Encore une fois, Emrys s'était levé tôt. Très tôt, même. Ça allait bien faire une heure ou deux qu'il était levé et lisait sans entrain un livre qu'il avait trouvé dans sa chambre, posé dans un coin. L'idée était de se lever en premier histoire d'avoir le temps de prendre sa douche sans risquer de se faire déranger, bien entendu, mais sans réveiller les autres pour autant-ça n'aurait servi à rien, sinon, ils seraient entrés lui demander de se taire. Or s'il y avait un endroit dans lequel bandages et larges chemises ne servaient à rien, c'était bien la douche. Difficile de cacher son corps quand il était nu, n'est-ce pas. Il s'était donc levé tôt, se félicitant de ne pas s'être couché trop tard, et avait pris une douche sommaire avant de ne se brosser les dents, de ne s'habiller et de se coiffer plus ou moins correctement, histoire d'avoir l'air présentable. Il avait, comme à son habitude, enfilé un T-Shirt trop large, noire et blanc, avec des manches courtes et une capuche noire. Pratique et pas gênant, en somme. Avec ça, un Jean des plus classique, ni trop large ni trop serré, et des converses noires et blanches on ne pouvait plus normales. Ses cheveux bruns étaient coiffés assez anarchiquement, comme à son habitude, et retombaient sans qu'il sache trop pourquoi un peu trop sur son œil gauche. Du coup, refusant de mettre des barrettes, il se retrouvait à sans arrêt repousser une mèche rebelle qui lui cachait la vue. Mais ce n'était pas grave, franchement..., qui aurait été se plaindre de sa coiffure, ici? Il y avait bien pire que lui, de toute façon. Le jeune homme se retourna une fois de plus dans son lit, allongé sur ses draps. On s'ennuyait vite, quand on ne voulait pas sortir de sa chambre avant un heure plus convenable. Mais honnêtement, entre sortir et risquer de croiser les fêtards qui allaient se coucher et attendre une heure ou deux à lire un livre passionnant sur la cuisine, il n'y avait pas photo : il lisait. Emrys mâchait un chewing-gum qu'il avait trouvé dans la poche de sa veste, et jetait de temps en temps un coup d'œil amusés à Bilboquet, son escargot rose, qui rentrait dans sa coquille à chaque fois qu'il revenait à la page consistant à déguster de délicieux escargots de Bourgogne.

Quand il fut aux alentours de sept heure, il se demanda s'il était raisonnable de penser qu'il pouvait sortir. Il questionna son AEA du regard, mais n'obtint comme toute réponse que le regard vide de sa coquille, le devinant en train de frissonner à l'intérieur, mortellement attristé d'avoir vu tout ces compères et camarades se faire cuisiner de la sorte par des barbares. Le jeune homme leva les yeux au ciel-enfin, au plafond...-ne sachant trop que dire, et croisa ses bras derrière sa tête. Bien. Que faire, maintenant? Il lança un regard circulaire à la pièce exigüe, sans trop réfléchir pour autant. Se vider l'esprit, ça pouvait être bien, aussi. Il enviait franchement ceux qui arrivaient à rire et à s'amuser sans être littéralement obsédé par leur ancienne vie. Lui, il n'y arrivait pas. La seule chose qui l'empêchait de vouloir empoigner un couteau et s'entailler les poignets était qu'il ne pensait pas pouvoir sortir en faisant cela. C'était un garçon un minimum optimiste, tout de même, et rationnel. La seule façon de sortir d'ici était de rester en vie, vraisemblablement. Moralité, il ne mourrait pas. Cette bonne décision prise il se leva en silence et descendit de son lit, posant les deux pieds au sol en même temps, sans alerter personne. Il fut pour prendre sa veste mais décida au dernier moment que ce serait inutile, l'abandonnant à son sort sur son lit. Le jeune Anglais mit Bilboquet dans sa poche, tapotant gentiment sa coquille, et ouvrit la porte en faisant le moins de bruit possible. Il s'agissait d'être discret. Non pas qu'il était en cavale ou quoi, mais s'il l'avait été il aurait au moins fait aussi attention. Qu'on ne le voit pas, qu'on l'oublie, et peut-être le laisserait-on sortir? Toutes les idées étaient bonnes à prendre.

L'anglais posa ses yeux bleus sur le corridor sombre et lugubre qui menait aux..., toilettes, et fit une légère grimace. Enfin, ça c'était avant de n'entendre un bruit en provenir, lui arrachant un haussement très net des sourcils et une interrogation muette de son escargot, qui avait passé ses antennes hors de sa poche. Il resta là, près du mur, inquiet de savoir qui ou quoi avait pu provoquer ce son étouffé, quand il crut voir, malgré la pénombre, quelqu'un en sortir. Il plissa légèrement les yeux, puis distingua clairement une jeune fille-en tout cas, ça y ressemblait-sauti..., oui, sautiller hors de la pièce en disant il-n'arrivait-pas-à-capter-quoi-elle-parlait-trop-mal. Et la vit, sans réagir, heurter le mur sur sa droite-donc sur sa gauche à lui, mais c'était sans importance.

Bon. D'accord. Il avait attendu qu'elle s'arrête et ne mange plus ses doigts, mais là..., il ne put retenir un rire amusé, qu'il étouffa tant bien que mal avec sa main droite. Eh bien, il aurait tout vu. Et maintenant qu'il avait commencé à rire, il allait avoir du mal à s'arrêter. Il réussit à se calmer à peu près, respirant doucement. Et regarda la jeune fille, et se remit à rire comme le pire des crétins.

Au bout de quelques secondes il réussit à se calmer suffisamment pour ne pas risquer d'en mourir et tenta de prendre un air sérieux-ce qui était passablement raté, mais que voulez vous? Il avait envie de rire, her-et toussota légèrement, peinant à s'empêcher de rire de nouveau.

«C'est pas drôle, hein», lança-t-il d'un ton à peu près convainquant avant de ne se remettre à sourire d'un air qui voulait dire tout le contraire.

Elle avait dû se faire mal. Ce n'était pas drôle. Mais à voir, comme ça..., Hm.

Lana avait l'impression d'être un feu d'artifice dont la mèche prenait un malin plaisir à retarder la détonation. Pendant une fraction de seconde, la jeune canadienne cru que ses yeux lui jouaient un mauvais tour! Comment penser autrement lorsque la désagréable impression qu'un spectateur de sa vie à légèrement abuser de la télécommende en enfonca la touche ''ralenti''. Comme si tout l'univers en entier décélérait à l'exception de sa personne. Ce qui donne une situation des plus énevantes. Déjà qu'attendre n'était pas une activité des plus amusantes... Alors attendre une fois que la curiosité avait été piquée... à croire que le jeune homme se fichait d'elle! Ah non...Elle était juste impatiente...

Mais allez! Plus vite!!!! Tu attends que je le fasses pour toi?!?!?!

Après un moment qui lui parru une éternité...Non deux éternités, Lana vit son interlocuteur extraitre sa main de sa poche. La dmeoiselle fronca aussi tôt les sourcils. Soit ce mec était vraiment attardé -sinon pourquoi trimbalerait-il des cocquillage dans ses poches?- soit il était incroyablement adoralbe - raison pour laquelle il aurait conserver un objet sans aucune valeur autre qu'émotionnelle. Faisant abstraction du petit gazouillit qui lui lui chatouillait les oreilles, Lana se pencha quelque peu sur la droit en essayant de bien voir se que venait de poser le jeune homme dans sa main. C'était quel genre de cocquillage ça? Quand son interlocutteur donna un petit coup sur l'objet, la demoiselle vit avec grand étonnement quelque chose de moue et apparamment visqueux en sortir. Lana papillonna des cils une bonne centaine de fois en se laissant presque hypnotisée par la couleur a-do-ra-ble qu'abordait la petite créature.

<< C'est mon AEA >> lui précisa-t-il en haussant légèrement les épaules, partant du principe que Lana savait de quoi il s'agissait.

Lana ne comprit pas tout de suite de quoi il parlait. AEA? Elle se souvenait bien d'avoir déjà entendue cet acronime...Mais où? Et quel en était la signification déjà? Alien Extra Agaçant? Astronaute Extrémiste Animalier? Asperge Eclectique des Apalaches? En y réfléchissant, Lana préférait ne pas essayer de trouver toute seule. Ses réponses étaient trop bizarre. Il était préférable qu'elle attende que la réponse lui revienne toute seule. Heureusement, elle n,avait pas étalée au grand jour toutes ses théories plus débiles les unes que els autres. Ainsi, elle conserverait le peu de crédibilité qu'on pouvait lui accorder.

Un escargot pour animal de compagnie? C'est...Originale. J'adore!

Sur cette pensée, la demoiselle afficha un sourire des plus adorable. On pouvait presque le comparer à celui d'une fillette s'émerveillant devant une chose tout à fait banale pour le reste du monde. Il fallait avouer que cette moue enfantine lui donnait un certain charme. Oui, Lana savait se montré intelligente- quand l'envie lui prenait-, aussi adorable et mignoe qu'une gamine -comme en se moment-, mais elle avait aussi la carte de la séductrice. Bein qu'elle en lui serve jamais entierrement, étant donnée qu'elle était emprisonnée et marquée au fer rouge du titre ''amie des garçons'', elle savait se montre séduisante, voir sexy, mais ne jouait jamais à la femme fatale. Il est donc facile de savoir qu'elle image elle projetait le plus souvent : L'adorable et amusante petite Canadienne.

<< Il s'appelle... >>

-Bilboquet, c'est Bilboquet.»
Les grand yeux bleus de la demoiselle virent leurs pupilles rétrécirent jusqu'à atteindre la grosseur d'un grain de poussière. Venait-elle d'entendre cet...Cet...Escargot parler?!?!?!?! NON! Elle doit avoir allussiner! Franchement! Pitié! Faites qu'elle en soit pas en train de perdre la boule!? Pas maintenant!? Pas déjà?!?! Lana était stoïque. Elle donnait très bien l'impression que d'avoir entendu ce..Bilboquet(?) parler était normale. On dirait presque qu'elle était intéressée par ce que dirait ce petit. Personne ne pouvait dire à quel point elle était troublée. Mais seulement parce que personne ne voyait ces yeux. Ces magnifiques et traites yeux dans lesquels tout le monde arrive à lire. Au moins, on ne peut pas lui reprocher de mentir....

« Oh, moi c'est Emrys. Enchanté, Lana. Tu allais quelque part en particulier, avant de t'éclater contre la porte? »

Lana eu toute la misère du monde à revenir à la réalité. Mais le fait que le jeune homme lui ait posé une question l'obligeait à fait des efforts. La politesse l'y obligeait. Elle se redressa donc lentement, le sourire en moins et permit ainsi au jeune hemme de constater le trouble qui l'avait envahie. D'un geste nerveux, elle replaça sa frange rebondie et secoua faiblement la tête.

Relaxe Lana. C'est un escargot qui parle...C'est pas la mère à boire! Ne leur montre pas que tu deviens folle. Ce mec trouve ça normale, alors fait semblent. Aller sourit! Et puis..IL est tellement mignon ce bilboquet! Allez! Au pire, tu t'en souviendras plus demain matin.

Sur ce, Lana inspira et sourit gentiment. Il était de retour son charmant sourire! Une fois prête a parler, la petite canadienne regarda à tour de rôle Emrys et Bilboquet. Elle préférait presque la petite créature. Même se ladite créature parlait et qu'elle n'était pas sencée le faire!

-J'allais nulle part...Ou partout. Ça dépends de la façon dont on voit les choses. Parce que comme j'ai pas de but précis où me rendre en ce moment, je vais me promener. Donc, je vais nulle part, tout en allant... partout?

En disant cela, la jeune femme se trouva bizarre. Pourquoi avait-elle dit cela? Ah! Oui! Elle ne réfléchit pas assez avant de parler! Et elle ne connait la gêne que lorsqu'elle nuit à quelqu'un. Donc bonjour les situations cocasses! Haussant les épaules, Lana tenta de faire un pas ou deux.

-Je sais, je suis bizarre, mais avoue que j'ai l'air sympa, blagua la jeune demoiselle. Eh bien... J'adore ton... A... AEA? Je te trouves super Bilboquet!

Sur ce, la demoiselle essaya de marcher sans avoir l'air d,une andicapée. Ce qui, vous vous en doutez, était loin d'être facile. Mais bon, impossible -n'est pas père noël- n'est pas un mot que Lana adore!

Emrys n'était pas là depuis très longtemps-bien moins que certains pensionnaires, en tout cas. Il ne connaissait pas bien les lieux, n'avait pas grande idée de ce qui se passait ici, n'avait pas le mérite d'avoir tenu plus d'un an ici sans avoir perdu la boule. Seulement même après le peu de temps qu'il avait déjà eu l'occasion de passer entre ces murs, il pouvait dire sans se tromper être..., blasé. Un tantinet, au moins. Ça ne lui semblait pas bizarre de parler avec un escargot rose, il acquiesçait simplement quand on lui déclarait venir d'une autre planète, et il ne trouvait pas plus anormal que cela de se demander, en regardant les autres, quel pouvait bien être leur pouvoir, tout en recherchant activement ce que pouvait bien être le sien. Dit comme ça, on se rendait vite compte du problème : il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour revoir entièrement sa façon de penser, pour admettre des choses qu'auparavant il n'aurait même pas imaginé. Après tout, l'anglais avait toujours été un garçon rationnel ; et il savait pertinemment que pour survivre, il fallait s'adapter. S'il avait regardé Bilboquet avec de grands yeux effrayés, le lançant plus loin à chaque fois qu'il était trop près, ou qu'il avait nié toute existence de pouvoirs ou d'autres mondes..., honnêtement, il ne serait pas allé bien loin. Or son but était bien de rester ici jusqu'à pouvoir sortir, non? Un peu comme tout le monde. Donc, il s'était 'habitué', plus ou moins, à toutes ces choses étranges qui allaient de pair avec ce grand pensionnat. Et, de fait, il avait tendance à ne plus trop juger utile d'expliquer quoi que ce soit, quand il croisait quelqu'un d'autre : il imaginait que si on rôdait ans les couloirs, on devait tout de même être plus ou moins au fait de ce qui se passait ici. Surtout quand, comme la jeune fille en face de lui, on avait pas l'air plus effrayée que ça. Si elle avait eu l'air méfiante et perdue, sans doute aurait-il imaginé plus facilement qu'elle pouvait être fraichement débarquée. Peut-être aurait-il pris le temps de lui expliquer ce qu'était un AEA, avant de lui mettre le sien devant le nez comme ça, de but en blanc.

En tout cas, c'est ce qu'il se dit en la voyant redresser la tête, l'air passablement..., perturbée. Troublée, peut-être? Quelque chose de cet ordre là. Le jeune homme aux cheveux bruns haussa un sourcil, intrigué, l'air de se demander ce qui n'allait pas. Mis à part bien entendu que son escargot venait de lui adresser la parole, bien sûr. Il était tellement habitué à entendre les gentilles divagations de son AEA qu'il n'avait même pas pensé, à vrai dire, qu'elle pouvait ne pas savoir-ou ne pas avoir compris-que leurs 'animaux de compagnie', en quelque sorte, étaient dotés de la parole. Et d'une certaine forme d'intelligence, donc. Elle n'avait pas l'air non plus prête à s'évanouir, aussi ne jugea-t-il pas utile de la couper pour tout lui expliquer en détail, ni même pour lui demander depuis quand elle était là, ou ce qu'elle savait de ces gentilles petites créatures. En tout cas, à la tête qu'elle avait fait, il n'avait pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'elle n'avait pas trouvé le sien. Elle devait bien en avoir un, ils en avaient tous un. Les pensionnaires. Elle en était une, elle en avait un. Aussi simple que ça. La demoiselle avait retrouvé son sourire, et s'apprêtait visiblement à répondre à sa question. Enfin, la logique voulait qu'elle le fasse, en tout cas.

-J'allais nulle part...Ou partout. Ça dépends de la façon dont on voit les choses. Parce que comme j'ai pas de but précis où me rendre en ce moment, je vais me promener. Donc, je vais nulle part, tout en allant... partout?

Emrys sourit en l'entendant répondre. Drôle de réponse, s'il en est. Elle allait nulle part tout en allant partout? Bien. Plus clair, on ne faisait pas. Ce qu'il en comprenait était que comme elle le disait, elle n'avait pas de but précis et..., marchait au hasard? Uh. Chacun son truc, hein. Il lui arrivait lui-même de marcher sans trop savoir où il allait, bien qu'il n'aurait jamais fourni ce genre de réponse si on lui avait posé la même exacte question.

-Je sais, je suis bizarre, mais avoue que j'ai l'air sympa. Eh bien... J'adore ton... A... AEA? Je te trouves super Bilboquet!

Elle essayait de marcher mais, honnêtement, 'peux mieux faire'. C'était ça de se cogner violemment, aussi ; ça avait l'air tout bête, comme ça, mais ça faisait un vrai mal de chien. Emrys avait laissé Bilboquet remonter le long de sa manche, et leva les yeux au ciel quand il s'installa sur son épaule, déclarant que 'Elle a bon goût, c'est sûr' d'un air convaincu. Parfois, il se maudissait d'avoir imaginé cette petite bestiole. D'autant plus que sa petite voix et sa couleur faisaient nettement penser à une fille, alors qu'il était clair que Bilboquet était un garçon. Her, ce n'était pas son Alter Ego pour rien, hein. Parfois, il aurait aussi préféré qu'il soit muet, ou ait une voix suffisamment forte pour être vraiment claire. C'aurait été mieux que cette petite voix des plus agaçantes, de toute manière.

«Originale, je dirais, répondit Emrys avec un sourire un coin. Mais je suis pas sûr que tu puisses aller partout et nulle part si tu marches comme ça. Tu crois que tu vas réussir à marcher sans boiter?»

Il laissa s'écouler une brève seconde, puis désigna Bilboquet du pouce, toujours fièrement installé sur son épaule. Pour une fois qu'il sortait de sa poche, il semblait bien décidé à en profiter.

«Oh, je suis sûr qu'il t'adore aussi, répondit-il d'un ton sarcastique, sachant pertinemment que son petit ami à coquille adorait quiconque lui faisait un compliment. Désolé, j'étais persuadé que c'était le cas, mais..., tu sais ce que c'est, un AEA, au moins?»

Tiens, maintenant qu'il y pensait, Emrys avait surtout rencontré des filles, depuis son arrivé au pensionnat. Non pas qu'il avait quelque chose contre les filles, bien sûr ; simplement qu'en général, comme tout garçon de son âge, il se faisait plus simplement des amis parmi la gente masculine. Étrange. Bon, pour ce que ça valait, il était enfermé dans un pensionnat étrange, rempli de personnes toutes plus étranges les unes que les autres, dans un cadre étrange, avec des pouvoirs étranges et des bestioles étranges. Moralité, vu le nombre de fois où revenait le mot 'étrange' dans cet état de fait, ce n'était qu'une bien mince anormalité qu'il ait côtoyé plus de filles que de garçons jusque là. Et puis ce n'était pas très grave, il appréciait aussi les demoiselles, de toute façon. D'une manière différente, certes, mais il les appréciait aussi. Il se voyait mal entouré de dix filles à discuter de tout et de rien, d'accord ; mais ponctuellement, elles savaient se montrer bien plus agréable ou perspicaces que les garçons-même moins casse-pied, parfois. Tant qu'elles n'étaient pas trop perspicace, de son côté, ça lui était bien égal. Il n'aurait plus manqué qu'elles découvrent ce qu'il cachait, tiens ; il ne savait même pas ce qu'il aurait fait.

C'est sur cette dernière pensée, légèrement crispé, qu'il tenta de rassembler toute son attention sur le problème du moment : à savoir, la petite jeune fille aux yeux bleus. Elle avait mal au pied et ne savait pas ce qu'était un AEA. Enfin, il imaginait. Peut-être le savait-elle, et avait-il simplement mal interprété? Tant qu'elle ne pensait pas qu'il la prenait pour une imbécile, ce n'était pas très grave. L'erreur est humaine, comme on dit-quoi que ce dicton, ici, aurait pu être assez mal pris. En tout cas, elle n'avait pas l'air de savoir ce que cela voulait dire. A priori. D'ailleurs, il ne l'en aurait pas blâmé ; peut-être ne l'avait-elle même pas encore retrouvé, son AEA? Ça aurait expliqué son air incrédule devant ce charmant Bilboquet, n'est-ce pas. Si elle avait retrouvé un ancien ami imaginaire, et qu'il lui avait adressé la parole, voir un escargot rose communiquant comme tout le monde ne lui aurait absolument pas paru étrange. Peut-être même aurait-elle été avec son animal? Il n'aurait su le dire. Mais ça ne servait à rien de conjecturer, elle allait bien lui répondre un jour ou l'autre. Et en effet, après un léger rire, elle lui répondit.

-J'en ai pas la moindre idée...J'ai beau essayer des trouver par moi-même, je trouve que des trucs idiots... Alors, c'est quoi un ''AEA''?

Ouais. Il s'en doutait. Comme il se l'était dit précédemment, rien de bien étrange à cela. Lui-même avait trouvé Bilboquet assez rapidement, s'en était souvenu sans le moindre problème et avait admit son existence au bout de peu de temps, l'emmenant avec lui à peu près partout où il allait. Il n'était jamais venu à l'esprit de l'anglais aux yeux bleus qu'il pouvait en être différemment pour les autres, mais..., peut-être qu'on ne le trouvait pas obligatoirement dès le début? Et peut-être qu'on mettait même un certain temps à se rendre compte de son existence? D'ailleurs, était-il possible que l'on ne rencontre jamais son AEA, ou qu'on ne lui prête quasiment aucune attention? Ces questions se formèrent dans l'esprit embrouillé du jeune homme en quelques secondes seulement, et il les chassa aussi rapidement. Si bien que de l'extérieur, il avait simplement acquiescé en silence, et haussé vaguement les épaules, tout en se demandant pourquoi elle regardait ce cher Bilboquet avec tant de tendresse. Si elle le voulait il lui donnait volontiers, franchement!

«Un AEA, ça veut dire 'Alter Ego Astral', d'abord. Pour faire court, c'est un ami imaginaire que tu t'es crée étant plus jeune. Et que tu aurais oublié en grandissant, évidemment. Je ne sais pas trop pourquoi, mais apparemment quand on entre ici, ils reviennent et on peut les voir, leur parler.»

Il laissa s'écouler quelques courtes secondes, mâchant négligemment-mais pas vulgairement-son chewing-gum, histoire de lui laisser le temps d'intégrer ce qu'il venait de lui dire. C'était inscrit sur le panneau d'affichage, quoi que ce n'était pas franchement clairement défini, mais il avait toujours du mal à donner une définition claire de ces petites-ou carrément grosses-bêtes. Surtout que ça l'obligeait à admettre, d'une façon ou d'une autre, qu'étant plus jeune il s'était imaginé en tant qu'ami un escargot rose. Facile à expliquer, mais il n'y tenait pas. Autant dire carrément qu'il se travestissait, dans ce cas. Et franchement? Pas envie. En tout cas, il espérait qu'elle allait le croire, et pas penser qu'il se moquait d'elle au plus haut degré. Il aurait eu du mal à inventer un truc pareil, de toute façon.

«En gros, tu en as un aussi, ajouta-t-il au bout d'une ou deux secondes de silence. Tu ne l'as pas encore trouvé?»

«Un AEA, ça veut dire 'Alter Ego Astral', d'abord. Pour faire court, c'est un ami imaginaire que tu t'es crée étant plus jeune. Et que tu aurais oublié en grandissant, évidemment. Je ne sais pas trop pourquoi, mais apparemment quand on entre ici, ils reviennent et on peut les voir, leur parler.»

Un quoi? C'est une farce?...

Lana fronça les sourcils quelques secondes. Un ami imaginaire...Elle avait pas passer l'âge? Euh...En y réfléchissant, non. Elle avait encore l'esprit tout à fait réceptif pour ce genre de choses! Ne serait-ce que parce qu'elle avait pensé à lui dans les dernières minutes. Mais aussi parce qu'elle se l'imaginait très bien! La dernière fois qu'elle avait joué avec lui était d,une fraîcheur incroyable dans sa mémoire. Et comme elle l'avait créé d'une manière presque narcissique! Oui! Elle se souvenait très bien de la ressemblance troublante qu'il y avait entre Léon et elle. Sa copie conforme en version masculine. Du moins, partiellement. ..Parce que contrairement à elle, Léon se transformait en loutre. L'animal préféré depuis toujours. Ah...Comme elle avait pu aimer passer ses journée à courir, croyant fermement qu'il y avait quelqu'un qui la poursuivait. Et il y avait bien quelqu'un..C'était Léon. Seulement, ce quelqu'un n'existait que pour elle... Bien vite la petite avait dû se rendre compte que jouer toute seule, c'était bizarre. Mais à cet âge Lana n'avait pas encore se rêve de quitter la normalité. Évidemment, à cet âge là, Lana n'était pas encore condamnée à demeurer l'ami des mecs... Oui, à cet âge là, elle rêvait encore de devenir une reine de beauté ou encore une princesse...Non. Plus une pilote de chasse ou une joueuse de foot professionnelle. C'était le bon temps, quand rien n'a d'importance, mis à par la joie. Somme nous réellement obligés de grandir?

Bien vite, Lana s'aperçut qu'elle n'avait d'autres choix que de croire que tous les habitants du pensionnat avait retrouvé leurs amis imaginaires. Après tout, plus elle s'entêterait à tout nier, moins la vie ici serait facile.Déjà qu'elle avait vu Beast se transformer en tigre et qu'elle avait joué avec ce dernier sur une scène incroyable devant une foule imaginaire. Après ça, comment pouvait-elle faire comme si tout était normale ici! Au moins, le truc sur l'ami imaginaire, ça avait l'avantage de lui assurer une excellente compagnie pour le reste de son emprisonnement. Ah Léon....

«En gros, tu en as un aussi, ajouta-t-il au bout d'une ou deux secondes de silence. Tu ne l'as pas encore trouvé?»

-Non, pas encore. Je n'ai rien croisé depuis mon arrivée qui puisse ressembler à un Léon...

Okay..Sur le coup, sa réponses pouvait paraître vraiment bizarre. Surtout le nom qu'elle avait prononcer à la fin de sa phrase. Ce qu'il était laid! Aller savoir pourquoi, quand Lana avait demander au petit garçon qui lui ressemblait comment il s'appelait la seule chose qu'il avait répondu était ''Léon''. C'est bizarre. Pourtant, comme il sortait de l'imaginaire de la petite, on se serait attendu à un nom reflétant ses origines. Mais non...À croire, qu'inconsciemment, Lana trouvait ce nom si particulier qu'elle avait tenu à le donner à son meilleur ami à vie. Emrys venait de semi une graine dans l'esprit de la canadienne. Un désir. Lana ne le savait pas encore...Mais un désir immense venait de naître en elle. Le désir démesuré de retrouver Léon. Si tout le monde y avait droit...Elle en profiterait avec joie! Ne serait-ce que pour avoir une adorable petite chose à serrer dans ses bras pour dormir. Ou une petite bête toute mignonne avec laquelle prendre son bain. Oui! Définitivement, elle devait retrouver son ami imaginaire! Alors que les deux jeunes gens entretenaient une discussion, un petit bruit lent mais constant se répétait encore...encore..et encore. Il s'agissait de bruit de pas. Bien entendu, ils étaient si discret que ni Lana et Emrys n'avait sut le déceler. Sans doute que celui qui s'aventurait en leur direction tentait de se montrer discret. C'était très réussi! Il fallut encore quelque secondes d'ailleurs avant que Lana ne puisse s'apercevoir que quelqu'un était en approche. En fait...Ce ne fut que lorsqu'elle voulue prendre la parole que les bruits de pas se firent très clairs et présents. La jeune femme tenta d'en faire abstraction. Mais elle ne réussit qu'à moitié. C'est donc en alerte de la moindre apparition que Lana pris la parole pour la seconde fois en moins de dix secondes.

-Tu crois que Léon est un nom convenable pour un ami imaginaire? Est-ce que nos amis nous en veulent de les avoir oubliés? SI oui, je préfère avoir du temps pour me préparer avant ma rencontre avec le mien..Je supporte pas de faire souffrir les autres. Même s'il sort de mon imagination... Il va m'en vouloir tu crois que l'avoir mit au placard pour des amis réels?


Étrangement, Lana semblait réellement inquiète ne serait-ce qu'il soit probable que son ami imaginaire soit fâché contre elle.

Elle avait l'air sceptique. Oh, il la comprenait ; il n'y avait rien d'anormal à ce qu'elle trouve cela bizarre, au premier abord. C'était même assez rassurant, d'un certain côté. Avaler comme ça, sans se poser des questions, aurait été..., et bien, bizarre. On ne pouvait pas croire des choses si invraisemblables comme ça, n'est-ce pas? Enfin, il ne pensait pas que c'était possible, en tout cas. A moins qu'on ne soit soi-même étrange, ou qu'on ait absolument tout vu dans sa vie, et donc des choses bien plus étranges qu'un ami imaginaire, peut-être. Ça se tenait. Elle n'avait pas l'air d'avoir envie de se mettre à rire et de lui demander ce qu'il avait fumé, donc ce n'était pas si mal. Pour ce qui était du reste..., il ne savait pas du tout où pouvait bien se cacher son AEA. Comme il l'avait dit, il avait très rapidement trouvé le sien, et ne l'avait plus vraiment perdu de vue depuis ; moralité, il ne savait pas du tout dans quel gendre de situation se trouvait la petite demoiselle en face de lui. Durant un court instant, il se demanda même si elle en avait réellement un. Après tout, peut-être que certains n'en avaient pas? Ou était-ce une règle tacite pour entrer dans ce maudit pensionnat? Il n'en savait rien, rien du tout. Mais en tout cas, il ne voulait pas qu'on le croit fou. Il allait vraiment finir par le devenir, sinon, il en était intimement persuadé. Alors si elle avait bel et bien un ami imaginaire-et elle devait en avoir un, mince!-il aurait été très sympathique de se montrer à elle sous peu. Histoire qu'elle ne revienne pas le voir dans quelques jours en lui clamant qu'elle n'avait rien vu de tel et que franchement, il devrait arrêter de raconter n'importe quoi pour s'amuser.

-Non, pas encore. Je n'ai rien croisé depuis mon arrivée qui puisse ressembler à un Léon...

A un..., hein? Un Léon? L'incompréhension dut clairement se lire sur le visage fin de l'Anglais, qui haussa les sourcils en guise de toute réponse. Un Léon. C'était un prénom, Léon, pour ce qu'il en savait. A moins que là d'où elle vienne, où que ce soit, les 'Léons' étaient des animaux comme les lapins l'étaient chez eux? A cette idée, il ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils, sceptique. Ouais. Ça sonnait bizarre, quand même, comme race d'animal, ça. Il ne voulait même pas savoir à quoi ces bestioles pouvaient ressembler, si elles existaient bien quelque part dans son monde ou dans un autre. Il aurait pu lui poser la question mais, comme à son habitude, il s'abstint. La curiosité, ce n'était pas son truc. L'indiscrétion encore moins. Il était partisan de l'idée qui voulait que, de toute façon, les réponses venaient d'elles-même quand on attendait suffisamment. Évidemment, cela signifiait s'imaginer mille et une choses en attendant, mais ce n'était pas un problème ; il savait mettre un frein à son imagination, et il venait de le faire concernant cette histoire de Léon, balayant toutes ses idées loufoques d'un revers de manche. Et puis Léon, ça pouvait tout aussi bien simplement être le nom de son ami imaginaire, après tout. Cette explication était moins amusante et fantaisiste qu'une race d'animal inconnue ou étrange, mais elle avait le mérite d'être plus vraisemblable. Ce n'était pas le concours des explications les plus idiotes, non plus...

Quand Lana voulut reprendre la parole, il ressentit une explicable poussée d'inquiétude infondée monter en lui, se crispant légèrement. C'est à peu près à ce moment là qu'il crut entendre des bruits de pas. Uh? Il y avait quelqu'un d'autre qu'eux, ici? Ce n'était pas vraiment étonnant, après tout ils étaient nombreux dans ce pensionnat. Ca pouvait très bien être un pensionnaire venant dans le coin ou ayant tout simplement été dérangé par leur discussion, pour ce qu'il en savait. Quand on cherchait bien, il y avait toujours des explications très commodes aux choses les plus bizarres. Et en l'occurrence, l'esprit terriblement cartésien du jeune homme venait de rationaliser les bruits de pas en leur donnant l'explication la plus simple. Même s'il restait étrangement inquiet, et que ça le frustrait terriblement de ne pas savoir d'où venait cette brusque inquiétude. Il n'avait pas de quoi être inquiet, vraiment. Ça devenait agaçant, de ne pas savoir pourquoi il ressentait ceci ou cela. Réellement.

-Tu crois que Léon est un nom convenable pour un ami imaginaire? Est-ce que nos amis nous en veulent de les avoir oubliés? Si oui, je préfère avoir du temps pour me préparer avant ma rencontre avec le mien..Je supporte pas de faire souffrir les autres. Même s'il sort de mon imagination... Il va m'en vouloir tu crois que l'avoir mit au placard pour des amis réels?

La première réponse, très spontanée, d'Emrys, fut un 'euuuuuh...' d'une grande délicatesse résumant à peu près ce qu'il avait pensé des nombreuses questions de la jeune fille aux magnifiques yeux bleus-qui elle aussi semblait légèrement inquiète, tiens. C'était fou, ce que certains avaient une capacité à enchaîner leurs paroles sans reprendre leur respiration. Même si elle ne battrait jamais la japonaise à la crinière flamboyante qu'il avait croisé peu après son arrivée. Non, il ne pensait pas qu'on pouvait parler plus vite et plus longtemps qu'elle. A croire qu'elle n'avait pas besoin de remplir ses poumons d'air de temps à autre. Complètement dingue, quoi.

«Eh bien..., Léon, c'est bien, j'imagine, répondit-il en lançant un regard interrogateur à Bilboquet, sur son épaule, qui n'avait pas l'air de trop savoir quoi en penser non plus. Le mien n'a pas eu l'air de m'en vouloir des masses, mais je pense que ça dépend de son caractère, après.»

Une seconde de reflexion, puis il passa sa main dans ses cheveux en bataille, un sourire rassurant sur ses lèvres.

«Mais tu sais, je suis sûr qu'il t'en voudra pas, hein. C'est normal de l'avoir oublié en grandissant, c'est un peu le cas de tout le monde. Il peut pas t'en vouloir pour ça.»

Maintenant, il n'y avait plus qu'à espérer que ledit Léon ne lui en voudrait réellement pas. Ça avait l'air de lui tenir à cœur, cette histoire qu'il ne soit pas fâché contre elle. Il eut été triste qu'il lui tienne rigueur de son oubli ; d'autant plus que comme il l'avait dit, c'était tout à fait normal. C'était au contraire toujours parler avec un ami imaginaire une fois adolescent qui aurait été inquiétant, à ses yeux. Cela aurait démontré soit d'un retard mental, soit d'une solitude extrême. Dans les deux cas, c'était terriblement triste.

En tout cas, il était curieux de savoir à quoi pouvait bien ressembler son 'Léon'. Avec un nom pareil, toutes les hypothèses étaient permises ; les plus normales étant bien sûr chien et chat. Pourquoi pas un ours, un lynx, un lapin, un hérisson...? Ça pouvait être n'importe quoi.

{Désolée pour le retard. Panne d'inspi généralisée.^^'}

Lorsque le jeune homme lui donna son avis au sujet du nom qu’elle avait donné à son premier amide sexe masculin, Lana fut amusé. On aurait dit qu’Emrys avait donné son opinion de façon diplomate en ne lui disant pas qu’il adorait ni qu’il trouvait carrément ridicule le nom qu’elle avait choisit lorsqu’elle était toute petite.Mais il faut avouer que Léon….C’était laid. Léonard passe encore, ça donne un effet renai…Renaissa…Renaissanesque(?) renaissancequesque ( ?), mais Léon….C’était tout juste si ça ne sonnait pas comme une erreur de diction ! Oui ! C’est ça ! ‘’Léon’’, ça ressemble vaguement au son qui peut sortir de la bouche d’un très jeune enfant qui tente de prononcer le mot ‘’lion’’.Mais oui ! Allez ! Un peu d’imagination s’il vous plaît ! Dois-je vraiment tout faire moi-même ? Parce que c’est un peu compliqué là. Je ne peux pas m’immiscer dans votre tête pour vous faire une imitation ! En y réfléchissant, Léon, c’est plus que laid.C’est monstrueux ! Du pays d’où vient Lana, si un enfant est nommé ainsi,c’est bien parce que ses parents ne l’aiment pas ! Mais à quoi avait-elle put bien penser !? C’est presque aussi terrible que d’être baptisé ‘’Huguette’’ou ‘’Fernande’’. C’était évident, Lana allait se retrouver avec un ami imaginaire hystérique assoiffé de vengeance pour la simple raison que, plus jeune, elle l’a affublé d’un nom grotesque. C’était décidé ! Elle ne voulait pas le revoir ! Non !

«Mais tu sais, je suis sûr qu'il t'en voudra pas, hein. C'est normal de l'avoir oublié en grandissant, c'est un peu le cas de tout le monde. Il peut pas t'en vouloir pour ça.»

-Peut-être pas pour ça, mais en y réfléchissant, je ne crois pas que…


La demoiselle se fit interrompre par l’apparition d’un jeune homme. Ce dernier venait de bifurquer dans le petit couloir où se trouvait Emrys et la demoiselle. Il était mignon, assez agréable à regarder en faite. Il était grand, les cheveux d’un noir plus opaque que celui de l’encre de chine, un teint aussi pâle que celui de la jeune femme et un immense regard bleu qui semblait fixé sur une seule chose : Lana. C’était d’ailleurs pour ça que la jeune femme c’était tue. Sinon, elle n’aurait fait que sourire au nouveau venue et aurait poursuivit sa réponse. Mais non. Le regard si concentré qui s’était posé sur elle l’avait quelque peu incommodée. L’inconnu portait un pantalon noir, une chemise blanche ressortie dont les premiers boutons n’étaient pas attachés, une cravate rougeâtre dont le nœud pendait très loin de la gorge et un veston aussi noir que pantalon. Le tout accompagné d’une ceinture dont la boucle avait été recouverte d’une couche de laque bleue ainsi que d’une paire de convers blanche et rouge- le même que celui de la cravate. Il était évident que le jeune homme se dirigeait vers les deux jeune gens et surtout sur la demoiselle.Celle-ci avait d’ailleurs inconsciemment fait quelque pas de recule tout en gardant ses yeux rivés sur le prédateur en approche. Lorsque le jeune homme passa à côté d’Emrys et Bilboquet, son regard changea. Comme si en passant près de son nouvel ami, l’inconnu avait subitement changé d’état psychologique. Soit il était skyzophrène, soit durant son approche il avait essayé de se concentrer pour trouver quoi dire une fois devant elle. Quoi qu’il en soit, la demoiselle semblait retenirson souffle, comme si elle attendait quelque chose de terrible. L’étranger c’était arrêté à quelques centimètres d’elle et devait pencher la tête pour la regarder dans les yeux. Là, à sa merci, Lana abordait une mine craintive qui donnerait à tout être pourvue d’un cœur fonctionnelle l’irrésistible envie de la prendre dans leurs bras pour la consoler. Ce ne fut qu’au moment où l’on aurait cru qu’elle allait se mettre a pleurer que l’inconnu pris la parole.

-J’en ai assez que tu m’ignores princesse ! Ça fait presque une dizaine de fois que tu me croises, je suis pas pour attendre cent ans avant que tu m’adresses la parole.D’accord, ça fais longtemps que tu m’as vu, mais ça commence à bien faire !Rappelles-toi de moi et plus vite que ça !!!

Le ton du jeune homme avait fait sursauter la jeune femme qui baissa aussi tôt la tête. Elle avait l’impression que…Non, elle savait que l’inconnu était en colère contre elle et elle détestait ça. Les gens malheureux la rendaient triste et encore plus ceux qui perdait leur bonne humeur par sa faute. Elle joignit les mains telle une enfant qui se fait gronder et pinça les lèvres pour s’empêcher de pleurer. Elle avait horreur qu’on lui parle ainsi. Encore heureux qu’il n’ait pas crié, là, Lana aurait fondu en larme à coup sur.
En la voyant faire cela, le jeune homme pris un air de panique et fit quelque pas de recule.

-Non, non ! Ne pleur pas ! S’il te plais ! Je...Je…

Oui, l’étranger semblait dépassé par les évènements, comme si le fait que Lana pleur était la pire catastrophe que le monde ait porté. Inquiet, il se retourna vers le jeune homme et son escargot – qu’il avait ignoré jusque là- à la recherche d’une aide quelconque. Il fallait qu’Emrys vienne à son secours !
Un air piteux sur le visage, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha d’Emrys et, après un regard suppliant à l’escargot, lui demanda de l’aide.

-Fais quelque chose !Faut pas qu’elle se mette à pleurer !

Stressé et impuissant, le jeune homme se retourna vers la demoiselle. Il se passa brusquement et nonchalamment les mains dans les cheveux puis sur le visage.Entre temps, Lana avait croisé les bras- en posant sa main droite sur l’épaule gauche et la gauche sur l’épaule droite- comme pour se protéger des paroles qui risquaient de revenir pleuvoir sur elle. De petites secousses avaient pris possession de son corps, signe qu’elle n’était pas prête de retrouver le sourire qui habitait continuellement son visage.

-Allez princesse…Faut pas pleurer. Les jolies filles n’ont pas le droit de pleurer, par respect pour les moches. Je m’excuse, mais pleure pas, okay ?

En entendant cela, la demoiselle releva la tête. Sans savoir pourquoi, cette phrase lui semblait étrangement familière. Elle ne savait pas si elle devait être flattée qu’il la considère comme un ‘’jolie fille’’ ou alors outrée par le fait qu’il insinue que c’est normales pour une fille laide de pleurer et que donc personne ne se souci de leur bonheur. Quoi qu’il en soit,elle fut à moitié soulager de voir que l’inconnu souriait. Sans doute le fait de la voir relever la tête tout en cessant de se laisser malmener par des sanglots étouffés l’avait rassuré. Qu’est-ce que Emrys allait penser d’elle après tout ça !?

Quand Lana s'interrompit, Emrys lui lança un regard interrogateur. L'air de se demander si elle ne voulait pas finir ou avait eu un bug en cours de route. Puis suivit tout simplement son regard, et posa à son tour ses yeux bleus sur le nouveau venu. Ah. Eh bien, quoi? L'anglais dévisagea le garçon qui se tenait au bout du couloir, puis alterna entre lui et la jeune femme. Bien, ils se fixaient. Pour un peu, il aurait cru qu'ils se connaissaient. C'était l'impression que cela donnait, d'ailleurs : qu'ils se connaissaient. Un peu comme si elle avait été en train de marcher dans la rue et qu'elle s'était arrêtée, interdite, en reconnaissant une très vieille connaissance. Pourtant, à son regard, il n'aurait su dire si elle le connaissait ou pas. Il y avait comme un air de famille entre eux, tiens. Mais pour quelqu'un qui, comme Emrys, voyait des ressemblances entre à peu près tout le monde sur terre, ça n'avait aucune valeur. Les visages, il avait toujours eu du mal. En tout cas, ce type-qui qu'il soit-venait vers eux. Ou alors il comptait passer à côté d'eux tout en dévisageant la jeune femme tout du long, mais c'était peu probable. Ce qui était sûr était que pour sa part, il n' avait jamais vu cette personne de sa vie. Il jeta un regard perplexe à Lana, mais elle était visiblement trop absorbée par le jeune homme aux cheveux noirs pour y prêter une quelconque attention ; le silence s'était installé dans le couloir, et c'était pesant. Surtout que l'anglais aux cheveux bruns se sentait un peu bête, dans cette histoire : il avait l'impression de ne pas comprendre ce qui se passait, d'être en dehors de la bulle qui venait de se créer. Et c'était frustrant, clairement. Il aurait aimé la secouer pour comprendre ce qui se passait avec cet inconnu, mais ne tenait ni à se faire incendier ni à rompre un tel moment de communion silencieuse. Il y avait des moments, comme ça, où le silence semblait impossible à briser. Presque plus présent que le bruit. Lourd. Il marchait, tranquillement, solennellement presque, et plus il s'approchait plus Emrys sentait une sorte de crainte sourde l'envahir. Comme si la présence de cette personne lui inspirait des sentiments confus, qu'il était en tort et allait se faire réprimander. Ce qui n'était pas le cas, c'était ridicule. Mais après un bref coup d'œil au visage clair de la demoiselle, il put en déduire qu'elle était dans la même situation. Bilboquet, en revanche, semblait des plus serein. Presque trop serein, même. Il ne l'avait jamais vu aussi silencieux. Comme s'il respectait le silence, lui aussi.

-J’en ai assez que tu m’ignores princesse ! Ça fait presque une dizaine de fois que tu me croises, je suis pas pour attendre cent ans avant que tu m’adresses la parole. D’accord, ça fais longtemps que tu m’as vu, mais ça commence à bien faire !Rappelles-toi de moi et plus vite que ça !!!

Les yeux d'Emrys s'agrandirent autant qu'ils pouvaient le faire. D'accord. Donc ce type venait là, se plantait devant Lana et la réprimandait. Il hallucinait. S'il était perdu tout à l'heure, il se sentait encore plus largué, maintenant. Peut-être qu'ils se connaissaient, mais c'était pas spécialement une raison pour lui parler sur ce ton, franchement! Enfin, il ne savait pas qui il était, ni pourquoi ils se connaissaient, ni..., rien, en fait, mais tout de même. Le petit escargot rose, toujours sur son épaule, semblait acquiescer ses parole. Constatant cela, le jeune homme fronça les sourcils et lui lança un regard noir, qui ne reçut comme toute réponse qu'une sorte de sourire des plus agaçant. Il se sentait mal pour elle, en tout cas-au sens propre du terme, il se sentait vraiment mal. Elle avait l'air au bord des larmes, et lui-même dû se mordre la langue pour chasser cette sensation de tristesse sans fondement qui s'était emparé de lui. Emrys, l'aimant humain. Il aurait eu dû monter un spectacle, avec son émotivité à fleur de peau. Il aurait eu un succès fou.

Ah, c'était bien le moment de ne pas vouloir qu'elle pleure, après l'avoir rendue triste par sa faute. Il fallait savoir ce qu'il voulait, à la fin. Après avoir parlé, l''inconnu se retourna vers lui-eh oui, il existait, maintenant-l'air plus ou moins..., embarrassé. Triste. Bref. Pas bien, en tout cas. Il crut intercepter un regard suppliant en direction de Bilboquet, et haussa un sourcil.

-Fais quelque chose !Faut pas qu’elle se mette à pleurer !

…, faire quelque chose. Bien sûr. Il savait exactement quoi faire pour ne pas qu'elle pleure, il la connaissait par cœur. C'est vrai, après tout ils se connaissaient depuis plus de quelques minutes, et il avait eu le temps de lui poser mille questions. Plus sérieusement, il n'en revenait toujours pas. Moralité il ne fit que cligner bêtement des yeux, regardant Lana et l'inconnu sans trop savoir quoi faire.

«Emrys, faire quelque chose? Ce serait bien la première fois!»

Au moins, cela eut le don de faire réagir la travestie, qui lança un 'Ta gueule' très poli à l'attention de son AEA. Pendant ce temps, les deux personnes près de lui semblaient avoir trouvé un terrain d'entente-ou quelque chose y ressemblant-puisqu'elle semblait se porter un peu mieux et que lui souriant. Bon. Il faisait quoi, maintenant, hein? Pas rester là, planté comme un piquet à ne rien faire. C'était dans ces moments là qu'il aurait eu besoin de quelqu'un pour lui mettre une claque, histoire de le réveiller et de le faire réagir. Finalement il fit quelques pas vers Lana et posa sa main sur son épaule, la pressant gentiment entre ses doigts.

«Il a raison tu sais, c'est pas la peine de pleurer. Tu vois, il s'excuse, t'as pas de quoi t'en faire. Il pensait pas ce qu'il a dit, il t'en veut pas vraiment. Non?»

Ca, c'était à l'autre de le confirmer. Il jeta un regard perplexe à 'Il', justement, cherchant péniblement à rassembler le peu qu'il avait compris de la situation. C'était très embrouillé, pour l'instant-doux euphémisme pour dire qu'il ne comprenait rien du tout.

«C'est pas difficile de se souvenir. Même lui a réussi, c'est pour dire.»

Fut la remarque très intelligente de Bilboquet, qui s'amusait à enrouler ses antennes l'une avec l'autre. Emrys n'ajouta rien, se contentant de sourire à la jeune fille. Pour l'instant, tant qu'elle arrêtait d'avoir l'air si effrayée et triste, ce serait déjà ça de pris.

Quand Bilboquet pris la parole, il ne fallut pas de temps à la demoiselle pour sourire. Ne serait-ce parce qu’il avait poussé Emrys à lui sommer de ‘’fermer sa gueule’’. Le sourire de la jeune femme se refléta bien vite sur le visage du jeune homme lui ressemblant. À croire que les émotions de la petite canadienne influençaient grandement celles de cet inconnu. Puis, lorsque l’adorable petit escargot entrepris un autre discourt. Celui-ci se voulant plus rassurant et plus gentil que le premier. Il semblait y avoir une étrange connections entre l’escargot et le jeune homme, à croire qu’ils se connaissaient. Quoi qu’elle en soit, l’inconnu choisit de ne pas faire attendre la demoiselle et s’empressa de lui confirmer que Bilboquet avait raison.

-Mais oui, il a raison. En fait, ce n’est pas vraiment que je t’en veuille…Mais je ne suis pas comme toi, princesse. Je suis loin d’être patient, ce qui entièrement de ta faute d’ailleurs… Rah! Aller ma jolie, souviens-toi! La supplia le jeune homme.

«C'est pas difficile de se souvenir. Même lui a réussi, c'est pour dire.»

Lana était complètement, entièrement et carrément perdue. Ne serait-ce que pour la complicité qui semblait exister entre l’étranger et l’alter ego astral d’Emrys. D’ailleurs, Zveltlana ne pu s’empêcher d’être captivée par le simple geste que faisait l’escargot avec ses antennes. Elle envie irrésistible de le serrer contre elle en lui disant à quel point elle le trouvait adorable, et ce même si durant toute son enfance on lui répétait que ce genre de bestiole bavait atrocement. Bientôt, elle entendit un soupire, puis elle vit une main apparaître devant ses yeux. L’inconnu semblait avoir deviné son état et pire! Il semblait savoir que la seule façon de lui ramener les pieds sur terre était de lui toucher les cheveux, car c’est ce qu’il allait faire. En sentant une mèche de ses cheveux être replacés derrière son oreille droite, Lana encra son regard phosphorescent dans les prunelles du jeune homme. Pourquoi avait autant l’impression de le connaître sans pour autant être en mesure d’associer un nom à son visage…

-C’est à ce moment qu’on va encore la voir tomber dans la lune, qu’elle va se poser mile et une question sans se rendre compte qu’elle étire un silence très désagréable en nous faisant attendre, annonça le jeune homme à l’intention d’Emrys et de son AEA reposant sur l’épaule.

Comme de fait, l’esprit de la demoiselle, qui ne voulait inconsciemment pas reconnaître le jeune homme devant elle, laissa la jeune femme se perdre dans un labyrinthe de questions.

*Pourquoi il me ressemble? Je connais tous mes coussins, tous, alors je le saurais s’il était dans ma famille... Et franchement! Si j’avais eu un grand frère, je le saurais! Mais alors, pourquoi il me reproche de ne pas me souvenir de lui? J’ai vraiment l’impression de le connaître pourtant! Et je ne suis pas du genre à oublier un visage… Qu’est-ce que c’est désagréable comme impression! Et ses yeux… J’ai l’impression d’avoir passé des heures à les regarder! Quand on regarde aussi longtemps une personne, on est pas sensé ne pas s’en souvenir. Aller mémoire! Souviens-toi! On t’attend là! Ça commence à être long là….Pauvre de lui, c’est vraiment dure a encaisser de croiser quelqu’un que l’on connaît et que cette personne ne sait même pas qui l’on est! C’est pas le moment d’être méchante! D’accord il a faillit me faire pleurer, mais c’est pas une raison pour être méchante en retour…*

Pendant ce temps, l’inconnu avait croisé bras et regardait désormais les deux autres êtres présents. Il lançait un regard exaspéré à l’AEA de l’autre jeune homme alors qu’il attendait sagement que Zveltlana se souvienne de lui.

-Pourtant, elle n’oubli pas facilement! Elle se pardonnerait jamais de ne pas pouvoir reconnaître une personne qui se souvient d’elle. En plus, Je sais qu’elle a pensé à moi plusieurs fois, avant même d’être emprisonnée ici… Alors pourquoi c’est si long!? S’exclama le jeune homme.

-J’abandonne! Annonça subitement la petite canadienne en baissant la tête, désespérée. Je m’excuse, j’arrive pas à me souvenir de toi…

En disant cela, Lana c’était avancée vers le jeune homme et avait relevée la tête. Elle n’en revenait pas! Comment avait-elle fait pour oublier le nom d’une personne en chaire et en os, qu’elle pouvait recroiser à tous moment. Elle se décevait.

-Aller…Dis-moi comment tu t’appelles, que la pitoyable amie que je suis recouvre la mémoire, soupira la demoiselle.

Amusé, l’étranger se dit qu’au moins elle savait qu’ils étaient amis. Il baissa donc la tête vers elle, étant bien plus grand que notre petite canadienne adorée et lui sourit, pour la rassurer.

-Tu m’as baptisé Léon, lui annonça-t-il, la faisant écarquiller les yeux, annonçant à tous qu’elle était surprise.

La bouche légèrement entrouverte, la jeune femme fit un pas de recule avant de brusquement froncer les sourcils.

-Pourquoi t’es pas venu me parler avant!? Lui reprocha subitement la jeune femme en croisant durement les bras. Comment j’étais sensé te reconnaître ici moi!? Il y a plein de gens que je connais pas! Comment tu voulais que je sache que Léon c’était Toi!? Je te signale que les seuls souvenirs que j’ai vraiment de toi, c’est quand tu es en loutre et puis, ton apparence humaine, elle est pas unique! J’ai déjà rencontré deux, pas un, DEUX garçons qui te ressemblaient!

Suite à se flot de reproches, Lana leva le menton, l’air boudeur, donnant juste assez de temps à Léon pour ressembler à un carpe, ouvrant et fermant inlassablement la bouche, pour ensuite secouer la tête et la prendre dans ses bras. Eh bien, elle en avait sur le cœur la demoiselle… Après quelques secondes d’étreinte, la jeune femme se libéra doucement et regarda Emrys.

-Ça ressemble à ça, un Léon, lui dit-elle en accompagnant ces mots d’un clin d’œil.


[Bravo à moi! J'ai réussi à pondre mes 4 réponse aujourd'hui! Désolée du retard, mais c'est le temps des fêtes et j'ai aps eu la vie facile juste avant. P.S.: Joyeux noel en retard et bonne année. Du bonheur, de la santé et du succès en cette année 2011]

«Mais oui, il a raison. En fait, ce n’est pas vraiment que je t’en veuille…Mais je ne suis pas comme toi, princesse. Je suis loin d’être patient, ce qui entièrement de ta faute d’ailleurs… Rah! Aller ma jolie, souviens-toi!»

Bah, il aurait plus manqué qu'il le contredise, tiens. Emrys lâcha son interlocutrice, faisant un pas en arrière. Pas qu'il avait peur ou quoi que ce soit de ce genre, bien loin de là, mais il avait l'impression qu'ils avaient besoin de..., d'intimité? Ouais, va pour l'intimité, ça faisait très bien l'affaire comme mot. L'adolescent jeta un vague coup d'œil à son AEA-qui continuait son manège avec une satisfaction évidente-puis soupira vivement, agacé. Pas par l'attitude de Bilboquet, à laquelle il s'était habitué au fil du temps, mais à cause du jeune homme près de Lana. Non pas qu'il l'énervait, ni que quelque chose en lui ne lui inspirait rien de bien, ce n'était pas ça : c'était juste les surnoms. Il lui semblait qu'il adorait ça, l'appeler Princesse ou Ma Jolie, ou n'importe quel autre sobriquet de ce genre. Oh, Emrys vivait au XXI siècle, il entendait des expressions semblables régulièrement, avant d'entrer ici ; mais ça ne lui avait jamais plût, personnellement. C'était trop..., impersonnel. Voire vulgaire, selon lui. Princesse c'était un nom convenable pour un petit chien ou un cheval, mais pas pour une fille, non. Il n'allait cependant pas lui faire une remarque cinglante sur sa façon de parler, aussi se contenta-t-il de ce bref soupir qu'il avait poussé quelques instants auparavant. Dans la mesure où elle ça ne la dérangeait pas, hein, il n'y pouvait pas grand chose. Peut-être même qu'elle trouvait ça flatteur? Il ne voyait pas en quoi, mais il ne pouvait pas prétendre avoir constamment raison. De toute façon, c'était faux. Il lui arrivait souvent de se tromper, comme tout le monde, n'est-ce pas. Ses yeux bleus passèrent de l'un à l'autre des protagonistes, une fois de plus, quand le garçon passa sa main dans ses cheveux. Aw. Ouais, bah ils avaient l'air hyper proche, quand même. Pour un garçon qu'elle n'arrivait même pas à reconnaître, il se montrait même carrément familier. Voire trop. S'il avait croisé quelqu'un dans la rue et avait été incapable de reconnaître son visage, il ne l'aurait pas laissé le toucher de la sorte, c'était clair. Et s'ils avaient été aussi proche qu'il semblait le penser, ne se souviendrait-elle pas de lui? C'était un peu tiré par les cheveux, cette histoire. Heureusement que c'était pas la sienne, se dit-il en croisant les bras.

Il reposa ses deux yeux sur le garçon quand celui-ci reprit la parole, leur annonçant qu'ils allaient devoir attendre qu'elle se 'réveille', visiblement. Bien, merci d'avoir prévenu, comme ça ils allaient pouvoir jouer au morpion pour s'occuper, si jamais elle déconnectait trop longtemps. Bon, il plaisantait, mais un vague regard en direction de la demoiselle lui confirma qu'elle était en effet plongée dans une intense réflexion. Un silence s'installa doucement, mettant Emrys vaguement mal à l'aise. Non, il n'aimait pas le silence, et alors? Quand il était avec quelqu'un, ne pas parler lui donnait l'impression de l'ignorer. Ou de se faire ignorer. Ou bien de faire la tête, peu importe, le fait était que ça ne lui plaisait pas vraiment. Ne pouvant se résoudre à prendre la parole pour autant-et puis pour dire quoi?-il resta silencieux, bras croisés, le regard dans le vague. Enfin, jusqu'à ce que le jeune homme aux cheveux sombres ne se retourne vers lui, tout du moins. Il le regarda à son tour, haussant un sourcil intrigué. Déjà que le silence était pesant, si en plus il comptait le regarder comme ça, il allait vite avoir l'impression qu'on attendait quelque chose de lui. Le jeune Anglais sentit son AEA bouger sur son épaule, replaçant correctement ses antennes du côté qui leur avait été attribué par mère nature. Il ne disait pas mot, et Emrys pouvait sentir qu'il n'était pas d'humeur particulièrement moqueuse et piquante, pour une fois. Bah..., peut-être était-il simplement attentif à la conversation. Ou peut-être qu'il attendait qu'elle reconnaisse son 'ami', difficile à dire. En fait, il n'avait aucune idée de ce à quoi cet escargot stupide pouvait bien penser.

«Pourtant, elle n'oublie pas facilement! Elle se pardonnerait jamais de ne pas pouvoir reconnaître une personne qui se souvient d’elle. En plus, Je sais qu’elle a pensé à moi plusieurs fois, avant même d’être emprisonnée ici… Alors pourquoi c’est si long!?»

La réponse à sa question vint presque instantanément après. Emrys garda les bras croisés, se maudissant de ne pas avoir à chewing-gum ou autre bonbon de ce type à mâchouiller, histoire de se donner l'impression de faire quelque chose. C'était presque comme suivre en feuilleton, mais sur place. Avec les acteurs. Ce qui lui laissait une drôle de sensation, qu'il aurait été bien en peine de décrire. Il se sentait à la fois désemparé et triste, curieux et impatient. Et impossible de dire pourquoi, encore une fois. Comme tout le temps. Il ressentait ces sentiments, mais ils lui étaient..., comment dire..., étrangers. Voilà, étrangers. Bon, il n''empêchait que c'était bizarre qu'elle ne se souvienne pas de lui, s'ils étaient en effet proches. Mauvaise mémoire, peut-être. Ou malade mental essayant de l'embrouiller. Her, sait-on jamais! Les chances de retrouver un proche dans le Pensionnat n'étaient-elles pas extrêmement faibles? Il les croyait même nulles, pour sa part.

Tiens, ça semblait avancer un peu. Lana venait de demander le nom de son 'ami'-l'ami oublié, ça aurait été un surnom parfait pour lui. Ami oublié, tiens..., le brun donna un petit coup dans la coquille de Bilboquet, décidément trop silencieux, histoire de le faire réagir ; et n'obtint de lui qu'un vague grognement lui intimant de le laisser tranquille, ce à quoi il s'attendait, malheureusement. Alors, comment il s'appelait? Il y avait des paris à prendre, là-dessus. Mais, tristement, Emrys n'avait personne avec qui parier de ça. Quel dommage. Tant pis, il s'en passerait et resterait sagement à sa place, sans bouger, à les regarder se rappeler de vieux souvenirs d'enfance. Enfin ça c'était s'ils avaient une enfance en commun, cela allait de soi. Quand la voix du garçon s'éleva, les sourcils du jeune homme se froncèrent, perplexe. Ah, Léon? Pour sûr, il n'aurait jamais pensé à un prénom pareil. La seule chose à quoi ça lui faisait penser, c'était..., eh bien, oui, le nom du...

-Pourquoi t’es pas venu me parler avant!? Comment j’étais sensé te reconnaître ici moi!? Il y a plein de gens que je connais pas! Comment tu voulais que je sache que Léon c’était Toi!? Je te signale que les seuls souvenirs que j’ai vraiment de toi, c’est quand tu es en loutre et puis, ton apparence humaine, elle est pas unique! J’ai déjà rencontré deux, pas un, DEUX garçons qui te ressemblaient!

…, qu'est-ce qu'il pensait, déjà? Ah oui, le nom de son AEA. Emrys cligna des yeux, l'air absent, écoutant distraitement les propos de la jeune fille. Léon, loutre, humain, ouais ouais, il comprenait tout, aucun problème, pas besoin de ralentir. Son cerveau venait de s'enrouer et ne semblait pas prêt à se remettre en marche de sitôt. Lui au moins, Bilboquet, il était simple à repérer, et c'était un Escargot, rien qu'un escargot, et il ne dérangeait personne. Voilà. C'était toujours quand on pouvait faire simple qu'il y avait quelqu'un d'autre pour faire compliqué, de toute façon, il s'y était habitué. Son ami imaginaire était simple, pas le sien. Humain. C'était possible que ce soit un humain?

-Ça ressemble à ça, un Léon.

L'anglais et son AEA tournèrent la tête vers la jeune fille. L'un se remit à enrouler ses antennes, l'air satisfait, l'autre hocha la tête sans réelle conviction.

«Ah, okay, répondit-il brièvement, posant ses yeux bleus sur ledit Léon, sceptique et encore légèrement dans la lune. Donc Léon, c'est ton..., AEA, c'est ça? Il a l'air vachement humain, pour une loutre.»

Emrys décroisa ses bras un instant, passant sa main droite dans ses cheveux légèrement en bataille. Puis il se remit à sourire, et désigna Léon du menton.

«Vous avez l'air de bien vous entendre en tout cas, c'est bien, ajouta-t-il en ignorant le ricanement de 'la saleté rose' sur son épaule. J'imagine. On dirait, hm, un frère et une soeur.»

Emrys avait déjà remarqué la complicité existant entre la jeune fille et son 'ami'/AEA/bref, et la suite des événements ne démentit pas son hypothèse, bien loin de là. Il y avait quelque chose d'assez..., fusionnel, entre eux, il pouvait le sentir. Frères et sœurs, oui. L'idée était assez proche de ce qu'il avait voulu exprimer réellement. Enfin, il disait ça sans vraiment savoir, n'ayant lui-même ni frère ni sœur, et ne sachant de fait pas vraiment ce qu'on pouvait ressentir pour une telle personne. Tout ce qu'il savait était que ce n'était pas drôle, d'être fils unique. On s'ennuyait vite, seul chez soi ; il aurait aimé avoir un grand frère pour veiller sur lui ou une petite sœur à protéger mais, bon, on avait rarement ce qu'on voulait. Toujours est-il que ces deux là, en face de lui, semblaient bien s'entendre. Quand il pensait à une fratrie composée d'une fille et d'un garçon, ce qui lui venait était automatiquement le grand frère protecteur qui taquinait sa cadette sans vraiment le penser : or là, ça lui semblait être le cas. Comme venait de le dire Lana quelques secondes auparavant, elle l'aimait. C'était on ne peut plus clair de toute façon, hein. Ca ressemblait un peu à la relation qu'il entretenait avec Bilboquet, dans un sens. Sauf qu'étant deux 'garçons', ils ne se disaient simplement pas qu'ils s'appréciaient de la même manière. Les piques pouvaient être de véritables marques d'affection dans certains cas, il ne fallait pas croire. Et il était bien placé pour le savoir, donc.

Sentant le regard de la jeune fille se poser sur lui et la petite chose rose posée sur son épaule durant un court instant de silence, un frisson remonta le long de sa nuque. Frisson qui disparut plus ou moins quelques secondes plus tard, lorsqu'elle reprit la parole. Oh ça, elle était bavarde, aucun problème. La petite demoiselle semblait avoir entrepris de raconter la manière dont elle avait rencontré (pour ne pas dire inventé) ce cher Léon, avec force détails. Il écouta son récit avec un demi sourire, attentif et respectueux. Ça ne l'étonnait pas tellement qu'elle se soit imaginée une loutre si elle aimait ces animaux, pas plus que ça l'étonnait qu'elle en ait voulu une pour la rassurer alors qu'elle avait peur. Il imaginait que ce devait être le cas de beaucoup d'autres personnes n'ayant pas eu une vie facile, dans le Pensionnat. Un animal pour les protéger, pour les rassurer, pour leur tenir compagnie. Le jeune Anglais ne put retenir de légers rires quand ses gestes lui semblaient trop expressifs, acquiesçant de temps à autre pour montrer qu'il suivait. Bilboquet, lui, continuait de jouer avec ses antennes, sans se préoccuper du reste du monde. Ou peut-être écoutait-il? Difficile de savoir, il était sur son épaule. Et puis dans tous les cas, difficile de savoir.

Lorsqu'après une brève pause la jeune fille aux jolis yeux bleus reprit son récit, les yeux d'Emrys se posèrent instinctivement sur Léon, qui semblait s'être considérablement crispé. Il disait ça parce que lui-même se sentait plus mal à l'aise, brusquement. Comme si sa nervosité s'était communiquée à lui, ou qu'il avait pressenti que la suite de l'histoire n'allait pas être particulièrement amusante. Au fur et à mesure qu'elle expliquait ce qui lui était arrivé avec cette Camille, le coeur du jeune homme se serra légèrement, sans qu'il le laisse réellement paraître pour autant. Oui, ça, il voyait de quoi elle parlait. Lui-même n'avait pas connu de moqueries à cause de sa famille, mais son allure lui en avait valu plus d'une en revanche. Elle avait les cheveux trop courts, elle mettait jamais de robes, elle jouait qu'avec les garçons, elle était bizarre. Alors oui, il voulait bien la croire quand elle disait que les petites filles étaient 'vaches'. Et même après, d'ailleurs. Il ne comptait pas les fois où il avait dû déménager, après que quelqu'un ait découvert et répété que 'il' était 'elle'. Les médicaments, les procédures... Amusant, vraiment. Une époque de sa vie qu'il avait adoré.

Le monologue de la jeune fille fut coupé à plusieurs reprises par l'intervention de son AEA, qui semblait mettre un point d'honneur à corriger ce qui lui semblait erroné ou plus simplement à donner son point de vue sur ce qu'elle disait. A l'évidence, ils ne semblaient pas d'accord sur la provenance de son caractère 'particulier'. Ça, hm..., il jeta un coup d'œil en biais à Bilboquet, qui ricanait depuis quelques secondes, perplexe. Lui non plus ne savait pas où cette saleté de gastéropode avait été trouer un caractère aussi agaçant. Quoi qu'à la réflexion, ça devait bien venir de lui ; il n'y avait pas d'autre possibilité. D'ailleurs, ça ne l'étonnait pas plus que ça. A l'époque il avait besoin de quelqu'un qui le comprenne et sache le remettre en place, quelqu'un qui lui tienne tête. Ça se tenait, dans le fond. Sans doute en était-il de même pour Lana et Léon?

C'est quand Satan arriva dans la conversation qu'Emrys se demanda comment ils avaient pu en arriver à parler de ça alors qu'ils étaient partis d'une loutre. Encore un mystère qui resterait irrésolu, ça, les conversations qui partaient dans tous les sens. Il ne put s'empêcher de rire en voyant la tête que tirait la jeune fille après qu'ait parlé son AEA.

«Oh, t'en fais pas, tant que tu fais pas de sacrifices humains je m'en fiche, répondit-il en riant, faisant un vague geste de la main.

-Et animaux, hein.»

L'anglais aux cheveux bruns se retint de dire qu'il avait jamais entendu parler de sacrifice d'escargots, et secoua sa tête de gauche à droite.

«Vous êtes marrants, ajouta-t-il après une seconde de blanc. Vous vous complétez assez en fait, je trouve. Et puis en général quand on s'imagine un ami pour nous rassurer, on l'imagine pas trouillard et tout...»

Il posa ses yeux sur Bilboquet, qui avait recommencé son manège avec ses antennes, et donna un petit coup sur sa coquille, lui arrachant un cri très viril et indigné.

«Enfin tu devrais pas trop t'en faire, je me souviens pas avoir imaginé un truc aussi stupide, moi non plus. On doit pas vraiment se rendre compte de ce qu'on fait, quand on est petit.

-Stupide toi même! Des deux c'est toi l'arriéré. Moi je suis le génie qui te complète.»

Emrys fit une grimace signifiant plus ou mois 'cours toujours tu m'interesse', quand il se rendit compte qu'il aurait peut-être dû lancer la réciproque. Étant donné qu'elle lui avait raconté comment elle s'était inventé Léon, peut-être devait-il dire comment lui-même s'était inventé Bilboquet. Oh, non, pardon : comment il en était venu à s'imaginer un Escargot rose clamant avec une voix de fille qu'il était un mâle. Voilà. Tout était dit. Il n'avait aucune envie d'expliquer un truc pareil.

Lui aussi, il aurait dû s'imaginer une loutre, se dit-il avec le plus grand des sérieux. S'il avait vu une loutre étant plus jeune, evidemment. Chez lui y'avait que des escargots, sur le muret humide de son jardin. Et des chats, des chiens qui se promenaient en ville. Pas de loutres.

Sacrifice humain!? Jamais de la vie! Déjà que la demoiselle sens son pauvre petit cœur se briser en un liarde trois morceaux lorsqu’elle voit quelqu’un de malheureux et même en trois milliards six quand ce quelqu’un pleur, on l’imagine très mal faire du mal à qui que ce soit. Même accidentellement elle s’en voudrait pour le reste de ses jours. Alors un sacrifice… Attendez... Pour les sacrifices d’animaux… Le fait qu’elle adore manger de la viande, ça compte? Non parce que, elle ne tue pas elle-même les bébêtes qu’elle mange. Elle les achète toujours prêt à être cuit, l’idée d’enfoncer un couteau dans un animal ne ressemblant pas à steak la terrifie. Non, décidément, Lana n’était vraiment pas du genre à faire un sacrifice! Bon, peut-être de bonbons… Ou de peluches à la limite... Quoi que là encore, il ne faut pas que lesdites peluches soient trop adorables. Mais qu’est-ce que je raconte! Même moches, Lana ne pourrait jamais se résoudre à sacrifier ces peluches. Aucun membre de la SPAPEDTG- société protectrice des animaux en peluches et doudous en tous genres- ne se permettrait un acte d’une telle cruauté. Aucun! Surtout les plus sensibles – dont fait indéniablement partie la demoiselle ici présente.


Marrant avait-il dit… Il trouvait la demoiselle et son ami imaginaire ‘’marrants’’? Eh bien, si cela lui plaisait, les deux êtres se complairaient aisément dans ce rôle. En plus, il avait bien raison en disant qu’ils se complétaient ces deux-là. Comme n’importe lequel duale d’ego je présume… L’AEA n’est-il pas sensée d’être le plus parfait des amis? Et n’est-il pas tout à fait logique de trouver un tel concept dans un être que l’on a imaginé de toute pièce et chez qui l’on retrouve toutes les caractéristiques complémentaire à son propre caractère? Évidemment, il est tout aussi logique de trouver en son AEA des caractéristique qui nous ressemble voir même les mêmes. Que ce soit physique- comme Léon et la demoiselle- ou émotionnel. Ainsi, il est tout à fait normal que la demoiselle soit d’une pureté presque irréaliste et possède une attitude enfantine tout à fait adorable alors que Léon soit le gamin gâté, possessif et jaloux tout en se montrant charmant avec elle 95% du temps. Comme quoi les contraires se ressemblent en certains points…

Ahhhhh! Emrys trouvait son AEA stupide? Bon d’accord, un garçon qui se trimbale un petit escargot rose…Ce n’est pas ce qu’il y a de plus cohérent, mais en même temps, ce devait être un signe comme quoi le jeune homme avait un côté féminin assez développé… (si elle savait!) Ou alors pas du tout? Oui, peut-être que bilboquet était le jumeaux émotionnel du garçon et que son apparence était son parfait complément. Mais alors, Emrys serait dépourvu de la moindre parcelle de lumière? Décidément, la première option plaisait davantage à la jeune femme.


Le commentaire du jeune homme au sujet de la jeunesse fit réfléchir Zveltlana. Il était vrai que peu de gens peuvent affirmer qu’étant enfant, ils étaient des purs génies. Surtout à l’âge où l’on se crée un ami imaginaire… Ainsi, la thèse du ‘’on ne se rend pas compte de ce que l’on fait, quand on est petit’’ satisfaisait pleinement la petite canadienne. Car cela allait dans le sens où elle n’avait pas conscience de toutes les mauvaises choses qu’elle avait pu choisir d’imaginer en un seul et même être. Et puis, elle devrait plutôt se contenter de penser à toutes les belles choses qu’elle avait glissées dans la marmite pour améliorer la recette de l’AEA idéal. N’était-elle pas naturellement heureuse en présence de son alter ego astral? C’est donc qu’il savait comment la faire se sentir bien et donc qu’il était pourvu de biens beaux atouts que des êtres humains passeront leurs vies à acquérir.


-Fais attention à ce que tu dis, je crois que j’ai attribué la caractéristique ‘’S’enfle facilement la tête’’ à mon parfait ami imaginaire… Alors ne soit pas trop gentil envers lui, blagua la demoiselle en ajoutant un clin d’œil. Mais tu sais, moi je la trouve pas stupide la charmante petite chose sur ton épaule, sourit-elle ensuite.

-Tu rigoles j’espère!?!?! S’offensa Léon qui trouvait absurde le fait que Lana puisse trouver de son goût un AEA aussi peu…Aussi…Aussi.. Aussi pas comme lui! On dirait le joujou d’une petite fille à papa trop bizarre! Voyons Lana, t’aimes même pas le rose!
-Correction, je n’aime pas porter du rose! Ça détonne tellement avec mes yeux et mes cheveux! Non mais tu ne mets pas un tutu rose à un bisounours bleu! Par contre, je n’ai rien contre les adorables escargots roses.


Cette réponse renfrogna l’alter ego astral de la demoiselle qui croisa les bras tels un enfant gâté auquel on refuse un caprice et pinça les lèvres en une grimace boudeuse. Lana fut donc forcé de le pousser faiblement du coude, ce qui par le plus grand hasard bouscula tellement le jeune homme imaginaire qu’il décroisa les bras pour tenter de retrouver l’équilibre en faisant quelque pas hasardeur d’en l’espoir de demeurer à la verticale. Il poussa aussi tôt un petit cri composé d’un mélange d’indignation et de protestation. Chose qui fit rigoler la jeune femme qui put ramener son regard sur l’autre duo créateur-création. Elle les trouvait bien calme a comparé d’eux, mais sachant qu’elle était tombée dans l’exubérance étant enfant, elle se doutait bien que si on AEA était comme elle, personne ne pourrait se comparer à eux… Personnes. Ignorant le regard le regard scandalisé de son ami imaginaire, Lana s’approcha de celui de l’anglais et posa délicatement son doigt sur la coquille malmenée de Bilboquet. Elle sourit d’un air appréciatif.

-Pardon de violer ton intimité, je voulais savoir si elle était aussi douces que celles des escargots ordinaire qui vivent dans mon jardin.

Ce fut Léon, presque en colère, qui vint retirer la main baladeuse de la jeune femme de sur l’ami imaginaire de l’autre humain. Il lança d’ailleurs un regard presque meurtrier à cet autre AEA. Son regard mécontent vint ensuite s’ancrer dans les deux billes d’océans phosphorescents de sa créatrice. Celle-ci fut bien surprise et fit un pas de recule, forcée par l’intention qu’avait Léon de la séparer du ‘’charmant escargots rose’’. En lui rendant sa main, son jumeau imaginaire recroisa les bras et tourna le dos à l’autre duo.

- Léon…ne soit pas impoli.

-M’en fou…

-Léon…

-Naaaaoooon!

-Léon, on ne tourne pas le dos aux autres comme ça. Retournes-toi!

Bougonneur, ledit Léon fit une rotation complexe en croisant d’abord les jambes pour ensuite laisser son corps suivre le mouvement tel un élastique que l’on tord pour ensuite relâcher. Il ne semblait pas très content que sa créatrice ait osé tripoter un autre AEA. Il lui fit d’ailleurs rapidement part de son état d’âme.

-Pourquoi tu tripotes cette chose! Tu n’as même pas commencé à me faire des câlins ou me flatter que tu sautes déjà sur plus petit. Dis-le que tu le trouve plus adorables que moi!.

Ah bon? Léon est jaloux? Jamais Lana n’aurait cru ça de lui… À noter ici le grand sarcasme professionnel dont l’auteur fait preuve… La demoiselle aux longs cheveux sombres soupira faiblement en envoyant sa tête vers l’arrière afin d’exprimer tout son désespoir. N’était-il pas sensé la rendre heureuse? Eh bien ce serait à revoir pour la prochaine fois… Lana secoua donc la main comme pour chasser une petite bestiole énervante puis se redressa.

-Je promets de te caresser à t’en écœurer ce soir, mais pour le moment, soit gentil…

Ces simples paroles suffirent à calmer le jumeau de la demoiselle. Il dodelina d’abord de la tête avant d’aller se poster près d’elle tel un garde du corps. De son côté, Lana ramenait son regard sur Emrys et son AEA.

-Il te pique aussi des crises ton ami, où je suis la seule à avoir été assez bête pour donner ce genre d’attitude à mon ami imaginaire? Demanda la jeune femme, sérieuse bien qu’elle trouve cocasses la scène venant de se dérouler.

Léon lui faisait parfois penser à un gros chien qui grognait pour dire au monde entier ‘’pas touche, c’est la mienne, donc allez voir ailleurs!’’, chose légèrement étrange puisqu’elle c’était inventer une loutre et non un chien.

« Il passe sa vie à me contredire et à grogner.»
-Non, je passe pas ma vie à te contredire!»


Très convainquant… Non, pas du tout en fait. Face à la réaction si vive et rapide du petit escargot le plus mignon qu’elle ait jamais vue, Lana ne put s’empêcher de trouver que la relation ami imaginaire- créateur qu’entretenait Emrys et Bilboquet ressemblait beaucoup à la sienne. Sans doute les vagues différences comportementaux des deux AEA sont dû au fait que Lana est une fille très….Fille. Alors qu’Emrys est un garçon. Léon jouait les preux chevaliers, parce que Lana était une petite princesse. Il est protecteur, parce que Lana était la plus fragile et sensible petite fille qui soit et sa jalousie s’expliquait par les instincts «territoriaux» de Léon vis-à-vis la seule «femelle» de sa vie. Après tout, il y a certaines choses qui se font entre un mec et une fille, qui ne se font pas entre deux garçons. Voyez-vous souvent deux meilleurs amis se serrer dans leurs bras pour se dire qu’ils s’aiment? Non, je ne crois pas…

Lana se demandait à quoi aurait ressemblé son ami imaginaire si elle s’était inventé une fille… Mauvaise idée. Certes Léon s’amuse toujours à la contredire et à toujours vouloir avoir le dernier mot, mais il vit également dans le seul but de la rendre heureuse. Tandis que si elle s’était créé une fille et qu’elle était tout aussi réaliste que Léon, elles se seraient crêpées le chignon vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Et dieu sait à quel point Zveltlana a horreur de toute manifestation de sentiments négatifs. C’est tout juste si elle ne manque pas mourir sur place lorsqu’elle voit quelqu’un pleurer.

Soudain, juste à temps pour empêcher la petite canadienne de partir à l’aventure dans le monde incontrôlable de l’imagination et de la réflexion, la voix du jeune homme rappela à l’ordre la seule demoiselle du regroupement.



«Au fait, t'allais faire quelque chose en particulier, ou je sais pas? Avant que tu te prennes le pied dans la porte et retrouves Léon, je veux dire.»

-Quelque chose… Hum?

Lana croisa les bras et fronça les sourcils. Elle ne savait plus trop ce qu’elle faisait là en fait. Elle tenait toujours sa trousse de produits en tous genres, donc elle était venue là pour son petit rituel du matin, mais maintenant? Elle devait donc être sur le chemin du retour vers sa chambre, du moins, avant de s’éclater si gracieusement le pied contre la porte… Mais une fois à la chambre, qu’aurait-elle fait? Elle aurait cherché quelque chose à faire, non?

-Pour être franche, je ne sais pas. Je sais que je ne savais pas ce que je ferais aujourd’hui, une fois de retour dans ma chambre. Je sais que j’aurais fini par aller voir Chris, mais sinon…

-Chris? Qui c’est ça? Un autre alter-égo qu’il te tarde de cajoler!? S’exclama Léon, comme s’il s’agissait de la chose qu’il redoutait le plus. Je te préviens que si tu le-

-Non, ce n’est pas un ami imaginaire, soupira la demoiselle. C’est un humain tout ce qu-…C’est un humain.

Lana c’était ravisé, car Chris n’était pas tout à fait ce que l’on pouvait qualifier « D’humain tout ce qu’il y a de plus normale». Puisque non seulement c’était une célébrité, mais en plus il était vert! Non mais vert! Vous vous rendez compte!

-Et pourquoi tu veux aller le voir? Se plaignit l’ami imaginaire de la jeune demoiselle. Tes autres amis peuvent bien attendre, je veux que tu joues avec moi!

-En fait, Chris n’est pas juste mon ami…

Ces paroles eurent l’effet d’un coup de poignard. Léon posa une main sur son…Là où il était censé y avoir un cœur et lança un regard semblable à celui d’une victime rendant son dernier soupire entre les mains de son meurtrier. Oui, Léon était tout aussi extravaguant que sa créatrice. Quoi que dans son cas il s’agissait plus d’une tendance marqué à jouer les dramaturges, alors que chez la demoiselle, il s’agirait plus d’un simple manque de gêne et retenue.

-Quoi? Ne me regarde pas comme ça, demanda la jeune femme en regardant le sol, amena sa main libre sur sa nuque.

Après quelques secondes à se demander à quoi ressemblerait la rencontre entre Léon et Chris, rencontre inévitable bien entendu, puisque la demoiselle ne comptait pas se séparer ni de l’un ni de l’autre, la demoiselle secoua la tête et sourit à Emrys.

-Alors…Non, je n’avais rien de prévu encore. Comme quoi ma douloureuse péripétie m’a permis de passer du temps en bonne compagnie tout en retardant le moment fatidique où je vais me torturer en me demandant ce que je peux bien faire dans cet endroit.

Léon toujours à l’agonie restait figé dans son coin, le regard douloureux. Sans doute n’arrivait-il pas à encaisser que sa créatrice n’avait plus cinq ans et que déjà elle s’intéressait aux garçons…Où encore il vivait déjà son deuil de ne plus être l’unique centre d’intérêt de la jeune femme. Dans les deux cas, Lana se retrouvait avec un drame à gérer…

-Au fait, tu demandes ça parce que je te dérange où parce que tu as peur de me faire rater quelque chose?

{Désolée pour le retaaaard....TxT}

La jeune fille se mit à réfléchir après qu'il lui ait posé sa question. Elle avait l'air vite distraite, la demoiselle, mine de rien. Enfin, de ce côté-là, il n'avait rien à dire : si on lui avait demandé ce qu'il s'apprêtait à faire, il n'aurait pas pu répondre de manière plus convaincante que 'Hm...'. C'était fou à quel point on pouvait oublier vite ce qu'on faisait, quand autre chose attirait notre attention. Ou bien il fallait être drôlement concentré et ne pas se laisser distraite par ce qui se passait autour de nous – qualité que, malheureusement, Emrys ne pensait pas posséder. Tant pis. Au bout de quelques secondes de réflexion, sourcils froncés et bras croisés, Lana trouva visiblement une réponse à lui donner. Il fallait dire que si elle avait été incapable de dire ce qu'elle s'apprêtait à faire, ça aurait tout de même été un brin inquiétant. Tête en l'air, d'accord, mais il y avait un fossé entre être étourdi et avoir Alzheimer.

-Pour être franche, je ne sais pas. Je sais que je ne savais pas ce que je ferais aujourd’hui, une fois de retour dans ma chambre. Je sais que j’aurais fini par aller voir Chris, mais sinon…

Chris? Emrys fronça un sourcil à l'entente du prénom, mais il ne lui semblait pas connaître ce présumé garçon. Il connaissait pas mal de monde ici, mais il lui restait encore un bon nombre de personne à saluer avant de ne pouvoir prétendre connaître chaque pensionnaire de cet endroit. Chris, non, ça ne lui disait rien. Un ami à elle, sans doute. Peut-être même un surnom : il avait connu un Christopher qui se faisait appeler Chris, mais personne ayant été appelé ainsi à la naissance. Oui, ça sonnait plus comme un surnom. Mais même en sachant cela, ça ne lui disait rien.

Il ne fallut pas plus d'une seconde à Léon pour analyser la situation, comprendre ce que son amie venait de dire et réagir avec force. D'accord. C'était quelqu'un de très exclusif, en tout cas, ce garçon. Il n'avait pas l'air d'apprécier que sa..., 'créatrice' – s'il pouvait dire ça comme ça – se fasse d'autres amis que lui. Il lui aurait bien dit que c'était inévitable, mais il n'avait pas particulièrement envie de le couper dans ses élucubrations, de peur de ne se prendre une balle perdue. L'échange dura encore le temps de deux répliques sous les yeux amusés d'Emrys et Bilboquet, qui suivaient des yeux la discussion de plus en plus animée entre leurs deux interlocuteurs. Chris était un humain, donc. Le contraire l'aurait étonné, dans un sens : il se voyait mal lui-même dire qu'il allait voir..., l'ami imaginaire d'un de ses amis. Enfin, peut-être que certains se faisaient une joie de devenir ami avec tous les AEA, il ne savait pas. La façon qu'avait de répondre Léon, en tout cas, lui rappelait plus l'attitude d'un jeune garçon capricieux que celle d'un jeune homme de l'âge qu'il semblait avoir en réalité. Bien que dans les faits c'était une loutre, bien sûr. Difficile à imaginer tant qu'il avait l'air on ne peut plus humain.

-En fait, Chris n’est pas juste mon ami…

Oh. Eh bien ça, c'était fait... Et à l'évidence, ça ne plaisait pas tellement à ce pauvre garçon. Bon, il allait sûrement s'en remettre. Emrys, quant-à-lui, posa ses yeux sur la jeune fille d'un air songeur. Hm, donc Chris était sûrement son petit-ami. Pourtant, elle ne devait pas être là depuis longtemps, d'après ce qu'elle lui en avait dit. Oh, non pas que ça l'étonnait particulièrement : il avait connu – et connaissait – certaines personnes pour qui le mot 'célibataire' ne voulait absolument rien dire, et d'autres qui s'en allaient main dans la main en déclarant qu'ils avaient eu le coup de foudre. Il les enviait, dans un sens. Lui, il n'était sans doute pas encore assez irrespectueux ou extraverti pour se déclarer à n'importe qui et à tout bout de champ. Et il n'avait sûrement pas assez de confiance en lui pour se déclarer sans être sûr de la réponse de l'autre. Il aimait faire les choses bien. Résultat, il était seul. Preuve que ça marchait du tonnerre, pour l'instant.

Il sortit de ses pensées et sourit à Lana quand celle-ci reporta son attention sur eux, soucieux de rester poli et agréable. C'était peut-être stupide pour certaines personnes, mais lui faisait toujours très attention à écouter les autres correctement. Question de respect.

-Alors…Non, je n’avais rien de prévu encore. Comme quoi ma douloureuse péripétie m’a permis de passer du temps en bonne compagnie tout en retardant le moment fatidique où je vais me torturer en me demandant ce que je peux bien faire dans cet endroit.

D'accord. Un peu comme tout le monde ici, quoi. Bilboquet murmura quelque chose d'incompréhensible sur son épaule, mais il n'y prêta pas une grande attention. Si ça lui faisait plaisir, qu'il marmonne dans son coin autant qu'il le voudrait. Après la dernière question de Lana et un léger temps de réflexion, Emrys secoua sa tête de gauche à droite.

«Parce que j'ai peur de te faire rater quelque chose, répondit-il en replaçant correctement le petit escargot sur son épaule. Bien sûr que tu me déranges pas. Mais ça m'arrive souvent de tomber sur quelqu'un et d'oublier que j'avais un truc urgent à faire, on sait jamais.»

C'était particulièrement agaçant, d'ailleurs. Surtout quand il se rendait compte qu'il était en retard et qu'il n'arriverait jamais à temps, bien entendu.

«Et puis au cas où je te dérange, moi, on sait jamais, ajouta-t-il après un bref regard vers Léon. Tu pourrais vouloir passer du temps avec, hm... Léon, maintenant que tu l'as retrouvé. Comme il a l'air assez...»

Comment dire?

«...Possessif, disons.»