Aurore marchait.
En ce matin coloré, il faisait beau et une légère brise soufflait. D'habitude, Aurore aimait ce temps qui lui donnait la force de débuter sa journée. Mais aujourd'hui, elle ne le supportait pas.
Elle trouvait tout naïf, agaçant et un rien attisait sa colère.
Elle se surpris à jeter un regard en arrière, vers son ancien collège. Elle aperçut sa première amie, humaine s'entend, Sophie, marchant le pas lourd. Elle aurait voulu être là, près d'elle, à décortiquer le feuilleton qu'elle avait regardé hier soir, à rire avec elle gentiment des maladresses des autres, à se plaindre de la longue heure d' S.V.T en perspective...
Mais au lieu de tout ça, elle devait marcher vers son nouveau collège qu'elle haïssait déjà, sans même l'avoir vu. Enfin, si elle l'avait vu. Sur des coupons que son père lui avait rapporté. Il y avait marqué dessus, en lettres d'or :
"Magnifique établissement, les élèves s'y plaisent et apprennent tout en s'amusant..."
N'importe quoi... Rien que d'y aller était une torture. Enfin pour elle principalement.
Enfin elle l'aperçut. Elle se hâta de pousser sa porte. Derrière elle, celle-ci se referma lourdement. Elle la regarda se refermer en émettant un dernier grincement, tous ses sens en alerte.
Elle se trouva débile de réagir comme ça. Puis se mit à stresser.
S'adapterait-elle à sa nouvelle vie au collège ? Se ferait-elle de nouveaux amis ? Elle pria pour, en tout cas.
Puis elle aperçut un panneau. Elle le lut, angoissée.
Qu'est ce que c'était que ça ? Une farce ? Elle s'était surement trompée de bâtiment. D'ailleurs le hall ne ressemblait pas du tout au hall sur les soupons que son père lui avaient donnés. Il était bien trop chic. Mieux valait partir avant que le propriétaire, un peu fou en passant, ne s'aperçoive de sa présence.
Elle se dépêcha donc d'ouvrir la porte. Tout de moins d'essayer. Car elle ne voulait pas s'ouvrir, la maudite !
Puis Aurore repensa au panneau et eut des frissons dans le dos. Était-elle vraiment prisonnière de ce lieu morbide ? Allait-elle restée comme ça toute sa vie ? Sans un quelconque échappatoire ?
Non, c'était ridicule. Elle ôta toutes ses pensées de sa tête et poussa sur la porte. Rien n'y fit.
Aurore commençait vraiment à avoir peur. Peut être que des gens malsains habités ici, prêt à l'enlever. Peut être des psychopathes, des monstres...
*Alors je les battrais. Je les assommerais de coups de poings et de cartable et ils finiraient gisant à mes pieds. Puis je trouverais la sortie et me ferait plein d'amis !*
Tout de moins, c'est ce qu'elle imaginait. En réalité, elle mourait de peur. Mais continuait de frapper la porte de toutes ses forces. Peut être cèderait-elle ? Et puis elle irait voir la police et dénoncerait le fou qui est propriétaire de ce bâtiment et puis ses parents la renverraient à son ancien collège... Et puis...
A bout de souffle, elle se laissa glisser sur le sol. Alors, tomba de son cartable un téléphone portable bleu ciel. Elle se jeta sur celui-ci. Rapidement, elle composa le numéro de la police.
Mais ce n'est pas la voix rassurante d'un officier qui lui répondit, mais un rire sadique qui s'intensifiait de secondes en secondes.
A bout de nerf, elle jeta son téléphone portable avec une violence inouïe. Celui-ci s'écrasa sur le sol, volant en morceaux, le rire brisé. Il n'en restait plus que des échos incertains.
Tandis qu'elle respirait bruyamment, essayant de rassembler ses pensées, une voix familière s'éleva.
-"Aurore..."
A cette voix, Aurore se figea, puis releva lentement la tête. Il était là assis, avec ces yeux si doux, son pelage soyeux et son air maladroit. Il semblait content et triste, partagé entre deux émotions si contraires. Il n'avait pas changé.
-"Lor... Lor... ! Lor... !!!"
Elle se jeta à son cou et s'y agrippa comme une moule à son rocher. Elle ne l'aurait lâché pour rien au monde. Lor était pour elle comme un oasis en plein désert. Lui saurait l'aider, lui saurait la guider... Elle pleurait tellement que sa veste était trempée.
Il lui mordilla gentiment la main pour la calmer.
-"Aurore, calme-toi... Et pardonne moi..."
Elle fut surprise et s'écarta de lui.
-"Pourquoi t'excuses-tu ?"
Il laissa couler un silence, puis dit :
-"Car tout ce qu'il y a marqué sur ce panneau est vrai...
-Non, c'est impossible ! Dis moi que c'est impossible !"
Mais il ne dit rien et baissa les yeux.
Les larmes se firent plus nombreuses et ses sanglots s'intensifièrent.
*Non, non ! Ce n'est pas vrai ! Je ne peux pas y croire !!!*
Lor vient se serrer contre elle.
-"C'est un rêve" sanglota-t-elle."Je vais me réveiller et maman m'enverra dans ce stupide collège privé. Et tu disparaitras avec ce manoir et je continuerais ma vie... Je me ferais plus d'amis et serrait la première de ma classe...et...Et..."
Elle ne put en dire plus.
Elle se laissa pleurer pendant vingt minutes, puis stoppa ses larmes. Ses yeux étaient tous rouges, mais elle n'y prêta pas attention. Lor quitta ses genoux, sur lequel il s'était installé vingt minutes plus tôt.
Aurore se leva et Lor la suit. Elle gravit l'escalier et ouvrit la première porte qui lui tomba sous la main.
Peut être trouverait elle une réponse ? Peut être l'arracheront à cet endroit ? Peut être reverra-t-elle le sourire de sa mère, le soleil, et les nuages ?
Peut être retrouverait-elle son "avant" ?