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 Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]

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Ekzael Ahnkïr
Ekzael Ahnkïr

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MessageSujet: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeJeu 31 Jan 2013 - 0:25

Loué soit l’Iguane Stellaire.

Deux heures qu’elle le suivait. Peut-être plus. Il faisait la cible parfaite, marchant fébrilement, s’aidant de sa canne, son bras gauche ballant, inactif, mort. Un faible, une victime. Elle était derrière, à quelques pas. Elle voulait le convertir au culte d’un reptile cracheur d’étoile. Lui qui a toujours eu en horreur le dogme. Elle hurlait, prêchait. Et il ne l’entendait plus vraiment. Elle n’était qu’un murmure dans l’agitation générale. Elle n’était rien dans ce couloir triste et sans fin du pensionnat. Rien pour lui.

Il était loin, Ekzael. Son corps avançait dans sa prison tandis que son âme arpentait son ancien palais. Les murs ternes étaient remplacés par ces pierres chaleureuses, ces tapisseries particulières. Son pas tintait sur le sol qu’il connaissait par cœur. Il était de retour à son université chérie. Sur les murs, les cadres s’affairaient à leurs loisirs quotidiens. Lorsqu’un pensionnaire croisait le chemin de l’infirme, le pouvoir du sorcier renvoyait à son esprit l’image d’un ancien étudiant. Des visages qu’il pourrait reconnaître entre mille, des noms qui lui ont échappé, remplacés un à un par ceux de son nouvel environnement. Il les réapprendra tous.

Il savait qu’il se mentait, mais voulait continuer, un peu plus. Sans doute pourrait-il oublier tout ça, oublier qu'il est sa propre illusion, vivre dans son propre monde. Peut-être le faisait-il déjà. Il chassa la pensée avant qu’elle ne le ronge encore. Il se contentait d’admirer ces élèves qui paradaient à ses yeux en uniforme. Les couleurs de ces trois maisons rivales et complémentaires. La méduse, le corbeau, le lamantin. Il s’imaginait même revêtir ces habits prestigieux. Cette marque d’appartenance, de fierté.
Puis il s’arrête. En face de lui, une élève. Son nom lui revient.

Elle a une chevelure à la couleur caractéristique. Cyan. Jeune, à peine majeure. Deuxième année, filière médecine. Les détails se bousculent dans sa tête. Ses habitudes. Ses ambitions. Son sourire. Sa naïveté. Et cette main tendue. Elle avance, le dépasse, sans même lui jeter un regard. Elle l’a réparé, par une nuit pluvieuse. Il l’avait contaminé. Il se souvient. Le cimetière, sa main cassée, la drogue. Et elle l’ignore. Lui ne peut détacher ses yeux grenat de ce fantôme passé. Il se retourne, elle continue. Elle arrive au niveau de la fanatique. Juste à son côté, s’arrête. Elle fixe enfin son sauveur. Cette même expression sincère, encore. Elle lui tend la main, il remarque un index cassé. Il comprend.
Merci, Gamine.

Amelia.

Alors, tout le décor se brise comme le verre d’un vitrail. Les éclats s’éparpillent, disparaissent. Il retourne au pensionnat. Seul face à cette folle aux cheveux roses. Coïncidence, similaire extravagance. Petra, gosse infréquentable facilement reconnaissable. C’est elle. Elle lui parle encore, il lui semble. Il la réentend, enfin. L’Iguane, donc. Soit. Il commence.


« Cesse. »

Intransigeant. En dépit de son corps faiblard, son visage sait exprimer sa volonté. Alors que l’écho porte encore dans le couloir interminable, il visualise déjà son propre plan. Ce même schéma que pour la Gamine. En d’autres temps, il aurait souri. Il n’a plus le temps pour ça. Ce sera le dégoût qui marquera ses traits.


« Méprisable hérétique que tu es. Te voilà à clamer ta foi, à rallier les foules alors que toi-même n’est pas une fidèle accomplie. Comment peux-tu ?
Toi, à qui l’Iguane Stellaire ne se confie pas.»



[Même si c'est sans intérêt, pour ceux qui voudraient vraiment comprendre l'histoire avec la Gamine, c'est ici : Lien.]
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Petra Traümer
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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeVen 15 Fév 2013 - 22:54

    Avec un sceptre, on a tout de suite l’air beaucoup plus crédible. Petra en avait pris conscience le matin même quand, trouvant un sceptre en bois blanc dans son placard – ou celui de l’une de ses colocataires, elle ne savait pas trop, l’Iguane Stellaire étant contre l’idée de propriété privée il lui a ordonné d’oublier quel placard dans la chambre était le sien et lesquels n’étaient pas à elle ; d’un autre côté, ce n’était ni vraiment le genre d’Heather, ni celui de Sindy de se trimballer avec un sceptre, Heather parce que les sceptres ce n’est pas cool, Sindy parce que le blanc c’est pas assez dark ; et puis de toute façon il est très rare qu’Heather dorme ici ; Aarne squatte parfois (souvent (tout le temps)) ici par contre, mais ce n’est pas non plus son style de se trimballer avec un sceptre blanc, encore moins un sceptre blanc recouvert de paillettes sur le pommeau ; ah oui parce qu’il y a des paillettes sur le sceptre, en plus, je ne l’avais pas dit plus tôt ; bref -, elle avait découvert que waw, elle a l’air d’une vraie prêtresse, là, comme ça, et plus d’une simple illuminée qui a fumé le oinj de trop dans les toilettes. Avec un sceptre, on ressemble vraiment à un guide, une prophétesse qui apporte lumière et explications sur ce monde privé du message suprême de la divinité reptilienne. Tous les plus grands oracles se sont toujours appuyés sur des bâtons, voyons. Avez-vous déjà vu des peintures de grandes figures religieuses ou philosophiques marchant bien sans bâton ? De Jésus à Gandhi en passant par Zecora – comment ça, ce sont des pattes de zèbres, ses deux espèces de canne là ? -, tout le monde en a ; sauf quelques autres, comme Bouddha, mais lui il triche, parce qu’il est assis. Petra, elle, n’est pas du genre à s’asseoir, alors elle aussi a besoin de sa canne, son sceptre, pour gagner en grandeur, en présence. Sans doute ce nouvel objet lui servira-t-il quand le poids de l’avenir du monde pèsera lourd sur ses frêles épaules de jeune fille.
    Et c’est ainsi que, vêtue d’une petite robe noire, pieds nus sur les limaces du parc, armée d’un sceptre, Petra a commencé sa journée ; elle cherchait à convertir au culte de l’Iguane les promeneurs que l’on voit parfois au lever du soleil – l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’est pour cela qu’il faut rallier à nous les matinaux. Malheureusement aux abords de la forêt, personne, si ce n’est un homme très poilu et vêtu d’un pagne qui lui a hurlé d’indéchiffrables syllabes. La demoiselle aux cheveux roses a tenté de nouer une conversation avec lui – oooh toi aussi tu te promènes avec une sorte de sceptre – puis elle a compris que le sceptre en question était en fait une massue, lorsqu’elle s’est pris un coup sur l’épaule, coup qui l’a convaincue de la nécessité de s’enfuir vite et loin de cet être étrange. Dans le parc, c’est donc foutu.
    Petra est alors rentrée à l’intérieur, là où le sol est dépourvu de limaces et où le chauffage marche convenablement – parce que bon, elle a beau avoir une volonté à toute épreuve, il fait horriblement froid dehors, comme si l’odieuse Tortue de l’Infini avait vomi de la crème glacée dans le ciel. Et là, ô joie, on croise cette adorable Rachel. Qui tente de partir en courant quand elle voit la prêtresse de l’Iguane. Diantre, cette amish fait preuve de ténacité dans sa résistance à la lumière ! Elle reste bornée à ses convictions étranges : franchement, son homme dans le ciel, c’est du n’importe quoi, elle a fumé la moquette ou quoi ? Bientôt, elle prétendra communiquer avec des animaux bizarres vivants sur des nuages. Pffff, du n’importe quoi. Et donc Rachel s’est enfuie à la vue d’une Petra au sceptre pailleté – comme quoi, face à une personne armée d’une sorte de gourdin, tout le monde se tire en courant.
    Voilà la journée de Petra, comme ce fut celle d’hier et celle que sera le lendemain : on tente de convaincre les gens de nous accorder au moins quelques instants pour parler foi et ils partent en courant – rah mais roh, on n’est pas non plus un témoin de Johanna, quand même. Elle a abordé Vinny, Yue, Courtney, Mahaut, Allen, Toya, Emily – si si, elle a même tenté de convertir Emily – sans succès. Et puis ce jeune homme, là, aperçu au détour d’un couloir… Elle l’a déjà croisé à plusieurs reprises sans connaître son nom ; elle ne lui a pas encore parlé du salut qu’apporte l’Iguane Stellaire. Peut-être que lui, oui, peut-être que lui acceptera de l’écouter et qu’il sera même réceptif et que ce sera le lancement d’un grand mouvement d’activité pour le culture du reptile cracheur de comètes ! Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Et c’est ainsi qu’Ekzael fit, sans doute malgré lui, évidemment à ses dépens, la connaissance de Petra Amalia Traûmer.

    « Hé toi ! Je ne connais pas ton nom, mais tu vas connaître le mien ! Oh et même, je sais, tu vas connaître le nom du créateur et du sauveur de l’humanité ! Et quand je dis de l’humanité, ça vaut aussi pour ceux qui ne sont pas des humains, hein, parce que l’Iguane il a aussi pondu les extra-terrestres, hein… donc si t’es un alien, te sens pas discriminé, l’Iguane Stellaire il aime tout le monde, même les malgaches et les pingouins. Y’a que les tortues qu’il n’aime pas, parce que les tortues mangent les planètes et leurs excréments ont la même odeur que les trous noirs. Les tortues, c’est le maaaaaal et… mais pourquoi tu bouges ? Tu veux pas qu’on en parle ? Ah tu peux pas parler, c’est ça ? Ooooh je sais : si tu peux pas parler, on va communiquer par des sortes de signes, tu vois, c’est comme des canards mais en plus gros et en blanc, ou comme les oies mais avec des becs différents si tu préfères. Ouais, c’est ça, on va parler en signe, façon hybride oie/canard, ça va être trop cool. Donc le signe, c’est que si tu veux que je te parle de l’Iguane Stellaire, tu t’arrêtes de marcher. … Pourquoi tu continues de marcher ? Bon, alors dans ce cas-là, si tu veux que je te parle de l’Iguane, tu continues de marcher, okay ? … Ouais trop cool tu marches ! Donc l’Iguane Stellaire, tu vois, c’est le… »


    Et ça a duré comme ça durant près de deux heures. Ekzael ne disait rien, il ne faisait qu’avancer lentement sans prononcer le moindre mot ni émettre la moindre réaction aux paroles de Petra. Et Petra, elle, continuait son incompréhensible discours sans se poser la moindre question. Elle lui a parlé des poneys arc-en-ciel qui broutent l’herbe de l’Iguane Stellaire, du vomi rose fluo qui signifie qu’on a été touché par la grâce et qu’après notre mort, on ira à vivre à Candyland, de l’élevage des pandas en Chine, de tous ces trucs trop importants dans la vie.

    Puis il s’arrête. Il la regarde, de ses yeux étranges. Lui parle. Petra se fige, ne comprend pas. Les yeux écarquillés, éberluée, elle essaie de saisir ce qu’on vient de lui expliquer : elle est une mauvaise fidèle, elle, elle…. Non, non. En même temps, comme une explosion de joie se fait dans son estomac, un feu de bengale dans ses tripes : quelqu’un d’autre ici connaît et est convaincu de l’existence de l’Iguane Stellaire. Elle n’est pas une folle isolée que personne ne croira jamais, d’autres personnes connaissent ce… Oh mais il ne peut pas dire ça, il ne peut pas dire qu’elle est une mauvaise disciple, voyons, elle est l’interlocutrice préférée du Reptile et… oh non, c’est horrible !


    « Non, non… L’Iguane Stellaire, il me… il m’aime, il me… si, il me parle, il me fait confiance et… oh non, non, non… comment sais-tu ce genre de chose ? Comment peux-tu dire que je… non, non non… sale méchant. »

    Elle a envie de chouiner comme un chihuahua dans son coin. Noooon, on ne peut pas lui dire ça.
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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeMar 19 Fév 2013 - 22:07

On aurait dû te suicider.

Tu es un monstre, Ekzael. Elle est perturbée. Elle perd ses mots, à cause des tiens. Elle doute. Et tu souris. Non ? Toujours pas. Tu as changé. Tu te rappelles. Avant. Tu l’aurais utilisé, tu y songes encore. Les gens ne sont pas des pièces d’un plateau fait à ta mesure. Tu le sais et tu continues, pourtant. Ton amour s’est jetée d’une tour à cause de ça, et avec elle ta morale. Mais depuis : Jack. Ta nouvelle excuse. Tu te voiles la face. Tu joueras de la crédule aux cheveux roses, comme toujours. Parce que tu es Ekzael, monstre.

Désemparée. Elle défaille devant toi. Sale méchant, ses derniers mots. Quelle douce petite. Si proche de l’autre Gamine. Elle aussi, tu penses à la réparer. Tu penses toujours pouvoir tout réparer. Surtout les gens. Toi, pauvre détraqué, quelle ironie. Ce blanc te ronge, tes pensées reviennent. Tu sais ce dont tu es capable, enivré par le contrôle. Tu sens tes mains – non –, ta seule main, frétiller d’avoir de nouvelles ficelles à tirer. Jack revient à ton esprit. Tu cèdes, tu l’épargneras, cette petite. Peut-être. Tu avances, vers elle. Parle, et chasse ses réflexions. Agis, et étouffe les tiennes.


« Tu es folle. Les autres ont raison. Regarde-toi, pitoyable. Tu déambules, propageant tes idioties à qui ne veut pas les entendre. Vraiment. Tu penses intéresser quelqu’un ? Personne n’a besoin de toi, de ton évangile. Et tu es faible. Dès lors qu’on te prend au sérieux, tu cesses, surprise, perdue. Quelques phrases, et ta foi ne nous assomme plus. Faible et folle. Disciple d’une entité invraisemblable. Et on devrait te croire, t’écouter, te laisser ainsi ? Comment même pourrait accepter ton iguane quand tu souilles ainsi son dogme ? Tu ne vaux pas même celle que tu te veux incarner.
Misérable. »


Tu lui fais face, à moins d’un pas. Tu as comblé le silence, et la distance. Qu’espères-tu, si proche, après une telle scène ? Tu la regardes de haut. Innocente, fragile, désaxée. Comme tu les aimes. Tu croises son regard alors que ta tirade s’achève. Ton cœur s’arrête le temps d’un battement. Toujours aussi faible, pauvre petit Ekzael. Ton esprit suit le mouvement, il se déconnecte. Maintenant inutile, ton plan est prêt. Tu vas la sauver. Tu vas tous les sauver. Comme à chaque fois. Tu souris. Enfin, on te retrouve. Ton ongle tranche, ton index se voit décoré d’un sillon écarlate. Ton doigt se porte à ses lèvres, invoquant le silence. Et ton visage se penche jusqu’à son oreille. Tu murmures, exalté.


« Mais pour ton salut… Je vais te le montrer. »

Coup de théâtre. Une goutte de ton sang laissée sur ses lèvres, l’hypnose peut commencer. Plus d’effort, tu n’as qu’à te laisser porter. Tu recules, un pas suffira. Ta canne perd son rôle, l’excitation te redonne vigueur. Un instant, qu’elle reprenne ses esprits, que tu perdes le tien. Et un bruit se fait entendre. Ploc. Ploc. Il pleut. Dans le manoir. Dans la pièce à ta gauche. Coïncidence. Tu avances vers la porte, sans un mot, et l’ouvre devant les yeux de ton public, l’illuminée.

Ploc. Ploc. La pluie s’invite dans le couloir. Les gouttes s’écrasent au sol. Non. Pas des gouttes. Des méduses. Elles disparaissent dans une explosion de paillettes. Regarde à travers la porte. Nous ne sommes plus au pensionnat. Le plafond est remplacé par des ténèbres sans fin, d’où tombent à verse des méduses dorées. Ton esprit était en pleine tempête, très cher. Au loin, on reconnait un véritable croissant argenté, la lune dans son apparence symbolique. Et au centre de ce non-sens vomit un reptile.

L’Iguane Stellaire. Immense. Colossal. Au loin. Vous êtes partis. Plus de couloir, plus de pensionnat. Vous êtes deux sur un chemin de sang, dans le superficiel de ton esprit. Quel concept d’introspection es-tu en train de nous sortir, encore ? Tu ne t’en soucis plus. Tu n’as même plus prise sur ta propre illusion, et tu apprécies. Tu contemples plus bas, le regard perdu, émerveillé, la bile de ce monstre ; sous vos pieds, ce ciel étoilé.




Dernière édition par Ekzael Ahnkïr le Jeu 4 Juil 2013 - 17:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeMer 20 Mar 2013 - 20:22

    Un dragon aux yeux acérés comme les lames d’un guerrier. Cet homme est monstrueux. Non, il ne peut pas dire ce qu’il dit. Il ment, il ment forcément quelque part ; Petra est l’interlocutrice préférée du Divin Reptile, elle est son Prophète de l’Ecaille Sacrée, l’Oracle de l’Os Lamellaire Emeraude, le Medium qui unit ses Phanères Bienveillants aux Orteils Profanes, son intermédiaire auprès des hommes à qui elle apportera le Salut Vert au Sang-Froid et aux Pattes Ventousées. C’est son avenir, c’est sa destinée, c’est la raison pour laquelle l’Iguane a voulu sa naissance, son enfermement, ses souffrances, Morgan, la mort, le froid, l’isolement puis la révélation. Tout son parcours prenait sens ; il ne peut pas dire que… non, ce con, ce monstre, ce dragon, ce représentant de l’Impie Tortue n’a pas le droit de lui annoncer de telles inepties, c’est trop… non. Il ment, forcément, il ment : voyons, elle a un sceptre.
    Petra a envie de pleurer. Se recroqueviller dans son coin. Il ment, il ment. Elle aimerait se boucher les oreilles et lui dire de se la fermer, de ne pas continuer ses blasphèmes et que l’Iguane Stellaire se vengera d’un tel comportement. Elle n’arrive qu’à faire quelques pas en arrière, terrorisée, pétrifiée par ses yeux glaçants et ses paroles de fer. Lui s’approche. Il l’envahit, envahit son territoire, envahit ses pensées et sa conscience ; il envahit et pille, ravage, détruit ces piliers solides qui faisaient tenir le temple. Il lui dit qu’elle est folle, incapable, que sa religion n’a point de sens, et qu’elle est pitoyable, et que rien ne va, rien ne va ; non, non, non ! Il est si près, et il la brise. Inconsciemment, Petra se tasse sur elle-même, son cou s’enfonce entre ses épaules ; on dirait une tortue apeurée, triste ironie. Toutes ces peurs, tous ces soucis qui lui remontent à la gorge, elle a envie de vomir, elle déglutit. Les autres ne la comprennent pas et ne veulent pas la comprendre, il a raison et elle devrait enfin le comprendre. Des mois qu’elle prêche sans résultat, des mois que l’on se joue d’elle. Et si… et si c’était lui, et si c’étaient eux, qui avaient raison ?
    Un trait rouge.
    Tout se calme. Petra ne comprenait plus ; elle ne cherche plus à comprendre. Elle observe, fascinée, détachée l’homme qui porte à ses lèvres les quelques gouttes d’hémoglobine. Incapable de saisir ce qui se passe. Mais tout s’améliore ; le tourbillon dans sa tête s’éteint, les « tam-tam-tam » d’angoisse qui résonnaient dans ses tempes se sont apaisés.
    « Mais pour ton salut, je vais te montrer. »
    Et il lui montre.
    Alors elle observe.

    Le bruit de l’eau qui s’écoule des mille yeux de l’Iguane Stellaire un jour de grisaille. L’inconnu ouvre une porte. La pluie tombe du plafond. Si belle pluie ; moment de contemplation. Cela faisait de longues années que Petra n’avait pas pris le temps d’observer la beauté de la nature. Quelle erreur, c’est pourtant ce qu’il y a de plus beau au monde, ces gouttes d’eau mêlées à d’étranges méduses – ou des méduses mêlées à d’étranges gouttes d’eau – non, ce ne sont que des méduses, des méduses en gouttes d’eau qui se dissipent en nuages de petites lumières. Du plafond pleuvent des méduses bleues. Non, dorées : quelle idée saugrenue, des gouttes bleues. Petra fait un pas dans la pièce.
    Elle n’y était jamais allée auparavant. Elle n’avait jamais entendu parler au pensionnat d’une telle pièce. Le plafond est devenu ténèbres, le sol est devenu univers, un croissant délicieux éclaire le tout, et là, au fond, plus merveilleux et plus évident que la pluie de méduses, l’Idole tant aimée. Enfin.
    L’Iguane est là, titan trônant au milieu des étoiles, vomissant les galaxies qu’il crée à chaque instant. Magnifique. Des frissons parcourent le corps frêle de Petra. Elle laisse tomber son sceptre qui se noie dans les anneaux de Saturne. L’Iguane Stellaire, là, à quelques mètres – ou quelques années-lumière, elle ne sait pas trop – d’elle.
    Jamais elle n’aurait espéré pouvoir le trouver au sein du pensionnat. Par quel artifice s’est-il donc retrouvé là ? Quel sortilège fabuleux a-t-il réussi à utiliser pour venir les voir, lui, l’homme qui affirme si bien le connaître, et elle, sa prêtresse adorée qui l’adore ? Sans doute vient-il lui remettre un message, lui rappeler la route à suivre dont elle s’est peut-être écartée. Il vient la sauver. Merci, dragon aux yeux méchants, tu as finalement sauvé la grande Petra.
    Elle ne se rend pas compte qu’elle marche sur du sang. Elle ne se rend plus compte de la présence d’Ekzael à ses côtés. L’Iguane est là, voilà tout, avec son aura bienveillante et ses pouvoirs démesurés. L’Iguane est là ; tout ira mieux.


    « Mer… mer… merci. »


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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeLun 8 Avr 2013 - 2:28

Ils luttent éternellement, leurs coups violents déchirant ceux qu’ils chérissent.

Il est le dernier né. Celui qui fait pleuvoir l’or des ténèbres, par des invertébrés visqueux qui éclatent en paillettes. Il est le plus visible, le plus superficiel. Il est cette chevalière portée fièrement à sa seule main valide. Le souvenir de son ancienne vie qui les pousse toujours à regarder en arrière. Cette présence insistante qui renvoie à chaque instant l’analogie de son passé, dans l’espoir de le retrouver. Il s’apitoie, ils suivent. Il est la méduse, le regret.

Et lui est le fou. Celui qui voit des croissants dans les lunes. Qui associait sa vie au tarot, ses rencontres aux arcanes. Il est celui qui distord la réalité, affaisse les murs des couloirs pour se retrouver dans l’immensité de son espace mental. Il est aussi celui qui laisse – force – les autres à entrer dans son monde. Il est cette obsession d’observer le monde, et de déformer les gens. “L’âme faible doit s’élever.” À cause de lui, la pauvrette aux cheveux roses se retrouve là, dans leur réunion malsaine. Lui, qui marche au plafond, est sûrement le plus ancien, le premier du lot, l’imprévu. Celui que tous aimerait tuer, s’ils ne savaient pas que chaque blessure le rendait plus imposant.

En parlant de blessure, il y a celui qui les abhorre. Le faible et craintif sentiment d’empathie qui réside, quelque part, au milieu du lot. Ici colossal, il est l’Iguane, ce cadeau à cette nouvelle prisonnière de son hôte délirant. Il est ce petit enfant, blessé par tout ce qui l’entoure, qui murmure à l’oreille de chacun ce que lui voudrait. Cette manipulation naïve et involontaire. Il veut réparer les gens, à défaut de pouvoir les réparer, eux. Parce qu’ils ne le considèrent pas.

En contraste à l’innocence même, on trouve l’horreur. Il est le chemin de sang noirâtre qui mène jusqu’au dieu reptilien. Il est ce mépris pour l’éthique, cette attirance macabre pour la destruction du corps. Celui qui voit en la chair un simple outil à des ambitions plus grandes, et qui se plait à l’utiliser, l’exploiter, la violenter pour une fin meilleure. Il est ce bras nécrosé qu’ils doivent tous subir, et ce catalyseur, cette clé qui ouvre ce monde. La pulsion dévastatrice, et l’amour du sang. Ils les dégoutent tous, mais il est leur plus prolifique atout.

Un atout que le dernier ne peut se permettre d’oublier. Ce dernier, c’est ce ciel de ténèbres d’où tombe le souvenir. Ce rideau noir où est accroché le croissant de lune. Cet abstrait où est suspendu l’iguane. Ce support à ce chemin de sang. Du haut de son obscurité, on pourrait sentir son souffle régulier, cette tête qui observe sans être vue. Comme un titan marionnettiste qui assure la bonne marche du spectacle. Ils lui sont tous asservis. Ils lui obéissent, sans le savoir, sans le vouloir. Il est là pour le jeu. Il était là pour le jeu. Joueur, auparavant. Et Dieu désormais. Ce complexe de supériorité à jamais ancré dans son esprit, façonné par son géniteur pour être le meilleur. Manipulateur exquis qui les contrôle, eux.

Eux, les fragments dérangés de l’infirme. Ils se partagent son corps étroit, voulant tous une place plus adaptée à leur importance. Une politique intérieure chaotique. Ils veulent tous une part de contrôle sur celui qu’est Ekzael. Alors ils alternent, au gré d’une guerre qui dure, dure, dure. Des batailles qui entraînèrent, une à une, la déchéance de ce qui l’entourait. Car il est stable dans son instabilité. Car toujours le même schéma se répète.

Alors ils voient un éclat dans le ventre du lézard. Une épine, un fragment perçant. La source de ce chemin sur lequel les spectateurs se déambulent. Un coup létal pour sa majesté souveraine du royaume dérangé de Petra.

Ils détruisent les autres alors qu’ils cherchent à se détruire eux-mêmes.

Tout simplement parce qu’ils n’existent pas. On ne peut détruire ce qui n’est pas. Ils ne sont que le résultat d’une hyper-rationalité maladive inappropriée. Il le sait aussi. Ils sont ce qu’il considère comme ses fragments. Ils sont sa propre analyse de lui-même, qui revient chaque fois qu’il ne se comprend plus. Ils sont son refus de l’illogique, lui qui voue culte au chaos. Ils sont un moyen de s’innocenter, de se tromper. Il le sait, et ils restent tout de même là. Parce que s’avouer autrement serait reconnaitre son humanité, sa faiblesse d’être comme les autres. Et même là, il sait qu’il ne fait que se leurrer. Jusqu’à ce qu’il oublie, emporté par sa lutte intérieure, factice, pour le contrôle de son esprit.

Devant la blessure, l’empathie s’apitoie. Le malsain salive. Le désaxé se languit. Le passé soupire. Le joueur patiente. Et Ekzael parle. Parce qu’il s’oublie, dans son “ils”. Quand tous sont représentés dans la scène absurde présentée, il oublie le plus évident. Ekzael, celui qui s’attarde devant la beauté du sol étoilé. Qui trouve le magnifique au sein d’une femme perdue. Le cœur même de cet ensemble de personnalités détraquées. Alors il parle. Ses cinq consciences pendues à ses lèvres.


« L’Iguane est blessé. L’Iguane va mourir. Il mourra car ses fidèles sont ici, en ces murs maudits. Regarde autour de toi, tout le monde pourrit à petit feu. Des gosses enfermés sous le joug d’une famille déséquilibrée. Même lui, l’Iguane, est impuissant, et meurtri. Ils ne peuvent voir la bonne parole, ici, ils ne peuvent rien voir de bon. Ils pourrissent. Des gosses laissés sans contrainte, sans guide. Ce lieu est malsain. Et ta foi n’y peut rien. Ta foi ne peut pas soigner le vice qui saigne la divinité stellaire. Tant que ces murs nous emprisonneront, que les I. domineront. »

Et ils lui répondent. La pluie s’intensifie. Le croissant flamboie – littéralement. Le sang coule à flot. Et l’animal gémit, une complainte qui brise le cœur, et l’ouïe.

« Si tu veux le salut des personnes ici, arrête de les convertir. Tu es l’apôtre de l’Iguane. Sauve-le. Fais-nous tous sortir. »

Et les étoiles se parent des nuances du whisky, celles qui teintent les seuls yeux pour lesquels il fait tout cela.

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Petra Traümer
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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeDim 21 Avr 2013 - 22:32

    L’Iguane est grand et fort. Mais voilà qu’en même temps que les cinq consciences de son guide vicié, elle prend conscience de la blessure qu’il porte sur son ventre, comme un éclat de rire dans un enterrement, un cri de douleur dans un feu de joie. Qui a osé souiller le Premier et l’Ultime, le Monarque absolu sur les étoiles de la vie ? Qui a osé transgresser la frontière entre le Sacré le Profane, réduire à l’état d’être blessé ce souffle fondateur ? On veut tuer Dieu, mais il est hors de question que Dieu meure.
    Petra se mord la lèvre inférieure, regarde autour d’elle. Oh, qu’elle a été si aveugle, elle qui aurait dû être la lumière des peuples, celle qui les amène à la révélation divine. Trop obnubilée par son héros, le héraut aux cheveux roses n’a pas vu que le chemin où elle traçait sa route était de sang, que le ciel noir se noircit encore plus de ténèbres insondables, que le soleil et les étoiles redoublent d’un éclat anormal. L’univers ne va pas bien : on porte atteinte à l’Iguane Stellaire, sa création s’en meurt. Voilà pourquoi personne ne veut croire en lui : le Mal a réussi à s’imiscer jusqu’à lui, à le blesser et à corrompre le monde. Le néophyte assurerait que c’est sans aucun doute la faute de la Tortue Dévoreuse de Trous Noirs, l’archennemie tant redoutée, l’antagoniste obscur qui tente de détruire les travaux de l’Iguane Stellaire depuis la création de l’univers, mais même lui n’est pas capable de toucher directement le Reptile Sacré. Il faut une puissance démesurée pour réussir ce tragique exploit. On a tenté de tuer Dieu, son Dieu chéri, son idole, son gourou, son guide, son tout. Un vent de rage traverse la gorge de Petra, elle a envie de hurler sa colère. On a osé s’en prendre à l’Iguane Stellaire, celui à qui on doit tout. Et regardez où le monde en est maintenant !
    Dans les textes les plus anciens déjà les hommes avaient perdu la connaissance de l’Iguane Stellaire ; il n’a jamais réussi à revenir dans les consciences faibles des hommes, sur aucune autre planète non plus à la connaissance de la jeune femme. L’Ennemi, car il convient de désigner avec une majuscule ce tyran aux volontés sacrilèges, ce monstre unique et effroyable qui n’a pas de nom et qui n’en mérite aucun autre que celui que vient de lui donner Petra, l’Ennemi, a réussi à insinuer son venin dans toutes les civilisations depuis des millénaires. Tout fait sens désormais. Voilà pourquoi elle était la seule à le connaître et à le comprendre, elle, l’illuminée, l’élue qui doit tout renverser, voilà pourquoi personne ne voulait admettre la vérité, voilà pourquoi certains messages de sa Grandeur étaient déformés, rendus incompréhensibles par la douleur de sa plaie au ventre ; voilà pourquoi Ekzael avait osé la qualifier de fidèle inaccomplie, de mauvaise prêtresse. Elle n’avait pas réussi à saisir, au-delà de la vérité de l’Iguane Stellaire, sa blessure à panser, l’immense travail à accomplir pour le sauver. Mais Ekzael est là.
    Elle ne sait rien de toutes les personnalités en conflit dans son corps, de ces allégories de ses différents aspects qui luttent dans sa conscience, elle ne sait rien de lui, si ce n’est que lui aussi croit à l’Iguane, que lui l’a guidée jusque-là. Il doit être quelqu’un de grandiose lui aussi, un proche confident du Grand Reptile. Jamais ce dernier ne lui avait parlé de ce jeune homme, sans doute les paroles à son sujet avaient été brouillées par l’Ennemi. Mais maintenant, Petra sait qu’il existe. Elle a tant de questions à lui poser. Si elle est l’Elue de l’Iguane Stellaire, qui est-il lui ? Un autre Prophète ? Une incarnation terrestre de son Vashrajkgregrekson – un concept philosophique iguano-stellairien - ? Tant de questions dont elle aimerait une réponse.
    Mais avant cela, le mystérieux inconnu – oh que c’est redondant – lui parle. Un exposé de la situation clair, enfin, enfin quelqu’un pour la réorienter, la guider dans son action. Il faut à tout sauveur un mentor. Elle boit ses paroles.

    La lune brûle tandis que la pluie persévère. Tout devient clair et plus rien ne sera comme avant. Petra comprend désormais ce qu’elle doit faire. Son guide ne pouvait pas être plus compréhensible, aucune question ne vient à l’esprit de la jeune fille. Il ne peut qu’avoir raison. Oui, l’Iguane se meurt car une poignée de jeunes sont enfermés ici, tout fait sens. Les détournements de la logique sont noyés dans la douce hypnose et les méduses qui étoilent le ciel. Et là où la logique d’Ekzael laisse un vide, le fanatisme de Petra le remplit de lui-même, une idéologie qui se reconstruit, un dogme qui se galvanise.
    Le chant de désespoir de l’Iguane Stellaire redouble les convictions de Petra. Il n’y a plus un instant à perdre.
    Sa foi seule ne sera pas suffisante, et convertir ne servira en rien, le venin de l’Ennemi sera toujours le plus fort. Mais si l’on libère les pensionnaires de leur prison, on abattra l’Ennemi dans le même temps, l’Ennemi infâme qui se nourrit de la pureté de ses captifs. Il mourra et en mourant, l’Iguane Stellaire sera soigné. Une fois remis de ses souffrances, alors sa révélation divine se fera spontanément dans l’esprit de chacun. Le travail de l’Elue n’est donc pas de convertir mais de tuer celui qui empêche la croyance.
    L’Ennemi a voulu tuer Dieu, elle tuera l’Ennemi.

    Elle se tourne vers le guide sibyllin.


    « L’Iguane sera sauvé. Cette prison sera abattue de mes propres mains. Et la paix reviendra dans l’univers. »

    Un nouveau gémissement de l’Iguane attire son regard vers lui. Oh quelle peine de le voir se mourir ainsi, quelle horreur. Petra peine à contenir les sentiments de rage et de chagrin qui la traversent de part en part. Elle sauvera l’Iguane et le vengera.
    Les étoiles autour prennent la couleur du whisky, comme une énième provocation de l’Ennemi envers le culte de l’Iguane Stellaire, comme un douloureux rappel de l’alcoolisme passé de sa prêtresse. Une pique qui renforce l’indignation de la jeune furie. L’Ennemi sera vaincu. L’air grave, elle reprend ce qu’elle disait à son guide :


    « Merci, toi dont je ne connais pas le nom. Merci de m’avoir ouvert les yeux. Aie confiance, je nous ferai sortir d’ici et la prospérité reviendra, l’Iguane retrouvera sa splendeur et sa puissance. L’harmonie sera parfaite. Je détruirai cette prison, je tuerai ses propriétaires, je tuerai ces maudits I… je tuerai l’Ennemi. »

    Tout prend sens désormais. Petra sera celle qui tuera l’Ennemi, Petra sera celle qui tuera les I.


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MessageSujet: Re: Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.]   Un Iguane Stellaire par une pluie de Méduses. [PV Moo.] Icon_minitimeMer 10 Juil 2013 - 5:25

Si vous n’étiez pas si dissonants, il serait pur. Si vous n’étiez pas, seulement.

Mais vous êtes là, vous cinq. Consciences obscures et incohérentes. Même si vous n’êtes que des idées, tirées de son esprit, appliquées sur son être, vous le résumez. Vous l’influencez, mal, et l’entraînez, plus profond. Vous êtes sans exister, parce qu’il vous laisse faire, aussi. Il vous nourrit de sa culpabilité, de son humanité. Alors vous lui répondez, dans ce vacarme ahurissant qui compose son esprit. Vous lui répondez, vous l’entraînez. Vous le maintenez en vie, plus que Jack ne le pourra jamais.

Jack pourrait être des vôtres. Sans doute l’est-elle, en fait. Une simple illusion qu’entretient l’ancien sorcier à travers une personne sans âme. Une image d’Epinal qu’il conserve proprement d’une femme, parfaite à ses yeux ; désaxée, différente, fragile. Mais plus forte que lui. Lui qui a besoin de cinq démons à blâmer pour condamner ses excès, ses pulsions. Vous avez pour lui vos noms gravés à même sa chaire, comme un fardeau en plus de son bras nécrosé.

Vous le faites danser, vous les faites danser. Petra et Ekzael, sans rythme, sans logique. Leurs deux silhouettes déambulent dans couloir, vide. Ils jouent une pièce, pour votre seul plaisir, sans scène, sans décor, rien d’autre qu’un tour de passe-passe, une grossière supercherie, votre monde, supplanté à ce manoir sordide. Un monde qu’il vous faut reprendre. Sur les derniers mots de la prêtresse, tout tombe.

L’un de vous reprend ses méduses. Toi, lune folle, te couche et chute, chute, chute, ajoutant une gravité absurde à ce tableau insensé. Alors le sang suit, et le chemin avec, comme un rideau, qui se dérobe sous les pieds et deux protagonistes, n’ayant pas encore eu le temps de savourer leur conviction. Seul l’Iguane ne bouge pas, il ne vous suit pas, en désaccord, encore. Et nos deux fanatiques tombent toujours, se rapprochent des étoiles. Jusqu’à retomber dans leur prison. Les pieds sur terre, improbable. Fin de l’acte.

Changement de décor, la dernière scène se jouera sans votre créativité excessive. Ce simple couloir désert, où le digne chevalier Ekzael tient dans ses bras la pauvre princesse Petra. Qu’elle ne s’effondre pas. Ses yeux aux teintes de sang plantées dans ceux de sa victime – avait-il vraiment besoin de vous avec un tel regard pour s’assurer d’être à part ? Vous l’observez. Silencieux, cette rare fois. Alors qu’il murmure, solennel.


« Je n’étais là que pour vous montrer la voie, envoyé par sa Céleste Entité. Je n’étais là que pour vous. Et continuerai à l’être, si vous me le permettez. Moi, votre second, et votre premier, fidèle. Nous y arriverons. »

Solennel menteur. Que vous l’avez bien formé.

Trop bien formé. Son visage effleurait celui de sa désormais protégée. Trop proche. Il lui mordit la lèvre, inférieure. Avant de l’embrasser. Sceller leur lien, marquer son esprit, et effacer toute trace, cette goutte de sang, clé de son plan.

Voyez ce que vous en avez fait. Il la lâche de son étreinte. Mais pas de vos griffes. Ou des siennes. Peu importe, vous êtes pareils. Fous, lâches, rongés, impulsifs, manipulateurs. Sans autre raison que celle que vous voulez bien vous donner. D’abord pour l’humanité. Maintenant pour cette liberté. Celle de Jack. Elle n’est pas l’une de vous, mais ne vous quitte jamais. Prisonnière, non pas d’un manoir trop étroit. Toujours de grandes causes. Qu’il servira. Que vous desservirez. Inlassablement. Tant qu’il sera. Seulement parce ce qu’il est –


« Ekzael. Je suis Ekzael. »
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