Un serre-tête sur la tête (Kurogane)

Sujet: Un serre-tête sur la tête (Kurogane) Jeu 29 Oct 2009 - 23:11

Le ciel était noir et la bougie claire ; Fay referma la porte de la lanterne qu'il tenait à bout de bras pour enluminer son chemin. Il n'y avait rien de moins pratique, au manoir du Pensionnat Interdit, que l'impossibilité d'appeler un réparateur quand tombait une panne de courant. Quel sentiment atroce que celui éprouvé quand on se rend compte que même faire pipi dans le noir ou pas pouvait dépendre de la volonté des I. et de leurs tours de magie ! Ahah, un caprice de cette fameuse et pourtant si méconnue “O.I.” et couic, plus de tête les souris !
Cependant, l'idée d'allumer des cierges et de se promener doucement réjouissait la part mystérieuse de l'être androgyne qu'était Fay. Elle trouvait cela plutôt poétique de jouer à Harry Potter, se promenant aux alentours de minuit dans le dédale d'un château Renaissance, le feu au doigt et la cape aux épaules. Surexcitée, elle se mit à déclamer ces vers dont elle ne connaissait pas l'auteur :
“C'est ton souffle, qui me ronge, rapporte l'horizon des songes ; aime-la comme elle t'aime et t'appellera amour ! Nanti ! Vis pour elle sans oublier que ta vie, n'est ni plus ni moins qu'un rêve de folie !”
Toute heureuse du lyrisme qui la prenait, elle entama une valse effrénée avec pour partenaire le halo chaleureux de la lanterne, faisant craquer sourdement le parquet à travers les épais et luxueux tapis qui ornaient le sol du salon. Au bout de plusieurs tours un peu partout dans la pièce, ponctués d'éclats de rire, comme si elle avait fait un détour par la cave pour ouvrir et pencher quelques bouteilles, elle se laissa tomber, respirant fortement et le sourire aux lèvres, sur le canapé.

— “HIIII ! Kurogane ! Je ne t'avais pas vu !” S'écria-t-elle, quand elle eut tourné la tête et observé la présence inattendue de son ami de toujours. “Qu'est-ce que tu fais là, à cette heure-ci ?”
Elle se remit à rire comme un oiseau piaille, montrant ses dents blanchies plus encore par la couleur rouge brillante de ses lèvres. Elle avait les joues roses comme une jeune fille heureuse et le regard malicieux de celles qui jouent les coquines souris poursuivies par les mâles chats. Croisant fermement ses jambes sous sa courte robe de satin bleu-vert, pour dissimuler aux yeux des monstres de sous la table sa lingerie à dentelles, elle glissa contre le dossier du sofa, installa sa tête sur son oreille pour regarder à son aise son grand ami samouraï avec un air affectueux.

Sujet: Re: Un serre-tête sur la tête (Kurogane) Dim 22 Nov 2009 - 11:24

Bouteille à la main, Kurogane déambulait dans les couloirs où les ténèbres régnaient en maître absolu. Pour une raison inconnu et sans grande importance pour la suite du récit, la lumière s’était éteinte alors qu’il avait décidé de se saouler. Il marchait donc ainsi à l’aveugle dans les couloirs du manoir tout en avalant parfois quelques gorgées de rhum. Alors que la bouteille n’était à présent remplie qu’à moitié, il entendit une voix filtrée par des murs. Il ne comprenait pas le sens de ce chant, et limite il s’en fichait, mais ce qui attisa sa curiosité fût que cette voix … il la connaissait.

Non, ce n’était pas la voix fantomatique d’une quelconque amante voulant se venger de son infidélité, mais bien d’une certaine personne blonde qui depuis un moment exaspérait le samouraï. Le maquillage qu’il…elle… portait était trop … ses vêtements faisait très … les mots échappaient à Kurogane, mais en tout cas même la princesse Toya faisait distinguée face à l’escargot blondinette. Jamais il ne le…la… comprendrait ! Le samouraï trouvait que le comportement de cette chose était parfaitement illogique, qu’elle avait beaucoup changé depuis le temps qu’ils se connaissaient.

Il se sentit bouillir alors que Fay terminait de chanter, il apporta une nouvelle fois le rhum à sa bouche et en but en une grosse goulée. La bouteille vide s’écrasa dans un grand bruit contre le sol et inconsciemment le jeune homme ouvrit la porte, surprenant la jeune femme actuelle en pleine valse. Le visage de Kurogane était rouge, cependant cette couleur était plutôt due à son état d’ivresse plutôt qu’à sa gêne devant une Fay en petite tenue (d’ailleurs, pourquoi le serait-il ? haha.).

HIIII ! Kurogane ! Je ne t'avais pas vu !

Cette manière de parler était d’un ridicule. Peut être que les sentiments de Kurogane était faussés par des souvenirs où Fay n’était ni un homme ni une femme ? C’est toujours très étrange de trouver quelqu’un qui, c’est le cas de le dire, a changé. Depuis ses derniers temps il avait essayé de l’ignorer un peu, de faire comme si tout était normal … aujourd’hui, sans le vouloir et sûrement grâce aux vapeurs de l’alcool, il ne put s’empêcher de regarder Fay avec mépris. Il fit un sourire, mais pas vraiment amical.

Ses mots étaient durs, sa posture droite lui donnait de l’ampleur mélodramatique. Les yeux dans le vide, il regardait le travesti sans la voir. Il baissa la tête et mit sa main sur sa gorge qui le brûlait.

La petite flamme de la lanterne tremblota, faisant danser autour du couple de grandes ombres inquiétantes.

Allongée un peu de travers, sur le canapé, elle ne ressentait pas la douleur des muscles et de ses articulations, car Fay était habituée au malaise des tenues inconfortables ; elle avait parfaitement assimilé l’adage, “Il faut souffrir pour être belle”, et au lieu de se soucier de la scoliose qui la menaçait, elle prenait garde à ce que son menton reste levée, pour ne pas former un disgracieux bourrelet de chair sur son joli cou.
D’un autre côté, il fallait aussi faire attention à bien tenir la robe, car gare à la réputation de celles qui en montrent trop ! Être une fille, pensait Fay, ne se réduisait pas à garder ses cheveux longs et porter des jupes. Son opinion, formulée ainsi, pourrait paraître tout à fait honnête et juste, mais en réalité l’androgyne refoulé se fourvoyait. Raison pour laquelle elle minaudait aussi coquettement en public, même devant son vieil ami Kurogane.

Fay en effet, manquait à tous ses devoirs de princesse du dancefloor dès que ses talons quittaient la piste. Seule devant le miroir, dans la petite salle de bain de sa chambre, elle cessait les bouches en cœur et les genoux en dedans. Elle se regardait droit dans les yeux, droite et blanche, et elle se demandait : mais qui y croit ?
Il n’y a que le désespoir pour épier ceux qui se mentent à eux-mêmes.

En présence d’autres personnes, cependant, il fallait garder fière allure et confiance en soi, et penser au regard des gens alentours suffisait à lui faire oublier la conversation intérieure qu’elle entretenait avec sa conscience. Elle jouait, dansait, piaillait, sans arrêt, tant qu’il y avait de la vie autour d’elle, tant que quelqu’un était là pour guetter le moment de faiblesse, pour trouver la vraie Fay, le vrai Fay ?

Regarde toi. Quel dégoût.
Hein ? Ce n'est pas le moment ! Reprends-toi, Fay ! Il y a quelqu’un ! Pourquoi te calmes-tu ? Il faut être pleine de vie, attirer l’attention sur soi, briller de mille feux ! Plaire par sa mise et son énergie, être captivante. Ne pas montrer ton vrai visage, ta face de limace amorphe et malheureuse.
Mais non... C’était Kurogane qui avait parlé.

— “Hein ?”
Elle s’était exprimée réellement, d’une voix inquiète, tombant tous les masques avec une innocence imprévue. C’était là, le moment de faiblesse, et au-lieu de l’attendre avec le respect qu’on devait à tous, Kurogane, qui en ce moment-là était ivre, l’avait provoqué.

Comme devant son miroir, Fay se mit à pleurer. Pleurer était un acte féminin, forcément, sinon Kurogane qui incarnait toute la virilité qui pouvait exister, pleurerait sans cesse. Pourtant, Fay avait honte de pleurer, et elle ne voulait pas encore le faire devant lui, comme c’était arrivé trop de fois déjà.
— “Pourquoi t- pourquoi tu fais toujours ça ?” articula-t-elle en respirant mal, en essayant d’arrêter les larmes en vain. “On dirait que tu fais exprès de... toujours tout casser !”

C’était incompréhensible mais elle jetait toute sa confiance à la figure de Kurogane. Pour elle, il comprendrait tout, ce ne serait pas lui autrement. Et il devait être conscient de cela : s’il cassait toujours tout, c’est évidemment parce qu’il le désirait, n’est-ce pas ?
Elle s’était redressée, assise à côté de lui, un peu de biais encore, un coussin sur ses genoux. Le coussin était pratique car il cachait ses jambes trop nues, et elle pouvait y poser ses coudes et soutenir sa tête déçue, en même temps.
Et puis il sentait le rhum à plein nez ; cela ne la dégoûtait pas, mais elle essayait de faire passer sa moue boudeuse de cochon, avec son nez retroussé et ses sourcils froncés, pour de l’irritation dûe à la bouteille. Elle la fixait, en déplaçant sa hargne sur ce petit corps de verre, car elle ne voulait pas se haïr elle-même, parce que ça voudrait dire qu’elle avait quelque chose à se reprocher.

[Bon, je me remets dans le bain, retourner dans la peau de Kurogane me fait tellement étrange ! En espérant que mon Rp ne soit pas trop illogique ou ridicule. T'façon, si y'a un problème tu me dis \o/]

Cela serait mentir que de dire que cette bouteille était la première. Ses yeux picotaient, sa gorge lui brûlait et il sentait ses jambes flageoler ainsi que son esprit s'embrouiller. Qu'il se serait évanoui sur le coup juste après avoir vomi n'aurait sûrement étonné personne ! Malheureusement, je pense que l'autre protagoniste aurait préféré cette solution à l'actuelle. En effet Kurogane avait des comptes à régler, d'une certaine manière (bien qu'il n'en était conscient qu'à un faible pourcentage.).
Fay était une incompréhension totale. Mais peut on être compris si l'on ne se comprend pas soit même ? Kurogane n'aimait vraiment mais vraiment pas du tout ne pas comprendre. C'était certainement la raison pour laquelle l'escargot l'énervait tant. Pourquoi était-il toujours souriant ? Pourquoi le harcelait-il ? Tant de questions … et maintenant pourquoi pleurait-il ? Quel était ce sentiment en lui à présent ? Le guerrier s'approcha d'un pas lourd, tentant de ne pas s'écraser au sol. Il regardait Fay droit dans les yeux, avec ses pupilles dilatées, et posa ses grandes mains sur les frêles épaules de la poupée. Si fragile.
Alors qu'il ou elle combattait les larmes pour lui poser une question, Kurogane laissa un temps de silence. On pouvait alors entendre le souffle combiné des deux personnage, l'un épuisé par son taux d'alcool beaucoup trop élevé et l'autre reniflant, jusqu'à ce qu'il murmure :

Nouveau silence.

Souffla l'homme ivre, laissant sa phrase en suspens. Kurogane par le pouvoir de l'alcool aurait perdu toute conscience de l'espace et du temps ? Ne reconnait-il pas le personnage en face de lui tantôt puéril, tantôt agaçant lui permettant parfois de se défouler ?

Fay était une incompréhension totale et Kurogane n'aimait vraiment pas ne pas comprendre.

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