Sujet: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Mar 20 Mai 2014 - 14:26
Un endroit pour me sécher, une tenue pour me changer, ce serait chose facile si je n'étais pas là plongée au coeur d'un manoir qui m'est aussi inconnu que d'apparence hostile. L'idée d'être enfermée déjà ne me plait guère bien que ma présence en cet endroit puisse être le premier jour d'une vie nouvelle et moins austère. Et s'il y avait une autre porte ? Après-tout, si celle-ci ne se rouvre pas, ça ne signifie pas que toutes les autres sont closes. Toujours détrempée par la pluie, je laisse derrière moi le sol humide de caresser le bas trempé de ma robe longue et de doucement enlacer la semelle de mes bottines à chaque pas qui m'éloigne de cette porte à laquelle je ne cesse de penser. Je m'en veux un peu de souiller ainsi le sol de cet endroit mais me voit mal me promener à pieds nus, mes chaussures à la main. De toute façon je dois avouer trouver une certaine euphorie à l'idée d'ainsi me "venger" de cet endroit qui me retient prisonnière, dans un premier temps parce que je ne fais pas montre de respect en laissant ainsi quelques marques boueuses sur le sol qui me précède, dans un autre parce que pour la première fois de ma vie, ce ne sera pas à moi de nettoyer le sol. C'est peut-être puéril, irrespectueux vis à vis de la personne qui devra s'en charger à ma place alors qu'elle ne le mérite probablement pas plus que je ne méritais de faire les corvées de mon maître, mais j'en jubile, comme si ces simples traces de boues étaient une preuve que je ne suis plus une esclave.
Toujours fièrement posée sur mon épaule, la petite souris noire semble observer comme moi le paysage qui défile sous ses yeux. Contrairement à l'instant où elle détournait mon regard de la porte pour m'amener à consulter le panneau d'affichage, Gally ne semble ici pas vraiment concernée par l'endroit où je choisi de me rendre, mais peut-être n'en sait-elle simplement pas plus que moi sur ce que renferme ce lieu ? Si seulement j'avais la possibilité de lui poser la question. Ou plutôt si seulement pouvait-elle me répondre. Je ne sais trop comment elle est arrivée ici, depuis combien de temps elle s'y trouve ni la fonction qu'elle est supposée occuper à mes côtés, il faut bien avouer qu'Alter Ego Astral c'est tout de même un nom qui en impose et qui laisse supposer une importance notable, mais peut-être est-ce seulement une manière de ce donner un genre, au même titre que cet endroit élégant mais lugubre qui, au beau milieu de la nuit, a vraiment quelque chose d'inquiétant. Quelle heure peut-il bien être ? Lorsque j'ai quitté la maison, le soleil commençait à se coucher, et je ne sais combien de temps j'ai marché mais il m’apparaît évident que l'obscure noirceur du ciel était témoin d'une heure particulièrement tardive au moment où j'ai franchis la porte. Mais peut-être l'heure même est-elle différente ici ? J'avoue que les informations me font cruellement défaut, moi qui ait toujours eu l'habitude de connaître à la lettre ce qui doit être appliqué dans toutes situations, celles-ci se résumant aux tâches ménagères et aux relations intimes en priorité, je me sens ici bien démunie.
Est-ce le hasard ou quelque signe du destin qui m'amène à poser le regard sur la porte entrebaillée de cette pièce ? Ne sachant rien de l'endroit où je me rend, j'avoue avoir espéré croisé quelqu'un qui pourrait me renseigner, tout en craignant de faire face à un humain qui verrait en moi l'inférieure hybride que je suis et qui choisirait de me retourner rapidement dans une cage à l'intérieur de ce pensionnat. Mais si l'heure est aussi avancée que je ne le présume, il me semble cohérent de n'avoir jusqu'alors croisé la route de personne. Peut-être cette pièce sera-t-elle le bon endroit où chercher ? Prudente, je jette un coup d'oeil au rongeur noir qui semble trouver grand plaisir à mâchouiller une mèche de ma chevelure légèrement ondulée par l'humidité, mais rien ne semble indiquer qu'il me déconseille cette pièce. D'un autre côté, étant moi-même en partie de race féline, probablement devrais-je ressentir quelque chose en cas de danger imminent ? J'avoue ne m'être jamais vraiment posé la question, il faut dire que j'ai été éduquée pour ne pas avoir une vision très lucide du danger. Le danger, pour un hybride, c'est d'oser prendre la parole sans y avoir été invité, c'est de prendre une initiative sans l'autorisation de son maître, c'est de faire quoique ce soit qui pourrait lui nuire. Par contre, un maître rendu violent par un fort degré d'alcool semble être classifié par notre lavage de cerveau comme une événement banal, quelque chose que nous ne devons pas fuir. Maintenant que j'essai d'avoir un peu de recul, même si je dois avouer qu'il me reste difficile de passer outre toutes les choses qu'on m'a inculquée durant mon enfance, il m’apparaît évident que cette simple notion du danger me semble cruellement faussée.
Posant le bout de mes doigts sur la porte, je la repousse légèrement et m'inquiète du grincement qu'elle laisse entendre tandis qu'elle recule de quelques centimètres. Passant ma tête par la maigre ouverture, il me semble apercevoir une ombre, quelque chose de rapide que je ne suis pas même sûre d'avoir réellement aperçu. Est-ce encore mon esprit qui me joue des tours ? Ou peut-être la fatigue, le froid ? Après tout, je suis toujours trempée et il suffit de regarder la peau de mes épaules ou de mes bras dénudés pour apercevoir ses pointes significatives qui semblent parcourir chaque parcelle de ma chair. La pièce s'avère être un magnifique salon dans lequel brûle quelques flammes agréables au coeur d'une cheminée. Je ne remarque personne et entre ainsi dans la pièce sans trop oser faire de bruit, mon regard accaparé par cette source de chaleur bienvenue. La température de la pièce semble en effet supérieure à celle que je viens de quitter, aussi ne puis-je m'empêcher d'outrepasser un instant la prudence, ne cherchant pas à voir ce qui se trouve dans la pièce si ce n'est ce feu brûlant, et m'avance rapidement vers celui-ci pour m'agenouiller comme une enfant viendrait se lover dans les bras de sa mère pour se réconforter. La chaleur est agréable, je place naturellement mes mains à proximité des flammes et me réjoui de n'être plus transie de froid. Dès lors, je prends la peine de regarder plus attentivement autour de moi, espérant ne pas découvrir le visage inquisiteur d'un humain s'apprêtant à me retourner à ma place d'esclave.
La pièce est chaleureuse, plus que ce que j'ai pu voir jusqu'à présent bien qu'il me faille avouer que ça ne représente pas grand chose. Uniquement éclairé par les flammes au sein de la cheminée, la pièce pourrait être inquiétante mais j'y ressens plutôt une certaine quiétude, la tranquillité d'une nuit silencieuse seulement brisée par les quelques crépitements des braises. Surtout, mon regard se pose sur un trésor, trônant fièrement devant une fenêtre masquée par de sombres rideaux. Comment ais-je pu ne pas remarquer immédiatement ce joyau ? Oubliant le froid et le plaisir de cette proximité presque dangereuse avec les flammes de la cheminée, je ne peux m'empêcher de me relever, avançant presque solennellement vers l'objet de mon admiration. Depuis combien de temps ne nous étions-nous pas croisé, bel ami ? Je peux encore sentir la caresse froide de ta peau contre le bout de mes doigts, ta voix qui me susurrait à l'oreille ce que je voulais entendre et dansait avec mon coeur jusqu'à le faire vibrer de plaisir. Arrivée au niveau de mon ancien amant, c'est avec une délicatesse exagérée que je caresse sa froide texture du bout des doigts, mon corps parcouru de frissons comme face à un fantasme devenu réalité. Doucement, je viens me lover au creux de ses bras, me posant sur le velours de ses genoux tandis que mes mains viennent naturellement retrouver leur place sur son corps glacé. Doucement, presque tendrement, quelques uns de mes doigts effectuent une pression sur les siens tandis que mes yeux se ferment comme autrefois. Aujourd'hui, l'un d'eux se cache derrière une barrière noire aux gravures argentées, mais comme auparavant je parviens à me sentir belle lorsque la voix de mon amour brise avec langueur le silence de la pièce.
J'avais peur de n'être pas capable de retrouver les gestes d'autrefois, mon oeil désormais aveugle m'amène en effet à quelques maladresses entraînées par le manque de perception des distances ou du relief. Vous vous souvenez, quand étant enfant vous vous amusiez à cacher un oeil et puis l'autre pour constater que les objets semblaient changer légèrement de place ? Et bien c'est ainsi que j'ai dû apprendre à voir il y a quelques semaines, rendant plus difficile la tâche d'attraper de petits objets, de poser quelque chose à un endroit précis, de bien coordonner mon oeil et le reste de mon corps, pour ainsi dire. Mais avec mon amant, j'ai toujours fermé les yeux, et rien n'a changé depuis, ni le contact de ses doigts, ni la touchante détresse dans sa voix. Ce piano, j'en ai rêvé pendant plus d'une année, plus encore dès l'arrivée de Loïs qui n'a plus fait de moi qu'un meuble dans la maison de mon maître. Lorsque je me sentais seule, lorsque j'avais peur ou simplement lorsque la douleur des coups portés ces derniers jours étaient insoutenables, je pensais à l'instrument que renfermait ma cage de verre et à la symbiose qui semblait unir nos deux coeurs. Aujourd'hui, la symbiose est toujours là, et tandis que les notes s'enchaînent de moins en moins discrètes, formant une mélodie dont mes doigts se souviennent, j'ai l'impression de n'avoir jamais eu peur, de n'avoir jamais souffert.
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Alejandro Alavés L.
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Mer 21 Mai 2014 - 18:07
Noir. Dehors, dedans. Yeux grands ouverts, paupières hermétiquement closes. Noir noir noir. Assoupi mais éveillé, Alejandro regarda sans voir. Ces contradictions lui faisaient mal à la tête. Il allait avoir une migraine. A moins qu'il n'en ait déjà une ; il ne savait plus trop. Tout ce dont il était sûr tenait au fait que la soirée était déjà bien avancée, ancré quelque part entre ses certitudes et les paroles de son AEA. Puisqu'il ne mentait plus, autant se fier à lui. C'était la seule personne qu'il croit vraiment, en ce moment. Tout le monde lui semblait suspect. Il était tendu. La paranoïa lui montait à la tête et, allongé contre ses draps, une main crispée sur l'oreiller, il mordit doucement sa langue. De plus en plus fort, pour bien sentir la douleur monter le long de ses nerfs. J'ai jeté le cadavre à la mer, la voiture m'attend. Son cerveau à demi endormi ne lui laissait que trop peu de place pour réfléchir convenablement ; pourtant, il ne s'endormait pas. Rien à faire. Le moindre bruit le réveillait. Le plus petit grincement l'inquiétait. C'était affreux. Il avait beau savoir que ce genre d'impressions étaient passagères, que ça ne durait jamais plus de quelques jours et que bientôt il se sentirait mieux, ça n'y changeait rien. Il dormait éveillé, rêvait debout. Avait mal à la tête, constamment. Il s'était reperdu dans le noir derrière ses yeux et rien ne semblait vouloir l'en sortir. Il avait parlé à Leia, un peu, mais avait vite prétexté ne pas se sentir bien pour pouvoir retourner s'allonger. Trop de bruits, ces temps-ci. Trop d'agitation, trop de malaises, trop de tout. Il voulait rentrer chez lui. Ses parents lui manquaient. Miguel lui manquaient. Il n'en pouvait plus.
Je préfère les mensonges. Mentez moi, mentez moi.
Les larmes au bord des yeux, tiraillé entre l'envie de se lever et celle de se rouler en boule sous les draps, le jeune homme serra un peu plus fort Gil entre ses bras. Sentant la détresse de son maître, ce dernier vint se lover contre son cou ; son groin humide contre sa peau lui tira mille frissons – et un rire, enfin, parvint à franchir le cap de ses lèvres sèches. Il se sentait vidé de ses forces. Peut-être était-il vraiment malade, tout compte fait. Sans doute. La fièvre le rendait encore plus faible et malléable qu'il ne l'était d'habitude ; décontenancé, perdu entre ce qu'il croyait et ce qu'il voulait croire, il laissa filer un sanglot malheureux. Sa vie ne ressemblait pas à ça. Elle ne devait pas ressembler à ça. Il s'était toujours dit que, confusément, rien ne changerait jamais : même une fois aveugle, cette impression avait refusé de le quitter. Parce que son meilleur ami était encore là. Parce que ses frères n'avaient pas changé. Parce que seule la luminosité le séparait de son monde et que, à quelques centimètres seulement de ceux qu'il aimait, la distance et la solitude n'étaient que de vagues concepts tout juste bons à connaître. Il s'était privé de ses yeux pour garder Miguel dans sa vie. Ce n'était pas pour le perdre quelques années plus tard, hein ? Alors pourquoi l'avait-il perdu ? Il voulait croire aux échanges équivalents, en la bonté divine, en une sorte de règle naturelle qui rendait aux gens autant qu'elle leur prenait. Ça avait beau être naïf, stupide et un peu immature, il s'en moquait éperdument. C'était tout ce dont il avait besoin pour vivre. Avoir empêché son ami de partir l'avait fait tenir quand le noir lui broyait le cœur et l'estomac. Et maintenant, il était seul. Complètement seul. Il avait Solaine, il avait Leia, il avait Claris et même Vinny – mais il était seul, seul, seul. Parce qu'ils auraient pu vivre sans lui. Qu'ils s'en fichaient, au fond. C'était injuste envers eux mais qu'est-ce qu'il en avait à faire ? Ses artères lui faisaient mal et ne pompaient plus le sang correctement. Le poison faisait son effet. Qui ment, alors ? Où est le menteur ? Qui, Gil, dis moi ? Qui me ment pour que toi tu n'aies plus besoin de le faire ?
Alors ?
Sans un bruit, profitant du sommeil ou de l'absence de ses colocataires, le garçon se leva et passa son grand gilet par-dessus son t-shirt blanc. Yeux clos, une main contre le mur de droite, il avança à petits pas ; jusqu'à entendre la musique qui s'élevait du salon, il ne laissa pas la moindre pensée parasiter le silence de mort dans lequel baignait le pensionnat. Un peu plus tôt, un groupe avait fait la fête dans la cuisine et la salle à manger ; ils avaient l'air d'avoir fini. Tant mieux. Il était fatigué, le piano l'apaisait et cette personne – quelle qu'elle soit – jouait suffisamment bien pour que ses muscles se détendent doucement à l'écoute de cette mélodie qui lui était inconnue. Ça ne devait pas être Soren. Ça ne pouvait pas être Antoine. A force de vivre ici, il avait commencé à repérer les tics et habitudes des quelques musiciens du Pensionnat ; s'il ne se trompait pas, cette personne n'avait jamais dû jouer ici avant ce jour. Pensif, un peu maladroit dans ses raisonnements, il poussa la porte.
« Excusez moi ? J'ai entendu jouer, et... »
Un petit sourire aux lèvres, il ferma derrière lui.
« Vous pouvez continuer encore un peu, s'il vous plaît ? »
Juste un peu. Le temps d'aller un peu mieux ; un peu de musique pour un peu de douceur. Rien qu'un peu.
Pensionnaire
Chrissy
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Pseudo Hors-RP : Phantomaël • Age : 26 • Pouvoir : Hallucinations violentes • AEA : Une petite souris noire appelée Gally • Petit(e) ami(e) : Tu veux des cacahuètes ?
Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Jeu 22 Mai 2014 - 16:45
Chacun de mes muscles semble se détendre petit à petit, je ne m'étais pas même rendue compte avant de laisser mes doigts parcourir les touches du piano que j'étais à ce point crispée. La petite souris vient se lover dans ma chevelure, ses minuscules griffes chatouillant ma peau lors de son déplacement sans parvenir à me déconcentrer de ma communion avec le bel instrument. Les yeux toujours fermés, j'ai l'impression de sentir chacune des notes jouées frôler mon coeur dans une caresse chaude et bienveillante. Probablement ne devrais-je pas me permettre ainsi de jouer de cet instrument qui ne m'appartient pas, sans doute est-ce dangereux d'ainsi laisser cette douce mélodie s'évader de cet endroit qui ne renfermait alors qu'un silence apaisant. Mais je ne parviens pas à penser à autre chose qu'à l'euphorie qui parcoure ma peau de frissons délicieux. Je suis retournée dans ma cage de verre, prisonnière mais protégée de tout ce qui m'entoure dans ma bulle insonorisée, princesse sur un piédestal qui se veut inaccessible et désirable. Je ne suis ni l'un ni l'autre, comment une esclave pourrait-elle être inaccessible ? Comment une jeune fille au physique androgyne qu'est le mien pourrait se vanter de provoquer le moindre désir dans le coeur d'un homme, dans son corps, dans son regard... Peu m'importe, et est-ce que ça a déjà eu la moindre importance de toute façon ? C'est cet instant qui compte, ce moment que je partage avec ma seule âme soeur, ce moment qui n'appartient qu'à moi. Le morceau se termine, une vague de plaisir me transporte jusqu'à la dernière note qui résonne encore quelques instants dans cette pièce, jusqu'à être brisée par le grincement d'une porte.
Encore transie de cette union avec mon bel amant, je ne réalise pas immédiatement ce que ce grincement signifie, peut-être juste un courant d'air passé me rendre visite, probablement rien de plus que cette ombre que j'ai vu s'enfuir à mon arrivée. Et pourtant, alors que je m'apprête naïvement à laisser mes doigts s'enfoncer à nouveau sur le corps de ce piano que ma mélodie semble avoir réchauffé, une voix parvient à me tirer de ma torpeur, une excuse, une phrase arrêtée en son centre tandis que je peux distinctement percevoir le bruit de la porte qui se referme, je me retourne et mes oreilles félines se dressant tandis qu'un sentiment d'urgence s'empare de mon pauvre corps qui commence seulement à se réchauffer vraiment malgré la robe détrempée qui risque fort de me rendre malade malgré mes résistances physiques plus importantes que celles des humains. La maladie n'est pas le problème, cette voix est celle d'un homme, un humain à n'en pas douter, et cette voix qui s'est arrêtée au milieu de sa phrase, cette porte qui s'est refermée, ça ne peut vouloir dire qu'une chose : il sait qui je suis. Il entrait peut-être par hasard, s'excusant de me déranger et souhaitant simplement profiter lui aussi du salon, mais il a posé les yeux sur moi, sur mon corps surmonté par des oreilles pointues sur l'entaille dans ma robe qui laisse onduler derrière moi une queue féline, aucun doute n'est possible, il suffit de poser les yeux sur moi.
Il sourie, probablement victorieux de s'être trouvé une pauvre proie qui ne pourra guère lui résister. Il se trompe, je résisterai jusqu'à ce que mort s'en suive, je ne serai plus jamais la pauvre esclave soumise d'un humain, je ne le tolérerai plus, même si je dois pour ça me battre jusqu'à la mort. Prestement levée dès lors que j'ai pu entendre la porte se refermée, je m'éloigne légèrement du tabouret de velour pour être libre de mes gestes, gênée de porter cette robe rendue lourde par l'humidité qui risquera de déranger mes mouvements si je dois en arriver au main pour échapper à cet humain. Cet humain... C'est un gamin. J'aurais dû le deviner à sa voix, mais j'avoue n'avoir pas vraiment prêter attention à ce genre de choses tandis que je m'inquiétais de devoir me battre. Mes yeux désormais posés sur lui, capable de discerner parfaitement ses traits malgré la pénombre, je me décrispe, tandis que sa voix se laisse à nouveau entendre, me réclamant un autre morceau de piano. Est-il vraiment sérieux ? Je n'ai pas l'impression qu'il ait formulé ça comme un ordre, mais il est vrai qu'on m'a déjà vanté le mérites de certains humains qui sont capable de politesse, de ne pas simplement être froid et distant lorsqu'il s'agit de demander à un hybride de faire quelque chose. Mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça... C'est alors que mon regard se pose sur ses yeux. Comment ais-je pu ne pas le remarquer ? C'aurait dû être au contraire la première chose qui m'ait frappé lorsque j'ai posé les yeux sur lui. Il ne peut pas me voir... Je n'en mettrais pas ma main au feu, peut-être est-ce juste la lumière du feu qui lui fait de pareil reflets dans les yeux, mais j'ai le sentiment qu'il ne s'agit pas de ça.
Ne sachant trop que dire, je reste silencieuse un instant, le fixant pour déterminer s'il parvient à me voir ou non. Le silence est pesant, j'ai peur et pourtant la panique de l'instant où il a refermé la porte me semble déjà bien loin. Hésitante, je m'approche à nouveau du piano, sans le quitter des yeux, m'y installe et puis daigne enfin me tourner vers l'instrument, les doigts tremblants et les oreilles tendues à l'extrême pour percevoir le moindre bruit menaçant. S'il ne peut pas me voir... Il ne peut pas savoir ce que je suis, il ne peut pas avoir deviné que je ne suis rien de plus qu'une pauvre esclave hybride qu'il traiterait probablement avec bien plus de condescendance s'il savait. Mais il ne sait pas... Pour la première fois, je me tiens en face d'une personne qui ne peut pas savoir, qui ne peut pas me juger sur ce simple état de fait, qui ne peut qu'apprendre à découvrir qui je suis réellement. Tandis que mes doigts parcourent les premières notes, lentes, presque hésitantes, une vague de soulagement semble s'emparer de mon corps. Je n'ai pas peur de lui, je n'ai pas peur parce qu'il ne peut pas savoir, et pour cette raison j'accepte de lui offrir ce qu'il me demande, ne serait-ce que parce que, pour la première fois, il me laisse le choix de le lui refuser.
Comme avant, je parviens à retrouver la quiétude d'un morceau partagé avec mon amant, et si j'avoue être quelque peu intimidée par la présence d'un public aussi réduit soit-il, je ne me laisse pas moins porter par les notes qui glissent sous mes doigts comme s'ils avaient toujours su exactement ce qu'ils doivent faire. Lorsqu'enfin le morceau se termine, je laisse quelques secondes de silence poursuivre les dernières notes, mes doigts toujours appuyés sur les touches, et c'est sans me retourner que je prends une décision qui m'a valu autrefois le châtiment le plus douloureux de ma vie entière, celui qui m'a privé en partie de ce que ce garçon semble avoir totalement perdu. Je prends la parole, sans y avoir été invitée, je pose une question à un humain, moi qui devrait n'être là que pour répondre aux siennes. C'est presque difficile pour moi de prononcer ces mots, mais je suis aidée par l'idée qu'il ne puisse pas savoir, qu'il pense probablement être face à n'importe quelle humaine.
- Quel est cet endroit ? Pourquoi en suis-je prisonnière ?
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Alejandro Alavés L.
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Sam 24 Mai 2014 - 2:04
Des bruits ; légers, à peine perceptibles. Le jeune homme, arrêté dans ses mouvements, savait qu'ils ne pouvaient pas venir de lui. S'ils étaient plusieurs dans la pièce, il n'en avait aucune idée : tout ce dont il était sûr était que quelqu'un avait été en train de jouer jusqu'alors et que, maintenant qu'il était entré, le silence s'était réinstallé. Lourd. Pesant. Humide. Il détestait ce silence. Il aurait voulu supplier l'autre de parler, de dire quelque chose, n'importe quoi – de se rendre visible, d'exister, de dessiner des courbes dans l'air avec sa voix ; pourtant, rien ne vint. Il entrouvrit les lèvres, les referma. Tenta de replacer l'endroit où il avait entendu ces bruissements de tissus si légers qu'il en venait à douter qu'il les ait même entendus. Son regard vide longea les limites du noir qui s'offrait à lui, les yeux dans le vague, comme un chien cherchant à percevoir les bruissements de feuilles qui signifieraient le retour de son maître dans l'allée du jardin. Mais rien. Juste un souffle, lointain, réprimé. Comprimé. Juste un grand rien et le vide qui le précédait toujours. Il s'apprêtait à lancer un « quelqu'un ? » apeuré dans le silence de la salle quand, enfin, le velours se plia sous le poids de quelqu'un. Les doigts effleurèrent les touches ; rassuré, Alejandro laissa un sourire fleurir sur ses lèvres. Il y avait donc bien quelqu'un. Il songea à Leia, un instant, muette et donc incapable de lui répondre. Se demanda si ça pouvait être elle, et dans quelle mesure quelqu'un d'autre ne pouvait pas avoir les cordes vocales usagées – soupira et, enfin, croisa les bras pour mieux s'adosser au mur près de la porte. Yeux clos, il se mit à écouter la mélodie sans oser la troubler du moindre chantonnement, du moindre frottement de son souffle dans l'air sec, réchauffé par les flammes de la cheminée. Les notes s'élevaient à ses oreilles comme l'auraient fait des traits de pinceaux aux yeux d'une autre personne plus chanceuse ; il avait appris à voir ce qu'il entendait, pour se sentir un peu moins seul dans son monde entièrement noir. Ainsi, quand ses connaissances lui adressaient la parole, il dessinait à la craie les traits qu'il imaginait ou se rappelait leur appartenir. Ça l'aidait à gérer la pression. Les difficultés. La musique aussi, qu'elle vienne d'un piano ou d'un appareil, lui apaisait les nerfs et lui reposait les sens. Sa fatigue ne s'envola pas mais se fit moins présente ; plus douce. Elle n'appuyait plus sur ses muscles comme une masse mais reposait plutôt sur sa tête endolorie comme un drap ; la fièvre n'était pas passée mais au moins pour quelques instants, il se sentait un tant soit peu mieux. Ce n'était pas rien.
Raison pour laquelle il applaudit faiblement, ravi, quand la musique cessa. La personne assise là lui était, avant qu'elle n'hausse la voix, encore totalement inconnue : il ne savait ni son âge approximatif, ni son genre, n'avait pas la moindre idée de la taille qu'il ou elle pouvait faire. Il ne connaissait que son affinité avec le piano et ça s'arrêtait là. Voilà pourquoi il se sentit soulagé quand, du silence, s'éleva une petite voix :
« Quel est cet endroit ? Pourquoi en suis-je prisonnière ? »
Oh ? La question le surprit plus qu'elle ne l'aurait dû ; habitué à vivre ici, prisonnier depuis plus longtemps qu'il n'aurait aimé savoir compter, le garçon avait en revanche perdue celle de voir des nouveaux débarquer la bouche en cœur pour demander ce qui se passait, où ils étaient, ce qui allait lui arriver. C'était légitime, pourtant ; si elle – puisque c'était indubitablement une fille – n'avait pas vu qui que ce soit avant lui, étant probablement arrivée récemment et donc à un moment de la journée où peu étaient encore debout, il était presque certain qu'elle avait beaucoup de points d'interrogation en tête et trop peu d'endroits capables de lui répondre. Heureusement pour l'inconnue, Alejandro avait une bouche pour parler et deux bras pour réchauffer les corps tremblants ; il n'était pas bien méchant. Toujours adossé au mur, ne sachant pas trop si oui ou non l'autre était hostile ou sur la défensive, il lui adressa un gentil sourire. Ce fut sans rouvrir les yeux, puisque cela n'avait pas d'importance quoi qu'il en soit, qu'il lui répondit :
« Ehh... Comment dire. Ça va te paraître bizarre, mais surtout tu dois me croire, commença-t-il en riant nerveusement. On est dans une sorte de... manoir magique. On y entre et on n'en sort plus. On ne sait pas beaucoup plus de choses que toi sur le pourquoi du comment, alors... Désolé. »
Ennuyé de ne pas pouvoir l'aider plus, soucieux malgré tout de lui assurer que tout ce qu'elle avait pu lire sur le panneau était vrai. Il ne pouvait pas faire beaucoup mieux.
« Je m'appelle Alejandro, au fait. Et toi ? »
Pensionnaire
Chrissy
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Lun 26 Mai 2014 - 11:07
Je sens mes joues rosir légèrement lorsque je remarque ses applaudissements, légers mais touchants malgré tout. Plus particulièrement... Il s'agit de la première fois. Ce doit être étrange à dire, mais jamais encore auparavant je n'ai pu recevoir la moindre éloge, lorsqu'un client venait m'écouter jouer il me regardait avec un regard souvent méprisant, toujours inquisiteur, à la recherche de la moindre fausse note, du moindre accroc qui prouverait que je n'étais pas digne de l'achat. Un compliment, même muet, a quelque chose de tout particulièrement exclusif pour moi. On ne complimente pas un hybride, que du contraire on cherche constamment le moindre détail qui pourrait être déplaisant chez lui, de toute façon pourquoi le féliciter d'être doué pour quelque chose puisqu'il n'a que ça à faire ? Pourtant, je suis sûre que quelque part, certains maîtres traitent leurs hybrides avec plus de gentillesse, je ne doute pas un instant qu'au moins un hybride s'est déjà entendu dire qu'il était beau, qu'il doit y en avoir au moins un qui a été remercié lors d'une tâche accomplie, qu'on a gratifié d'un sourire, de la moindre marque de reconnaissance à laquelle je n'ai moi-même jamais eu droit. Me tournant vers le garçon, je suis enchantée et pourtant ses paupières fermées par dessus un regard aveugle m'arrêtent dans cet élan d'euphorie. C'est parce qu'il ne sait pas, s'il savait ce que je suis, il en irait autrement, et je n'aurais pas plus droit à des applaudissements aujourd'hui qu'à un merci lorsqu'il me fallait assouvir les moindres désirs du maître.
Quoiqu'il en soit, il semble étonné de ma question. Je me demande si lui-même est arrivé ici comme moi, sans le vouloir, et s'est retrouvé enfermé dans cet endroit lugubre ? Après tout, il doit bien y avoir quelqu'un, quelques personnes même qui étaient là au tout début, des gens qui ne sont pas prisonniers de cet endroit, ceux qui le dirigent peut-être. En tout cas, au vu de sa réponse il m’apparaît évident qu'il n'en fait pas partie, et que je n'obtiendrai pas plus de réponse que je n'en ai eu jusqu'à maintenant. Il m'assure la véracité de ce que je sais déjà, au cas où j'en douterais, et semble affirmer que personne n'en sait beaucoup plus que moi sur la raison de notre présence ici. De la magie... Je ne suis pas même sûre de savoir réellement ce que ça veut dire. Il m'est bien arrivé d'entendre parler de magiciens capable de faire apparaître un lapin dans un chapeau, d'histoires dans lesquelles un jeune garçon se découvre des pouvoirs magiques et se rend dans une école où on lui apprend à voler sur un balai et à faire voler des choses avec une baguette, j'ai même déjà pu entendre parler de ces mythes sur les elfes, les dragons et toutes ces choses merveilleuses qui proviennent d'un monde de légendes où les gentils sont toujours récompensés pour leurs bonnes actions. Mais ici, la magie, qu'est-ce que c'est ? Vais-je voir apparaître un dragon au détour d'un couloir ? Ce garçon qui me fait face a-t-il le pouvoir de faire voler des objets ? Toute cette histoire semble bien partie pour me donner une migraine. Mais bon, à défaut de réponse, au moins j'obtiens un nom a posé sur un visage... Et j'ai l'avantage de ne plus être seule, et d'être tombée peut-être sur le seul humain qui ne voit pas en moi ce que je suis réellement.
- Je m'appelle Chrissy.
Un éternuement m'échappe pour ponctuer cette présentation, rappelant à mon esprit un peu confus que je suis toujours dans une robe trempée. Le plus simple aurait sans doute été de la retirer, je pourrais la faire sécher près du feu mais... Et bien disons qu'aussi aveugle soit ce garçon, et même si la pudeur n'est pas le maître mot d'une vie d'hybride qui se doit d'assouvir les fantasmes de son maître, je n'ai pas spécialement envie de me dévêtir et de rester ainsi seulement habillée d'une petite culotte jusqu'à ce que ma robe sèche, ce qui risque de prendre pas mal de temps. Et puis même si lui ne peut pas me voir, rien ne me prouve qu'une autre personne ne peut pas arriver d'une minute à l'autre, et ce n'est pas forcément la première impression que je veux donner à quiconque, et je voudrais encore moins me livrer en pâture au premier pervers qui décidera de profiter de cette position de vulnérabilité. Non, ce qu'il me faudrait, c'est une tenue de rechange... Et peut-être que ce garçon pourrait me renseigner ? Après tout, ça ne coûte rien de lui poser la question, il semble être ici depuis un moment et doit donc bien avoir quelques informations à me donner.
- Par hasard... Tu ne sais pas où je pourrais trouver des vêtements secs ?
Il ne peut pas savoir que je suis trempée, d'ailleurs ce n'est pas plus mal parce que je ne dois pas être l'incarnation même de la beauté en ce moment même, et sans vouloir lui plaire, j'aimerais ne pas avoir l'air aussi piteuse physiquement que je ne le suis mentalement.
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Alejandro Alavés L.
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Mer 28 Mai 2014 - 16:00
Chrissy – éternuement. Bien. Au moins, c'était clair, elle devait avoir froid – ou du moins être mouillée, ou peut-être allergique, pour ce qu'il en savait. Les possibilités étaient multiples et défilaient devant ses yeux morts comme autant de raison de ne pas la laisser seule ici. Incapable de lui donner un âge ni même une taille à cette distance, il l'imaginait tout de même suffisamment jeune pour s'en inquiéter et s'en sentir un minimum responsable. Si elle s'écroulait de fièvre devant lui, il aurait besoin d'aide pour en trouver, justement ; ce ne serait vraiment pas pratique. Il préférait de loin qu'elle reste sur ses deux pieds, ou même assise, plutôt qu'elle lui tombe dessus au sens propre du terme. Plutôt résistant physiquement, le jeune homme n'avait que trop rarement à se plaindre de rhumes ou de maladies quelconques ; il était rare que, comme maintenant, il soit victime de migraines ou de fièvres. Mieux valait donc éviter de passer les microbes d'une personne à l'autre au risque d'empirer leurs états respectifs. Alejandro n'était peut-être pas un saint, mais c'était loin d'être un monstre pour autant. Il ne comptait pas laisser une nouvelle venue seule et sans repères sous prétexte qu'il n'était pas d'humeur à être gentil et délicat. Ce morceau de piano l'avait quelque peu calmé, quoi qu'il en soit. Il était plus du genre à être dépressif que violent. Du moins en général. Yeux rouverts, il écouta la question de la demoiselle sans vraiment réussir à l'entendre. Ça bourdonnait à vous en rendre sourd, là-haut ; le manque de sommeil devait y faire. Passant une main engourdie sur ses yeux irrités, il hocha la tête d'un air vaguement absent. Son regard vide donnait souvent cette impression, quoi qu'il en soit – volage, incapable de suivre les mouvements avec la justesse que l'on attendait des personnes en face de soi.
« Dans ta chambre, normalement, tu devrais avoir des vêtements. Mais tes colocataires dorment peut-être... »
Ce n'était pas un vrai soucis. Enfin, tout dépendait de la chambre qui lui avait été attitrée par l'entité dirigeant ce manoir : si elle était avec des fêtardes elle ne dormiraient probablement pas encore, si elle était avec des couche-tôt il faudrait faire attention à ne réveiller personne... De même si elle était tombée avec quelqu'un qui faisait peur au garçon. A savoir Heather, par exemple ; la sorcière par excellence. Cela dit, si elle voulait des vêtements secs, c'était probablement qu'elle était mouillée – et donc par déduction, qu'elle avait froid. D'un geste habitué autant que souple, l'espagnol fit glisser son gilet le long de ses bras et le tendit à bout de bras dans la direction où il imaginait que Chrissy se trouvait. Ce n'était pas grand chose mais ce serait déjà mieux que rien, à défaut d'avoir immédiatement de quoi se changer. A moins qu'elle ne soit du genre catcheuse d'un mètre quatre-vingt pour cent kilos, il la voyait mal le déchirer ou ne pas rentrer dedans. Il avait beau ne pas être immense, s'était malheureusement arrêté de vieillir à un âge où sa croissance n'était pas terminée, il était loin d'être petit pour autant : au mieux, ça lui ferait une sorte de robe dans laquelle se protéger.
« Tiens, tu peux prendre ça en attendant. On peut aller voir à l'étage, tant qu'on fait pas trop de bruit... Ça devrait aller. Je pense pas qu'on t'en voudrait beaucoup si tu réveilles quelqu'un, de toute façon. »
Her, elle venait d'arriver. Ça n'aurait pas été très sympathique de lui jeter des objets dessus alors que la pauvre devait être terrorisée, ne rien comprendre et peut-être pleurer des parents ou des proches perdus de l'autre côté de la porte. Cela dit, elle avait l'air plutôt calme pour quelqu'un qui venait tout juste de se faire enfermer à vie dans un endroit glauque et potentiellement dangereux où l'on utilisait des pouvoirs de façon régulière et qu'un animal vous suivait partout et pouvait parfois parler... Enfin, elle pouvait tout simplement être en état de choc. Ça n'aurait rien eu de très étonnant. Lui-même n'y avait pas cru, au début. Ne pas pouvoir lire de ses propres yeux le panneau n'avait certes pas aidé, mais tout de même : la couleuvre était dure à avaler. Sourire aux lèvres, tentant d'être le plus rassurant possible au cas où elle puisse avoir peur et le cacher à ses oreilles pourtant attentives et habituées aux différentes intonations de voix, il appuya sa main contre le mur pour trouver la porte.
« Tu viens d'arriver, alors ? C'est dur, au début, mais... On s'habitue. A peu près. »
Ses proches, son meilleur ami, ses parents, toutes les personnes qu'il côtoyait avant de passer cette porte lui manquaient encore. C'était bien pour ça qu'il allait régulièrement si mal ; on ne s'y fait jamais complètement.
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Sam 31 Mai 2014 - 23:23
Je ne peux m'empêcher de me demander s'il m'a écouté, son regard voilé est perdu dans le vide, il a l'air absent, mais peut-être est-ce normal lorsqu'on n'est pas capable de voir ? Au fond, je suis chanceuse d'avoir encore un oeil pour jauger ce qui m'entoure, j'ai beau n'avoir pas peur du noir il doit être oppressant de ne pouvoir se fier qu'à ses autres sens, surtout lorsqu'on est un humain et qu'ils sont moins développés encore que les miens qui ne sont pourtant pas grand chose à côté de ce dont serait capable un véritable félin. Si j'avais les yeux fermés, pourrais-je m'empêcher de toucher ? Me contenter d'une voix pour tenter de déterminer la stature d'une personne me paraîtrait peut-être trop peu, ne pas avoir la moindre idée de sa taille, de sa musculature, de la nature du regard qu'il pose sur moi... Ce serait tellement frustrant, tellement inquiétant. Je crois que je préfère encore voir des choses qui ne sont pas réelles, ou du moins c'est ce que je continue à espérer, que de ne plus rien voir du tout.
Quoiqu'il en soit, il semblerait qu'il m'ait bel et bien entendu puisqu'il prend la parole pour répondre à ma question, m'offrant une information dont je n'avais pas connaissance jusqu'alors. Une chambre ? Ma chambre ? Mes colocataires ? Comment pourrait-on m'avoir assigné une chambre alors que je viens de franchir la porte et que rien ne prédestinait mon arrivée ? Et pourquoi y aurait-il des vêtements d'ailleurs ? Je me vois mal emprunter les vêtements d'éventuels colocataires, déjà que j'ai peur de leur réaction lorsqu'ils découvriront ce que je suis, et je doute qu'il soit prévu pour chaque chambre des vêtements qui pourraient être utilisés par n'importe quel nouvel arrivant. Mais au fond, combien y avait-il de chance pour que cette porte se referme sans se rouvrir ensuite ? Un moyen mécanique, me dira-t-on, mais cette petite souris apparue de nulle part ? Cette histoire de magie à laquelle on veut me faire croire... Si je suis prête à croire ça, qu'est-ce qui me prouve qu'il n'y a pas bel et bien une chambre qui m'attend, quelque part ?
Perdue dans mes questionnements, je ne remarque pas tout de suite le geste du garçon, probablement rendue moins méfiante par son incapacité à s'en rendre compte. Ce n'est que lorsqu'il prend la parole que je remarque son bras tendu dans une direction qui, sans être parfaitement exacte, reste assez bien calculée. Il veut vraiment me prêter son vêtement ? Il me faut quelques secondes pour réagir, c'est idiot pourtant, ce n'est qu'un simple geste qui est probablement commun chez les humains, un geste qui ne devrait rien avoir d'impressionnant... Sauf que, tout comme les applaudissements plus tôt, il marque quelque chose de nouveau pour moi. Jamais le maître ne m'aurait permis de toucher ses affaires autrement que dans le cadre de mes corvées. J'avais alors des vêtements qu'il m'avait choisi, souvent peu habillé et dans la même optique de poupée gothique que celle qui m'avait été attribuée dans la boutique où j'avais été vendue, mais jamais il ne serait venu à l'idée du maître de me prêter une veste, une chemise, quoique ce soit. Pourquoi l'aurait-il fait de toute façon ? Bien que n'ayant jamais vraiment chaud dans la pièce où je logeais, je n'ai jamais été exposée au froid comme aujourd'hui, et rien n'impliquait qu'il ne soit nécessaire de me prêter quelque chose. Souriant presque sans m'en rendre compte, je saisis le gilet d'une main légèrement tremblante, évitant de toucher la sienne comme si le moindre contact risquait de trahir ma véritable nature, et un mot échappe à mes lèvres, presque un murmure emprunt d'une profonde reconnaissance.
- Merci...
Déjà je le devine cherchant la porte de la main, mettant probablement sa proposition à exécution. Trouver ma chambre et tâcher de ne réveiller personne pour trouver de quoi me changer... Voilà une idée qui me paraîtrait plus qu'avisée si je n'étais pas ce que je suis, s'il n'était pas le seul à ne pas pouvoir s'en rendre compte. Si sur le chemin jusque cette chambre nous croisons la route d'un autre humain, combien aurais-je de chance qu'il soit aveugle lui aussi ? Il me demande confirmation que je viens d'arriver, m'annonce qu'on fini par s'y habituer mais semble se raviser avant même la fin de sa phrase, songeant probablement à sa propre expérience. Le gilet toujours en main, effrayée à l'idée de le mouiller à cause de mes vêtements et de ma chevelure imbibés d'eau, je ne peux m'empêcher de me crisper lorsqu'il parvient à trouver la porte et que je peux entendre ce grincement significatif me rapprochant du moment fatidique où je devrai faire face à une cruelle réalité. Je ne suis rien de plus que moi-même, rien de plus qu'un esclave... Si je croise la route d'un humain, il risque de vouloir me capturer, m'enfermer dans une cage. Ce garçon, il est gentil, peut-être que je me trompe, peut-être que je me laisse encore berner par mon éducation qui rend tout humain merveilleux à mes yeux, mais je n'ai pas envie qu'il l'apprenne de cette façon. C'est probablement idiot, mais peut-être est-ce plus prudent au contraire ? S'il est aveugle, il sera plus facile pour moi de me défendre s'il décide de s'en prendre à moi. Et s'il accepte de m'aider, ou fait au moins semblant... Je ne sais pas, au fond, je crois que je continue à espérer qu'un jour je ne serai pas uniquement jugée sur mes oreilles et ma queue féline.
- Attend je... Je ne peux pas croiser un humain... Je veux dire... Je suis... Une hybride.
La honte pèse sur chacun des mots que je prononce avec hésitation, déjà je recule d'un pas, à nouveau sur le qui-vive, prête à réagir s'il devait se jeter sur moi pour tenter de me faire du mal, cherchant à discerner sur son visage la moindre euphorie, la moindre envie de me berner, de profiter de mon statut. Je déglutis, j'ai peur, ma voix tremble mais je parviens à prononcer quelques mots encore, espérant sans trop y croire qu'ils suffiront à l'amadouer, qu'il acceptera de me donner une chance, même si je n'ai pas été honnête avec lui dès son arrivée.
- Je suis arrivée ici parce que je me suis enfuie... Mon maître me... Je ne voulais plus le servir. Je sais que je n'aurais pas dû mais... Je... Je ne veux pas retourner dans une cage... Je voudrais juste... Etre quelqu'un... Pas seulement une esclave...
Malgré moi, je sens les larmes border tant mes yeux que ma voix qui se brise sur le dernier mot comme s'il m'était particulièrement difficile de le prononcer. C'est pourtant une réalité, certains préfèrent nous attribuer d'autres noms, moins tranchants, moins excessifs, mais peu importe le nom qu'on choisit de nous donner, c'est ce que nous sommes, des esclaves et rien de plus. Mes doigts blanchis serrent toujours le gilet qu'il m'a tendu, prête à le lancer sur lui pour le déstabiliser si je devais prendre la fuite, à défaut d'oser l'utiliser pour me réchauffer. Non, il pourra dire ce qu'il voudra je ne retournerai pas chez mon maître, je n'accepterai pas d'être capturée à nouveau, et si je dois me battre avec lui, avec deux humains, cinq, dix ou même des centaines, je ne me livrerai plus sans combattre.
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Alejandro Alavés L.
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Jeu 5 Juin 2014 - 3:43
Elle avait pris le gilet, au moins ; ce geste le laissa rassuré, un peu plus à l'aise aussi maintenant que le contact avait été établi, en quelque sorte – et ce sans qu'aucun d'eux n'ait touché l'autre ou qu'il y ait pu avoir d'échange de regard ; ce n'était pas rien. A force de vivre dans le noir, le jeune homme avait fini par se rendre compte que si la vue lui manquait toujours terriblement, elle était nettement compensable par le reste. La perspective de vivre pour toujours dans le noir était bien sûr terrifiante ; même aujourd'hui, contrairement à beaucoup d'autres aveugles, le garçon était encore terrorisé à l'idée de ne plus jamais recouvrir l'usage de ses yeux. Seulement, en somme, c'était une expérience qui aurait valu le coup d'être faite. Pour quelques jours, quelques semaines. On « voyait » le monde autrement ; sans son sens principal pour se guider, l'humain était forcé contraint de se reposer sur les autres, de les développer, de ne plus les reléguer au placard. Là où les autres trouvaient une chose belle sur la simple base de ses formes et de sa couleur, lui aimait les textures et l'harmonie que pouvaient avoir les objets sous ses doigts, les sons dans ses oreilles : son jugement n'était plus biaisé par l'image, le visuel, les couvertures des magazines qu'on lui lisait parfois. Il n'était plus obligé de voir l'apparence des autres avant leur caractère, leur intérieur, leur valeur profonde. Et ça, s'il avait pu le faire tout en gardant la vue, ç'aurait été avec le plus grand des plaisirs. Parce que c'était vraiment un sentiment gratifiant que d'être face à cette fille, ses yeux rivés sur elle comme à travers une vitre sans teint, tout en se disant que peu importe de quelconques difformités ou bizarreries physiques, rien ne pourrait altérer la vision qu'il avait d'elle. Il pouvait se la représenter, et bien sûr que s'il l'avait touchée et remarqué quelque chose d'étrange il aurait pu reculer, sursauter – c'était humain et rien de plus, voilà tout. Seulement il restait plus ouvert que d'autres. Il fallait bien que son handicap ait quelques bons côtés, et...
Main sur la porte, aussi abasourdi qu'il puisse l'être, il aurait tout donné pour pouvoir comprendre ce qu'elle lui disait en un clignement d'yeux hébété. S'il avait pu chasser le noir ne serait-ce qu'un instant, il était persuadé que tout serait devenu soudain plus clair ; qu'il aurait compris ce que signifiait être une hybride au juste, en quoi cela changeait quoi que ce soit, en quoi cela pouvait avoir une quelconque importance. Il ne s'était pas imaginé en l'entendant jouer du piano qu'elle puisse être autre chose qu'humaine ; en bon habitué des lieux, il aurait dû se l'imaginer pourtant. Ne pas rejeter la possibilité. A cette pensée, un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Son esprit ajoutait maintenant cornes, queues et yeux en trop partout où il pouvait se les imaginer ; perturbé, il dut fermer et rouvrir les yeux avant de déglutir difficilement. Ces images lui venaient parfois quand il ne savait pas comment se représenter ce qu'il avait en face de soi. L'inconnu faisait peur et, en toute bonne logique, les inconnus aussi. Il n'était plus sûr de rien concernant l'allure de cette jeune fille.
Déstabilisé, un peu inquiet aussi – était-il en présence d'une sorte de monstre à moitié humain seulement ? – Alejandro sentit sa main se crisper sur la poignée à mesure qu'elle continuait de parler. Ce discours, curieusement, lui en rappellait un autre : celui d'une jeune fille à la peau noire qui, la première fois qu'il l'avait rencontrée, avait assuré être une esclave et ne pas mériter qu'il s'inquiète pour elle. Celle-ci semblait plus décidée à ne pas se laisser faire mais malgré tout, le terme utilisé pour se désigner restait fort et particulièrement dégradant. Encore plus perplexe, l'air franchement perdu, il tenta de se représenter n'importe quelle créature cruelle parler de cette façon. Ça ne passait tout simplement pas. Elle n'avait pas l'air dangereuse. Juste apeurée, alors que sa voix se brisait sur un mot qu'elle aurait sans doute préféré ne pas avoir à prononcer. Lui non plus n'aurait pas voulu être mis en cage. Cette simple idée le révulsait plus profondément que toutes les images qu'il avait pu se dessiner dans l'obscurité de son esprit quelques secondes auparavant ; profondément énervé qu'on puisse traiter ainsi des êtres vivants, il secoua vivement sa tête de gauche à droite. Non, non.
« Je – personne va te mettre en cage ! s'exclama-t-il un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu, effrayé rien qu'à y penser. Ce serait horrible, t'es pas... »
Un animal ? Sauf qu'elle pouvait très bien avoir un museau ou huit bras, pour ce qu'il en savait – à savoir rien du tout. Malgré tout, le message avait dû passer. C'était bien tout ce qui comptait.
« Je veux dire... » Ennuyé, il passa une main sur son visage. « T'as pas à t'inquiéter. Ce serait long à expliquer, mais ici on se fiche bien d'où tu viens, de ce que tu es, ou... Je sais pas. Là d'où je viens il n'y avait pas de... D'hybrides ? De toute façon. »
Il tenta un sourire censé la rassurer ; à moins que ce ne soit lui, qu'il essayait de rassurer. L'image d'une femme araignée était dure à chasser, malgré tout.
« Dis, tu... Ne le fais pas si ça te dérange, mais tu pourrais te décrire ? »
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Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Dim 8 Juin 2014 - 10:21
Sa main reste agrippée à la poignée, comme figée et j'ai l'impression de pouvoir sentir sa peur jusqu'au creux de mon estomac. De la peur... Ce n'est pas le sentiment qu'on me voue habituellement, du dédain, souvent, mais jamais de la peur. Malgré tout, cette porte qui ne s'ouvre plus m'inquiète, je recule encore d'un pas, soudainement prisonnière d'une légère claustrophobie. Cette pièce ou une cage, pour peu qu'on m'y enferme, ne fait pas vraiment de différence. Est-ce pour ça qu'il hésite à refermer la porte ? Parce qu'il ne sait pas s'il ne serait pas plus facile de m'enfermer ici ? Ou parce qu'il se dit que, la porte plus ouverte, on risque de me voir, en réaction à ce que je viens de lui avouer ? Je ne sais pas, je suis attentive au moindre de ses gestes, au moindre changement dans sa respiration que mes oreilles félines parviennent à percevoir.
Soudain, il semble se mettre en colère, au moins un peu, parce que je n'ai pas été honnête ? Parce qu'il s'est adressé à moi comme il l'aurait fait avec une humaine et que je ne méritais pas ce privilège ? Lorsqu'il prend la parole, un peu plus fort que pour une discussion conviviale, mes oreilles s'aplatissent naturellement sur mon crane et ma lèvre supérieure remonte très légèrement pour dévoiler les petits crocs que j'ai en bouche, réflexe naturel lorsque je me sens menacée. Pourtant, les mots qu'ils prononcent suffisent à me calmer un peu. Est-il sérieux ? En fait, il a plutôt l'air énervé à l'idée qu'on puisse m'enfermer dans une cage que l'inverse, ou alors joue-t-il particulièrement bien la comédie, ce qui ne m'étonnerait pas forcément de la part d'un humain. Il suffit de voir le nombre d'entre eux qui parviennent à persuader un hybride qu'il le traitera en égal, qu'il l'aimera profondément et qu'il ne lui fera jamais de tort avant de le conduire tout droit dans l'enfer d'un quotidien d'esclave malmené. J'ai eu de la chance par rapport à d'autres, malgré mon oeil désormais aveugle, malgré les coups qui ont suivi l'apparition de ce handicap, les premiers instants de ma captivité se sont bien passés, j'étais heureuse de ma couverture sur le sol, on ne m'a jamais privé de nourriture même si je n'avais droit qu'aux restes, on ne m'a jamais fait mal même si je devais offrir mon corps au maître.
Lorsque finalement il reprend la parole après un moment d'hésitation, sa gestuelle semblant démontrer une certaine gêne, je ne peux m'empêcher de me demander si je dois le croire ou non. Je n'ai pas l'impression qu'il mente, il n'a pas l'air d'être cet humain mesquin qui me ferait risette pour que je ne sois pas sur mes gardes au moment où il frappera un grand coup, mais peut-être que c'est parce qu'il est aveugle que j'ai cette façon de penser... Le simple fait qu'il ne peut pas me voir est peut-être rassurant et me le rend plus vulnérable. Comment pourrait-il me faire du mal ? Cette façon de pensée est stupide, c'est un humain, c'est tout ce qui devrait compter, c'est la seule chose sur laquelle je devrais me concentrer, par sa simple nature je ne peux pas lui faire confiance, qu'importe qu'il soit aveugle ou n'importe quoi d'autre. Pour autant... sa question me déstabilise. Est-il vraiment en train de me demander à quoi je ressemble ? Est-ce que ça voudrait dire que... Cet endroit renferme vraiment des gens venant d'endroits différents ? Il m'a dit venir d'un endroit où il n'y avait pas d'hybride, est-ce que ça voudrait dire que, peut-être, personne ici ne pourrait savoir ce que je suis vraiment ? Hormis une humaine avec des oreilles et une queue de chat, bien sûr.
- Je... Je suis comme une humaine en fait mais... j'ai des oreilles de chat et une... queue
Ma phrase est hésitante, non pas parce que j'ai peur, cette fois-ci, mais bel et bien parce que j'hésite, je ne sais pas vraiment comme je pourrais me décrire, ce n'est pas comme si j'avais déjà dû me poser la question. Peut-être devrais-je aussi lui parler des petits crocs que j'ai en bouche ? Je ne sais pas, il n'a pas l'air très rassuré en fait, ce qui est compréhensible en fait, si je n'avais pas au moins un oeil valide et que j'apprenais que la personne qui me parle est d'une nature dont je n'ai même jamais entendu parler, je serais aussi plutôt inquiète. Et même en lui expliquant comme ça, va-t-il seulement me croire ? Après tout ça ne doit pas être facile d'imaginer quelque chose qu'on n'a jamais vu, et je pourrais tout aussi bien lui mentir puisque je n'ai pas été honnête jusqu'à maintenant en ne lui disant pas ce que j'étais. Ce que je pourrais faire ? La réponse me semble évidente, et pourtant je ne suis pas sûre de vraiment le vouloir.
- Ça t'aiderait peut-être de... me... toucher ?
Me toucher, n'est-ce pas la meilleure façon de lui donner l'occasion de me frapper sans que je ne puisse rien y faire ? L'occasion de m'attraper et de ne plus me lâcher pour que je ne puisse pas m'enfuir ? Non, je veux croire qu'il est honnête, qu'il ne sait bel et bien pas ce que je suis, qu'il ne veut pas me faire de mal, m'enfermer dans une cage. Doucement, un peu inquiète malgré tout, je m'approche de lui, ça me semble plus simple de franchir les quelques pas qui nous séparent, lui-même ne sachant pas forcément dans quelle direction il devrait aller. Son gilet toujours en main, je décide de le poser sur une commode non loin de la porte avant d'arriver à sa hauteur. Ma main tremble, je me demande s'il a peur aussi. Inspirant profondément, je tends doucement ma main vers la sienne jusqu'à ce que la chaleur de sa peau parvienne contre le bout de mes doigts. Je ferme les yeux, j'aurais peut-être dû lui parler de mon cache-oeil avant ? Comprendra-t-il de quoi il s'agit lorsqu'il sentira cette plaque froide sur ma peau ? Probablement pas, mais ça n'est pas vraiment le moment de toute façon, et ce n'est pas le genre de choses dont j'ai envie de parler sans y être obligée.
Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Mer 18 Juin 2014 - 19:01
Les paroles de la jeune fille, doucement, commencèrent à apaiser les inquiétudes d'Alejandro. Lui qui s'était imaginé tout et n'importe quoi ne pouvait bien sûr pas la croire sur parole ; après tout, elle pouvait lui mentir. Tout le monde pouvait. Tout le monde le faisait. C'était un des défauts sûrement les plus répandus chez les êtres vivants dotés d'une conscience, et certainement un de ceux qu'il redoutait le plus depuis son handicap. Qu'on lui fasse voir des choses à la place d'autres. Qu'on lui dessine des faux-semblants et de belles arnaques uniquement parce qu'il n'avait aucun moyen de vérifier, de voir par lui-même. Cependant – et c'était un point important – il doutait franchement qu'elle aurait proposé de le laisser la toucher si elle n'avait fait que lui raconter le plus beau tissu de n'importe quoi qu'elle ait jamais eu l'occasion de raconter durant sa courte existence. Ça n'aurait eu aucun sens. C'était comme... Comme bander les yeux de quelqu'un et lui dire « regarde, on est à la mer » avant de le laisser voir un paysage de campagne. Pourquoi faire une chose pareille ? Pour lui faire peur ? Pour le laisser se rendre compte par lui-même qu'à défaut d'attributs félins, elle avait une tête d'alligator prête à le dévorer tout cru ? C'était possible, et il disait bien possible, mais franchement peu crédible. Il fallait que ça le soit. Il ne voulait plus s'imaginer être en train de parler avec un véritable monstre sans foi ni loi n'attendant que d'avoir sa main près d'elle pour le gober comme un œuf dur. Le fait que la situation se soit renversée si rapidement, lui qui avait peur et elle qui décidait de son sort, était absolument risible ; et il en aurait rit, peut-être, s'il n'avait pas été si préoccupé à réguler les battements de son cœur. Bam bam bam. Ça cognait fort là-dedans. On se serait cru à la fête nationale, avec tous les tambours et les instruments à vents. Bam bam. Pan. La main de la demoiselle était froide lorsqu'elle toucha la sienne ; un frisson remonta le long de son corps, involontaire. Doucement, sans brusquerie, il fit glisser ses doigts contre les siens. C'était toujours bizarre de toucher les autres comme ça. Il se faisait difficilement une idée de ce que ça pouvait être pour la personne en face. Sentir des mains courir sur sa peau, que l'autre soit aveugle ou pas, l'aurait gêné au point de le rendre plus rouge que le plus beau des homards. C'était embarrassant, forcément. Ça l'était pour lui aussi. Même le silence l'était – et pourtant, concentré, il n'aurait jamais osé le briser. Il voulait se faire une image la plus précise possible de son interlocutrice, pour lui rendre un tant soit peu justice. Se l'imaginer belle ou un peu moins, pouvoir dessiner du bout de ses doigts la forme de ses yeux, de sa bouche, la courbure de son nez. C'était important. Qu'elle le laisse faire l'était aussi, en un sens. C'était une belle preuve de confiance mutuelle. Pour deux personnes qui venaient de se rencontrer, du moins, ça l'était. Il n'avait pas encore eu l'occasion de parcourir ainsi les traits de tous ses amis. C'était dire. La question ne se posait pas toujours, tout simplement.
Avec toute la délicatesse du monde, il remonta sa main le long de son bras, sur son épaule. L'autre trouva appui sur sa jumelle, à gauche, et il put ainsi lui donner une taille approximative ; petite, sûrement frêle à en juger par ce qu'il pouvait en percevoir. Parce qu'il se voyait mal descendre plus bas pour chercher si oui ou non elle avait une queue de chat, point sur lequel il décida de la croire sur parole si le reste s'avérait juste, il remonta le long de son cou. Ses mains glissèrent sur sa mâchoire, ses joues ; il frôla sa bouche du bout des doigts, puis son nez, puis ses yeux. Il fit très attention à ne faire que frôler, pour ne pas risquer de lui faire mal ou d'abîmer une quelconque partie de son visage peut-être sensible. Une de ses mains finit par rencontrer une plaque qui n'avait rien à faire là ; surpris, il en traça le contour avant de se dire que ce devait être une sorte de cache-œil quelconque. Mordillant sa lèvre supérieure, le jeune homme passa ses mains dans ses cheveux ; y trouva deux oreilles de chat, sur lesquelles il s'attarda légèrement pour bien en saisir les contours. Elle n'avait pas l'air de lui avoir menti. A part ces oreilles et la queue qu'il devinait derrière elle, rien ne semblait bizarre. Rien qu'il ait pu « voir », du moins.
Satisfait, il laissa retomber ses bras le long de son corps et lui décocha un joli sourire.
« Merci. Ça m'aide beaucoup, affirma-t-il en laissant sa paume retrouver le contact rassurant de la poignée de porte. Désolé si c'était gênant. »
Rien ne lui affirmait qu'il ne soit pas le plus gêné des deux, mais qu'importe. Mieux valait prévenir que guérir.
« Tu devrais vraiment mettre ce gilet, fit-il remarquer avec un petit sourire embarrassé. Il risque de faire un peu plus froid dans les couloirs. »
Sur quoi il appuya sur la clenche pour ouvrir la porte.
« Prête ? »
Pensionnaire
Chrissy
+
Pseudo Hors-RP : Phantomaël • Age : 26 • Pouvoir : Hallucinations violentes • AEA : Une petite souris noire appelée Gally • Petit(e) ami(e) : Tu veux des cacahuètes ?
Sujet: Re: La mélodie d'une retrouvaille [PV Alejandro] Jeu 26 Juin 2014 - 11:43
Alors que ses doigts glissent lentement le long des miens, je ferme les yeux, mon coeur battant la chamade. Je ne saurais trop dire ce que je ressens en cet instant précis, de la peur, du malaise mais aussi, peut-être, une certaine euphorie. L'intimité de cet instant à quelque chose d'à la fois terrifiant et plaisant, probablement parce qu'il s'agit de la première fois. La première fois que c'est moi qui donne à un humain l'autorisation de me toucher, la première fois qu'on me touche sans chercher à... me toucher. Bien sûr, il y avait Loïs, lorsqu'elle nettoyait mes plaies, qu'elle les pansait, lorsqu'elle prenait soin de moi... Mais Loïs n'était pas un homme et, surtout, Loïs n'était pas une humaine. Pas un seul mot n'est prononcé, seul le crépitement des flammes semble nous tenir compagnie, je me sens fébrile, il pose ses mains sur mes épaules et je rouvre les yeux, tâchant d'apercevoir sur son visage un signe d'hostilité quelconque, un sourire, quelque chose, n'importe quoi qui puisse m'indiquer quel comportement il m'est nécessaire d'adopter. Rien, je déglutis, je tremble légèrement et je dois lutter contre l’irrépressible envie de me reculer lorsque sa main remonte vers mon visage, mais je reste parfaitement immobile. A la peur qui saisit mon corps se mêle une sorte d'impatience, pas à l'idée que ça se termine, étrangement, plutôt parce que je trouve un certain plaisir à sentir la chaleur de ses doigts contre ma peau, un peu comme si je me découvrais à travers lui.
Lorsque finalement ses doigts rencontrent le cache qui recouvre mon oeil, j'ai le souffle coupé. Je m'attend à une question, à ce qu'il recule sa main, peut-être effrayé, mais il n'en fait rien, il en trace le contour et j'ai l'impression pendant quelques secondes de pouvoir à nouveau sentir la douleur qui transperce mon oeil derrière ce cache, comme si l'effrayante créature qui m'a poursuivie à l'entrée de cet étrange manoir était tapie dans l'ombre, prête à surgir si elle devait se sentir menacée. L'effrayante créature, je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au coeur, c'est de moi que je parle, je ne sais pas encore vraiment si elle est réelle ou non, je n'ai aucun moyen de le savoir et j'espère de tout mon coeur qu'il ne s'agit que du fruit malsain de mon imagination mais je sais qu'elle est là quelque part, je le sens, et j'ai presque envie de lever la main pour arracher celle du garçon de cette barrière qui semble la retenir. Je ne veux pas qu'elle lui fasse de mal, il ne m'a rien fait, je lui ai donné le droit de me toucher comme il le fait et il n'existe aucune raison valable pour qu'elle se sente menacée par lui. Lorsque finalement il éloigne sa main du cache, la douleur se tarit et j'ai l'impression de retrouver mon souffle, il ne dit rien, je ne perçois que ses dents qui se referment doucement sur une de ses lèvres, par inquiétude ? Je n'en sais trop rien, elle semble s'être calmée et c'est tout ce qui compte à mes yeux.
Lorsque finalement il en arrive à ma chevelure et à mes oreilles félines, un frisson parcourt mon corps. Cette partie de mon anatomie est particulièrement sensible, le moindre frôlement déclenche en moi quelque chose qui m'apaise autant qu'il ne fait monter en moi une étrange excitation, malgré moi je ne peux m'empêcher de pencher très légèrement la tête pour mieux sentir ses doigts contre mes oreilles et je suis gênée de devoir contenir un ronronnement qui semble vouloir s'échapper de ma gorge. Ca aussi, ça fait partie de moi, certains comportements félins qui semblent me rappeler à ma nature presque sauvage, le mouvement de mes oreilles, mes lèvres qui se retroussent parfois par dessus mes crocs, les mouvements de ma queue et certains bruits qui semblent s'échapper de ma gorge sans que je ne sois capable de les retenir. Lorsqu'enfin il laisse retomber sa main, je suis presque déçue, frustrée, et pourtant une part de moi-même semble vouloir me raisonner en me rappelant que le but de la manoeuvre n'était certainement pas de jouer les chatons domestiques, aussi je me ressaisis.
Il me remercie, m'excuse de la gêne qu'il a pu occasionner et je me sens alors rougir légèrement, ne sachant trop quoi répondre. Des excuses, de la part d'un humain, c'est quelque chose que je trouve assez inhabituel et je ne suis pas sûre de savoir comment réagir à ça. Dans le doute, je préfère ne rien dire, même si ça peut éventuellement être mal pris. De toute façon, il ne semble pas vraiment préoccupé par ma réponse puisqu'à nouveau sa main se pose sur la poignée de la porte. Je tressaille, ais-je confiance en lui ? Aucun humain ici ne va chercher à me capturer, à faire de moi son esclave ? Sans que je ne m'en rende vraiment compte, mes doigts se resserrent sur le gilet qui se trouve toujours dans ma main, juste au moment où il affirme que je devrais l'enfiler. Je me sens un peu gênée, il est vrai que j'avais oublié que ce contact lui permettrait de se rendre compte de ma désobéissance. Désobéissance ? Non, ce n'est pas un ordre qu'il m'a donné, je n'ai pas à obéir ou non, c'est juste un conseil, il n'exige pas que je l'enfile, il me dit juste que ce serait mieux pour moi. Un léger sourire se dessiner au coin de mes lèvres et je me décide à l'écouter, passant le gilet avec un peu trop de cérémonie peut-être, comme s'il s'agissait d'un vêtement de satin, précieux et irremplaçable. La clenche de la porte descend, il m'adresse une dernière question qui me met un peu mal à l'aise mais je prends une profonde inspiration et me décide à répondre, tâchant d'avoir l'air sûr de moi.
- Oui, je suis prête.
Lorsqu'il pousse sur la porte pour l'ouvrir, je ne peux malgré tout m'empêcher de tendre la main pour attraper la sienne. J'espère qu'il ne va pas mal le prendre mais j'ai besoin de ce contact pour me rassurer, c'est pourtant relativement stupide, c'est encore la meilleure façon de m'entraver en admettant qu'il s'agisse d'un piège, il pourra dès lors me retenir sans que je ne puisse faire grand chose, mais j'ai envie de croire en lui et je presse doucement sa main à la recherche d'un certain réconfort tandis que nous sortons de la pièce. Oui, je suis prête à le suivre, je suis prête à croire que c'est une nouvelle vie qui s'offre à moi, et même si mon estomac reste noué par la peur, j'ai envie de croire que ce n'est que le premier pas d'une existence qui fera de moi une personne à part en tiers, et non plus la seule esclave que j'étais destinée à être.