Elle allait voir Raback Omaba ! Elle allait voir Raback Omaba !
Grande excitation dans le corps et l'esprit -elle en a un ?- de Debby. Elle ignorait qui était cette personne exactement, mais à ce qu'elle en avait compris, il travaillait dans la mode. Un grand couturier, sûrement. Mais elle avait aussi compris qu'il était noir et qu'il vivait dans une maison blanche... Ca n'allait pas, ça. C'était la mode de l'été précédent, le noir et le blanc, non ? Bref, ce styliste lançait une tendance déjà démodée... Mais peut-être que ça allait revenir follement durant le printemps. Ou alors cet homme faisait un fashiion faux pas de malade. Dans la première situation, il fallait absolument qu'elle se renseigne sur le sujet, dans l'autre, il fallait qu'elle le prévienne de cette terriiiiiiiible erreur et qu'il peigne les murs de sa maison d'une autre couleur. Et à son retour, elle pourrait le rajouter à ses 1589 amis Facebook, ce qui la rapprocherait fortement des 1602 amis que possède cette pouffe de Sandy. Héhéhéhéhé... Elle finirait bien par la battre, surtout si les filles des amis de ses parents, qui sont pour la plupart au lycée, acceptent de la rajouter.
Mais revenons au plus important : elle allait voir Raback Omaba ! Elle allait voir Raback Omaba ! Plus que quelques minutes, et elle serait chez elle. Il lui suffisait de prendre un taxi à la sortie de l'aéroport et elle y serait en peu de temps ! Elle allait voir Raback Omaba ! C'était le jour le plus heureux de sa viiiiiiiie ! Mais après celui où James l'a quitté et où Tim a été largué par Sandy, et donc où elle a put partir avec le pov' lâché. Qu'elle a lâché trois jours plus tard...
Craignant que le chauffeur de taxi refuse la carte de crédit de son papounet, elle partit tirer de l'argent juste avant de sortir de l'aéroport à un distributeur -logique, elle allait pas agresser une mamie dans la rue. La petite Debby trottina donc sur ses escarpins aux talons de dix centimètres et dans sa micro-jupe jusqu'au distributeur, sautilla pour arriver à la hauteur de l'endroit où l'on met la carte et l'y mit puis retomba au sol. Elle refit un petit saut et tapa le code. Hem... C'est quoi ce délire... "Carte refusée" ? Mer-de-méditerranééééééée, on avait bloqué la carte de crédit ! Souk d'escrémeeeeeents !
Ce fut pour cela que Deborah Nuts fut forcée de partir chez monsieur Omaba à pied. Elle ignorait totalement la distance qui la séparait de sa demeure, et même la direction où elle se trouvait. Mais elle s'en fichait : la maison d'un grand couturier, c'est forcément fléché quelque part. C'est important, ce genre de trucs. C'est comme la chambre de Debby qui est fléchée dans son immeeeeeeeense maison. Paske c'est important et qu'on risque de ne pas la trouver si le chemin n'est pas indiqué dans le dédale de couloirs de leur maison. Sandy, y'a pas de panneau qui indique l'endroit où elle dort ou celui où elle joue, voir celui où elle dort quand elle a des amies, dans sa maison. Pourri à mort. Trop pas fashiion cette Sandy. Surtout depuis qu'elle avait mis un chewing-gum dans ses cheveux. Trop pas fashiion du tout. Du tout du tout. Du tout du tout du tout. Hem, je me calme.
Bref, voilà notre Deborah en train de trottiner sur le bord de l'autoroute, en espérant trouver la direction vers la graaaaande et classe et sexy maison de Raback Omaba. Mais à cause d'une stupidité stupide -un lapin qui court dans une forêt à côté de la route !-, notre Miss Blondinette quitta la route et s'enfonça dans au beau milieu des arbres. Elle fit ensuite comme le petit chaperon rouge et se mit à chantonner et à cueillir des fleufleurs dans les bois, cherchant toujours tout de même un peu la maison blanche du type qu'elle cherchait. Ce fut alors que... oh... ah... Une graaaaaaande maison. Plutôt rouge-brune. Avec un toit bleu-noir. Assez ancienne. Mais aux coins des murs, y'avait des pierres blanches, comme dans les vielles maisons pourries en Europe. Des pierres BLANCHES. Elle l'avait trouvé, elle avait trouvé la maison blanche ! Yepeee !
Merci petit lapin qui l'a poussé à aller dans la forêt !
Debby jouissait de bonheur et sautilla jusqu'à l'imposant grillage qui la menait à l'imposante maison un peu blanche. Une fois près du truc de métal noir, elle se hissa sur la pointe des pieds pour attraper la poignée qu'elle actionna. La grille s'ouvrit. Debby se mit alors à sautiller en direction de la porte. Elle allait rencontrer Raback Omaba -ou quelque chose dans ce goût-là. Elle allait voir RABACK OMABA ! Même Sandy l'avait pas fait, ce truc là. Elle allait définitivement devenir la fille la plus fashiion de tout l'univers ! Elle dut de nouveau se hisser sur ses orteils pour ouvrir la porte, mais elle y était. Elle y était !
Bon, l'intérieur, ça faisait nettement moins "top couturier sexy et canonnissime". C'était même plutôt glauque. Mais peut-être était-ce juste l'entrée. Ou mieux : une nouvelle tendance à suivre absooooolument sinon Sandy-the-pouffe allait reprendre sa place en tête du classement des filles les plus populaires de l'école ! Au fond de la pièce, près d'une porte en bois très moche et ancienne, y'avait un tableau en liège avec trois papiers dessus. Y'en avait un qui avait l'air chiant, y'en avait un autre qui avait l'air royalement chiant. Mais y'en avait un, celui du milieu. Avec beacoup de roses, des petits coeurs, des photos. Bref, il avait l'air chouette. Deborah trottina sur ses talons aiguilles et s'apprêta à commencer à le lire... quand elle réalisa que le panneau se trouvait dix centimètres au dessus d'elle. Monde cruel ! Elle se mit alors à bondir comme elle pouvait, mais impossible de lire ce joli message sur ce joli panneau.
La porte, derrière elle, était fermée.