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 (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }

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Closet Case
T.J Henskens
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MessageSujet: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMar 23 Juil 2013 - 5:27

Nerveux et agités, les doigts de T.J jouaient contre le bois foncé en sons répétitifs et irritants. Depuis un moment déjà, ils hésitaient entre tracer la grille d'un Puissance 4 imaginaire et reproduire une musique que leur cher propriétaire avait connu à la mode ; incapables de se décider, ils optèrent finalement pour une sorte de tracé-tapé sans queue ni tête franchement désagréable à écouter. De toute façon, ça ne semblait pas déranger pas les adolescents qui discutaient près des fenêtres : et tant qu'on ne lui disait pas d'arrêter, lui, il n'arrêtait pas.
Accoudé au bout de la longue table rectangulaire installée à gauche de la salle à manger, yeux rivés sur le reflet que lui renvoyait son miroir de poche, le jeune homme laissa filer un soupir discret d'entre ses dents parfaitement blanches. C'était consternant. Complètement consternant. Super consternant, même – et quoi qu'il n'était pas tout à fait certain de la définition du mot, il jugea que ça devait être assez proche de ce qu'il ressentait en ce moment. A savoir, donc, de la consternation. Une atroce consternation profonde et énervante, même. Et il savait de quoi il parlait.
Désemparé, l'australien fit tomber sa glace d'un coup d'index et vint négligemment appuyer son front contre ses bras nus. Ce n'était pas exactement son genre de rester seul, pas plus qu'il n'aimait s'écrouler contre une table sans rien faire de constructif – et il n'avait pas peur de grand chose, vraiment, mais dans des cas comme celui-là c'était un peu... particulier. Il n'avait pas franchement besoin de réfléchir, ni de chercher ses mots pour écrire des excuses convenables ; tout ce qu'il lui fallait étaient deux trois minutes de silence, histoire de regrouper suffisamment de courage pour se lever et aller affronter le problème. Si problème il y avait, bien sûr. Le doute était permis. Un peu. Au moins vaguement. Mais il ne le serait plus s'il allait vérifier et, pour être tout à fait honnête, il n'était pas certain de vouloir se prendre des certitudes plus ou moins violentes en plein visage. Rester là et attendre que l'orage ou la petite brise hivernale passe, c'était bien aussi. Non, franchement, c'était un plan nickel. Presque trop parfait. Rester là et attendre. A l'abri.

… Sauf que peu importe comment il le tournait, ça craignait sérieusement.

Plus résolu quoi que toujours mal à l'aise, T.J rangea son miroir dans la poche de son bermuda blanc avant de sortir à pas tranquilles de la salle à manger. Concernant le « problème potentiel », la seule chose qu'il avait à faire pour l'instant était d'aller dire n'importe quoi à Hugo avec un grand sourire, jauger sa réaction, puis décider si oui ou non il allait falloir s'excuser. En se basant sur l'expression de son visage, il n'aurait aucun mal à évaluer à quel point le concerné voulait le tuer sur une échelle de un à dix – un étant 'tu me saoules' et dix 'je demande la garde des enfants'. Rien de compliqué. Yeux rivés sur le plancher sous ses pieds, il se mordit pensivement la lèvre. Depuis le matin, son ami lui avait à peine adressé la parole : or quand Hans lui parlait plus qu'Hugo à midi, c'était très rarement bon signe. Entendez par là 'aussi anormal que de la neige en juin', vu le taux de réaction du berlinois au réveil. A moins que les grognements ne comptent comme une forme de dialogue humainement compréhensible, peut-être, mais ça ne changeait rien au fait que ce silence ne présageait rien de bon.
Seulement voilà. Qu'Hugo lui en veuille, d'accord – ça arrivait régulièrement, ça ne durait pas, c'était bénin, ils marchaient comme ça, bref. Rien d'alarmant. Le seul réel soucis là-dedans était que Tyler ne comprenait que trop rarement pourquoi on lui en voulait : ça lui passait même complètement au-dessus de la tête. Alors peut-être qu'il avait trop collé une jolie brune pendant qu'Hugo était dans la cuisine, oui, et peut-être qu'il avait trop discuté avec Heather la veille, mais à ses yeux c'était juste... A mille lieues d'être des motifs plausibles de dispute. On n'en veut pas à quelqu'un pour avoir parlé à quelqu'un d'autre, si ?
Ennuyé, il poussa la porte de la chambre des dortoirs côté garçon en faisant la moue. Il ne faisait que leur parler, ce n'était pas comme s'il les draguait ! Ou pas complètement. Pas tout à fait. S'il le faisait c'était inconscient, en tout cas – donc lui en vouloir pour ça était complètement stupide, et il n'y pouvait rien si discuter avec une jolie fille était plus agréable que taper la causette à un camionneur, et...
Et il n'avait aucune idée de comment gérer une relation à long terme. Résultat, devoir parler à Hugo quand il était potentiellement juste légèrement rien qu'un tout petit peu énervé le faisait autant appréhender qu'un rendez-vous chez le dentiste. Il détestait le dentiste.
Les disputes, c'était casse-pied pour rien. Se savoir en tort n'aidait pas tellement non plus.

« Hugoooooo. »

Il ne frappa pas avant d'entrer. De toute façon, il n'y avait que ses deux amis à dormir là : et apparemment, Hans devait être parti fumer ailleurs. Ça lui éviterait de faire la grimace, hein. Tant mieux pour lui, songea T.J en fermant prudemment la porte derrière lui.

« Tu savais que tu dormais dans la chambre douze ? C'est marrant comme nombre ! »

Étape « dire n'importe quoi avec un grand sourire », succès total. Il s'était même surpassé en n'importe quoi pour compenser son sourire tendu. C'était dire son niveau de professionnalisme.

Mate moi ça Brenda:
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Hugo Launay
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 3:20

...

Hugo n'était pas jaloux, non – il réfutait. Il était simplement (peut-être) un tout petit peu susceptible.
Ce n'est pas comme si c'était nouveau, tout ça. Ça ne datait pas de son entrée au pensionnat, ni du moment où T.J et lui avaient entamé leur relation chaotique. Déjà chez lui, sa mère lui reprochait de s'emporter pour un rien, « comme ton père », et lui ne se privait pas pour lui renvoyer la pareille à grands coups de mauvaise foi. Il était comme ça il était comme ça, on allait pas le changer en deux jours. Même toute une vie n'aurait pas suffit pour faire table rase des montagnes de défauts qu'il se trainait depuis sa naissance. Assis sur son lit, à moitié affalé contre le mur, une partie passionnante de Snake sur son portable, il rabâchait ses idées noires et ses insultes depuis la veille au soir, bien décidé à ne plus parler à T.J de tout leur séjour au pensionnat.

Et si le séjour n'avait pas de terminus, il pouvait faire la tête pour toute l'éternité que ça ne le dérangeait pas outre mesure. Il n'y avait que lui pour être dupe de sa colère passagère, mais empilées les unes sur les autres, les petites contrariétés pouvaient donner naissance à de très grosses tempêtes. Il suffisait d'attendre le bon moment pour relâcher la pression. Aujourd'hui n'était pas plus mal qu'un autre jour – à savoir banal, gris et indifférent. Comme toujours.
Lily avait bien essayé de lui remonter le moral en grimpant sur ses genoux et en le sermonnant face à son manque flagrant de coopération, mais le rongeur avait dû cesser son babillage quand le propriétaire agacé l'avait fichu dehors en lui intimant fort poliment d'aller voir ailleurs s'il y était. Et peut-être d'aller faire sa vie ailleurs si elle en avait l'occasion, parce qu'elle commençait à lui taper sur les nerfs et qu'il n'avait plus envie de la voir. Heureusement pas vexée, à peine secouée, Lily était habituée à ces sautes d'humeur digne d'une femme enceinte. Elle avait trottiné jusqu'à une autre pièce le temps que l'orage passe, et Hugo savait qu'il était bon pour la remettre dehors d'ici une heure ou deux. Ce fut pour cette raison que, entendant son prénom au « o » désagréablement allongé (mais ô combien caractéristique de l'Australien mal habillé qui lui servait de copain), il crut que l'ahuri dont il ne voulait pas voir la tête lui ramenait son AEA presque obèse. Manque de chance, il ne l'avait pas dans les bras en entrant, et le blond lui jeta un regard désagréable par dessus son portable au cliquetis de la porte qui se refermait sur eux.
Qu'est-ce qu'il fichait là, au juste ?

« Tu savais que tu dormais dans la chambre douze ? C'est marrant comme nombre ! »

Super. Il était en avance par rapport à la marge de réalisation qu'il lui avait gentiment laissé hier ; presque trois heures ! Il faisait fort. Son cerveau atrophié avait retrouvé un semblant d'activité, peut-être ? Ça aurait été trop beau, le railla-t-il intérieurement en jetant négligemment son téléphone sur les draps emmêlés. C'était de T.J dont on parlait. Le type qui mettait des chemises hawaïennes et se pavanait torse nu sans la moindre pudeur.

Au lieu de faire la grimace, Hugo lui adressa un sourire bien grinçant et dégoulinant d'ironie.

« Ouais, c'est drôle, en presque trois ans j'avais jamais remarqué tiens ! »

Non mais, sérieusement. Il fit un effort colossal pour ne pas laisser la mauvaise humeur s'emparer de ses traits et haussa les épaules. Il fit semblant de s'intéresser aux plis que les draps faisaient sous lui avant de reprendre, la même note désagréable dans la voix :

« Et toi, tu savais qu'on frappait à la porte avant d'entrer ? Pour laisser le temps à l'autre de fermer le verrou s'il a pas envie de voir ta tête, par exemple. »

Ce qui n'était définitivement qu'un exemple, bien évidemment. Aucune insinuation méchante là-dessous. D'un côté, il préférait que T.J remarque qu'il y avait un problème, rien n'était plus dérangeant que se trouver seul dans son ennui sans que l'autre remarque que quelque chose n'allait pas. Mais d'un autre côté, il n'avait pas envie de le voir et sa simple présence lui mettait les nerfs à vif. Sa voix, pourtant pas aigüe, lui faisait l'impression d'un concert de crécelles auquel il aurait aimé se soustraire le plus vite possible. Seulement, c'était trop tard. Il devait assumer, maintenant.

Au pire, s'il l'agaçait trop, il l'assommerait avec sa lampe de chevet et personne n'en parlerait plus.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMer 21 Aoû 2013 - 6:28

T.J suivit avec appréhension la trajectoire du téléphone d'Hugo. Bon, déjà, il ne le lui avait pas jeté dessus ; très doué pour compter les points positifs de tout et n'importe quoi, aussi infimes soient-ils, le jeune homme n'eut aucun mal à se convaincre que c'était un bon début. S'il acceptait de lui parler, c'était que la crise n'avait pas atteint des sommets dans l'échelle de Richter de leur couple – ce qui impliquait, entre autre, pas de divorce ni de garde partagée. Restait à espérer qu'il n'ait pas posé son téléphone pour mieux lui faire des reproches. C'était possible, hein. Peut-être pas probable, mais sûrement possible. A priori, éventuellement – et en fait, il n'en savait rien du tout. Niveau décryptage, les colères d'Hugo tenaient plus des hiéroglyphes que des rébus aux yeux de l'australien ; résultat, il était souvent incapable de savoir s'il faisait la tête pour une broutille ou quelque chose de plus grave. C'était très ennuyant. Un peu comme marcher sur des œufs en baskets. S'il avait pu lui dire clairement ce qui n'allait pas, au moins... Mais, allez savoir. Ce qui paraissait évident aux yeux de l'un ne l'était pas toujours à ceux de l'autre – et vice versa. Un véritable casse-tête.

« Ouais, c'est drôle, en presque trois ans j'avais jamais remarqué tiens ! »

Son sourire glissa un peu vers le bas mais, trop habitué pour se laisser démonter si facilement, il tint bon. Ce n'était pas siii bien parti que ça, tout compte fait. Non pas que ce genre de remarque soit exceptionnelle – ses amis passaient le plus clair de leur temps à lever les yeux au ciel, en parfaits rabats-joie – mais, malgré tout. Son sourire ne lui disait rien qui vaille. Un bref instant, il envisagea même d’exécuter un repli stratégique. Si le français était fâché, peut-être valait-il mieux... Laisser décanter, ou quelque chose du genre ? D'un autre côté, ça n'aiderait pas à résoudre quoi que ce soit et...
Un mode d'emploi n'aurait pas été de trop, franchement.

« Et toi, tu savais qu'on frappait à la porte avant d'entrer ? Pour laisser le temps à l'autre de fermer le verrou s'il a pas envie de voir ta tête, par exemple. »

… Quelle délicatesse.
Les lèvres de T.J s'étirèrent sur une ligne droite. Il entrouvrit tout d'abord sa bouche sur une réponse muette, mais dut rapidement se résigner à ravaler ses paroles : il n'avait pas la plus petite idée de quoi répondre à ça. « Oui, je sais, mais ça me donne un côté gangster d'entrer sans frapper » ? Ou bien encore « c'est presque chez moi ici, de toute façon » ? Curieusement, il doutait qu'Hugo soit d'humeur à rire. Ce n'était pas tellement le moment d'empirer son cas en faisant des blagues vaseuses. Quoi qu'il ait fait pour l'énerver, d'ailleurs.
Dans ses précédentes relations, il avait pris l'habitude de laisser ses copines casser deux trois trucs pour s'excuser ensuite ; ça marchait plutôt bien, et puisqu'il ne restait jamais très longtemps avec elles ce n'était pas trop difficile à gérer. Je te déteste, je suis désolé, blah blah blah, tout va bien, et si ça devenait trop tendu il se contentait de rompre : simple. Avec Hugo, ça marchait moyen. Principalement parce qu'il ne voulait pas le quitter, en fait – même si, ironiquement, il avait dû 'rompre' plus de fois avec lui qu'il n'avait eu de petites-amies avant d'entrer ici. Il n'avait pas fait le calcul mais, à vue de nez, ça avait l'air de se tenir.
Finalement, il passa une main ennuyée derrière sa nuque.

« Euh, ouais. Mais je suis là, de toute façon, alooooors. »

Autant rester ; le ton de sa voix se voulait enjoué, mais il restait loin de son entrain habituel. Dans un grincement de ressorts, il se laissa donc élégamment choir sur le lit en face de son ami. L'avantage, avec cette chambre, c'était l'absence de colocataires embêtants : pour le coup, il n'avait pas à s'inquiéter de voir un inconnu débouler et refuser de les laisser tranquille. Avoir un peu d'intimité, ici, c'était régulièrement mission impossible. Cacher quoi que ce soit en était d'autant plus compliqué.
Après avoir intensément observé le bout de ses baskets pendant quelques secondes, le jeune homme se décida à relever la tête.

« Bon. Qu'est-ce que j'ai fait, encore ? A part... Parler à des gens, lança-t-il au hasard, ou nourrir Lily en cachette... »

Connaissant Hugo, 90% de risques que ce soit à cause d'une fille. De là à se souvenir quand comment et pourquoi... C'était une autre histoire.
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Hugo Launay
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeSam 7 Sep 2013 - 0:36

...

T.J avait l'air de comprendre que quelque chose clochait et s'il en avait eu un, Hugo lui aurait tiré son chapeau. Bonjour la compréhension et la délicatesse, on repassera. Au lieu de poser tranquillement les cartes sur la table et expliquer ce qui n'allait pas, le jeune homme allait se remettre à bouder ou crier – il pouvait déjà sentir les exclamations et les reproches s'entasser dans sa gorge. Ça brûlait plus qu'on pouvait le croire. Yeux clairs dardant des éclairs presque visibles dans la direction de l'Australien, le visage d'Hugo n'avait rien d'un masque de calme et de sérénité. On pouvait sentir à deux kilomètres que sa mâchoire était crispée sous sa peau impeccable et tous ses muscles en alerte sous ses jolis vêtements. Non franchement, qui faisait encore de pareilles crises de nos jours ? Les vases jetés et les vociférations sonores, c'était bon pour les ménagères de plus de quarante ans ou les filles ultra possessives. Hugo n'était ni l'un ni l'autre.

« Euh, ouais. Mais je suis là, de toute façon, alooooors. »

Et évidemment, il ne passa pas la porte en sens inverse comme son interlocuteur l'espéra intensément au moins deux bonnes secondes. Au lieu de ça, il se laissa tomber sur le lit en face du sien, lui imposant galamment sa présence. Hugo détourna le regard et tira sur sa manche, miroir de l'inconfort et de la colère. Et quoi, qu'est-ce qu'il voulait ? Qu'ils parlent de leurs petits problèmes et s'échangent les derniers ragots ? Il avait la désagréable impression d'avoir tourné dix fois la même scène sans réussir à apprendre par cœur son texte. Il n'était pas doué pour extérioriser ses sentiments. Qui l'était vraiment ? Dès que ça devenait important, les mots patinaient et on finissait irrémédiablement par sortir une bêtise aussi grosse que nous. Histoire de ne pas alourdir l'air empesé, il se tut et fixa son portable un long moment durant.
Ce jeu crétin lui manquait. Ça lui occupait les mains.

« Bon. Qu'est-ce que j'ai fait, encore ? A part... Parler à des gens, ou nourrir Lily en cachette... »

Hugo craqua ses doigts et se permit de souffler par le nez, apparemment exaspéré – et contrarié. Il n'avait jamais compris comment T.J pouvait être aussi lent, à tel point qu'il avait un temps envisagé que le jeune homme le fasse exprès. J'ai rien fait, blablabla, pourquoi tu me fais la tête, blablabla... Pour se rendre compte de rien, il devait avoir une cacahuète à la place du cerveau. Ou du coton dans les nerfs, allez savoir. Pas décidé à l'aider à sortir sa main du barbelé dans laquelle il l'avait joyeusement enfoncée pour la énième fois, Hugo frappa contre le bois du lit avec sa chaussure, reprenant son portable qu'il fit sauter en l'air d'un geste habitué. Il aurait préféré mimer l'indifférence pour avoir l'air d'en avoir strictement rien à faire. Seulement voilà, ça le préoccupait atrocement.
Il eut du mal à faire sortir la première phrase tant ses dents, serrées, semblaient vouloir la garder au chaud d'une langue un peu trop impulsive pour son propre bien.

« Quoi ? Je vois pas pourquoi tu me dis ça... T'as fait quelque chose de mal ? »

Son ton, qui se voulait étonné, était encore un peu trop acide pour donner ne serait-ce qu'un tiers de l'illusion escomptée. Sans se poser plus de questions (il savait que sinon, il finirait par en arriver à un constat qui le ferait se sentir coupable et minable et Dieu savait que ce n'était pas à lui de se sentir comme ça), il fit suivre la charrue du bœuf, ayant entre temps recommencé une partie pour calmer les nerfs qui bouillonnaient sous sa peau et menaçaient de lui faire perdre sa parodie de calme dans la minute. Je t'ignore bien, là, tu vois ?

« Et puis si tu veux rendre Lily obèse, ça te regarde. Mais te plains pas si elle crève après. »

Si les touches avaient pu hurler leur douleur, elles auraient crié sous la pression que le garçon de mauvaise humeur leur infligeait. Tout ce dont il avait envie, c'était envoyer quelque chose à la tête de T.J et lui crier de sortir de sa chambre. C'était SA chambre, merde. A lui et ses colocataires. Il n'en faisait pas parti.
Il n'avait pas envie de le voir, alors qu'il lui foute la paix. Ces mots allaient sûrement sortir à un point ou un autre de la conversation.

Question d'habitude.
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T.J Henskens
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeDim 15 Sep 2013 - 17:32

Ahhhhr... C'était mal parti, cette histoire. T.J avait la très nette impression que, s'il tendait le bras et refermait ses doigts dans le vide, il pourrait sentir un peu de la tension qui régnait dans la pièce lui chatouiller la peau. La sensation n'avait rien d'agréable. C'était palpable, sérieusement ; ça aurait pu lui en filer des frissons, s'il n'en avait pas eu l'habitude. Quoi que d'un autre côté, il n'était pas tout à fait sûr qu'avoir vécu ça cent fois déjà soit un bon point. Enfin, c'était discutable, certainement – mais au moins, à force, il avait réussi à saisir les grandes lignes des colères d'Hugo. Ce qui se résumait d'après sa grande éloquence par « tu es stupide blahblah tu me trompes je te quitte. » Donc, selon toute logique, ils allaient bientôt atteindre la partie « t'es un crétin » et rapidement en terminer par « je veux plus te voir » s'il ne se rappelait pas exactement ce qu'il avait pu faire d'impardonnable et s'en excuser avec conviction. Honnêtement, il n'avait pas trop d'espoirs concernant cette partie. Il avait la fâcheuse tendance de s'enfoncer encore plus dès qu'il s'agissait de se justifier ; c'était un peu comme une sorte de don. Dieu devait avoir de l'humour.
Attentif au mouvement du portable, l'australien se mordit pensivement la lèvre supérieure. Ça aurait été pratique, quand même, s'ils avaient été programmés pour se répondre et se comprendre sans que la moitié des informations ne se perdent en cours de route. Lui qui avait été habitué à des copines presque trop bavardes dès qu'il s'agissait de parler sentiments peinait à suivre les silences renfrognés de son ami. Ils devaient trop bien se valoir sur ce point. Par moments, il y avait un sacré effort d'interprétation à faire.

« Quoi ? Je vois pas pourquoi tu me dis ça... T'as fait quelque chose de mal ? »

Dans la tête du garçon, un panneau « question piège » s'afficha comme un phare en pleine tempête. Non, là, mieux valait ne rien dire. Vraiment. Il avait appris ses leçons – enfin au moins un peu – et par expérience, il pouvait affirmer qu'aucune réponse ne serait meilleure que l'autre. Toutes se retourneraient contre lui. Simple. Dire non allait l'énerver, déjà, parce qu'il était évident qu'il avait fait quelque chose de mal. Vu la tête que le blond tirait, c'était on ne peut plus clair. Mais en même temps, il ne pouvait pas dire oui sans avoir une idée claire de ce qu'on lui reprochait... Et « je ne sais pas », ça mettait les nerfs à tout le monde. Toujours. Ne jamais dire ça.
T.J se contenta donc de croiser les chevilles, lèvres étirées sur une grimace incertaine. Comme Hugo s'obstinait à ne pas le regarder, hein.

« Et puis si tu veux rendre Lily obèse, ça te regarde. Mais te plains pas si elle crève après. »

… D'accord. Une remarque légère et probablement stupide s'étrangla dans sa gorge, ne laissant derrière elle qu'un soupir ennuyé. Il aurait préféré qu'il lui dise clairement ce qui n'allait pas, au lieu de le tacler comme ça ; subir sa mauvaise humeur sans pouvoir y faire quoi que ce soit était agaçant. Pas inhabituel, mais quand même. Il allait bien falloir que le ballon explose à un moment ou un autre. A la limite, du coup, le plus tôt serait le mieux. Seule la perspective de se prendre un revers trop violent empêcha le jeune homme d'attraper une aiguille dans l'instant.
Mal à l'aise, il recula d'un ou deux centimètres sur les draps.

« Heeer, tu sais bien que je lui ferais pas de mal, répondit-il en tapotant des doigts contre le rebord du lit. Enfin. Pas volontairement, en tout cas. »

Plus très sûr des parallèles qu'il était en train de faire, pas très doué non plus pour tourner délicatement autour des sujets sensibles, il déporta un bref instant son regard vers la fenêtre.

« T'es lourd, souffla-t-il. Je peux pas m'excuser si je sais pas ce que j'ai fait... »

Comme frappé par quelque chose, il releva la tête et fronça les sourcils dans sa direction.

« Et puis si j'avais fait un truc grave, je m'en souviendrais ! Je suis sûr que t’exagères. »

Ce n'était pas exactement ce qu'il avait voulu dire. Mais c'était assez proche d'un « pardon, je t'aime, explique moi ce qui ne va pas », non ? … Hhh. Bien sûr que non.
Merde. Tant pis.


Dernière édition par T.J Henskens le Ven 21 Fév 2014 - 0:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeVen 27 Sep 2013 - 22:11

...

« Heeer, tu sais bien que je lui ferais pas de mal. Enfin. Pas volontairement, en tout cas. »

Parfaitement conscient d'être au top de la maturité, Hugo persista pourtant dans son petit manège et continua à tapoter rageusement les touches. Son portable le suppliait d'arrêter avant de littéralement imploser ; il l'ignora superbement, et l'engin ne dut son salut qu'à la batterie qui lui envoya le signal rouge à la figure comme une ultime moquerie. Sourcils froncés au possible, il devait être l'image même de la gaieté au paradis. Superbe tableau de maître. Tandis qu'il débattait l'idée de lancer un challenge imaginaire à l'écran noir, T.J avait repris son petit discours, lui adressant un compliment auquel il fit la grimace. Rien à foutre.
La suite de la phrase l'agaça franchement plus.

« Je peux pas m'excuser si je sais pas ce que j'ai fait... »

Le buter ou le laisser vivre, histoire qu'il puisse débiter encore plus de conneries ? Choix cornélien. Hugo avait presque envie de le singer et, au point où ils en étaient, est-ce que ça aurait vraiment fait la moindre différence ? Il lui en voulait, et lui ne pouvait pas s'excuser puisqu'il ne savait pas ce qu'il avait fait. « Aweusaume », aurait dit son professeur d'anglais, la pétasse aux cheveux trop roux pour être naturels. Les accusés aussi disaient ça, avant de craquer sous la pression. Pour le coup, ça l'aurait bien arrangé de pouvoir le torturer, juste pour voir s'il jouait la comédie ou s'il n'avait sincèrement pas la moindre idée du pourquoi il lui tirait la tronche.
Il regretta soudain d'avoir fichu son AEA à la porte. Lily aurait été utile, comme distraction. Le temps qu'il se taille par la porte ou la fenêtre – il en avait plus grand chose à faire.

Il garda le silence, les yeux toujours rivés sur le mobile qui avait gentiment sombré dans le coma. Non, se fit-il la remarque, ce n'est pas moi qui fuit quelque chose, c'est T.J. Toujours le plus con et le plus embarrassé des deux. C'était facile de critiquer, et Hugo ne s'en privait pas. Il devait tenir ça de sa mère.

Super.

« Et puis si j'avais fait un truc grave, je m'en souviendrais ! Je suis sûr que t’exagères. »

Hein ? L'adolescent en pleine crise conjugale foudroya sa moitié du regard. Tant qu'à faire, il espéra que T.J y lirait sa mort prochaine. Parce que oui, il allait le tuer, l'étouffer avec la couverture ou l'oreiller, dans cette pièce et sur ce lit. Il l'avait décidé là, tout de suite. Au moment où l'autre abruti avait terminé sa phrase et fermé son maudit clapet. Ah bon, il exagérait ? La gorge encombrée par un sentiment qui lui picotait les yeux (et non, il ne pleurait pas, ce n'était pas son genre), il lui envoya sans cérémonie son portable à la figure, avec le secret espoir que la vieille carcasse grise l'assommerait et qu'il en serait débarrassé pour le reste de la journée. Mais pensez-vous.

Il avait besoin d'une clope, là. Il avait un drôle de goût dans la bouche, et ça partait pas.

« J'exagère ? Ben voyons, c'est facile de dire ça ! Et tu veux quoi, un baiser et hop, tout repart comme avant ? Va te faire voir. »

La rancune, on ne s'en débarrassait pas si facilement. La peur non plus. Et les deux mêlés donnaient, dans le cas du blond qui avait entrepris de martyriser le drap, un mélange aussi explosif qu'un bon Cocktail Molotov. Hugo sautait sur toutes les occasions de crier un coup sans s'en apercevoir. Il aurait pu régler la situation en adulte, calmement et en s'expliquant.
Dommage, il n'était pas adulte, et le pensionnait lui offrait l'excuse, sur un plateau d'argent, pour ne jamais l'être complètement. Il avait le droit de crier et de s'insurger, merde ! Ce type mal coiffé et mal habillé avait froissé ses sentiments comme on froisse un dessin raté. Son cœur n'était pas en évidence sur un stand de tir. Il n'avait pas le droit de lui faire ça.

« Enfin, tu devrais retrouver tes « amies », je suis sûre qu'elles s'ennuient sans toi. »

Et leurs noms, pour celles qu'il ne connaissait pas, il n'avait pas envie de les savoir. Il envoya une grimace éloquente en direction de son ami. Va te faire voir puissance mille, connard.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeLun 14 Oct 2013 - 1:31

Acte I, Scène III. Ce qu'il pouvait détester cette pièce.
Dans un bruit mat et froid, le portable vint heurter le bras replié de T.J. La joie de ne pas se l'être pris en plein visage lui fit momentanément oublier qu'on venait de lâchement l'agresser – et quand il s'en souvint, une poignée de secondes plus tard, ce fut pour constater qu'en plus d'avoir rougi sa peau ce foutu truc débile avait trouvé le moyen de tomber par terre après l'avoir heurté. Il ne savait pas trop comment ça marchait, ces histoires d'affaires qui apparaissaient au petit bonheur la chance, mais il ne tenait pas vraiment à ce qu'Hugo lui mette la mort de son téléphone sur le dos. Il avait forcément des trucs importants, là-dedans. Quoi que s'il lui lançait dessus à la moindre colère, il y avait de quoi se poser la question ; chose qu'il ne fit bien sûr pas, trop occupé qu'il était à fixer son ami d'un air parfaitement effaré en massant son pauvre bras. Comme toujours lorsqu'on jetait un objet solide sur quelqu'un d'autre, ça faisait mal.
Et comme toujours quand on se prenait un coup injustifié, la colère ne suivait pas bien loin derrière. Après tout, il n'était pas vraiment insincère dans son mensonge : il se contentait d'éluder, de regarder uniquement ce qu'il voulait et oubliait, trop souvent, que sa vision du grave n'était pas la même que celle d'Hugo. Ils auraient eu besoin d'une sérieuse mise au point là-dessus. Définitive, même – parce que pour l'instant, son stade « broutille » devait à peu de choses près correspondre, chez son ami, au degré « attentat terroriste ».
Ou « meurtre au premier degré », au moins.

« J'exagère ? Ben voyons, c'est facile de dire ça ! Et tu veux quoi, un baiser et hop, tout repart comme avant ? Va te faire voir. »

Sourcils froncés, le jeune homme ramassa machinalement l'objet du crime. Il paniqua un quart de seconde en voyant l'écran noir, puis décida que ce drame-là pourrait attendre : sans plus s'en préoccuper, il le posa à sa gauche. Il le lui aurait bien rendu, mais, comment dire... Non. Aucune envie de le fournir en projectiles. Quand Hugo se mettait en colère, c'était dans une pièce vide qu'il aurait fallu régler les conflits : faire ça dans une chambre, ça revenait un peu à se battre au milieu d'une fabrique d'obus. Fallait faire attention aux endroits où il mettait les pieds et ça, il ne savait pas faire. Ils auraient pu se battre avec des pissenlits, aussi, non ?
La réponse resta bloquée dans sa gorge.
Il n'y avait pas grand chose capable de laisser T.J muet. La gêne, parfois, lui ôtait les mots de la bouche pour les faire trébucher en syllabes incompréhensibles devant ses lèvres – mais être confronté à un silence complet ? C'était vraiment rare. Tellement rare qu'en fait, il en avait souvent oublié que c'était possible. Mais là, il ne savait pas. C'était la page blanche, le vide complet, le trou noir ; à croire qu'il était sincèrement demeuré, tout compte fait. L'indignation avait pris le pas sur la colère, l'incompréhension suivait sans se fatiguer et avec une pareille équipe de bras cassés, il n'était pas complètement sûr de pouvoir atteindre son but sans tout démolir en cours de route.
Mais ça, c'était la même chose à chaque fois. Ils tâtonnaient encore.

« Enfin, tu devrais retrouver tes « amies », je suis sûre qu'elles s'ennuient sans toi. »

La remarque le piqua au vif. Parce que ces reproches étaient tout à fait sans fondements – ou plus probablement parce qu'ils ne l'étaient pas – sa réponse vola plus vite qu'il ne l'aurait voulu ; sourcils froncés, il s'entendit parler plus qu'il n'eut l'impression d'élever la voix.

« Je t'ai pas trompé ! »

Puisque c'était bien de ça qu'il était question, non ? Alors il ne l'avait pas trompé, voilà, fin de l'histoire, malentendu dissipé et tout est bien qui finit bien, un baiser et hop tout repart comme avant. C'était précisément comme ça qu'il aurait aimé régler ce genre de problèmes. Sauf qu'il était au moins un tout petit peu coupable dans cette histoire de jalousie stupide ; sauf que sa voix hésita juste un peu sur la fin, comme dans l'attente d'un verdict céleste. Son pouvoir avait tendance à tenir compte de nuances que lui effaçait d'un grand coup de bras. C'était peut-être passé cette fois, mais si un jour il était assez abruti pour embrasser une fille, ça ne passerait plus. Et là, bonjour le drame.
Mal à l'aise, il tapota des doigts sur le lit ; les ramena sur ses genoux puis, tout compte fait, les reposa à leur place.

« Voilà, tu vois, y'a pas de quoi s'énerver, statua-t-il platement. Je leur parle, c'est tout. Faut quand même pas que je te demande la permission avant de parler à une fille, si ? »

Au fond, malgré ses grommellements, il était plus amer qu'énervé. Parce que ça aurait été plus simple si Hugo avait été une fille et que, pas de chance, il était tout ce qu'il y a de plus garçon.
Et puis ce qu'il était compliqué, bordel.

« Tu pourrais me faire confiance, un peu. »
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Hugo Launay
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeSam 23 Nov 2013 - 0:07

...

Hugo avait grimacé, regardant son portable finir sa course brutale à terre. Ça aurait été trop demander à T.J que de se laisser assommer, histoire de lui faire plaisir ? Parce que ces derniers temps, c'était un truc qu'il foirait constamment et sans aide. Il pouvait bien prendre cet air surpris, il n'en avait strictement rien à faire. Il méritait qu'il le tabasse, ouais, et un portable c'était pas encore assez. Hugo refoula toute l'anxiété et la détresse derrière un mur solide et infranchissable de colère, dont les pierres saillantes perçaient de ça et là la volonté de fer du jeune homme. Habitué à garder les yeux secs en toute circonstance, il martyrisait complaisamment l'intérieur de ses joues, quitte à se faire saigner pour redescendre sur terre. Il le détestait, ce stupide Hawaïen mal coiffé, mal habillé et mal luné. Qu'il retourne dans sa petite cité flambant neuve quelque part entourée de kangourous et lui fiche la paix pour de bon. C'était SA chambre ici, SES affaires, SON cafard et SON air. De quel droit il venait le lui pomper pour déblatérer des idioties ?

« Je t'ai pas trompé !

-Mais ouais, c'est ça. »

A travers ses dents serrées, il y avait autant d'agressivité que de résignation. Il aurait dû l'enregistrer pour lui montrer combien de fois il avait dû se justifier – parce que c'était pas normal. Okay, Hugo n'était pas un grand expert des relations amoureuses, il avait juste eu Lise et T.J dans sa vie et il n'avait que dix-huit ans, mais il n'empêchait ; fallait pas être Dieu le père pour comprendre que sa moitié n'aurait JAMAIS dû répéter ça quinze fois en quelques mois seulement de relation. Garçon ou fille. Et à part dans les Bisounours ou n'importe laquelle de ces autres conneries colorées qu'on montrait aux gamins, on arrangeait rien avec un baiser et des promesses qu'on s'amusait à foutre immédiatement en l'air. Merde quoi, merde.

« Voilà, tu vois, y'a pas de quoi s'énerver. Je leur parle, c'est tout. Faut quand même pas que je te demande la permission avant de parler à une fille, si ? »

S'il pensait qu'il allait le croire juste parce que son pouvoir à la Dumbledore de show télévisé n'avait pas sonné, il se mettait le doigt dans l'œil. Hugo lança un regard toujours aussi chaleureux et débordant d'affection à son ami pour lui montrer qu'il n'aimait pas la réflexion et ne gobait pas ses mensonges. Il n'y pouvait rien s'il n'était pas aussi arriéré que toutes les copines qu'il avait dû s'enfiler dans sa vie ; ouais, parfois on tombait sur quelqu'un qui avait un dessous de jugeote et on le regrettait amèrement une fois le temps des explications venu. S'il pensait qu'il allait se calmer et l'enlacer en minaudant... Ah non, ça jamais. Il n'allait pas se laisser faire comme un abruti, tout mais pas ça.

« Tu pourrais me faire confiance, un peu. »

Désagréable, morose et pourvu de l'humeur la plus noire qu'il avait en réserve, Hugo se mit à rire. Il en avait de bonnes, l'autre. Confiance ? C'était un mot qui se méritait, ça.

« Ouais, je te ferais confiance quand t'en seras digne. 

Et pas avant. S'il voulait la vie facile du surfeur et de toutes les idiots qui lui couraient après, il pouvait faire une croix sur lui. Pensant cela, Hugo s'enfonça un peu plus dans une mélancolie teinté de cynisme. Et dire qu'il avait fallu qu'il ressente quelque chose pour un type pareil. Allô monsieur le fossoyeur, y'a des sentiments encombrants que j'aimerais bien faire disparaître à la chaux, s'il vous plaît.

« Et je t'empêche pas de leur parler, hein. Je t'ai même conseillé d'aller les rassurer, tu vois. Je suis trop compréhensif. »

Trop sympa et tout. Il aurait pas dû se plaindre. Hugo lorgna son portable ; ses mains le démangeaient à brasser l'air. Il entreprit de martyriser le drap en attendant que T.J veuille bien lui rendre son engin tout cabossé. Il avait fait son temps, le vieux téléphone. S'il était resté chez lui, Hugo en aurait sans doute changé depuis un moment. Ouais mais voilà...

Une boule de bowling coincée dans l'œsophage, il aurait aimé que T.J le laisse méditer peinard sur sa misère.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeSam 21 Déc 2013 - 4:16

Qu'est-ce que ça avait de drôle, hein ? Il s'appliquait à être sincère, là ; Hugo aurait au moins pu respecter ça. Ou, à défaut, faire un tout petit peu semblant de le croire. C'était pas comme s'il lui mentait vraiment, pas non plus comme s'il lui demandait la lune – souffler deux minutes et arrêter de faire comme s'il y avait eu mort d'homme, c'était sûrement à portée de main. S'il voulait bien la tendre, en tout cas. Yeux baissés sur ses propres baskets, n'acceptant de regarder son ami que par coups d’œil ennuyés, T.J fut incapable de déterminer à quel point on aurait pu l'accuser de mauvaise foi. Il n'y avait pas de vrai coupable, dans cette histoire ; ou du moins, s'il fallait qu'il y en ait un, hors de question que ce soit lui qui s'y colle. Après tout, comme il se complaisait à le répéter, il n'avait rien fait de mal et aucune conduite à se racheter. Ou presque.
Le jeune homme se sentait bien plus complètement dans son bon droit que fautif, et ça n'arrangeait vraiment rien à la situation. J'ai rien fait si t'as fait et blahblahblah, rebelote. Comment s'étaient-ils réconciliés, déjà, la dernière fois... C'était quand même dingue, de pas réussir à se rappeler ce genre de trucs ! Le début et la fin de leurs disputes lui glissaient entre les doigts aussi sûrement que du sable sec, vides d'importance dès lors qu'Hugo arrêtait de lui faire la tête. C'était sûrement pour ça qu'il était si mauvais en maths. Le problème avait beau être stricto-sensu le même à la virgule près d'une semaine sur l'autre, tout ce dont il se souvenait était à quel point il avait galéré à trouver la réponse : ses professeurs s'en étaient arrachés les cheveux, avant.
Il commençait à comprendre pourquoi.
Trop occupé à soupirer entre ses dents qu'il était parfaitement digne de la confiance du Pape lui-même, et peut-être aussi de Dieu et de Jack l’Éventreur, s'il fallait aller jusque là, T.J ne se rendit pas compte qu'il avait récupéré le portable de son ami dans sa main droite. Besoin de s'occuper les doigts. C'était déjà ça, à défaut d'avoir un truc intelligent à répondre, du genre « je suis l'homme le plus honnête et fidèle de cet endroit, chéri, tu peux me faire confiance » – abrégé dans son cas en une suite de blancs tous plus convaincants les uns que les autres qui l'auraient laissé bien penaud dans son habit de mauvais mime. Non, mieux valait éviter d'empirer les choses. S'en tenir aux valeurs sûres. Règle numéro un : si ça marche dans les films, peu de chance que ça marche en vrai. Règle numéro deux : Hugo réagit comme une fille, mais que quand ça l'arrange.

Règle numéro trois : ça passera de toute façon. Pas la peine de stresser. Ils ne pouvaient quand même pas rester fâchés toute leur vie. Enfin, éternité. Bref ; ça allait passer. Comme toujours.

« Et je t'empêche pas de leur parler, hein. Je t'ai même conseillé d'aller les rassurer, tu vois. Je suis trop compréhensif. »

Comme un élève dissipé risquant de se faire interroger, il commença par plancher sur les touches du portable ; puis, quand l'information remonta au cerveau, il releva la tête pour lui jeter un regard ennuyé.

« Tu... »

Un soupir frustré suivit. Ça valait toujours mieux que le « argdfdedjd tuménervestulefaisexprès » qu'il s'apprêtait à sortir, honnêtement – et ça lui permit, dans un élan de lucidité, de presque vouloir réfléchir à la réplique suivante. Finalement, au grand dam de la logique, son cerveau décida que c'était trop d'efforts pour un résultat trop incertain. Réfléchir avant de jouer au loto aurait eu un côté sacrilège ; ici, idem. S'il se mettait à régler ses problèmes intellectuellement, il finirait avec des migraines carabinées toute la sainte journée.
Dans un geste un rien nerveux, il relança l'objet du crime en direction de son ami. Et pas en ligne droite comme une grosse brute, s'il vous plaît. Il n'était pas atrocement cruel et violent, lui. Voilà.

« T'en penses pas un mooot, geignit-il en croisant les bras. Et puis t'es pas compréhensif. T'es borné. »

A peu près autant que lui était indigne de confiance, soit. Ils formaient un couple merveilleux et plein de qualités ; ils auraient mieux fait de se lancer dans la télé-réalité, au lieu de rester coincés là. A supposer que ce ne soit pas cet endroit qui leur ai permis de se connaître sans avoir une demi-douzaine d'années de différence, ça aurait été un super plan.
En attendant, ça aurait été bien de passer des critiques aux compliments. Où était ce foutu interrupteur ?

« Parano, aussi, ajouta-t-il après quelques brèves secondes de blanc. Je fais que flirter, un peu, de temps en temps, y'a pas de quoi... »
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeSam 21 Déc 2013 - 5:31

...

« Tu... »

Hugo haussa un sourcil, comme pour pousser T.J à aller au bout de son idée ; il quoi ? Il était chiant, il faisait un drame d'un rien, il se gourait sur toute la ligne ? Peut-être qu'il allait lui sortir le discours du copain idéal, celui qui trompait jamais son âme sœur et restait fidèle jusqu'au bout ? Le silence seul répondit à Hugo, qui aurait bien aimé le mâcher jusqu'à ce qu'il disparaisse. C'était insupportable. Il lui aurait fait moins mal au ventre qu'il lui martelait douloureusement la tête en cet instant. Mieux dedans que dehors, pour une fois, avec toutes ses amies les bulles acides qui dansaient une gigue maladroite dans son pauvre estomac. Il en avait assez. Pourquoi est-ce que T.J ne faisait jamais aucun effort pour comprendre ? C'était pas difficile, pourtant, ça lui pendait juste sous le nez !
Le portable heurta les draps emmêlés sans un bruit. Faussement distrait, Hugo le ramassa et entreprit de le tourner et le retourner ; comme à la recherche d'un quelconque outrage. Ses oreilles, elles, ne perdaient pas une miette du moindre mouvement de T.J, du moindre frôlement de ses mains contre le tissu. Il les préférait ailleurs, ces putains de mains, et l'autre savait bien où. Sauf que cette fois, il les aurait aimé très loin de lui.

Chaque fois que l'Australien prenait la parole, ça soulevait son cœur tout contre ses côtes. Et ça lui faisait tellement mal qu'il aurait pu en pleurer si on ne lui avait pas répété tout au long de son enfance (Dieu que les adultes peuvent être stupides) : un garçon, ça ne pleure pas. Jamais. Compris, Hugo ?

« T'en penses pas un mooot. Et puis t'es pas compréhensif. T'es borné. »

Après tout, c'était rien qu'un type mal sapé comme il y en avait mille autres dans le monde. Pas de quoi se mettre dans tous ses états ni piquer la pire gueulante de sa vie. Si ça marchait pas avec lui, ça marcherait avec un autre. Une autre. Il ne savait même plus pourquoi il essayait. Il lui aurait suffit de prendre un dictionnaire et de l'ouvrir à la lettre « A » pour comprendre mais c'était trop demander à cette petite tête en ébullition. Parfaitement, il en avait rien à foutre de lui et de ses reproches à peine justifiés. Il n'était pas borné. Il citait juste une vérité qui démangeait, rien de plus. Capable d'aller loin dans la mauvaise foi et de s'y engluer à ne plus pouvoir en discerner les limites et l'essentiel, Hugo savait confusément T.J capable de la même bêtise. Ils allaient s'en sortir, comme toujours : restait à savoir quand et après quels objets cassés. A quel degrés.

Il y avait certaines phrases qui ne passaient pas, et ce n'était pas sa faute. Si ?

« Parano, aussi. Je fais que flirter, un peu, de temps en temps, y'a pas de quoi... »

Hugo ne tiqua même pas au « parano » qu'il détestait pourtant cordialement. Il leva vers T.J des yeux piquants quoique toujours secs (quel maigre succès) et serra les dents tellement fort qu'il s'en fit mal à la mâchoire. Ah oui, flirter de temps en temps ? Y'a pas de quoi ? Mais ce type...

« Mais t'es complètement à côté de la plaque ! »

Sa voix avait déraillé un peu trop à son goût ; et merde, et merde. La main devant la bouche, Hugo serra les draps dans sa main, aussi fort que les dents derrière ses lèvres pincées. Finalement, il les laissa là. Les draps, le lit, le portable et la lampe avec laquelle il avait pensé assommer le crétin puissance 1000 qui lui servait de petit-ami. Ses chaussures claquèrent au sol et la poignée lui résista à peine quand il la poussa. En revanche, elle émit bien un cri de fin du monde en claquant à la volée dans son dos. Le plus fort possible. Si T.J avait pu s'y coincer les doigts, ça aurait été le pompon.

« Meeeeerde. »

Sois poli, Hugo. Le jeune homme en avait marre des voix fantômes, marre aussi de cette relation avortée qui lui servait d'exemple en la matière et l'égarait sur tous ces chemins de traverse. Et puis il en avait ras-le-bol de T.J, ras-le-bol de lui. Il se prenait trop la tête, et sa gorge encombrée l'empêchait de respirer un grand coup pour voir les choses sous un meilleur angle.

« Raaaaaah... »

Les mains sur son crâne comme s'il avait été pris d'une migraine foudroyante, Hugo venait peut-être de lâcher ce qui serait, dans quelques années, une des meilleures répliques du cinéma.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeLun 30 Déc 2013 - 20:58

L'exclamation d'Hugo coupa à T.J toute envie de réplique ; bouche bée, sourcils froncés, il accusa le coup. C'était toujours comme ça, pourtant. Il aurait dû y être habitué. Ne pas s'énerver ou en être blessé, le prendre comme ça venait sans se sentir obligé d'en rajouter. Seulement voilà : à l'évidence, il n'était ni mature ni parfait. Qu'est-ce qu'il en savait, lui, s'il était complètement à côté de la plaque – cet idiot ne disait jamais rien clairement, aussi ! C'était toujours « je te parle plus ceci », « tu me trompes cela », sans le moindre début d'explication à son malaise ou quoi que ce soit. Il n'avait ni super-pouvoirs, ni capacité de déduction hors du commun pour deviner ce qui clochait, ce qu'il fallait éviter de dire. Okay, il n'était peut-être pas exactement le petit-ami idéal, mais merde –

… Merde.

« Eh – Hugo ! »

Sa voix, agitée, trancha nettement avec le silence englué aux murs de la pièce. Pour avoir déjà laissé quelques filles claquer la porte, T.J avait appris à se méfier des départs quels qu'ils soient : s'il avait fallu choisir, il aurait sans hésiter préféré se reprendre un portable dans le poignet. Que voulez vous dire à quelqu'un qui n'est plus là, hein ? Plus moyen de se racheter, plus moyen de s'expliquer. C'était chiant et stérile, pour peu qu'ils ne décident pas de réfléchir sagement dans leur coin. Alors, d'accord, sûrement que s'il était resté dans cette chambre à broyer du noir jusqu'à ce que Hans se décide à venir le secouer, ça aurait quand même fini par s'arranger. Ça s'arrangeait toujours ; ce ne serait ni la première, ni la dernière fois qu'une dispute s'éterniserait un peu plus longtemps que prévu. C'était gérable. Seulement, malgré tout, une minuscule poussière de doute subsistait. C'était peut-être trois fois rien, ce n'était sûrement même pas fondé, mais impossible de chasser de sa tête l'idée qu'un jour, peut-être, Hugo déciderait de juste se tirer pour aller trouver quelqu'un de moins prise de tête – et qui sache gérer les siennes, aussi, de prises de tête. Ils avaient pas signé de vœux de mariage, jusqu'à preuve du contraire. Rompre n'avait rien de très compliqué.
Alors pourquoi prendre le risque, hein ? La réponse tenait dans la porte qu'il faillit bien se prendre sur les doigts, entre sa paume et la poignée sur laquelle il appuya sans cérémonie. Il détestait les regrets. N'en avait pas ; n'en voulait pas. Sur le coup, il en oublia les messes-basses et les sourires en coin – le pourquoi du comment Hans était le seul à leur dire qu'ils étaient chiants, aussi.
Tant pis ?

« Her ! Te tire pas comme ça ! »

Un peu d'inquiétude et d'agacement mêlés tendirent les muscles de son visage. C'était énervant, de ne réussir ni à saisir le message de l'autre ni à faire passer le sien. Le jeune homme avait vaguement l'impression de ramer dans le vide – alors si en plus Hugo partait, ça ne risquait pas d'arranger la situation. Il voulait juste que tout le monde se calme et déstresse, lui. Les disputes n'étaient pas son point fort et n'avaient pas à le devenir.
Le changement de décor ne le marqua apparemment pas ; il ne pensa même pas à baisser le ton pour donner le bon exemple.

« T'as qu'à m'expliquer, si je comprends que dalle ! »

Ses bras, jusque là occupés à appuyer ses propos de gestes évasifs, retombèrent le long de son corps. Qu'il lui explique, oui ; il ne demandait pas mieux.
A part peut-être qu'il se calme et défasse pour la cent-cinquante-millième fois ses valises de femme en instance de divorce.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeVen 24 Jan 2014 - 23:35

...

Putain, il avait vraiment la migraine, cette fois. Le bruit du bois martyrisé et le cri de T.J ne l'aidèrent pas à calmer les quelques neurones qui lui donnaient l'impression d'exploser sous la pression . Sois sympa et ferme là, pensa-t-il en tournant sa grimace vers le simili Hawaïen qui avait été assez con pour le suivre. Et même s'il le niait et qu'il avait besoin de se retrouver seul pour faire la part des choses, qu'il ne le laisse pas s'échapper lui fit – un tout petit, à peine perceptible ! – pincement au cœur. Il ne voulait pas qu'il s'en aille, hein ? Il tenait à lui ? Promis, juré ?
Il s'y prenait tellement mal pour lui montrer. Et pourtant logé à la même enseigne, Hugo ne voyait que ses bouffées de colère dignes des émissions TV les plus pourries – du genre séries à la Desperate Housewives ou les Feux de l'Amour. Ils étaient pas derrière un écran, bordel. La vraie vie, ça finissait jamais comme dans les Disneys, et il n'y avait pas de rebondissements théâtraux pour arranger la situation. Pas de Deux Ex Machina pour tirer le héros sur la scène et lui permettre de sauver la situation in extremis. Nan, ça existait pas. Sinon, il y avait longtemps que cette grosse main lui aurait amené la solution sur un plateau d'argent.

Hugo, ouais. Drama Queen dans son plus beau costume d'apparat. S'il avait pu, il aurait rajouté un long « lol » ironique qui aurait plu à Louise.

« T'as qu'à m'expliquer, si je comprends que dalle ! »

La remarque faillit bien tirer une nouvelle gerbe d'étincelles du foyer en furie. S'il ne comprenait pas de lui-même, à quoi ça servait de lui expliquer ? Dans la peau d'un maître d'école désespéré, le jeune homme prit sa tête entre ses mains et lâcha un long soupir. C'était dingue comme il fallait tout lui expliquer, à cet attardé. A se demander ce qu'il fichait encore avec lui. Blessé par sa propre conclusion, il se força à rouvrir les yeux et ne pas les détourner. A se demander surtout où ils allaient, à prendre chaque tournant comme la passe décisive de leur couple. Hugo n'avait pas du tout l'impression de parler seulement pour lui.
S'il avait su se tenir, ils n'en auraient pas été là.

« Okay, alors ouvre bien tes oreilles, parce que je le répéterai pas. »

Le blond remettait mot à mot les imprécations en ordre dans son esprit, triait ce qui devait être dit de ce qui pouvait se passer d'être jeté dans le vide. De toute façon, il y avait des risques pour que ça rentre par une oreille et sorte par une autre, comme toujours avec T.J. A croire qu'il ne retenait que ce qu'il voulait bien, et que ses déboires n'en étaient pas. Communication 0, compréhension 0. Pour s'engueuler, par contre, 20. Sa meilleure note de tous les temps. Les disputes de sourds avec sa mère lui revinrent en mémoire sans le dissuader pour autant d'aller crier sa vie privée au milieu du couloir.
Et aux yeux et oreilles de tout un petit monde fermé qui ne manquerait pas d'ébruiter la chose. Ça allait bruisser dans les couloirs.

Pour l'instant, il n'en avait strictement rien à foutre.

« Si tu veux flirter et faire le tour des chambres moi je m'en fous, j'suis pas ta mère, et que tu te choppes une MST, sérieux, j'en ai rien à carrer. Mais dans ce cas tu le dis clairement et on se voit plus, okay ? Parce que t'es un putain de génie quand il s'agit de te foutre de ma gueule, mais pour le reste ça vole pas haut. »

Il prit une inspiration sur laquelle il aurait presque aimé s'étouffer. Se mordre la langue avant de continuer. Ça s'arrangera, t'en fais pas. Mais qu'est-ce qui était censé s'arranger, dans tout ça ? Il croyait plus au Père Noël depuis longtemps. Fallait pas le prendre pour un con.

« Alors tes « je t'aime » et tous tes mensonges tu les remballes et tu te casses. C'est bon, t'as bien compris cette fois ? »

La colère en dégoulinait comme une mélasse immonde et brunâtre. Lily s'immobilisa derrière un meuble contre lequel son propriétaire menaçait d'envoyer un coup de pied mérité.

Il le détestait, putain. Tellement fort, en cet instant.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeVen 21 Fév 2014 - 0:20

Le soupir d'Hugo, autant que son regard dérobé au sien, fit grimper sa nervosité en flèche. Il avait l’impression d'être jugé ou noté, l'un ou l'autre et peu importe ; d'habitude, ça ne l’inquiétait pas. Seulement il y avait tout un monde entre entendre « votre cas me désespère » et « nous ne voulons pas d'un élève aussi stupide, merci et au revoir, pas la peine de revenir ». Ses mains, ramenées devant sa taille, chassèrent ce qu'elles purent de tension en se martyrisant soigneusement l'une l'autre. C'était vraiment chiant. Si au moins il avait pu juste hausser les épaules et laisser l'orage passer, bien sagement caché dans un coin comme il savait si bien le faire – mais non, pensez vous. Hugo, il fallait le gérer. Sérieusement, est-ce qu'il fallait à tout prix se prendre la tête au moindre prétexte ?
Attentif comme on lui avait si gentiment demandé de l'être, le jeune homme croisa les bras. Qu'il lui explique, ouais ; il avait les oreilles grandes ouvertes et le cerveau parfaitement fonctionnel, pour une fois, ça aurait été bête de pas en profiter. Il aurait vraiment préféré que ça se règle tout seul, puisque de toute façon il n'y avait strictement aucune raison de s'énerver comme ça – mais s'il fallait en passer par là, tout mettre à plat, d'accord, aucun problème. Il pouvait faire ça. A la perfection, même. Il pouvait faire tout ce dont il avait envie pourvu qu'il le décide et y mette du sien. Quel parfait leitmotiv.
Dans la mesure où il disait la stricte vérité, le convaincre de se calmer ne pouvait pas être bien compliqué. Si ça l'avait vraiment ennuyé qu'il soit comme il soit et qu'il fasse ce qu'il fasse, hein, il serait parti depuis longtemps.

« Si tu veux flirter et faire le tour des chambres moi je m'en fous, j'suis pas ta mère, et que tu te choppes une MST, sérieux, j'en ai rien à carrer. Mais dans ce cas tu le dis clairement et on se voit plus, okay ? Parce que t'es un putain de génie quand il s'agit de te foutre de ma gueule, mais pour le reste ça vole pas haut. »

… Ah.
Dans un réflexe aussi bête qu'inutile, sourcils froncés, T.J serra ses bras contre lui. Ça ne le protégeait de rien ; il entendait toujours parfaitement bien. Malgré tout, ça aidait. Un peu.
La ferme, bordel. Tais toi.
Beaucoup de mots vinrent se presser contre ses lèvres, mais aucun ne réussit à sortir. Elles étaient entrouvertes, pourtant. Le champ était libre aux répliques cinglantes et aux exclamations outrées ; mais rien. Qu'est-ce qu'il aurait pu dire, hein. Que sa mère n'en avait sûrement rien à faire de sa vie sexuelle, qu'il ne risquait pas de chopper la moindre MST parce qu'il était fidèle et – oh non, c'est vrai, il ne pouvait pas l'être, c'est ça ? Qu'il était franchement désolé d'être stupide, alors, mais que lui ne valait qu'à moitié mieux de toute façon avec ses remarques débiles – enfin, sauf quand il s'agissait de piquer des gueulantes et de jouer les victimes trahies, bien sûr, évidemment. Il pouvait le dire, ça ? C'était cent pour cent véridique, il apprécierait forcément. Du fond du cœur, merci – j'aime ta façon de me parler, c'est génial, vas-y, continue, te gêne pas pour moi. Si c'était ce qu'Hugo pensait de lui, il n'y avait vraiment aucun mal à l'exprimer à haute voix. Parler aide, il ne faut pas garder les choses pour soi, quelque chose du genre. Lèvres de nouveau closes, il crispa ses doigts sur les manches de sa chemise.
C'était franchement bête. Parce que, dans d'autres circonstances, il aurait pu dire exactement la même chose en riant. « Oh, Hugo pense sûrement que je suis stupide, que je m'habille super mal et que je suis bon qu'à draguer. » Ha ha ha...
Ha.
Énervé, blessé, l'australien baissa les yeux. Être considéré comme un menteur l'ennuyait bien plus que ses critiques sur son mode de vie discutable – alors que même là, ce n'était pas exact. Il inspira.

« … T'es injuste, lâcha-t-il à défaut d'autre chose que personne n'aurait entendu. Tu crois vraiment que je – »

Soupirer entre ses dents ne l'aida pas à faire disparaître son nœud à l'estomac. Il aurait essayé, au moins.

« Je m'amuserais pas à rester si j'en avais rien à faire de toi, je suis pas débile à ce point, grinça-t-il. Sérieux, c'est toi qu'arrête pas de te plaindre, et de vouloir rompre et – alors pour la dernière fois. Je. Ne. Te. Trompe. PAS. On rigole, c'est tout ! »

Bras décroisés, puis recroisés, il daigna enfin le regarder dans les yeux.

« Et puis tu veux que je leur dise quoi, hein ? 'Oh, désolé, je peux pas trop m'approcher de toi, je sors avec quelqu'un qui supporte pas que je parle aux autres. Ah, au fait, vu que sinon tu vas me harceler toute ma vie pour savoir qui c'est et pourquoi t'es pas au courant, c'est un garçon.' »

L'ironie de la situation ne l'aurait pas même frappé si quelqu'un était passé derrière Hugo ; il était trop énervé pour réfléchir correctement.
Il n'aurait même pas dû avoir à se justifier. C'était juste stupide.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeLun 24 Mar 2014 - 19:16

...

Hugo eut un bref moment de félicité intellectuelle en voyant T.J grimacer ; peut-être qu'il était allé trop loin ? Que s'énerver et tonner pire qu'un ivrogne au bar après son dixième verre n'était pas le moyen le plus efficace de régler les comptes qui s'entassaient dans un coin de son cœur ? L'éclair de lucidité disparut presque aussitôt sans laisser derrière lui autre chose qu'une trace aveuglante collée à sa rétine. Une fois encore, il pensa s'en laver les mains : ce n'était pas de sa faute. C'était celle de T.J, qui n'aurait pas dû essuyer ses remontrances avec autant de mauvaise foi. Où était le type prêt à assumer ses conneries et s'excuser de son attitude honteuse ? Selon le script du mauvais film qu'ils tournaient constamment, ils en étaient au point de rupture. Un, deux, trois... Ça se jouait en minutes, tout au plus. Hugo le connaissait, il l'avait lu et relu, il avait dansé sur la même musique à en laisser ses jambes ployer sous lui.
Alors oui, il allait y avoir de la casse, mais ce n'était pas sa faute. Il n'était pas injuste. C'était T.J, avec sa dégaine de surfeur à la manque, qui foutait tout en l'air dès qu'il en avait l'occasion.

Mais s'il était si sûr de lui, qu'il le dise. Les mensonges servaient d'alibis parfaits, mais seulement lorsqu'on était capable de les prononcer. Vas-y, j'attends. Dis-moi que t'es un type de confiance, et pas un parfait connard qui se comporte comme le pire des obsédés notoire.

« Je m'amuserais pas à rester si j'en avais rien à faire de toi, je suis pas débile à ce point. Sérieux, c'est toi qu'arrête pas de te plaindre, et de vouloir rompre et – alors pour la dernière fois. Je. Ne. Te. Trompe. PAS. On rigole, c'est tout ! »

Le « débile » fronça les sourcils, histoire d'expliciter l'envie qui le taraudait de lui en coller une. Il regretta son portable et la lampe de chevet, restés dans la chambre. Pas à portée de main. Ça aurait comblé le manque dans la conversation, la frustration qu'il ne faisait pas bon de crier par-dessus tous les toits de la ville. Hugo était complètement abruti quand il s'agissait de parler français : à croire que son cœur parlait une toute autre langue que celle qu'il déversait trop souvent comme un cadeau empoisonné. Speak french, help.

« Et puis tu veux que je leur dise quoi, hein ? 'Oh, désolé, je peux pas trop m'approcher de toi, je sors avec quelqu'un qui supporte pas que je parle aux autres. Ah, au fait, vu que sinon tu vas me harceler toute ma vie pour savoir qui c'est et pourquoi t'es pas au courant, c'est un garçon.' »

0 de Q.I, mais il réussissait quand même à taper là où ça faisait mal. Le blond pensa à l'optimisme qu'il avait laissé là-haut entre deux nuages. Comment faire pour le retrouver ? Ils changeaient trop souvent de forme. C'était fichu.
Oh, tu me regardes, maintenant ?

« Si c'est ça qui te déranges, sache que je suis teeeeellement désolé de pas m’appeler Brenda, 95 D et de longs cheveux blonds. Qu'est-ce que tu peux en avoir à foutre de ce qu'ils pensent ? »

Il se le demandait. Lui-même, hypocrite jusqu'à la moelle, n'aurait pas supporté les regards de travers. Soulever le problème chez les autres était plus simple. Hugo n'arrivait pas à balayer devant chez lui, il fallait absolument qu'il s'incruste chez le voisin pour se sentir bien. C'était un peu pareil pour tout le monde.
Raison pour laquelle, de nouveau à son théâtre de gestes empourprés de colère, il ne s'arrêta pas et continua sur sa lancée. Acide. Injuste. Et beaucoup d'autres choses encore.

« T'aimes pas ma façon de me plaindre, j'aime pas ta façon de rigoler. Ça te plairait que j'aille coller la première pétasse en lui faisant de grands sourires ? Parce que si c'est ça j'y vais sur le champ. Pour rigoler. »

Aller brancher une allumeuse au hasard – n'importe qui, mais juste pour rire. Lui aussi il s'était amusé à vider le fond des verres, jusqu'à ce que ce ne soit plus amusant du tout.

On avait tellement froid, après.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeDim 20 Avr 2014 - 18:23

Tellement, tellement énervé.
Ce n'était pas la faute d'Hugo, s'il ne s’appelait pas Brenda ; ce n'était pas de la faute d'Hugo, s'il l'aimait malgré ça. Excuses acceptées ? Il s'en voulait, souvent, d'être aussi bêtement accroché à la propre image qu'il avait de lui-même. Celle qu'il voulait que les autres aient de lui. Sortir avec un mec, ça ne collait pas – il ne voulait pas. Sourcils froncés, agacé, perdu, il ne songea même pas à hausser les épaules. Qu'est-ce qu'il aurait pu dire ? Qu'est-ce qu'il aurait voulu dire ? Que ouais, c'était con, il aurait nettement préféré une fille pas chiante et tranquille ? C'était pire que tout. Il n'avait aucune envie de se fâcher avec lui, aucune envie non plus que qui que ce soit sache pour eux. Parce que c'était comme ça. Parce qu'il vivait comme ça. C'était sa vie, ses choix, et personne n'avait rien à dire là-dessus. Si Hugo s'en fichait, qu'est-ce qu'il attendait pour le crier à tous leurs amis ? A part le peu de respect qui pouvait lui rester envers lui, c'était à se demander. Le monde est aussi acceptant et ouvert qu'on veut bien l'imaginer. Il le voyait fermé et distant, remontrant. Il ne voulait pas être ce garçon-là. Il y avait beaucoup de choses qu'il aurait préféré ne pas être.
Ne pas avoir le choix le rendait nerveux, presque mauvais.
Allez, arrête. Je l'aimerais même pas, cette Brenda-là.

« T'aimes pas ma façon de me plaindre, j'aime pas ta façon de rigoler. Ça te plairait que j'aille coller la première pétasse en lui faisant de grands sourires ? Parce que si c'est ça j'y vais sur le champ. Pour rigoler. »

Doigts serrés sur ses bras, T.J serra les lèvres sur une moue désapprobatrice. Pas besoin d'être un génie pour savoir que s'exclamer « t'as intérêt, pour voir » aurait été plus qu'hypocrite. Il le savait bien. Il l'était, d'accord, okay, soit – faites ce que je dis mais pas ce que je fais, ç'avait toujours été lui. Il prêchait sans être capable d'appliquer. Sa sœur n'avait pas le droit de boire alors qu'il rentrait parfois ivre mort, Hugo n'avait pas le droit de draguer même si lui ne se privait pas pour le faire et se défendre en disant que ce n'était pas grave, rien d'important. Mais merde – c'était différent ! Il ne savait ni pourquoi ni comment, mais son esprit buté en était plus que persuadé. Si c'était Hugo, c'était différent.
Et s'il avait fait ça, il se serait énervé. Juste pas autant. Ou peut-être autant.
Tellement trop possessifs. Ne pas pouvoir passer son bras autour de ses épaules et pousser les filles trop proches de lui le laissait amer. Bien sûr, qu'il aurait crisé. C'était parfaitement normal. Chez lui, du moins, ça l'était.

Il n'en savait rien, rien du tout.

« Ha ha ha, lâcha-t-il d'une voix sèche – vexée, mal à l'aise. C'est pas... »

Pareil ? Le mot ne serait pas sorti. Il commençait à se connaître. L'hypocrisie avait du bon, les mensonges aussi. Il lui avait fallu ce pensionnat et ce pouvoir idiot pour se rendre compte à quel point il en usait et abusait. C'était trop bête. Il n'avait rien d'un menteur, hein ? T.J s'était toujours vu comme un garçon honnête et n'en démordait pas. La bêtise n'avait rien d'un crime, il n'était pas plus criminel qu'Hugo. C'était mieux comme ça.
Ses dents grincèrent. Il détourna le regard.

« Mais toi, tu – tu le ferais exprès ! Moi je m'en rends même pas compte, j'ai toujours fait comme ça, c'est juste... »

Sa main droite fit un bref mouvement dans l'air ; posée sur sa bouche, elle tenta de s’improviser bâillon anesthésiant. C'aurait été mieux de se taire tous les deux.
Mais elle glissa ; et lui, il avait toujours mal.

« J'y peux rien, si tu veux pas me faire confiance. Tu veux que je te dise quoi, hein ? »
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMar 3 Juin 2014 - 4:23

...

Pareil ? S'il avait eu cette putain de lampe en mains, il lui aurait envoyé à la figure et se serait enfui sans rien ajouter. Pour ne plus écouter toutes les conneries qu'il s'amusait à débiter à la seconde – pour permettre à son cerveau en surchauffe et ses nerfs à vif de se calmer un peu. Des deux, Hugo n'était pas sûr duquel pouvait sortir la plus grosse bêtise ; celle qui blessait irrémédiablement et manquait de couper tous les ponts. En revanche, il savait qu'ils pouvaient tous les deux le faire, et c'était ça qui l'angoissait. Sans doute que dans un coin de son esprit qui ne voyait pas encore rouge, la pensée que quelque chose puisse se rompre tirait la sonnette d'alarme. On arrête tout, on se calme, on met tout à plat, n'importe quoi, mais on arrête de crier.
De balancer notre vie privée entre deux pièces, aux yeux de n'importe qui daignerait entrouvrir sa porte ou rester écouter. Ils pouvaient être beaucoup, et combien à se préoccuper sincèrement de leurs sentiments ?

Zéro.
Si tu détournes les yeux avant moi, tu perds, je te jure.

« Mais toi, tu – tu le ferais exprès ! Moi je m'en rends même pas compte, j'ai toujours fait comme ça, c'est juste... »

Ah, la bonne blague ! Le blond passa une main qui tremblait légèrement sur son visage, une parodie de sourire pendu aux lèvres. Bien sûr, avec de tels arguments, qui ne lui aurait pas tout pardonné sur le champ ? Pauvre petit pris au piège de ses habitudes, incapable de s'en défaire et se demander pour une fois ce que l'autre moitié pouvait ressentir. Avant, ouais, ce mot avait bon dos : sauf que maintenant c'était maintenant, qu'il s'était engagé dans un truc un peu plus sérieux qu'une folie d'un soir de beuverie, et qu'il ne comptait pas dire « amen » à chacune de ses ratures. Un peu de sérieux, merde. Ça faisait de mal à personne.
S'il pouvait le faire, alors T.J aussi pouvait le faire.
S'il avait pu lâcher la bouteille, T.J pouvait bien lâcher les bras et les flirts à deux sous.

C'était pas compliqué, non ? Juste un peu de bonne volonté. On arrive à tout avec ça, qu'ils disaient à la TV. Conneries.
C'était dingue comme son crâne et ses tempes pouvaient le faire souffrir.

« J'y peux rien, si tu veux pas me faire confiance. Tu veux que je te dise quoi, hein ? »

Et il aurait dû se douter qu'au lieu de se remettre en cause, l'Australien lui rebalancerait tout ça la figure, comme si c'était sa faute et nullement la sienne, comme si le pincement qu'il avait au cœur, c'était juste son imagination. Mais ouais, c'était sa faute, il faisait aucun effort pour le comprendre, lui reprochait des tas de trucs injustes. Quelle plaie il faisait, hein ? Pourquoi il l'avait pas déjà planté là pour aller retrouver ses copines, nettement plus intéressantes et moins jalouses ?
Et ce que disait T.J devait être en partie vrai, puisque si ce dernier lui avait dit « je t'aime », il ne l'aurait pas cru. C'était trop dur de mettre aveuglément son cœur entre les mains d'un Don Juan allergique aux relations de plus de deux semaines, plus à l'aise au lit que main dans la main.

Bordel. Il lui faisait pas confiance, ouais. Et le pire, c'était qu'il s'amusait à attiser le feu de sa méfiance, comme un enfant titille la fourmilière.
Pas très intelligent. Là encore, personne n'avait dit que l'Australien mal sapé l'était, intelligent. Hugo savait qu'il n'était pas une flèche non plus, et confondait tous les pays de l'Union Européenne et pensait que l'Oural se trouvait en Italie ; oui. Il était con. Ils étaient tous les deux cons.

Mais c'était de ses propres sentiments qu'on parlait, pas d'une carte de bac. Hugo sentit un picotement familier monter jusqu'à ses yeux, qu'il refoula au fond de son estomac. Là, ça piquait pareil, c'en était insupportable, mais il n'en voulait pas sur ses joues.

Respire, ça passera.

« Et moi j'y peux rien si tu fais aucun effort. Pourquoi j'en ferais, hein ? Si je te la donnais, ma confiance, elle serait vraiment à l'abri, tu crois ? »

C'était peut-être une énième amourette d'adolescent, mais c'était aussi une de ces histoires pour lesquelles on perdait le plus. La confiance, l'espoir – quoi d'autre ? Hugo se souvenait bien qu'il avait foutu en l'air toutes les bases, de l'autre côté de la porte.

Il y croyait plus.
Pas de chance.

« J'ai pas envie de te parler. Casse-toi avant que je m'énerve encore. »

Il n'aimait pas se déchirer la gorge à hurler des mots qui entraient par une oreille et ressortaient par l'autre.
Et j'espère que tu sais que tout ça, je le pense pas vraiment.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeSam 14 Juin 2014 - 2:45

S'il avait pu, T.J aurait caché sa tête entre ses mains et lui aurait crié de s'en aller. De le laisser tranquille. Lalalalala je t'entends pas – et quoi d'autre de tout aussi puéril, hein ? Il n'en pouvait plus de cette situation. Il ne savait pas la gérer, n'y comprenait rien, ne réussissait pas à s'en dépêtrer, à accepter ses torts, démêler les siens de ceux d'Hugo. La limite entre ce qu'il pouvait faire, ce qu'il voulait faire et ce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de faire était tellement fine, et lui tellement peu regardant. Oui, il était chiant et hypocrite. Non, il ne voulait pas avouer que sa copine s'écrivait sans e. Oui, il l'aimait. Non, il ne savait pas comment le lui montrer correctement. Est-ce que c'était un mal, d'être maladroit ? Est-ce qu'il fallait vraiment sortir les fleurs et réussir à dire « je t'aime » pour se faire comprendre ? Parce qu'ils étaient foutument mal partis, si c'était le cas. Lui qui avait usé et abusé de ces trois mots se retrouvait la gorge bloquée, serrée par des remords auxquels il ne comprenait rien et le poids de ses propres sentiments. Plus c'était vrai, plus c'était difficile à dire. Ce que ça pouvait être bête.
Ses yeux le lui soufflaient en silence, non ?

Et comment le lui faire comprendre s'il n'arrivait même pas à le regarder en face ?

« Et moi j'y peux rien si tu fais aucun effort. Pourquoi j'en ferais, hein ? Si je te la donnais, ma confiance, elle serait vraiment à l'abri, tu crois ? »

Sa mâchoire se crispa de nouveau. Il était énervé ; n'arrivait pas à déterminer si oui ou non il était dans son bon droit. Il voulait croire que oui, se persuadait que oui, et pourtant une partie de lui-même restait convaincue qu'Hugo n'avait pas tout à fait tort. Ça faisait mal de l'admettre, okay, mais c'était comme ça. Il allait bien falloir qu'à un moment ou un autre ils se regardent en face et arrête de dire n'importe quoi. C'était facile de se renvoyer les mêmes insultes à la figure vingt-quatre heures sur vingt-quatre ; ce qu'il voulait, lui, c'était régler le problème. Pas en créer d'autres. S'il fallait faire des efforts, d'accord, il en ferait – jusqu'à la prochaine crise, du moins. C'était ça le soucis avec lui. Quand tout irait mieux, il perdrait tout sentiment d'urgence. Le besoin d'obéir aux requêtes de son amant disparaîtrait. Il recommencerait. Tout irait mal de nouveau et, encore une fois, il se retrouverait à lui courir après en espérant qu'il arrêterait de lui en vouloir. A moins qu'il ne se fâche, lui aussi ?
Ça lui arrivait, poings serrés par la colère. Il aurait tellement aimé le frapper pour faire voler en éclat cette tension qui l'empêchait de tendre le bras pour attraper le sien.

« J'ai pas envie de te parler. Casse-toi avant que je m'énerve encore. »

Blessé dans son amour propre, profondément vexé qu'on lui donne le moindre semblant d'ordre, le jeune homme posa sur son ami un regard aussi noir que ses yeux verts puissent l'être. Il y avait dans son énervement autant de colère que de douleur ; il ne voulait pas se fâcher. S'en voulait, quelque part, de toujours tout faire rater – et ce même s'il renvoyait à Hugo une bonne part de culpabilité. Ç'avait beau ne pas être entièrement de sa faute s'il refusait de lui accorder la confiance qu'il méritait, c'était aussi de la sienne pour attiser une flamme déjà brûlante alors que la pièce était saturée de gaz. Il n'aidait pas. Il n'aidait rien du tout. Il empirait tout, tapait sur les zones sensibles, appuyait sur des os déjà fracturés – et ça faisait mal, bien sûr que ça faisait mal. Il le sentait sous ses doigts, lorsqu'il enlaçait une fille un peu trop longtemps. Il y pensait, quand des lèvres frôlait les siennes dangereusement. Par jeu ? Évidemment.
Mais est-ce que c'était justifié et innocent pour autant...

« Mais ! Tu veux qu'on règle ça comment si on parle pas ! »

Son agacement était sincère. Il savait bien que laisser reposer avait parfois du bon, mais craignait aussi qu'une réflexion trop longue ne pousse son ami à prendre une mauvaise décision. Mauvaise de son point de vue, du moins.

« Je ferai des efforts si t'en fais aussi – t'en va pas, sérieux. Hugo... »

Il murmura presque son prénom, bras tendu comme pour attraper son poignet.
Me laisse pas, merde. T'en va pas.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMer 9 Juil 2014 - 0:25

...

Hugo entama le début acide d'un « ça sert à rien » qui se fondit dans un soupir brûlant d'amertume. Il avait vraiment très envie de s'assommer contre le mur le plus proche, et si la conversation continuait à dériver sur cette pente savonneuse, il ne se donnait pas cinq minutes avant de céder à la tentation de ne plus rien entendre. C'était toujours plus facile, hein ? Cloîtré dans son petit monde de certitudes étriquées avec sa colère pour meilleure amie, il ne risquait pas d'avoir mal – ni d'arranger quoi que ce soit. Pourquoi ne pas dire que tout s'arrêtait là, puisqu'ils n'arrivaient même pas à se disputer correctement ? Ah, mais quelle situation de meeeeerde. Il allait falloir couper toutes les lumières en urgence, il n'avait pas envie de pleurer, ne voulait pas pleurer. Pas pour lui, pas pour ça, pas comme une adolescente de seize ans qu'on plante à l'arrière d'une cour de lycée – putain, pourquoi ça n'arrêtait pas de lui revenir ?
Ça aussi c'était une preuve d'amour. Et lui, c'était un sacré connard. Plus ou moins que T.J, il n'en avait pas la moindre idée, mais bordel...

Ils étaient tous les deux des supers connards incapables de s'abonner aux compromis et aux demi-mesures. Ça coûtait pas plus cher, pourtant ; à croire qu'ils aimaient se faire mal et ramasser les morceaux pour mieux les éparpiller.

SOS mal de cœur, je vous écoute. Tendances masochistes ? Ne quittez pas, je vous passe notre spécialiste.

« Je ferai des efforts si t'en fais aussi – t'en va pas, sérieux. Hugo... »

Non, moi c'est Brenda la Drama-Queen, la femme de tes rêves. Tu te souviens ?
Hugo ne regarda pas T.J dans les yeux, il ne le regarda pas tout court, préférant un tête-à-tête passionné avec le mur d'en face, tellement plus sobre, tellement mieux habillé, tellement plus... tellement moins lui. Drôle de secousse de conscience ou pulsion égarée, il se rendit compte des regards qui pouvaient glisser sur leur dos et devaient le faire depuis qu'ils avaient trébuchés en hurlant dans le couloir. Sa main se referma sur le poignet de l'australien, qu'il poussa sans ménagement dans l'intimité relative du 12 gravé contre la porte, laquelle claqua dans son dos. Il laissa les vibrations s'évanouir au bout de ses doigts, abandonnant à son corps la sensation piquante d'un reste d’électricité statique.
Pour résoudre les problèmes, il fallait savoir écouter ; mais Hugo ne savait pas écouter quelqu'un d'autre que lui-même, et la colère brisait un discernement déjà mince. Il avait encore seize ans dans sa tête, il n'avait pas grandi, il n'était pas mature, il voulait fuir sans bouger et sortir sans avoir à en subir les conséquences. Assumer ? C'était dur. Ça le gonflait. Le monde n'était pas le théorème simple de son enfance, et le résultat le rendait d'un amer difficile à supporter.

Non, il l'aimait. Qu'on insinue le contraire l'aurait blessé plus que les mots n'auraient pu l'exprimer. Il était simple dans son attachement, complexe dans l'expression de ses sentiments. Il doutait trop de T.J pour pouvoir supporter les plaisanteries et les taquineries, et c'était là que le bât blessait.

Peut-être qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre. Le penser électrocutait encore plus ses muscles tendus, qui bondirent en avant pour saisir le surfeur par la chemise.

« Okay. Cool. T'en feras si j'en fais ? Alors vas-y, dis-moi, qu'est-ce que je dois faire pour que t'arrêtes de te foutre de moi ? »

Il le poussa sur le lit sans la moindre délicatesse et se jucha sur ses genoux, sans lâcher le motif imprimé qu'il détestait tant. Les poings tremblants à force de serrer, il se demanda si les lui envoyer dans la tête ne serait pas plus productif. Il parlait mieux avec ses mains qu'avec sa bouche.

Parce que les garçons...

« Ou alors faut qu'on s'en tienne à ça pour que ça aille mieux ? »

Mais il ne voulait pas.
T'es con, t'es con, t'es con. Et ce n'étaient pas ses yeux trop brillants qui allaient lui hurler le contraire.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeVen 25 Juil 2014 - 21:52

Il y avait quelque chose de terriblement infantile dans le regard de T.J qui criait des « ne me laisse pas » à en perdre la voix. Il ne voulait pas qu'Hugo parte, pas plus qu'il ne voulait lui faire du mal ; l'inverse était également valable et se rappela à lui lorsque des doigts bien moins que féminins enserrèrent son poignet un peu osseux. Ils étaient parfaitement incapable de jouer à ce jeu-là en suivant les règles. Pour ça, il aurait sûrement fallu avoir appris à lire. Immatures jusqu'au bout des ongles. Ça faisait peine à voir, et pourtant ce n'était – n'avait jamais été – l'exception qui confirmait la règle. Ils n'étaient pas différents de la plupart des couples de leur âge. Ils étaient un peu trop passionnés, un peu trop bêtes, un peu trop maladroits ; comme tous les adolescents. Alors ils se disputaient, comme tout le monde, criaient, comme tout le monde, se réconciliaient, comme tout le monde –
Puis rompraient, comme tout le monde.
Jamais ce cycle n'avait paru si effrayant au jeune homme. Les relations amoureuses étaient bien amusantes tant qu'il n'y avait aucun sentiment d'impliqué ; l'idée de risquer le cœur brisé et les larmes contre l'oreiller lui tordait l'estomac en nœuds inextricables. Hugo était presque son premier amour. Sûrement le plus honnête et sincère, en tout cas. Ce n'était pas rien. C'était difficile, ça faisait mal, c'était violent comme la porte qui claque et pas moins dangereux qu'un incendie domestique. Ça ne marcherait peut-être pas, pour ce qu'il en savait ; d'un point de vue extérieur, logique, objectif, la rupture était possiblement ce qu'il y avait de mieux pour lui, pour eux. Il n'en savait rien. Ne voulait rien savoir. Quitte à meurtrir leurs peaux de bleus et de griffures, il préférait encore ça à rien du tout. L’égoïsme jusqu'au bout. Incapable de voir plus loin que le lendemain – et encore, ça paraissait tellement loin. Tellement, tellement loin.

Si t'es pas là quand je me réveille, je...

« Okay. Cool. T'en feras si j'en fais ? Alors vas-y, dis-moi, qu'est-ce que je dois faire pour que t'arrêtes de te foutre de moi ? »

Lâche moi, pour commencer ? Ç’aurait été un bon début. Peut-être. A moins que non. Qu'est-ce qu'il en savait, lui, hein – il n'était jamais que le pauvre crétin tout juste bon à boire et à draguer, à faire la fête et à prendre le soleil. Le type vide par excellence. Le branleur bon à rien. Riche et rien que ça. Con à s'en taper la tête contre un mur de l'entendre réciter ses tables de multiplications.
Alors parfois, juste quelques secondes par an, il se détestait et ne parvenait plus à voir autre chose que ça.

Qu'est-ce que t'aimes là-dedans, toi ? Dis moi.

Plus sonné par ses maux de têtes que par sa rencontre inopinée avec le lit, T.J fronça les sourcils et entrouvrit la bouche – tout ça pour la fermer la seconde suivante, les yeux rivés sur ceux d'Hugo. Il aurait aimé pouvoir le comprendre rien qu'en faisant ça ; savoir reconnaître quand il parlait sérieusement et quand c'était la colère qui prenait le pas parce que vraiment, ça aurait été putain de pratique. C'était impossible autrement. De se sentir vexé pour un rien, de se sentir blessé par des paroles en l'air. Parce qu'il n'était pas sérieux, hein ?
Non ?

« ... Hein ? »

Sa voix était trop tremblante, les yeux de son ami trop brillants. Ils étaient juste pathétiques, là, à se regarder en chiens de faïence comme si quelque chose de bien allait en résulter. Il fallait juste que ça s'arrange ; il ne demandait rien d'autre, vraiment. Il voulait simplement le serrer contre lui, se dire que tout était réglé et ne pas repartir fâchés. Ce n'était pas tant en demander. Du moins ça ne le paraissait pas, là, comme ça, lorsqu'il leva les poings et serra comme il put le col d'Hugo. Il n'était même pas fichu de faire ça correctement.
Mais ça, c'était un autre problème. Chaque chose en son temps.

« Peut-être que je fais n'importe quoi mais au moins je t'aime, je te signale ! »

Il battit plusieurs fois des paupières, dents serrées, autant énervé contre lui-même que contre ce foutu français incapable de faire les choses comme il fallait. C'était la seule chose, le seul fichu élément qui avait toujours fait défaut à ses précédents couples ; le maillon faible qui les avait fait basculer, qui avait fait que ça n'avait jamais duré. Et maintenant que c'était enfin là, ça ne suffisait pas ? Il y avait autre chose, d'autres problèmes, des trucs plus importants que ça ?
Il aurait préféré que ça ne soit pas le cas.

« Si tu veux te barrer dis le carrément, lâcha-t-il en détournant le regard, mais moi je veux pas. »

Ses doigts tremblants le criaient bien assez.

« Si t'es jaloux c'est que tu m'aimes, de toute façon. Alors tu. Reste. »
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeVen 29 Aoû 2014 - 3:42

...
Il aurait tellement voulu que ces poings lui cassent la figure ; qu'ils lui éclatent la lèvre au lieu de serrer son col, qu'ils lui donnent une raison de partir plutôt qu'une raison de rester. Allez savoir si y'avait encore quelque chose à sauver maintenant qu'il avait bien piétiné les sentiments de T.J – et les siens en passant, le laissant là à dire des horreurs à un type qui avait partagé ses nuits. Tellement pathétique, Hugo, pas moyen de discuter avec toi. Tu fous le blâme sur un autre, tu balances tes responsabilités et tu tournes le dos aux gens que tu aimes. Ses mains tressaillirent de culpabilité, sursaut trop souvent imperceptible, même pour lui.
Les conseils qu'on lui murmurait demeuraient inintelligibles malgré tous ses efforts pour arranger la situation.

« Peut-être que je fais n'importe quoi mais au moins je t'aime, je te signale ! »

Et maintenant qu'ils avaient bien merdé, il aurait au moins pu l'engueuler et lui dire qu'il voulait plus le voir. Le tabasser et le laisser pour mort, l'enrouler dans ses couvertures et lui faire bouffer sa mauvaise humeur une bonne fois pour toute. Ce que ça aurait été chouette de pouvoir jouer les types inatteignables, comme il l'avait fait au lycée. On lui fichait la paix, on lui causait pas, rien n'avait d'importance – à se demander comment il avait pu réussir à se frayer un chemin avec sa planche de surf et ses chemises dégueulasses. Mais il était là, et si y'avait bien un truc dont Hugo était sûr, c'était qu'il ne s'en fichait pas.
Alors il voulait qu'il l'écoute et arrête de le blesser, putain. S'il l'aimait comme il le disait, y'avait pas moyen d'être aussi con et maladroit !
Sa poitrine le faisait souffrir, pire que s'il avait couru un marathon. Son cœur avait dû le faire tout seul pour l’emmerder, battre et battre encore à une cadence qui lui faisait presque regretter les paquets de cigarettes qui s'entassaient dans la poubelle. Son haleine avait un goût de nicotine et ses artères charriaient la fumée à lui coincer une boule dans la gorge. Ahah. Ouais, de toute façon, tout le monde finissait par crever du cancer dans la famille. A quand son tour ?
Mourir de chagrin ou d'amour, c'était pas plus glorieux – et il ne l'aurait pas fait, oh non. Il ne l'aurait pas fait.

« Si tu veux te barrer dis le carrément, mais moi je veux pas. »

Il voulait qu'il se barre, il voulait pas avoir à prendre la décision qui faisait s'écrouler le château de cartes. C'était trop lui demander, qu'il lui foute un poing et passe la porte en sens arrière ? Eh. Ils étaient revenus à la case départ, au point zéro. Hugo sentit sa colère lui glisser entre les doigts comme un sable chaud et sec. Ce serait sa faute, de toute façon, alors à quoi bon ?
Ce qu'il pouvait avoir envie de lui en mettre une en travers de la figure. De lui faire mal, de le faire saigner pour se soulager. Mais parce qu'il savait (depuis le temps !) que la violence ne résolvait rien, il lâcha son ami et se laissa tomber à ses côtés, sans la moindre grâce ni la moindre énergie. Tête entre ses mains et coudes calés contre ses genoux, il poussa un long et amer soupir.

« Ouais. Où j'irais de toute façon, hein ? C'est ma chambre, ici. »

Il rit sans y mettre le cœur. Même s'il restait là, qu'est-ce que ça allait changer ? Il voulait plus qu'ils se regardent sans rien dire, mais parler risquait de faire remonter toute la colère à la surface. Elle dormait là, tapie au sein de l'eau stagnante, et ne disparaissait jamais vraiment. Il aurait aimé l'y dissoudre mais voilà : ça faisait des années qu'il essayait en vain. Le Pensionnat et sa fausse impression de sécurité n'y avaient rien changé. Il était parti, comme un lâche.
Bouge pas, cette fois. Bouge pas.

« Tu voulais pas que je m'en aille, je m'en vais pas. Content ? »

Et moi aussi je t'aime, sois pas con, pense surtout pas le contraire.
Incapable de dégager cette acidité mal placée de sa voix. Incapable d'être gentil, compréhensif, de faire la part des choses. La faute était partagée, c'était clair.
Mais Hugo continuait à se dire que si ça avait juste été celle de T.J, ça aurait été drôlement mieux. Tellement plus pratique.
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeJeu 18 Sep 2014 - 15:24

Je t'aime, allez, on oublie. Je t'aime, tu sais ; ça suffit. Je t'aime, je t'aime. Chéri ?

Leçon importante, les enfants : la vie n'est pas un film ou un roman à l'eau de rose. L'apprendre tôt ou tard ne changeait strictement rien au résultat – à savoir « tu vas te casser la gueule et ça fera sacrément mal » – mais malgré tout, le faire avant même d'avoir su marcher pouvait aider à mieux intégrer. T.J avait évolué une vie entière dans une cage dorée, un joli panier, une armoire en bois très travaillé. On s'y sentait bien, c'était doux et confortable ; personne ne venait vous y ennuyer, vous étiez aimé, votre vie dépendait de parents adorables qui pour rien au monde n'auraient souhaité en couper les fils. L'argent ne manquait pas, et...
...Quand lui avait-on appris le sens des mots « non » et « échec », tiens, il se le demandait.
Il n'était clairement pas prêt à avoir mal.

A la première chute, il était tombé en morceaux. L'idée des suivantes le terrorisait.

Alors non, T.J ne pouvait pas vivre tout seul. Il ne pouvait pas. Que ce soit avec Hugo, avec mademoiselle j'ai une jolie poitrine et rien dans la tête ou avec sa sœur, Hans, n'importe qui, peu importe : il avait simplement besoin de sentir cette présence rassurante et évidente près de lui, cette silhouette qui resterait là du début à la fin et lui tiendrait la main en serrant comme un malade si quelque chose venait à craquer sous ses pas. Il n'était pas si fort que ça. Monsieur n'était jamais qu'un crétin et Hugo un bel idiot ; dans le fond, ils se ressemblaient assez. Il ne voulait pas que son ami lui mente mais, pour une fois, un peu de* baume au cœur serait sans doute préférable à une vérité cruelle.
S'il ne voulait plus le voir – sincèrement plus le voir – alors il n'était pas prêt.
Pas du tout.

Le grincement du matelas, léger et si difficilement perceptible quand on n'y prêtait pas l'attention nécessaire, résonna comme un gong salvateur dans la tête du jeune homme. Il n'était pas parti, non ? Il était encore là. Juste à côté, à distance raisonnable, à portée de main et de poings. Suffisamment proche pour qu'il puisse l'enlacer ou le rattraper si la situation venait à dégénérer de nouveau. Il était là.
Comme un jeune amoureux à son premier rendez-vous, il se mit à jouer nerveusement avec ses doigts que la maladresse avait pris soin d’abîmer ; déglutit difficilement, et l'entendit presque mieux que si ç'avait été un cri de sa gorge contre sa propre personne. Les paroles de son amant lui irritèrent les yeux et à son tour, il laissa s'échapper un rire sans fond ni forme. C'était bête. Il aurait préféré qu'ils n'aient pas à en arriver là ; le silence lui faisait peur, assez littéralement. Lui qui passait son temps à le briser de toutes les façons possible et imaginable, quitte à user la patience déjà élimée de ses amis, avait un réel problème à accepter son absence pure et simple. Il fallait qu'il y ait du bruit. Même un peu. Un tout petit peu. Rien qu'un souffle contre sa nuque ou les battements erratiques d'un cœur sous ses doigts. Ça lui aurait suffit.
Vraiment, il le jurait.

« Tu voulais pas que je m'en aille, je m'en vais pas. Content ? »

Un hochement de tête ennuyé plus tard, l'australien lâchait un « ouais » à peine audible. C'était bien beau de lui avoir dit de rester, mais maintenant quoi ? Ils allaient quand même pas se regarder dans le blanc des yeux – ou fixer le mur, plus probablement – jusqu'à la fin des temps. C'aurait été sacrément con et pas très utile ; or ils avaient beau l'être, cons, il devait quand même leur rester suffisamment de matière grise pour se rendre compte d'un truc aussi simple. Ils avaient besoin de parler. De percer l'abcès.
Si seulement il avait su comment faire, ça aurait foutument simplifié les choses.

« Euh, je... Sérieux, je suis vraiment désolé. » A défaut d'oser toucher Hugo, qui lui paraissait légèrement intimidant dans ses moments d'humeur au beau fixe, il tapota sur ses propres genoux. « Tu sais bien. Hein. »

Du moins l'espérait-il, tête baissée et sourcils froncés. Il n'avait pas envie qu'Hugo se mette vraiment à croire qu'il préférait ces filles avec qui il rigolait à son propre petit-ami – aussi réticent soit-il à l'idée que ça se sache. Ce n'était pas qu'il avait honte de lui. Ce n'était pas non plus le genre de choses qu'il aurait été capable de dire sans se sentir crétinement gêné.
On est romantique ou on ne l'est pas. Un truc comme ça.

« T'es toujours fâché ? »
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeJeu 13 Nov 2014 - 20:56

...

Hugo ne savait pas quoi dire ; et il s'était dit que, tant qu'à faire, il n'avait plus qu'à garder le silence. De toute façon, il n'avait plus aucune remarquer acerbe à lui jeter à la figure, plus aucune pique mesquine à lui enfoncer dans le cœur. Il avait tout dit, tout déballé, en prenant soin de garder le plus important entre ses dents. Mais qui aurait pu lui en vouloir ? T.J n'était pas son journal intime, qu'il sache, et s'il n'arrivait pas à deviner certaines choses, alors ce n'était même pas la peine qu'il les lui murmure ou qu'il les lui hurle. Y'avait des trucs, comme ça... Et comme il ne voulait pas s'excuser ou reprendre une discussion qui risquait de remettre gaiement le feu aux poudres, il gardait la bouche fermée sur un silence contrarié. Pas que ça le changeait de d'habitude, hein.
Il n'osait même pas jeter un œil à T.J. Il devait galérer autant que lui, pourtant, à en juger par le silence tendu qui continuait de s'étirer sans qu'aucun ne pense à le briser. Dis quelque chose, lui susurra sa conscience en colère (tiens, il en avait encore une!), n'importe quoi.

Il fait beau aujourd'hui, nope ? Connard.

« Euh, je... Sérieux, je suis vraiment désolé. »

Non, je sais pas, voulut rétorquer Hugo, les yeux perdus dans le vague : sauf qu'il savait et qu'il se sentait ridicule d'en avoir fait autant pour que dalle. Dans trois secondes, l'indignation allait de nouveau l'emporter sur sa culpabilité, il aurait dû profiter de ce mince intervalle pour s'excuser auprès de T.J et recoller les morceaux. Sauf que Monsieur Launay était buté et qu'en l’occurrence, il cessa bien vite d'y songer pour regretter son portable : avec ça, au moins, il aurait eu une excuse pour ne pas le regarder dans les yeux. C'était bien ce qu'on devait faire quand on parlait à quelqu'un, non ?
Pourquoi lui ne se cassait pas, pour commencer. C'était pas sa chambre, y'avait rien qui le retenait dans ce havre de paix et de bonne humeur.

« T'es toujours fâché ? »

Un grognement inintelligible répondit à l'Australien. Hugo étendit ses jambes sur les draps et fixa avec une attention démesurée chaque plis et replis de son jean. « fâché » n'était pas le mot adéquat, pensait-il en touillant activement le marasme de ses pensées, il était « furieux ». Pire que « furieux », même. Il avait toujours envie de cogner un meuble ou passer ses nerfs sur une lampe de chevet. Il aurait eu besoin de quelques têtes ou ampoules à éclater pour évacuer la bile amère qui bouillonnait toujours au fond de sa gorge. Mais pour ça, il aurait fallu se lever, passer la porte, ne pas se retourner.
C'était dur, de faire des efforts, Hugo n'aurait jamais prétendu le contraire – même si le plus dur, dans cette histoire, c'était surtout d'avouer qu'on avait tort. Alors, méritera ou méritera pas ? Cette fichue confiance.
Histoire de montrer qu'il n'avait pas avalé sa langue et pouvait aussi se montrer un brin plus mature que dans le couloir, le jeune homme consentit à élever la voix.

« Un peu, fit-il avec un soupir, ne cherchant néanmoins pas à dissimuler son agacement, mais c'est une humeur constante chez moi, non ? »

Fallait pas croire qu'il dévalorisait l'impact de l'attitude de T.J sur son moral : mais c'était un fait. Jamais content, jamais souriant, toujours à tirer la gueule du matin au soir. Monsieur je sais pas sourire et monsieur j'ai pas bonne mine. A force, Hugo avait fini par se persuader qu'il n'aimait plus trop ça, sourire.
A quoi ça servait, hein.

« Et j'ai peut-être réagi comme un con, ajouta-t-il du bout d'une fierté piquée, mais c'est pas juste ma faute. Quand on sort avec un débile comme moi, on fait au moins gaffe à ce qu'on fait. »

Juste un peu. Le jeune homme laissa son dos glisser contre le mur, à demi avachi sur les draps. Il n'avait pas regardé T.J : la politesse, c'était trop lui demander. Faire des efforts, okay, mais pas à pas. Il fixa le genou et les cicatrices que personne ne pouvait voir, sous quelques centimètres de tissu. Il ne pouvait pas courir, non plus, alors pas à pas, c'était tout ce qu'il pouvait faire, tout ce qu'il pouvait offrir.

Il préférait quand T.J le faisait sourire. Ça... même si c'était pour se foutre de sa gueule ou de ses chemises, il préférait. Au final, ça donnait le même résultat, et c'était ça qui comptait : ils riaient.
Ils s'engueulaient pas et il pleuraient pas.
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T.J Henskens
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMer 19 Nov 2014 - 16:20

Un peu, ce n'était pas tant que ça ; c'était moins que beaucoup ou terriblement, en tout cas, et en cela les paroles du français relevaient plutôt de la bonne nouvelle. A peu près. Plus ou moins. Il n'était pas tout à fait certain de pouvoir le croire au mot, pour être honnête – après tout il semblait encore bien fâché, pour quelqu'un n'étant censé l'être qu'« un peu » – mais s'ils voulaient que ça marche, il allait falloir commencer à se faire confiance mieux que ça. Se donner des raisons de croire l'autre ; ne pas toujours faire comme ça leur plaisait, réfléchir avant d'agir... Ce genre de choses toutes bêtes qui ne paraissaient pas encore évidentes au jeune homme qui, doigts posés sur ses genoux, martyrisait le tissu de son bermuda avec application. Il ne pouvait pas nier que son ami était plus souvent grognon que de bonne humeur ; ça ne l'avait jamais vraiment dérangé. Parce qu'il l'aimait comme ça, sûrement – et que si parfois il aurait aimé le voir sourire plus souvent, quelque chose dans sa poitrine lui soufflait que ce n'était pas un terrain sur lequel il avait envie de s'aventurer. Peut-être que c'était naturel et normal ; peut-être que c'était le fait d'être enfermé loin de chez lui ; peut-être que c'était plus grave. Il ne pouvait pas savoir et n'était pas assez doué au jeu des devinettes pour oser lancer les fléchettes au hasard. Trop de risques de toucher juste. De toucher autre chose de tout autant douloureux.
Lui-même n'aurait pas aimé qu'on se mette à chercher ce qu'il pouvait bien cacher, après tout. Chacun son royaume, un truc comme ça. Son jardin secret à soi.

« Et j'ai peut-être réagi comme un con, mais c'est pas juste ma faute. Quand on sort avec un débile comme moi, on fait au moins gaffe à ce qu'on fait. »

Un « hmmm » songeur s'échappa d'entre les lèvres de T.J, qui avait reprit le petit miroir jusque là rangé dans sa poche droite. Plutôt que de s'observer lui et son beau visage, pour une fois, il le dirigea de sorte à voir Hugo sans tourner la tête dans sa direction ; s'accorda une légère grimace et, comme à contrecœur, le rangea à sa place. Il savait bien qu'Hugo était du genre jaloux ; pas qu'il ait vraiment eu l'occasion de le remarquer avant d'être avec lui, mais quand même. Si ça l'avait gêné à ce point, ils auraient rompu il y a bien longtemps de ça. S'ils étaient toujours ensemble, c'était sans doute que leurs travers pouvaient être surmontés. Du moins y croyait-il dur comme fer, avec ses réflexions simplistes et ses raisonnements d'enfant de trois ans. Ce n'était pas si dur de faire avec, de son point de vue. Et c'était tellement plus facile d'oublier comment lui-même aurait réagi, dans la même situation. Yeux plissés, poings serrés, des piques gros comme le poings figés en plein dans son cœur déjà faiblard.
Tant que c'était Hugo le jaloux un peu chiant qui ne voulait jamais tout lui dire, ouais, c'était facile.
Faites que ça ne s'inverse pas trop vite.

« Ben. Quand on sort avec un cr- idiot comme moi, on sait à quoi s'attendre. Aussi. »

Il lâcha ça prudemment, en grommelant un peu, quelque peu vexé de devoir admettre ses torts sans au moins tenter de venger sa fierté blessée. Il savait bien que s'il disait « bah si, c'est ta faute et moi j'ai rien fait » il aurait mérité le coup de poing et la solitude qui suivraient fatalement ; ce n'était pas comme ça qu'un couple marchait. Il n'était pas très doué dans ce domaine, d'accord, mais il ne fallait pas abuser non plus. N'importe quel abruti fini aurait compris ça aussi bien que lui l'avait compris.
Sans douceur ni violence aucune, il se tourna de façon à pouvoir regarder son ami sans se briser la nuque dans le procédé ; lui fit la moue et, regard plongé dans le sien, fronça les sourcils.

« Okay. Si tu me pardonnes, promis, je fais des efforts. Juré. S'il te plaîîît. »

Il ne tenta même pas un sourire. C'était une demande parfaitement sérieuse, malgré le ton chuintant de sa fin de phrase et son air plus implorant qu'autre chose.
J'aime pas quand t'es fâché. Il pouvait au moins essayer.
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Hugo Launay
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 23:12

...

Hugo était en train de se demander ce qu'il avait pu foutre pendant son enfance ; au lieu d'aller galoper dans la campagne avec son fidèle VTT, il aurait dû prendre des cours de maîtrise de soi. Un de ces machins d'origine asiatique ou il savait pas trop quoi, où il fallait souffler pour apaiser sa colère et ne pas s'emporter. Un, deux, trois.... expire bien fort. Hugo le fit tout doucement, le souffle brûlant contre son palais, histoire de ne pas gâcher l'accalmie relative qui s'était installée – toujours trop fragile pour qu'on ne veuille pas la ménager. La météorologie du cœur était encore pire que celle de la TV : lui n'y avait en tout cas jamais rien compris, et que ce soit la sienne ou celle de T.J, c'était le flou le plus complet, l'incompréhension totale. Si encore il avait pu se vanter de tout saisir, même les détails les plus infimes, il aurait pu rabattre le caquet de cet imbécile ; mais non, il fallait qu'il se cogne à tous les murs en plus de hurler. Bravo Hugo, y'a pas à dire, t'es le plus fin et le plus intelligent des hommes sur Terre.
Le débile et l'idiot faisaient la paire, c'était clair. Pas fichus de se comprendre ou se mettre d'accord sur de putains de compromis. Parfois, Hugo tentait de relativiser la situation, s’astreignait à un seuil de jalousie modérée... mais tout volait en éclat à la moindre étincelle. Il n'avait jamais été très patient ni très miséricordieux. Eh ouais, en plus d'être jaloux comme une ménagère de 40 ans (la fameuse Brenda, n'est-ce pas), il était rancunier à ses heures.

Heureusement pour T.J, l'amertume allait et venait comme les vagues ; elle ne restait jamais en place bien longtemps.

Peut-être qu'il lui en demandait trop, peut-être qu'ils n'avaient pas les mêmes exigences. Ce qui était sûr, c'est qu'ils ne venaient pas du même monde. Tous les kilomètres qui les séparaient de l'autre côté de la porte, c'était rien à côté du mur que la différence érigeait entre eux. De là à savoir s'il pouvait l'enjamber, c'était une autre affaire.
Si tu veux qu'il reste, si tu veux le garder, t'as pas le choix : va au moins falloir faire la moitié du chemin.

Il n'avait pas l'habitude d'un amour autre que celui, léger et adolescent, où l'un se subordonne entièrement à l'autre, parce que je t'aime.

« Okay. Si tu me pardonnes, promis, je fais des efforts. Juré. S'il te plaîîît. »

Il aurait presque aimé le repousser d'un air suffisant. Casse-toi, y'a plus rien à dire, quelque chose comme ça. Sauf qu'il était lâche, faible et amoureux, et que ça péchait là aussi. Là, juste là. Seulement voilà, Hugo détestait ressembler à un crétin sentimental qui ploie juste parce qu'on le regarde droit dans les yeux en s'excusant. Sa moue trahissait sa contrariété, mais difficile de penser encore qu'il pouvait lui abattre son poing dans la figure.
Et puis abîmer le visage de T.J Henskens, oulàlà. Il aurait eu de gros ennuis.

Sa remarque intérieure faillit lui tirer un sourire. Il se reprit en rétorquant, le ton dur :

« C'est pas comme si j'avais le choix, de toute façon. Mais si j'accepte... »

Il lui planta un doigt menaçant en plein cœur. Avec un peu d'imagination, il en aurait figuré un revolver prêt à tirer.

« T'as intérêt de tenir ta promesse. Et dans ce cas là, j'en ferai aussi. Des efforts. »

Il se demanda l'espace d'un instant s'il ne venait pas de trahir le serment même en lui promettant à son tour de le tenir. Il avait essayé et échoué à de trop nombreuses reprises ; mais si T.J s'y mettait aussi, peut-être que...

« Voilà. J'espère que t'es content, maintenant. Je t'ai pardonné. »

Il détourna les yeux, puisque sa gorge se nouait d'émotion ou de regrets. Il en avait peut-être trop fait, oui, mais il n 'empêchait... Ça faisait mal, bordel. Il pouvait pas l'ignorer.
Il serra les poings. Ce qu'il détestait s'excuser ou excuser – il détestait avoir tort. Et tout ça pour un Australien mal coiffé et mal habillé...

Y'avait de quoi en rire, hein ?
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MessageSujet: Re: (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda }   (n°12) ▬ C'est tellement mieux quand on se tait. { Brenda } Icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 17:57

T.J ne mentait pas. Il était vraiment prêt à faire des efforts, des vrais, si Hugo acceptait de lui donner une énième chance – à défaut d'une deuxième qu'il avait déjà dû utiliser et ruiner de la plus minable des façons ; il ne comptait plus les fois où, en colère, ils s'étaient jetés des vérités cruelles au visage. Ce n'était pas très juste, ce n'était pas très correct, mais il avait terriblement besoin de cette main tendue pour réussir à faire sa foutue moitié de chemin. Il n'arriverait à rien si son ami ne jugeait pas utile ni même nécessaire de le pardonner. S'il se disait qu'il serait aussi bien sans lui ; que le jeu n'en valait pas la chandelle ; que le combat était perdu d'avance et que quoi qu'il arrive, il ne méritait pas sa confiance. C'était possible. Les risques étaient minces, pourvu que T.J connaisse suffisamment son amant, mais ils restaient présents malgré tout. Et ça, ça faisait battre son cœur à cent à l'heure. Son esprit faisait de son mieux pour prendre la situation à la légère maintenant que l'ambiance s'était quelque peu calmée, et pourtant il craignait plus que tout au monde qu'il ne rejette sa requête sans prendre ne serait-ce que le temps de l'étudier.
Il s'en serait remis, évidemment. Ce n'était qu'une idylle d'un temps.
A moins que ce ne soit l'amour de sa vie qu'il viendrait de perdre bêtement.
Comment savoir ? Comment en être sûr ? Comment se persuader qu'il trouverait mieux ensuite ?
Tant qu'il n'en avait pas la preuve claire et nette, il refusait de laisser Hugo partir comme ça. Rien de plus, rien de moins.

« C'est pas comme si j'avais le choix, de toute façon. Mais si j'accepte... »

Le visage fermé, yeux grands ouverts, T.J baissa un court instant le regard vers le doigt qu'il sentit pressé contre sa chemise.

Watch out, Cupid, stuck me with a sickness...

« T'as intérêt de tenir ta promesse. Et dans ce cas là, j'en ferai aussi. Des efforts. »

La commissure de ses lèvres trembla sous l'assaut du sourire qui revenait à la charge sur son visage ; déjà, il sentait la pression accumulée sur ses épaules s'envoler en fine buée transparente. Il n'avait qu'à tenir sa promesse pour qu'Hugo fasse des efforts ; en théorie, c'était simple comme bonjour. Dans les faits, c'était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Tout reposait sur lui et sa capacité à voir quand il était temps de se calmer, de se taire, de faire les bons choix – ceux qui pouvaient décider d'une vie, en somme. Il n'était pas certain d'y arriver mais, l'urgence de la situation brûlant encore au creux de ses veines, il se promit de faire de son mieux.
Alors, eh.
S'il était content ?

« T'es sûr ? T'es pas encore un tout petit peu fâché contre moi ? Parce que j'ai tout un tas de façon de me faire pardonner que j'ai pas encore eu le temps d'essayeeeer. »

Il laissa filer un rire amusé, espérant que son ami comprenne qu'il plaisantait – et que ce n'était donc pas une raison pour se re-fâcher juste histoire de voir si ça marcherait. Quoi que. Dans un sens, il était curieux de voir à quel point le sérieux du garçon pouvait subsister face à sa débilité congénitale. Il y avait un risque sur deux que ça l'énerve encore plus et un risque sur deux que ça ne brise sa concentration. Comment rester en colère contre quelqu'un qui se mettait à rire ou à dire des bêtises, au juste ? Lui n'y arrivait jamais. C'était son point faible. Un de ses points faibles, du moins. L'un de ses nombreux points faibles.
Bref.

« Je dis qu'on se fâche plus jamais. 'kay ? »

Disant cela, il se pencha pour venir poser un baiser sur les lèvres d'Hugo.

Si on lui avait dit un jour qu'il mettrait plus de sens et de sentiments dans ce geste envers un garçon qu'une fille, il en aurait rit d'un air un peu dégoûté.

Il était peut-être temps de s'accepter, tout simplement.
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