De petits doigts tracent les images d’un ciel nuageux comme si, à travers le papier, ils auraient vraiment pu en sentir la forme, la texture, la simple sensation – une simple sensation, n’importe laquelle, une qui n’est pas celle du papier froid.
Et pourtant elle ressent, la petite Aella, ressent ce que d’autres ne ressentent, ce qu’ils ne prennent pas le peine de rechercher. Elle s’imagine qu’ils sont duveteux, doux, moelleux, à l’image du lit sur lequel elle s’endort tous les soirs, yeux rivés sur son plafond blanc. Elle s’imagine l’air qui lui file entre les doigts et taquine ses cheveux. C’est frais, c’est doux, c’est tout ce qu’elle n’a jamais connu.
Elle ferme ses grands yeux bleus, tilt sa tête en l’air et il est là, à porter de main, juste pour elle – le ciel. Il s’étend très loin, au-delà des mers et forêts qu’elle ne connait que de nom à travers ses livres, majestueux, interminable, libre comme les oiseaux qui y volent fièrement, loin de tous problèmes, de toute hésitation.
La petite fille s’imagine se joindre à eux ; il n’y a de limites à l’imagination d’une enfant, pas même l’ignorance. Elle s’invente une odeur, des sensations, des rires, de la joie, tout de A à Z, tout ce qu’elle n’a pas.
« Aella, pose ce livre et va te toiletter, ce n’est plus l’heure de jouer. »
Mains sur les hanches, ses longs cheveux noirs tombant comme des voiles de chaque côtés de son visage, sa mère a l’air drôlement remontée, seulement pas autant qu’exténuée. Aella sait mieux que de protester dans cette situation. Elle se relève et repose docilement le précieux ouvrage à sa place dans la large bibliothèque du salon. Une main hâtive vient épousseter sa robe.
« Et je t’ai déjà dit mille fois de ne pas t’asseoir sur le sol ! »
La petite fille regarde honteusement ses pieds, consciente de son erreur, s’excusant à mi-voix tandis que sa mère continuait à la sermonner sur maints et maints sujets ; au bout d’un moment, elle perdit le fils, préférant se concentrer sur les nuages qui rendaient toujours tout plus supportable.
Un long soupir lui indique que Lelia s’est lassée de lui faire la morale, une gentille tape sur les fesses lui indique qu’elle est grandement invitée à aller faire sa toilette.
« Dépêche-toi, il est tard. »
L’horloge au mur indique vingt-et-une heure bien passée, tant de minutes grignotées sur son couvre-feu dans le dos de sa mère trop occupée. Aella ne se presse pas pour autant, prend son temps pour aller jusqu’à sa salle de bain. Le temps a toujours été quelque chose qui l’intriguait, une histoire de jour et de nuit dont son esprit peinait à saisir l’essentiel. Ni sa mère, ni sa grand-mère n’avait jamais daigné lui expliquer correctement, rejetant le sujet en lui disant qu’elle apprendrait cela plus tard à l’école, lorsqu’elle sera plus grande. Naturellement, la réponse ne la satisfaisait pas le moins du monde. Elle se promit d’aller tirer les vers du nez de son frère le lendemain même afin d’obtenir le fin mot de l’histoire.
Plus tard c’est toujours trop tard, trop loin, inconcevable.
La petite brune fait sa toilette sans broncher, calmement, fière d’enfin arriver à tout faire d’elle-même sans l’aide de Sabine, sa ‘baby-sitter ‘ comme elle était surnommée ; un grand pas vers l’indépendance à son humble avis. Elle finit tout de même par avoir besoin d’elle lorsqu’elle s’emmêle dans sa robe de chambre, erreur de parcours fatale. Sabine en rit doucement - mais ça n’a rien de moqueur, jamais venant d’elle.
La jeune femme l’aide à s’installer confortablement dans son lit sans qu’elle ne risque de se noyer dans ses nombreux draps et Aella lui adresse un large sourire, se souvenant de sa découverte d'il y a quelques minutes auparavant.
« Sabine, je dors sur des nuages. »
Elle lui sourit, replace une mèche blonde derrière son oreille, tendre jusqu’au bout des ongles, avant de caresser doucement sa joue pâle.
« Vraiment ? Et tu ne me l’avais pas dit ? Petite cachotière. »
Sabine lui pince la joue, tout sourire, et la petite rigole de bon cœur en gigotant dans ses draps bordés. Elle y dépose un baiser.
« Allez, fait de beaux rêves et raconte-moi tout demain, petite demoiselle. »
Aella hoche vivement la tête, ne la quitte pas du regard jusqu’à ce que la lumière s’éteigne et qu’elle ne puisse plus distinguer que son dos battant en retraite par la porte qu’elle laisse entrouverte, mince filet de lumière qui lui offre une vue sur le blanc impeccable de son plafond, de la même manière que sa chambre l’était:immaculée, propre, ordonnée. Comme sa vie.
Elle ne peine pas à trouver le sommeil cette nuit-là, s’endormant les nuages dans les yeux, pleine de beaux rêves d’un futur radieux.
Un jour plus proche de voir enfin ce magnifique ciel de ses propres yeux.
—
Sa tête tombe lourdement sur son bras, elle s’affale sur son bureau, crayon en main, cahier au bout des doigts. Elle n’y comprend rien.
L’école n’est pas ce à quoi elle s’attendait ; elle en avait toujours rêvé, pourtant maintenant qu’elle y était, sa petite liberté lui manquait. Ici l’on n’apprenait rien sur le ciel, rien sur l’extérieur, personne ne daignait lui expliquer ce système de jour et de nuit. On apprenait à lire, déchiffrer l’alphabet, déchiffrer les syllabes – c’était amusant au début, maintenant beaucoup moins. Et il y avait aussi les mathématiques, trop de mathématiques, tellement qu’elle n’en voyait pas le bout. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir en faire de ces additions ?
Aella ne veut pas apprendre des formes sur un tableau noir, elle veut tout savoir sur le monde, apprendre plus des oiseaux, comprendre les mécanismes de l’heure et le reste lui importe peu. Elle s’ennuie à en mourir à faire des exercices aussi compliqués que longs, seule à longueur de journée. Il n’y a rien d’amusant, jamais ; même Auriel n’est pas là.
Le blond lui manquait dans ces circonstances –comme dans beaucoup d’autres. Le garçon avait juste toujours été là. Elle n’avait pas de souvenirs d’une rencontre ou quoi que ce soit, tout comme sa sœur Sabine avait toujours été là depuis son plus jeune âge, Auriel était là. Et là pas. Un an plus âgé qu’elle, un an plus en avance sur l’école, ils avaient peu de chances de se croiser dans l’étage qui était dédié aux études, leurs classes bien trop éloignées l’une de l’autre.
Alors elle est seule. La pauvre fille n’est ni aveugle, ni sourde, et encore moins stupide ; elle connaît les raisons de sa solitude, forcée à regarder à longueur de journée les autres s’amuser en petits groupes d’amis sans avoir la capacité de s’en faire un seul. Oh, sûrement que personne ne la rejetterait ouvertement, au contraire, toutefois Aella ne voit pas l’intérêt d’avoir des amis acquis par peur.
Elle sait, on lui a répété et répété et encore répété : c’est une privilégiée, la fille Gormlaith, bénie des dieux, elle sera un jour en charge de la nation, reprenant le flambeau brûlant de sa mère – et ses cheveux noirs la preuve ultime, s’il en fallait une, de tout ce charabia. Une bénédiction ; Aella souhaiterait le voir de cette façon.
Elle n’a que six ans, pourtant elle sait déjà tout cela, sait que les parents murmurent à leurs enfants de ne pas entrer dans ses mauvaises grâces – c’est dangereux, après tout, de se mettre à dos un membre de la famille Gormlaith- et quoi de mieux que de ne pas entrer dans ses grâces d’une manière ou d’une autre pour éviter l’accident ? L’on est gentil avec elle, même le professeur la laisse facilement faire ce qu’elle souhaite, c’est évident et Aella est terriblement attristée.
La petite brune soupire, gardant un œil exaspéré sur le cahier qui semble la narguer ouvertement. Elle n’est pas si différente, si ? Elle est simplement née avec les cheveux noirs, sorte de marque de fabrique des Gormlaith, marque de noblesse, marque de pouvoir ; l’on dit que quiconque naissant avec des cheveux aussi noirs que l’encre réussirait sa vie, d’une manière ou d’une autre.
Privilège mon œil.
« Tu t’es trompée, indique soudain une petite voix fluette, la tirant de ses pensées sombres. Ça devrait être 16. »
Aella cligne rapidement des yeux, interloquée. Elle se redresse lentement, cherchant du regard la provenance de la voix, doutant un instant que ça lui soit même adressé, pourtant il y a bien une petite fille à ces côtés. Frêle, petite avec de jolie cheveux châtains coupés courts, il n’y a aucun doute possible sur son interlocutrice puisque ses yeux bruns sont bels et bien posés sur elle.
« Pardon ? »
Sa propre voix est grave par rapport à l’autre petite, notamment parce qu’elle est prise à la gorge par la surprise. De son côté, la petite a l’air totalement à l’aise, allant même jusqu’à poser son doigt sur la feuille raturée.
« Ici, tu vois ? Ce n’est pas 18, tu as oublié de soustraire. Attends. »
Doucement, dénuée d’une quelconque agressivité, elle glisse le crayon hors de sa main pour le saisir dans la sienne. Elle gomme habilement quelques numéros et réécrit, glissant quelques explications dans la foulée et Aella se surprend à l’écouter, ses yeux bleus se baladant sur le papier à la poursuite de son crayon. La petite fille ne s’arrête pas là, l’aidant à compléter le reste du travail comme si elle n’arrivait pas à s’en empêcher – ce qui semble être le cas.
« Et tu obtiens 26, voilà ! »
La brune ne peut que lâcher un petit « wow » d’admiration en mimant d’applaudir, honnêtement conquise par la petite démonstration. Tout avait l’air tellement plus facile lorsqu’elle le faisait ! Elle lui souriait, visiblement elle-même très satisfaite de sa prestation et Aella trouve cela vraiment attrayant la façon dont ses yeux tracent deux arcs parfaits, la manière qu’avaient ses pupilles à scintiller de mille feux.
« Cool, hein ? »
Aella hoche vigoureusement la tête, un petit sourire excité s’invitant de lui-même sur ses lèvres. La châtain pose enfin le crayon pour lui offrir une poignée de main, l’air tout sauf solennel.
« Je suis Ellen ! Tu peux me demander de l’aide quand tu veux, j’suis la fée des maths ! »
La brune répond presque automatiquement à la poignée, serrant vivement la petite main miraculeuse.
« Et je suis Aella, très enchantée de te rencontrer, fée des maths ! Je ne suis pas très bonne en cours… Mais tu peux quand même me demander de l’aide ! »
Après tout, c’est l’intention qui compte n’est-ce pas ? Elle ne compte pas se laisser désarmer par quelques mots et chiffres si quelqu’un lui demande son aide, à ça non. Elle l’a attendue, cette poignée de main, hors de question de la lâcher.
Ellen, comme si c’était la plus naturelle des choses, dépose un bisou sur sa joue, tout sourire, pas le moins du monde perturbée par les regards ou les murmures, encore moins par les rumeurs et avertissements à en croire ses actions. Aella se demande même l’espace d’un instant si elle n’a aucune idée de qui elle a face à elle.
« Je compte sur toi, ma petite fée pas très bonne en cours ! A deux, on va être invincibles, j’te l’dis. »
Et c’est Ellen, Ellen tout craché, comme elle l’apprend au fil du temps.
Si Aella avait pendant un instant nourrit des soupçons sur ses motivations, après seulement deux jours passés à ses côtés, elle les avait tous laissés tomber. Incroyablement simple, incroyablement intègre, sans la moindre once de manipulation, Ellen est juste une petite fille sans restrictions ou pudeur – et ça fait du bien, énormément de bien. La bouffée d’air au beau milieu de ce gouffre sans la moindre brise, rafraîchissante comme une bonne douche, un vrai volcan en permanente activité ; impossible de s’ennuyer, impossible qu’elle l’ennuie.
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GORMLAITH Chrysaor -
DATE DE NAISSANCE :
STATUT : DISPARU au 10 Octobre 2013
CAUSE : Perdu de vu lors d’une exploration de routine du Dessus. Soupçons d’enlèvement; Rapport si-joint.
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De toute sa vie, elle ne l’a jamais vu ce garçon – et pour Aella, ne pas connaître quelqu’un sur son propre territoire, c’est tout bonnement inadmissible.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Il sursaute, se replie comme instinctivement sur lui-même, yeux ronds fixés sur elle – rouge. C’est une première pour elle ; on lui avait dit qu’ils étaient mauvais présages, qu’elle devait s’en méfier, alors sans doute qu’elle aurait dû paniquer, s’inquiéter, et pourtant l’inquiétude qu’elle ressentait n’était pas pour sa propre vie. Dans ses grands yeux ne brillaient pas le mal, seulement de la peur. Elle s’accroupit à côté de lui, doucement, faisant bien en sorte qu’on ne puisse pas l’apercevoir de l’allée centrale. Le garçon continuait de la regarder, sur ses gardes.
« Tu joues à cache-cache ? »
Il est plus petit qu’elle, probablement – mais ça ne signifie pas grand-chose, même Auriel est plus petit qu’elle -, blond comme le soleil sur ses livres. Pupilles rivées sur ses boucles brunes, la rendant soudain beaucoup trop consciente de celles-ci, il secoue lentement la tête de gauche à droite.
« Eh… Alors pourquoi tu te caches ? »
Pas de réponse. Aella fait la moue, lisse une longue mèche brune. Encore eux.
« Je ne t’ai jamais vu avant, tu viens de quel étage ? »
Le garçon secoue à nouveau la tête ; elle claque de la langue, tire sur sa mèche et l’agite.
« Tu as perdu ta langue ? Tu sais, mes cheveux n’ont encore jamais mangé qui que ce soit. »
C’est minime, pourtant elle le sent se détendre, a le plaisir de le constater. Ses bras s’abaissent doucement, sa stature se redresse légèrement et la lumière lèche finalement son visage. C’est là, précisément à ce moment, que ça la frappe : il n’a pas la peau pâle que tous arborent ici, bien contre leur gré. Son sang ne fait qu’un tour, son regard s’illumine, tout comme son monde.
« Tu viens de dehors ! »
Le visage béni par le soleil du petit blond s’enveloppe de rouge. Il eut l’air paniqué, puis honteux, comme quelqu’un prit la main dans le sac. Visiblement, le sujet était tabou, toutefois, rien ne pouvait entraver l’enthousiasme de la jeune Gormlaith.
« C’est vrai alors ?! Tu as vu le ciel ? Il est beau ? Il est vraiment grand ? »
Faisant fi de toutes manières, elle saisit les mains du garçon entre les siennes, à la grande surprise de ce dernier qui tente d’abord de les retirer vivement, sans succès – il finit par abandonner l’idée.
« S’il te plaît, ne le dit à personne… »
Le sourire d’Aella tombe à la supplication angoissée du garçon, mais certainement pas sa détermination à avoir une bonne conversation avec lui sur les pigeons.
« De quoi ? A qui ? Pourquoi tu te caches ? Laisse-moi t’aider ! »
Le blond n’a pas tout à fait l’air convaincu de l’utilité de son aide, probablement qu’il pensait que la meilleure aide serait de lui fiche la paix. Il n’en dit rien, pourtant, considère, pèse le pour, le contre – elle peut le lire dans ses yeux, qu’il fait le calcul. Auriel fait souvent ça. Auriel pense beaucoup. Ellen, elle, ne calcule pas ailleurs que sur un cahier.
« Je me suis – euh- échappé. Les adultes me cherchent et s’ils me trouvent, ils vont encore m’enfermer… Des gens comme toi aussi, » ajouta-t-il avec un vague mouvement vers ses boucles brunes.
Ah… Ça devait être un garçon important alors. Elle allait surement se faire gronder si elle cachait des choses.
Cependant, ça valait le coup d’essayer – des garçons venant de l’extérieur, ça n’arrive pas tous les jours, alors ni une, ni deux, elle se redresse, tirant à sa suite le blond qui semble un peu plus paniqué à chaque seconde passante.
« Si tu restes ici, ils vont te trouver illico presto, c’est notre étage. Je sais où aller. »
L’espace d’un instant, elle pense qu’il va refuser, trop angoisser à l’idée de se faire piéger, et pourtant quelques minutes plus tard, ils dévalent les escaliers menant aux étages inférieurs, Auriel, qu’ils venaient de croiser, en toge, histoire qu’il ne divulgue pas accidentellement quoi que ce soit – les secrets, c’était pas son genre.
Ce qui est génial lorsque l’on est la fille de la personne la plus influente de la nation, c’est que personne n’ose poser de questions sur ses agissements. Si la fille Gormlaith a envie de se fracasser le crâne dans les escaliers avec deux blonds dont l’un incroyablement suspicieux par sa façon de garder les yeux rivés aux sol et un chapeau enfoncé sur la tête, et bien on détourne les yeux et on laisse faire. Pratique.
Ellen, elle, a une tonne de questions pour eux lorsqu’ils frappent à sa porte, du genre :
« C’est pour quoi ? C’est qui ? Pourquoi vous êtes essoufflés ? Vous voulez des cookies ? »
Une fois étalés tout autour de la chambre sur le sol et le matelas – Ellen a cette étrange phobie des lits-, la discussion se lance enfin.
« Il vient de dehors ! C’est trooooop cool ! »
Auriel lui lance un regard à mi-chemin entre l’exaspération et l’adoration qu’Aella ne relève évidemment pas, trop occupée à pousser une série de petits cris excités avec Ellen sous le regard intrigué du petit protégé. Et effrayé.
« Okay, cool les filles, mais pourquoi il est là ? Et pourquoi on le cache ? »
Le plus âgé a toujours été terriblement insensible sur le sujet de l’extérieur sans que son amie ne puisse y trouver un sens. Et terriblement plus pieds à terre également. Son regard bleuté vague sur l’autre blond, recroquevillé comme possible contre l’un des murs, l’air d’une biche prise au piège par des chasseurs ( elle en avait vu une image un jour).
« Il dit que ma mère et d’autres gens le cherchent pour l’enfermer. C’est trop horrible d’être enfermé ! En plus, s’il est enfermé, il peut pas nous parler de dehors ! »
Auriel soupire, roule des yeux.
« Horrible, en effet. Et je suppose que tu as un nom, le rouge ? »
Tous les regards retombent sur le petit étranger et Aella se rend soudain compte qu’en effet, elle ne lui avait jamais demandé comment il s’appelait. Erreur fatale ! Indigne qu’elle était ! Dans sa précipitation, elle avait failli oublier qu’il était humain – impardonnable. Le garçon se mordille la lèvre, torture ses mains, comme s’il s’attendait à ce que les adultes débarquent d’un instant à l’autre pour le ramener dans sa prison.
Ellen lui adresse un large sourire, passant un bras autour des épaules de la brune au passage.
« Personne ne va t’faire de mal ici, t’sais ? Et personne ne va vendre la mèche non plus. En plus, on a Aella avec nous ! »
Grand avantage. Il calcule encore, s’apaise. Il n’est qu’un enfant, facile à calmer et ses murs s’ébrèchent avec des sourires chaleureux. Il prend une grande inspiration, cherche un repère, s’accroche au premier visage en lequel il a pu croire. Aella.
« Je m’appelle Iwan. »
Et personne ne fit de mal à Iwan.