Poupée de cire, poupée de son...non, c'est pas ça ( free )

+

Dehors, l'air soufflait, soufflait et soufflait en abondance.
Comme si rien n'existait, comme si tout existait, le vent lui seul, ainsi que la pluie déferlée des nuages sombres telles des cotons d'ouate sale régnaient en ce lieu sinistre ! Peut-être que d'autres êtres se trouvaient dehors, malgré ce temps maussade, mais en tout cas, ils ne se manifestaient pas.
Le décor n'était pas des plus accueillants ! Ses arbres semblaient vieux et noués. Leurs feuilles jaunies par la saisons menaçaient à tout moment de se faire arracher par le vent glacial. On aurait dit une vraie lutte acharnée entre tous les éléments de cet endroit sinistre !

Le sol, quant à lui, était jonché de feuilles et de boue ! Qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre. Tout pour vous crasser, donc, pas la peine de prendre une douche le matin, quoi que, je vous le conseille quand même un minimum. Soit, le moment n'est pas à faire des élucubrations insensées sur la propreté ! Après tout, c'était bien normal de prendre une douche tous les jours pour les personnes civilisées du moins. Alors, ces personnes seraient dégoutées à la vue de cet endroit ! Toutes ? Pas sûr !

Une silhouette se dessina dans la danse des feuilles mortes !
Cette forme humaine n'en était pas une et déjà, ça se voyait avec sa taille mais bon, à la rigueur, il aurait pu s'agir d'une des rares maladies graves et redoutables qui empêche la croissance de se produire. Cette forme était humanoïde, ça, c'était une certitude, avec son jolis minois aux traits fins, décorés d'un oeil opale et...d'une rose violette cachant son deuxième oeil ! Sa longue chevelure argentée flottait au vent, sa robe mauve restait curieusement statique et les talons aiguilles dont étaient munies ses bottes de même couleur faisaient un bruit sourd et sûr sur les pavés !

Arrivée au devant de ce pensionnat, devant toute cette boue, elle soupira comme si elle méprisait déjà cet endroit puis, elle tendit le bras et fit geler une parcelle de boue et y passa sans se salir avant de faire craquer la glace et continua son chemin.
Bara-Suishou car, telle était son nom, pénétra dans le bâtiment sans aucune once d'émotion. Elle était froide à l'intérieur, comme la glace, à vous en foutre la chair de poule et, puisqu'il devait en être ainsi, la poupée de Rozen resta immobile un instant ! Cet endroit était maussade à un point que même un maître des arts martiaux aurait envie de s'en aller en courant. Mais, Bara elle, n'en avait nullement l'intention et d'ailleurs, elle n'en avait aucune. La seule qu'elle aurait pu avoir, serait de se retrouver auprès de celui qu'elle nommait " Père ", son créateur, mais c'était impossible et elle devait faire avec.

Toute cette mascarade tournant autour de ce bâtiment, quelle qu'elle soit n'avait aucune importance pour elle, et pour cause, elle n'avait peur de rien, pas même de la mort, pas même de la vie, elle n'avait peur que d'une chose en réalité, devenir imparfaite ! Mais ça, ce n'était pas demain la veille que ça se produirait !
Soudainement, elle entendit des pas furtifs, comme si c'était une personne essayant de se cacher. Elle resta neutre pendant un moment puis, un petit sourire sadique apparut sur ses lèvres:

" Très cher humain, si tu veux jouer, faisons le, mais je te préviens que la partie est inégale ! "

+

« AH, JE HAIS CE PENSIONNAT JE HAIS CES CRETINS, JE LES HAIS TOUS ! »

Garry Morton n’était pas de bonne humeur ; d’où la phrase d’adolescente en rébellion, et plus originale le coup de pied qu’elle venait d’infliger contre le marbre des escaliers. Il faut dire que la demoiselle supportait mal l’enfermement ; elle ne voulait pas devenir aussi folle que les idiots qui trainaient par ici, et, plus honteux encore –le destin semblait s’acharner sur elle, décidemment pauvre Garry-, elle se sentait... normale, banale, pratiquement, aussi insignifiante que ces pauvres mecs qui hurlaient « BUUUT » -très important, les hurlements-, en arrosant leur tee-shirt senteur transpiration moite de bière chaude : la glacière est en panne, Karine « sale troufionne » mon amour. Ts-ts-ts. Quelle idée, quelle horreur, aberration à sa...divine –divine, crétine, divine-, personne !

Bref : telle une jeune fille en manque de reconnaissance, l’ex starlette se laissait déambuler dans le couloir affublé d’un jean et d’un tee-shirt XXL: elle portait également des tongues trop grandes qui raclaient le sol a chacun de ses pas ; l’une d’elle se détacha de ses orteils, et disparut vers l’autre bout du couloir « Putain, putain, putain » marmonna-t-elle, sa voix allant de crescendo ; ses mots ricochaient en écho comme une balle rebondissant et elle stoppa brutalement ses paroles peu agréables –d’autant plus que sa voix avait reçu l’immense faculté d’être criarde malgré sa gravité le genre de timbre d’un méchant de dessin animé, genre « appelez moi plancton ! » - en poussant tout de même les grognements caractéristiques de l’énervé(e) a bout de souffle.

Eh bien ! Elle se redressa subitement lorsqu’elle entendit des voix –humaines, du moins, en apparence : elles avaient tout pour l’être, suaves, menaçantes et féminines- en provenance du hall : elle s’avança, jusque a ce que les paroles se précisèrent dans son esprit ; « sale humaine » ? Elle en avait vue, des misanthropes, mais la, c’était franchement crétin. Oh et puis, elle s’en fichait, de l’idiote à la voix aigue et de ses menaces puériles –quand Garry disait « puéril », elle employait une moue faussement boudeuse et une voix particulièrement snob mais à défaut de le prononcer, elle pinçait juste les lèvres.

« ...Salut, grinça-t-elle, , les bras croisés, le regard hautain bien qu'elle n'était pas réellement en position de l'être tout a fait euh...hum, j’ai pas envie de jouer, expliqua-t-elle, le sourire tellement faux et forcé qu’il en était tordu, comme si elle tentait de s'adresser à un gamine de dix ans-maman-je-veux-jouer-a-barbie. »