Nausicaa n'entra pas complètement, pas tout de suite. Elle se contenta d'abord d'entrouvrir la porte et de regarder à l'intérieur. Quelle étrange construction... C'était si différent de ce qu'elle avait l'habitude de voir. Ce n'était pas pour la rassurer, pas plus que le fait qu'il n'y ait personne, même pas après le bruit qu'elle avait fait. Le vent dans son dos la poussait en avant. Elle savait très bien que si elle retournait dehors, elle allait mourir de faim ou de froid, si pas des deux. Et elle ne voulait pas mourir, elle voulait vivre. Elle fit un pas timide en avant mais n'avait pas complètement quitté le seuil. Son instinct, en cet instant presque animal, lui disait qu'il valait mieux ne pas trainer ici. Mais elle ne resterait pas, elle voulait juste pouvoir se réchauffer un peu et récupérer de la nourriture. Et peut-être dormir un peu. Elle avala sa salive et entra. Aussitôt, le vent claqua la porte derrière elle. Mais était-ce bien le vent ? Elle ne se retourna pas pour vérifier, refusant de céder à sa peur. Elle avança dans le hall, laissant de petites flaques de neige derrière elle. Le silence qui régnait commençait à lui peser. Il n'y avait donc personne ? Il ne s'agissait pas de devoir repartir maintenant, pas après avoir osé venir. Et tant pis si le propriétaire de ce château était un riche seigneur qui la punirait pour son audace ! Se redressant de toute sa petite taille, elle cria :

-Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Aucune réponse ne vint. Elle répéta cet appel plusieurs fois sans plus de succés. Elle alla s'assoir devant la porte, bien déterminée à attendre que quelqu'un passe. Il faisait si bon ici... Ses yeux se fermèrent. La jeune fille s'endormit. Le temps passa. Nausicaa ouvrit de nouveau les yeux. Elle battit des paupières, ne comprenant pas où elle était. Lentement, elle tourna la tête vers le hall. A la vue de l'escalier majestueux, ses souvenirs commencèrent à lui revenir. Elle se remit alors debout, réalisant avec perplexité que personne n'était passé durant le sommeil que son épuisement avait provoqué. Elle se sentait beaucoup mieux à présent mais tenait à résoudre ce mystère avant de partir. Examinant de nouveau l'endroit où elle se trouvait, elle remarqua brusquement un panneau sur lequel trois mots étaient affichés. Elle se précipita vers eux et commença la lecture de l'un d'eux. Dès les premiers mots, elle sentit la peur remonter en elle sans rien pour la retenir. Arrivée au passage sur la porte, elle alla vers cette dernière, très calme. Elle eut beau pousser, tirer et faire tout ce dont elle était capable, rien n'y fit. Elle revint et continua à lire, toujours aussi calme. La raison de ce calme soudain ? C'est qu'au fond d'elle-même, elle n'y croyait pas, pas vraiment. Soudain, une lueur s'alluma dans ses yeux. Sa voix ne fut qu'un murmure.

-Anko...

Elle se retourna lentement. Un magnifique cerf blanc la regardait, la tête penchée sur le côté. Elle se précipita soudain vers lui. Cette fois, elle criait :

-Anko !
-Ca va Nausicaa ? Tu n'es pas trop triste de te retrouver coincée ici ?
-Ben... Je pensais que c'était faux. Une illusion, un rêve.
-C'est réel, je peux te l'affirmer.
-Et bien tant pis ! Au moins, je ne serais plus seule. Tu seras avec moi, n'est-ce pas ?
-Ne t'inquiètes pas pour ça, je ne te laisserai pas tomber. Mais il faut que je te prévienne d'une chose : ici, beaucoup de gens et surtout beaucoup d'objets viennent de ton futur. Il ne faudra pas que cela t'effraie. Et tu ferais mieux de lire les deux autres mots.

Nausicaa se contenta de les parcourir à toute allure. Elle n'en retint que deux choses. D'abord, il ne fallait pas qu'elle aille dehors avant les beaux jours. Ensuite, ils étaient beaucoup à être eux aussi coincés dans ce pensionnat. Elle ne serait pas seule. Enfin... L'idée d'une foule d'humains grouillant tout près n'était pas une idée spécialement rassurante pour quelqu'un comme elle. Mais ce qui comptait le plus à ses yeux, c'était qu'Anko était de nouveau avec elle. Il lui avait tellement manqué depuis la mort de Riyanna. Quant à cette histoire de sortie impossible, elle ne s'inquiètait pas tellement. Toute ce qui l'entourait avait beau être réel, elle trouverait bien un moyen de s'enfuir. Elle n'était pas pressée, si elle ressortait maintenant, elle ne survivrait jamais. Anko pencha sa tête ornée de longs bois vers elle. Par ce geste, il lui proposait de visiter immédiatement ce pensionnat. Sans répondre, elle grimpa agilement sur son dos. Et ils partirent visiter tous les deux leur nouvelle maison.