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| Sujet: Il pleut. [ Keiko ] Dim 7 Déc 2008 - 1:38 | |
| Il pleut… C’est malheureux, il pleut. Depuis ce matin…
Rikka était assise depuis deux ans sur ce sol poussiéreux. Les lèvres mi closes, le regard continuellement perdu dans le vague, elle observait – ou semblait ? – observer les grains de poussières qui voltigeaient devant elle, au rai de lumière quasi invisible et bleutée que projetait la lucarne ouverte. Ou mal fermée.
Les gouttes tombaient sur elle, et la mouillaient, clapotis doux et luxuriant. Elle ne bougeait pas plus sous le choc de ces gouttes, et se contentait de rester là, immobile, sur le parquet défoncé du grenier. Crac.
Elle relève fraiblement la tête. Elle se décomposera là. Bien sur… Elle ne bougera pas et les années pèseront sur elle, et elle s’y pliera, ignorant les conditions d’une telle immortalité factice dans ses gestes. Son prétendu éclat a disparu depuis longtemps, elle n’est plus là que pour briller dans la lumière, reflétant l’aube sur sa peau fissurée. Il est trop tard…
Il pleut.
Elle soupire, et tombe à la renverse, dans un craquement sonore. Ses membres se délient et elle laisse rouler sa main au plancher. La poussière s’engouffre dans sa gorge… Elle tousse, tousse, suffoque, s’étouffe. La pluie se déverse par la fenêtre, et elle sent l’eau chatouiller sa joue. Elle se retourna et essaye de libérer ses poumons… sans effet. Tout plane, tout vole, tout tombe. Elle pousse à l’envers, croissance vers le bas et se ratatine du haut, elle pleure pleure sur ses vœux, sur son souhait et ses promesses. Elle crie, elle hurle, elle ne fait rien. Elle soupira. Elle clama. Et éternua. Clamer quoi. Elle ne sait pas. Elle ne saura pas.
Elle danse danse tout en étant immobile, et le ballet de couleurs l’enveloppe et l’engourdi dans sa danse. Elle se laisse happer, la gorge devenue inutilisable. Elle ne l’utilise plus. Elle ne respire plus. Et pourtant…
Le niveau de l’eau monte. Il pleut.
Elle soupire, et se laisse enrouler la taille par le bleu. Elle est tirée en avant, et le jaune essaye de la surélever pour ne pas qu’elle se noie. L’indigo l’empêche, et le turquoise lui tire les cheveux. Elle hurle, elle se débat, elle criera, et le bleu cède sous le choc. Elle tombe, elle tombe, quelle belle ronde que voilà…
Les vagues grandissent pour l’avaler en leur sein, et se lient autour d’elle. Il pleut. Elle ne respire plus depuis longtemps, la petite poupée désarticulée. Elle perd un bras dans sa béatitude, et sourit. Il pleut. Elle est au milieu de l’eau, comme tous les autres objets. Il pleut. L’eau les embellit, l’eau l’enlaidit. Elle se sent laide, visqueuse et collante, on ne devrait pas la regarder dans cet état. Il pleut. Il pleut. Il… pleut…
Les courant tournent autour d’elle, et serpentent. Elle a l’impression d’être au milieu d’un grand ruban qui l’encercle et la serre pour ne pas qu’elle s’enfuie. Elle sourit presque, et s’habitue à sa nouvelle forme… Elle a des nageoires, c’est étrange. Des branchies, aussi ! Elle les sent, là, sur le côté de ses joues. De ses doigts palmés, elle les touche, et sent leur texture étrange sous ses mains. Elle cligne des yeux, et essaye d’avancer, se frayant un chemin parmi les nattes de l’eau qui essayent de la bloquer. Elle fronce les sourcils et effectue une volte face, et se détourne d’eux, comme s’ils n’étaient que des malpropres. Elle voit une algue et fonce dessus avant de flirter avec. Que tu es belle mon algue… que tu as des mouvements gracieux ! Oh, que tu es jolie… Pourquoi tu t’éloignes ? Pourquoi tu… ?
Elle cria. Elle se releva brusquement, et se cogna contre le chevalet. Elle s’époumona et se débattit avec un monstre invisible, et pleura. Elle lui criait de partir, de la laisser, de cesser de la rendre folle. Elle était en pleurs, ces pleurs sales qui glissaient sur ses joues, les yeux absurdes dans sa folie. Elle le voyait ! Il était énorme et violet et voulait la manger. Il lui disait que s’il ne la mangeait pas il n’aurait pas sa dose, et qu’il avait besoin de sa dose. Prends ma dose et ne me mange pas, lui criait-t-elle, désordonnée. Elle donnait des coups partout, et finit par faire craquer une lame du parquet. Elle se laissa tomber, et sa tête se déposa sur son bras tendu, l'écharpe de Keiko qui lui mange la moitié du visage, les yeux gonflés.
Réveille toi…
Il faisait beau. Pardon, j'ai fait nawak avec les temps 8D |
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Dim 7 Déc 2008 - 19:14 | |
| Il pleut. C'est malheureux, il pleut.
Ca rapellait des choses.
L'etendue neigeuse qui s'etait etendue sur le pensionnat le emps d'un jour s'etait evaporee sous les gouttes insistantes du crachin. Hesitation, perte de la raison, perte de la conscient. Lapsus, maladresse. Tremblement. Keiko s'etait senti mieux, il s'etait a nouveau replonge dans l'infini du gouffre de la perdition. Assis dans le couloir, il regardait le parquet reluisant. La petite fille habillee etrangement avait du faire le menage il y avait peu...
Il ne savait plus vraiment quoi faire de ses journees, il avait evite tout contact pendant un ou deux jours. Ca faisait du bien. La bulle se reformait en quelque sorte. Il se sentait de plus en plus obsede par, non pas l'evenement, mais par Roy. Il se sentait un peu a l'ecart car il se sentait coupable, sa culpabilite dont il n'eprouvait qu'un pourcentage infime de ce qu'il faudrait pour un tel acte. Mais toujours, toujours, une pensee obsedante restait, perforait cette bulle chaque fois qu'un embryon s'en formait : Rikka.
Il l'aimait, c'etait bien cela? Il s'en etait acquis la confirmation pendant l'annee qui s'etait passee, il avait trouve en elle tout ce qu'il cherchait. Tout ce qui lui manque. Il aimait ses mains aux petits doigts tremblants de froid qui agrippaient son manteau, il aimait ses yeux de nuit un peu eberlue, cet eclat de lune qui refletait la lumiere du soleil, ce soleil aveuglant et trop fort pour elle, il aimait sa nervosite, la facon dont elle se mordait la levre, il aimait ses paroles, il aimait la chaleur melee de detresse qui les impregnait. Il aimait ses fines levres a peine rehaussees de rose qui se pincaient lorsqu'elle etait triste, il aimait meme ses larmes chaudes contre sa peau blanche si froide, il aimait sa longue chevelure noire toujours si lisse, il aimait la couleur ebene aux reflets gris de ces longs fils d'araignee. Il l'aimait, elle, tout simplement. Et il aimait entourer de ses grands bras son petit corps frele, il aimait lorsqu'elle se blotissait contre lui, il aimait lorsque c'etait lui qu'elle cherchait lorsqu'elle etait en detresse, il aimait lorsqu'elle se penchait dans son elegant manteau noir, qu'elle ramassait de la neige, il aimait les flocons pris dans son epaisse chevelure qui lui constituait une couronne, a elle la reine de ses pensees, il aimait le fragile sourire qu'il arrivait a dessiner sur son visage, ephemere et d'autant plus precieux. Il aimait lorsqu'il pouvait se refugier dans ses freles bras egalement, sentir le parfum de ses cheveux noirs, il aimait lui preparer un chocolat chaud, la voir soupirer, encore un petit peu tremblante a cause du froid qui l'avait enveloppee auparavant. il aimait sa colere contre elle meme, il aimait son degout de tout, il aimait son impatience, il aimait sa fuite, il aimait son indifference. Il l'aimait, elle, son essence, il aimait tout, il aimait meme sa colere qu'il avait vue se manifester contre le blondinet, il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il aimait l'unique baiser qu'il s'etait permit, le contact presque timide entre leurs levres un soir pluvieux, la, a la lumiere des dernieres salles encore eclairees a cette heure, leurs souffles qui s'etaient entremeles, son air interloque, le sourire qu'il s'etait permis, presque insolent, avant de la laisser. Il aurait aimer gouter ce plaisir, une nouvelle fois, il aurait aimer pouvoir la serrer un peu plus fort contre lui, s'impregner de sa seule presence, il aurait juste aime...
Mais elle ne l'aimait pas.
Il sourit, amerement.
Lorsqu'il croit serrer son bonheur, il le broie. Keiko faisait des ronds sur le sol avec son doigt, porte par la melancolie. Il ne lui avait pas demande, il avait sa chance, il pourrait... Il n'oserait jamais, elle le detesterait, elle le repousserait, peut-etre que ce serait comme avec Nao, peut-etre que... Non, il ne voulait pas etre repousse, il voulait gouter a ces petits plaisirs encore, a defaut d'avoir atteint un bonheur bien plus significatif. Sans cela, qui le rattacherait encore a la realite? Il ramassa ses longues jambes contre son torse, comme pour miieux reflechir, posant son menton sur ses genoux. L'echarpe blanche, il lui avait donne. Il lui avait donne son coeur, qu'en avait-elle fait? Il ne savait pas quel sort elle reserverait a cette pauvre chose....
Un cri retentit. Puis un coup sourd. Keiko sursauta. Ca venait d'ou? En haut, lui semblait-il, on aurait dit que quelque chose etait tombe ou s'etait cogne. Le garcon voulut rester la un instant, mais il entendit des paroles.. parfaitement etranges. Il reconnut la voix de Rikka, leva brusquement la tete, interpelle. Etaient-ce ses reves? Les coups redoublerent d'intensites, et il put clairement comprendre que cela venait d'au dessu. Il ne reflechit pas plus et s'elanca dans les escaliers. rikka, Rikka, elle etait en danger, elle... Pourquoi faisait-il ca, meme en desespoir de cause? Pour elle. Juste elle. Rikka
Il ouvrit la porte de la veranda, fouilla du regard le lieu mais finit par conclure qu'elle n'etait pas la, il ne voyait personne. Il ouvrit l'autre porte et arriva dans le grenier. Y penetrant avec circonspection, il alluma la lumiere, effraye par ce lieu si etrange. Le garcon fit craquer le parquet lorsqu'il s'y risqua, fouillant le lieu du regard. Elle devait etre la, a moins que ce ne soit que les spectres de son imagination qui lui joue des tours... Le garcon cligna des yeux en voyant Rikka etendue par terre. Il se couvrit la bouche de ses mains, choque, et se precipita a son aide. La prenant avec delicatesse dans ses bras, il verifiait qu'elle etait toujours eveillee. Elle semblait dans un etat second, bien eloigne de ce qu'il connaissait d'elle, meme dans sa pire tristesse, elle n'avait jamais ete ainsi. Il reussit a murmurer
"Rikka? Rikka, ca va? Tu es blessee? Tu es malade?"
Ses sourcils s'arquerent en une moue inquiete, alors qu'il tentait d'interpeller sa conscience evanouie
"...Rikka?"
Dernière édition par Keiko Ehi'No le Jeu 15 Jan 2009 - 21:37, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Mer 10 Déc 2008 - 12:40 | |
| Il pleut. Ah bon.
Oui… maintenant que tu le dis, oui, il pleut… je crois bien. Elle sent les mains chaudes qui la soulèvent. Le monstre ? Oui, le monstre ! Non, non, laissez moi… Elle hurle, et rouvre les yeux.
Rikka se débattit des bras qui l’encerclaient, ne reconnaissant pas Keiko. Elle essaya de se défaire de son emprise, mais la poigne était trop assurée, trop ferme. Elle ne réussit pas et continua de gémir. Prends ma dose mais laisse moi… laisse moi, va le voir lui, l’ai pas sur moi… Elle finit par se taire, et cessa de babiller tous les mots qui lui venaient à l’esprit. Elle se laissa tomber dans ces bras qu’elle avait pourtant essayé d’arracher, allant jusqu’à mordiller son grand poignet. Il était un monstre…
Un monstre ? N’était-ce pas elle, le monstre ? La malpropre, la souillée de toutes ces drogues qui circulaient gaiement dans son sang pour lui monter à la tête. Ce n’était peut-être pas de l’acide, finalement, qui avait provoqué son délire, elle y était sans doute plongée depuis longtemps, sans chercher une quelconque aide bien qu’elle en reçoive. Keiko… ? Oui, c’est Keiko.
Elle entrouvrit les yeux, et reconnu sa peau brune. « T’es pas violet ? » marmonna-t-elle bêtement, se rassurant. « Keiko… ? »Elle se redressa faiblement, la vue qui tournait encore autour d’elle. Elle était emportée dans une valse sans fin jusqu’à ce qu’elle en vomisse, et qu’elle en meure. Joie, joie, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
Elle tomba en avant vers lui, et s’agrippa à ses épaules, serrée contre lui. Haletante, elle avait la tête qui était posée sur ses épaules. Sa poitrine se soulevait au rythme erratique de ses respirations, et elle fermait les yeux, des tâches de couleur qui dansaient devant ses yeux, à l’intérieur même de ses paupières clauses… Partez, mais partez, enfin ! Laissez moi… Laissez moi !
Une petite minute défila, emportant toutes les secondes perdues, tout le temps qu’elle ne pourrait pas rattraper. Désarticulée…
Retour vers la réalité. Elle relâcha peu à peu son emprise sur Keiko, les yeux papillonnants et les paupières qui battaient de façon irrégulière, chassant les dernières larmes du délire infâme qui avait souillé son esprit sans même qu’elle sache pourquoi il y était venu – ou plutôt, elle l’avait oublié. « Je… » balbutia-t-elle, encore incapable de parler correctement.
Elle se laissa légèrement tomber en arrière, sentant la résistance des mains de Keiko sur son dos. Elle le vit, et puis. Panique.
Elle avait été dans cet état devant lui. Non, NON ! Il ne devait pas savoir ! Portant sa main à sa bouche, elle sentit son cœur s’emballer, mais pas pour les mêmes raisons que d’habitude. Non, non, non ! Non ! Elle se mordit la langue, la lèvre, et même les dents. Ecarquillant ses yeux, sa carapace orangée qui voilait ses yeux se brisa envers, dévoilant la cruelle vérité qui risquait d’arriver.
Mais le plus fou est-il le fou, ou bien le fou qui le suit ?
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Mer 10 Déc 2008 - 14:53 | |
| Rikka gisait entre ses mains comme un cadavre, ce qui ne fit qu'hausser la nervosite du jeune homme alors qu'il la secoua legerement afin de lui faire ouvrir les yeux. Elle se raidit soudainement, commenca a se debattre comme si elle etait aux prises avec un enorme monstre. Keiko la retint comme il le poussait, se demandant si c'etait parce qu'elle ne voulait pas le voir qu'elle se debattait ainsi ou juste parce qu'elle dormait et que son reve lui faisait entrevoir d'horribles creatures. Elle avait les yeux ouverts, terrorises, ses pupilles vides de toute substance fixaient droit devant elle, comme cherchant une realite a laquelle se raccrocher.
Serait-ce un monstre, serait-elle au courant de ses vices, si elle voulait le repousser, croyait-elle qu'il la pousserait elle aussi du haut de la tour? Ou s'etait-elle rendue compte qu'il n'etait qu'un homme pire que Nao et qu'elle le repousserait, le releguant plus bas que celui qui voulait se faire appeler maitre mais ne rcevait qu'indifference de la part de la jeune fille aux longs cheveux noirs? Alors qu'il aurait du s'estimer heureux de la serrer contre lui, c'etait nerveux qu'il essayait de la retenir, comme on essaye de retenir l'eau qui coule entre ses doigts. Bientot elle s'echapperait de son emprise et il ne pourra rien faire d'autre que contempler cette perte.
L'eau cessa neanmoins de couler, elle semblait avoir trouve son recipient et se calma tout d'un coup, l'orage qui troublait ses yeux s'etsompa a moitie alors qu'elle murmura quelque chose qu'il crut comprendre de travers. T'es pas violet? Keiko sourit a Rikka, et lui repondit allegrement
"Non, je suis pas violet !"
Elle murmura son nom, il hocha la tete avec une certaine gravite, se demandant ce qui avait bien pu causer cela. Il la serra contre lui comme un enfant serrerait contre lui une poupee abimee, faisait bien attention a ne pas lui faire mal, essayant de la rassurer. Elle aussi serrait ses doigts autour de son vetement, comme ne voulant pas le lacher. En cette position, il aurait ete certain que Nao pense a des choses etranges, pour Keiko il pensa surtout qu'elle avait du avoir peur. Elle jouait et s'etait retrouvee piegee dans le grenier? Il etait vrai que le lieu avait de quoi faire peur.
Encore une fois, Rikka se crispa, se cambrant legerement, son visage se contractant dans une expression de douleur indeterminee. Keiko ne savait que faire, cette maladie la rongeait peu a peu, et ce genre de situation n'etaient absolument pas habituels pour lui. Devait-il l'accompagner a... Oui, sans doute ! Le garcon la prit dans ses bras en faisant attention a ne pas la blesser et l'empechant de faire le moindre mouvement qui pourrait lui porter prejudice, il voulut descendre les escaliers. Il fallait faire quelque chose, il fallait faire quelque chose ! Mais meme si il allait a l'infirmerie, il ne saurait pas quoi faire. Decourage, panique, Keiko serra Rikka contre lui sur le pas de la porte, en murmurant
"Ca ira, Rikka, ca ira, s'il te plait, Rikka, s'il te plait..."
Comme voulant conjurer le demon qui s'etait inscrit en Rikka, Keiko psalmodiait ces phrases se voulant rassurantes, ne sachant absolument pas quoi faire. Il se rassit pour mieux la caler sur ses genoux, pour ne pas qu'elle aie mal. N'etant pas assez intelligent pour comprendre qu'elle etait simplement hors de ce monde a cause de substances hallucinogenes, ne sachant meme pas ce que voulait dire dose dans ce contexte, il ne put que murmurer
"Il n'y a pas de choses violettes... Je te ferai pas de mal, hein?"
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Sam 13 Déc 2008 - 18:36 | |
| Ça ira…
Elle relâcha peu à peu ses muscles, et se persuada qu’il n’avait pas compris. Pas encore… Il n’avait pas fait le lien, pour le moment. Elle en aurait souri en une autre circonstance, mais en celles-ci l’humeur n’y était pas, et la situation ne daignait l’accompagner. La jeune fille se cramponna à lui, l’empêchant toute fuite qu’il n’aurait malgré tout pas pensée. Elle ne voulait pas qu’il parte, qu’il la laisse comme tous ceux qui l’avaient fait avant lui. Ah… le sommeil… revient…
Réveille toi…
Elle entrouvrit les paupières, et tenta de les garder ouvertes. Elle le regarda à travers ses cils. Trop facile. Elle sentait son cœur tenter de s’arracher de son petit lit, sa cavité qu’il habitait depuis maintenant tant d’années. Ses bras se déroulèrent et coulèrent vers le sol, stoppés par l’os qu’elle entendit craquer. Elle était pourtant sure d’avoir perdu le bras droit… non, gauche ? Sa tête roula sur le support qui lui était offert, froissant le tissu et tirant sur son écharpe, coincée sous elle, entre les genoux de Keiko. Elle la tira faiblement, et réussit à dégager assez de mou afin de respirer correctement.
Il lui demanda s’il lui ferait du mal. Elle rouvrit les yeux, cette fois complètement, et se redressa un peu. Du mal ? Elle sentait la brume revenir. Elle était comme sous l’anesthésie la plus longue de sa vie et n’arrivait pas à s’en réveiller. Elle avait beau lutter, ça ne faisait que s’aggraver et se prolonger.
Un complainte, faible, si faible qu’elle n’en fut presque pas entendue, se fraya un chemin dans sa gorge, tentant de ramper faiblement sur la poussière pour rejoindre les oreilles de Keiko, sans toutefois y parvenir. Cruelle réalité que celle qui s’amusait à enfoncer les pauvres personnes dans leur malheur. Drogue, alcool, violences… Tant de manières de s’éterniser dans un creux sans toutefois réussir à faire le simple petit pas qui souvent permet de rejoindre les montagnes…
Mais entre sortir du trou et réussir à monter sur la cime sans tomber dans l’abîme, il y a une différence.
Réveille toi !
Elle remua faiblement la main, et ses cicatrices, dissimulées par ses t-shirts à manches longues, semblèrent la bruler. Elle les ressentit une à une, la souffrance s’ajoutant crescendo. Elle serra les dents et se redressa brusquement, manquant de se cogner contre l’encadrement de la porte. Il neige.
Elle secoua la tête, se mordit la lèvre de toutes ses forces. Ne te laisse pas faire ! Elle obéit à cette voix étrange qui lui semblait provenir de cette poupée détruite, là, dans le coin. Elle était si petite… Il lui manquait un œil. Un œil de verre, qui brillait d’un éclat mordoré à la faible lueur de la lucarne. Et ses cheveux blonds… Ils tombaient, et il y avait déjà des lianes dorées qui serpentaient autour d’elle, et il lui semblait qu’elles convergeaient toutes vers elle.
Chut…
Elle releva les yeux, et ce fut bien la première fois de la journée qu’elle voyait vraiment Keiko. Elle recommença ce geste qu’elle avait déjà oublié, et retomba sur lui, le serrant contre elle. Consciemment, cette fois ci… « Ça va, ça va… » mentit-elle, autant à lui qu’à elle.
Elle le relâcha, et se redressa.
Sourire. Allez, oublie donc, Keiko…
Fais comme moi. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Dim 14 Déc 2008 - 21:48 | |
| Rikka etait un triste spectacle. Ou etaient donc passes la beaute de sa tristesse, la delicatesse de sa faiblesse, l'elegance de sa souffrance? Evaporees. Il ne restait plus qu'un amas cliquetant d'os qui s'entrechoquaient, de dents qui claquaient, de mains qui tremblaient. Il ne restait rien de ce qu'il ristait de sa dignite, il lui semblait le voir, se voir lui, en train de pleurer miserablement sous la pluie, les doigts remuant la terre pour chercher les anges, a defaut de les trouver dans les ciels. Il ignorait qu'elle aussi cherchait des anges mais employait un tout autre moyen pour les trouver momentanement, une maniere de faire bien moins ingenue, qui ne passerait jamais a l'esprit de Keiko. Ses longs cheveux colles a son visage, Rikka semblait revenir d'une longue apnee, etouffait, hoquetait, crachait le reste de ses reves mal ingurgites. C'est mal Rikka, il faut finir l'assiette que l'on te donne. Savais tu que beaucoup voudraient eux aussi des reves, meme si ils se fanent vite? Ne sois pas egoiste. Mais rien de tout cela n'effleurait Keiko, dont les doigts frolaient simplement l'echarpe de laine qu'il lui avait donnee, un an auparavant. Cette jolie et longue echarpe blanche, qui avait recupere sa douce couleur d'origine aux soins de Rikka. Keiko en prit un pan alors que Rikka continuait a s'eveiller. Il caressa sa joue brune de l'echarpe blanche, se rapellant de la douce joie qu'il ressentait lorsqu'il la portait. Il ne l'avait pas oubliee, c'etait bien son echarpe. Etait-ce ce jour la que son malheur cs'etait tranfere a Rikka, ou ne serait-ce que par le baiser qu'ils avaient echange, ou qu'il lui avait plutot imposer. Un simple autre baiser suffirait a annuler le mauvais sort, comme les histoires de princesses et de batraciens.
Mais rien de tout cela n'effleurait Keiko.
Il la regarda, son regard empreint d'une douceur compatissante. Il essayait de ressentir ce qu'elle ressentait, de co/mprendre ce qu'elle vivait, juste de savoir.
Mais il etait BETE.
Cette pensee s'imposaa a son esprit. Il etait bete, il ne comprendrait rien de toutes manieres a ce que ressentait Rikka. Oui, il etait assez bete pour croire a ses yeux alourdis par les cernes, perdant le petillement de malice qu'il y rencontrait auparavant. Oui, il etait assez bete pour gober tout ce que disait Rikka, oui il la croyait, et il ne remettait pas la reponse que lui donnait la jeune fille, elle etait plus intelligente, elle avait raison, il n'avait qu'a se laisser bercer par ce doux flot d'ignorance, rien de ce qu'il apprendrait ne saurait aider Rikka. Parce qu'il etait stupide. Assez stupide pour balancer un garcon du haut d'une tour sans se poser de question, pour tuer une jeune femme en pensant que c'etait un ange de vengeance, pour ne pas savoir ce qu'etait un triangle rectangle, une metaphore ou un blocus. Keiko se regarda de l'exterieur, et se degouta. Ce fut alors qu'il sourit. Ce petit sourire vide, vide de sens vu que vide de toute raison qu'il s'etait efforce d'acquerir ces derniers mois. Oui, il etait bete, et il voulait l'etre, au moins un petit peu, au moins jusqu'a ce qu'il trouve de lui meme ce qui la tourmentait. Ce fut un grand sourire enfantin que donna Keiko en reponse, un de ses sourires candides qui font croire a un enfant qu'il parviendra a etre agent secret ou astronaute. Un de ces sourires creux comme l'assiette des pensees heureuses d'Eva.
"Tout va bien, Rikka."
Il lui prit la main, il reajusta l'echarpe avec un soin presque maternel, la fixant avec ce meme gentil sourire. Il ne servirait a rien a Rikka, dans ces moments la. Il ne servait a rien. Il etait juste stupide, un stupide adulte meme pas capable de juger avec une certaine distance les probleme d'une jeune femme n'atteignant pas meme la vingtaine. Le jeune homme deposa un baiser d'amitie sur le front de Rikka afin de la reconforter du mieux qu'il pouvait, sachant pertinemment que tous ses efforts seraient vains.
" Si tu vas bien, je vais bien."
Il ignorait le sous entendu qu'il venait de faire tant sur ses sentiments que sur l'etat de la jeune fille, il ignorait quel impact il porrait avoir, il ignorait simplement si il y avait quelque chose derriere le faux sourire de Rikka. Il souriait a la vie, il souriait a Rikka en caressant tendrement ses longs cheveux noirs. Il ignorait. Il fermait les yeux. Parce qu'il etait bete. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Dim 14 Déc 2008 - 22:08 | |
| Tout va bien… Tant mieux.
Elle sourit. Lui au moins il allait bien. Ne te laisse pas attraper comme moi dans cette spirale atroce, qui s’enroule autour de toi pour mieux te saisir et pour encore plus subtilement t’étouffer dans ton sommeil… Elle releva ses yeux qui s’ouvraient de nouveau, vraiment, sur la réalité, chassant les dernières gouttes de délire liquide qui l’avait empoisonnée de son venin mordant. Elle entrouvrit la bouche, et le baiser d’ami de Keiko semblait s’éterniser sur son front, comme toujours présent. Elle la referma, et ses dents s’entrechoquèrent. Elle bascula la tête sur le côté, et son regard coula le long des traits déjà adultes de Keiko. Elle se laissait guider par ces mains étranges qu’elle ressentait dans son dos, mais ce n’était pas celles du grand garçon. D’autres mains, peut-être celles de la poupée ? Qui sait…
Elle leva sa main blanche, si pâle comparée à celle de son ami, et enroula son bras autour de la nuque du petit garçon, posant sa tête sur son épaule, le regard tourné vers sa droite.
« Qu’est-ce qu’on fait ? »
Il ne s’est rien passé, après tout. Il faut oublier, oublier… Laisse partir ce souvenir, et n’essaye pas de le rattraper de tes grandes mains, pour mieux le renfermer dans ton cœur. N’essaye pas non plus de retrousser mes manches, s’il te plaît, tu n’y verrais que des horreurs… Ne fais rien, reste là, et parle moi. Juste ça, oui, juste ça, qu’on reste ensemble et qu’on ne bouge plus… Pour l’éternité.
Elle releva la tête.
Pour toujours. Demeurons ainsi. D’accord ?
Elle ferma les yeux, et essayant de se remémorer sa vie. Je m’appelle Rikka, et mon nom est Boyd. Je suis là. Je crois. Et puis… ben, c’est tout. Je n’ai pas de vie. Je ne suis plus qu’un rêve… Un long, très long rêve, qui continue depuis bien trop longtemps. Je suis perdue au milieu, et je ne différencie plus trop le songe de ce qui est matériel. Peut-être bien que je suis encore en train de rêver, que Keiko n’est pas là… Qu’il est en bas et qu’il s’amuse, sans moi… Peut-être.
Elle les rouvrit, et se redressa, quittant sa position affalée, son ombre s’estompant peu à peu.
« Dis… Tu as vu, il y a un bal. Tu y vas ? »
Elle posait sa question avec préméditation, et surtout avec arrières pensées. Elle voulait y aller, elle… Et à part avec lui, elle ne pouvait décemment pas envisager d’y aller avec quelqu’un d’autre, non ? Elle aurait bien aimé qu’il dise oui, et qu’il lui propose. Elle ne voulait pas lui proposer, c’était un peu… gênant ? Surtout après ce qui venait de se passer, elle ne savait plus trop si elle s’adressait vraiment à quelqu’un ou si elle parlait encore à la poupée. Cette horrible petite poupée… elle la détestait. Elle la maudissait, même, elle, la source de ses ennuis ! C’était sa faute si elle se sentait mal, si elle avait des brûlures sur son bras. Elle en pleurait, même, le soir, dans son oreiller, pour ne pas que les autres filles sachent qu’elle… n’était pas comme elle. Se fondre dans la masse à tout prix, ne pas laisser les autres voir qu’elle avait ce petit truc, là, cette horrible petite manie que d’aller voir Ritchie, ou ce petit bémol qui faisait qu’elle n’essayait même plus de se rappeler de ses rêves, elle y vivait.
Elle eut un petit sourire à cette pensée, sarcastiquement, et releva ses yeux vers lui.
Tu sais quoi, Keiko, même si t’es un rêve, moi je te trouve vachement bien, comme songe… c’est peut-être bien le seul de tous qui soit valable dans cet amas de chimères interminables aux horloges déréglées.
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Lun 15 Déc 2008 - 11:58 | |
| Au baiser qu'il avait depose sur son front, elle repondit par une douce etreinte. Elle enroula son bras autour de son cou, s'y suspendant presque. Son regard ne rencontrait plus le sien. Keiko mit timidement les mains autour du dos de Rikka, craignant de la serrer trop fort, de l'etouffer, elle qui semblait avoir du mal a trouver son air, tout a l'heure. Il avait si peur pour elle, et meme si son sourire creux et sa reponse vide laissaient presager qu'il abandonnait la partie, il n'en etait pas question. Il laissait tomber cet instant. Il savait qu'il n'aurait pas du le voir, il ne l'avait pas vu. Se cachant les yeux, il devait l'oublier. Cela, sa memoire l'effacerait, n'est ce pas? Il pressentait que si il posait trop de questions, il risquait de deterrer des secrets dont il n'etait pas bon de profaner la tombe si on n'etait pas capable de les exorciser par la suite. Il n'etait pas encore capable. Trop stupide. Il n'avait aps encore les ressources necessaires. Il attendrait le bon moment, et la, seulement la, il ferait sortir ces fantomes de la tete de la jeune fille. Et elle sourira, n'est ce pas? Elle sourira.
Ses doigts s'agripperent au pull de la jeune fille. Il ne voulait pas la lacher, il pourrait gober tous ses mensonges, il ferait tout ce qu'elle voulait... La seule chose qu'il ne voulait pas, c'etait sentir son regard rempli de haine, c'etait se faire repousser par les mains blanches de la poupee. Ment moi encore une fois, fait moi oublier toute raison, je ne t'en voudrais pas. Parce que je t...
C'etait un moment ideal, non? C'etait le moment parfait pour dire ces quelques mots, pour prononcer ces quelques syllabes, pour ponctuer cette phrase de toute sa vie. Il n'avait qu'a rencontrer ses yeux noirs, il n'avait qu'a les dire, ces mots. T'es cap, t'es pas cap? Il n'etait pas cap. Pas capable de faire cet effort alors qu'il ne meritais pas de le dire, qu'il ne meritait meme pas d'etre dans les bras de la jeune fille a ce moment meme. Ca serait pour plus tard. La pensee s'envola, mais l'oiseau ne reste pas au ciel bien longtemps, et il se raccrocherait bientot aux branches.
Il y a un bal, tu veux y aller? Dans l'obscure clarte de la piece, un silence se fit. Un bal? Keiko essaya de se rememorer ce que c'etait. Il serra les levres, fronca legerement les sourcils, avant de se rapeller de Cendrillon. Cendrillon allait au bal, transformee en belle princesse par sa marraine. Elle dansait avec le beau prince qui cherchait quelqu'un a aimer... Keiko ouvrit les yeux avec stupefaction et defit son etreinte afin de pouvoir scruter les yeux noirs de Rikka. Il y avait un bal? Si il y allait? Le garcon dut reflechir un moment avant de pouvoir placer un mot. Pourquoi danserait-il? Il ne savait meme pas danser. Il n'etait qu'un pataud paysan qui ne pouvait que regarder la valse de Cendrillon et de son prince. Qui accepterait de danser avec... Ses yeux noirs rencontrerent ceux de Rikka. Un instant, il en eut peur. C'etait un gouffre. Un gouffre sans bord, sans soupirail, sans mur. De tout ce qui avait vecu en elle il pleuvait la cendre. Et l'on voyait tout au fond, lorsque l'oeil osait y descendre, au dela de la vie, et du souffle et du bruit, un affreux soleil noir d'ou rayonne la nuit ! Cependant lorsque l'on plongeait ses yeux dans ses pupilles dilatees, ce soleil sombre, on apercevait un espoir, le seul espoir, la seule chose qui soit reste aux hommes de la boite de Pandore. Keiko sourit. Lorsqu'il ne reste plus rien que l'espoir, ravivons en la flamme !
"Oui j'y vais."
Keiko prit la main de Rikka. C'etait comme cela qu'on faisait, n'est ce pas? Ses deux grandes mains un peu seches entourerent la douce main de Rikka, sans la serrer, ne faisant que la porter avec precaution. Sur ses joues brunes naquirent une petite tache rouge, il hesita un instant, finit par se lancer.
"Rikka veux tu m'ep... Y aller avec moi?"
Oula. Il esperait que Rikka n'avait pas paye attention a ce quasi lapsus revelateur. De toutes facons, le tout avait ete prononce avec une vitesse telle qu'on ne pouvait comprendre mot a mot ce qui avait ete dit, on ne pouvait qu'en deviner le sens.
"Je ne danse pas tres bien, et... Je ne sais pas si tu voudras bien mais... Ce..."
Il s'interrompit, intimide, avant se se replonger dans le lac noir de ses yeux. Cela lui ferait plaisir. Allez, sourit, Rikka, sourit ! Et danse, danse avec lui, votre maladresse sera masquee par vos rires entrelaces...
[ 8D pas pu m'en empecher *brique*]
[Ouaiis j'ai fait une reference a Hugo dans ce passage, saurez vous la retrouver ?] |
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Sam 20 Déc 2008 - 15:37 | |
| Rikka… tu veux bien y aller avec moi.
Il y avait des jours où tout était de travers. Où les chats aboyaient et les sourires faisaient pleurer. Des minutes folles, qui accéléraient dans le meilleur cas ou qui ralentissaient affreusement, s’étirant comme des chewing-gums verts. Où les arbres étaient jaunes et le soleil vert… Bah… Il pleut. Où les allées bordées de lilas embaumaient le jasmin. L’horloge tournait à l’envers et le tac-tic en devenait un hymne. Tac, tic, tac, tic, tac, tic… Le temps s’arrête.
Des jours où rien n’allait comme il le fallait. La pièce sentait l’amertume, les souvenirs disparus et cherchés avec désespoir, le bonheur mal conservé qui avait moisi avec des tâches de désespoir. Le renfermé, la poussière omniprésente, et les cheveux dorés salis et polis par le temps. Le rideau de lumière qui filtrait vainement des vitraux opaques, qui masquaient aux jouets la gaieté des arbres aux pommes violettes. Dédions donc cette vie, cette ridicule petite vie de junkie, ce semblant de mois assemblés pour former des années presque pleines, creusées par l’oubli et les délires, dédions ces mois à Mister Bonheur et aux vacances qu’il semble prendre bien loin d’ici…
Le plus fou, est-il le fou, ou bien le fou qui le suit ? Il pleut.
Répétons, répétons cette question, reposons la aux pauvres ignares que nous sommes, aux fragments de mémoire qui valsent pendant que leurs propriétaires dorment, sans jamais pouvoir les saisir ne serait-ce que plus d’un soupçon. Saupoudrons ce rite macabre d’un peu de nos héroïnes, et nous nous extasierons.
Nuits acides.
Elle regarda Keiko, les yeux bandés.
Mais il y avait aussi des jours où tout semblait partir de travers, où le chat demandait où on voulait aller, où les animaux parlaient et les cartes servaient à décapiter. Mais il y avait aussi des jours qui se terminaient comme… la réalité. Le songe s’éternise.Oui. Emmène moi… et n’en parlons plus. Oublions le passé et damnons nous pour le présent, buvons avec allégresse notre présent retrouvé que nous avions tronqué avec le passé permanent. Plus une seule nuit sans toi… Il n’y a plus d’anges ici, juste une pitoyable junkie et un niais. Il n’y a plus qu’à enterrer notre vie en arrière plan et à trinquer à notre premier rôle. Sauvons notre étoile…
Retrouvons le bonheur. Certains se demandent ce que c’est, et d’autres leur réponde qu’ils le chercheront ensemble. Après tout… On ne pourra pas tomber plus bas, hein ? « C’est le 25, je crois. Je sais pas trop quel jour on est mais c’est dans pas longtemps ! » Elle sourit.
La poupée factice. Qui s’assemble. Petit à petit…
Elle le regarde et ses bras la brûlent. Arrête toi. Je peux le faire quand je veux ! Menteuse. Mais si, mais si ! Non. Si. Non, je te dis, non, tu n’es qu’une… Tais-toi, ne prononce pas ce mot.
Elle sourit. « Et puis euh, on se retrouvera où ? » s ’écrit-elle gaiement, faisant disparaître les traces de fatigues qui avaient encore somnolés sur son visage, ne daignant pas partir.
Elle se demandait déjà ce qu’elle allait mettre. Ou plutôt, venait de se dire qu’une fille normale de son âge se demanderait ce qu’elle allait mettre, donc qu’il fallait qu’elle se le demande. Elle n’avait même plus ça en réflexe, si ce n’était pas malheureux… ? Le silence de la pièce était engourdissant, et elle sentait la fatigue revenir, comme ça, par piques. Elle se sentait parfois un peu fatiguée, mais sans plus. Allez… Courage. Tu vas y arriver.
Les bras se rapprochent du tronc, et l’élastique de cette poupée s’accroche. Les articulations se rejoignent, et les doigts se décollent.
Il était trop tard pour faire marche arrière, à présent. Elle avait triché avec sa vie, elle avait menti, elle avait pleuré, elle s’était caché des choses et en avait cachées aux autres… C’est terminé, tout ça. Allez, attrape le mouchoir, sèche des larmes et mouche toi…
Elle cesserait de jouer au poker avec sa vie. Cap, pas cap ? Peut-être pas… Allez, si. Cap. Misons même. Si je perds, je perds tout. Si je gagne, je gagne tout. Simple. Essaye de ne plus tomber, les filets ne seront plus là. Le numéro de corde raide était de plus en plus rapide et erratique, la musique s’accélérait, cours, cours, COURS ! Et ne tombe pas. Ne te laisse pas emporter… Pas comme la dernière fois.
Le bassin rejoint le torse, et ils se lient ensemble. Les jambes s’emboîtent, et il ne reste plus que la tête.
Cap.
Elle sourit, il pleut, il neige, il vente. Il fait soleil. « Oui, oui, ça va mieux. » Girouette.
Il ne fallait plus se laisser avoir, maintenant… Il fallait se laisser glisser entre les mailles du filet. Mais ça, elle y arriverait, hein ? Elle pourrait le faire. Cap. Il fait soleil. Elle sourit. Mister Bonheur semble avoir terminé ses congés.
Hallelujah.
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| Sujet: Re: Il pleut. [ Keiko ] Lun 22 Déc 2008 - 19:13 | |
| Il fait beau sur les jours de pluie, le soleil brille sur la rosee, bientot la nuit orageuse sera remplacee par un lendemain inonde de lumiere. C'etait bien cela, ce qu'ils pensaient, la, dans le temple, il y avait un an? C'etait bien ce qu'ils se disaient, main dans la main, yeux dans les yeux, leurs larmes se melant sur leurs joues rougies. Leur nuit etait au point culminant, ils pensaient pouvoir avancer, lentement mais surement, sur le chemin boise de la lumiere et pouvoir l'affronter, si ils etaient deux, n'est ce pas? Il ne fallait pas se lacher la main, il ne fallait pas que l'un d'entre eux soit tente par ces bois sombres, par ces arbres enchanteurs, par la facilite de se glisser le long de leurs racines et d'y dormir eternellement. Cependant, il sentait le caillou dans sa chaussure et boitait sur le chemin qui lui paraissait de plus en plus tortueux et orageux, tandis que Rikka commencait deja a lacher ses doigts et a regarder ces racines, y frotter ses pieds en se demandant laquelle ferait le meilleur lit. Ils s'egaraient dans la foret et il n'aercevait toujours pas dans la cime des arbres noirs le moindre rayon de soleil. Serait-ce encore un mensonge? Ils devaient trouver la lumiere, s'y exposer, si dangereuse soit-elle pour ces deux etres qui toujours avaient vecu dans le clair obscur de la foret. Jamais son handicap ne disparaitrait, bien entendu, il etait condamne a garder un voile sur ses yeux mais... quitte a rester derriere, il voulait au moins voir Rikka danser au sortir de ce bois, la voir tournoyer, lla voir sourire vraiment, liberee de tous ses soucis. Non, ne t'alllonge pas, ne te laisse pas tenter... Ils avaient dit.. ensemble, n'est ce pas? C'etait une convention entre eux. Meme si elle ne l'aimait pas, ils devaient avancer. Avancer. Et Rikka fit un petit pas timide en avant, entrainee par la main forte de son compagnon elle leva les yeux des racines tentatrices et prononca une timide mais claire approbation de sa proposition.
On voyait une petite etincelle, n'est ce pas? Oui oui, je suis sur de l'avoir vu, la entre les branches, allez on avance, d'un pas plus assure, si ca se trouve nus sommes presque arrives ! Il ne nous resterait donc qu'un peu de chemin a faire avant de retrouver l'astre du jour? Sur le chemin se profilaient deja de nombreuses embuches. Elliot, la promesse que Rikka s'etaite faite elle meme, Roy, son probleme mental... Leur amour, ou plutot son amour, si l'on se referait a ce dont il etait certain, pouvait etre leur arme. Avec le courage et la force, on pouvait tout faire n'est ce pas? Pourfandons ces fantomes, ces vampires, ces liens, ces handicaps, et seulement a ce moment les efforts seront recompenses. Plus de chaines aux mains, plus de boulets au pied, ils seraient enfin libres.
Rikka enchaina sur le planning et lui communiqua la date exacte du bal. Il lui sembla, maintenant qu'il y pensait un peu plus en detail, avoir apercu l'une de ces affiches collees sur une porte du dortoir des garcons, mais il n'y avait pas bien prete attention, lire etant encore une chos assez ardue pour lui. Eh bien, il s'y entrainerait alors, il pourrait se renseigner sur tout cela. Le 25 décembre.. Il lui semblait que c'etait une date speciale mais il n'arriva pas a determiner la cause de ce pressentiment, alors il laissa de cote egalement sans se poser plus de questions. Ses parents fetaient pourtant Noël tous les ans et lui offraient des fruits et quelques cadeaux, il essayait meme de gribouiller un petit quelque chose a ses parents pour montrer ses progres bien que ses competences artistiques etant aussi developpees que ses competences intellectuelles, cela ne lui permettait pas de faire des chefs d'oeuvre. Elle lui demanda alors ou ils se retrouveraient. Il ne savait pas ou se passait le bal, si c'etait dehors ( il n'esperait pas cela, par un temps pareil), ou a l'interieur, si oui dans quelle salle, il n'etait informe de peu de choses concernant cet evenement mais devait faire comme si il savait, et puis de toutes facons il pouvait toujours dire qu'il avait mal lu. Le jeune homme hesita un instant mais finit par repondre avec le sourire
"Hm, a l'interieur de la salle? On se retrouvera bien ! "
Il ne s'etait.. jamais rendu a ce genre d'evenements. Il n'avait jamais supporte lafoule de toutes manieres. La salle de classe avait toujours ete un calvaire, il avait vite tout fait pour seretrouver seul et s'isoler le plus possible de la presence des autres a la cour de recreation, son handicap de plus en plus apparent finissant de l'eloigner definitivement de tout contact avec les jeunes de son age. Lorsque son pere avait juge bon de lui faire connaitre le monde du travail, vers dix huit ans, il n'avait fait que des catastrophes et prenait tant de "pauses" un eu involontaire qu'il n'avait pas fait long feu. La foule lors du reve commun avait ete egalement vite mise de cote... Comment se comporterait-il a un bal, pres de dizaines d'autres prisonniers, lui qui allait souvent se refugier dans les couloirs les plus deserts ou dans le parc afin de croiser le moins de gens possible. Non pas qu'il soit misanthrope au contraire, lorsqu'il rencontrait une ou ddeux personnes il les accostait avec joie mais la foule l'avait toujours rendu mal a l'aise, il se sentait regarde, juge, deprecie plus qu'en comite reduit... Il ne se doutait meme pas de l'inconscience qu'il commettait. De toutes facons, il avait Rikka. Oui, oui ca va mieux.
Menteuse qui cherche a s'illusionner. De toutes facons Keiko etait une terre propice a l'enracinement des mensonges. On lui raconterait n'importe quoi, il le goberaient. Les histoires de sa mere, les insinuatins de Nao, les mensonges de Rikka, tout pouvait prendre racine dans le terrau de ses croyances, s'entremeler sans logique et finalement faner, manque de soleil. Le mensonge de Rikka prenait bien, arrose avec generosite par la cecite de son amour. Cependant plus que d'ordre mental, le doute de Keiko vient parsemer ce mensonge sur l'ordre physique. La main du garcon se posa sur le front de Rikka, et il inspecta un peu son teint. Il ne savait ce qui l'avait mis dans cet etat, mais il etait evident qu'elle etait tres fatiguee. Le garcon fit remarquer d'une petite voix
"Tu as de la fievre?"
Il n'attendit pas la reponse et les grands bras de Keiko porterent Rikka. Cette fois, il allait vraiment a l'infirmerie. Il avait pu s'assurer qu'elle allait bien et qu'elle ne se laisserait pas tenter par le bord du chemin, mais il lui fallait un peu de repos. Keiko descendit les escaliers, la petite poupee monochrome dans les bras, il hesita un instant a entrer dans les dortoirs des filles pour y deposer Rikka mais finit par decider de l'amener a l'infirmerie. Alors qu'ils y arriverent, il la posa sur l'un des lits a la blanche couverture et se retourna vers les armoires a medicaments afin de voir si il ne pouvait pas trouver quelque chose d'utile. Cependant, son experience des medicaments etait tres faible, c'etait toujours Eva qui le conseillait sur ce genre de sujets la. Il lui demanda, un peu gene de demander des conseils a la malade
"Tu connais un medicament qui serait utile? Enfin, si tu preferes te reposer tout de suite..." |
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