Drako était dans le manoir depuis trois jours. Elle se demandait toujours qui était le propriétaire de cette grande maison si mystérieuse. Mais après la première journée passée ici, elle avait tenté de s'échapper, mais elle n'avait pas réussi à ouvrir la porte. La fillette était un peu inquiète ; elle n'avait vu personne depuis ces trois jours. Elle avait dormi dans un coin du manoir avec sa valise et parfois, elle entendait des sons angoissants.

Ce jour-là, Drako avait posé sa valise près de la porte d'une pièce qui était en fait la bibliothèque. La gamine vit des immenses étagères remplies de livres qui ornaient les murs. Il y avait des sièges un peu partout. La salle était éclairée par une grande baie vitrée. La fillette s'en approchait pour observer l'extérieur. Cette personne doit être vraiment riche, pensa la petite fille. Elle observa la pièce avec curiosité et fascination.

Mais soudain, elle les entendit encore une fois. Ces sons... On aurait dit un petit écureuil qui courait. La gamine essaya de chercher qui était le responsable. Mais elle sentit quelque chose sautait sur son dos. Elle eut un hoquet de surprise en apercevant une hermine sur son épaule. La fillette, sous l'effet de l'étonnement, tomba maladroitement sur le sol. L'animal eut un petit rire. Drako n'en croyait pas ; cette bête riait. Mais un très vieux souvenir lui revint. Elle se souvint de cette petit hermine avec qui elle jouait dans sa chambre. Elle ne se rappelait plus de la raison qui l'avait poussée à l'oublier. Cet animal s'appelait...

- Alethia ?

L'hermine sourit et se cacha dans la capuche du chaperon de Drako. Elle avait entendu quelque chose. La fillette se leva vivement et se tourna vers la porte où elle aperçut une silhouette. Enfin quelqu'un !

Je te réponds ! =D Fais comme si ce personnage était Hervé Lulu, j'ai juste quelques problèmes de connexion n_n

Depuis dix minutes, je m'impatientais au dessus de cet ouvrage à la couverture trop belle pour n'être pas de moi. J'avais sans aucun doute fait et écrit ce livre de mes propres mains, alors que j'étais ivre, ou bien drogué ou alors dans une crise de somnambulisme. C'était certain que beaucoup de monde m'en voulait d'être plus séduisant, plus charismatique, d'être parfait et mille fois supérieur à eux, et souhaitaient donc me faire du tort. La seule solution qu'ils avaient pu trouver, c'était de me droguer afin que je fasse des bêtises et que ma réputation plus lumineuse que le soleil soit ternie. Ha ha, quelle bande d'imbéciles. Moi je suis différent. Hors de mon état normal je ne provoque ni incendie ni assassinat ni viol ni autre catastrophe. Non, dans mes transes je ne puis devenir que plus majestueux qu'à mon habitude. En effet, en temps normal je prends soin d'atténuer ma perfection afin de ne pas mettre le reste du monde mal à l'aise. Irresponsable de moi-même en revanche je laisse s'exprimer mon être divin, et là je fais des choses incroyables ! Comme ce bouquin que je ne comprenais pas.

Ha, c'est qu'à force de la pratiquer, la diminution de soi devient automatique et permanente, si bien que je ne suis plus aussi intelligent que quand je suis tout ouvert, et que je ne parviens pas à déchiffrer mon propre génie. Les Différences et les Points communs entre la Théologie et métaphysique de la Création chez saint Thomas d'Aquin et l'Etude poussée à propos du Mulamadhyamakakarika. Bon sang, quelle science ! Je m'étonnai moi-même ! Le nom de l'auteur était marqué Erwann Surcouf* mais je savais bien qu'il s'agissait d'un anagramme de Hervé Lulu. En ce qui concerne le texte de ce chef d'oeuvre, c'était tout bonnement incompréhensible. Ceux qui voudraient le lire devraient me droguer ou me saoûler ou faire appel à moi lors d'une crise de somnambulisme, je ne voyais pas d'autre solution. Peut-être y avait-il bien une solution, mais en tous cas je ne la trouverais que stone, pilo ou assoupi.

“Raah !” Soupirai-je, “Quel gâchis !”

Je fermai ce pavé et levai mon corps gracile de ma chaise en la repoussant, Les Différences et les Points communs entre la Théologie et métaphysique de la Création chez saint Thomas d'Aquin et l'Etude poussée à propos du Mulamadhyamakakarika** à la main. Ma table se trouvant tout à côté de la porte, je passai devant afin d'aller ranger mon cher métaphysiculan moi-même car je refusais qu'une main hérétique et anonyme y touchât. Là je rencontrai le regard d'une fillette de mon âge.

“Oh ? Salut.”



* Non je blague hein, ce livre n'existe pas et Surcouf est un illustrateur.
** Comme je gagne des lignes 8D

Séraphin arriva dans la pièce et poussa un juron. Il n'avait jamais vu autant de livres de sa vie. Le juron en question n'était pas non plus approprié. Ce n'était absolument pas le bon juron a pousser pour transcrire le choc qu'il eut en entrant dans la bibliothèque. Le jeune voyou passa sa main dans ses cheveux fraichement mouillé par la douche matinale qu'il s'était octroyé sous l'évier de la cuisine en guise de gifle "dégrisante " si l'on puis dire. Après avoir engloutis les restes de nourriture peu appétissants qui se trouvaient sur l'étagère crasseuse du réfrigérateurs, le jeune ange démoniaque avait décidé de faire le tour du pensionnat. Voila presque une semaine qu'il vivait ici et sa connaissance des lieux ne se limitait qu'a la tour, la cave et la cuisine...c'est a dire un dixième du Pensionnat interdit. Il n'avait pas même de chambre!
Le jeune homme s'avança dans l'immense pièce aux imposantes étagères, entre les livres qui clairsemaient le chemin. Le nez en l'air, il se heurta contre un fauteuil s'écartant d'un pas en poussant de nouveau un juron pas très catholique, il s'engouffra dans les allées sombres aux petites taches de lumière virevoltantes, caressant les couvertures des ouvrages aux noms plus inconnus les uns que les autres a Séraphin.
Do suivait l'humain difficilement de ses petites pattes il rebondissait derrière lui. Séraphin s'arrêta devant un couple qui se parlait. Il fronça des sourcils. Il y avait un petit gros...et une jeune fille. De quoi faire du mal; de se moquer..enfin, se sentir méprisé pour une bonne raison, EXISTER.

-"S'lut vous deux là...

Il s'arrêta de marcher a quelques pas du "p'tit gros". Il le toisa d'un regard amusé. Do n'ayant pas vu que le voyou venait de brusquement cesser de marcher se cogna la tête contre la botte de celui ci avant de tituber jusqu'au jeune garçon inconnu et de s'étaler comme un lapin mort juste devant lui. Séraphin hoqueta de rire et laissa le lapin au poil blanc s'écraser au sol, se délectant de l'expression de son alter ego astral.

-"Z'en faites pas, il va pas tarder a s'rlever ce p'tit crétin d'lapin. Il s'est surement évanouit parce que c'est la première fois qu'il voit un homme aussi...Il esquissa un sourire en regardant de haut en bas le "petit gros "....Aussi spécial. Finit -il en essayant de ne pas éclater de rire.


Il passa sa main dans ses cheveux blonds et se délecta de voir enfin quelqu'un d'aussi "spécial", ignorant totalement la jeune demoiselle qui n'était pas du tout a son gout. Il se baissa tout de même et ramassa Do par les oreilles. Sa respiration bloquée dans sa cage thoracique, n'essayant de ne pas rire pour mieux profiter de la situation. Après tout, il y avait toujours quelque chose de profitable chez les autres. Il voulait enfin s'amuser. Il passa sa langue sur ses lèvres, et étira un sourire carnassier en élevant Do au dessus du sol, le tirant pas les oreilles comme un chasseur triomphant brandissant sa prise. Sauf que la prise que Séraphin se réservait ce n'était pas un lapin...c'était un être...bien plus appétissant.

Drako vit la silhouette se diriger dans les rayons, puis elle n'y prêta aucune attention. Elle se tourna et tomba nez à nez avec... un garçon de son âge. Un gamin gros et assez laid. Surprise d'avoir croisé le regard, elle écarquilla les yeux et recula d'un pas. Le garçon la salua et la fillette fit de même.

- Tu n'échapperai pas à la Seconde Guerre Mondiale, par hasard ?

Drako était une fillette ayant vécu le début de cette guerre. Son oncle lui avait conseillée de partir pour être protéger des bombardements. C'était ainsi qu'elle se trouvait dans ce pensionnat qu'elle surnommait depuis peu de temps "le Donjon".

- S'lut vous deux là, fit une voix assez proche d'eux.

La gamine aperçut un adolescent de dix-sept ans. Un type svelte aux cheveux blonds teints en violet et aux yeux bleus. Il avait une tête de voyou celui-là. Mais Drako ne préféra pas se fier aux apparences. Elle resta quand même méfiante envers les deux garçons. La fillette observa le lapin à l'oreille déchiquetée. Celui-ci s'était cogné bêtement contre la botte de son maître et s'étala devant le petit gros comme un lapin mort. Drako éclata de rire et fixa le pauvre animal avec sarcasme. Alethia sortit de sa capuche et sauta sur le sol avec grâce. Elle vit le jeune gars prendre la bête par ses longues oreilles.

La gamine ne répondit rien aux répliques du jeune homme, même si cela ne la concernait pas. Elle fixait le petit gros et le voyou, souriante comme une fillette innocente. De nouvelles proies... Peut-être des gens qui goberaient tout ce qu'elle dirait ! Alethia grimpa sur son amie et retourna dans sa capuche. C'était devenu son endroit préféré. Mais finalement, elle alla sur l'une de ses épaules et fixa le lapin avec mépris.

(Désolée pour le retard)

Séraphin jubilait. AHAHAHAHA enfin de l'action, enfin quelqu'un avec qui s'amuser. Il sentait au fond de lui l'hypocrisie et l'intérêt qu'il allait devoir déployer remonter jusqu'a son cœur bondissant d'excitation. Se calmer, ne pas leur sauter dessus comme un imbécile, flatter, caresser...pour mieux briser par la suite. Le jeune voyou desserra l'emprise qu'il avait sur les oreilles du petit lapin qui tomba à terre dans un bruit sourd. Le pauvre Do se redressa, levant ses ravissants yeux bleus larmoyant vers l'hermine qui le dévisageait avec un mépris. Pourquoi fallait-il toujours que les gens ne soient pas tous gentils, que les oiseaux ne chantassent pas gaiement tout le long de l'année et que la chasse au lapin ne soit pas interdite? Oui, dans un monde utopique où l'amour et l'amitié règneraient en maître dans les esprits.
Séraphin dardait son regard bleu sur la jeune demoiselle qui s'était esclaffée lors de la chute de son pitoyable alter égo astral. Finalement, elle lui plaisait.
Prendre sa revanche sur cette nature humaine qu'il détestait plus que tout au monde, prendre sa revanche sur ces humains qui l'on trahi, rendre sa revanche ...sur la vie. Regarder les gens, sourire bêtement, les enfoncer dans leur vision pittoresque d'eux même. Pour ensuite les regarder se débattre avec l'envie, se débattre avec la vie. Cette vie dépourvue de but et de sens, oui...se débattre avec leur seule existence. Qu'ils connaissent la boue, que les larmes perlent sur leurs joues, qu'il vomissent de désespoir et aient enfin peur, seuls dans le noir. Un monde où Séraphin serait maître de ces vilains, un monde où tout pour lui...ira bien.

Les copains?! ....les copains. Séraphin se surprit a esquisser un mouvement de recul a ce mot. Il n'avait jamais voulu avoir d'ami, il n'avait jamais voulu se lier a quiconque pour ne plus jamais subir une nouvelle trahison. Il plissa les yeux, cherchant où était la vérité, qui de lui ou des deux autres allait réellement s'amuser? Il s'arrêta subitement de penser a cela quand il entendit le nom de sa nouvelle connaissance. Un nom qui collait parfaitement a son physique, un nom qui lui donna envie de rire: Hervé Lulu.
Do voulu faire un commentaire très poli, mais il se ravisa au dernier moment, sachant que Séraphin ne l'écouterait certainement pas, trop occupé a s'imaginer de quelle manière il allait pouvoir détruire ses nouveaux "jouets". Cependant, le lapin avait une très mauvaise impression et se demandait si par hasard, les jouet n'étaient pas appropriés a un enfant tel que Séraphin.

-"Sacré nom...C'hanté Hervé. Moi c'est Séraphin.

Il se demanda si il fallait serrer la main de ce potelé jeune homme. Il n'avait aucune envie de secouer la poigne graisseuse d'un pareil "gros tas". Et puis, cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas serré la main de quelqu'un correctement qu'il supposait que le contact de la paume d'une main lui était inconnu. Il se força a sourire, tout simplement et voila tout.

Alethia fixa le lapin avec pitié quand celui-ci avait levé ses yeux larmoyants vers elle. L'hermine descendit de l'épaule de Drako pour aller voir le rongeur maltraité. Elle flaira le pelage de la bête en tournant autour de lui avant de s'assoir face à lui. La gamine répondit à la question du petit gros :

- Heu... pour rien.

On aurait dit que ce gamin serait venu d'une autre époque. La fillette regarda son Alter Ego Astral un court instant avant de lever les yeux vers le voyou qui la fusillait du regard après la chute de son lapin. Il devait être un type bien, celui-la. Pas comme ces gamins nunuches et pourris gâtés. Un gars presque comme elle. Drako fixa ensuite le petit gros qui l'avait appelée, elle et le beau gosse, "les copains". Elle esquissa un faible sourire narquois. Bien après, elle apprit que le petit gros se nommait Hervé Lulu. C'était plutôt hilarant. Le voyou se présenta. Lui, il s'appelait Seraphin. Bon, maintenant c'était à son tour :

- Moi c'est Drako. Drako tout court. J'suis orpheline. Et elle, c'est Alethia.

Mensonge et vérité étaient mêlés dans son dialogue. C'était ce que la gamine faisait à chaque inconnu, pour que son histoire collait bien. Elle savait mentir. Mais est-ce que les deux garçons savaient faire cela ? C'était ce qu'elle verrait.

- Ca fait longtemps que vous êtes dans ce donjon ?

Peut-être donneraient-ils plus de renseignement sur cet étrange endroit dont on ne pouvait sortir... Cela faisait des jours qu'elle cherchait désespérément un moyen de s'échapper. Mas d'un côté, si elle ne pouvait pas, elle ne pourrait plus retourner auprès de son oncle. Une bonne nouvelle ! Mais le manoir l'effrayait un peu. Elle avait retrouvé un vieil ami qui l'avait hanté dans ses rêveries quand elle n'était qu'une petite fille pleine d'innocence. Et maintenant, voilà qu'Alethia réapparait quelques années plus tard. C'était comme dans un rêve... Tout semblait si magique...

Le garçon complimenta mon nom; j'étais écœuré par tant de lucidité dans un être qui ne me connaissait pas auparavant, néanmoins je lui adressai un très chouette clin d’œil avec ma marque de fabrique, une super chorégraphie du pouce terminant levé dans sa direction, une danse qui signifiait c'est bien petit. A cette époque j’étais bien peu exigeant ! Aujourd’hui il en faut beaucoup plus pour mériter de telles félicitations. Je sais déjà ce qu’en pensent mes admirateurs : Aaaah c’était le bon temps !

La fille quant à elle ne trouva pas d’éloges à me faire. Je la comprenais d’ailleurs, c’est pourquoi je l’excusai, il était difficile de me faire plaisir en étant original tout en demeurant crédible. Ils déclinèrent tous deux leur identité : ils s’appelaient Seraphin et Drako. Mhh … Des noms un peu trop spéciaux pour des êtres aussi ordinaires. Enfin, je les renommerai plus tard, me dis-je, là je dois penser à parfaire leur éducation nom d’un chien ! En parlant de leur culture en Hervétologie, elle était absolument nulle, si l’on ne comptait pas leur unique et ridicule connaissance de mon patronyme. Drako me le prouva en me demandant si je vivais dans mon château depuis longtemps.

“Et bien, vous ne savez décidément rien de rien vous deux ! Alors … En réalité ce domaine m’appartient. Ceux qui y pénètrent s’engagent à devenir mes serviteurs à vie mais il semble que vous n’ayez pas été prévenu. Voilà qui est fait. Oh et puis, ces bêtes qui vous escortent sont là pour vous faciliter cette dure tâche qui consiste à me satisfaire je crois.” Expliquai-je très clairement en abusant légèrement de ma grande éloquence.

J’observai leurs réactions en les scrutant attentivement et m’aperçus qu’ils avaient l’air plus ou moins débraillés et surtout ils dégageaient une odeur désagréable.

“Euh, vous savez qu’il y a des chambres et des douches, là haut ? Vous ne paraissez pas avoir passé une très bonne nuit… Enfin c’est pas que … bon passons, des questions ?” Conclus-je en appuyant ma main libre sur ma hanche, l’autre supportant le poids de mon œuvre, Les Différences et les Points communs entre la Théologie et métaphysique de la Création chez saint Thomas d'Aquin et l'Etude poussée à propos du Mulamadhyamakakarika.

Séraphin éternua bruyamment et Do sursauta de peur, sortant de la contemplation de l'hermine qui s'était postée devant lui. Le jeune homme passa son doigt sous son nez avant de passer cette même main dans ses cheveux blonds qui n'étaient pas encore crasseux (non non é_è) Le voyou cligna des yeux, dans la bande, quand on éternuait, les autres riaient grassement en sortant toujours la même explication idiote: "Quelqu'un doit avoir envie d'te tuer si ça t'gratte au nez!!". Séraphin avait toujours trouvé cette réplique très bête, et pourtant, aujourd'hui, il esquissa un vaste sourire puéril et s'exclama:

-"Quelqu'un doit avoir envie d'me tuer si ça m'gratte au nez !"

Il baissa les yeux vers Do et leva un de ses sourcils toujours un sourire collé aux lèvres. Le lapin leva les oreilles vers lui et tourna ses grands yeux bleus pour s'assurer que c'était bien le Séraphin Prevost qu'il connaissait qui venait de s'exprimer ainsi.
Oui, c'était bien lui. Le grand, le sublime ...Séraphin, son maître, son bourreau, celui qu'il admirait tant qui venait de faire une remarque qui était cessée être amusante. La pauvre narratrice a bien mit un point d'honneur à ne pas faire d'humour trop compliqué pour que Séraphin reste toujours inférieur et surtout pour ne pas froisser le grand HERVE LULU qui n'aurait pas apprécié se faire surpasser dans le registre comique. Cette parenthèse étant maintenant fermée, revenons en a nos moutons, ou plutôt a nos compères. Séraphin regarda Hervé étrangement, il sentait que quelque chose clochait dans ce qu'il disait, cela ne collait absolument pas avec les dires de Moewyn et il commençait a croire que le "petit tas de gras" se moquait de lui.

**Moi j'ai une question, tu ne s'rais pas un peu mythomane? ** Pensa -t' il très fort.

-"Ah ça c'est une bonne nouvelle qu'il y ait de quoi pieuter, ça fait presque une semaine que j'suis ici et j'commence a trouver les couloirs vraiment chiants. Je suis ravi d'apprendre que je vais être a ton service mon cher, si je puis me permettre, j'ai une question: tu serais pas en train de nous embobiner par hasard? Parce que j'ai rencontré une fille qui m'a pas du tout fourni la même version d'l'histoire.

Alethia retourna aux pieds de sa jeune amie qui bavardait toujours avec ces deux garçons bien étranges. Il eut un court silence. Quand Seraphin éternua, Drako ne fit pas attention, mais sursauta légèrement. Elle eut un sourire idiot. Elle n'avait pas eu une réaction très intelligente, mais cela l'avait amusée. Puis le voyou lança une phrase assez comique. La gamine eut un petit rire. Pas moi tout cas, pensa-t-elle. Il était cool ce gars ! Mais l'autre l'était moins...

Ce domaine l'appartenait ? Bien sûr... Drako n'était pas aussi idiote pour se faire berner. Et si c'était vrai, elle ne l'aurait jamais servi. Pas ce gars moche. Trop à son goût. Seraphin dit alors son avis. Il avait parfaitement cité les pensées de la gamine.

- Si t'étais le maître de ce domaine, tu aurais été prévenue de mon arrivée et tu aurais sûrement connu mon nom. Je ne suis naïve et encore moins stupide.

La gamine lui lança un regard méprisant. Il ne savait pas mentir ce type. C'était vraiment pitoyable. Elle, elle savait le faire. Parfois elle savait voir quand quelqu'un essayer de la mystifier.

- Moi je sais tromper les gens, je l'ai fait des centaines de fois !

Oui, elle aimait cela et elle s'en vantait énormément. Alethia pouvait très bien le comprendre. Elle était fière d'être son Alter Ego Astral car elle au moins, elle savait tout (de A à Z) sur la fillette. Celle-ci se confiait toujours à elle durant sa toute petite enfance. Quand Drako parlait à son oncle, ses sentiments n'étaient qu'une façade.

Hu. Ou Hn. Ou Hein. Enfin l'espèce de son qu'émettent les moutons de Chaperon et Chaperon lui-même face à une ineptie. Là c'était pire qu'une ineptie ! Je savais bien que les autres personnes étaient assez handicapées mentalement, mais de là à ne pas admettre que je leur étais supérieur ... Je constatai par là-même la véracité de ce proverbe qui affirmait que les moins intelligents - restons polis - s'avéraient être ceux qui n'acceptaient pas d'endosser le rôle des bêtes. Mon œuvre, ou plutôt cette une de mes œuvres, celle qui s'intitulait Théologie et métaphysique de la Création chez saint Thomas d'Aquin et l'Etude poussée à propos du Mulamadhyamakakarika, je la lâchai, exaspéré, l'humeur piquée.

Je tombai les paupières et pratiquai quelques exercices de ventilation du corps dans le but de garder mon calme. En effet, étant de nature fougueuse et passionnée, j'avais tendance à me conduire trop souvent impulsivement ; mais j'étais de ces personnes à la personnalité forte et si je voulais demeurer maître de moi-même, je le restais. J'inspirai donc par le nez en hoquetant quelques fois car il était bouché, et j'expirai en trois coups par la bouche, ainsi que mon prof d'éducation physique m'avait expliqué - bien que je n'eus pas besoin de ses cours, possédant un corps d'athlète naturellement. Ayant terminé ma gymnastique respiratoire, j'ouvrai les yeux doucement et observai, serein et doux, mes interlocuteurs sceptiques. Je m'éclaircis la gorge comme un orateur habitué du style grands hommes politiques ou humoristes de scène ; j'avais le charisme de l'un et l'esprit de l'autre. De toute façon les comiques avaient également du charisme, et les diplomates disposaient aussi bien de l'esprit. Enfin, je m'exprimai :

“Alors. Je vois que vous avez quelques graves lacunes concernant la connaissance de Monsieur Hervé Lulu. Nous allons donc procéder point par point à l'éradication de cette carence alarmante. Déjà, commençai-je en m'adressant à Drako, que tu saches masquer la vérité, je m'en fiche. Je n'ai pas besoin de savoir ce genre de choses, et si je le voulais connaître, je te le demanderai et tu pourras m'informer de ce que je ne sais pas encore car malgré toute ma culture, héhéhé, il est impossible d'être au courant de tout.”

Je marquai une pause afin de les laisser reprendre leur souffle et assimiler le peu que je leur avais appris. Il ne s'agissait que de l'introduction, en réalité.

“Toi ensuite, repris-je en parlant à Séraphin, je te pose une question. Comme je viens de le dire tu dois répondre quand je t'interroge. Voici : qui est donc cette fille qui t'a instruit de sornettes saugrenues ?” M'enquis-je, curieux de savoir qui pouvait donc tenir de telles propos grotesques.

Non mais vraiment, ils avaient l'air de gros débiles. Lui là avec sa tête de racaille et elle avec son air de mythomane. Et leurs bestioles, de vraies aberrations.

Séraphin trouvait ce Monsieur Hervé Lulu de plus en plus intéressant. Non seulement c'était un jeune homme qui se tenait sur son piédestal orné de sa fausse modestie mais en plus, il était intelligent. Ce qui ne rendait la tache de plus en plus amusante. Pouvoir conquérir quelqu'un avec les mots, amadouer avec les gestes, charmer avec le reste. D'ailleurs...que reste -t'il? A vous de voir. Certaines personnes trouvent que pour charmer, il n'y a rien de tel que la présence. La chaleur humaine, la respiration d'un autre corps, l'assurance de ne jamais se trouver seul. Pour les hommes en puissance qui savent que leur vie a un prix, leur royaume n'est rien comparé a la solitude qu'ils endurent. Bien sur, ils sont entourés, mais pas par ce qu'ils souhaiteraient réellement connaitre. Les relations humaines ont toujours été très compliquées; depuis la nuit des temps, l'homme et la femme ne savent pas comment se comporter. Reflexe animal ou raison humaine? L'un dans l'autre, l'un sans l'autre, l'un n'est rien ...sans l'autre. La cohabitation se fait depuis des siècles, pourquoi pas essayer de cohabiter avec ...le roi des mythomane?

Alors, qui avait croisé Séraphin? Volke, qui ne lui avait rien appris sinon que la violence pouvait avoir le visage d'un alcoolique. Amy, qui lui avait appris que la poitrine pouvait atteindre un certain volume...et Moewyn. Ah! Moewyn, cette jeune femme qui ressemblait tant a sa défunte tante.
Tout en repensant a Moewyn, Séraphin posa sa main sur sa poche intérieure de blouson qui renfermait la photographie de la seule femme au monde qui se soit occupée de lui: tante Maud. Tout en se laissant submerger par son passé, le jeune voyou aux cheveux blonds anciennement teintés violets esquissa un sourire. Un large sourire très doux.

Do pour sa part, trouvait ce jeune garçon un peu enrobé pas très gentil et levait ses yeux globuleux vers celui ci, un peu fâché qu'on osât parler de la sorte a une jeune demoiselle. Mais que faire lorsqu'on est un tout petit lapin blanc aux yeux bleus contre une énormité pareille? Rien, se taire et laisser faire, se terrer et attendre que tout cela soit terminé.

-"C'est 'aps' des sornettes j'te permet pas d'manquer d'respect a Moewyn! Il faillit lâcher gros lard mais il se reteint au dernier moment, affichant un air butté très franchement pitoyable. Il avait vraiment du mal a contenir son envie de rire, déformant sa bouche dans toutes les positions possible pour ne pas exploser et prolonger le jeu...pour mieux écraser ces deux guignols.

Drako bouillonnait de rage. Alethia pouvait le deviner car sa jeune amie avait les poings serrés et lançait un regard noir à ce garçon. La fillette ne voyait pas pourquoi ce gamin était si prétentieux. Il n'avait aucune raison d'être fier, si ce n'était que sa différence... Monsieur Hervé Lulu, comme il se désignait, avait dépasser les limites. Il avait osé lui dire qu'elle était idiote. La gamine inspira à fond pour ne pas exploser de fureur.

- Moi je me fiche de ta sois-disant culture !

Elle avait dit cela sèchement et froidement. La fillette n'écoutait rien de ce que Hervé lui racontait. C'était de pures mensonges, à son avis. Et elle ne faisait jamais attention aux gens qui essayaient de la mystifier. Drako pensait qu'elle devait être sans doute la plus grande trompeuse de ce pensionnat. D'ailleurs, quels étaient les mystères de ce manoir ? Elle voulait tout savoir ! Seraphin s'était aussi révolté, disant qu'il ne fallait pas manquer de respect envers une certaine Moewyn.

- Et moi je veux savoir toute la vérité ! Parce que j'en ai marre de chercher des renseignements sur ce manoir. Ca fait trois jours que je suis ici !

Mais la gamine savait qu'il allait une nouvelle mentir. Ce type n'était pas honnête. Peut-être que le beau gosse, lui, savait quelque chose. Après tout, lui et elle étaient deux contre Hervé Lulu. Mais Drako n'avait confiance en Seraphin. Il fallait quand même se méfier, certaines personnes devenaient folles à force de rester enfermées.

Désolée pour le retard ! ç_ç Presque un moi, ah je suis indigne, pardon !

La fillette, impertinente, cracha un blasphème. Je la toisai avec beaucoup de compassion pour ne pas ressentir le bonheur de m’aimer. Peut-être se méfiait elle de ma perfection. Il est vrai qu’un tel niveau humain avait quelque chose d’effrayant. Je ne répondis rien à cette insulte maligne, refusant de souligner la pauvre bêtise de cette enfant, et me tournai plutôt vers Séraphin.

Mes oreilles crièrent reconnaissance en entendant parler de la douce, de la tendre, de la sensuelle, de la jolie Moewyn.
Tiens donc, il avait rencontré mon ex ? Je me demande s’il est utile que je rappelle mes liaisons dangereuses avec cette délicate femelle, étant donné que mordus de moi comme vous êtes, vous savez déjà ma vie sur le bout de vos petits doigts boudinés. Enfin : tout odorant de ma virile présence, je charmai sans mal aucun et sans intention non plus l’adorable demoiselle aux cheveux brillants, par une simple apparition de mon bel être. Aussitôt qu’elle me vit elle fondit de passion et son ardent amour de moi la rendait si gentille, si mignonne, que je ne pus me résoudre à ne la point accepter dans mes bras protecteurs. Et puis, il me fallait bien un peu d’expérience en la matière : en effet, toutes les filles pâmées n’osaient jamais m’approcher, tant leur timidité les entravait, bien que l’on ne puisse pas tout jeter sur le compte de la timidité, puisque mon importance avait toujours impressionné les hommes ainsi que les femmes, les vieux autant que les jeunes, les moches comme les mignonnets. Néanmoins je me perds ; la sensible Moewyn réclamait ma tendresse, je la lui offris, plein de bonté, je lui permis même de m’embrasser amoureusement, langoureusement. Malheur pour elle, nous ne nous vîmes plus. Peut-être se sentait-elle gênée par rapport aux autres filles amoureuses de moi qui n’avaient pas eu cette chance de me toucher ainsi qu’elle l’avait pu faire, et s’était-elle suicidée. Je ne puis en être sûr, mais il s’agit de la version que je tiens pour la plus probable.
Aussi quand ce néophyte de Séraphin évoqua cette une de mes aventure d’une après-midi, je fus surpris et non moins curieux.

“ Quand as-tu rencontré Moewyn ? ” L’interrogeai-je d’un ton autoritaire. C’était ainsi qu’il fallait parler aux chiots pour qu’ils nous obéissent plus vite.
Drako qui était très impolie et mal élevée ne tint pas compte du fait que j’avais prononcé quelques mots gonflés d’importance juste parce qu’ils sortaient de ma belle bouche sucrée. Elle se remit à brailler des insanités, c’est pourquoi je lui assénai une violente claque. Non mais qu’est-ce qu’elle avait, cette folle ?

“ Tu vas te taire, oui ?! ” Ordonnai-je.
Je lui attrapai le lobe de l’oreille et tirai dessus avec toute ma force herculéenne pour la punir comme il fallait qu’elle soit punie. Ah, ça ! On voyait bien qu’elle était orpheline !