En plus de s'être endetté, Ritchie venait de parvenir sans le savoir à faire marcher Denny Sim au fin fond d'une forêt pour entrer dans un bâtiment imposant vieillot et lugubre. Sans l'aide d'un quelconque appareil moderne, alors qu'il venait de sortir de l'hôpital.
Le jeune décoloré entra en poussant avec peine et rage la porte qui lui résistait, et la laissa claquer derrière lui une fois à l'intérieur.
Tout était sombre ici, vide en plus, on n'aurait dit un vieux décor pour film d'horreur. Il planta une main blanche dans sa poche et en sortit une cigarette qu'il enfourna dans sa bouche et se souvint en poussant un juron que son briquet ne marchait plus. En faisant quelques pas on entendit résonner les épingles et les chaînes qui tenaient les parties sa chemise en lambeaux, pourtant il faisait assez froid ces temps-ci mais il avait choisit comme seul outil pour se réchauffer une écharpe. Echarpe d'ailleurs rayé de deux verts délavés presque noirs et gris, mais peu importe tant que ça tient chaud.
Son hérisson punk se cachait vraiment dans cet endroit bizarre? Bon ça pouvait être son genre de squatter dans des lieux étranges juste pour quelques jours mais là quand même ça devait faire plusieurs mois. Si ça se trouve c'était habité par des psychopathes qui l'avaient tué entre-temps. Denny laissa tomber cette hypothèse en pensant que ce gars ne pourrait jamais se faire tuer par un psychopathe il avait pas la tête de l'emploi et en plus il pourrait bien s'entendre avec .

"Oh y'a quelqu'un ou je peux me barrer vite fait?!" Hurla-t-il sans gêne dans le couloir, comme si on allait lui répondre "oui vas-y tu peux y aller mon chou" ou bien "non non reste je suis là". C'était juste peut-être pour se la jouer, ou pour décompresser. Ou encore plus fourbe pour que tout résonne dans le pensionnat et que ça réveille les locataires ( il est 2h du matin ). Son cri résonna longuement ce qui le fit ricaner, il alla s'asseoir contre un mur en tripotant sa cigarette éteinte, espérant qu'il allait pas devoir trop attendre.

Alors que le jeune garçon vaquait à ses occupations intéressantes comme jouer avec une cigarette même pas allumée, il fut déranger par l'arrivée incongrue d'une demoiselle. Ce qui était des plus étranges d'ailleurs parce qu'il n'y avait qu'une seule porte dans les alentours, assez lourde et il ne l'avait pas entendu s'ouvrir une seconde fois, de plus vu qu'elle tenait sa serviette elle n'avait surement pas pu pousser cette entrée.
Denny avait senti quelques gouttes lui tomber sur l'épaule, et une présence juste à côté de lui. Un cri appartenant certainement à la gente féminine le fit sursauter et sa clope roula entre ses doigts pour tomber au sol. Surpris mais deux de tension, il tourna lentement la tête vers la rouquine en serviette de bain à forte poitrine. Et la dévisagea l'air de dire "mais qu'est-ce que tu fous là toi?" sans pourtant cacher le fait que son arrivée bien que inattendue soit agréable. A son bonjour il répondit par un large sourire prétentieux et presque carnassier tout en gloussant.
La petite tête blanche d'un mètre soixante-quinze se leva afin de faire face à Alexandrine, il posa ses poings contre ses hanches et se pencha vers elle en grimaçant ( en fait il sourit mais bon...)

" Saluuuut, dis-moi ma mignonne tu fais quoi au juste là? C'est un piège pour allumer les mecs qui viennent ici et les foutre dans des douves - ce qui expliquerait pourquoi Ritchie a disparu - ou alors je peux faire comme bon me semble?"

Vous remarquerez qu'il utilise un langage quand même plus au moins appréciable, enfin le sens l'était moins. Sans trop attendre une quelconque réponse il posa une main malavisée sur l'épaule trempée de la jeune fille. Elle était ostensiblement plus petite que lui une chevelure flamboyante, des lèvres aguicheuses le teint mat et étrangement les yeux bleus. Elle ne devait avoir que quelques année d'écart avec lui. Cet andouille de Ritchie trainait dans les mêmes environs qu'elle? Impossible songea-t-il en songeant aux anciennes conquêtes du junkie ( conquête n'est pas le mot exact ).

Aussi terrifiant qu'une camionnette blanche pour une jeune fille en fleur dont l'âge était le plus prisé par les violeurs, Denny s'approcha langoureusement d'Alexandrine. Ses paroles firent de lui le plus avenant des Marcel et René à barbe grise aux yeux de la rouquine de bain, ainsi que le plus bizarre des hommes.

“ ... hein ? ” Laissa t-elle échapper dans une totale incompréhension. Mais qu'est-ce qu'il racontait ?

Denny posa alors sa patte blanche sur son épaule brune. Alexandrine Martinez fixa son interlocuteur dans les yeux. Assez troublant exercice quand l'être observé se trouvait avoir les yeux vairons. Elle flancha, baissa le regard, mais elle dégagea son épaule dans un geste timide.

“ Euh ... pardon ? Tu peux répéter ? ” Reprit-elle avec tout son courage.

Il avait un oeil vert et un oeil bleu. Il avait un visage normal, mais la couleur transparente de sa chevelure et celles surprenantes de ses iris troublaient Alexandrine.
Il avait l'air d'un pervers. Jolie petite femme rousse resserra sa serviette autour de son menu et irrégulier qui ne lui plaisait pas. (d'ailleurs elle n'a pas une grosse poitrine et oui l'avatar est mensonger) Elle chassa quelques gouttes qui perlaient le long de son visage comme sa mèche ou sa frange, inidentifiable ce truc, orange ou rouge couleur de sorcière, qui s'égouttait tranquillement au dessus de ses yeux perplexes et inquiets. Elle décida donc de prendre le chemin de la sécurité en trouvant dans son champ de vision à nouveau ce Denny Sim qu'elle aurait bien aimé tabasser si sa force le lui permettait, soit, elle recula de deux pas et se mit à lui tourner consciencieusement autour en se distançant de lui d'un mètre et demi pas comme une mouche plutôt comme un agent spécial du NCIS interrogeant un suspect.

“ Ha ... Euh ouais et tu t'appelles comment ? ” Demanda t-elle avec une voix aiguë qui traduisait son manque d'assurance. “ Moi c'est Alexandrine.”

Visiblement ce n'était pas une quelconque fille qui comptait le séduire pour le piéger et l'enfermer, mais une gamine un peu près normale si on mettait de côté sa tenue.
Denny ne tarda pas à comprendre le message quand celle-ci se dégagea et lui demanda de répéter et le distança de quelques mètres. Il la regarda faire en souriant d'un air narquois, on aurait cru qu'elle jouait un rôle de petit chaperon rouge abordée par le grand méchant loup un peu trop entreprenant. Fallait pas qu'elle s'étonne aussi pensa-t-il, à se balader à moitié à poil encore ruisselante, pour lui ça ressemblait plus qu'à une provocation qu'à autre chose. Mais malheureusement pour ce jeune fou pour cela ne se trouvait pas être le cas.

"Je demandais qu'est-ce que tu foutais à moitié vêtu dans un hall et si ça n'avait rien d'un piège pour m'envoyer dehors."

Elle ne semblait pas mieux comprendre cette version raccourcie de la phrase, normale sa formulation était encore moins compréhensible mais pour Denny ça lui paraissait évident comme sens. D'une voix peu rassurée ( ce qui lui confirma son idée qu'elle devait le prendre pour un gars louche, ce qui est tout à fait exact ) la fameuse Alexandrine lui déclina son identité puis lui demanda la sienne. La pauvre fille devait vraiment être naïve pour lui demander ça alors qu'il s'introduisait dans un endroit qui était surement sa maison ( à moins qu'elle ne se ballade chez les gens comme ça, un nouveau genre de perverse peut-être ) comme si de rien n'était.

"Denny. Hey calme-toi j'vais pas te bouffer toute crue non plus j'en ai malheureusement pas le temps là, puis ponctuant son visage d'un sourire malsain dévoilant quelques "crocs", mais ça ne saurait tarder plus tard." Ricana-t-il dans un souffle. En fait il s'en fichait un peu d'elle, c'était juste cette apparence de vénus sortant de l'onde qui l'avait un peu égayé à son arrivée mais il comptait bien respecter son premier but.

"Bon tu connais pas un certain crétin de Ritchie Span...machin?" Tout en l'interrogeant, il laissa son dos tomber contre le mur comme si il ne pouvait tenir tout seul droit plus de deux minutes. Ce qui d'ailleurs l'amusait car alors qu'Alexandrine s'efforçait de tenir son cache-pudeur, il avait la fainéantise de ne même pas se tenir tout seul et de l'aviser d'un œil pas très saint.

Denny... La façon dont il l'avait prononcé avait un léger quelque chose d'un accent américain assez affriolant. Dans sa tête Alexandrine se le répéta plusieurs fois en tentant d'imiter, sans succès malheureusement, ce grain de voix particulier ainsi que la gravesse propre à la gente masculine aboutie. Haha... Elle s'en doutait bien, qu'il n'allait pas la manger toute crue. Cela ne l'empêchait pas pour autant de se méfier d'un inconnu, plus âgée qu'elle, plus grand qu'elle, habillé de guenilles peut-être malodorantes – elle ne s'était pas approchée suffisamment pour le sentir mais elle le suspectait de dégager une forte odeur de "nuit dehors" – et à la chevelure suspecte – aux yeux d'Alexandrine Martinez un décoloré était forcément emo et un emo était forcément dérangé, et cela va de soi un dérangé était forcément suspect.
En guise réponse, Alexandrine eut un sourire bref et forcé, tiré d'ironie amère. Denny reprit la parole en laissant tomber son dos contre le mur. Elle renifla et remit en place la serviette qui sur le coup semblait ridiculement minuscule autour d'elle en l'écoutant.
Ritchie Span, Machin ? Il venait de la traiter de machin ?! Son esprit eut le temps de s'enflammer et d'élaborer quelques violentes répliques quand elle saisit la phrase à l'endroit. Ah, Ritchie Span- et le nom le reste du nom il ne le connait pas. Euh, non.

“Euh, non. Pourquoi ?” S'enquit-elle comme une gourde.

En elle-même la rouquine se maudit de conserver des phrases-réaction aussi nunuches. Parce qu'il le cherche, voyons, grinça t-elle à sa propre personne. Je suis vraiment débile. Chhh...ien. Put...tréfaction ! Ne sachant nullement de quelle manière il valait mieux se comporter, elle entreprit de chasser à coups de pichenettes toutes les gouttes qui stagnaient sur sa peau histoire de se donner une contenance. Et là, ping !

“Bon, beeen, c'était une chouette rencontre, je dois rentrer chez moi là alors je te dis : à la prochaine !” Adressa t-elle en amorçant le chemin du retour d'une voix enjouée.

Elle riait vert en revenant à petits pas précipités vers la porte. Non mais c'était quoi cette histoire ? Elle s'était rendue ridicule. Bon, heureusement il n'y avait aucune chance qu'elle le revoie un jour, c'était un fait. Tous ces évènements insolites et déconcertants lui rappelait ostensiblement son passé singulier. Brrr. Non non, elle n'était pas inhumaine. A chaque fois qu'elle y songeait elle mettait en doute son identité. La vie était une si jolie question ...

“Hn ? ...” La porte ne s'ouvrait pas. What ? Elle força, remua, violenta, s'excita sur la poignée. “Bon sang, ouvre !” Ordonna t-elle dans un sifflement entre ses dents serrées, commençant à paniquer. Y a pas une clé ? Un code ? Un système de fermeture automatique ? Cet endroit avait l'air vieux, quand même ... Respirant comme une vache affolée, elle évalua ses possibilités : demander de l'aide au garçon qui s'appelait Denny, oh non la honte; ou bien continuer de s'échauffer le poignet en grommelant des jurons désuets, morbleu, corbleu, palsambleu, c'était bien plus risible. Bon.

Le dos collé à la porte et la main encore vicieusement posée sur la poignée de porte Alexandrine Martinez se tourna vers Denny en riant d'un air gêné : “J'arrive pas à ouvrir...”
Elle fermait les yeux et s'imaginait le grand sourire qui s'étalait sur le visage de Denny.

Elle était stupide cette fille. Songea-t-il en la regardant s'éloigner. Ce n'était pas qu'il aimait pas les filles stupides, mais de préférence riches ou sexys.
De plus elle lui souhaitait au revoir. Denny hocha la tête, ils étaient tous aussi tarés dans la région pour se promener en tenue de bain? Un nouveau genre d'attraction érotique peut-être ou une nouvelle manière d'aguicher pour les prostituées. Oui parce que définition une gamine avec l'air paumée qui se promène à moitié nue dans un endroit désert et pas très saint est une fille de joie selon le décoloré. D'ailleurs elle espérait quoi celle-ci avec ses manières de cruche?
Il hâta le pas vers elle un peu remonté quand elle lui annonça après avoir mené un court combat contre la porte, que celle-ci était fermée.
Denny ne souriait pas vraiment, il grimaçait d'un air narquois les sourcils froncés plissant sa pâle peau. Puis d'un geste traduisant l'agacement et l'impatience il alla abattre sa main contre la carrure en bois qui le séparait de l'extérieur.

" Tu te fous de moi? Tu te promenais quand même pas dehors en serviette et t'es rentrée ici pour rien? C'est quoi ça t'es un genre de pauvresse qui arrondit les fin de mois de ses vieux en jouant à la trainée en serviette de bain? "

Dégouté d'avoir à faire à une pareille bas de gamme qui devait sans doute habitée dans un une pièce qui doit remettre chaque jours les mêmes habits. Berk songea-t-il en reculant. Puis décidant de s'occuper à autre chose comme ouvrir cette porte il commençant par en saisir la poignée à son tour. Visiblement pas plus pour l'un que l'autre elle ne céda.

"Bordeeeeel!" Grommela-t-il en assénant un coup de genoux dans le vide. Geste tout aussi inutile que ses efforts pour ouvrir le portail maudit du pensionnat.

On ne saurait dire si c'était heureusement, ou bien malheureusement qu'elle avait fermé les yeux ; en les ouvrant, elle vit Denny qui, faute de sourire d'un air narquois, fonçait vers elle en ressemblant de façon troublante à un rhinocéros aveugle de rage. Épouvantée, la pauvre Alexandrine tenta, au désespoir, en vain, de se fondre dans la porte contre laquelle elle était déjà plaquée, haletant, économisant de l'air, pour pouvoir hurler un à l'aide terrorisé. Violemment, arrachant un sursaut à la jeune fille, le décoloré abattit sa main contre la porte en beuglant. Il la traita de trainée, de pauvresse, entendant par là qu'elle jouait la prostituée au service de ses parents. Elle fut transpercée et blessée par sa dureté venimeuse. Pourquoi est-ce qu'il disait ça ? ... Elle n'avait rien fait, rien du tout, ce n'était pas de sa faute ... Alexandrine se mordit la lèvre, en essayant de garder ses larmes dans ses yeux qui déjà s'humidifiaient. Il venait de l'insulter, insinuer qu'elle était une fille de joie, elle n'avait absolument pas envie qu'il puisse en plus lui dire qu'elle était une lâche, susceptible, geignarde ! Malgré ses efforts, elle dut bien admettre que son nez picotait insupportablement. Elle renifla, baissa la tête. Denny s'efforçait de tirer sur la poignée en anhélant.

La petite rousse renifla à nouveau et se laissa glisser le long de la porte que Denny ne rudoyait pas jusque par-terre. Elle étendit ses jambes, elle croisa les bras sur son ventre. L'autre poussa un juron, ayant constaté que la porte ne s'ouvrait effectivement pas.

“Tu comptes faire quoi ?“ Demanda t-elle d'une petite voix vicieuse. “Elle est épaisse la porte.”

Et elle, que comptait-elle faire ? Elle avait quatorze ans, bon, quinze bientôt, et elle était nue comme un ver sans compter sa serviette de bain. Elle était enfermée dans un palace avec un emo décoloré, la porte était coincée, et le hall était tellement spacieux que le fond obscure lui faisait peur. Ça bien sûr elle n'allait pas l'avouer à Denny, elle trouverait sans doute un truc pour le forcer à aller voir à sa place, et au pire s'il refusait ils iraient tous les deux et ce serait l'homme qui passerait devant. Elle osa lever un œil brillant de larmes réprimées vers lui.