Rayon sortilèges et malédiction [ Raphaëlle Alzier ]

La silhouette la plus morne et fantomatique du pensionnat rôde dans les couloirs, dans une robe noire qui la couvre entièrement, de la tête jusqu'aux pieds. Des gants de la même couleur dissimulent ses doigts. Des lunettes de soleil qui cachent la moitié du visage. Voilà deux ans qu'elle est enfermée dans le pensionnat, un an qu'elle est enfermée sous cette armure de vêtements. Morgan ne doit surtout pas la savoir en vie. Morgan, son meilleur ami, son confident... Un an déjà. Le lien qu'ils avaient entre eux était unique, indestructible. Puis... il existait toujours, mais il avait radicalement changé. De l'amitié incroyable, c'était devenu une source de mort et de douleur. Morgan tue Petra. Petra survit à Morgan. Morgan ignore la vie de Petra. Petra fuit Morgan. Situation infernale et diabolique, où ils perdent tous deux. Morgan, la Mort gagne.
Un an d'attente. La jeune fille s'était retirée du monde, implorant chaque jour l'Horloger du Monde de la sauver, de faire périr son ennemi. Mais rien. Et chaque instant qui s'écoulait était un instant qui la rapprochait d'une mort possible. Elle avait déjà failli perdre la vie à nouveau en se retrouvant face à Emily, il y a quelques mois. Un cauchemar.
Mais il est temps que cela change. Ce n'était pas en restant passive qu'elle se débarrasserait de Morgan. Il faut agir. ... Comment ? Elle est si faible, si fragile. Devant lui, serait-elle capable de lutter ? Non. ... L'avoir à distance. ... Euh... non. Non. Encore que... Et si... si... Si ! Sorcellerie.
Plan taré. Mauvaise idée. Ça ne marchera jamais. Ça n'existe pas. Mieux vaut oublier cette technique. ... Oh mais... Ici, rien n'est rationnel. Petra ne devait pas négliger cela. Dans le monde réel, jamais elle ne se serait retrouvée séquestrée dans une maison bizarre. Jamais elle n'aurait eu cette étrange capacité à pousser les gens à faire des choses à sa demande. Jamais elle n'aurait survécu à son assassinat. Jamais. Nous sommes dans le monde où le jamais est toujours. Sorcellerie. Morgan sera maudit. Petra n'a rien à y perdre.
La silhouette obscure se dirige vers la bibliothèque. Elle entre. Salle mal éclairée. Il y a juste quelques lampes dans les coins. Au dehors, la nuit est tombée. Normal, il est neuf heures du soir. Elle n'aimait pas cet endroit, de son vivant. Mais il y a un rayon qu'elle connait bien. Sortilèges et malédiction. Elle y allait souvent avec Sindy, récupérer des livres darky kyaah pour leurs messes noires. Les pages se retrouvaient souvent enduites de gloss rose flashy avec des paillettes jaunes, sans même que les deux adolescentes ne les lise. Mais Petra se souvient de leur existence.
Morgan, tu vas en chier.

Petra, absorbée par le titre des livres qu'elle prend, feuillette, repose, n'entend pas les pas qui viennent de derrière elle.

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Raphaëlle, était ici depuis trois jours et ne s'habituait décidément pas a cet vie, elle n'avait encore croiser personne sauf Soren, qui était entrer a peu prés en même temps. Raphaëlle tournait en rond, persuadée qu'il existait une deuxième sortit. Et ce matin elle decida d'aller beaucoup plus loin que la ou elle avait été, quitte a ce perdre. Raphaëlle croisa plusieurs personnes cet fois ci, aucun ne se retournais sur sont passage, elle observa les personnes, tout leur gestes. Il n'avait pas l'air dérangés d'être ici. Alors tout une communauté était retenue en otage ici.
Raphaëlle entra a grand pas a ce qui ressemblait vaguement a une Bibliothèque. Tout les livres régnaient sur la grande salle. Raphaëlle longea les rayon et aperçue quelqu'un , une jeune fille rayon "sorcellerie". Encore une folle. Furieuse, Raphaëlle marcha a grand pas jusqu'à elle, les sourcils froncer elle intercepta la jeune fille :

"Oh ! Où est-ce qu'on est ?! Je veux sortir !"

La bousculant un peu , Raphaëlle souffla de fureur

[Très court gomene]

La grande cape noire qui vous recouvre entièrement le corps et dissimule totalement votre visage dans une brume d'obscurité, ça ne suffit pas à faire fuir les gens, apparemment. Pourtant, ça doit être flippant pour la miss brune qui vient d'adresser la parole à Petra. "Youhou, quelqu'un qui a l'air d'un méchant de film d'horreur, je vais aller lui demander un coup de main !" Mais où vas le monde ?
Très énervant pour l'adolescente, surtout. Elle venait de trouver un livre pas mal sur les malédictions apportant des maladies incurables. Croustillant. Elle pourrait provoquer des troubles gastriques chez son ennemi, qui finiraient pas lui faire faire vomir chaque miette de pain qu'il avale. Ah merdasse, il faut de la poudre de pierre d'étoile. Superbe ingrédient très courant... Bon, on abandonne, on trouvera autre chose. Pour le moment, il faut s'occuper de la chose nuisible qui vient de parler.
Petra, très fantomatique, se tourna vers la missette. Pas évident lorsque vous êtes au milieu d'une échelle appuyée à une bibliothèque de plusieurs mètres de hauteur. Mais faisable, et très classe si vous y arrivez. Autant dire que la manière dont Petra le fait en jette. Flippant à souhaits.
L'inconnue lui faisait le refrain habituel des nouveaux venus. Chiottes, une fille récemment séquestrée. Ce sont les pires. Ce sont ceux qui te bassinent durant trois heures avec des questions du type : "Il n'y a vraiment aucun moyen de sortir ?" "Personne n'a essayé de machin machin ?" "Pourquoi est-ce qu'on est enfermé ?" "Bouhouhou, comment vais-je revoir mes pareeeeents ?" La situation est déjà suffisamment douloureuse pour ceux qui sont séquestrés depuis longtemps, mais alors, si en plus, il faut s'occuper des newbies, on ne va jamais s'en sortir : tout le monde se pendra avant la fin. La fin. La fin de quoi ?
De ce film lugubre et interminable que se passent les I, où des jeunes se font enfermés et torturés ? De cet univers qui se promène à travers les dimensions ? Les textes de mythologies anciennes parlent souvent d'une fin au monde, d'une apocalypse, d'un jugement final. Mais est-ce que toutes ces histoires sont véritables dans le monde du pensionnat ? Nous sommes totalement ailleurs, totalement hors des choses. Est-ce que tout cela a une fin ? La fin, c'est un sens. Est-ce que tout cela a un sens ?
Putain, c'est désagréable de penser. Surtout à ce genre de choses. Autant vite finir cette discussion et se concentrer sur quelque chose de plus sympathique. Comme la magie noire, tiens. Sinon, mieux vaut finir cette vie. ... Au fond, peut-être aurait-il été mieux de mourir entre les mains de Morgan ?
Merde, on pense à autre chose ! Boucle cette conversation, Petra, et fais autre chose. Ne pense pas à ça !

"On est nulle part, ma belle."

Les syllabes se détachaient lentement des autres. Voix lente, profonde, inexpressive, chaude et froide.

"Et crois moi, on ne sort pas d'ici si facilement. Deux ans que je suis là, je n'ai trouvé qu'une solution. Et encore, je ne suis pas sûre qu'elle marche."

Solution maudite. On n'a pas de nouvelles de tous ceux qu'ils l'essaient. Mais ce que l'on sait, c'est que les fantômes de certains rôdent dans le pensionnat.
Une pointe d'ironie jaillit dans l'esprit de Petra. Tous les prétextes sont bons pour s'amuser.

"Ah si, on est quelque part. On est dans la bibliothèque. Et pour sortir, je te conseille la porte par laquelle tu es entrée. Ça fonctionne plutôt bien, en général."

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