PV: Morgan. - Le soutient~

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Lye regardait Tendrement, les larmes éparpillées sur son visage, le fébrile corps de son protégé. Du moins, si on pouvait la qualifier ainsi. En effet, elle était là à ses cotés, prêtes a envoyer balader la première personne qui oserait formulé une remarque contre Morgan, ou prête a l'aider si il se sentait un peu trop mal, et que par malheur les choses ne tourneraient pas comme il le faudrait. C'était comme si Lye se trouvait être coincée dans une bulle ou seul Morgan était également présent comme si elle n'autorisait que lui à rentrer et que tout autre se trouvait incapable de percer cette couche de surprotection qu'exerçait désormais Lye. C'était assez étrange, qu'elle craque comme ça pour rien, pour un garçon qu'elle ne connaissait pas, ou presque pas, dont elle ne savait rien non plus. Surement le trop plein de la soirée, l'ambiance n'avait pas été excellente et une source d'ennuis pour la première arrivée de Lye. On ne peut pas dire que les gens du manoir l'apprécieront comme elle l'espérait, tant pis, elle n'aurait pas bonne réputation mais elle pourrait tout de même essayer de se faire quelques amis plus tard ? Et puis, Peut-être que Morgan et elle le deviendrait par la suite ? Quand les choses iront mieux. L'ironie du sort .. Lye qui nourrissait des espoirs sur les rêves d'amitiés à venir ne se doutait pas qu'elle n'était surement pas tomber sur la meilleure personne pour vivre une jolie amitié ou les coudes sont soudés.

C'est alors, qu'attendant une réponse de la part du jeune borgne complètement déprimé, que Lye eut le temps de se remettre, de reprendre un peu de poil de la bête et de se ressaisir. Comme si je jeune homme s'en était lui même rendu compte, il dit d'une voix basse ' Le salon. ' Cela désignait assez de chose pour faire comprendre à Lye qu'il aimerait encore un petit peu sa compagnie, mais pas dans sa chambre, ce qu'elle aurait trouvé plus convenable, mais dans cette autre pièce, ce qui ne dérangeait pas plus que ça après tout. C'est alors que Lye ne s'y attendait pas, que Morgan essaya de se relever par lui même, il s'accrocha alors à son bras, et appuya sur l'épaule de la jeune fille pale. Elle le regardait avec cette espoir que l'on place chez un petit enfant qui apprenait à marcher, avec ce regard plein de crainte qu'il ne se blesse mais aussi qu'il réussisse par lui même. Tant pis si l'appui que prenait le jeune borgne lui faisait très mal à l'épaule, tant qu'il avait encore le courage de se relever devant cette masse de gens qui le regardait d'un œil moqueur. C'est qu'enfin de compte, il ne devait pas être si atteint du regard d'autrui – Ou alors, qu'il n'est pas encore assez dessaoulé pour se rendre compte des choses, proposition certainement plus probable pour nous, malheureusement, pas pour Lye. Une fois qu'il fut complètement debout, alors que son merci résonnait aux oreilles de Lye ce qui lui resserra le cœur, et que son regard était maintenant plongé vers le sol, Elle se releva à son tour, s'assurant toujours d'être légère dans ses gestes, sa douceur qui ne la quittait jamais lui permit de garder une main dans celle de Morgan et de se lever calmement à la fois. Elle souhaitait ne rien brusquer, et surtout, ne pas l'effrayer plus qu'il ne l'était surement. Alors, une main contre le dis du jeune homme, et une autre dans sa main, Lye commença à avancer vers la grande porte qui reliait la Salle à manger à un des nombreux couloirs du manoir. La distance qui les séparait de cette grande porte était assez courte ce qui soulageait un peu Lye. Elle ne se retourna pas et ouvrit la porte que franchit Morgan. Alors elle se retourna vers la salle et y regarda les occupants. Ils étaient Là en troupeau, en bel imbécile.

Le silence installé entre Lye et Morgan n'était pas plus gênant que cela. Le bruit de leur pas comblait le manque de paroles, et Lye ne préférait pas discuter tant qu'il ne serait pas assit et qu'il n'en aurait pas l'envie. Cela ne l'empêchait pas cependant de faire extrêmement attention aux moindre petit accès de faiblesse qui pourrait se traduire dans le comportement de Morgan. Lye ouvrit la porte donnant sur le salon et aida son protégé à s'y assoir, lui évitant une chute au passage. Elle s'accroupit en face de lui et garda le silence. Il regardait encore le sol, et n'avait toujours pas ouvert la bouche. Lye ne savait pas exactement quoi faire, ni quoi dire, elle ne savait pas du tout si il allait mieux ou moins bien qu'avant, elle savait seulement qu'il ne courrait pas de danger pour l'instant, qu'il n'était pas seul et c'était déjà bien suffisant. Cependant, elle essaya la communication.

Tu .. Enfin, est-ce que ça va mieux ? Je suis vraiment Désolée ... Enfin, tu comprends, je suis désolée pour ce début de soirée, et puis pour la fin aussi, même si je n'y suis pour rien. J'espère que tu vas mieux tu vois ? .. Oh ce que ça peut me remuer .. Enfin .. Il faut que tu ailles mieux .. J'aimerais tellement ...

Elle baissa la tête et sentit à nouveau ses yeux s'humidifier. C'était idiot, pourquoi, se trouvait elle si sensible ? Pourquoi donc ? Elle posa ses mains sur les cuisses de Morgan, et prise d'un sanglot, assise, sur le sol, elle enfouit sa tête contre ses bras, contre les jambes de Morgan. Ses longs cheveux noirs se baladant, emmêlés, comme fuyant mais coincés.

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Morgan trébuchait presque à chaque pas. Il n'aurait peut-être pas du essayer de se lever comme il l'avait fait, dans son état, mais il avait sa fierté qui lui collait à la peau et l'empêchait de se vautrer complètement dans le ridicule. Il affronta ce ridicule, acceptant tout de même la main de Lye pour le soutenir, prenant appui à chacun de ses pas sur la présence rassurante de l'inconnue. Il n'avait bien évidemment pas encore fait le lien entre sa sauveuse et celle qu'il avait plongé dans la honte pour défendre la jeune fille aux cheveux roses, il y avait pourtant très peu de temps. De toutes manières, là, ce qui comptait, c'était de marcher, de marcher sans comprendre, sans savoir, sans chercher à savoir. Le balancement ivre de ses pieds sur le sol résonnaient le long de ses tibias convexes qui tremblaient comme si le monde allait s'effondrer au moindre mouvement trop brusque.

Le silence règna dès la sortie de la salle et le fracas tonitruant de la musique s'atténua brusquement, comme si ils venaient d'entrer dans une salle insonorisée. Bien entendu, on entendait encore le son percer les murs de manière assez significative, surtout pour une fête aussi attendue et organisée par les deux membres les plus «people» du pensionnat, mais le soulagement était proportionnel au nombre de pas qui les séparait de la salle. Morgan marchait, regardant le sol, luttant pour ne pas vomir. Répandre tout ce qu'il avait ingurgité en si peu de temps ne serait pas très élégant pour la pauvre jeune fille... Et ne serait-ce pas un déshonneur de plus que de souiller les habits de la personne qui lui tendait la main? Cependant, la nature était la nature, et sa nausée allait de mal en pis, son teint virant au verdâtre. Il remarqua l'attention toute particulière que lui vouait la jeune fille et ravala de nouveau ses envies douloureuses, ne voulant rien gâcher de ce qui était encore intact ou pas entièrement brisé. Il fallait sauver les meubles de la maison inondée, quand tout le reste etait définitivement hors d'usage...

Le borgne tituba lorsqu'elle l'aida à s'asseoir. Ah, ils étaient où? Il daigna enfin relever son regard vitreux pour reconnaïtre vaguement le piano. Il en déduisit qu'ils étaient dans le salon, mais en avait déjà oublié la raison. Tout ce qu'il comprit en tous cas, c'était que cela ne le dérangeait pas outre mesure. Une fois assis, il s'accouda sur le rebord de son fauteuil afin de ne pas glisser et posa le menton sur sa main afin de se soutenir dans une attitude à peu près correcte pour un homme ivre. La jeune fille se tenait devant lui, humble jeune fille accroupie devant le morne roi qui s'ennuie et tombe dans la décadence. Il ne comprit pas tellement la raison d'une telle humilité d'ailleurs, il y avait tant de sièges dans cette sale qu'elle pourrait aisément en trouver un à son goût mais non, elle s'obstinait à le fixer sans mot dire. Morgan prit une mèche de ses cheveux blonds et la tira sèchement afin de se réveiller un peu plus qu'il ne l'était. Elle finit par briser le silence à peine altéré par la musique étouffée que l'on entendait encore en toile de fond. De son long monologue il ne comprit que quelques mots clefs qui purent le guider sur la voie de la compréhension. Elle parlait vite, et sa voix s'etrangla de plus en plus au fur et à mesure qu'elle parlait. Il voulait prononcer quelques mots pour la rassurer, mais elle ne le laissait pas vraiment placer un mot. D'autant plus que le temps qu'il comprenne qu'elle ne parlait plus, elle reprenait le fil de son pauvre dialogue auquel l'interlocuteur ne pouvait répondre. Et elle se mit à pleurer. Comme ça, sans qu'il ne comprenne grande chose de la logique de ses réactions, elle se mit à pleurer et posa sa tête contre ses genoux. Le garçon se crispa, n'aimant pas du tout le contact de quoi que ce soit d'humain autant collé à lui. Etant un peu faible pour riposter et un peu trop poli pour la repousser méchamment, il resta tendu, sa conscience s'éveillant un peu. La gêne envahit son visage qui était déjà un peu coloré par l'abus d'alcool. Il fnit par balbutier, ses mots trébuchant les uns sur les autres, manquant de se renverser comme une pile de dominos

« Euh oui je enfin... Nan je vais pas trop bien... Enfin j'ai... me sens pas très bien... »

Il posa ses doigts contre sa bouche, empêchant de nouveau son organisme de rejeter ce qui était pourtant si mauvais pour lui. Il s'empressa d'ajouter, afin que la fille ne se croie pas coupable

«Oh mais ce n'est pas.. vous... Enfin ... Je sais pas, je ne... Je sais pas trop ce qu'il se passe en fait... Vous euh... Vous m'avez aidé c'est ça... On est dans le salon.. Et euh.. Avant... »

Le garçon peinait à se dégriser et il avait beau chercher ses souvenirs, ils ne souhaitaient pas être trouvés. Voyant que ses paroles ne semblaient avoir aucun effet sur la jeune fille en pleurs, il se prit d'un peu d'agitation gênée

« Mais.. Euh, pourquoi pleurez-vous ? Ne enfin.. ne pleurez pas, surtout, ça...Euh ca va mieux que tout à l'heu... Je sais pas trop ce qu'il y avait tout a l'heure en fait... Mais euh... J'arrive à peu près à euh... voila... Comprendre... Oh ne pleurez pas comme ça mademoiselle, pourquoi cela vous secoue-t-il autant ? »

Il tapota d'une main un peu pataude l'épaule de la jeune inconnue afin de lui faire reprendre ses esprits. Elle devait être très sensible, pour avoir de telles réactions en face d'un inconnu complètement saoûl et ignorant qu'il l'était. Il finit par se résigner, frottant sans conviction la nuque de l'adolescente pour la «soutenir». Autant dire qu'il n'était pas le champion du soutien humanitaire.