Je suis entrée dans la hutte-montagne, l'immense hutte en pierres ; m'avance lentement dans cette dernière. Je me sens mal à l'aise ici, rien ne me semble naturel et Rahk semble partager cette sensation, je la sens agitée et ses grognements n'ont rien de rassurants. Sur ma droite, des dessins sur les murs tentent de me raconter une histoire mais ils sont si différents des nôtres... Je n'y vois aucun animal, aucune action, juste des symboles sans aucun sens. Je me sens vraiment mal à l'aise. Je veux sortir, tout de suite.

Clac

Je sursaute, surprise par un bruit assourdissant dans mon dos. Où... Où est la sortie ? Ah ! La hutte-montagne a refermé sa bouche et vient de m'avaler ! Rahk s'en va immédiatement griffer la grande plaque qui nous empêche de faire marche arrière - serais-ce la dent de la hutte ? Je m'en vais l'aider, en tout cas, et frappe la dent avec mes poings, de toutes les maigres forces qu'il me reste, en criant.

« Laisse nous sortir ! »

J'ai beau la supplier, la hutte refuse de nous laisser sortir et elle reste même insensible aux coups de sagaie ; il me faudra donc trouver une autre sortie ou me résoudre à mourir ici. Je suis malade de toute manière, même les herbes de l'ancien n'arrivent pas à apaiser la chaleur qui me ronge de l'intérieur ou à arrêter les frissons, ma tête reste douloureuse et mes forces me quittent. Je n'ai rien avalé en trois jours, chasser est devenu extrêmement difficile ; pourquoi ne pas simplement attendre l'inévitable ici ? Je ne retrouverai jamais ma tribu, de toute manière : s'ils sont encore vivants, ils doivent être bien loin maintenant.

Je caresse la dent et murmure une dernière fois « Laisse nous sortir... »

Rien.

Je me serais laissée mourir si j'avais été seule, mais Rahk a encore une belle vie devant elle, il me faut absolument trouver un moyen de la sauver. J'ai tout de même de la chance, l'air ici est frais comparé à l'extérieur et le soleil brille à travers la voûte, m'aventurer au cœur de la montagne ne sera pas aussi dangereux que dans une vraie grotte. Je me retourne et fixe donc la seule route ouverte avec crainte, essuie mes mains moites sur mon seul vêtement, sur ce petit pagne autour de mes hanches, hésitante à faire un premier pas vers l'inconnu.

Rahk s'avance soudainement devant moi et pousse un rugissement assourdissant, protectrice, me signifiant l'arrivée d'un danger, sans doute un animal enfermé avec nous.. ou un humain si nous avons de la chance. Je laisse tomber mes peaux de bêtes au sol, libérant ainsi mon épaule d'un poids, prépare ma sagaie dans une main et attrape Rahk par le cou de l'autre, lui faisant ainsi comprendre de ne pas se jeter sur celui, celle ou la chose qui arrive à notre rencontre. Un accident est si vite arrivé avec elle, j'aimerais éviter de tuer l'un des miens.

J'attends donc, exténuée mais sur mes gardes.