est vrai, en y repensant, c’était plutôt idiot de sa part d’inviter un vendeur de drogues à un déménagement alors qu’une de ses anciennes clientes est l’une des nouvelles occupantes. Ce n’était pas malin non plus de ne pas la prévenir qu’elle connaissait un peu plus que ‘simplement’ le dit vendeur. Ou d’omettre le fait qu’il se baladait souvent avec une gamine de 7 ans qui demande à tout le monde de faire la roue.
Le choc avait dû être terrible, que ce soit pour l’un ou pour l’autre.

Pour Theodore, c’est l’image qui en prend un coup.

« Je… Je l’imaginais pas exactement comme ça. »

C’est ce que lui confie Pia alors qu’elles déchargeaient une commode plutôt lourde de la camionnette. La châtain hausse les sourcils.

« Tu l’imaginais comment ?

-Euh… Pas… Pas comme ça. Pas le genre garçon adorable qui fera un super père en tous cas. »

Nikephoros rit doucement, amusée par la confusion de la brunette. Elle pouvait la comprendre un peu –elle non plus ne l’avait pas toujours imaginé comme un père idéal- cependant sa première impression de Theo et celle de Pia qui l’avait vu en tant que vendeur totalement louche devaient être vraiment très, très différentes, l’écart beaucoup plus large.

« Pour toi c’était un gros dur avec des tatouages partout ? »

Pia la jauge du regard au-dessus de la commode, l’expression marquée profondément par des années d’exaspérations. Oui, bon, Theodore en gros musclé… L’image la fait sourire.

« Je sais pas, je pense que je l’imaginais pas trop. Il était juste le vendeur à la capuche, l’important était la marchandise, » répond-t-elle, les sourcils froncés par la réflexion. « Et puis, c’était un mec, alors bon, j’en avais franchement rien à faire. »

Ah, elle n’avait jamais vu ça de ce point de vue. Pia lui lance un sourire espiègle dont elle seule a le secret. Elles prennent l’ascenseur –elles en ont un, au moins-, pose le meuble quelques instants et au ding, s’en saisissent à nouveau. Pia vacille un instant et manque de tomber en se prenant les pieds dans le pas de la porte.

« Ah, laisse-moi t’aider. »

Et le sujet de leur conversation débarque sur son cheval blanc, attrape d’une main sûre un bout de la commode, adresse à la petite brune un petit sourire. Nikephoros remarque qu’il sourit de plus en plus ces jours-ci ; plus de sourires honnêtes, ceux qui viennent du cœur. C’est bien, c’est très bien.
En attendant, elle, elle n’a pas de sauveur et doit porter la commode jusqu’au bout.

« NIKOROS NIKOROS JE VAIS T’AIDER. »

Nova se matérialise à ses côtés en une seconde, adorable avec ses petites couettes bouclées et sa robe violette, toujours un sourire aux lèvres. Nikephoros rit de bon cœur et fait mine de la laisser porter un bout du meuble sous le regard amusé de l’oncle.

« C’est gentil d’aider Nikoros. »

La grande châtaine lui tire la langue comme une enfant tandis que Nova jubile à ses côtés, totalement inconsciente de la présence d’une blague.

« Ne sont-ils pas mignons ? Une vraie petite famille ! Je suis jalouse, Pia. »

Oh Saga. La blonde se tient à la porte, sourire en coin, un bras autour de sa petite amie qui avait complétement abandonné le projet ‘apporter la commode à l’intérieur’.
Nikephoros pique un fard monumental – ce qui arrivait bien trop souvent ces derniers temps- et refuse de faire le constat de l’état de Theodore, les yeux rivés sur le nouveau salon en chantier. Si elle avait pu, elle se serait transformée en souris.
C’est un miracle qu’ils réussissent à poser le meuble sans encombre, un autre qu’ils arrivent à se regarder, s’adresser une sourire satisfait, puis Theodore jette un regard à sa montre et grogne, soupir, grogne.

« Il va falloir que j’y aille, Emil vient chercher la petite chez moi dans 15 minutes. »

Et après boulot, il n’a pas besoin de le rajouter. Nova fait la moue et s’accroche à la jambe de sa grande amie. Nikephoros lui tapote la tête, amusée.

« Vous nous avez déjà bien aidées, merci beaucoup.

-Désolé de ne pas pouvoir rester plus long-…

-Pshh, allez, oust ! Je ne veux pas de ton frère sur mon dos, et mes parents ne vont pas tarder à arriver de toute manière.»

Joignant le geste à la parole, elle l’attrape par les épaules et le pousse jusqu’à la porte, Nova à ses trousses, riant joyeusement.
Ils s’arrêtent juste au pas de la porte. Saga et Pia s’étaient envolées, peut-être pour aller chercher quelque chose d’autre, peut-être pour voler quelques baisers derrière une voiture, elle n’en avait pas la moindre idée, toutefois ça n’était pas plus mal ; au moins, elle pouvait affronter le regard de Theodore sans changer de peau. Le garçon prend la petite main de Nova dans la sienne, se tourne vers elle et ce n’est pas bon, pas bon du tout. Elle aime trop ses yeux pour son propre bien, trop son sourire taquin, trop cet éclat de malice qui brille comme un diamant au fond de l’océan.

« Tu me dois encore une faveur, Nikephoros. »

Et là, pam, surprise, il lui plante un baiser sur la joue avant de filer comme un voleur. Comme le voleur qu’il est.

Oh l’idiote. Oh diable. Elle est amoureuse.

■□■□□■□■

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MessageSujet: Re: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitimeDim 30 Mar 2014 - 3:55

Histoire - PART III


C’est le même scénario que la première fois. Il l’appel, elle s’ennuie, elle répond, il lui demande de lui rendre une faveur, de venir. Sauf que Nova n’est pas là, sauf que lui reste, sauf qu’il est déjà tard et qu’elle n’a personne qui s’inquiète chez elle, sauf qu’elle le connaît mieux, sauf qu’elle s’attend à tout.

Et il la surprend encore.

« Wow-ah. On dirait que tu t’es fait piétiner par un troupeau d’éléphant. »

Ce serait stupide d’être angoissée d’une quelconque attaque perverse lorsque le potentiel agresseur est affalé sur le canapé, le nez en sang, les bras ballants, un bordel monstres de bandages et compagnies étalés partout sauf sur ses plaies. Elle ferme la porte derrière elle, accueillie par un grognement caractéristique qui se transforme en gémissement. Ce n’est pas un secret que Nike n’aime pas le sang, elle n’est pas très habile de ses mains non plus.

Elle se mordille la lèvre, traverse la pièce en deux enjambées, les yeux rivés à regret sur le visage du blond qui était plus rouge et bleu que blanc à cet instant précis. Il n’est pas difficile de deviner la faveur dont il a besoin, alors Nikephoros lui offre un mouchoir, pour commencer, incapable de se savoir ce qu’elle devait faire en premier. Il le prend, la tête toujours penchée en arrière et commence difficilement à éponger le sang qui coulait de son nez.

« Tu devrais allez à l’hôpital, tu sais, tu dois avoir le nez cassé, peut-être un membre je-…

-Du calme Barbie, ça a l’air pire que ça ne l’est. »

Dit-il alors qu’il a l’air d’être sur le point de passer l’arme à gauche. Ah, les hommes. Nikephoros lève les yeux au ciel, soupire et décide d’aller chercher une bassine d’eau pour redonner une teinte relativement normale au garçon, évaluer les dégâts.
Elle travaille silencieusement sur son visage, ignorant aussi bien que possible les gémissements et le fait que son visage est vraiment très proche et aussi que ses yeux sont toujours aussi beaux. La bassine d’eau claire tourne au rouge avant même qu’elle n’aille à lui demander d’enlever son t-shirt –et elle rougit, oui. Le saignement de nez semblait ne jamais vouloir en finir, Nikephoros lui donne un autre mouchoir et tente de ne pas penser au fait qu’il va bientôt devoir enlever son pantalon aussi.

Heureusement pour elle, son corps a meilleur aspect que son visage dans le sens où il y a moins de sang partout et plus de plaques multi couleurs. Ce n’est pas le moment de remarquer qu’il a bien tatouage –abstrait- s’étendant sur tout son côté droit et un autres sur la haut du bras, mais elle le remarque quand même. Difficile à rater, pour sa défense. Elle déglutit.

« Je vais, euh, changer l’eau. Pants off. »

Dit le en anglais, ça aura l’air moins offensif pour ton cerveau.

Malheureusement, la vue, elle, l’est. Très offensive.

« Désolé d’avoir à te faire subir ça. »

Elle lui lance un maigre sourire, inspectant rapidement ses jambes–qui lui rappelaient curieusement les siennes en plus béton armé- pour faire genre avant de décréter qu’elles avaient passé le test. A part peut-être sa cheville gauche et son inquiétante épaisseur. La métisse lance une serviette sur ses genoux, s’arme de désinfectant, compresses et bandages puis s’installe aux côtés du blond qui, mouchoir collé au nez, la fixe, un petit sourire désolé qui devait lui faire mal aux lèvres.

« Si tu es désolé, fait en sorte que ça n’arrive plus. »

Et voilà qu’elle parlait comme sa mère maintenant. Elle désinfecte délicatement une plaie sur son bras, se plongeant dans la tâche dans l’espoir d’oublier le regard posé sur elle. D’où possédait-il tant de matériel de soin ?

« Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

-Des idiots, encore et toujours. Ils te tombent dessus et t’es cuit. »

Nikephoros serre la mâchoire et appuie plus fort, inconsciemment, sur la compresse. C’est lui, l’idiot, pour l’inquiéter ainsi.

Et c’est elle l’idiote, pour s’inquiéter tout le temps. Ce n’est même pas comme si leur relation était spéciale.

Il ne se plaint pas, mais elle sait qu’elle lui fait mal en appuyant ainsi. Son cœur bat fort, ses yeux la pique. Et si un jour, l’un des idiots avait un couteau ? Et si un jour il lui arrivait quelque chose de grave, à son idiot ? Et si un jour il ne l’appelait plus pour un oui ou pour un non ?
La jeune femme se mord la lèvre plus fort, plisse les yeux pour y voir plus clair. Effort inutile, sa vision est déjà brouillée de larmes.

Elle ne le supporterait pas, elle ne le supporte déjà plus.

« Nike…

-N’y retourne plus, arrête, s’il te plaît Theo, arrête. »

Sa tête tombe lourdement sur l’épaule du blond et les larmes s’écrasent sur le canapé ; elle se sent comme la pire des idiotes.

« J’ai peur pour toi, j’ai peur qu’il t’arrive un truc et… »

Sa voix se nuit, ses mains s’accrochent vainement au bras de Theodore. Elle tremble comme une feuille au vent, sa tête lui fait mal, son cœur lui fait mal.

« J’pourrais pas, et-et Nova et…

-Hey, Nike, hey, ça va aller. Je vais bien. »

Non, bien sûr qu’il n’allait pas bien cet idiot ! Depuis le début, ça n’allait pas. Il pensait trop aux autres pour son propre bien, c’était en ça que consistait son idiotie. Elle n’a pas besoin d’entendre des phrases bateau sans aucun sens juste pour être rassurée, elle en a eu assez de sa part pour savoir qu’elles ne signifient rien.
Au final, il continue à s’enfoncer.

Une main caresse à présent ses longs cheveux, une voix douce lui murmure que tout va bien aller.

« Désolée, je suis désolée… mais s’il te plaît, n’y va plus Theo, je t’en prie, reste avec moi. »

Elle renifle péniblement, relève la tête et plante son regard dans celui de Theo. Il a l’air triste. Est-ce qu’elle le rend triste ? Est-ce qu’il se rend triste ? Elle place une main sur son cou, renifle à nouveau.

« Tu peux faire autre chose, on peut s’en sortir, on va trouver et on sera tous bien comme ça, d’accord ? Tu n’as plus besoin de faire ça, tu n’es pas seul, ton frère travail, non ? Nova va bien, et je suis là, et…
-Shh, Nike, calme-toi. Respire. »

Elle suffoque à moitié sur ses mots, s’étouffe à chaque bouffée d’air trop hâtive. Deux mains viennent encadrer son visage et elle remonte à la surface de l’océan parfaitement calme. Un deux, un deux. Nikephoros se rappelle qu’elle sait nager.

« Je…Honnêtement, je ne te comprends pas, Nike. Je ne vois pas pourquoi tu t’accroches, pourquoi tu décroches toujours le téléphone, pourquoi tu es toujours là pour moi. Je ne suis qu’un pauvre idiot, bon qu’à t’inquiéter, alors je-… Pourquoi ? »

Ah, en effet, pourquoi ? De dépit, elle sourit, et Theodore gagne le prix de la question la plus stupide de la soirée. N’est-elle pourtant pas facile à lire ? Tout le monde le savait, pourquoi, même Nova aurait su le dire.

« Parce que je t’aime, Depp. »

L’espace de quelques secondes, elle a la vague impression qu’il n’a pas compris ce qu’elle a dit, ou peut-être bien qu’il cherche dans son vocabulaire ce que Depp peut bien pouvoir dire, peut-être que la douleur le rend un peu plus lent à la détente.
Et puis d’un seul coup elle se retrouve avec un pair de lèvres contre les siennes, et c’est humide, c’est timide, c’est trop brusque, ça a le goût de sang, pourtant à cet instant même, c’est le plus beau moment de sa vie.
Avec un peu de recul, elle se dira que ça a dû lui faire affreusement mal rien que de poser ses lèvres sur les siennes, sans parler du fait qu’elle lui avait probablement écraser le nez au passage.

« Tu es une idiote. »

Elle sourit, renifle et appuie doucement son front sur le sien, bras s’entrelaçant derrière son cou.

« Sûrement. »

Il lui rend son sourire, du mieux qu’il le peut du moins, pouce caressant tendrement la joue de la métisse.

« Et je suis l’idiot qui aime cette idiote. »

Son cœur bat toujours la chamade sans qu’elle ne sache réellement pour quoi il s’excite, sans qu’il ne le sache lui-même probablement. Ses sentiments se percutent dans sa tête et elle ne sait plus si elle doit pleurer de rire, de douleur pour lui, de peur, ou rire, ou sourire, ou l’embrasser, ou…
Il ne la laisse pas réfléchir plus longtemps en plantant un baiser sur ses lèvres.

Avant de se retirer en un horrible grognement.

Nikephoros roule les yeux. Ah, les hommes.

« J’appelle Emil. »

Qui les amènera ensuite à l’hôpital. Mais ça, Theodore n’a pas besoin de le savoir tout de suite.

■□■□□■□■

« J’arrive pas à croire qu’elle a touché ses fesses ! »

Nikephoros hausse un sourcil tandis qu’elle s’installe sur le fauteuil à côté du canapé, tartine de nutella en main. Pia, avachie sur le canapé comme la reine de ces lieux, bougonne inlassablement depuis au moins quinze minutes à présent, ce qui n’est nullement une rare scène. Encore une dispute.
Ce n’est pas qu’elle et Saga s’entende mal, en réalité, c’est même totalement le contraire, cependant l’une comme l’autre sont incroyablement jalouses et son capables de se disputer sur à peu près tous les sujets de la vie quotidienne – ce qui est très impressionnant, Nikephoros l’admet. Une fois, les tourterelles s’étaient disputées et boudées pendant une longue semaine parce que Pia mettait sa serviette directement au sale alors que Saga lui soutenait qu’elle pouvait l’utiliser au moins une semaine entière.
Prise entre deux feux, la teneuse de chandelles professionnelle se contentait de boire du lait, casque sur les oreilles, musique au volume maximum. On s’y habitue, à force.

Et si Nikephoros est le genre à ne pas étaler ses problèmes, Pia, elle, en parle sans complexe, surtout lorsqu’elle a l’impression que Saga est la fautive ; elle ne possède cependant aucun volonté face à Saga et déteste être loin d’elle trop longtemps, de ce fait elle finit toujours par réaliser que ce ne sont que des idioties. Elle répète toujours que son amour pour la blonde valait plus que d’avoir raison et de ce fait, elle était pratiquement toujours celle à s’excuser.
Saga avait beau être une fille très agréable, Nikephoros n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi bornée qu’elle de toute sa vie. Elle pouvait être en tort, savoir qu’elle est en tort, elle ne lâcherait tout de même pas l’affaire juste par principe. La métisse était bluffée.

« Non mais sérieux. Elle a pas juste posé sa main, elle l’a carrément pellotée ! T’y crois toi ? »

La brune se tourne vers elle, sourcils froncés, expression furibond peinte sur son visage, ses cheveux en pagaille complète sur sa tête lui donnant un air de sauvageonne qui n’a jamais connue la société. Pia s’était récemment coupé les cheveux court, appelant ce geste l’arrachage de page lorsqu’il y a une grosse rature dessus, parce que c’est plus swag que de mettre du blanco dessus.

Et puis, Saga aime ça, les cheveux courts.

« Incroyable, » répond-t-elle entre deux bouchées. Pia n’a jamais besoin de sa réponse, mais Nike se dit que c’est plus agréable d’avoir l’impression d’être dans une vraie conversation. Peut-être.

« Et elle a le culot de me dire que c’était juste un accident ! C’est incroyable. In-cro-yable. »

Incroyable, le mot du jour.

« Pourquoi tu lui fais la gueule, toi ? »

La grande châtaine manque de s’étouffer sur la dernière bouchée de sa tartine, ne s’attendant définitivement pas à ce que son amie réalise ce genre de choses au milieu de ses propres problèmes conjugaux.

« Eh bah, que t’as fait Blondie qu’est si terrible ? Je dois aller lui faire mordre la poussière ? »

L’image de Pia qui fait manger du sable à Theodore comme une gamine de maternelle ne manque pas de la faire rire ; il lui faut deux verres d’eau pour qu’elle arrête de cracher ses poumons.

Enfin installée confortablement sur le canapé, une serviette sur les épaules –l’un des verres avait mystérieusement atterrie sur sa tête, d’où la nécessité de deux verres-, Nikephoros peut enfin expliquer à la petite brune le nuage dans son ciel bleu.

« La fille avec qui il travaille est super mignonne. »

C’est enfantin, c’est ridicule, elle en est bien consciente. La révélation la fait même rougir tant se l’entendre dire l’embarrasse. Elle déteste être jalouse, malheureusement, elle n’y pouvait rien, la sale maladie la suivrait probablement jusqu’en enfer.
Et puis, cette fille était si jolie, si gentille… Elle était de taille moyenne et avait des jolies courbes, elle. Nikephoros comprendrait totalement si d’un seul coup Theodore lui annonçait qu’il la quittait pour elle. Elle était tellement plus jolie, tellement plus gentille et…

Pia éclate de rire, la métisse s’enfonce un peu dans le sofa.

« C’est pas drôle !

-Non, t’es sérieuse, Nike ? »

Dit celle qui fait une crise sur un effleurage de fesses. La plus grande lance un regard noir à la plus petite. Oui elle est très sérieuse, sérieuse à mort. Ça lui fait honnêtement peur, toutes ces potentielles ennemis, ce qui est parfaitement ridicule, elle n’en avait pas peur auparavant, pourtant ses sentiments étaient les mêmes. Le cœur a ses raisons, paraît-il.

Pia tamponne ses yeux avec sa manche, faisant de drôles de bruits très bruyant sans arrêt, pour finir avec un grand ‘ouaaaa’.

« Oh, Nike, c’est adorable. »

Elle ne voit pas exactement ce qui est adorable la dedans. Elle fait la moue, son amie continue d’étaler son point de vue.

« Tu n’as franchement pas à te faire de soucis pour ça, Theodore n’accorderait même pas plus de cinq secondes d’attention à Miss Suède si elle se présentait devant lui ; il n’a d’yeux que pour toi, ma belle. »

Le plus triste est sans doute que c’est la vérité, et qu’elle en était consciente, quelque part au fin fond de son cerveau, coincé au milieu d’un océan de basse estime d’elle-même et une aveugle jalousie. Elle n’avait jamais entendu Theodore parler d’une autre fille pour dire qu’elle lui plaisait ou quoi que ce soit –ce qui expliquait son moment ‘il est totalement gay’ également. C’était assez curieux, venant d’un garçon qui faisait plus de blagues salaces qu’un collégien.
Nikephoros enfonce son visage dans ses genoux repliés, yeux rivés sur la télévision dont le son avait été coupé au préalable.

« Il n’aime que toi, et il serait fou d’en vouloir une autre ; personne ne peut le supporter et l’aimer comme toi Nike. »

Une bouffée de chaleur l’envahie et fait monter son sourire. Pia a toujours les mots pour la faire sourire. La Schnceberger lui adresse un large sourire.

« Et tu as les plus belles fesses, Pia. »

Parce que penser avant de parler, ça sert à rien avec sa meilleure amie.

Les deux se fixent un instant avant d’éclater de rire, et quelques autres secondes plus tard, elles sont en train de se rouler sur le sol pour de mystérieuses raisons, du genre, Pia s’affale sur elle, Nikephoros se débat, elles roulent du canapé, puis roulent par terre. Typique. Les deux jeunes femmes ne font pas les fous rires à la légère, même cela, c’est du sérieux.

Et Nike se dit qu’elle a dû sauver un pays dans une vie antérieure.

Il faut au moins cinq minutes pour qu’elles se calment, cinq minutes pour qu’elles se stabilisent sur le sol, yeux rivés sur le plafond, haletantes, allongées l’une à côté de l’autre. Elles reprennent lentement leur respiration, Nike attrape sa main et la serre doucement. C’est à son tour d’être maman sourire.

« Tu sais, Saga a peut-être les yeux partout, peut-être même les mains, mais c’est dans son caractère, ce genre de choses. Theodore est un ours, Saga est un chien ; elle est sociable, elle aime les gens. »

La châtaine tourne la tête du côté de Pia qui la regardait déjà, sourcils légèrement froncés, comme si elle essayait de comprendre où elle voulait en venir. Elle sourit.

« Mais c’est toi qu’elle aime. C’est toi qui a ses… Ses yeux d’amour, tu vois ? »

Elle est horrible avec ces speechs. Pia fait un drôle de bruit, comme un rire étouffé.

« Enfin bref, elle t’aime, toi et tes fesses. Tu devrais lui faire un peu plus confiance, Pia. »

Sa phrase est suivie par un long silence, puis un soupir. Pia ferme les yeux, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

« C’était stupide, hein ?

-A qui le dis-tu. »

Elles partagent un regard entendu.

« Je vais l’appeler et m’excuser.

-Et moi aller faire en sorte qu’il n’ait pas d’yeux sur cette fille. »

Pia hausse les sourcils, l’air taquin.

« Aucun risque Nike, à ses yeux, tu as les plus belles fesses du monde. »

■□■□□■□■

« Sandwich ? »

C’est un vendredi soir d’été, il fait chaud, encore plus chaud dans le petit appartement au dixième sans ascenseur parce que Nova a cassé le ventilateur deux jours auparavant, et la clim, c’est cher.
Nikephoros se détache à regret du blond qui se lève déjà du canapé et se dirige vers la cuisine, à quelques pas seulement, avant même d’entendre sa réponse.

« Oui ! Poul-…

-..-let-mayo, je sais. »

Ils échangent un sourire entendu de loin et Theodore s’agite tandis qu’elle change les chaînes, se sentant comme la reine une fois la télécommande en main. C’est la même chose tous les vendredis, sandwich, télé, lit et ils parlent de tout et de rien, surtout de rien, mais ils s’en fichent, l’important est qu’ils soient ensembles. Pia dit qu’ils sont un ennuyeux couple de vieux avec des dents, Nikephoros lui tire la langue. Elle n’a pas besoin d’une relation extraordinaire, pas besoin d’aller aux quatres coins du monde et tout faire avec lui.
Et puis, franchement, elle pouvait parler. Elle et Saga avaient souvent l’air d’un vieux couple également, toujours en train de se chercher des poux avant de s’affaler sur le canapé, bouches pleines de snacks. Bonjour le glamour.

Du moment qu’ils sont heureux avec ce qu’ils ont, ça n’a pas d’importance.

Theodore lui met le sandwich juste en dessous du nez –en fait, il lui met carrément un coup de sandwich dans le nez, sourire espiègle aux lèvres alors qu’il s’excuse plus ou moins sincèrement. Elle prend son sandwich, lui tire la langue et pose ses jambes sur ses genoux à peine est-il installer sur le canapé à ses côtés.

« Sale gosse.

-Sale gamine. »

Elle croque dans son sandwich, il change la chaîne et les voilà partit pour une soirée de folie pendant laquelle ils regardent religieusement les programmes nuls à la télévision ; Théodore les critique, Nikephoros fait des commentaires qu’il juge tellement inconstructifs qu’il la fait taire en l’embrassant. Ils ne sont jamais d’accord sur la télévision, sauf pour quelques séries et films, et c’est très bien comme ça.
En réalité, regarder la télé n’était qu’une prétexte.

Lorsqu’il n’y a plus de nourriture, lorsqu’ils en ont marre de se plaindre des programmes, ils éteignent l’écran et s’étendent sur le lit, main dans la main, yeux dans les yeux, pour passer au vrai programme de la soirée. Ils peuvent passer des heures à simplement se regarder, mains caressant la peau de l’autre, sourires doux aux lèvres.
Les deux se parlent toujours à mi-voix, se comptent fleurette à leur manière. Theodore aime écouter Nikephoros changer de langue en plein milieu d’une phrase, il aime par-dessus tout l’entendre parler grec, et tant pis si elle l’insulte, il aime les sons, aime sa voix, son intonation, son sourire malicieux et la façon dont ses yeux s’illuminent. Ça, il ne pourra jamais le dire ; il n’est pas bon avec les mots, lui.

Ni elle d’ailleurs. Trop embarrassée pour lui murmurer plus de quelques compliments, elle n’osera jamais lui dire – pas en une langue qu’il peut comprendre- qu’elle aime la façon dont sa voix tourne grave lorsqu’il murmure, lorsqu’il lui dit qu’il l’aime, la manière dont il se mord la lèvre, dont il la regarde, dont il lui sourit, à elle et seulement à elle.
Ce n’est pas grave, tout cela, parce qu’ils le savent déjà.

Mais ce soir est un peu différent.

« Marions nous. »

Nikephoros cligne des yeux. Peut-être qu’elle a mal entendu, peut-être qu’elle imagine des choses, que son cerveau entend ce qu’il veut entendre depuis un moment déjà.

« Pardon ? »

Le blond semble soudainement nerveux. Il s’agit, serre sa main un peu plus fort dans la sienne, se mord la lèvre –oh oh-, regarde ailleurs, et elle jure qu’il rougit même un peu. Peut-être qu’elle n’avait pas mal entendu, après tout.

« Mariage. Nous. Je veux dire. Je t’aime, tu m’aimes et… Enfin, on…

-Attend, tu es en train de me demander en mariage ? »

A en juger par son expression, c’est absolument ce qu’il est en train de faire. Nikephoros est presque persuadée que ce genre de choses sont censées se faire dans un beau restaurant, dans une ambiance super over-romantique et qu’il devrait s’agenouiller et sortir une belle bague de nulle part, et elle pleurerait et accepterait, cependant Theodore n’a vraiment jamais été un grand romantique, alors ce genre de choses lui conviennent tellement, tellement mieux. Il hoche la tête, elle rit doucement.

« Tu es vraiment un horrible parleur. »

Il grogne, mais ses joues sont rouges et les siennes le sont également. Son cœur bat et bat comme s’il avait compris l’enjeu de ce soir.

« Alors, c’est oui ou… ? »

‘Ou merde’, connaissant la délicatesse du personnage, c’est définitivement ainsi qu’il aurait fini sa phrase, toutefois ces temps-ci, il faisait preuve d’incroyable retenue et Nike se sentait un peu moins comme une mère offensée, un peu plus comme la petite amie.

Elle n’a même pas à hésiter, la réponse est depuis longtemps sur le bout de sa langue. Elle s’apprête à répondre, seulement pour se faire couper par Theodore qui se redresse d’un seul coup, se frappant la tête avec sa main libre.

« Mais quel idiot, je savais bien que j’oubliai quelque chose ! »

Et sur ce, il lâche sa main et part trifouiller dans sa table de chevet, à genoux sur le bord du lit. Curieuse, elle s’assoit sur le lit, essayant de distinguer ce qu’il pouvait bien chercher dans le petit meuble tout en murmurant furieusement de cette manière. Il n’avait tout de même pas oublier de…

Oh mais si. Il avait oublié.

Au bout d’une minute d’intense recherche, elle peut l’entendre s’exclamer de contentement avant de faire volte-face –aussi rapidement qu’il le peut à genoux sur un lit-, une petite boîte en main, un sourire embarrassé aux lèvres. Nikephoros ne sait plus si elle doit pleurer au rire.

Il ouvre la boîte et elle comprend enfin pourquoi toutes les filles se mettent à pleurer à ce moment précis. C’est réel. La bague en argent scintillante à l’intérieur même sous le mauvais éclairage de la petite chambre est bien réelle, et il est bien réel, il est bien agenouillé en face d’elle, bien que sur ces deux genoux et…

« Nikephoros Schnceberger (il avait dû s’entraîner un sacré bout de temps pour dire son nom sans buter), veux-tu m’épousé ? Je comprends si tu ref-…

-Oui, oh mon dieu oui Theodore, je le veux. »

Et le baiser est bien réel.

Wow. C’est en train d’arriver. Ca n’est sans doute pas la plus belle demande au monde, ni même la plus émotionnelle, mais c’est la leur, c’est eux. Les larmes roulent sur ses joues et entre deux baisers, Theodore les essuient tout en soupirant de soulagement.

« J’ai vraiment cru que tu allais refuser. »

Elle rit. Il se souvient qu’il peut à présent lui glisser la bague au doigt, sans oublier de faire un commentaire stupide pour s’excuser de la qualité médiocre de celle-ci, et Nikephoros doit l’embrasser pour le faire taire parce que la bague est parfaite. Grand dieu, pourquoi les rôles semblent subitement échangés ?

« Désolé, j’ai tout foiré. C’était horrible et… Quel idiot oublie la bague, sérieux ?

-Eh bien, toi, visiblement. »

Le blond bougonne, la châtain lui tapote la joue, tout sourire.

« C’était parfait Theo, tu as été parfait. Honnêtement, ça ne change rien ; tu aurais tout aussi bien put me demander en mariage dans une station essence avec une bague bonbon, ça aurait été tout aussi fantastique.

-Mais tu mérites tellement mieux…, » marmonne-t-il, les yeux baissés, la voix basse. Nikephoros dépose un léger baiser sur son nez afin de ramener son regard sur elle. Elle sourit doucement, et finalement, il le lui rend.

« C’était parfait.

-Tu es parfaite. Je t’aime, Nike.

-Redis mon nom entier encore une fois ?

-Hey ! On ne se moque pas ! »

Il la bouscule doucement, amusé et ils retombent tous les deux sur le lit dans un océan de rire.

Elle pense que c’est la meilleure demande en mariage du monde et est bien enclin à lui faire part de son point de vue.

■□■□□■□■

De toute sa vie, elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi anxieux que Theodore sur le palier des Schnceberger.

« Mon costume est bien mis ? Ton père fait vraiment presque deux mètres ? Ils parlent suédois au moins ? Et s’ils découvrent que je ven-…

-Tout va bien se passer Theo, et ton costume est splendide, » répète Nikephoros pour la énième fois de la journée.

Honnêtement, elle-même n’était pas très sûre que tout allait bien se passer, parce qu’après tout, c’est la première fois qu’elle va présenter son copain à ses parents. Ils savent, bien sûr, qu’il existe, ils savent son nom, elle leur en a un peu parlé, et à chaque fois ils insistaient pour le rencontrer, ce qui, jusqu’à présent, ils avaient tous deux remis au mois prochain à chaque fois ; cependant la bague qu’elle avait au doigt indiquait qu’il fallait vraiment qu’ils passent par cette étape.

Le problème des parents du garçon avait été vite réglé, vu qu’ils ne veulent toujours pas voir leur fils et habitent à l’autre bout de la Suède, ce qui les arrangent bien tous deux. Emil et Nova approuvait totalement leur union, c’était tout ce qui importait à Theo, et donc tout ce qui importait à Nikephoros.
De son côté, Pia et Saga avaient immédiatement donné leur feu vert, glissant même un préservatif dans sa poche avec un clin d’œil – ce qui ne manqua pas de la faire tourner au rouge vif.

Il ne reste plus que ses parents, l’épreuve la plus effrayante pour eux deux. Theodore avait beau s’être racheté une conduite, il valait mieux que son père ignore à jamais sa ‘fougueuse jeunesse’.

Elle serre sa main doucement, lui adresse un dernier sourire et sonne à la porte. Cette dernière s’ouvre à peine quelques secondes plus tard sur sa mère, grand sourire chaleureux aux lèvres.

« Oh mon dieu, que tu es mignon ! »

Oui, pas de bonjour, pas d’introductions normales, la grecque s’extasie d’abord. Nikephoros est presque certaine qu’elle avait campé devant la porte toute l’après-midi.

« Maman, tu as vu des photos.

-Elles ne lui faisaient pas honneur ! »

Exaspérée, embarrassée, les joues rouges, Nikephoros pose son regard sur son fiancé qui semblait s’être transformé en statue de glace à ses côtés. Elle lui tire le bras pour le ramener sur terre. Sa main est moite comme jamais ; elle compatit.

« Je… Les photos sont loin de vous rendre justice également, Madame. »

Sa mère rit, une main devant sa bouche, plus qu’évidement flattée – tout comme sa fille, elle est un vrai livre ouvert.

« Tu es trop bon, mon garçon. Oh, mais quelle horrible hôte je fais, entrez donc ! »

Elle s’écarte de la porte puis les mène en chantonnant joyeusement jusqu’au salon où les attendaient l’épreuve principale de la soirée. Son père se tient au milieu de la pièce, l’air dur, dominant largement le petit blond qu’est Theodore. Il serre un peu trop fort sa main et elle peut pratiquement lire ses pensées.

Mon dieu, des géants.

Nikephoros peut presque palper l’intimidation dans la pièce tandis que le regard du grand allemand décortique le suédois de la pointe de ses chaussures au haut de son crâne. Elle écrase le pied lui donne un coup de coude. Parle, je suis là.

« Bonjour Monsieur ; moi qui vous pensais impressionnant sur les photos, je suis scotché. »

Ils savent immédiatement que c’était la bonne chose à dire car le visage du grand homme se fend en un large sourire amical. Il tend l’une de ses larges mains au pauvre garçon dont les jambes tremblent toujours sous la pression.

« Et tu as plus l’air d’un garçon de confiance en vrai. Enchanté, petit. »

Theodore s’empresse de lui serrer la main. Nikephoros et lui échangent un regard complice. Première bataille de gagnée, plus qu’une bonne quinzaine avant de gagner la guerre.

Après les présentations –rapides puisqu’ils connaissaient déjà l’essentiel des noms, en réalité, c’était plutôt des clarifications du type : « tu peux m’appeler Ulrich »- ils s’installèrent autour d’une jolie table bien dressée pour l’occasion. Nikephoros réprimande son père pour avoir pris son air de grand méchant, sa mère s’affaire autour de Theodore qui l’aide à amener les plats sur la table, bien qu’honnêtement, tous savent qu’il est le plat principal de ce soir.

« Alors comme ça tu veux épouser ma fille ? »

Oui, bon, son père est le policier, pas la raffinée professeure qui tourne autour du pot comme sa mère. La fourchette du blond s’immobilise en plein air pendant quelques secondes avant qu’il ne la repose, l’air solennel.

« C’est exact. Je vais l’épouser. »

Ulrich hausse un sourcil, lance un regard à sa femme qui semble très excitée par la nouvelle à en croire son énorme sourire. Nikephoros tapote la cuisse de son fiancé sous la table.

« Bien. Es-tu certain de bien pouvoir t’occuper d’elle, de pouvoir la supporter-…

-PAPA !

-…- jusqu’à la fin, et ce même si elle devient toute vieille et ridée et…

-J’en suis absolument certain. »

Theodore n’hésite pas une seule seconde, soutient même le regard perçant de l’allemand sans ciller une seule fois –bien qu’il soit incroyablement nerveux et que tout son corps soit en train de trembler. Nikephoros est fière de lui, vraiment fière, et vraiment admirative également.
L’échange de regard dure une bonne trentaine de secondes, après quoi son père rompt à nouveau l’ambiance tendue par un doux sourire.

« Parfait. C’est assez pour moi. Mais si tu ne tiens pas parole…

-Chéri, ne l’effraie pas. »

Aikaterine saisit le bras de son mari, l’air sévère, la voix sèche alors qu’elle lui faisait doucement la leçon en allemand sous le regard abasourdi de Theodore qui n’a alors aucune idée de ce qui est en train de se passer. Nikephoros doit se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire au nez de son copain. C’est quelque chose à laquelle il faut s’y habituer, pour sûr.
Après que son père se soit écrasé sous les menaces de sa femme, il adresse un petit sourire timide au jeune couple.

« Vous faîtes un très beau couple. »

Sa mère gagne toujours ; ce qui, malheureusement, ne signifiait pas la fin des questions.

■□■□□■□■

Ça n’arrive qu’aux autres les accidents de voiture meurtriers, c’est bien connu.

Ça n’arrive qu’aux autres et Theodore ne fait pas partie des autres alors ça n’est pas censé lui arriver, ni à lui, ni à Pia, ni à Saga, ni à ses parents, ni même à elle-même. Ça n’existe pas, les accidents de la route dans son entourage.

Ah, cette grosse blague.
La vie tacle ses convictions, parce que c’est marrant, peut-être. Elle ne sait pas, ne veut pas savoir, ne veut pas entendre.

Ne peut pas.

Sa mère embrasse doucement sa joue, son père lui murmure qu’ils l’attendent, qu’elle peut prendre tout son temps. Saga prend Nova dans ses bras, pauvre petite Nova qui ne sourit plus. Emil ne pleure plus depuis longtemps, le regard dans le vague il se laisse mener par un oncle, ou peut-être un cousin, peut-être même son père. Elle ne connaît pas tous ces gens agglutinés autour de la tombe, ou peut-être bien que si, cependant ses yeux ne quittaient pas les fleurs qui ornaient la pierre grise et froide.

Elle sort du lot avec sa robe jaune, son grand chapeau de paille et son mètre 90. Elle reçoit des regards de travers mais personne n’ose dire quoi que ce soit ; Theo n’aime pas le noir, c’est glauque, c’est nul, ça lui rappelle les rues sombres et il n’en veut plus. Il aime sa robe jaune, il aime l’appeler poussin transgénique, ça le fait sourire, ça lui fait plaisir, ça lui met du baume au cœur. Il dit qu’ils vont pas se marier en blanc, qu’elle va mettre du jaune et lui du vert fluo et faire mal aux pupilles de tous les convives, tant pis pour les codes, tant pis pour la décence, ce sera un mariage heureux. Nova aura une robe rouge, Emil un costume orange, Pia un costume de poule, Saga une robe rose barbie et ce sera la grosse fête, ses parents seront en larmes et à la fin, Theo mettra des talons plate-forme de 20 centimètres pour se sentir grand.

Ce sera un beau mariage, un mariage heureux.

C’était censé en être un.

Mais une pierre tombale ne pouvait pas dire oui, ni non, ni je t’aime, ni rien du tout.

Nikephoros serre le bouquet de tournesols dans ses mains, se mord la lèvre jusqu’à ce que cela justifie l’humidité de ses yeux. Une main vient se poser sur les siennes, un petit sourire fatigué rentre dans son champ de vision. Les yeux de Pia brillent de larmes. Elle ne dit rien, parce qu’il n’y a rien à dire, ou parce que tout a été dit.

Peu à peu la foule s’estompe, bientôt il ne reste plus qu’elle et Pia, côte à côte, regards sur la pierre qui ne dit rien. La petite brune dépose les coquelicots qu’elle tenait et s’éclipse discrètement, consciente que son amie a besoin d’un moment seule avec son fiancé.

Enfin. La pierre grise avec son nom inscrit dessus et son corps six pieds sous terre.

Ah, ce n’est pas son genre d’être si pessimiste. Son domaine à elle, c’est la poésie et le langage, pas la rationalité. Theodore s’en charge, de ça. S’en chargeait.

La conjugaison est cruelle, elle n’a pas envie de pensé aux règles. Au diable les règles ! L’imbécile qui conduisait sur la mauvaise voie avec trois grammes dans le sang n’en avait rien à faire des règles.

La grande métisse décide de s’assoir, principalement à cause de ses jambes qui commençaient à lui faire défaut –le manque de sommeil, le stress, le choc, l’horreur. La hauteur lui donne mal au cœur soudainement. A terre, elle est plus proche de lui.

« Hey. »

Elle ne sait pas trop ce qu’elle est censée faire, personne ne lui a jamais donné de cours sur comment faire pour assurer à l’enterrement de son fiancé. C’est une grande littéraire, elle sait parler quatre langues, peut-être qu’elle devrait s’en servir.

« Je t’aime. »

Elle a l’impression de ne pas l’avoir assez dit au cours de leurs années ensemble, et si elle l’a trop dit, tant pis. Elle renifle, joue avec les fleurs dans ses mains.

« Tu sais que c’est la mort la plus con au monde après se noyer dans un verre d’eau ? Je te pensais plus original. »

Ça pique les yeux.

« Il y avait pas de pierres vert fluo, désolée. Contente-toi des fleurs. »

Et qui t’as demandé de mourir, aussi ?

« Il y en a beaucoup, on dirait presque un mariage. »

Vive les mariés. Ploc, ploc, des larmes s’écrasent sur ses longs doigts qui torturent les pauvres tournesols. Sa gorge se noue, cependant cela ne l’empêche guère de continuer à déblatérer, la voix brisée.

« C’est franchement nul, merde. J’suis désolée, je sais que t’aimes pas quand je pleure. »

Elle tente un sourire, finit par rire hystériquement à travers ses sanglots.

« On va faire la fête après, promis. Content ? Ça va aller. »

C’est ce qu’il aurait voulu, qu’ils fassent la fête. ‘Aller, un idiot de moins, buvez du champagne !’. Plus facile à dire qu’à faire.

« Je bois même pas, imbécile. Pas grave, je vais me saouler au jus d’orange et me gaver de cupcakes, c’est le même effet, hein ? »

Sauf qu’elle ne se transforme pas en Staline II.

« Tu me manques. »

Il n’y a rien d’autre à dire en réalité, mais elle trouve quand même une quinzaines de choses complétement inutiles à raconter à la pierre tombale qui reste de marbre faces à ses larmes et lamentations.

C’est la vie, c’est comme ça.

Il y a des accidents et ça ne touche que les autres jusqu’à ce que ça vous touche vous. Il y a des connards qui ne savent pas ce que c’est qu’être responsable, d’autres qui se trouvent juste au mauvais endroit au mauvais moment ; Theodore est passé dans la catégorie des autres en même temps qu’il a passé le pas entre vie et mort.

Elle jette les fleurs pêle-mêle sur le tas et rabats ses longues jambes sur elle-même. Nikephoros serre, pose son front sur ses genoux et pleure encore. Il n’y a rien à faire d’autre.

Dans quelques années sûrement, ce ne sera qu’un souvenir douloureux, elle visitera la tombe aux bras d’un autre et la pierre sera heureuse pour elle, sans doute.

Ce sont des petits bras qui l’enlacent quelques dizaines de minutes plus tard. Le soleil montre déjà des signes de faiblesses en ce beau vendredi de mai, et Nikephoros décline également. Elle a cessé de pleurer depuis un moment, cessé de parler, seuls ses yeux rivés sur pierre inerte continuent de fonctionner.

Nova dépose un baiser sur sa joue.

« Il est dans un joli endroit avec des animaux multi-couleurs, tu sais ? Je suis sûre qu’il est en train de se plaindre des chiens. »

Ça a le mérite d’arracher un petit sourire à la jeune adulte. Elle tourne son visage pour regarder celui de la jeune fille. Elle sourit également, doucement, tristement, les yeux rouges d’avoir tant pleurés et violets d’avoir tant veillé. Elle s’y voit un peu, dans ces grands yeux bleus déjà fatigués par la vie.

Nikephoros la serre dans ses bras quelques instants, son propre regard chocolat tombant un instant sur la tombe, une dernière fois aujourd’hui.

« J’en suis certaine. »

Elle prend une grande inspiration, ferme les yeux, et quand elle les rouvre c’est à nouveau sur le petit sourire et les yeux brillants de Nova. Elle a assez veillé.

« Allez, on rentre à la maison. »

Peu importe quelle maison, à cette heure, ils sont toujours et tous une grande famille.

■□■□□■□■

Lorsque son portable tombe pour la cinquième fois en dix minutes sur son visage, Nikephoros prend ça comme un signe divin qui lui indique qu’elle doit absolument se mettre à réviser pour ses examens.

La procrastination la frappait fort ces jours-ci, et à chaque fois qu’elle se résignait à ouvrir un livre, quelque chose se passait. Ce matin même, par exemple, Emil était passé avec Nova, et ce qui était censé être une visite rapide s’était transformé en une séance intense Mario Kart – Emil devait tricher, il n’y avait pas d’autre moyen de gagner 8 courses d’affiler pas pur et simple talent –puis finit par un repas plus ou moins diététique durant lequel Nova faisait l’animation avec grand professionnalisme.
Les deux la visitait souvent depuis la mort de Theodore, ce qui lui faisant autant de bien à elle qu’à eux. Elle en était très reconnaissante à Emil, bien consciente que son intention principale était de vérifier qu’elle allait bien, et était très heureuse de s’apercevoir que c’était également bénéfique et père et à la fille ; accepter l’accident avait été une vraie épreuve pour eux trois et ils auraient très bien pu s’éviter jusqu’à la fin des temps –elle y avait pensé- si lui n’avait pas décidé qu’une bonne thérapie de groupe était la meilleure solution. Ils sont une famille, après tout, et les familles, dans les coups durs, ça se serre les coudes et ça joue à Mario en trichant avec des chips plein la bouche.

Cela faisait maintenant 7 mois depuis l’accident et ce serait mentir que de dire que Nikephoros avait totalement récupéré. Pour faire simple, elle n’y arrivait tout simplement pas et ne comprenait même pas comment une telle chose pouvait se faire. Avec le temps, beaucoup de temps sans doute, elle arrêterait d’en pleurer la nuit, arrêterait de tout ramener à Theodore, arrêterait même de visiter presque quotidiennement sa tombe. On ne s’y fait pas à ces choses-là, on vit avec, c’est tout.

Elle s’admet simplement chanceuse d’avoir autant de gens derrière elle pour la soutenir et l’occuper au quotidien.

Nikephoros s’attable à son bureau, sort ses cours et entame une séance de self-motivation impressionnante en se promettant un énorme sandwich poulet-mayo – son préféré- si elle arrive à réviser au moins deux matières dans les deux heures qui suivent. C’est faisable. Probablement. Si elle s’y met. Ses jambes ont l’air plus fines. Elle doit manger un truc. C’est quand déjà qu’elle doit aller au studio ? Elle doit absolument aller voir pour un cadeau de mariage aussi.

Quelle idée de se marier en hiver, sérieusement ? Pia et Saga, mesdames, messieurs. Les deux jeunes femmes s’étaient mises en tête de se marier en Janvier, au beau milieu de nulle part, quand il va faire bien froid et bien neige aussi. Elle suppose qu’il y a un certain charme, et puis, Pia a toujours préféré l’hiver. Nikephoros a beau se plaindre, elle-même est impatiente d’y être. Le mariage de sa meilleure amie, sa sœur, son âme-sœur ! Avec l’une des filles les plus merveilleuses qu’elle ait pu faire la connaissance, charmante, belle, intelligente, sociale, qui la rend super heureuse et qui est aussi sa coloc et… Bref.

Bientôt, l’appartement allait devenir bien vide, ça, par contre, elle n’y était pas tout à fait préparée. Elles ne déménageaient pas loin, et sans doute que c’était bien mieux, pour elles ou pour elle-même, au niveau privé, mais elle s’y était habituée à voir ses amies rôdées dans la cuisine à deux heure du mat’, ou encore à se bécoter tranquillement devant la télé, ce genre de choses… Certes, c’était souvent un peu lourd, mais vu que la plupart du temps elle était nichée chez The-ah. Elle n’y était plus. Elle n’y avait remis le nez qu’une fois pour récupérer les affaires, puis il avait été loué à quelqu’un d’autre. C’est mieux. Beaucoup mieux.

Pour dire la vérité, ça lui faisait peur, de vivre seule. Elle n’en avait pas la moindre envie, mais qui était-elle pour s’opposer aux choix des deux amoureuses ? Elles visiteraient, Emil et Nova aussi, ses parents, ses amis d’université…
Et la nuit elle sera à nouveau seule.

Le téléphone sonne. Sonne encore. Et personne n’y répond, ce qui est assez curieux puisque Pia est dans la pièce juste à côté en train de jouer à la DS. M’enfin, ce ne serait pas la première fois qu’elle s’endort en plein milieu d’une activité, et vu que madame a le sommeil très profond, il faudrait une invasion allemande pour la réveiller.

Ce qui tombe très bien, puisqu’elle est techniquement à moitié allemande.

De quelques sportives enjambées et ouvertures de porte, Nikephoros se jette sur le téléphone, décroche dans la foulée et accueille chaleureusement son interlocutrice, soit la dame qui s’occupe des robes de mariage, qui veut, bien entendu, parler à Pia.

« Ne quittez pas, je vous la passe dans quelques secondes. »

Et sur ce, elle traverse aisément le salon en quelques grandes enjambées en direction de la chambre de la brune aux cheveux courts et au sommeil de titan. En bref, Pia quoi.

« PIA NE DORT PAS QUAND QUELQU’UN DOIT T’APPELER ALLER DEBout ? Pia ? »

La porte s’ouvre en grinçant, comme elle le faisait toujours, sauf que derrière, il n’y a pas de Pia, pas de chambre similaire à la sienne, pas même une petite pièce.

Non, c’est dans un grand hall qu’elle se trouve.

Lourdement, bien plus lourdement qu’elle n’aurait dû, la porte se ferme derrière elle.

Téléphone toujours en main, Nikephoros cligne des yeux.

Pardon ?

■□■□□■□■

[HS: OH MON DIEU CETTE HISTOIRE EST HORRIBLE PARDONNEZ MOI. Il fallait vraiment que je la finisse mais what. DESOLEE.]

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MessageSujet: Re: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitimeJeu 17 Avr 2014 - 21:27

Heeeeeey sweeeeetie ♥
Bon, j'avais lu ta fiche depuiiiiis longtemps, comme tu le sais bien. Nevy (la même personne qui me harcèle pour te valider, c'est dire) m'avait spoilé la fin mais qu'importe, c'était cool ;A; Theo restera à jamais dans nos cœurs.

Nikeféroce, cette bombasse est donc, par les pouvoirs qui me sont conférés, VALIDEE. Ce n'est que ton DC, mais j'ai confiance en toi. Je sais que tu connais le chemin, alors va ma douce ~ Que ton personnage crève tous les plafonds avec sa taille indécente.
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MessageSujet: Re: SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper    SCHNCEBERGER Nikephoros ☼ Like A Skyscraper  Icon_minitime

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