Il était une fois une patate.
Une patate douce, pour être exact. Quoi que T.J n'était pas certain de la différence entre une patate douce et une patate rêche – et est-ce que ça existait seulement, les patates rêches ? Parce qu'il connaissait les patates sauvages, mais sinon...
Joue appuyée contre sa main gauche, coude contre le bois de la table, le jeune homme avait fait glisser son doigt contre la peau de la pomme de terre sans réussir à clairement déterminer si cette chose était lisse ou rêche. Ni même si lisse était le contraire de rêche et vice versa. Ce qui l'avait profondément embêté, voyez vous – parce qu'à vingt ans passés, se rendre compte qu'on ne sait pas grand chose de ce qu'on mange à part le nom de la bestiole, ça a quelque chose de presque
inquiétant. D'autant plus que ce n'était même pas d'une bestiole dont il était question mais d'un bête légume. Voire d'un tubercule, comme il l'apprendrait une fois qu'il aurait décidé d'aller se renseigner à la bibliothèque.
Mais ça, ce ne serait que quelques minutes plus tard. Le temps qu'il en ait marre de fixer la chose sous tous les angles en se demandant si oui ou non il avait faim. Sachant que de toute façon il ne pouvait pas manger ce truc cru ou avec la peau et qu'il n'avait pas la plus petite idée de comment l'éplucher ou la préparer. Et puis ça faisait peu, une seule patate. Combien on pouvait faire de frites avec ça au juste ? Dix ? Cinq ? Et de quelle taille ? Il n'en savait foutrement rien, sérieux. C'était beaucoup trop compliqué pour lui. A la rigueur, faire des pâtes, il voulait bien ; observer Hugo lui avait fourni suffisamment de matière pour pouvoir prétendre en être capable à peu près correctement. Mais faire des frites, là... C'était le niveau au-dessus. McDo + 5 au moins. Ou Femme Au Foyer +2.
Or jusqu'à preuve du contraire, il n'avait aucune expérience dans le domaine de la restauration rapide ou de l'entretien d'un foyer.
Tant pis pour les frites.
Après avoir décrété que s'informer était chose vitale (ce qui était plutôt une bonne déduction, après tant d'années passées à refuser de l'admettre), l'australien s'était donc rendu dans la bibliothèque, où il avait emprunté la seule et unique encyclopédie de la pomme de terre.
Et si on le lui demandait, oui, il s'ennuyait à en MOURIR ici.
Raison pour laquelle ce genre de pulsions n'était plus si bizarre venant de lui – ou de n'importe qui d'autre, d'ailleurs. Quitte à occuper ses journées, autant le faire en apprenant des trucs intéressants. Comme le fait que les pommes de terres étaient des tubercules, donc, et qu'elles appartenaient à la famille des solanacées. Et qu'elles n'aimaient pas beaucoup le calcaire. Même si, en fait, il lui semblait bien que rien au monde n'aimait le calcaire. C'était une sorte de rebut de la nature. Pourquoi ça existait au juste. Sérieux. Ça n'avait aucun sens de créer un bidule qui ne servait à rien et en plus de ça passait tout son temps à ennuyer le monde. Dieu était peut-être bourré, en fait, quand il avait créé tout ça. Ou sacrément fatigué.
En peu comme lui en ce moment, en fait – même s'il était techniquement parfaitement sobre, les restes d'une fête de la veille lui martyrisaient consciencieusement le crâne. Raison pour laquelle, vue son humeur légèrement lunatique, il préférait pour l'instant rester seul plutôt qu'aller taper sur les nerfs de ses amis. On ne sait jamais, après tout. Il n'avait pas envie qu'ils se lassent de lui et décident de l'abandonner à son triste sort.
Puisqu'il était coincé avec eux
ad vitam aeternam, mieux valait les ménager un peu de temps à autre.
La porte du salon s'ouvrit sans difficulté lorsqu'il appuya sur la clenche ; repoussée derrière lui du talon et sans grande délicatesse, il ne remarqua pas immédiatement la jeune fille allongée sur le sofa – principalement parce qu'il était occupé à tenter de mettre un poids sur le gros livre coincé sous son bras gauche. C'était lourd mais pas trop ; il ne savait même pas si ça pouvait se compter en kilos.
Lorsque ses yeux enregistrèrent enfin la présence de mademoiselle, il posa sur elle un regard intrigué ; détermina que ce n'était pas si grave et, l'encyclopédie sur ses genoux, se laissa tomber sur un fauteuil non loin.
« Booooon. Jour. » Et parce que décidément le social lui collait à la peau, impossible d'en rester là. Ses lèvres bougeaient presque d'elles-mêmes ; il n'y pouvait rien.
« On se connaît ? »A priori non mais on ne sait jamais.
- Hors RP:
jE SUIS IMPARDONNABLE JE SUIS HORRIBLE JE /PLEURE/ Pardon pour le retard pardoon pardooon. ;A; Ca n'arrivera plus jamais (normalement). Et pardon pour ce RP tout moche. AU MOINS JE L'AI FAIT CE SERA MIEUX QUE RIEN /pleure/