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 « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]

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Hans Hackermann
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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] _
MessageSujet: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeSam 5 Jan 2013 - 1:14

Spoiler:

Hans jura ; la guerre qu’avait déclarée son front aux encoignures lui arracha un nouvel éclat de rire qui alla hanter les corridors enténébrés. Il alla se répercuter sur chaque pierre mal dégrossie, fantôme tout juste ressuscité d’une joie tuée dans l’œuf que le pensionnat entendait souvent résonner. Un rire tout droit sorti de ses tripes qui venait glisser sur sa gorge et arracher ses lèvres en fanfare, dépourvu de pensées et plus désarticulé qu’un vieux pantin. Son regard brumeux se posa un instant sur une poupée qui sembla le lui rendre avec un sourire narquois : pauvre larve, crachait-elle entre deux silences, tu ferais mieux d’aller mourir dans un coin. Il l’envoya paître d’un violent coup de pied et il partit d’une nouvelle hilarité. Cette pétasse avait qu’à pas me balancer de saloperies à la gueule, jeta-t-il de sa voix éraillée. Au fond, il en avait strictement rien à taper de ce qu’une garce de porcelaine décatie avait à dire de lui. Des voix, il en avait entendues des vertes et des pas mûres ; elles lui avaient chanté de pires chansons au gré de ses errances. Son coude heurta une étagère, il trébucha. Hackermann ne prit pas la peine de se relever et se contenta de balancer la tête en arrière, les yeux rivés au plafond. Au-dessus de lui s’agitaient des fourmis : dans le salon, dans la cuisine ou dans le hall, la vie continuait. Elle suivait son cours révoltant –en se levant cet après-midi-là, le junkie était de bonne humeur, assez du moins pour ne pas traîner au lit. Il s’en était rendu compte.

Et comme tous les jours baignés de soleil, il ne l’avait pas supporté. L’accoutumance lui allait bien et ce vêtement lui collait à la peau. Il avait rapidement attaché ses cheveux qui s’échappaient en mèches folles et sèches pour retomber sur ses épaules couvertes d’un sweat gris clair trop petit, échoué au détour de quelque couloir sous-terrain. Du t-shirt qui avait l’air de ne jamais avoir été tout à fait propre au jean trois tailles trop large rehaussé d’une ceinture sommaire en passant par ses éternelles converses aux semelles polies par l’asphalte des trottoirs berlinois et la mauvaise moquette ; pas un détail dans son apparence ne hurlait une simplicité médiocre et fumiste. L’expression hagarde qui habitait ses traits le trahissait ; son ironie mordante était partie au pas de course se réfugier dans des recoins moins houleux de son être ; il riait bêtement puis s’arrêtait soudain ; il ne tenait pas debout. Il était complètement défoncé.

Sans mot dire, il s’était dirigé vers la cave, en avait dévalé les marches grinçantes agrippé à une rampe pleine d’échardes, la clope au bec, les coudes couverts d’ecchymoses. On trouve de tout dans cette baraque, s’était-il félicité, de tout sans avoir à raquer. De la bouffe, des sodas, un matelas où s’écraser et même des cigarettes, et des bonbons, et des amphets. Le gamin avait marché dans les courants d’air un moment, avait posé ses seules valises –celles, lourdes de sous-entendus, qu’il portait sous ses yeux– dans une salle humide et depuis, il ne savait plus seulement ce qu’il fichait ici. Toujours aussi glorieusement installé sur le fauteuil imaginaire que lui figurait le sol dur, il saisit entre ses doigts jaunis une bouteille de vin sirupeux et la vida par terre. Cette entreprise le fit partir d’un nouvel éclat de rire. A la bonne heure !
Il n’aimait pas l’alcool, et pourtant on l’avait déjà traité de pauvre alcoolique ; il n’aimait pas les fouineurs, et pourtant on lui avait déjà dit d’aller fourrer son nez ailleurs. Il s’en fichait pas mal. Mais vraiment, il n’aimait ni l’un, ni l’autre, se tança-t-il, vraiment, boire était foutrement dégradant. Chacun son truc. Il pensa faire une fleur au monde en l’envoyant s’écraser avec fracas sur le mur en face, mais la force lui manqua et elle ne fit que rouler plus loin, le laissant baigner dans une flaque odoriférante, fruitée d’un violet qui tirait sur le rouge. Il se tut et attendit –lui seul savait quoi, à moins qu’il fut le seul à l’ignorer. Un bruit manqua d’attirer son attention, mais des bruits, il en avait plein les oreilles. Hans se mit instantanément à détester le bruit –fichu putain de bruit de merde. Une ombre près de la porte manqua de le réveiller, mais des ombres, il en voyait un paquet, et ces salopes tiraient parfois de drôles de gueules, dans leur genre. Hans se mit aussitôt à détester ces ombres –putain d’ombres de merde, elles aussi. Il ferma les yeux, elles l’envahirent. Il les rouvrit, elles reculèrent, se mirent à danser ; il crut même apercevoir un petit animal que lui seul aurait aperçu dans le vide de la pièce. Il jeta une autre bouteille qui, elle, atteint son objectif : le mur se colora de trainées sombres et brillantes, le sol se para de bris de verres qu’il ne distinguait pas derrière deux tonneaux et une pile de caisses. Les ombres étaient parties. Une seule s’acharna à passer devant la porte, une nouvelle fois. L’Allemand ne sut trop au juste si ces merdes existaient vraiment et si la came le transformait en médium, mais elles ne lui plaisaient pas du tout. Il aimait mieux voir des choses plus plaisantes, ça rachetait ses réveils nauséeux. Au moins, il pouvait enfin ignorer la mélodie qui sortait de cette boîte à musique cassée entre ses oreilles.

« Je sais encore reconnaître une putain de pétasse quand j’en vois une, lança-t-il au hasard, elles ont jamais rien de mieux à foutre que de mettre tout le monde dans des trips de merde, et après elles se barrent, mais je compte pas dormir, et d’ailleurs, je m’en tape… »

Incohérence ; mais c’était tout de même une putain de pétasse, celle-là. Il se redressa comme il put, chancela, s’appuya à un meuble et s’approcha de la porte. Une fois, il avait pleuré pendant deux heures le sort de ces pauvres villes qui peinaient à cacher la misère dont elles étaient crépies ; une autre, il avait poursuivi de drôles de créatures et avait failli se faire renverser par une bagnole à un feu rouge, impressionné par le son strident des klaxons ; tantôt en proie à une panique dévorante, tantôt le plus tranquille des Hommes ; mais le plus souvent il restait prostré, en compagnie d’un rire stupide, à tendre la main vers des fantômes qui esquivaient maladroitement son toucher. Au pensionnat, il n’avait personne à appeler au milieu de la nuit et se réveillait souvent dans la cave, dans un couloir désert, ou dans le parc, là où il s’était laissé tomber. Il pensa n’en avoir rien à taper.
Cette fois-ci, il était en colère comme rarement il l’avait été.

Hans esquissa quelques pas vers la porte et déclara avec humeur :

« Allez, la planquée, t’es où ? J’en ai marre moi ! Faut toujours que vous vous barriez quand je vous trouve, c’est pas du jeu, ça ! »
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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] _
MessageSujet: Re: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeMar 15 Jan 2013 - 22:19


Un, deux, trois… Rouge, jaune, blanc.
Pas de rosé, c’est pour les pauvres et les contrebandiers. Non, il faut le chic, et quand on peut l’avoir, on ne se prive pas, on caresse le bois de la table, on lèche le cristal du verre à petits coups de langue, on balance ses jambes sur le divan… Et on se sent belle. On se sent belle, remplie d’orgueil et de fierté.

Rarement une prison n’avait été si confortable et si prévoyante. Franchement, de là l’enfermement virait à une partie de plaisir – et si criminels il y avait, ils auraient tôt fait de s’y installer définitivement.

Le liquide ambré miroita dans la lumière du jour, filtrée à travers les rideaux de tissu au touché velouté. Il semblait prendre des éclats d’or, émergeant par ricochets, tressautant sur les parois de cristaux limpides, tel un trésor soluble aisément dissimulable : il suffisait de renverser la gorge et en goûter la cascade fraîche dégoulinant le long du gosier – dès lors, plus de traces, simplement une fragrance fruitée autour de la bouche.
Ice poussa un soupir et reposa la coupe à présent vide sur le plateau de chêne, orné d’une trilogie de bouteilles, toutes d’un grand cru. Enfin, elle commençait à en sentir les effets ! Un grognement lui échappa tandis qu’elle remuait la tête : des papillons encéphaliques entamaient une danse diaphane autour d’elle, pépiant, virevoltant dans un tourbillon de couleurs tantôt dues à son activité cérébrale, tantôt à… A quelque chose sur laquelle elle n’arrivait pas à mettre le doigt, et donc de mots. Voilà qui était frustrant. Pour une fois qu’elle était prête à se laisser aller, son cerveau semblait lui refuser l’accès à une réponse. Une nouveauté. Très bien.

Les plafonds sont parfois incroyablement bavards. Fixez-les un instant, une minute, vingt, une heure et vous y verrez des murmures pétrifiants, des souvenirs blessés, des éclats de rires perdus. Vous y entendrez une comptine entêtante, qui vous poursuit en vous glaçant les entrailles, des chuchotements de secrets, votre propre voix, l’écho de ce dont vous ne vous rappelez pas. Vous effleurerez le Paradis pour être précipité vers votre propre Purgatoire, un lieu de torture, la torture de l’âme et la laideur de votr… Assez.
Les plafonds sont des créatures psychotiques, qui attendent de dévorer, des créatures pouvant arracher yeux, bouche et cri, comme de gigantesques Croque-Mitaine, ce tueur de rêves complètement fou des légendes, qui emportait les sourires et la confiance des enfants dans son grand sac de toile, râpé, rapiécé, délavé. Les plafonds sont comme les serpents d’Hera veillant sur les gens, vulnérables Hercules dénudés. Délectable.
Les plafonds sont dangereux.

Sauf pour Ice.

Elle, préférait leur lancer des boulettes de papier toilette humide. Nettement plus drôle. Gamine, oui.

L’alcool, comme chacun le sait, peut produire des réactions multiples sur les individus. Les symptômes courant de l’ivresse sont des accès de folie consistant à grimper aux tringles des tentures, ou se mettre à danser le swing sur la chaussée en braillant du Madonna, ou rendre visite à la cuvette de la salle de bain ou des latrines, ou encore, piquer un petit roupillon avec la sensation que le crâne prend la liberté d’imploser. La normale, normalement normal, enfin, normalement.
Dans son cas, c’était plutôt un parfait moyen d’exacerber sa curiosité, son désir insatiable d’expériences, un moyen de s’affirmer, de laisser tomber le mythique colosse grec aux pieds d’argile. Ca la rendait plus folle, plus tordue, plus obsessionnée, plus… Plus Ice.
Ice, la fille au feu ardent. Et les voûtes de plâtre empâtées de stuc n’avaient qu’à bien se tenir.

Bref. La seule personne propre à nous terrifier, c’est soi-même. C’est elle. Elle. Ice et Elle. Elle contre elle-même ou elle-même contre Elle.

Elle. D’ailleurs, d’ailleurs… Où ? Petite petite, eh ! T’es partie où ? Pas vue ? Non pas vue.

La plupart du temps, Elle se tenait tranquille, presque jusqu’à effacer sa présence. Comme si elle n’était pas là. Tout ce qu’elle voulait, c’était attendre et trouver un moment pour lui relancer sa décrépitude à la figure, s’emparer d’une faille, une inattention où se glisser, où s’insinuer pour prendre les devants et la tordre, la secouer dans tous les sens, pour la faire se ployer et peut-être casser, comme une règle en plastique dans la trousse d’un écolier. Durant cet espace, elle restait, demeurait, chuchotait des phrases aux accents malsains et partait d’un grand éclat de rire, goguenard voire insupportable. Elle collait au train, dès qu’elle entendait un grain de pensée susceptible de l’intéresser, rappliquant dare-dare, moqueuse et difforme. Pour mieux lui rappeler qu’Elle serait à jamais sa compagne la plus fidèle.
Alors maintenant qu’Ice y pensait, ne pas la voir paraissait la chose la plus extravagamment farfelue pouvant arriver. Etrangement, ça lui trottait dans l’esprit ; mais pourquoi donc quand son rêve le plus cher était de s’en débarrasser ?

Saleté. Saleté. Saleté. SA.LE.TE.
Fuck.

Ce n’était pas non plus comme si elle avait quelque chose de plus passionnant à faire, hein.

Les couloirs, c’est à la fois pire et plus divertissant que les verres et les plafonds. Pourquoi ? Parce que c’est crevant de leur courir après, d’ouvrir les portes, les fenêtres, les placards, les conduits d’aération, les tiroirs fermés à clef, tripoter les machines à écrire, soulever les vêtements, gaspiller les tubes de rouge à lèvres, prendre un ou deux billets, caresser des épées, vider des besaces… Sans compter de monter et descendre des escaliers. Pour aboutir de nouveau au rez-de-chaussée, à côté du salon tout juste quitté, qui sent encore si bon le Dom Perignon et Concha y Toro.

Restait cette porte.
Une porte vitrée.
Une porte vitrée qui déjà tout à l’heure avait laissé filtrer un drôle de bruit. Un truc qui s’écrasait, probablement un carton, une vieille babiole, un truc de genre, un truc mou qu’on ne veut plus voir et que l’on parquerait dans un cagibi, un cellier, une cave avec une porte vitrée.
Une porte vitrée.
Une. Porte. Vitrée.
Une porte vitrée, qui parle et fait entendre, oh ! à peine ! une musique dissonante, entêtante, casse-pied, casse-tout, et à donner envie de tout casser. Ice, la fille au feu ardent, complètement Ice.



Rare sont ceux qui aiment se faire insulter. Même si au fond, ce n’est pas tant une insulte qu’une interpellation pitoyable. Ou même si c’est une porte.
La voix avait un grain rugueux, rauque, éthéré ou étouffé, au choix. Le genre à prendre des hallucinations pour des souvenirs en réalité augmentée et vice-versa. Le genre d’insecte si fascinant à étudier qu’on y perdait la raison. Et aujourd’hui, à cette heure, au fond de son âme il réveillait en elle un désir professoral. Pour l’instant, la facilité semblait d’ordre, et puis les murs avaient parlé, les lambris avaient parlé, les mouchoirs, la table, le frigidaire, ses pieds avaient parlé, et ses narines aussi.
Oui, il y avait là de quoi comprendre parfaitement le mode de pensée qu’ont ou qu’auraient de potentiels incarcérés pour délits, en mineur, majeur, allegretto ou andante.

-Jouer ? Pour jouer il faudrait au moins prendre de la LSD. Nettement plus fun.

La forme sombre paraissant se traîner miteusement jusqu’à elle avait quelque chose de pitoyablement grotesque. Fallait-il rire ou pleurer ? Ce qu’il y avait de plus à plaindre, c’était sans nul doute les étagères sont certaines boîtes avaient trouvé refuge sur le sol terne et froid de la cave, du cellier, du cagibi, du placard à balai à porte vitrée-mécanisme parlant-par biais de forme humaine-intégré.
Les mots s’entrechoquaient dans son cerveau, grouillant, enflant, la bouffant littéralement. Et sur le sol, la mine explosée, les yeux fous prenait une autre dimension, un chemin invisible, dans la quintuple dimension spirituelle. Pauvre gamin, la cravate arrachée, la chemise débraillée, un sex-symbol mis à mal, un beau gosse délicieux, charmant, attirant, qui donnait tellement, tellement envie de marcher dessus, de faire crisser la peau, d’enfoncer ses propres doigts dans sa propre bouche, pour le voir encore plus ridicule, pour faire tomber les barrières.

Point pour lui en attendant, l’Autre folle n’est pas encore revenue, K.O par un revers efficace

-Si c’est Elle que tu as envoyé paître tout à l’heure, tant qu’à faire, tu aurais au moins pu mieux t’y prendre et t’assurer de lui régler proprement son compte.

Rien à cirer. Le tas de chiffon pouvait tout aussi bien prendre feu, ça lui ferait des vacances pour la peine.

Ses talons sur les dalles fraîches claquent comme les pièces sur l’échiquier tandis qui le corps avance, dans une danse orchestrée par les jambes, ces jambes si intelligentes et si consommables. Un pas tremble et s’affirme sur le gilet pendouillant par terre, elle va s’asseoir à califourchon sur ce grand blond, par flemme ou par ludisme, elle ne sait pas très bien. A deux, c’est comme s’ils étaient un roi, le roi Langlois avec sa cartouche de dynamite au bec. C’est un divertissement, voilà tout.

-Hé! File moi une clope.

C’est l’humeur qui veut ça.




    EDIT 2: 'Love you.
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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] _
MessageSujet: Re: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeMer 23 Jan 2013 - 16:53

Ça, la garce n’était pas muette. Comme ses consœurs à la con, se dandiner en en racontant de belles, elle savait faire : Hans secoua la tête. Rien à branler. Jamais elles ne se tenaient tranquilles, debout sur leurs deux pieds juchées sur leurs deux jambes, trop difficile de toute évidence. Ces putains de connasses d’ombres de merde aimaient mieux onduler et disparaître –pouf, plus rien ! Parties en fumée au moment même où, caressant, le junkie allait les effleurer du bout du doigt. C’était pas des fées, avait-il conclu sans se donner la peine d’articuler sa pensée. C’était juste des sales grognasses d’ombres. Des fantômes. Des illusions. Des mirages –sauf qu’une oasis restait infiniment plus agréable à regarder qu’une bande de pétasses sans visage. Il n’avait jamais vu d’oasis ; mais elles il les avait vues et bordel, c’était pas du joli.
Enfin, compliqué à dire quand elles ne faisaient que se réfugier à la périphérie de son regard. Il plissa les yeux, semblables à deux flaques de ciel trouble. Pas un ciel d’été, un ciel pollué par les embouteillages parce que rien ne roulait plus là-dedans. Il ignora avec superbe les klaxons qui fanfaronnaient dans sa tête pour concentrer son attention versatile sur les paroles de la chieuse éthérée –pas seulement possible. Elle pourrait pas causer plus fort, maugréa-t-il, j’entends rien. Un gargouillis barbare qui lui évoqua une merde norvégienne tomba dans ses oreilles, bruit de fond au comble de l’inélégance. Il n’y comprit rien –elle est-ce, dés, joue, joug, qu’est-ce qu’il en savait, lui, et pour ce qu’il en avait à fiche. Il songea à lui tordre le coup mais ses maigres forces, déjà rongées au mites d’ordinaire, le rappelèrent à l’ordre de leur brusquerie coutumière en l’envoyant embrasser le sol : pauvre arriéré, essaie déjà d’ouvrir un robinet dans ton état, on verra après. C’est ça, connasse, cours toujours, rétorqua-t-il en omettant de se redresser. Il n’avait pas lâché la gamine, scrutateur :

-Si c’est Elle que tu as envoyé paître tout à l’heure, tant qu’à faire, tu aurais au moins pu mieux t’y prendre et t’assurer de lui régler proprement son compte.

Le Berlinois fronça les sourcils et écarta le vide d’un revers de la main –l’air lui paraissait bourdonnant de mouches imaginaires, de radios ou de machines à laver, un boucan monstrueux qui résonnait contre les parois de son crâne aussi sûrement que celles, humides, de la cave. C’était qu’il faisait ce qu’il pouvait, lui. Jamais il avait rien demandé à personne, se mentit-il pour se donner bonne conscience. D’ailleurs, envoyer chier les emmerdeurs, et plus encore les emmerdeuses, il savait le faire à la perfection. Exact, mesdames et messieurs, singea l’Allemand, je sais le faire et c’est pas une conne dans ton genre qui va me donner des leçons. Il baissa les yeux, se mordit la lèvre, plissa le nez de dégoût : ça empestait le vin, ici. Hans balbutia une vague réponse sans queue ni tête, ce qui se voulait en être une en tout cas sans en avoir ni la forme, ni le sens ni le volume, trop bas pour que l’autre l’entende. Tant pis. Sa colère retomba pour mieux lui retourner l’estomac.
T’aurais pu ceci, t’aurais dû cela, pourquoi t’as fait comme ci et pas comme ça ? Fatigué de regarder ces ribambelles de possibilités à travers ces foutus prismes, toutes ces questions qu’on lui jetait à la figure et qu’on crachait à ses pieds, il leva les yeux au plafond qui lui rit au nez, aux trainées violacées sur le sol, à peu près aussi miséreuses que lui. T’aurais dû rester dans ta putain de bouteille, les invectiva-t-il. Tu sers plus à rien maintenant, tant mieux pour ta gueule. Absorbé par les vapeurs sucrées qui se dégageaient des rigoles au sol, il fronça les sourcils, se redressa sur ses coudes, pensa protester, ne dit rien, se mit à rire –pauvre demeuré, va.

Hackermann était quasiment certain d’être quasiment défoncé ; l’overdose était pas là mais la dose coulait dans ses veines malgré tout. C’était ça, le courage des lâches, et il s’en saoulait. Le peu de lucidité qu’il lui restait n’avait certes rien de glorieux –et allongé par terre, ça n’avait pas de quoi étonner le plus crédule des blaireaux. Mais avoir une fille perchée sur lui, qu’un de ces enculés de fantômes le dévisage de la sorte n’était définitivement pas normal. Hautement perturbante –si si. Encore un truc qui lui était jamais arrivé.
Ce qu’il voyait sous divers acides, il ne le voyait jamais vraiment –ce n’était jamais tout à fait vrai, ce n’était tout à fait jamais que des délires. Le junkie le savait. Cette putain d’ombre-là aussi, c’en était un, et foutrement moralisateur par-dessus le marché. Un poulet sur pattes ou une armée de Titis, c’était trop demander ? Quoique.
Une petite voix de la bonne morale lui aurait sans doute pas demandé de cigarette. Exotique.

Il scruta ses traits sans parvenir à les démêler : un gribouillis, une embrouille, rien de plus. Il ne la poussa pas mais lui cracha un nuage de fumée au visage, rit derechef, s’énerva à nouveau, rit encore une fois, saisit sa clope entre le majeur et l’index, la leva à quelques centimètres des orbites vides près de lui ; à moins qu’il n’y eut des yeux ? Bonne chance avec les distances, Charly. Elle est où, sa sale face ?

« Je fais ce que je veux, baragouina-t-il, la bouche pâteuse mais hargneux. T’es une putain de trainée, tu vas pas me donner des leçons alors que t’existes même pas vraiment. Tu saisis ? T’es pas là, alors, ta gueule. Sinon je te crame. »

L’Allemand la tourna, et cloua le filtre entre les lèvres de la pétasse. Si ça la faisait pas taire.

« Raconte pas de merde. Ta gueule. »

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MessageSujet: Re: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeSam 2 Mar 2013 - 18:42


Il avait l’air vraiment down.
C’était cette tête impayable, vous savez, avec une moue tâtonnante, balbutiante ; cette mine qui paraissait si royalement paumée qu’elle en devenait cocasse. Un regard brouillé, qui fouille le vide ; un nez comme anesthésié qui renifle pareillement aux chiens qui se hument l’arrière-train ; une langue ramollie, engourdie telle une mouche dans une lampée de miel. Pauvre gamin… J’ai tellement envie de me foutre de toi. Je te vois qui essaie de te concentrer sur un point, les yeux dilatés, incapable de discerner un visage pourtant à cinq centimètres du tien.
On dirait les gommettes rouges de la visée du sniper, frétillant, constamment mobiles, des radars amorphes aux rayons lasers fatigués. On croirait une invitation au jeu.

Eh, ça te brancherait une partie de Monopoly ?

Elle peut clairement le voir qui fait des efforts pour entendre ce qu’elle dit ; les sourcils se froncent et froissent la peau du front en une barre horizontale, un pli de chair grise, beige ou blanc cassé – on ne saurait dire, les bâtonnets n’aident pas à distinguer clairement les couleurs, seulement les formes et les valeurs – et puis aussi, bien sûr, bien sûr, c’est ça avant tout, hein ! de perplexité. Elle peut le voir qui évalue sa requête, la pèse, ne comprend pas, « c’est quoi cette histoire de cigarette, bordel de merde ? » ; on est au théâtre, le théâtre des héroïnomanes et des cocaïnomanes. Men. Women. Super-héros shootés, yeah. Elle peut le voir qui tente de hausser les épaules et avance la main en tremblant, pour retirer le petit rouleau d’OCB coincé entre ses lèvres et viser sa bouche, à elle. Elle peut le voir qui tangue dans sa vision hasardeuse. Elle peut le voir qui s’énerve, trépigne intérieurement. Elle peut voir tout ça, tout de suite, en direct, à temporalité réelle.
Elle sourit et l’agrippe de ses dents, ignorant le nuage de fumée qu’il lui souffle à la gueule, imprimant son haleine malade dans les poils de ses narines. Une provocation, vilaine, inconsidérée, faiblarde, peu convaincue.

De quoi ? Je connais cet air. Mimer le bad boy solitaire. Si tu crois que je vais te laisser tranquille, tu rêves.

Il la prenait peut-être pour une ombre ou une vulgaire poupée, sa connexion mentale paraissait au moins réceptible. Bien que la réponse orale ait une arrogance fichtrement ratée qui perdait toute sa crédibilité. Et sa splendeur. Comme les soufflés au fromage retombant lamentablement.

-Raconte pas de merde. Ta gueule.

Tiens, elle en riait pour la peine. Un rire un peu déconcertant, mi-silencieux, mi-gracile, peut-être légèrement écorché, et rêche. Mais vraiment, ça s’entendant à peine. Moqueur ? Plutôt un constat, une évidence. Comme… Rien.

Le filtre était un peu humide, une saveur âcre et un petit parfum floral. Ca lui rappelait la chicha, une bouffée de plaisir à l’arabe. Non pas qu’elle y ait déjà goûté mais les bâtonnets d’encens faisaient l’affaire. Ces bâtonnets vendus 0,97 £ pièce par les marchands ambulants, sur le trottoir ou dans les foires, dans un étal de couleurs. Fort.

Elle toussa. Les particules dansaient dans sa gorge ; des particules qui piquent et qui grattent, rappelant les poudres acidulées des bonbons dits « soucoupes volantes ». Une pieuvre au mélange chimique, du Zyklon B, du goudron et autres cochonneries s’enroulaient autour de sa gorge, infiltrant ses poumons pour mieux les noircir, la noyer de toxines… Jusqu’à lui offrir un scanner couleur charbon et pestilentiel. Bref, le goût de l’effronterie. C’était BON.
Elle tire une fois, puis deux, exhalant ainsi en silence pendant un petit moment. Les volutes blanchâtres dessinant des écrans pâlots dans la pénombre de la cave. Elles évoquient des petits fantômes, des ersatz d’âmes abîmées, salies, torturées. Des reflets inconsistants mais malgré tout dangereux. Un peu comme un priori incantatem Potterien. Comme les bains de boue de Robinson Crusoe.
Un petit regard en arrière, pour se gausser. Ah, il voulait jouer ? Elle lui expira à la figure, pour lui rendre la monnaie de sa si aimable pièce. Mignon, mignon.

Plutôt que de se relever, le laisser tranquille, repartir au Pays des Rêves. Pays des Rêves de mes deux, Peter Pan, c’est juste un gosse qui se prend pour un pigeon - m’enfin, elle pouvait toujours être Wendy, là n’était pas le problème -,elle se cale plus confortablement sur ces hanches osseuses qui auraient été si parfaites pour un siège de balançoire en plastique. Ce col dépenaillé la toisait avec un vrai culot. Tss.

-Hey. Wake up, boy. La paix, tu l’auras plus tard. Là, je suis en train de faire mes courses. Aurais-tu l’immense obligeance d’accepter l’offre honorifique que je te fais d’être mon chien ?

Oh, comme on serait choqué de ces manières, si elle était encore chez elle, avec gouvernante, professeurs, parents et voisinage… Un caramel renfermant un asticot.

Il l’avait entendu. Estimation calibrée à 93,7%. Si proche de ses tympans que même un junkie en apesanteur ne l’aurait pas manqué. Hein… ? Par contre, une question attend une réponse rapide. RA-PIDE. Cinq secondes, c’est déjà trop. Les ongles aussi, n’ont pas le temps de se prélasser, alors griffonnent, griffonnent le torse… ! Une petite croix par-ci, par-là. L’incandescente flammèche de la cigarette, juste ici, pour s’activer plus vite. Ca fait mal ?

-Si tu veux de la came, sois-sûr que je t’en filerais. Mais s’il te plaît, réponds poliment à la dame, quand elle te parle.

Pas sûr qu’il apprécie non plus. Cela dit, c’était plus drôle ainsi – … Really, dearie ?




    Bon. Tue moi. (En plus, je suis de plus en plus obsédée par Gold. GOLD. Urgh.Magic is not free. Qu'il vienne à PI - faire des rimes, tiens.) Ahem.
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Hans Hackermann
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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Empty0 / 1000 / 100« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Empty

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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] _
MessageSujet: Re: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeDim 31 Mar 2013 - 18:07

Elle se mit à rire, à se ficher de lui comme pas permis. Hans ne fit rien, infichu de comprendre et de réagir : que se passait-il, des kilomètres au-dessus de sa tête, là où ses doigts gourds avaient maladroitement planté une cigarette à moitié fumée ? Ça se marrait sacrément, toujours, et il se demanda ce qui pouvait bien être si drôle. Il avait mal au ventre, la matière grisâtre derrière ses yeux dansait un swing monstrueux et le poids qui pesait sur lui le clouait au sol aussi sûrement que la merde psychédélique qui coulait dans ses veines, lourde, plombante. L’ombre se mit à tousser et un sourire déchira le visage du garçon –ça, considéra l’Allemand, déchirer ça, je sais faire. Il aimait faire la liste de ce qu’il ne ratait pas et la vor s’allonger encore et encore. C’était foutrement encourageant. Son cœur s’emballa sans raison, il laissa sa joue embrasser le sol glacé : c’était agréable, c’était frais, c’était humide. Seule l’odeur du vin, bientôt supplantée par celle, âcre, de la fumée que la pétasse éthérée lui souffla à la gueule, agressait ses narines et sa gorge irritée. Doucement, il laissa ses yeux se fermer. On entendait encore l’autre faire du bruit, derrière ses paupières closes mais, barricadé de la sorte, il se sentit plus en sécurité. A l’abri de tout, surtout de n’importe quoi. « Blablabla, je te vois pas, je t’entends pas », à se demander s’il avait réellement dix-sept ans.

Oh, peut-être dix-huit, à présent. Il ne comptait plus les jours –dur de garder le compte quand il lui poussait l’envie de ne pas se lever du tout, et qu’il était presque sûr de se laisser convaincre plus qu’à son tour. Jusqu’à ce qu’un imbécile vienne tambouriner à la porte et le tire de ses couettes, avec de temps en temps une odeur de café chaud –quand était-il arrivé près de la cuisine ? C’était comme ça. Et c’était sûrement pour ça qu’il n’avait pas envie de faire attention à cette fille. Elle les lui brisait dans les règles de l’art. Un ou deux mots d’anglais ; rien pigé. Fallait être con, pour lui parler de Shakespeare. Hackermann plissa un peu plus les yeux, savoura l’obscurité dont il était entouré. Vu ton état, crachota la petite voix, tu pourrais être mort. Il inspira avec difficulté, son cœur palpita, s’emballa derechef. Cette fois-ci il savait pourquoi : s’il faisait une putain d’OD, c’était fini. Le temps passait et emportait plus que son dû en matière de prudence. A Berlin, il s’était juré de faire attention. Fais gaffe, Hans, ou tu vas devenir accro. Sûr de lui et je-m’en-foutiste jusqu’au-boutiste, il avait balayé ces balivernes d’une simple pression du pouce une, deux fois dans la semaine. Il en fallait plus.
Il lui en avait fallu un peu trop. Il releva la tête, constata avec un dépit hectique que cette connasse ne s’était pas envolée. Elle lui parlait même, son visage flouté. Les traits émaciés du junkie se tordirent ; oh putain, jura-t-il pour lui-même avec un gémissement. Putain. Les dents d’un rat ne lui auraient pas paru plus crades que les ongles qui s’activaient, frénétiques, sur sa peau. Son cerveau peinait à analyser tous les signaux : une lumière grise, bleue, blanche, jaune jolie un sifflement un sifflotement un bourdonnement un visage plutôt pâle une porte une odeur deux odeurs, trois, quatre le froid dans son dos la fièvre qui remonte une nette tendance à la cachexie une brûlure quelque chose de rêche sous la pulpe de ses doigts une crampe un muscle qui se met à exister un muscle qui meurt la langue pâteuse. Autre chose, d’autres trucs, il ne les comptait plus non plus. Le Berlinois mit un moment à réagir, quoiqu’il entendît qu’elle lui contait déjà autre chose. Une larme s’embourba dans ses cils sans qu’il s’en rendît compte.

Réponds, pauvre con. Réponds, c’est dans ton intérêt. Réponds. Allez. ALLEZ.

Et il eut mal. Une brusque inspiration, un râle qui devait ressembler à un cri mais qui, à ses oreilles, ne ressembla à rien du tout. Il envoya un bras fluet couronné d’un poing osseux vers son visage ; il s’écrasa dans son ventre. Boum. Mange toi ça. Et bordel, bordel, bordel, bordel, bordel de merde. Putain. Merde. Trêve de plaisanteries, trêve de politesses. Et bordel, ça fait mal. Merde.

« Arrête, arrête, répéta-t-il, plaintif. Je veux rien. Un chien… »

Ça mord, ne conclut-il pas. Il laissa ses doigts remonter jusqu’à la gorge de l’autre, redressa le buste, vaguement.

« Et si j'en veux pas, si je t’étrangle, hein ? T'en as pas, t'es juste une salope... Qu’est-ce que tu veux », marmonna Hans.


Mais si je te tue, Nii' va me tuer. En plus on fait ps de mal à ceux qui aiment Gold.D8
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« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] _
MessageSujet: Re: « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice]   « Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Icon_minitimeVen 20 Déc 2013 - 0:59

« Mais le plus souvent il restait prostré, accompagné d’un rire stupide. » [PV : CROMWELL Ice] Im_hig10


Non seulement il se moquait d’elle mais en plus, il était pire qu’un chat sans queue, sale bête. Et il mordait. Et il n’était pas content. Elle n’est pas contente. Maintenant c’est ça, ça, c’était, c’est. Ca.
Ah, ça.
Le résultat escompté était… Plus ou moins complété. Attendu. Mais pas attendu non plus. Pauvre folle qui cherche le tue-mouche. Et ça tangue, valse, oh mes entrailles, ma chair, mon sang, ma vie. Si c’est un peu de pluie qu’il te faut, bonjour mousson, le vin, le vin et la peau. Le vin qui bat à ses oreilles, ses boyaux qui allaient la lâcher, à un moment ou un autre – eh il est passé où le réparateur ? Répare ta casse toute seule, poulette. Chacun sa merde, le papier-toilette a un tampon privatif si tu veux essayer. Y’a rien à comprendre. N’y avait pas.
Le mégot a laissé sa marqué, le caillou de doigts aussi, ça la crevait, ça résonnait, ça s’envolait, décuplé, multiplié, « X »é. Il était blondinard, petit Malefoy, il sifflait la mélodie habituelle. Crache fillette, ça fait mal. Elle allait encore s’embrouiller les temps, les pinceaux, les cheveux, mais non, non non, ça passe toujours, ça passera, ça passerait, passa, a passé, recommence. Elle pleure pour le coup. Je ne pleure jamais. Aujourd’hui n’est pas jamais. Tu t’es encore paumé ma pauvre, et la pierre continue de broyer tes os.

-Arrête, arrête… Je veux rien. Un chien…

Ahin ? Il geint, lui aussi, il va craquer, pas son slip, mais ça ne saurait tarder, il est tellement HS. Tous les deux, au fond. C’était en train de virer hilarant, ça ne l’était pas. Lui, gaillard et elle, peste. Pas mieux. On dirait des animaux, du bétail-loup ou du loup-bétail. J’ai envie d’un chien, juste un chien, et tu ne veux pas. T’es qui pour le pas vouloir, hein ? Il ne voulait pas finir, tête butée, tête brûlée. Il manque le verbe et le complément et puis le point.
Elle pourrait continuer comme ça longtemps, si elle avait le temps, si la mouche ne s’était pas collée toute seule, si… si, si, si. Si. Elle pourrait être si désinhibée que la raison goodbye elle a fui en Australie. C’est lassant, de raisonner, et au final, c’est plus de murs que de baies vitrées. Rendez-moi mon verre, touche pas plus, inconsciente.
Il a la veste sale, un rond rouge sous la cigarette qui est tombée, un gâchis de plus à déplorer. Elle sent sa jupe qui lui colle à la peau et le souffle essoufflé d’une asthmatique qui se découvre. Même si elle voulait penser, ça ne serait pas le moment. Pas suffisamment de…
Rien.

Hagards, vides, soudain plus de brouillard, un éclair est passé, elle l’a vu.

Tu commences à avoir peur, pas vrai ? Je voulais un chien, juste un chien.
Pas un rat devant un serpent. Pas qu’il soit fort et qu’il montre qu’il est fort, femmes battues, ligne du silence, c’est sa responsabilité, pas la sienne. Ni la leurs. Survie ou provocation, le piège se referme sur le gouda le soi-disamment plus malin. Malin de mes deux.
Elle l’avait senti venir et elle n’avait pas bougé, quitte à mourir, hein, tant qu’à faire. Il pouvait bien faire d’elle un cadavre. Elle, elle ne voulait pas grand-chose de plus qu’un chien. Et mon chien ? Père et Mère, votre enfant, vous êtes contents ? Poubelle, poubelle, je t’aime je te hais. Lâchez-la, par pitié, lâchez-la. Ca ne viendrait pas. Personne ne viendrait, sauf peut-être « Elle », la saligaude, toujours au spectacle, premier rang je vous prie. Régale-toi, le public qui manque. Et Anouilh, il vient déclamer ? Mon épitaphe. C’est nerveux à en glousser. Ca s’évanouit dans sa gorge, comme il la happe, comme elle manque d’air, comme elle n’avait que le tout-néant déjà.

-Et si j’en veux pas, si je t’étrangle, hein ? T’en as pas, t’es juste une salope… Qu’est-ce que tu veux.

Un chien, un chien, un ch…

C’est la fontaine de pas-Jouvence sur ses joues, bravo pour être nickel-chrome, ramassons des serviettes. Manon-les-sources-ils-froncés. Ca se brouille autour d’elle, elle jouerait au poisson si c’était désopilant et pas sur elle. Mais le corps, ça n’écoute pas le cerveau, et le cerveau il est décédé pour l’instant-qui-coule-présent. Garder contenance, ce n’est plus que le travail des bottes maintenant. Et D-Grayman, on ne tient pas spécialement à l’entendre. Sa voix qui monte et descend, ses genoux-eux qui tressautent dans ce mini-regain d’énergie du désespoir. C’est le seul ancrage qu’elle distingue encore. Il fait de plus en plus sombre, non ? Ou c’est crétinement que…
Crétinement que.

C’est à moi de répondre, je suppose. Ca fait longtemps, non je ne sais pas. MERDE. Je ne sais pas, j’ai su, pas su, pardon.

Derrière elle, le froid entre, et la sueur dégouline, froide aussi, malgré la chaleur corporelle. Une goutte d’eau glisse du plafond, lui atterri sous le nez, pour chatouiller, faire éternuer ? Traîtresse.
Et le bout de jupe qui vous rentre dans la raie des fesses.
En dépit du carnage, on ne peut pas se laisser marcher dessus, montre-lui, Ice, montre-lui que tu peux être Wolf-Face, le lutteur masqué toi aussi. Réfléchi. Les derniers retranchements disent que non, ils sont cons, trop con, trop conne. Ca donne un mix, un mix audio, un pot pourri et vraiment pourri.

L’esprit comme une page blanche de tableau vert pour la craie devenue grise.

Je veux un chien…

On appelle ça la panique.

Ou un toutou…

C’est mauvais pour la santé.

A little pet…shop. Pet.

Pas d’autres choses que des ravages.
Ca va vous tomber dessus. L’étagère. Les cartons. Sur la figure, ou la fatigue, les crocs, les cendres rouges.

-Pas…

Articule ou démantibule, le choix sur un plateau rouillé. Elle se donne des ordres et les ordres ça ne s’écoute p… Raconte pas de merde, ta gueule. Ca s’écoute.

-… « salope » mon salaud… T…T’es vraiment *kof* qu’un bâtard... Pile la race que j’ai sur ma liste de commission.

On échange tibias et côtes ? Ou on paie la facture en version deux-en-un ? On croirait un bébé gigotant sans sa gigoteuse. Se dépêtrer, se défaire d’une poigne, et pas de main, nah un cou de main, ça, ça se discute. Bref. C’est qu’un jeu d’écrase-panini, mi-viande, mi-béton ciré.

-Ecoute la maîtresse, cador.

L'os à moelle, il est pour le chat.




    Mon retard est inexcusable.
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